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Pokémon : L'étoile d'Arkephyr de Arkephyr



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Informations

» Auteur : Arkephyr - Voir le profil
» Créé le 15/08/2023 à 21:03
» Dernière mise à jour le 15/08/2023 à 21:03

» Mots-clés :   Aventure   Drame   Région inventée   Romance

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[J] Résurrection
Je me tiens debout devant le miroir, mes doigts tremblants agrippant le flacon de fond de teint. Mon reflet me fixe avec un mélange de crainte et d'appréhension. Les cicatrices de brûlure qui marquent ma peau depuis une décennie sont les empreintes indélébiles d'un passé que je n'ai jamais pu oublier.

Mais pour la première fois, je ressens le désir de les camoufler, de révéler seulement la part de moi qui n'a pas été dévorée par les flammes.

– Dépêche-toi, Juliette... gémit ma sœur depuis sa chambre. Ça fait plus d'une heure que tu es dans la salle de bain...

Mon souffle est court, presque saccadé, tandis que je prends mon temps pour dévisser le bouchon du flacon. Une fragrance légère s'en échappe, emplissant l'air de notes subtiles. Je presse une petite quantité de fond de teint sur le bout de mes doigts et contemple un instant la texture crémeuse qui s'y étale.

Avec une détermination nouvelle, je pose doucement mes doigts sur ma peau, sentant la fraîcheur du produit au contact de mes cicatrices. Mon visage me rappelle les épreuves que j'ai traversées, chaque marque étant un rappel tangible de ma force intérieure et de ma résilience.

J'applique le fond de teint avec la plus grande précaution. Les vestiges de l'explosion s'atténuent peu à peu, laissant place à une surface plus uniforme, plus douce.

Mon reflet devient de moins en moins familier à mesure que les cicatrices disparaissent sous les couches de produits. Les ombres du passé s'estompent lentement, comme si mon pinceau était l'instrument de l'oubli. Pour la première fois depuis longtemps, je remarque une lueur d'assurance dans mes yeux argentés.

Une fois la tâche terminée, je recule d'un pas pour admirer le résultat. Mon visage n'est plus seulement un paysage de cicatrices, mais une toile sur laquelle j'ai peint le début d'une nouvelle histoire.

– Bon, je rentre... soupire ma cadette en ouvrant la porte. Je n'ai pas envie qu'il me voit en pyj...

Ma sœur s'interrompt brusquement en voyant ma transformation. Ses yeux dorés se voilent, et elle se met à trembler comme une feuille.

– Tu... Tu es tellement belle... parvient-elle à articuler dans un sanglot.

Elle se jette sur moi et me serre dans ses bras en laissant ses larmes ruisseler librement sur ses joues. Je lui rends son étreinte avec douceur, tout en m'efforçant de contenir mes émotions pour ne pas réduire à néant les efforts de ces soixante dernières minutes.

La sonnerie de l'appartement retentit au même moment. Alice sursaute malgré elle et se libère de mes bras en affichant un air catastrophé.

– Je ne suis pas prête du tout ! couine-t-elle en me poussant dehors. Je ne veux pas qu'il me voie comme ça !

Je lève les yeux au ciel avec amusement tandis que ma sœur referme la porte de la salle de bain derrière moi. Je traverse alors le couloir d'un pas vif et rejoins l'entrée pour accueillir notre invité.

Michael hausse un sourcil perplexe en notant ma métamorphose.

– Bonjour, Madame... dit-il d'une voix suave. Je suis à la recherche de Juliette Ombreval. Petite, brune, un œil de verre et la moitié du visage cuite à point.

Je pouffe de rire et laisse entrer mon ami, non sans lui lancer un regard réprobateur au passage. Ce dernier dépose un gros bisou sur ma joue avant de regagner le salon pour se mettre à l'aise.

– La teigne n'est pas là ? s'enquiert-il en ôtant sa cape.

