Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Pokémon : L'étoile d'Arkephyr de Arkephyr



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Arkephyr - Voir le profil
» Créé le 23/07/2023 à 18:28
» Dernière mise à jour le 25/07/2023 à 14:56

» Mots-clés :   Aventure   Drame   Région inventée   Romance

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
[T] L'ombre de la Ligue
Je n'aurais jamais dû l'embrasser.

Lucille ne représente rien pour moi. Cette fille n'est qu'un moyen de parvenir à mes fins et d'assouvir une bonne fois pour toutes ma vengeance.

Je dois à tout prix rester concentré sur mon principal objectif.

– Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire maintenant ? gémit-elle en couvant son Poussifeu du regard.

– Comment ça ?

Je m'arrête un instant pour sortir une bouteille d'eau de mon sac. Je prends une longue gorgée avant de remplir une gamelle pour nos Pokémon.

Pikachu me lance un regard reconnaissant et désactive temporairement son Flash pour se réhydrater.

– Je n'ai pas gagné de badge à Vulcanor... me répond Lucille avec un air sombre.

Je fourre la main dans l'une des poches de mon pantalon pour en extirper un petit cercle métallique sur lequel est gravé un volcan en éruption.

– Tu parles de ce truc ? je réplique en lui présentant le précieux sésame.

Mon Pokémon Élektrik réactive aussitôt les lumières de ses joues et vient grimper sur mon épaule pour observer l'objet avec curiosité.

Lucille fronce légèrement les sourcils et le prend entre ses doigts pour s'assurer de son authenticité.

– Tu... Tu l'as eu comment ? bredouille-t-elle avec incrédulité.

Un sourire sans joie se dessine sur mes lèvres.

– C'est la première chose que j'ai récupérée sur le corps du champion après qu'il se soit donné la mort... je lâche dans un soupir. J'ai pensé que tu n'aurais pas envie de remettre les pieds là-bas.

Ma protégée ne répond pas tout de suite. Je sais très bien que cette situation ne lui convient pas du tout et qu'elle n'a pas l'intention de récupérer ce trophée.

Mais nous ne pouvons pas nous permettre de faire la fine bouche.

– Tu n'as qu'à te dire qu'il a simplement déclaré forfait... j'ajoute avec un haussement d'épaules. Ce qui n'est pas faux, quand on y pense.

Lucille me foudroie de son regard émeraude.

– Le mec s'est suicidé ! me lance-t-elle en affichant une mine révoltée.

– C'est bien ce que je dis... je continue d'un ton calme. Il a refusé le match, ce qui fait de toi la propriétaire légitime du Badge Magma.

Je manque peut-être d'empathie, mais mon argumentaire est imparable. Et quand bien même elle aurait des remords à dépouiller le champion de son badge, il serait bon de lui rappeler que ce fumier a essayé de la kidnapper.

Et puis ce n'est pas comme s'il allait emmener son badge au paradis – ni même en enfer, d'ailleurs.

– Je n'arriverai plus jamais à me regarder dans un miroir si je l'accepte maintenant... murmure-t-elle en plantant son regard dans le mien. J'ai battu Iona parce que Massko était possédé par quelque chose. J'ai été obligée de piéger Joseph parce que je n'étais pas suffisamment forte pour vaincre son Apireine. Et maintenant ça...

Mon amie secoue tristement la tête.

– Désolée Thomas, c'est au-dessus de mes forces.

Je préfère ne pas insister. Je récupère le badge et le range dans ma poche en songeant que je trouverai bien un autre moyen de le lui donner – peut-être en récompense d'un futur défi ?

Je lui tends ma bouteille d'eau et continue ma route à travers le souterrain. Les galeries s'étendent sur plusieurs kilomètres et semblent interminables. Je ne suis même pas certain que nous ayons emprunté le bon itinéraire.

– Tu crois qu'ils sont à notre poursuite ? me demande Lucille au bout d'un moment.

Je secoue la tête sans m'arrêter. Steve et ses hommes ne sont pas réputés pour leur délicatesse.

– Aucun risque... je rassure avec un sourire. Ils auraient déjà fait s'écrouler le souterrain sur notre tête.

J'exagère à peine. C'est probablement ce qui se serait passé si j'avais été tout seul, mais la présence de mon amie change considérablement la donne.

