MonoChrome Corporation de SupraEnergy

- Voltia ! Lance Flash !

En un instant, sa fourrure émit de larges ondes de lumière, noyant en quelques secondes cette lourde et poussiéreuse obscurité dans le grenier.

Ce qui se dévoila me fit l’effet d’un vertige.





Il y avait apparemment l’existence d’un bureau jonché de journaux, de documents déchirés et de papiers griffonnés dans le toit de la maison de mon enfance.

Un large tableau se trouvait sur la gauche, piqueté de punaises, de fils rouges, de documents accrochés n'importe comment et d’une dizaine de photos prises en couleur dont certaines pendouillaient sur le canevas de métal. Sur certaines d'entre elles, je reconnaissais rapidement le port de Carmin-Sur-Mer à Kanto. Le reste me semblait totalement inconnu, même si j’avais balayé un peu vite la mosaïque d'images.

Une grande lampe noire, du même style que celles que l’on voyait dans les scènes d’interrogations de suspects des films policiers d’Unys, trônait sur le bureau en bois vieilli. Quelques boites en carton jonchaient çà et là le sol boisé. Une vieille chaise sur roulettes, qui gisait à quelques mètres du pupitre en bois, semblait à deux doigts de s’effondrer. L'on pouvait remarquer au plafond, une installation électrique qui devait jadis générer une activité lumineuse acceptable.

J’étais estomaquée.

Nabil s’avançait dans la pièce : je le voyais soigneusement éviter de piétiner les journaux et les documents qui trainaient un peu partout. Puis, il observait à son tour, le tableau couvert de fils rouge.

- C’est grave dingue cet endroit… on dirait le bureau d’un détective.
- Ouaip… Mais mon père, il est agent immobilier.

Voltia fouinait dans le capharnaüm de la pièce, jappant çà et là comme si elle cherchait activement quelque chose de bien précis. Je la regardais faire, perplexe, avant de rejoindre mon ami d’enfance vers le tableau.

Nous le scrutâmes alors avec minutie.

- Quelle sorte d’enquête était menée ici, à ton avis ? Demandait-il.
- J’sais pas… Mais c’est sûrement plus sérieux que les vols de baies par des Rongourmands au marché de Brasswick.

J’entendais encore cette maraichère se plaindre des incessantes visites des petits Pokémons rongeurs sur son stand l’autre jour, lorsque nous faisions nos quelques courses dans l’ordinaire village galarien. Et moi, après un combat Pokémon tombé du ciel, des rêves prémonitoires, une balade très peu sécurisée dans une forêt, un cadavre d’avion et un animatronique défectueux, je me trouvais dans le grenier douteux de ma propre maison, où mon père avait jugé bon de mener des investigations suspectes sans nous en parler à ma mère et moi pendant quatorze ans.

Ça faisait beaucoup en une semaine.

- Qu’est-ce que…

Mon regard venait de tomber sur un article de journal assez mal accroché au tableau, près d’un fil rouge emmêlé. Je l’arrachais plus ou moins délicatement du tableau, stupéfaite.

- C’est pas vrai !?
- Ça parle de quoi ?

** Drame aux laboratoires de la Monochrome Corporation à Alola
Alors que la célèbre société internationale de recherche moléculaire Pokémon annonçait de nouvelles publications sur le phénomène du « Secret » qui passionne les communautés scientifiques du moment, les laboratoires localisés sur l’île de Pony ont été victimes d’un attentat à la bombe, détruisant les secteurs 7 et 8. Cet accident survient quelques semaines après celui qui a secoué le tour des îles où une explosion a fait de nombreux blessés pendant les finales de la ligue d’Alola. Les Pokémons portés disparus dans les décombres, appartenant tous aux participants, sont toujours portés disparus et la sécurité de Pony travaille étroitement avec la police internationale pour retrouver les auteurs de ces drames inhumains. Les enquêteurs n’ont pour l’heure pas précisé si les deux attentats étaient liés. La ligue d’Alola est actuellement fermée pour une durée indéterminée tandis que notre belle région panse actuellement ses plaies **

- Monochrome Corporation Immatriculation 859, Alola Area !
- Quoi ?!
- C’est ce que j’ai lu sur l’épave dans la forêt !

Je tapotais nerveusement la photo qui servait d’illustration : l’on pouvait y voir d’imposants bâtiments gris formant un grand complexe tandis que l’avant-plan était occupé par un avion de marchandise bien trop reconnaissable. Je tremblais tellement que Nabil finissait par me prendre prudemment l’article des mains, le lisant à son tour.

