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Pokémon : L'étoile d'Arkephyr de Arkephyr



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Informations

» Auteur : Arkephyr - Voir le profil
» Créé le 13/08/2023 à 10:01
» Dernière mise à jour le 14/08/2023 à 14:42

» Mots-clés :   Aventure   Drame   Région inventée   Romance

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[T] Marianne
Lucille et moi réapparaissons brutalement au beau milieu d'un salon, et une force invisible nous pousse à nous asseoir côte à côte sur un luxueux canapé en velours.

La situation ne pourrait pas être plus critique. Marianne est parvenue à nous neutraliser au moment où nous étions les plus vulnérables, et plus rien ni personne ne pourra nous sortir de ce guêpier.

– Si tu savais comme j'ai attendu ce moment... susurre-t-elle en soulevant délicatement mon menton pour accrocher mon regard. Thomas Gray. Mon ennemi le plus... tenace.

Elle dépose un baiser sur la commissure de mes lèvres et me relâche avec un sourire narquois avant de s'intéresser à sa fille.

Lucille commence à tourner de l'œil. Ces dernières heures ont été éprouvantes physiquement et psychologiquement, et ce dernier Téléport était visiblement de trop.

– Je crois qu'elle a besoin d'un petit remontant... souffle-t-elle en tournant légèrement sa tête à gauche.

L'énigmatique Mew se rend visible et vient immédiatement se placer devant mon amie. Il ferme alors ses grands yeux bleus et s'enveloppe avec elle dans un dôme d'énergie rose pâle.

Je n'ai pas le temps de m'inquiéter du sort de Lucille. Il est évident que sa mère ne cherchera pas à lui faire du mal. En revanche, je ne suis pas sûr qu'elle ait prévu de me laisser quitter cet endroit en un seul morceau.

Il faut à tout prix que je trouve un moyen de sortir de là.

– Tu ne bois pas ton thé ? me demande Marianne en désignant une tasse fumante posée devant moi, sur la table basse. Il n'est pas empoisonné, si c'est ce qui t'inquiète.

Pour appuyer ses propos, elle prend sa propre tasse et boit une longue gorgée sans me quitter des yeux.

– Tu es d'ailleurs libre de tes mouvements... ajoute-t-elle sans se départir de son sourire. Tu peux même appeler tes Pokémon si tu souhaites résister.

Sa proposition est tentante, d'autant plus que sa carte maîtresse est occupée à soigner mon amie, mais je ne suis pas assez téméraire pour risquer la vie de mes partenaires sur un coup de bluff.

Cette garce est totalement imprévisible.

– Je crois que je vais leur épargner la souffrance de voir ta tête... je réplique avec le peu d'assurance qui me reste.

Ma punchline est risible. Marianne contrôle pleinement la situation, et elle en est parfaitement consciente. Seul un miracle pourrait me permettre d'échapper à ses griffes.

Le pouvoir de Mew s'estompe au même moment. Je lance un regard inquiet à Lucille, mais son visage semble avoir retrouvé toutes ses couleurs. Le remontant semble vraiment avoir fait effet.

– Qu'est-ce que vous nous voulez ? demande-t-elle d'une voix encore tremblante.

Marianne tique légèrement en entendant sa fille la vouvoyer, mais elle retrouve presque aussitôt son expression habituelle et s'assoit à son tour sur un fauteuil, juste en face de nous.

– Je veux rattraper le temps perdu... lui dit-elle en croisant ses jambes. Pense à toutes les merveilles que nous allons pouvoir accomplir ensemble, toi et moi.

– Et Thomas ? lance-t-elle d'un ton brusque. Vous allez accepter de le laisser partir, si j'accepte de vous suivre ?

La créatrice de la Team Fusion lève les yeux au ciel sans réussir à dissimuler son agacement.

– Je ne vous aiderai jamais si vous lui faites du mal... prévient mon amie en défiant sa mère du regard. Effacez-lui sa mémoire, faites en sorte qu'il oublie mon existence s'il le faut, mais laissez-le partir d'ici en sécurité. S'il vous plaît.

Marianne éclate d'un rire cristallin qui me fait frissonner. J'apprécie l'effort désespéré de Lucille pour m'épargner, mais sa mère ne commettra pas deux fois la même erreur.