Jamais ils ne prendront le risque de lui faire du mal.

– Je me demande bien ce qu'on va trouver au bout de ce fichu tunnel... marmonne-t-elle en accélérant le pas pour ne pas se laisser distancer. Tu as déjà eu affaire à eux ?

Je lui lance un regard en biais en haussant un sourcil.

– Au marché noir ?

– Oui... dit-elle avec une mine soucieuse. Tu m'as dit que ça regorgeait de pourritures. Tu as déjà eu une mauvaise expérience avec ces gens ?

Je ne réponds pas tout de suite. Le fait est que je n'ai aucune raison particulière de me méfier du marché noir, pour la simple et bonne raison que je n'ai jamais eu recours à leurs services.

Mais les gens qui opèrent dans l'ombre ont forcément quelque chose à se reprocher.

– Ce sont des hors-la-loi... je finis par répondre avec un haussement d'épaules. Ils profitent de la débâcle de la Ligue Pokémon pour faire du profit sur le dos des dresseurs. J'imagine qu'ils n'hésiteront pas longtemps à nous balancer aux autorités contre une bonne poignée de Pokédollars.

Lucille plisse les yeux. Je devine à son expression qu'elle n'est pas convaincue.

– Tu n'en sais rien... souffle-t-elle avec un sourire provocateur. Ils ont peut-être un code d'honneur très strict qui les oblige à garder secrète l'identité de leurs clients !

Je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel. Comment diable fait-elle pour conserver un tel optimisme en dépit de toutes les épreuves que nous avons dû traverser ?

– Je suis sérieuse... ajoute-t-elle en caressant distraitement le pelage de son Poussifeu. Ils prennent des risques pour fournir des médicaments aux Centres Pokémon, alors qu'ils pourraient directement traiter avec les dresseurs. Pourquoi se donneraient-ils la peine de creuser tous ces souterrains ?

Mon amie marque un point. D'une certaine manière, le marché noir se substitue à la Ligue Pokémon et vient faire opposition à la propagande agressive de Steve Erzat.

Mais ce n'est pas une raison suffisante pour leur accorder notre confiance, et nous n'avons aucune certitude quant à leurs réelles intentions.

– Nous serons bientôt fixés... je soupire en songeant que nous n'avons pas besoin de nous attarder sur le sujet. Garde l'œil ouvert quoi qu'il arrive. Au moindre comportement suspect, on met les voiles.

Il est primordial de conserver une longueur d'avance sur nos ennemis. La menace peut surgir à tout moment, et surtout là où on ne l'attend pas. Le danger est partout.

Certains diront – peut-être à juste titre – que je suis paranoïaque. Je préfère penser que je suis simplement un survivant.

– Il y a de la lumière là-bas ! s'exclame Lucille d'un air surexcité. Enfin !

Pikachu désactive aussitôt son Flash et pousse un soupir de soulagement qui me fait sourire. Il a sacrifié une grande partie de son énergie pour éclairer le souterrain.

– J'ai encore besoin de toi, mon ami... je murmure en fixant mon regard sur la sortie. Reste bien sur tes gardes.

Mon Pokémon hoche la tête d'un air entendu. Il est le mieux placé pour nous défendre dans un espace aussi réduit que ce tunnel, et sa rapidité hors norme peut même nous permettre de prendre l'ascendant sur des adversaires armés.

– Mais qu'est-ce que...

Lucille s'est mise à courir vers la sortie. Je lui emboîte le pas sans tarder, mais elle atteint l'extérieur bien avant que je ne puisse la rattraper.

– Au secouuuuuurs ! gémit-elle alors en se recroquevillant sur elle-même d'une manière totalement ridicule. Je me fais attaquer par des méchaaaaaaants !

Cette garce se paye littéralement ma tête. Je ne sais pas si je dois en rire, ou si je dois demander à Pikachu de lui envoyer une attaque électrique pour faire bonne mesure. Même Poussifeu l'observe avec des yeux ronds en inclinant sa petite tête ronde sur le côté.

Pas moins de huit individus masqués surgissent alors des buissons alentours et profitent de ce moment d'inattention pour nous encercler. Leur visage est recouvert d'un foulard rouge qui ne laisse apparaître que leurs yeux, et ils portent tous des tuniques assez amples qui me font vaguement penser à des hommes du désert.

