Minuit de Suroh

Minuit
Un flash illumina la pièce.

Celui des appareils photo des journalistes, qui immortalisaient l’événement. Quelques heures plus tard, tous les journaux de Kalos, d’Alola et du reste du monde publieraient la nouvelle : la signature du traité avait eu lieu sans encombre.

La sécurité de tous les peuples du monde allait enfin être assurée contre les gangs criminels ! Une nouvelle ère de paix et de prospérité s’ouvrait ce soir au Palais Chaydeuvre.

Après avoir signé le papier et l’avoir montré à tous en affichant des mines réjouies, Malva et Éléonore saluèrent chacun des invités, et toute cette troupe fut en liesse. Quelle soirée !

Quelques serveurs entrèrent discrètement pour servir quelques verres à ceux qui le souhaitaient. La soirée touchait à son terme, et les invités voulaient en profiter jusqu’au bout. De grandes conversations se poursuivirent donc, et des grands discours furent tenus.

Dans la pièce située juste en-dessous, une même agitation régnait. Une lampe s’était brusquement éteinte. Tobias, étonné, avait constaté qu’il s’agissait en réalité d’un Voltorbe ! Il avait rapidement appelé ses collègues pour que l’intrus soit mis hors d’état de nuire.

L’escouade des types Psy fit léviter le Pokémon jusqu’au sol pour ne pas le brusquer, et l’endormit d’un sommeil sans fin à l’aide d’Hypnoses parfaitement coordonnées. Le Voltorbe fut ensuite escorté en-dehors du bâtiment, dans la même cellule spécialisée que l’homme qui avait essayé de s’introduire plus tôt dans la soirée.

Alors que les autres agents de sécurité sortaient de la salle du banquet, et tandis qu’il était agacé de n’avoir rien vu, Tobias comprit pourquoi ce Beladonis lui avait demandé de disposer ces Pokémon Eau un peu partout dans le château.

Le plan était simple mais efficace. Le Beladonis avait dû apprendre que la menace viendrait d’une explosion… D’où les Ptitard, dont la Moiteur empêchait toute explosion de se produire. Pour la première fois de la soirée, Tobias eut un vrai sourire.

L’ingéniosité des F.P.I. était à la hauteur de leur réputation, il se félicitait que cette soirée puisse accroître leurs moyens !

Peut-être que ça lui plairait, de rejoindre les F.P.I. S’ils devaient recruter du nouveau personnel, pourquoi pas lui ?

Mais il lui restait encore quelque chose à faire. Il saisit fébrilement son Holokit et appela Beladonis. Au bout de quelques secondes, une voix préoccupée lui répondit :

— Alors ? Tout s’est bien passé ?

— Oui, Monsieur. J’imagine que c’était votre plan, mais la Moiteur des Ptitard a bien empêché l’explosion. Quand même, vous auriez pu nous prévenir ! Il y en a d’autres comme ça qui sont cachés ?

— Pardon, je ne pouvais pas vous le dire : je ne savais pas comment vous auriez réagi en apprenant le mode opératoire de la petite. Mais vous ne risquiez rien : un bon ami m’a assuré de la puissance des talents des petits Pokémon qui peuplent maintenant la région. Et, pour répondre à votre question : à ma connaissance, ce Voltorbe était la seule menace. Vous pouvez respirer, la soirée est presque terminée.

— Merci de l’information. En tout cas, vous pouvez également être assuré du fait que le Voltorbe est désormais hors d’état de nuire, et qu’il est entre nos mains.

— Je vous remercie d’avoir pris le temps de m’en informer. Je vous souhaite une excellente soirée, cher Tobias. Merci encore de votre aide précieuse, dit Beladonis en éteignant son propre Holokit.

Caché dans un buisson devant la maison, Beladonis sentit son corps se raidir, prêt à se battre. Maintenant qu’il disposait de preuves accablantes – les photos de la Poké Ball et le Voltorbe suffisaient amplement –, sa mission arrivait à sa fin. Il fallait seulement qu’il interpelle Rose.

Il avait laissé son arme de service chez lui : après l’avoir suivie pendant des semaines, il savait que Rose n’avait rien chez elle pour se défendre. Malgré ce qu’elle avait tenté de faire, il ne voulait pas la blesser inutilement. Mais trêves de tergiversations.

Il se plaça derrière la porte, qu’il défonça d’un coup d’épaule bien placé en criant :

— F.P.I., vous êtes en état d’arrestation !

Sachant parfaitement où il devait aller dans cette maison qu’il avait tant épiée, il alla droit à la chambre de Rose, qu’il trouva ravagée par les larmes, complètement abattue. Allongée sur le sol, prise de hoquets et de frissons, perdue quelque part entre la folie et le désespoir, elle murmurait sans relâche :

— Pas assez discrète… Pas assez discrète… Pas assez discrète…

Beladonis fut touché par la détresse de la jeune fille – même s’il savait que ça ne devait pas l’empêcher d’accomplir son rôle jusqu’au bout. Alors, comme un père qui prend sa fille par la main lorsque cette dernière a besoin d’aide, il l’aida à se relever, lui passa avec douceur les menottes, et l’emmena avec lui jusqu’au quartier général des Forces de Police Internationales, sous l’œil bienveillant de la lune.

Bien plus tard, Mathias rentra chez lui, écrasé de fatigue. Sa compagne avait veillé toute la nuit pour l’accueillir à son retour, et lui faire la surprise d’un câlin qui combla Mathias de bonheur.

Osant lui demander qui était cet homme qu’il avait aperçu, elle lui répondit en riant que c’était le professeur Platane, qui voulait lui confier un Pokédex pour qu’elle puisse voyager à travers Kalos. Il fallait seulement qu’elle trouve quelqu’un avec qui faire ce voyage…

— Tu voudrais venir avec moi ? Il m’a dit qu’on pourrait partir ensemble demain matin. Avec l’argent que tu as gagné ce soir, on pourrait partir à l’aventure ! Et puis, ça pourra t’aider pour tes recherches !

Mathias, au comble du bonheur, lui répondit par l’affirmative. Évidemment qu’il voulait.

Cette belle et dangereuse soirée n’était finalement que le début d’une grande aventure !

FIN