– Sais-tu pourquoi l'amnésie n'a pas fonctionné il y a dix ans ? demande-t-elle à sa fille en s'approchant d'elle.

Je baisse les yeux en direction du pendentif dissimulé sous mon tee-shirt et crispe la mâchoire.

– La labradorite... je réponds à sa place d'une voix sombre. Elle m'a protégé des pouvoirs de Mew.

Michael et moi sommes tous deux originaires de Kannon. Dans cette région éloignée, les pierres occupent une place importante dans les croyances et les traditions. Tout le monde en porte au moins une au bout d'une chaîne pour s'en octroyer les vertus.

C'est cet heureux hasard qui m'a permis de conserver la mémoire après ma première rencontre avec Marianne.

J'aurais mieux fait de perdre la mémoire ce jour-là.

– Parfaitement... dit-elle en arrachant d'un geste sec le pendentif de Lucille. C'est une pierre fascinante, n'est-ce pas ?

Le ton doucereux de sa voix ne me dit rien qui vaille. Cette femme est dangereuse, et chaque minute que nous passons en sa présence nous rapproche du point de non-retour.

Mon amie me lance un regard implorant, mais je n'ai pas la moindre idée de ce que je dois faire. Marianne s'attend probablement à ce que je fasse appel à mes Pokémon, mais je la sais suffisamment cruelle pour leur infliger un sort pire que la mort.

– Je te promets que je ne lui ferai aucun mal... murmure-t-elle à sa fille en jouant avec l'une de ses mèches de cheveux. Puisque c'est toi – et personne d'autre – qui vas le tuer.

L'architecte de la Team Fusion adresse un léger signe de la main à Mew, qui vient une nouvelle fois se placer devant Lucille pour exercer son mystérieux pouvoir. Cette dernière écarquille les yeux avec effroi et tente de faire appel à ses Pokémon, mais la créature légendaire est beaucoup trop rapide pour elle.

Marianne est folle à lier. Elle est prête à altérer la mémoire de son enfant et à la conditionner pour servir ses propres desseins.

– Je ne te laisserai pas faire... je gronde en crispant la mâchoire. Ectoplasma, viens à mon secours et utilise Ball'Ombre sur cette guimauve !

Mon Pokémon spectre se libère de lui-même de sa Pokéball et observe la scène sans bouger. Je fronce les sourcils en focalisant mon attention sur Mew, mais ce dernier ne semble pas lui accorder la moindre attention.

Marianne aurait-elle trouvé un moyen de bloquer à mon insu les pouvoirs de mes Pokémon ?

– Tu n'as toujours pas compris... souffle-t-elle avec une fascination presque morbide.

Un frisson glacial parcourt mon échine. Cette vipère a réussi à prendre l'ascendant psychologique sur moi, et j'ai désormais le sentiment désagréable d'être passé à côté de quelque chose de crucial.

– Essaie encore... je murmure d'une voix éraillée. Utilise Ball'Omb...

– Montre-lui, Ectoplasma... soupire mon ennemie d'une voix lasse. Montre-lui la triste réalité de son existence, et plonge-le dans les abysses du désespoir.

Je lance un regard incrédule à mon Pokémon. Son éternel sourire a disparu, et ses yeux rouges trahissent pour la première fois un sentiment de honte.

Je secoue la tête d'un air effaré tandis qu'il projette une onde hypnotique qui fait basculer le monde autour de moi.

**********
– Ça fera quatre-vingt-dix-mille pokédollars.

– Hein ? Mais je n'ai pas autant d'argent !

– Dans ce cas, je vous déconseille d'acheter des accélérateurs...

J'ai déjà vécu cette scène. Mon frère est en train de se prendre la tête avec une vendeuse, sous le regard exaspéré de Juliette. À côté de ces deux-là, un troisième garçon compte ses sous avant de tendre une liasse de billets à Michael.

– Tu ne vas quand même pas tout lui donner, Thomas ? s'offusque mon amie. On pourrait s'acheter tellement de choses utiles avec cet argent. Regarde !

Elle désigne un horrible Snubble, qui arbore un ruban rouge vif sur le sommet de sa tête, entre ses oreilles.

