Histoires indifferentes de Domino

(écrit le 10 avril 2012 - publié en l'état)

SMIRNOFF - Anarchy

Chapitre 1 – Le Retour de la Revanche

« Refouler la mort, c’est ne pas savoir vivre. »
(Gabrielle Wittkop)

« La mort ne m'aura pas vivant. »
(Jean Cocteau)



L’enterrement de Roland, mort dans une suite aux Etats-Unis, battait son plein, ce jour-là. Tous ses amis et sa famille étaient ici pour le célébrer.

- Aux CHIOTTES, l'enterrement ! soupira Lily.

Têtes surprises. Le directeur des pompes funèbres s'étonna tout autant.

- S... Sérieusement, ça fait douze piges qu'il s'est barré en te laissant comme une conne pour un petit truc à la con... Merde quoi ! Il mérite même pas qu'on l'enterre, il a fait des trucs trop cons, il nous a tous fait chier, il nous a fait vivre dans la peur avec son organisation à la con...

Tout le monde semblait d'accord sauf Ethan qui penchait la tête, interloqué. « Organisation ?! »

- Je propose qu'on l'incinère et qu'on le balance à la poubelle !

Silence général. Rachel toussota.

- J'ai... besoin d'un endroit où Ethan pourra se recueillir quand il le souhaitera.
- ... Oh, oui, pardon, Ethan...
- Ca va, je... je me rappelle à peine de lui...
- Quelle jolie voix ! sourit Estelle.

Ethan regarda la vieille dame qui le saluait en souriant.

- Coucou Ethan, c'est ta Grand-Tante !

Tout le monde ricana.

- Viens, Ethan, demanda Rachel.

Ethan se présenta devant tout le monde.

- ... je... je fais quoi ?
- Je sais pas... Je crois juste que tout le monde veut te voir !
- Exactement ! Je veux savoir qui est mon adorable petit neveu ! sourit Lily.
- Moi je savais déjà avant ! sourit David.
- Collabo... sourit sa sœur.

Ethan regarda tout le monde.

- Euh... Je connaissais pas mon père, mais...

Silence général, tout le monde regarda Ethan.

- ... mais si y'a un truc que j'ai appris c'est que tous les êtres méritent d'être respectés... et d'être mis en terre dignement, même si leur vie n'a pas été... très... respectable, ce n'est pas à nous... d'être irrespectueux avec lui à la fin. Monsieur le monsieur du corbillard...
- L'entrepreneur de pompes funèbres ! signifia Malcolm.
- Oui, merci tonton...
- J'ai l'impression d'avoir cinquante ans !! geignit Malcolm.
- C'est TOI qui lui as dit de t'appeler comme ça ! soupira Claire.
- Bah ça me plait pas.

Ethan plissa les yeux et somma le croque-mort de faire son travail. Roland fut donc mis en terre.

- Et voilà… murmura Rachel.

Soudain, un des cordages lâcha. Surprise générale. Le cercueil se retrouva à moitié ouvert.

- Oh mon Dieu !! s’offusqua Linda.
- Eeew… geignit Perrine en détournant les yeux.
- Oh non… geignit David.
- Dites ! Vous pourriez y mettre plus de soin ! grommela Malcolm.

Yann, pris d’un accès de curiosité malsaine, se pencha pour regarder le cadavre.

- YANN !!! grommela Léopold.
- Quoi, ça va, c’est… PUTAIN !

Amy approcha en confiant Anatole à Dimitri. La jeune femme haussa les sourcils et somma les gens de venir voir.

Lorsqu’une partie du groupe approcha, elle put voir que le cercueil était rempli… de sacs de sable.

- Que…
- Oh non… Oh non, non… geignit Linda.
- Qu’est-ce que…

David regarda le directeur des pompes funèbres.

- Qu’est-ce que cela signifie ???
- Euh…
- Vous avez forcément une explication ! grommela Malcolm.
- Clairement !! asséna Bernice.
- Alors ? grommela Charlie.

Le directeur des pompes funèbres, embarrassé, se contenta de répondre :

- Nous n’avons pas reçu de corps. Il nous a été notifié d’enterrer… quelque chose, en lieu et place du corps de Roland Smirnoff qui est… indisponible.

Rachel grimaça. Ethan regarda sa mère.

- M… Maman, ça veut dire quoi ? Maman ?!
- J’en étais sûre…

Rachel leva la tête vers le ciel, soupira, et énonça gravement :

- Il n’est pas mort.

Les autres regardèrent Rachel, stupéfaits.

- Co… Comment ça ? s’étonna Etienne.
- J’en ai l’intuition, c’est tout. Je n’en avais pas l’intention, mais un passage chez le notaire s’impose… Un notaire à dimension internationale, de préférence… Et merde…

Rachel tourna le dos à tout le monde, affolée.

- C’est tout à fait lui de simuler sa mort, tout à fait lui… Tellement lui…

Elle soupira et se retourna.

- Ok, je vais être claire tout de suite. Que ceux qui ne veulent rien avoir à faire avec cette histoire partent dès maintenant.

