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Minuit de Suroh



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» Auteur : Suroh - Voir le profil
» Créé le 05/08/2023 à 22:07
» Dernière mise à jour le 18/08/2023 à 21:10

» Mots-clés :   Kalos   Suspense

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Chapitre 4 : 22h – La comédie.
22h
Discrète. Tuer traîtres.

Cacher Poké Ball. Entrer. Discrète. Attendre. Agir. Tuer traîtres. Partir. Discrète. Tuer traîtres. Cacher Poké Ball. Entrer. Discrète. Attendre. Agir. Tuer traîtres. Partir. Discrète. Tuer traîtres. Cacher Poké Ball. Entrer. Discrète. Attendre. Agir. Tuer traîtres. Partir. Discrète. Tuer traîtres. Cacher Pokéball. Entrer. Discrète. Attendre. Agir. Tuer traîtres. Partir. Discrète. Tuer traîtres. Tuer. Traîtres.

Discrète. Tuer traîtres.

Rose, un ancien membre de la Team Flare, ressassait son plan, encore et encore. Elle se le répétait inlassablement depuis des semaines, comme si sa vie tenait au fil de ces quelques mots. Incapable de penser à autre chose, tout entière poussée vers sa vengeance, elle répétait le plan qu’elle avait mis au point il y a longtemps.

Discrète. Tuer traîtres.

*
Si nous l’avions connue avant l’explosion de la Team Flare, nous aurions sûrement découvert une jeune femme remarquable, une cuisinière d’exception passionnée par son métier.

Discrète. Tuer traîtres.

Sa connaissance exceptionnelle des baies de sa région natale – Kalos – lui permettait de concocter à ses clients des plats succulents. Tous en redemandaient ! Elle était une jeune pousse admirée par tous ceux qui la connaissaient, et qui promettait de s’épanouir de façon magnifique.

Discrète. Tuer traîtres.

Un jour semblable à tous les autres explosa toutes ses certitudes. Le restaurant dans lequel elle travaillait – le célébrissime Firmament – accueillait un homme de grande stature. Charismatique et inspirant, il discutait avec une amie à lui pendant de longues heures.

Discrète. Tuer traîtres.

Son parler franc et puissant résonnait dans toute la salle au point que, petit à petit, toutes les autres conversations s’éteignirent. Chacun écoutait, comme les fidèles devant leur chef. Rose, surtout, avait été subjuguée par cette voix mélodieuse qui l’intriguait autant qu’elle l’émerveillait.

Discrète. Tuer traîtres.

La promesse d’un avenir radieux ! L’assurance d’un monde d’une beauté exceptionnelle, dans lequel chacun, quelle que soit sa passion, pourrait s’épanouir ! Quel que soit votre métier, une place vous attendait !

Discrète. Tuer traîtres.

Les cuisiniers raviraient les papilles de chacun, les discours des hommes politiques retrouveraient enfin un sens véritable. Un monde beau, harmonieux, où la laideur, le mensonge, la trahison et les bassesses d’esprit disparaîtraient.

Discrète. Tuer traîtres.

Rose était particulièrement sensible à la description qu’il avait faite de ce monde. Les fleurs exhaleraient un Doux Parfum enchanteur ; les papilles seraient ravies à chaque dîner ; de joyeuses embrassades animeraient les rues ; de somptueuses mélodies feraient danser les corps.

Discrète. Tuer traîtres.

Enfin, la délicatesse des traits de chacun, la beauté des corps, des rues et une renaissance de l’art captiveraient l’attention de tous. Un monde d’une beauté indicible, un eldorado à portée de main !

Discrète. Tuer traîtres.

L’homme parti, elle s’efforça de trouver qui il était. Heureusement pour elle, comme, à cette époque, la notoriété de cet homme augmentait considérablement, elle le vit dans un spot de publicité à la télévision.

Discrète. Tuer traîtres.