- Mais Alola est à des centaines de milliers de kilomètres d’ici… Et puis dis-moi pourquoi un avion de la Monomachin viendrait se planter à Sleepwood si leurs labos se trouvent là-bas ? Tu as du mal lire !
- Bien sûr ! Puis l’œuf et le Kabutops-machine, c’était dans ma tête !

Mon ami d’enfance se tint le front, un peu gêné.

- Bon d’accord… Mais reconnait que ça n’a aucun sens ! En plus, l’accident a eu lieu il y a un mois seulement, regarde la date ! Et sérieux, que viendrait faire une société de recherche moléculaire à Paddoxton ?
- Je n’sais pas, évidemment !

Je baissais le regard dans un rictus de douleur : j’avais senti mon estomac se tordre.

Résistant à mes quelques nausées, je fouillai à nouveau le tableau : un rapport poussiéreux également punaisé sur le vide désordonné du canevas attira encore mon attention. En chassant la couche de saleté embrumant la feuille, je lus à voix haute tout ce qui m’interpella.

**Recherches mises à jour sur le « Secret » : il est désormais confirmé que la symbiose synergique naturelle de deux proto-consciences uniques provient d’un phénomène de réadaptation et de rééquilibrage de l’état énergétique par l’intermédiaire d’un Corps-Source : les récentes découvertes ont évoqué l’existence capitale de cette entité demi-consciente qui recrée naturellement la synergie symbiotique. L’incapacité de reproduction de cette troisième conscience en laboratoire est due aux limites des moyens actuels pour reconstruire la synergie artificiellement sans l’aide du récepteur originel. Il s’agit maintenant d’étudier les propriétés de synthèse du Corps-Source afin de reproduire ces principaux fonctionnements énergétiques. **

- C’est quoi, ce charabia ? S’étranglait Nabil.
- Rapport de l’université de Winscor, ne pas publier…

J’étais persuadée d’entendre le cœur de mon voisin se rompre dans sa poitrine.

- Le « Secret » ? L’article en parlait aussi… C’est quoi, à ton avis ? Et qu’est-ce qu’ils entendent par « troisième conscience » ?
- Si j’en avais la moindre idée...

Nabil avait continué de fouiller les journaux éparpillés autour de nous. Il dénichait alors d’autres articles qu'il lisait vaguement, vantant toujours les recherches de cette société scientifique sur plusieurs années mais dont la raison d’être m’échappait complètement. Certains papiers étaient couverts de ratures rouges, de ronds entourant des mots et de prises de notes illisibles. Il y avait également de nombreuses photos : l’on pouvait reconnaître des lieux mythiques comme les deux tours cendrées de Johto, le Mont Mémoria d’Hoenn ou encore les gorges de Pony à Alola. Certains clichés représentaient des personnes et des Pokémons dont l’identité nous était simplement inconnue.

Soudain, Nabil tira une image d’un dossier très abimé puis se redressa vers moi dans un « regarde, ça serait pas… ? » essoufflé.

Il avait raison : l’on y voyait mon père, un homme d’âge mur, le cheveu noir, la barbe légèrement mal rasée et habillé d’un complet cravate gris foncé. Il était accompagné d’un Alakazam et d’un Lézargus et posaient tous devant de grandes baies vitrées enfermant des jardins intérieurs aux feuillages très denses.

- Ce sont ses Pokémons, tu crois ?
- Il… Il n’en parlait jamais !

Nous nous regardâmes alors, soudainement happés par la même pensée : je voyais celle-ci trancher son regard irisé d’ambre, tandis qu’il avait encore balayé le galetas d’un air peu affirmé. L’état de cette pièce entièrement mise à sac ne pouvait pourtant pas laisser le moindre doute.

- C’est comme s’il était parti précipitamment… Tremblai-je.
- Je pense pareil… Renchérit Nabil.

Je secouais légèrement la tête, les lèvres pincées, avant de fouiller encore les nombreux documents enfermant des articles découpés. Mais l’évidence s’était probablement déjà rendue à nous depuis un moment. En tremblant, je laissais mes yeux se perdre dans le rapport universitaire que je tenais du bout des mains.