Sauf que nous sommes au cœur d'une forêt.

– Piiikaa... gronde mon partenaire d'un air menaçant en faisant crépiter ses joues.

Je lève doucement la main pour lui indiquer de contenir son attaque. Ces gens sont forcément liés de près ou de loin au marché noir. Qui d'autre se donnerait autant de mal pour tendre une embuscade à des inconnus, juste devant la sortie d'un souterrain secret ?

– Vous êtes sur notre territoire... déclare l'un d'eux d'une voix rauque. Donnez-nous sans tarder le mot de passe.

Je prends une légère inspiration et m'efforce de conserver un visage impassible. La patience n'est pas mon point fort.

– Nous n'avons pas de mot de passe... intervient Lucille en se redressant comme si de rien n'était. Nous voulons seulement rencontrer le Serpent.

Ma protégée se mord la lèvre inférieure en fixant l'homme qui vient de prendre la parole, puis se met à battre des cils d'un air charmeur pour essayer de l'amadouer.

– Tu as une conjonctivite ? je lance d'un ton narquois.

Je jurerais avoir entendu rire l'un des énergumènes sur ma gauche. Les autres lui lancent un regard réprobateur, mais c'est déjà trop tard pour leur crédibilité.

– Nous ne pouvons pas vous conduire à notre Maître sans avoir reçu d'invitation... reprend le premier avec calme. C'est la règle.

Les choses ne se passent pas tout à fait selon notre plan. Nous sommes supposés trouver ce Serpent pour lui demander de nous rendre invisibles et ainsi échapper au radar de Steve Erzat.

Cela implique de trafiquer le smartphone de Lucille pour que les forces de l'ordre ne soient plus en mesure de le géolocaliser. Je pourrais aussi le détruire pour régler définitivement le problème, mais il se trouve que son appareil fait aussi office de carte de dresseur.

Nous ne pouvons pas nous permettre de détruire notre unique passeport pour la Ligue. Nous n'avons donc pas d'autre choix que de rencontrer le maître de ces lieux.

– Vous ne reconnaissez pas mon ami ? lance alors Lucille en se tournant vers moi. C'est Thomas Gray. Le criminel le plus recherché de la région. En ce moment même, il doit sûrement réfléchir au meilleur moyen de vous neutraliser, et de faire disparaître vos corps sans laisser de traces.

Je hausse un sourcil et dévisage la jeune femme. Après une tentative complètement ratée de séduction, voilà qu'elle décide de recourir à l'intimidation – un rôle qui lui convient étonnamment mieux.

Les huit inconnus échangent des regards perplexes. Leur leader décide alors de rompre le rang et active ce qui semble être un talkie-walkie pour communiquer avec je-ne-sais-qui.

– Tu penses qu'il appelle le Serpent ? me chuchote Lucille.

Je hausse légèrement les épaules sans quitter l'homme du regard. Ce dernier s'est retourné et m'empêche ainsi de lire sur ses lèvres.

J'espère seulement qu'il n'est pas en contact avec Erzat.

– Je ne sais pas... je souffle en posant mes yeux sur Pikachu. Mais tiens-toi prête à courir.

Mon amie acquiesce sans un mot. Il est possible que nous n'obtenions pas ce que nous sommes venus chercher, mais il est hors de question que nous nous laissions capturer par des gens déguisés en cow-boys.

L'homme coupe la communication après quelques secondes et revient vers nous d'un pas vif. Je pose machinalement une main sur la Pokéball de Dracaufeu, mais il lève les mains en signe d'apaisement et fait signe à ses acolytes de se disperser.

– Le Serpent va vous recevoir... déclare-t-il d'un ton solennel. Vous devez seulement nous confier vos Pokémon le temps de votre séjour, pour des questions de sécu...

– Ça n'arrivera pas... je réplique froidement tandis que Pikachu vient se lover dans mes bras. Nos Pokémon restent avec nous. Ce n'est pas négociable.

Un silence gênant s'installe dans la forêt. Le mystérieux individu soutient mon regard quelques secondes avant de laisser échapper un soupir de renoncement.

– Très bien... dit-il simplement. Suivez-moi.

