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Pokémon : L'étoile d'Arkephyr de Arkephyr



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Informations

» Auteur : Arkephyr - Voir le profil
» Créé le 23/07/2023 à 18:47
» Dernière mise à jour le 25/07/2023 à 15:11

» Mots-clés :   Aventure   Drame   Région inventée   Romance

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[T] Michael Gray
Je dévisage l'homme qui se tient devant moi comme si je le voyais pour la première fois.

Tous les gens présents nous observent l'un et l'autre avec incrédulité, tant nous sommes différents physiquement. Ses cheveux noirs tirés en queue de cheval sont plus longs que les miens, et ses yeux bleu électrique dégagent quelque chose de presque surnaturel.

Ses tatouages tribaux, qui recouvrent la quasi-totalité de ses bras et de son cou, viennent compléter ce tableau déroutant.

– Le Serpent est... ton frère ? souffle Lucille en s'accrochant un peu plus à mon bras.

Je conserve le silence et crispe la mâchoire. La situation pourrait être amusante si elle n'était pas aussi grotesque.

Le mystérieux leader du marché noir qui gangrène la région depuis des années n'est autre que le Maître Pokémon d'Arkephyr.

Michael Gray.

– Ce que tu peux faire pour moi ? je gronde en me libérant de l'étreinte de mon ami. Prendre ça.

Je m'approche d'un pas vif du comptoir et lui colle mon poing droit dans la gueule. Mon cher frère étouffe un grognement de douleur et tombe à la renverse, tandis que ses gardes nous encerclent en dégainant leur sabre.

Pikachu se hisse aussitôt sur mon épaule et expédie une décharge électrique sur l'adversaire le plus proche, qui s'effondre sur le sol sans demander son reste.

– Ça suffit ! ordonne Michael à l'adresse de ses hommes. Rangez vos armes immédiatement.

Il essuie d'un revers de la main le sang qui s'écoule de sa lèvre fendue et me lance un regard réprobateur qui me procure une certaine satisfaction.

– Tu as une sacrée droite... lâche-t-il avant de cracher sur le sol. Je ne l'ai pas volée, cela dit.

L'une des hôtesses du comptoir s'approche de lui avec un tissu mouillé, mais il la renvoie d'un signe du menton avant de reporter son attention sur Lucille et moi.

Mon amie en profite alors pour intervenir avant que la situation ne s'envenime.

– Nous avons entendu dire que vous étiez capables de nous faire disparaître... dit-elle en posant son smartphone sur le comptoir. Est-ce que c'est vraiment le cas ?

Lucille est une fille intelligente. Elle préfère mettre de côté son effarement et rester concentrée sur le principal motif de notre venue. J'aurais dû prendre exemple sur elle et mieux contrôler mes émotions, plutôt que m'afficher bêtement comme je l'ai fait.

Mon frère semble très intéressé et se donne même la peine de contourner le comptoir pour se rapprocher de mon amie. Il l'observe de haut en bas comme s'il s'agissait d'un potentiel trophée, mais cette dernière met un point d'honneur à ne pas entrer dans son jeu en conservant une attitude très digne.

– Je suis capable de beaucoup de choses, lui susurre-t-il à l'oreille, suffisamment fort pour que je l'entende. Mais ce ne sera pas gratuit.

Le Serpent plonge un instant son regard dans le sien, puis retourne s'asseoir à sa table comme si de rien n'était pour consulter un registre de plusieurs centaines de pages. Il en tourne quelques unes d'un air distrait avant de poser un index sur l'information désirée.

– Ça fera cinquante-mille Pokédollars... annonce-t-il alors d'un ton détaché.

– Pardon ? s'insurge Lucille en perdant toute retenue. Cinquante mille ?

Mon frère esquisse un sourire suffisant qui me donne envie de lui en coller une deuxième, et de lui faire perdre quelques dents blanches au passage.

– Pour toi, ce sera soixante-mille... rectifie-t-il en me lançant un regard en biais. Ça fera office de réparation pour le préjudice subi.

Je serre les poings en avançant d'un pas.

– Attends... murmure mon amie en empoignant mon bras pour m'empêcher d'aller plus loin. S'il te plaît. Je pense que tu en assez fait pour aujourd'hui.

Elle soutient mon regard en me défiant de la contredire, et je finis par me résigner en lâchant un soupir.

Je ne suis pas en état de mener des négociations.

– Merci... souffle-t-elle en déposant un doux baiser sur mes lèvres.

Michael plisse les yeux en essayant de conserver une expression neutre. Ce signe d'affection semble l'avoir agacé, et je soupçonne Lucille de l'avoir fait dans le seul et unique but de lui prouver qu'il n'avait pas la moindre emprise sur elle.