- Cette Monochrome Corporation… elle est au centre de tout ce qu’il y a ici, Nabil.
- Si j’ai bien compris, elle entreprend des recherches sur les énergies Pokémon ? Elle étudie vraisemblablement leurs pouvoirs ? Remarqua ce dernier en croisant les bras.
- Alors, ce serait pour ça qu’ils ont fabriqué ce Kabutops ? Faire de la reproduction en masse passerait encore pour un laboratoire même si c’est vraiment affreux… Mais aller jusqu’à créer des machines pareilles ?

Nabil peina à dissimuler un rictus inquiet.

- Tu m’as bien dit que ce Pokémon-animatronique avait produit une attaque inconnue, non ?
- C’est ça... mais il avait aussi lancé Ultralaser… superbement imitée d’ailleurs. Autre détail, cette machine était accompagnée d’une très forte odeur de métal cramé… Ça m’a vraiment retourné l’estomac sur le moment.

Il baissa la tête, songeur.

- Si la Monotruc a vraiment créé ce robot… alors ils ont très bien pu inventer cette « capacité » aussi… Tu te souviens de l’état de Libégon…

Je secouais légèrement la tête, laissant une lueur cinglante trancher mon esprit : c’était simplement impossible à oublier.

- Ils imitent les pouvoirs des Pokémons… jusqu’à fabriquer des attaques aussi destructrices à partir de leurs pseudo-recherches… Mais dans quel but?

Mon voisin hochait nerveusement la tête. Ses pensées se brouillaient probablement autant que les miennes. Je me laissais alors tomber dans le silence, déroutée. Ressentant mon estomac se retordre, je continuais mon tri des tas d’articles et documents pour me concentrer sur autre chose. Nabil me rejoignait à nouveau, ouvrant de vieux classeurs et sortant des paquets d’articles, tout en marmonnant des « Monomachin par-ci, Monobidule par-là… ». Cependant, la plupart des papiers de journaux n’évoquaient finalement que peu d’indices qui pouvaient véritablement répondre à nos questions silencieuses : tous se contentaient visiblement d’encenser les pseudo-avancées scientifiques du conglomérat énigmatique, comme si ce dernier était en passe de résoudre toutes les questions cruciales qui englobaient les plus grandes problématiques existentielles de notre monde.

Soudain, Voltia tira nerveusement un bout de mon veston d’un coup de dents.

Elle gesticula ensuite dans le capharnaüm, faisant tomber des tas de documents abimés puis gambada jusqu’au mur en bois, grattant un espace précis. Je me précipitai sur elle afin de tâtonner frénétiquement la paroi boisée.

Elle sonnait creux.

Sans plus attendre, je fis glisser mes mains à la verticale pour finalement sentir le mur bouger.
La planche dissimulait un petit espace étroit dans le bas-fond du toit : et je sortais de cette cavité obscure et poussiéreuse, une boite en carton assez grande et relativement lourde.

- Tu es parti un peu vite, papa !

Nabil m’aida à tirer la boite, passant difficilement dans le petit passage irrégulier de cette cachette. A l’intérieur, nous trouvâmes un document assez épais et une boite carrée en bois verni. Voltia jappa alors frénétiquement vers cette dernière. En l’ouvrant, nous vîmes une pierre noirâtre parcourue d’étranges lueurs violacées et brillant naturellement d’une curieuse manifestation scintillante, posée sur un écrin de velours.

- Woah ! C’est une étoile vœu ! S’exclama Nabil, les yeux brillants.
- Une quoi ?
- Une comète si tu préfères ! On les utilise pour fabriquer des poignets Dynamax ! Sonia en faisait plein l’autre jour ! C’est grâce à ça que les Pokémons deviennent des colosses à Galar !
- Ho… Voltia a du la sentir alors… J’ignorais que mon père en avait une !

Cette dernière s’amusait à la pousser avec son museau : le morceau de comète était fait d’une matière si délicatement façonnée qu’elle me faisait penser à une espèce d’obsidienne travaillée.

Nabil venait alors d’ouvrir le document sorti de la boite en carton. Il en sortait méticuleusement la pile de photos et d’articles qu’il contenait.

Mais en l’éparpillant devant nous, notre cœur s’arrêta mutuellement de battre.

La quantité de clichés concernant le Défi Des Arènes se montrait réellement impressionnante : cela dit, nous étions bien plus interpellés par le fait que les photos montraient essentiellement Tarak et Roy, soit en plein combat, soit pris à leur insu dans des moments banals.
J’avais vu mon voisin pâlir à vue d’œil, la main devant la bouche.

- C’est quoi cette dinguerie ?! Pourquoi mon frangin et Roy sont dans ce dossier ?! S’alarma-t-il en scrutant inlassablement les rapports.