Il vantait les mérites de l’Holokit, une invention qui mettrait les hommes en lien les uns avec les autres pour un monde meilleur ! Le rouge monta aux joues de Rose. Voilà l’homme qui l’avait marquée. Lysandre.

Discrète. Tuer traîtres.

Assez vite, en cherchant à le rejoindre, elle découvrit qu’il dirigeait une organisation non-gouvernementale dont le but était de rendre la vie de tous beaucoup plus belle. Elle portait un nom aussi flamboyant que son objectif : la Team Flare. Rose demanda à en faire partie, et fut accueillie à bras ouverts.

Discrète. Tuer traîtres.

En tant que jeune cordon bleu, elle intégra les cuisines de la Team, s’évertuant à concocter les meilleurs plats possibles pour le reste de l’organisation. Elle se fit rapidement des amis ; tous avaient des étoiles dans les yeux et admiraient l’action remarquable de Lysandre. Flamboyant, magnifique, inspirant… L’aura de cet homme encourageait chacun des membres de la Team Flare à agir pour le bien de la région.

Discrète. Tuer traîtres.

Rose mena cette double vie pendant plusieurs années. La moitié de son temps était consacré aux cuisines renommées du Firmament. A peine avait-elle terminé son service, qu’elle filait aux fourneaux de la Team Flare. Elle rentrait ensuite chez elle, dormait, et rêvait du monde que Lysandre leur promettait. Elle participait à quelque chose de grand, de beau !

Discrète. Tuer traîtres.

Mais l’histoire d’une vie ne tient qu’à un fil, et le sien fut tranché net lors de la dissolution de la Team Flare. Elle n’était pas là lors de l’explosion finale. Elle n’apprit la nouvelle que lorsqu’elle rentra chez elle. Ses amis tués. Ses espoirs brisés. Sa vie détruite.

Discrète. Tuer traîtres.

Son cœur s’embrasa ce soir-là. La haine aveugla son regard.

Discrète. Tuer traîtres.

De grands procès suivirent. Le nom de Lysandre fut calomnié. La vie de tous ses amis détruite. Eux qui ne souhaitaient que le bien de tous ! Mais le pire survint lorsque des témoignages accablants tombèrent, détruisant les espoirs de dizaines de ses camarades. Le Marto-Poing de la justice avait frappé. A cause d’elle.

Discrète. Tuer traîtres.

ELLE ! Celle dont Rose ne voulait même pas entendre le nom, celle qui avait ruiné leurs vies ! Elle se cachait, ne montrait pas son visage… Mais la seule qui avait gardé sa vie d’avant, c’était elle ! La traîtresse ! Une lâche, une opportuniste, une salope incapable de penser aux autres ! Une moins que rien, une traînée, une… La haine que Rose forma contre Malva était au moins aussi puissante que ne l’était le rêve que Lysandre lui avait montré.

Discrète. Tuer traîtres.

Lorsque le procès de Rose arriva, tous ses amis avaient été jugés coupables de participation à un crime en bande organisée. Lorsque le procès de Rose arriva, elle avait été certaine que c’en était fini. Lorsque le procès de Rose arriva, Rose voulait tuer Malva.

Discrète. Tuer traîtres.

Mais la traînée sauva Rose. Elle estima devant les juges que les cuisiniers et leurs commis n’avaient jamais participé aux activités « sur le terrain ». La justice épargna donc Rose, avant de s’attaquer à ses amis qui, à côté d’elle, étaient terrifiés à l’idée de passer le reste de leur vie en prison… Que Malva l’ait sauvée n’avait fait qu’augmenter sa haine – pourquoi elle et pas les autres !

Discrète. Tuer traîtres.

Lorsque Rose rentra chez elle, sa vie n’avait plus de sens. Perdue au milieu de l’immense Illumis, ses pensées à la dérive, plus aucun repère ne la guidait. Comme un navire perdu en mer, seule au milieu de l’océan, elle se cloîtra. Elle cessa de se rendre au Firmament. Elle n’avait plus d’ami. Son ressentiment la tenait éveillée et lui tenait lieu de compagnon.