– Elle finit de se préparer... je réponds avec un sourire malicieux. Elle veut se faire belle pour le Maître.

Quand elle avait huit ans, ma sœur vouait une admiration sans borne pour Michael. Lorsque ce dernier s'est hissé au sommet de la Ligue Pokémon, elle a tout mis en œuvre pour devenir la plus jeune championne de l'histoire.

Alice a toujours été ma petite lumière dans l'obscurité. Sans sa force de caractère et son optimisme à toute épreuve, je n'aurais jamais trouvé le courage d'avancer.

– Et toi, pour qui veux-tu te faire belle ? lance-t-il beaucoup trop sérieusement en me sondant de son regard bleu électrique.

Je sens mon visage s'empourprer et détourne machinalement les yeux.

– Pour moi... je réponds d'un ton évasif. Tu veux boire quelque chose ?

– Va pour un soda cool... soupire-t-il en croisant ses pieds sur la table basse. À moins que tu aies quelque chose de plus fort ?

Ce garçon n'a aucune manière. J'imagine que c'est ce qui participe à son charme, puisque toutes les filles sont à ses pieds malgré sa mauvaise réputation.

– De la limonade ? je propose avec une grimace.

– Laisse tomber. Soda cool, c'est très bien.

Je me dirige vers la cuisine ouverte et ouvre le réfrigérateur pour en sortir deux bouteilles en verre. Je les décapsule au-dessus de l'évier pour éviter tout débordement, puis regagne ensuite le salon pour en donner une à mon ami.

Ce dernier s'est finalement levé du canapé pour admirer la vue depuis l'immense baie vitrée.

– Je suppose que tu bois directement au goulot ? je demande en lui lançant un regard éloquent.

Il saisit la bouteille sans m'adresser le moindre remerciement et prend une longue gorgée en continuant de fixer l'horizon.

– Je n'ai jamais compris pourquoi tu t'es installée à Lunapolis... lâche-t-il d'un air sombre. Cet endroit est maudit.

Ce n'est pas la première fois que nous avons cette conversation. Cette capitale a fait de mon existence un enfer, mais je m'y sens néanmoins liée d'une manière indéfinissable.

D'innombrables innocents ont perdu la vie dans l'attentat du centre commercial, dix ans plus tôt. D'une certaine manière, vivre ici est une forme de résistance pour leur rendre hommage, et m'assurer qu'un tel drame ne se produise plus jamais.

– Techniquement, c'est mon appartement... intervient ma sœur avec un sourire suffisant. Et la plupart des gens seraient prêts à tuer pour avoir un logement au dernier étage de l'Astroluxe Spire.

Nous n'avons pas choisi cet emplacement par hasard. La destruction du centre commercial de Lunapolis a entraîné la création d'un chantier d'une ampleur inédite pour effacer des mémoires le drame qui s'est produit ici.

Un gratte-ciel à l'architecture moderne s'est ainsi élevé des décombres pour devenir le principal point d'influence de la capitale. Des hommes d'affaires millionnaires et des personnalités célèbres s'y sont installés au fil des années.

Et en ce qui nous concerne, c'est la fortune de mon père qui nous a permis d'obtenir le bien le plus prisé de la tour.

– Veuillez m'excuser, votre altesse... lance Michael d'un ton mielleux en pivotant vers elle. J'ignorais que Sa Majesté avait besoin de prendre tant de hauteur pour toiser le bas peuple que nous sommes.

Alice esquisse un sourire charmeur et s'approche du Maître pour lui tendre le dos sa main à la manière d'une reine. Ce dernier s'incline en y apposant doucement ses lèvres, puis se redresse pour l'embrasser avec une passion affirmée.

Je détourne une nouvelle fois mon regard en songeant qu'il me faudra du temps pour m'y habituer. Ces deux-là sont tellement différents que je ne me serais jamais doutée qu'ils puissent un jour se mettre ensemble.

– Quand vous aurez fini de vous bécoter, on pourra peut-être passer aux choses sérieuses... je soupire en me dirigeant vers le buffet du salon.