C'est avec un sourire confiant que la jeune femme s'approche du comptoir, bien décidée à obtenir ce qu'elle veut.

– Je n'ai pas autant d'argent... avoue-t-elle de but en blanc en plantant son regard dans celui du Maître. Mais puisque vous êtes capable de beaucoup de choses, j'imagine qu'il est possible de trouver un arrangement.

La foule se presse autour de nous pour ne pas perdre une miette du spectacle. D'une certaine manière, notre arrivée fracassante a servi les intérêts de mon frère, qui semble se délecter du chaos provoqué autour de lui.

Ce crétin fait d'ailleurs mine de réfléchir à la proposition de Lucille, mais je sais qu'il a déjà une idée bien précise en tête.

– Nous pourrions faire un pari... propose-t-il en caressant sa fine barbe tressée. Que dirais-tu d'un combat Pokémon ?

Mon amie fronce naturellement les sourcils.

– Vous êtes le Maître... lui fait-elle remarquer. Je n'ai aucune chance.

Michael esquisse un sourire espiègle.

– Nous n'utiliserons pas nos Pokémon... précise-t-il en la fixant de ses yeux bleus. Nous tirerons au hasard parmi ceux du repaire qui ont encore leur forme de base – c'est-à-dire ceux qui n'ont pas encore évolué.

Le défi me semble équitable. Mon frère a beau être un connard, ce n'est assurément pas un tricheur. Lucille aura toutes ses chances de l'emporter, à condition de ne pas faire d'erreur de jugement pendant le combat.

Combattre avec un Pokémon avec qui on n'a aucune affinité implique une maîtrise parfaite de la théorie. Il s'agit de connaître en détails les forces et faiblesses de son partenaire, ainsi que les différentes capacités qu'il est susceptible de maîtriser.

Toute une histoire.

– Ça me convient... déclare mon amie en plissant les yeux. Si je gagne, vous accepterez de m'aider gratuitement. Mais si je perds ?

Le sourire de mon frère s'élargit. Il semblait attendre impatiemment cette question, et l'expression triomphante qu'il affiche en cet instant ne me plaît pas du tout.

– Si tu perds, tu travailleras ici jusqu'à ce que tu sois en mesure de rembourser mes soixante-mille Pokédollars. Mes clients seraient plus que ravis de pouvoir s'offrir les services d'une hôtesse aussi fougueuse que toi au Quartier des Plaisirs.

Je dois me faire violence pour ne pas intervenir à nouveau. L'idée que ce salaud utilise mon amie comme une vulgaire escort-girl me révolte, mais je ne veux pas non plus le laisser penser que ça me touche. Il utiliserait cette faiblesse contre moi à la première occasion.

Lucille est en âge de prendre ses propres décisions. C'est une bataille qu'elle doit mener seule, et pour laquelle je n'ai certainement pas mon mot à dire.

– Marché conclu... dit-elle en tendant une main ferme.

Le Serpent lui saisit délicatement les doigts et pose ses lèvres sur le dos de sa main pour sceller leur accord.

– C'est un plaisir de faire affaire avec toi.

Mon frère se tourne ensuite vers l'hôtesse sur sa gauche et lui adresse un sourire enjôleur en faisant courir ses doigts sur son bras.

– Mon frère et son amie ont fait un long voyage... lui susurre-t-il d'une voix suave. Je compte sur toi pour leur préparer la plus belle suite du Palais. Veille bien à ce qu'ils ne manquent de rien durant leur séjour.

La jeune femme lui répond par un clin d'œil complice et lui fait une courte révérence avant de nous inviter à la suivre.

– Attendez... intervient Lucille en fronçant les sourcils. Nous n'avons pas l'intention de nous éterniser ici. Quand aura lieu notre combat ?

Le Maître de la Ligue Pokémon laisse échapper un soupir qui contraste quelque peu avec l'attitude qu'il manifestait jusqu'à présent, comme si le fait d'être parvenu à valider son pari l'avait libéré de la nécessité de jouer un rôle.

– Nous nous affronterons demain matin à neuf heures au Colisée... répond-il d'un air distrait en feuilletant son registre. Maintenant, si tu veux bien m'excuser, j'ai d'autres services à rendre.

Mon amie mime à son tour une révérence provocatrice pour tourner l'hôtesse en ridicule, puis se résigne à suivre la jeune femme à travers le repaire.

– Nous n'en avons pas terminé tous les deux... je gronde d'un ton menaçant avant de leur emboîter le pas.

Mon frère me lance un regard éteint avant de reporter son attention sur son client. Je ne sais pas quelles sont les raisons qui l'ont poussé à se terrer dans cet endroit, mais je compte bien le découvrir avant de poursuivre notre voyage.