Un troisième champion de Galar était apparemment très présent.

- Attends… Il y a aussi Alistair, le champion de type spectre !

Malgré l’âge que me précisait mon voisin, il ressemblait terriblement à un enfant de treize ans. D’autres documents nous faisaient ensuite un peu plus frissonner : à premier vue, il s’agissait de fiches techniques concernant toujours Roy, Tarak et Alistair, allant de leur date de naissance à leur parcours de vie, avec des précisions sur la relation qu’ils entreprenaient avec leurs Pokémons ainsi que les espèces qu’ils possédaient dans leur équipe. Le nom de la société qui était décidément au centre de tout ce mystère lugubre était vectorisé sur chacune des fiches.

Une feuille attira alors vivement mon attention.

**Rapport no56 pour P. 4
L’attentat supposé a été reporté. Il semblerait que la Monochrome soit sur une affaire de la plus haute importance aux laboratoires de Pony. Une nouvelle rencontre va être faite avec Macro- Cosmos dans quelques mois pour déplacer les recherches d’Alola sur la région de Galar. Le « Défi Des Arènes » est apparu plusieurs fois dans les conversations téléphoniques interceptées. Ils ont évoqué un accident potentiel à la prochaine édition qui concerne…**

Le reste était illisible sous des tâches de brûlures.

Nabil et moi restions interdits : les documents dataient de l’année dernière.

- Il devait se passer quelque chose de grave à l’édition précédente mais ça n’a pas eu lieu … Analysai-je en plaçant en guillemets le dernier mot à l’aide de mes mains.
- Leava… ça veut dire aussi qu’ils ont prévu de provoquer ça cette année !

J’avais entendu la gorge de Nabil se nouer : le silence avalait alors nos mots pendant quelques instants. Puis je me redressais lentement, tenant la boite en bois poli dans ma main. Voltia me suivait du regard, toujours très intéressée par le morceau de comète, tandis que celui de Nabil fixait les documents, sa voix étouffée par l’inquiétude.

- J’ai peur… Mon frangin est dans cette affaire… Roy et Alistair aussi… On doit absolument les prévenir !
- Surtout pas ! Réagis-je violemment en m’agenouillant à nouveau vers lui.

Il me dévisageait maintenant, le visage démonté par l’effroi.

- Mais bordel, ils sont en danger ! Regarde à Alola, des gens ont été blessés et des Pokémons ont disparu !
- Réfléchis ! Si on arrive comme des Joliflors leur annoncer qu’il va peut-être y avoir un accident, ça va créer la panique ! On ne sait même pas quand ça peut arriver ! Et si on accuse cette Monochrome sans preuve tangible, c’est la ligue de Galar qui va avoir un gros procès sur le dos !

Nabil semblait se ressaisir légèrement.

- Ok… Mais ton père ? Il est aussi menacé, non ?

Je restais silencieuse un court instant.

- Papa a dû découvrir la vérité qui se cache là-dessous… Cette lettre a servi à me faire venir ici pour que je découvre ses recherches… en tout cas, ça pourrait expliquer pourquoi il est parti du jour au lendemain sans attendre mon retour à Paddoxton.
- Il ne t’a pas parlé de ce grenier dans la lettre ?
- Non… c’était sûrement risqué de me le révéler de cette manière.
- Ou alors, il n’a pas eu le temps…
- C’est pas très rassurant ce que tu dis.

Les yeux de mon voisin semblèrent alors légèrement s’illuminer.

- Mais s’il sait ce qui va se passer, il assistera forcément aux matchs où l’accident arrivera… Son départ à l’étranger n’était qu’un prétexte peut-être ! Pour tromper la Monomachin !

Je me frottais le menton, soucieuse tout en me relevant.

- Ce qui serait vraiment bien, c’est de savoir pour qui il travaillait en tant qu’espion…
- Tu ne connaitrais pas le nom de l’agence immobilière qui l’employait ?
- Si, elle s’appelle Ludester Flat mais…

Je m’arrêtais un moment, en plein réflexion.

- L’autre jour, je triais des dossiers au salon… Et je suis tombée sur des offres d’appartements à Ludester. Mon père a peut-être essayé de se rapprocher de sa couverture quand il a découvert des détails dérangeants ?
- Ou alors, c’est juste son matos pour vendre des appartements à ses clients !
- Tu connais beaucoup d’agents immobiliers qui annotent des commentaires comme « trop voyant » ou « trop de fenêtres » sur des documents destinés à leur clientèle ?
- Ha ouaip, chelou !
- C’est donc une piste ! Si ça se trouve, il y a d’autres espions, là-bas !