J'ouvre le premier tiroir et en sors un épais dossier sur lequel est inscrite en rouge vif la mention "CONFIDENTIEL". Dans d'autres circonstances, je l'aurais probablement placé dans le coffre-fort de notre chambre, mais je suis rentrée la semaine dernière et je tenais absolument à partager ces informations avec Michael.

– Tu ne m'as pas simplement fait venir pour le plaisir que procure mon extraordinaire présence ? s'étonne ce dernier en retournant s'installer sur le canapé.

Je ne me donne pas la peine de lui répondre et me contente de poser le dossier sur la table basse. Michael fronce légèrement les sourcils avant de s'en saisir pour en découvrir le contenu.

Ses yeux s'écarquillent de stupeur tandis qu'il parcourt les pages les unes après les autres.

– Tu as eu ça où ? souffle-t-il avec incrédulité.

Je pince les lèvres en songeant que je me suis engagée à ne pas divulguer cette information. Mais puisque les promesses n'engagent que ceux qui y croient...

– C'est mon père qui me l'a donné... je réponds d'un ton amer. Quand il vivait dans la région de Kanto, ses scientifiques ont réussi à mettre la main sur un échantillon de l'ADN de Mew, découvert dans un temple millénaire. Il a financé des expériences pour cloner Mew et créer le Pokémon parfait – ça ne te rappelle personne ?

Michael continue de tourner les pages en plissant les yeux.

– Le rapport évoque vaguement un "Mewtwo"... marmonne-t-il d'un air suspicieux. Ton vieux aurait donc réussi son projet ?

– Sa raison lui dit que non... je réponds en reprenant strictement les mots de mon géniteur. Mais son cœur est convaincu du contraire.

Mon ami me regarde comme si j'étais folle, et je ne peux m'empêcher de sourire à cette idée. J'arborais probablement la même expression incrédule devant mon père.

– Nous savons que Mew a le pouvoir d'altérer la mémoire des gens... j'ajoute en retrouvant mon sérieux. Il est tout à fait possible que Mewtwo en ait hérité, et qu'il ait voulu effacer les souvenirs de ses créateurs pour avoir la paix.

– Soit... admet-il après un instant de réflexion. Mais en quoi ça nous concerne, tout ça ? Tu veux retrouver Mewtwo pour vaincre Mew ?

Je secoue la tête et lui prends le rapport des mains. Si même mon père n'a pas réussi à contrôler Mewtwo – en admettant qu'il existe – avec ses stratagèmes tordus et des moyens presque illimités, je ne me risquerai pas à me lancer dans une telle entreprise.

– Nous n'aurons pas besoin de ça... je murmure avec gravité.

Je tourne quelques pages supplémentaires et finis par lui remettre le document pour qu'il prenne connaissance de mes récentes découvertes.

Son visage blêmit presque aussitôt.

– C'est... C'est impossible.

– Les analyses sont formelles... je réplique d'un ton posé. J'ai vérifié plusieurs fois les données, et il n'y a aucun doute possible.

Mon ami relit plusieurs fois le document pour s'assurer qu'il n'est pas en train de rêver. Il n'a sans doute pas compris la moitié de tout ce charabia scientifique, mais son expression atterrée laisse penser qu'il en a au moins saisi l'essentiel.

– Mew ne serait donc pas... naturel ? s'étonne-t-il avec une moue sceptique. Il aurait été créé par une civilisation ancienne à partir de l'ADN d'autres Pokémon ? C'est complètement fou !

J'acquiesce en silence. Mew a toujours été considérée comme une légende – parfois même comme une divinité – par l'humanité. Cette révélation pourrait créer un véritable raz-de-marée chez les chercheurs.

– Ce n'est pas tout... je murmure en pointant du doigt un graphique. Regarde ces données. Elles indiquent une lente dégénérescence.

Michael fronce les sourcils.