Discrète. Tuer traîtres.

Quelques jours passèrent. Un soir, les réflexions de Rose avaient convergèrent vers une conclusion limpide. Il fallait que les traîtres paient. Pas seulement Malva, contre qui elle dirigea toute sa colère dans un premier temps. Non, il fallait que tous les traîtres souffrent comme elle avait souffert. Si le monde était aussi sale, alors il ne méritait pas d’exister ! Sous la lumière froide de la lune, à minuit, une lueur de folie s’alluma dans ses yeux.

Discrète. Tuer traîtres.

Son temps fut tout entier consacré à l’élaboration de sa vengeance. Elle reprit le projet de Lysandre : une explosion magnifique devait terminer sa vie et celle des traîtres. Une explosion magnifique, une boule de feu resplendissante, chatoyante et délicieuse. Une œuvre d’art devait emporter avec elle la vie de tous ceux qui avaient trahi.

Discrète. Tuer traîtres.

Ce fut à ce moment que l’annonce d’un événement exceptionnel avait été faite. Un traité de coopération internationale pour lutter contre le crime organisé allait être signé. Une ombre voila son regard en entendant la Team Flare qualifiée de criminels.

Discrète. Tuer traîtres.

La soirée se tiendrait au Palais Chaydeuvre, tout proche d’Illumis ; elle se tiendrait dans un faste exceptionnel, réunirait les sommités de Kalos et d’Alola. Surtout, et c’était à ce moment que la raison de Rose s’embrasa, Malva représenterait Kalos lors de cette soirée. Les poings de Rose se crispèrent, ses ongles écorchant sa peau jusqu’au sang. Un sourire dément apparut sur ses lèvres.

Discrète. Tuer traîtres.

Discrète. Discrète. Discrète. Discrète. Discrète. Discrète. Discrète. Discrète. Discrète. Discrète. Discrète. Discrète. Discrète. Discrète. TUER. Discrète. Discrète. Discrète. Discrète. Discrète. Discrète. Discrète. Discrète. Discrète. Discrète. Discrète. Discrète. Discrète. Discrète. Discrète. Discrète. Discrète. Discrète. Discrète.

Discrète. Tuer traîtres.

Pour les TUER, elle devait rester discrète. Pour Lysandre. Pour elle ! Pour la beauté du monde ! Pour qu’ils paient tous ! Elle devait les tuer, mais il fallait être discrète. Sinon ils la repéreraient. Et elle ne pourrait pas… Non… Il fallait les tuer ! Tous ! Tous les traîtres ! La traînée, tous, les tuer, tous !

Discrète. Tuer traîtres !

Son esprit sombra encore un peu plus lorsqu’elle fut prise d’une paranoïa délirante. Ayant l’impression d’être suivie partout où elle allait, elle développa des tics, elle ne se sentait jamais en sécurité.

Discrète. Tuer traîtres.

Jusqu’au fond de son propre lit, elle avait le sentiment qu’un œil l’épiait, alors même que, chaque fois qu’elle se retournait pour vérifier si quelqu’un était là, elle ne voyait personne. Le silence de sa maison, lourd comme le plomb, aurait dû l’assurer de l’irrationalité de ses peurs – mais il n’en était rien. Elle était terrifiée. Et terrifiante.

Discrète ! TUER TRAÎTRES !

Fatiguée, paranoïaque, fanatique, exaltée, démente, terrifiante, obnubilée par son objectif, elle trouva rapidement le moyen de se venger. Le peu de lucidité qui lui restait servit à créer un plan simple, mais terrifiant.

Elle ferait couler le sang de ses propres mains.

*
22h10
C’était donc une très belle soirée, très enjouée. Les invités riaient déjà aux éclats devant une comédie aux thèmes sérieux mais à la réalisation comique. Les applaudissements parcouraient la salle, les comédiens s’amusaient, la magie de la fiction opérait. Par instants, plus personne ne pensait aux menaces qui pesaient sur la salle.