– Tu pourrais au moins m'en offrir un... soupire-t-elle avec une moue contemplative. Je suis sûre que ça irait merveilleusement bien à Grodoudou.

Un mince sourire se dessine sur mes lèvres lorsque je vois mon alter ego de quinze ans ouvrir son portefeuille pour le vider de ses pièces, puis je me rappelle avec horreur que je ne suis pas censé me retrouver ici.

Je tourne plusieurs fois sur moi-même à la recherche de Marianne, mais il n'y a personne d'autre que moi dans ce souvenir. Les gens me traversent comme si je n'existais pas, et je comprends alors que je suis seulement spectateur de mon passé.

"Aide-moi..." susurre une voix d'outre-tombe.

Je redresse la tête au même moment que ma version adolescente. Nous sommes les seuls à avoir entendu cet appel.

"Aide-moi..." répète la voix d'un ton suppliant. "Par pitié."

– Je reviens... bredouille mon moi passé en s'éloignant de Juliette et Michael.

– Tu vas où ? demande mon amie en haussant un sourcil.

L'adolescent que j'étais balance avec conviction la première excuse qui lui passe par la tête.

– Aux toilettes... dit-il en posant un main sur son ventre. J'ai dû manger un truc qui est mal passé.

– On ne veut pas connaître les détails... lance mon frère en payant ses articles. Va donc faire ton caca, on se rejoint à l'étage du dessus.

Juliette lui lance un regard indigné, mais mon alter ego est déjà parti depuis un moment. Je m'efforce de le suivre en gardant mes distances, comme si je craignais qu'il ne remarque ma présence, mais il ne semble pas se soucier de ce qui l'entoure.

Seule la mystérieuse voix compte.

"Il y a une porte au bout du couloir..." souffle-t-elle précipitamment. "Avec un éclair dessiné dessus."

Les instructions se succèdent avec une précision chirurgicale. Je me vois ainsi lancer un regard furtif par-dessus mon épaule avant de m'engouffrer discrètement dans le local technique. Mon moi passé décale ensuite une petite étagère en métal remplie de fournitures encombrantes mais légères, puis se retrouve devant l'entrée d'un couloir dérobé qui débouche sur un vieil escalier en colimaçon.

La descente me semble interminable. Mon jeune double finit par arriver devant une porte en métal verrouillée par un banal mécanisme électronique.

"Trois. Cinq. Trois. Huit. Trois. Sept. Sept. Trois."

Mon alter ego s'empresse d'entrer le code pour déverrouiller l'accès. Il se précipite alors à l'intérieur de l'immense laboratoire secret de la Team Fusion, dont il ne soupçonnait pas encore l'existence.

Je voudrais pouvoir lui hurler de rabattre sa capuche sur sa tête pour ne pas être identifié, mais je note avec stupéfaction que l'endroit n'est pas équipé de caméras. C'est un détail auquel je n'avais pas prêté attention à l'époque, mais qui a toute son importance dans la mesure où toutes les installations modernes ont un système de vidéosurveillance.

Le laboratoire offre un spectacle saisissant. Partout autour de moi, des créatures diverses et variées flottent dans des cuves gigantesques remplies d'un liquide turquoise, qui elles-mêmes sont reliées à d'imposantes machines ultrasophistiquées.

La plupart de ces créatures sont des Pokémon. Certains d'entre eux ont été grièvement altérés, au point où ils en sont devenus pratiquement méconnaissables. L'adolescent que j'étais reste un instant devant la cuve d'un Dracaufeu de glace, avant de grimacer de dégoût face à un Mackogneur amputé de ses bras.

Je le laisse à son exploration et me dirige vers le centre du laboratoire, où se trouvent le récipient le plus volumineux de toute l'installation. Une masse difforme remue faiblement dans le mystérieux liquide, adoptant successivement la silhouette de plusieurs Pokémon majestueux avant de se tordre de douleur.

Une banale étiquette collée sur la cuve indique "Projet Fusion".

– Métamorph... murmure mon moi passé en prenant ma place.

Les souvenirs de ma première rencontre avec Marianne affluent de nouveau à la surface. Cette dernière projetait de créer le Pokémon parfait pour "remodeler ce qui avait jadis été modelé", selon ses propres termes.

