L'appât du gain de Lantian

« BOUM ! BOUM ! BOUM ! »

Finn et Tempête, toujours sur le toit de la maison, furent réveillés en sursaut par le bruit d’une personne tambourinant à la porte. Ils rampèrent doucement sur le toit afin d’apercevoir le visage de cet énergumène. Mais avant qu’ils n’atteignissent le bord du toit, l’inconnu se mit à crier :

— Ouvre-moi ! Je sais que tu es là !

Finn fut soudainement prit d’effroi. Il avait l’impression que l’on venait de lui donner un coup de poing dans le ventre.

— Tu as reconnu cette voix toi aussi ? murmura-t-il à Tempête. C’est impossible ! Comment nous a-t-il retrouvés ?

Finn l’aurait reconnue entre mille, c’était la voix de son père. Ils ne s’étaient pas vus depuis des années. Leurs chemins s'étaient séparés le jour où Finn s’était enfui avec Tempête dans les bras alors qu’il n’était encore qu’un Draby.

Son père, Burt, travaillait pour la Devon SARL. Il testait les objets de combats inventés par l’entreprise en combattant des dresseurs et des Pokémon sauvages. Mais Burt était avant tout un dracologue, comme son père avant lui, et toute sa vie n’était consacrée qu’à un seul but : devenir le plus fort possible afin que Peter, le maître dragon, le remarque et accepte de le défier. Il avait toujours voulu entraîner Finn dans cette quête incessante de la puissance.
À cette époque, ils étaient installés à Autéquia. Burt avait l'habitude de traîner Finn quasiment tous les jours au Site Météore afin qu’il pût assister aux entraînements de son père. C’est tout au fond de cet endroit que Burt avait attrapé Tempête et l’avait offert à Finn.
Au grand dam de son père, Finn n’avait jamais été intéressé par les combats de Pokémon. Il passait le plus clair de son temps à s’occuper des Pokémon sauvages que son père avait blessés, assisté par son Draby. Paradoxalement, alors qu’il avait tenté de le convaincre de suivre la même voie que lui, son père avait fait naître en Finn sa vocation de soigneur.
Mais un jour, Burt était allé beaucoup trop loin. Agacé par son fils qu’il avait accusé de gâcher le potentiel de son Pokémon, il avait envoyé contre Tempête son Libégon afin de forcer le Draby inexpérimenté à livrer à un combat. Il ne lui avait laissé aucune chance en ordonnant dès le début du combat à son Pokémon d’utiliser une puissante attaque Draco-Météore qui avait touché Tempête de plein fouet. Le pauvre petit Pokémon Tête de Roc était extrêmement mal au point. Finn l'avait alors pris dans ses bras et s’était enfui du Site Météore dans l’espoir d’atteindre le centre Pokémon d’Autéquia au plus vite.
Malheureusement, les éléments étaient déchaînés dehors : des averses terrifiantes, un vent à décorner les Tauros. On aurait dit que Kyogre lui-même survolait la zone. Finn s’était abrité dans une petite grotte où était venu se cacher un groupe de Nénupiot. Il avait tenté de soigner son Draby avec le peu d’éléments qu’il avait à sa disposition : quelques baies ramenées par les Nénupiot, de l’eau de sa gourde et une potion qu’il avait sur lui. Il avait veillé sur lui toute la nuit. Le lendemain matin, l’averse étant enfin finie, Finn s'était dépêché d’amener son Pokémon blessé au centre Pokémon d’Autéquia.
Là-bas, il s’attendait à voir son père mais celui-ci ne vint jamais. L’infirmière l'avait complimenté sur les soins qu’il avait prodigués à son Draby en lui disant qu’ils étaient presque dignes d’un professionnel. Toutes ces années passées au côté de son père lui avaient finalement apporté quelque chose. Ce jour-là, Finn avait pris un nouveau départ, il s'était lancé dans des études de soigneur Pokémon. Il avait fait des stages dans quasiment tous les centres Pokémon de la région (excepté ceux d’Autéquia et de Mérouville, de peur de croiser son père) afin de pouvoir étudier le plus de Pokémon possible d’Hoenn. Il avait nommé ainsi son Draby « Tempête » afin de ne jamais oublier cette nuit interminable durant laquelle il avait énormément réfléchi tout en veillant son partenaire.