Pendant ce temps, et comme depuis le début de la soirée, Rose agissait comme un robot. Le propriétaire du Palais, trop obnubilé par l’idée que sa fête devait être extraordinaire, n’avait pas pris le temps de vérifier son passé ; il ne vit en elle que la prodigieuse cuisinière qui, un jour, lui avait fait découvrir les mille saveurs des salades de baies.

Rose avait donc pu rejoindre la soirée assez facilement, et avait même réussi à obtenir un rôle utile. Une fois le service terminé, et après avoir participé au rangement des cuisines, elle avait pour rôle d’aider à la supervision du rangement de la salle du bal.

Elle se demandait si elle serait la seule à vouloir perturber l’événement : elle eut vite la réponse. Rose avait entendu des bruits de couloirs : certains de ses anciens amis avaient manifestement essayé d’entrer avec des armes… Elle souriait de leur naïveté.

Elle trouvait les membres de son ancienne organisation adorables, même si elle avait pu constater qu’ils n’étaient pas les plus malins. « Ce soir, je me charge de tout, mes chéris, ne vous en faites pas. »

Depuis vingt-deux heures, les invités avaient donc quitté la salle de bal. Son travail consistait donc à ranger les tables, emmener la vaisselle aux cuisines pour qu’elle soit lavée et s’occuper des mille autres tâches nécessaires au nettoyage de la salle.

Au bout d’une dizaine de minutes de ce labeur qu’elle réalisait avec des gestes mécaniques, elle entendit les rires des invités dans la pièce d’à côté.

Un sourire glacial s’épanouit sur ses lèvres, que personne ne remarqua, tous trop occupés à leurs affaires, fatigués par les efforts qu’ils avaient tous déjà dû fournir. Rose, elle, se sentait vibrer d’une énergie bouillonnante. Chaque minute qui la rapprochait de l’apocalypse finale échauffait un peu plus son sang dans ses veines. Sombre mélange de fièvre délirante et de raison froide, elle devenait un monstre effroyable.

Les minutes s’égrenaient dans le bruit des allers et venues des serveurs, et il ne restait finalement à Rose plus qu’à remmener les derniers verres à pied aux cuisines. Elle regarda sa montre. Il était maintenant vingt-deux heures et quarante minutes. Son sourire grandit encore un peu.

Tout en conservant son attitude détachée – professionnelle, diront ceux qui l’avaient côtoyée –, elle se servit d’un plateau pour emporter avec elle aux cuisines une dizaine de verres. Elle traversa la salle du bal, passa une nouvelle fois devant la statue de Milobellus de l’entrée, puis ouvrit la porte des cuisines de l’aile gauche du Palais.

En gardant un air sérieux, elle déposa les verres, puis adressa un sourire à l’un de ses collègues en lui demandant :

— Mathias, vous voulez bien vous occuper de ça ? Je dois aller chercher quelque chose dans l’arrière-cuisine.

— Oui, pas de soucis ! répondit l’autre.

Sans se presser – pour ne pas éveiller de soupçons, et rester discrète –, elle se rendit à l’arrière de la cuisine, là où les stocks de nourriture étaient conservés. Les yeux rivés sur son objectif, elle alla droit à une caisse restée en retrait, difficile à atteindre et impossible à trouver sans savoir qu’elle était là.

Une caisse de baies qui semblait n’avoir rien à faire au milieu des stocks de viande. Intacte.

La joie de Rose éclata en son for intérieur. Personne n’avait trouvé la caisse. Personne ne se doutait de rien. Elle avait été discrète : elle allait tuer les traîtres. Les épines des baies blessèrent sa chair, faisant couler un peu de son sang.

Mais loin de l’arrêter, cette douleur renforça sa détermination. Triomphante, elle sortit de la caisse une petite Poké Ball qu’elle fourra immédiatement dans sa poche.