La Team Fusion avait pour mission de rassembler les espèces les plus rares et les plus puissantes de Pokémon. Les êtres vivants ainsi collectés servaient à nourrir le Projet Fusion. Ce pauvre Métamorph intégrait de force leur ADN pour être en mesure d'adopter leurs caractéristiques à tout moment, sans avoir la contrainte naturelle de devoir établir un contact visuel avec eux.

Les malheureux sujets étaient ensuite répartis dans les autres cuves pour alimenter d'autres recherches, comme c'était le cas pour Ectoplasma.

"De l'électricité..." susurre le spectre. "Si tu surcharges la machine reliée à ma cuve, je pourrai sortir d'ici."

Tout cela est bien trop facile. Mon alter ego ne se pose pourtant pas de questions et fait appel à Pikachu pour suivre ses instructions à la lettre. Mon Pokémon Électrik fait surcharger le mécanisme et fait apparaître une fissure dans la cuve. Ectoplasma en profite aussitôt pour s'en extirper et le gratifie d'une Léchouille qui le fait frissonner.

– Tu accepterais de te joindre à moi ?

Je n'écoute qu'à moitié mon jeune moi et m'approche de la machine pour regarder l'étiquette de plus près. Celle-ci indique "Projet BL".

Je n'ai jamais su ce que signifiait cet acronyme, mais j'ai toujours supposé que c'était lié de près ou de loin à sa capacité d'utiliser la télépathie pour communiquer avec les humains. Un pouvoir artificiel pratique qui m'a été bien utile pour échapper à mes ennemis au cours de ces dix dernières années.

– Je reviendrai vous sauver... murmure mon double avec résolution en fixant sa nouvelle Pokéball. Je vous le promets.

Il lance un dernier regard à Métamorph et quitte les lieux en courant, tandis que mon environnement disparaît dans un tourbillon de ténèbres.


**********
– Et tu es revenu... susurre Marianne d'une voix qui me semble lointaine.

Il me faut quelques minutes pour reprendre mes esprits. Lorsque j'ouvre enfin les yeux dans le salon, Lucille se tient aux côtés de sa mère, le regard éteint.

Et à côté de cette dernière se tient Ectoplasma.

– Tu m'as trahi... je lâche d'une voix brisée.

Le spectre fuit soigneusement mon regard et préfère s'intéresser à Mew, qui a trouvé refuge sur l'une des étagères et semble légèrement plus pâle que tout à l'heure.

– Ce n'est pas tout à fait juste... intervient l'architecte de la Team Fusion avec un mince sourire. Ectoplasma n'a en réalité jamais été acquis à ta cause.

– Je l'ai capturé... je rétorque en serrant la mâchoire. Nous étions tous les deux liés par...

– Par rien du tout... achève Marianne. Ton petit fantôme faisait partie du Projet "BL", pour "Brise-Liens". Tu as cru posséder Ectoplasma, mais ta Pokéball n'était qu'une résidence secondaire pour lui.

Je suis en train de vivre un cauchemar. Je vais finir par me réveiller et réaliser que tout ceci n'était qu'un mauvais rêve. Je vais rejoindre Lunapolis avec Lucille, et nous allons poursuivre son aventure à la conquête des badges.

– Quand Steve a été mis en déroute pour la première fois, j'ai compris à mes dépens que ta mémoire était intacte... soupire-t-elle en se laissant tomber sur son fauteuil. Il a donc fallu que j'imagine un stratagème pour me débarrasser de toi. Et puisque nos activités clandestines à Lunapolis commençaient à attirer l'attention – en plus de ne pas être concluantes, il fallait aussi que je trouve le moyen de faire disparaître le laboratoire.

Les pièces du puzzle s'assemblent entre elles comme autant de couteaux qui viennent déchirer mon âme pour ne laisser derrière eux que le vide.

Mon combat était vain depuis le début.

– Heureusement, j'avais une arme secrète à ma disposition... continue mon bourreau en se délectant de ses paroles. Toi, mon cher Thomas. Toi, et ton ego incommensurable. Je savais que tu voudrais rendre toi-même justice à ces Pokémon. C'est moi qui t'ai mené à Ectoplasma, et c'est aussi moi qui t'ai incité à revenir pour détruire le laboratoire.