– Qu'est-ce que ça veut dire ?

– Mew est malade... je souffle en sentant mon pouls s'accélérer. Son enveloppe corporelle ne suffit plus à contenir son immense pouvoir. Ça prendra peut-être plusieurs années, ou seulement quelques mois, mais il est condamné.

Un lourd silence s'installe dans la pièce. Nous prenons tous la mesure de ce que cette vérité implique à l'échelle de notre région.

Comprendre Mew va nous permettre de mieux cerner les intentions de Marianne. Pour la première fois en dix ans, nous allons avoir un coup d'avance sur la Team Fusion.

– Mon père et moi avons une autre théorie... j'ajoute en échangeant un bref regard avec ma sœur, qui nous écoute avec beaucoup d'attention depuis le début de cette conversation. Ceux qui ont créé Mew n'ont pas réussi au premier coup. Ils ont effectué des centaines – des milliers, peut-être – de tentatives avant d'obtenir le résultat escompté. Ces expériences ratées...

– Ce sont les Métamorph... comprend Michael en écarquillant les yeux. Tout ce que tu m'as raconté sur ce foutu laboratoire... Marianne n'essaie pas de créer un Pokémon parfait. Elle essaie de sauver Mew par tous les moyens, quitte à sacrifier des vies.

– Mais pourquoi être aussi extrême ? demande Alice. Pourquoi ne pas simplement demander de l'aide ?

Nouveau silence. J'ai consacré plus de trois années de ma vie à cette étude – pour le plus grand plaisir de mon père, mais je n'ai pas obtenu toutes les réponses que je désirais. Cela dit, nous sommes bien plus avancés que nous ne l'étions avant mon départ d'Arkephyr.

– Quelles que soient ses raisons, nous ne pourrons rien faire tant que nous ne saurons pas où elle se cache... fait observer Michael.

Un sourire triste se dessine sur mes lèvres, et je sens les cicatrices de mes brûlures tirer légèrement sur ma peau.

– Nous... Nous connaissons tous les deux quelqu'un qui détient peut-être cette information... je déclare en essayant tant bien que mal de masquer le tremblement de ma voix. Viens avec moi.

Alice bondit du canapé avec enthousiasme, attisant d'autant plus la curiosité du Maître. Je m'efforce de rester impassible et les invite tous les deux à me suivre dans le couloir menant à la suite la plus spacieuse de notre appartement, où Grahyena monte la garde avec une loyauté indéfectible depuis le milieu de la nuit.

– Va te reposer, mon grand... je lui souffle en l'embrassant sur le front. Nous prenons la suite.

Mon Pokémon hoche la tête d'un air entendu et s'éloigne en direction de la terrasse en libérant le passage jusqu'à la chambre.

Je pousse doucement la porte et me glisse la première dans l'obscurité de la pièce. Alice m'emboîte le pas, suivie de près par Michael qui se fige dans l'encadrement.

– Est-ce qu'il est...

– Mort ? je coupe d'un air sombre. Non. Blessé ? Non plus. Rien de visible, en tout cas.

Je m'approche du corps étendu sur le lit et pose le dos de ma main contre son front moite. Sa fièvre n'a pas baissé en dépit de tous mes efforts pour la faire diminuer, et son sommeil est toujours agité malgré les spores apaisantes de Florizarre.

– Dracaufeu l'a ramené en pleine nuit... je murmure en caressant son visage. Il délirait et répétait toujours la même chose : "J'ai échoué". Jusqu'à ce qu'il sombre dans l'inconscience.

Alice se dirige vers la table de chevet et plonge un gant de toilette dans la bassine d'eau froide posée au-dessus. Elle l'essore légèrement avant de se rapprocher du lit pour le déposer avec une infinie douceur sur le front brûlant de Thomas.

– Elle l'a brisé de l'intérieur... je lâche en enfonçant mes ongles dans mes paumes pour contenir ma colère. C'est la marque de Marianne. Cette garce a brisé ton frère.