Claire haussa les sourcils.

- Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Ça paraît clair, non ? Je veux m’occuper de ça. Je dois pourchasser Roland, j’ai fui trop longtemps, s’il est encore en vie et s’il tient à simuler sa mort, c’est trop louche, je dois voir de quoi il en retourne. Les gens qui vont partir, je ne leur demanderais rien. Ceux qui resteront s’engagent à m’aider. Sauf les enfants bien sûr.

Ethan regarda sa mère, stupéfait.

- M… Maman, mais enfin…
- Ne t’en fais pas, mon grand, tout va bien se passer.

Colin soupira et tourna les talons, suivi par sa femme, Kate, Bernice et ses filles. Walter fit de même, suivi par Naomi. Perrine acquiesça et s’en retourna aussi.

- On a déjà donné…
- Euh…

Wallace s’approcha.

- On a déjà donné, c’est clair, mais je vous transmettrais toutes nos informations sur les activités de Roland Smirnoff pendant ces années…
- Merci jeune homme.
- C’est le moins que je puisse faire… désolé…
- Ah non, j’ai été claire, c’est juste une affaire de moyens et de motivation. Si vous ne voulez pas, ne venez pas, je n’oblige personne.

Léopold hocha la tête et repartit en tenant la main de Noémie.

- Désolé, Rachel.
- Ce n’est rien…

Rachel regarda Noémie, relativement nostalgique.
Estelle secoua la tête.

- Même si ça me plairait de t’aider, ma grande, je suis trop vieille pour ces conneries.
- Je comprends.

Léopold regarda Charlie qui était prêt à rester.

- Charlie, euh… on s’en va, nous !
- … J’aimerais rester.
- Charlie, quand même !
- … Je sais pas, ça m’intrigue.
- Rachel t’enverra un rapport, allons !

Charlie regarda Rachel qui haussa les épaules.

- Je ne t’oblige pas, vas-y.
- … c’est pas que je veux pas, hein…

Charlie suivit Léopold. Etienne soupira.

- Je suis beaucoup trop vieux également, pardon Rachel, mais…
- Pas de souci.

David était prêt à rester. Denis se mordilla les lèvres.

- David, et Firmin ?
- Tu peux le garder un peu, non ?
- … David, tu es sûr de vouloir partir à la trace de ton frère ?
- Denis, c’est ma responsabilité, ma famille…

Denis désigna Ethan et regarda David.

- David, non. Je ne donnerais pas une seconde fois, d’accord ?

David regarda Denis qui était clair. Il hocha la tête, peiné.

- Pardon Rachel…
- Je comprends.

David commença à partir avec Denis. Ethan était effaré.

- Oncle David… les autres…

Malcolm secoua la tête.

- On y va, les enfants.
- Mais… marmonna Ethan.

Le jeune homme regarda Nell qui plissa les yeux.

- Papa, enfin, on ne peut pas laisser tante Rachel toute seule…
- Je ne peux pas prendre un tel risque.

Lily acquiesça à l’identique et amorça la marche, suivie de Finn et leurs enfants. Ethan fronça les sourcils.

- … A… A… ALORS C’EST COMME CA ??? HEIN ???

Rachel regarda son fils qui était… furieux.

- R… REVENEZ TOUS ICI ! REVENEZ !!! BANDE DE LACHES !!!

Malcolm, Lily, David, Etienne, Linda, Yann, Amy, Wallace, Perrine, Colin, Charlie, Kate… Tous regardaient Ethan qui se montrait soudainement bien digne de son paternel.

- A… ALORS QUAND IL S’AGIT DE ME VOIR, DE ME QUESTIONNER, DE S’INTERESSER A MOI ET A MA PETITE PERSONNE, IL Y A DU MONDE, M… MAIS QUAND IL S’AGIT DE S’ENTRAIDER, Y’A PLUS PERSONNE ???

Pas de réponse. Rachel baissa la tête, semblant déjà avoir anticipé ce qui allait se passer.

- V… VOUS ETES DES LACHES !!! ET DES HYPOCR…
- Stop !

Ethan regarda vers Finn qui avait levé la main pour le faire taire.

- Stop. Arrête. Ok ? Tu ne sais pas qui était ton père, tu ne sais pas ce qui nous pousse à agir de la sorte, tu n’as pas assez de recul. Alors ne nous juge pas, ok ? On a tous vécus dans la peur pendant plus de dix ans à cause de lui. Cet enterrement, on comptait le vivre comme une libération, et là, tout d’un coup, il nous saute à la gueule. Alors… comprends-nous. Toi et ta mère, faites vos recherches. Si on peut vous aider discrètement et réellement, crois-moi, on le fera. En l’occurrence, si c’est pour s’investir directement et traquer Roland Smirnoff, ce sera non.

Ethan regarda, désespéré, tous les membres de la famille partir, la conscience embrumée par la funeste nouvelle :

Roland était apparemment bel et bien toujours en vie.