Je fronce les sourcils et tourne brièvement la tête vers Lucille. Mon amie affiche elle aussi un regard suspicieux.

– C'est presque trop facile... souffle-t-elle dans un murmure à peine audible.

Je hoche la tête mais décide malgré tout de suivre notre hôte. Le fait qu'il ait cédé sans insister davantage me paraît louche, mais il a peut-être reçu des instructions allant dans ce sens.

Lucille aurait-elle réussi à attiser la curiosité du Serpent en dévoilant mon identité ?

– J'imagine que votre repaire est bien caché... je commente en enjambant une racine.

L'endroit est inhospitalier au possible. Les ronces sont nombreuses et ont déjà bien entamé le tissu de mon pantalon. La situation est encore pire pour ma protégée, qui a les jambes en sang.

Notre guide ne nous répond pas – pas plus que les sept autres loustics qui nous accompagnent. Ces derniers poursuivent inlassablement leur route pendant près d'une heure avant de s'arrêter devant un énorme rocher recouvert de mauvaises herbes.

– Chamallot, utilise Flammèche... ordonne l'un des individus.

Le petit Pokémon à bosse se positionne aussitôt face au rocher et expédie une gerbe de flammes sur les végétaux qui le recouvrent.

Lucille pointe par réflexe son smartphone sur la créature afin d'enregistrer son profil, avant de se rappeler que celui-ci est éteint.

– Bientôt... je murmure en posant une main compatissante sur son épaule.

Les mauvaises herbes partent en fumée et laissent apparaître l'entrée d'un nouveau tunnel. Notre guide lance alors un regard par-dessus son épaule pour s'assurer que nous ne sommes pas suivis, puis s'engouffre dans le souterrain sans l'ombre d'une hésitation.

– Et c'est reparti pour un tour... soupire mon amie.

Nous passons une heure supplémentaire à déambuler à travers les galeries obscures, suivant tant bien que mal les faisceaux lumineux des torches qui éclairent faiblement notre route.

Nous finissons par déboucher sur une immense pièce rectangulaire finement sculptée dans la roche, et soutenue par d'immenses piliers ornés de fresques aux couleurs chaudes.

– Impressionnant... je souffle en observant les alentours.

Ce n'est pas l'idée que je me faisais d'une planque pour un marché noir. Cet endroit regorge de vie et me fait davantage penser à une ancienne et riche cité oubliée de tous. Jamais je n'aurais soupçonné l'existence d'un tel joyau souterrain.

– Vous n'avez encore rien vu... déclare notre hôte avec un sourire satisfait. Notre Repaire s'étend sur plusieurs kilomètres et comprend différents quartiers.

Lucille semble elle aussi émerveillée par ce qu'elle voit. Je note cependant qu'elle conserve son Poussifeu contre elle pour s'assurer que personne ne le lui dérobe.

Il faut dire que les personnes qui nous entourent ne nous inspirent pas confiance. La plupart ont le visage dissimulé derrière un foulard pour conserver leur anonymat, et je songe qu'il aurait été plus prudent pour moi de les imiter.

J'ai le sentiment que les ennuis ne vont pas tarder à me trouver.

– Venez... presse l'homme. Le Serpent vous attend.

Lucille enroule son bras autour du mien tandis que nous traversons la grande salle pour rejoindre un attroupement d'individus particulièrement bruyants. Ces derniers sont entassés les uns sur les autres et semblent attendre quelque chose.

– Écartez-vous ! tonne notre guide. Laissez-nous passer.

Les gens obtempèrent sans discuter et nous ouvrent le passage vers ce qui semble être un comptoir derrière lequel plusieurs personnes sont assises.

Mon regard se pose tout d'abord sur les deux femmes qui entourent le Serpent. Ces dernières ont l'allure de danseuses orientales et sont finement vêtues – si l'on considère que le bout de tissu transparent recouvrant leur poitrine est un vêtement.

L'homme du milieu est quant à lui identifiable entre mille. Son torse nu est recouvert d'une longue cape noire et rouge recouverte d'écailles, et une cigarette à moitié consumée est logée entre ses lèvres.

Mais ce n'est que lorsque nos regards se croisent que je parviens à le reconnaître.

– Bienvenue chez moi, frérot... me lance-t-il d'un ton détaché. Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?