– Le Maître parle souvent de vous... déclare sa suivante avec un accent exotique tout à fait charmant. Il regrette la manière dont nos ennemis vous ont piégés il y a dix ans.

Un frisson glacial parcourt mon échine à l'évocation de ces événements tragiques qui ont eu lieu alors que je n'étais encore qu'un adolescent. Lucille me lance un regard soucieux, mais je m'efforce tant bien que mal de conserver une expression neutre.

– Que vous a-t-il dit ? je demande avec raideur.

La jeune femme continue d'avancer et ne semble pas avoir remarqué le léger tremblement dans ma voix.

– La vérité... répond-elle tandis que nous débouchons sur une immense galerie bondée de monde. Nous savons tous que la destruction du centre commercial a été orchestrée par ceux-là mêmes qui vous accusent.

Je fixe un instant mes chaussures pour ne pas avoir à soutenir le regard insistant de mon amie. Pourquoi Michael leur a-t-il raconté pareilles inepties ? Cet idiot n'était même pas présent lorsque le drame s'est produit, et nous ne nous sommes jamais revus depuis.

Je suis seul responsable de la tragédie qui a ôté la vie à tous ces innocents. C'est moi qui ai minutieusement disposé les Electrode de manière à ce que leur Explosion réduise le bâtiment en poussière.

– Comment vous appelez-vous ? je demande pour changer de sujet.

L'hôtesse semble surprise que je lui demande son prénom. Lucille, de son côté, fait preuve d'une jalousie mal placée en me lançant un regard noir.

– Jasmine... répond-elle avec un sourire enjôleur. Et nous voilà arrivés dans le très célèbre Quartier des Plaisirs.

J'observe les alentours avec curiosité en songeant que l'endroit n'est pas aussi dévergondé que je ne l'imaginais – à moins qu'il ne se transforme une fois la nuit tombée ?

J'ai l'impression d'être arrivé dans un grand marché à ciel ouvert, à la différence qu'il n'y a pas de ciel au-dessus de notre tête. Pourtant, la hauteur du plafond souterrain est telle que je ressens pas la moindre sensation d'étouffement.

Je soupçonne la présence de systèmes de ventilation sophistiqués, mais ces derniers doivent parfaitement se fondre dans le décor car il m'est impossible de les distinguer.

– Et voici le Palais du Maître ! ajoute-t-elle en désignant un édifice majestueux situé un peu plus loin. C'est là que se situe votre suite.

J'écarquille les yeux en observant le bâtiment. Le Palais est une merveille d'architecture construite en pierre blanche, dominant de toute sa hauteur le Quartier des Plaisirs. Ses murs immaculés reflètent la lumière d'un soleil pourtant inexistant, lui conférant une aura presque irréelle.

– Je comprends mieux pourquoi la Ligue Pokémon est ruinée... maugrée Lucille sans pour autant pouvoir s'empêcher d'admirer la vue.

Nous accélérons machinalement le pas et débouchons sur un jardin luxuriant, où les senteurs enivrantes des fleurs exotiques embaument l'air. Des fontaines en marbre, habilement disposées, égaient le paysage en créant des jeux d'eau enchanteurs.

– C'était bien la peine de cavaler pendant dix ans...

Je ne sais pas quelles sont les circonstances qui ont poussé mon frère à créer ce paradis souterrain, mais ce salaud a été bien plus visionnaire que moi sur ce coup. Cela dit, j'aurais eu bien du mal à me lancer dans une telle entreprise sans un sou en poche, et avec la totalité des forces de l'ordre à mes trousses.

– Nous ne nous serions pas rencontrés si tu t'étais terré ici... me fait remarquer mon amie d'un ton inhabituellement froid.

Lucille est sur les nerfs depuis notre entrevue avec le Serpent. Je pensais que Jasmine était la cause de sa mauvaise humeur, mais cette dernière ne se montre pas particulièrement entreprenante à mon égard et se contente de nous faire visiter les lieux, conformément aux instructions de son employeur.

Mon amie a peut-être ses règles. Cette pensée fait naître un sourire amusé sur mes lèvres, mais je m'empresse de retrouver mon expression habituelle pour ne pas subir son courroux.

– Nous y sommes... déclare l'hôtesse lorsque nous arrivons dans un patio intérieur bordé par des arcades.

À l'intérieur, le Palais dévoile une splendeur à couper le souffle. Des salles aux proportions généreuses, ornées de mosaïques chatoyantes, accueillent des trésors artistiques et des objets d'une valeur inestimable.

– Vous pouvez accéder librement au bar... nous informe Jasmine avec son éternel sourire aux lèvres. Le Maître prendra en charge la totalité de vos dépenses pour la soirée. Si vous aimez les jeux d'argent, vous pourrez rejoindre le salon VIP en donnant à notre videur un jeton spécial que vous trouverez dans votre suite.