Alors que lui revenaient tous ces souvenirs douloureux, Finn se tourna vers Tempête et lui murmura :

— Plaque-toi autant que tu peux contre les tuiles et ne fait pas un bruit. Avec un peu de chance, il va finir par se lasser et partir.

Aussitôt il termina sa phrase qu’il se mit à glisser du toit.

— Ahhhhh ! Tempête ! cria-t-il.

Tempête le rattrapa in extremis en plantant ses crocs dans sa veste et le ramena loin du bord. Finn savait bien qu’avec tout le bruit qu’il venait de faire, son père l’avait forcément entendu. Il fit alors signe à son Pokémon qu’il était temps de descendre.
Ils se posèrent devant la porte de la maison. Finn ne regarda pas son père une seule seconde alors qu’il cherchait ses clés dans sa sacoche. Tempête, quant à lui, fixait Burt avec un air menaçant, prêt à lui sauter dessus au moindre mouvement.

— Tu as fait évoluer ton Draby ? Fais-moi voir. Regarde-moi Drattak ! Tu m’as l’air d’être assez moyen par rapport à tous les Drattak que j’ai combattus. Dommage… Tu avais beaucoup de potentiel. J’aurais dû te garder pour moi. Comment l’as-tu fait évoluer ? Tu as toujours refusé de le faire combattre !
— Ça ne te regarde pas, répondit sèchement Finn. Au fait, il s’appelle Tempête. Alors, appelle-le par son nom.
— C’est d'un ridicule ! Tu as toujours été trop sentimental. Tu n’as pas changé.
— Au vu de l’état de ma porte, toi non plus tu n’as pas changé. Tu es toujours une brute.

Une fois la porte ouverte, Finn et Tempête s’engouffrèrent dans la maison et Finn claqua la porte au nez de son père et la verrouilla à double tour.

— J’ai besoin de te parler ! cria son père de l’autre côté de la porte.

Finn rouvrit la porte et s’exclama :

— Nous n’avons rien à nous dire ! Et puis au fait, comment m’as-tu retrouvé ? Histoire que je ne refasse plus la même erreur.
— Ta petite affaire tourne bien d’après ce que j’ai entendu. Beaucoup de dresseurs parlent de toi. Ils disent même que tu es meilleur que le personnel des Centres Pokémon. Ce n’était donc pas bien difficile de remonter jusqu’à toi.
— Tu n’obtiendras rien de moi avec ta fausse flatterie.
— À vrai dire, ce n’est pas à mon fils que je suis venu m’adresser mais au soigneur.
— Tu as fini pas pousser tes Pokémon à bout et ils sont partis en courant ? ricana Finn.
— Non. Contrairement à toi, j’ai su les dresser correctement. Je viens te parler des Pokémon sauvages aux alentours d’Autéquia. Ils sont tous tombés malades.
— Je suis déjà au courant. La dernière éruption du Mont Chimnée a été extrêmement violente. Le Centre Pokémon a indiqué qu’il y avait bien plus de cendres que d’habitudes et que celles-ci étaient anormalement toxiques. Le personnel médical est déjà sur le coup.
Si tu n’as pas d’autres infos obsolètes, tu peux partir. Adieu.

Finn claqua à nouveau la porte et se retrouva nez à nez avec Tempête qui trépignait d’impatience. Il attendait son petit-déjeuner depuis de trop longues minutes déjà !

— Et tes soi-disant cendres toxiques, comment ont-elles fait pour contaminer également les Pokémon vivant au fond du Site Météore ? demanda Burt à travers la porte.

Finn rouvrit à nouveau à son père :

— Eux aussi sont contaminés ? s’inquiéta Finn.
— En effet.
— En quoi ça t’intéresse ? Depuis quand la santé des Pokémon te préoccupe-t-elle ?
— Depuis que je ne suis plus en mesure de faire un entraînement correct. Ils sont tous si affaiblis que Libégon peut les battre juste en leur soufflant dessus.
— Évidemment ! C’était trop beau !
— Tes collègues du Centre Pokémon sont clairement à la ramasse. Il faut faire quelque chose pour soigner ces Pokémon ! Alors ? Intéressé ? Tu m’accompagnes ?
— Certainement pas ! J’irai mener mon enquête mais plutôt respirer les spores d’un Balignon que de passer ne serait-ce qu’une minute de plus avec toi.

Fini referma la porte pour de bon cette fois, déboussolé par la conversation qu’il venait d’avoir.

— Ça ne me fait pas plaisir Tempête mais demain, on retourne à Autéquia.