Le silence revint happer nos paroles pendant un court instant, balayant le grenier secret de notre regard alourdi par mille autres questions. Puis je me tournai vers mon voisin, toujours agenouillé vers la boite en carton.

- Nous sommes les seuls au courant de cet endroit si on omet Papa, tu es d’accord ?

Il hocha la tête.

- Et comme on ne sait pas qui d’autre enquête sur la Monochrome… On doit s’y mettre nous aussi… Et le meilleur moyen serait de se tenir au centre même du Défi Des Arènes !

Nabil se releva avec des « attends un peu !? » précipités sur moi. Je souris en haussant les épaules.

- Ouaip, tu as compris ! Je vais devenir challenger ! Si je fais partie de l’événement en tant que dresseuse, on ne se méfiera pas de moi dans l’effervescence médiatique et on pourra mener plus facilement notre enquête !

Voltia aboya joyeusement : elle avait déjà tout réceptionné de la soudaine énergie flamboyante qui me talonna l’esprit.

- Woah, c’est La raison de participer la plus claquée que j’ai jamais entendue ! S’exclama mon voisin.

J’étouffai un rictus nerveux.

- Tu l’as dit… Tenter une ligue pokémon non pas pour détrôner le Maître mais pour la sauver d’un possible attentat dont on ne sait ni le jour, ni l’heure et encore moins la forme…
- Je serai avec toi ! Mon frangin, Roy et Alistair, peut-être même tous les champions de Galar sont concernés ! Et puis le public aussi ! On va empêcher la Monobidule de venir semer la zizanie dans notre belle région, crois-moi !

Sa voix tonnait d’une conviction qui générait un drôle d’espoir. Je ne pouvais m’empêcher de sourire nerveusement alors que j’avais lancé le projet un peu sans réfléchir.

- Tu réalises que l’on met les pieds dans un sale truc ?
- Ouaip mais tu sais, les super-héros ont toujours besoin d’un assistant de qualité pour sauver le monde !

Nous éclatâmes de rire, probablement sous le coup de la nervosité. C’était sans doute de bon augure : mes nausées s’étaient au moins calmées.
Après avoir repris notre souffle, Nabil eut l’air soudainement pensif.

- Il y a quand même un problème : tu n’as pas de lettre de recommandation pour t’inscrire.
- Si on trouve ton frère rapidement à Motorby, on le convaincra… Enfin, j’espère.
- Je ferai mon possible ! Tarak peut être super têtu mais Il t’avait laissé réfléchir, souviens-toi !
- Ouaip…

Je regardais l’étoile vœu luire d’une lumière venue de nulle part.

- Tiens bon, Papa… on arrive !

J’avais pourtant ardemment souhaité le retrouver derrière cette porte figée dans ma mémoire. Mais ce sentiment, aussi têtu soit-il, s’était finalement épuisé à se comporter comme d’habitude, me faisant tournant la clef dans la serrure comme si une simple journée s’était écoulée entre mon père et moi.

Enfin, c’était bien ce que je croyais. Et sans doute aurais-je dû me lamenter en constatant encore et toujours que les choses ne savaient pas faire semblant d’être inchangées par le temps. J’ignorais alors quelle force était à l’œuvre : je savais seulement qu’elle était très similaire à celle qui m’avait poussée à devenir dresseuse Pokémon.

Une sensation brûlait dans mes ventricules : c’est comme si je l’entendais encore me parler.

Mais qui avait été là ? Seul un éclat sombre me révélait sa présence tapie dans les lueurs ombragées. Mais trop tôt pour y faire revendiquer ma voix, mon cœur se cryogénisait dans l’hiver qu’il m’évoquait aussitôt.

Sa cape luisante peignée parmi les flocons tombés sur un perron de pierre.





***

[Concours Pass Extension EV 2023]

Fanfiction Teaser "MonoChrome Corporation* - Proposition d'un assemblage de huit morceaux de chapitres (hormis le numéro cinq qui constitue un chapitre entier) selon le thème du concours, provenant de l'histoire "Pourquoi demande-t-on aux dragons de garder des trésors?"

- Fanfiction commencée à l'été 2020 et en cours d'écriture
- Publication des arcs sur Pokébip après le concours/soumis à validation