Lucille ne peut s'empêcher de lever les yeux au ciel. Il semblerait que les jeux d'argent ne soient pas au programme ce soir.

– Si vous préférez les plaisirs charnels, le Hall Pourpre ouvre ses portes à partir de vingt-trois heures. Je serai là pour danser... et éventuellement plus.

C'en est trop pour mon amie, qui se plante devant l'hôtesse et la toise avec un mépris non dissimulé.

– On n'a pas prévu de s'offrir les services d'une prostituée... lance-t-elle sèchement. Donnez-nous plutôt les clés de notre suite, et allez dire à votre Maître que nous sommes bien installés et que nous n'avons besoin de rien.

Jasmine semble offensée mais s'efforce de conserver une attitude professionnelle. Elle s'incline sans un mot avant de s'éloigner vers l'immense comptoir de l'accueil, et revient quelques minutes plus tard avec un trousseau de clés en or.

– Votre suite est au premier étage... déclare-t-elle d'une voix légèrement éraillée. Je vous souhaite un bon séjour.

Je lui lance un regard compatissant et la remercie d'un signe de tête. Elle évite soigneusement mon regard et donne les clés à Lucille avant de s'éloigner un peu précipitamment.

– Tu n'as pas été correcte avec elle... je fais remarquer avec une moue réprobatrice. Elle ne fait que son travail.

Mon amie me lance un nouveau regard noir avant de se diriger vers les escaliers. Je pousse un léger soupir avant de la suivre à l'étage, où nous ne tardons pas à trouver notre fameuse suite.

– Merde... je souffle d'un air incrédule.

L'espace tout entier est une véritable oasis de richesse et de confort. Les murs sont ornés d'un papier peint délicat aux motifs subtils, et les tons apaisants de crème et de pastel créent une ambiance douce et relaxante.

Au centre de la suite se trouve un lit king-size orné de draps en satin. Le baldaquin en soie flotte gracieusement dans la pièce, créant une atmosphère d'intimité et de luxe.

Je m'apprête à visiter le coin salon lorsque Lucille ôte subitement son haut et le laisse tomber au sol avant de se tourner vers moi.

– J'ai envie de toi... murmure-t-elle en plongeant son regard émeraude dans le mien.

– P... Pardon ? je bafouille, déconcerté par ce brusque changement d'attitude.

Mon amie dégrafe son soutien-gorge sans me quitter des yeux et avance d'un pas dans ma direction.

– Tu m'as bien entendue... dit-elle d'un ton pressant. J'ai envie de toi. Maintenant.

Elle empoigne mon tee-shirt avec la ferme intention de me l'enlever, mais je lui attrape les poignets avant qu'elle ne puisse commencer.

– Arrête... je souffle, mal à l'aise.

Lucille ne se laisse pas freiner et presse son corps contre le mien avec insistance.

– Qu'est-ce qu'il y a ? chuchote-t-elle au creux de mon oreille. Je ne suis pas à ton goût ?

Elle recule légèrement pour que je puisse l'admirer des pieds à la tête, mais je m'oblige à fixer mon regard sur son visage pour ne pas me laisser entraîner dans son jeu.

– Bien sûr que si... je rétorque d'une voix rauque. Mais je ne coucherai pas avec toi pour de mauvaises raisons.

L'expression de mon amie change du tout au tout.

– Qu'est-ce que tu veux dire ? me demande-t-elle d'un ton glacial.

Je ne suis pas certain de pouvoir trouver une explication suffisamment habile pour me soustraire à sa colère.

Autant jouer cartes sur table.

– Tu n'es pas dans ton état normal... je déclare calmement. Tu as un vu un homme mourir sous tes yeux, nous avons marché pendant plusieurs heures pour échapper aux autorités, et tu viens de faire un pari que tu n'es pas sûre de gagner.

Lucille a accumulé beaucoup trop de tension au cours de ces dernières heures. Il n'est pas étonnant qu'elle cherche à la libérer, mais le sexe ne résoudra en rien ses problèmes.

Pas sur le long terme, en tout cas.

– Je n'ai pas envie d'être un remède... je lâche d'un air sombre avant de tourner les talons.

J'ai le cœur serré à l'idée de la laisser plantée là au moment où elle a le plus besoin d'être soutenue, mais je suis moi aussi dans un état de fatigue avancé et ne souhaite pas lui donner l'opportunité de me faire changer d'avis.

Je finis donc par refermer la porte derrière moi sans me retourner, puis ferme les yeux avec une infinie tristesse lorsque je l'entends fondre en larmes.