***

- Effectivement, il y a quelque chose…

Rachel et Ethan étaient face au notaire. Ethan avait l’air absolument pétrifié, Rachel était calme et pondérée. A 41 ans, elle ne pouvait plus s’énerver pour rien, ses nerfs ne le supporteraient pas.

- … un simple texte.
- C’est déjà trop.
- Voyons…

Le Fax transmit une série de feuillets. Rachel crispa ses doigts. Ethan s’impatientait.

- Alors… « Chère Rachel, et peut-être chers Ethan et Noémie si votre mère a été assez perverse pour vous amener ici. Et les autres, aussi, mais ça m’étonnerait vu la belle bande de couilles molles que vous êtes »

Ethan haussa les sourcils. « Noémie ? »

« Si vous lisez ceci, c’est que j’ai réussi et que vous êtes dans une sacrée merde. J’ai réussi à simuler ma propre mort, et à présent, je peux être n’importe où. A l’étranger ? A côté de chez vous ? Le fait est que j’ai à présent les moyens de me venger de toi, Rachel. »

Rachel leva les yeux au ciel. Le notaire regarda la femme face à lui.

- Je…
- Oh, oui, oui, continuez, j’ai l’habitude.

Ethan regarda sa mère, halluciné.

« Mais je ne le ferais pas. »

Rachel soupira bruyamment, exaspérée.

« Je compte plutôt bien vous emmerder tous en vous imposant ma présence. Si j’agis maintenant, tu te doutes que c’est parce que j’en ai l’opportunité. Rassure-toi, pas question de tuer qui que ce soit, ni de sortir une sex-tape avec un membre de la police. Je ne suis pas aussi con, et je me demande qui pourrait bien être aussi stupide. »

Rachel secoua la tête, désabusée.

« Enfin bref. J’ai 40 ans et je compte bien en profiter. Pour quoi faire, vas-tu me dire ? Si tu as suivi le feuilleton de ces douze dernières années, je n’ai pas chômé, j’ai bâti un véritable empire… »

- Tu parles, on a surtout entendu parler de tes échecs à ce que j’ai compris… soupira Rachel.

« … et évidemment j’ai su me protéger assez habilement en m’établissant une réputation des plus cocasses, tu en conviendras. »

- Oh, waouh ! Quelle intelligence ! Pfffffffffff…
- … madame Cambert, je ne fais que lire…
- Je sais, mais j’ai l’impression de l’entendre prononcer ces mots, ça m’horripile !
- Je peux continuer ?
- Oui…

« Tu dois bien te douter que je ne suis pas seul pour réaliser mes projets. Et combien sont-ils avec toi ? Tu te doutes bien que seule, tu n’y arriveras pas. Même avec ta force. Es-tu encore forte, d’ailleurs ? Cela m’étonnerait. Quoi qu’il en soit, je ne vais pas m’appesantir, toi et les tiens, vous me dégoûtez complètement, et j’espère qu’un jour tes enfants apprendront à quel point tu es une salope. »

- C’est fini ? souffla Rachel.
- Non.
- Maman, c’est qui, Noémie ?
- … C’est personne.
- Maman !

Rachel regarda le notaire.

- Continuez.

« Mon objectif à long terme, disons que c’est prendre le contrôle de Poképolis. »

- Emmanché de psychopathe mégalomane… soupira Rachel.
- Attendez, attendez ! Maman, c’est qui, Noémie ?!!
- … C’est…

Rachel soupira.

- Ta sœur cadette.
- Ma s… Ma sœur, mais…
- Elle est entre de bonnes mains, je l’ai confiée à la garde de Charlie et Léopold, c’est la fillette aux cheveux châtains que tu as vue à l’enterrement.

Ethan tomba un peu des nues. Rachel continua d’écouter le notaire, mais Ethan était en pleine tambouille mentale.

***

- Au moins il t’a laissé un peu d’argent, c’est déjà ça.

Ethan était encore sonné.

- Maman, pour… Je veux aller la voir !
- Qui ?
- Noémie ! J’ai le droit de connaître ma sœur, nan ?!
- Non. Tu la laisses tranquille et surtout, tu ne lui dis rien.
- POURQUOI ?
- Mais PARCE QUE, mon grand. Parce que j’ai pris des risques pour la mettre en sécurité, parce que je savais que ce qui se passe aujourd’hui allait arriver à un moment où à un autre, je m’en doutais, et si je savais qu’il ne s’en prendrait pas à toi, je ne pouvais pas en dire autant de la fillette dont j’étais enceinte quand ton père m’a quitté.
- Et il t’a quitté parce que…

Rachel regarda son fils, désabusée.

- Je savais qu’un jour tu me ferais ces reproches…
- Maman, j’ai besoin de savoir !
- J’ai fait une énorme bêtise, ok ? Une bêtise d’adulte ! Je refuse de t’en dire plus.

Ethan soupira alors que Rachel appelait Malcolm.

- Et… Et on va faire quoi ?
- J’ai besoin de me remettre de tout ça, ensuite je te laisserais chez ton oncle et je ferais mes recherches de mon côté.