En repassant devant son collègue, elle lui demanda d’une voix autoritaire :

— Vous vous souvenez du sac que je vous avais demandé d’aller chercher, au début du service ? Vous l’avez bien rangé là où je vous l’avais demandé ?

— Oui, Madame, dans le placard juste devant l’entrée des cuisines, comme vous m’avez demandé !

Elle le remercia et lui souhaita une bonne soirée ; tandis qu’elle sortait de la cuisine, une pensée sanguinaire lui traversa l’esprit. Ce serveur petit, idiot et laid allait mourir, déchiqueté avec tous les autres.

Il était vingt-deux heures passées de quarante-cinq minutes. Minuit s’approchait dangereusement. Le temps se jetait vers sa destinée sanglante.

Elle se rendit droit à la salle du banquet – propre et calme comme si elle avait attendu la venue de Rose pendant des centaines d’années. Seul un garde et son Excavarenne surveillaient la salle désormais vide, la lumière de l’ampoule cassée lui donnant un air étrange. Rose avait les mains moites, mais ne se laissa pas désarçonner pour autant.

Elle s’adressa à lui :

— Dites, ce grésillement ne vous a pas trop dérangé, j’espère ? Il me reste quelques minutes avant de filer, je vais vous changer ça, vous serez plus tranquille.

— C’est vrai que c’est une plaie, ce truc ! répondit le garde. Et ça fera plaisir à Tobias ! Il prendra la relève à vingt-trois heures. Avec un bruit pareil dans les oreilles pendant des heures, il aurait fait la gueule pendant des jours. Merci bien !

— Pas de soucis, ça ne prendra qu’une minute, répondit Rose en feignant de rire.

Elle posa son sac sur le sol, sous la lampe défectueuse. Son plan se déroulait parfaitement… Jusqu’à ce que le garde s’adresse de nouveau à elle.

— Ça vous dérange pas que je vérifie votre sac ? Je vous fais confiance mais vous savez bien, le règlement…

Un léger frisson parcourut l’échine de Rose. Elle ouvrit son sac, et l’apporta au garde qui s’approchait. L’heure tournait.

— Bien sûr que non, faites votre travail. C’est grâce à vous que rien de terrible n’a encore eu lieu ce soir. Je ne vous remercierai jamais assez.

Le garde prit donc le sac, et le fouilla consciencieusement. Il ne trouva que des clous, des vis et des outils de bricolage en tous genres : marteaux, tournevis, cruciformes, etc.

Comme Mathias plusieurs heures avant lui, il fut impressionné par la diversité des outils que le sac contenait. Une bosse dans le sac l’intrigua, et il en sortit une ampoule énorme, d’au moins cinquante centimètres de large. Il dit en riant à Rose :

— Eh beh ! Ça c’est du matos. Vous voudrez de l’aide pour le monter là-haut ?

— Je veux bien que vous m’ameniez l’échelle qu’ils gardent au fond de la pièce, s’il vous plaît.

— À votre service, madame !

Il lui tourna alors le dos, et ouvrit sans beaucoup de ménagement la porte d’un placard au fond du bâtiment. Rose sortit doucement sa Poké Ball de sa poche et la mit au fond de son sac, près de l’ampoule. Le temps avait comme ralenti. Rose était aux aguets. Tout se jouait maintenant.

En arrachant d’un coup l’échelle au capharnaüm que contenait l’armoire, le garde fit tomber quelques balais, et il réveilla à la fois un aspirateur-Motisma et un Ptitard qui dormait en bavant juste à côté. Leurs cris indignés, accompagnés du fracas des objets qui tombaient les uns sur les autres surprirent le garde, qui recula précipitamment.

Au même moment, les gestes de Rose furent parfaits. A peine l’échelle avait-elle frappé le sol que Rose fit apparaître un Voltorbe à côté de l’ampoule. Ensuite, aux premiers cris du Motisma, elle fit entrer l’ampoule dans la Poké Ball.