– Tu as fait venir des innocents... je murmure d'une voix éteinte. Pas moins de trente-cinq personnes sont mortes ce jour-là.

Marianne éclate d'un rire glacial tandis que ses yeux brillent d'une lueur démente.

– Un prix un peu excessif pour une expérience ratée, n'est-ce pas ?

Je serre les poings en m'efforçant de contrôler ma respiration, sans quoi je serais bien capable de sombrer pour de bon.

Métamorph était lui aussi un leurre. Je pensais à tort qu'il représentait l'arme ultime de la Team Fusion, mais les expériences menées sur son corps ont eu raison de son métabolisme et lui ont laissé des séquelles irréversibles.

– Au bout de combien de semaines a-t-il rendu l'âme ? demande-t-elle avec un sourire narquois. Deux ? Trois ? Peut-être a-t-il tenu plus d'un mois, pour te rappeler toutes ces vies perdues par ta faute ?

Je ne trouve pas la force de lui répondre et glisse mes mains dans mes poches d'un air abattu. Marianne reste attentive à chacun de mes gestes, et son sourire s'élargit lorsqu'elle comprend que je ne lui opposerai aucune résistance.

– Oh, et permets-moi de te corriger... ajoute-t-elle en se mordant la lèvre inférieure. C'est trente-six morts, pas trente-cinq.

Mon ennemie lève une main conquérante, et Mew quitte son étagère pour revenir flotter autour de sa maîtresse. Il semblerait qu'elle ne soit pas suffisamment tordue pour laisser sa fille me porter le coup de grâce, en fin de compte.

– C'était un plaisir, Thomas.

Le Pokémon légendaire prépare une attaque psychique, mais il est alors interrompu par une alarme tonitruante qui résonne dans toute la pièce. Au même moment, des jets d'eau sont propulsés depuis le plafond tandis que de la fumée s'élève derrière un rideau.

– Qu'est-ce que...

Poussifeu pousse un piaillement de colère et traverse le salon à toutes jambes pour se réfugier dans mes bras, prêt à en découdre.

Ma sixième Pokéball s'active alors d'elle-même contre toute attente, laissant apparaître un deuxième Mew.

– C'est impossible... souffle Marianne en reculant d'un pas. Il ne peut pas être encore vivant.

Je lance un regard empreint de douleur à mon ultime Pokémon. Nous avons traversé ces dix dernières années sans qu'il ait eu besoin de se battre une seule fois, et nos efforts conjoints lui ont permis de savourer un soupçon de liberté, loin de toutes ces expériences abominables qui l'ont détruit de l'intérieur.

Lui comme moi savons pertinemment que cette première bataille sera aussi la dernière.

– Ce misérable Métamorph ne fera jamais le poids contre Mew... crache l'architecte de la Team Fusion. Détruis-les tous les deux !

La fabuleuse créature obtempère et matérialise aussitôt une nouvelle sphère d'énergie. Mon Pokémon diffuse alors un épais Brouillard dans toute la pièce pour nous dissimuler.

– Ridicule... commente Marianne. Vous n'avez aucun échappatoire !

Tout se passe alors très vite. Je crois entendre le son d'activation d'une nouvelle Pokéball, juste avant qu'une puissante détonation me souffle brutalement en arrière et détruise une partie de la maison.

Lorsque l'écran de fumée se dissipe enfin, je parviens tant bien que mal à me relever et avance d'un pas mal assuré vers mon ennemie. Cette dernière s'est protégée au dernier moment derrière un bouclier d'énergie. Tout comme sa fille.

– Garder ce déchet d'expérience en vie pour finalement le sacrifier avec une Explosion... commente-t-elle avec un regard méprisant. C'était ingénieux. Ça a même failli marcher.

Marianne lève alors une arme de poing et la dirige sur ma poitrine. Son visage n'exprime plus rien d'autre qu'une haine sauvage à mon égard.

– Tu m'auras bien divertie. Adieu, Thomas.

J'esquisse un sourire et accueille la balle avec soulagement lorsqu'elle traverse ma chair. Ces dix dernières années aux côtés de mes amis étaient les plus belles de mon existence, et c'est avec beaucoup de sérénité que j'accueille enfin la caresse de la mort.