Enfin, lorsque le garde replaça les objets en vrac au fond du placard, elle replaça discrètement la Poké Ball au fond de l’une de ses poches. Quelques secondes à peine s’étaient écoulées.

Elle dit en plaisantant au garde :

— Alors, vous n’avez pas tout cassé j’espère ?

— Non, non ! Vous garderez ça pour vous, hein ? Pas envie qu’on me reproche ce genre de bêtises, marmonna-t-il pour lui-même.

Avec son pas lourd et bruyant, il apporta l’échelle à Rose et la plaça sous la lampe défectueuse. Il laissa Rose monter tout en haut de l’échelle avec son sac en bandoulière. Il poussa quelques soupirs.

Il tenait fermement l’échelle à sa base tandis que Rose exécutait les gestes qu’elle avait mille fois répétés. Couper le courant de l’ampoule avec l’un des boutons juste à côté de celle-ci. Retirer l’ampoule délicatement. La redescendre. Elle demanda de l’aide au garde :

— Vous pourriez me l’attraper ? Ça m’éviterait d’avoir à descendre.

— Pas de soucis ! affirma le garde de sa voix tonitruante. Excavarenne, je compte sur toi, attrape-la !

Et Rose lâcha avec précision l’ampoule, que l’Excavarenne attrapa avec dextérité avec ses deux oreilles.

— Je pense que vous pouvez la ranger dans le placard, moi je vais installer la nouvelle ! Et faites attention ! ajouta Rose pour le faire rire.

— Oui, pas deux fois la même erreur !

Le garde s’éloigna et, lorsqu’il fut trop loin pour l’entendre, Rose murmura d’une voix aussi légère qu’un Vent Mauvais à son Voltorbe :

— Chargeur.

L’intérieur de son sac s’illumina alors d’une lumière extrêmement vive. Avant que le Pokémon ne devienne trop chaud, elle le prit délicatement et le posa sur le socle de l’ancienne ampoule. Le garde qui revenait ne put s’empêcher de l’agacer encore une fois de ses réflexions inutiles :

— Dites donc ! Revenez vite, vous allez vous flinguer les yeux à ce rythme ! Maintenant qu’elles brillent toutes autant les unes que les autres, on croirait qu’il fait jour ! Allez, revenez !

— Oui, bien sûr !

Elle redescendit de l’échelle. Plus que quelques minutes de comédie. Elle sourit au garde :

— Merci de votre aide précieuse. Voulez-vous à nouveau fouiller le sac ? Je pourrais avoir pris des marteaux, ajouta-t-elle en riant.

— Oui, laissez-le là, je regarderai après. C’est bon, j’ai bien vu que vous n’avez rien d’une terroriste ! Vous m’avez dit que vous filez de toute façon, non ?

— Tout à fait ! Vous voulez bien emmener le sac aux cuisines ? Je suis fatiguée, je vais rentrer chez moi.

— Ah, vous en avez de la chance, moi je dois rester jusqu’à vingt-trois heures tapantes, ou alors la direction va m’enguirlander. Aucune pièce sans surveillance, qu’ils disent ! Vous ne m’attendez pas pour sortir, du coup ? C’est juste l’affaire de quelques minutes.

Rose lui opposa un sourire désarmant :

— Non, je suis vraiment fatiguée. Au revoir !

L’autre ne sut que répondre, et Rose quitta la salle désormais illuminée par quatre ampoules semblables en tout ; pas une ne grésillait. En sortant du Palais, Rose passa devant le garde qui devait aller surveiller la salle du banquet. Elle salua poliment Tobias.

Rose avait été discrète. Elle allait tuer les traîtres.

Tel un torrent, le flux du temps s’intensifia. Chaque seconde portait plus de menaces que la précédente. L’heure fatidique approchait.

Il allait être vingt-trois heures.