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La voix de l'Aura, Tome 1; Détermination de Warlyok



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» Auteur : Warlyok - Voir le profil
» Créé le 16/05/2023 à 00:00
» Dernière mise à jour le 29/02/2024 à 04:38

» Mots-clés :   Aventure   Drame   Région inventée

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Chapitre 2 : Le grand départ


Sur ce continent, la neige et le froid ne duraient pas longtemps. Dès le début du mois d’avril, il n'y avait déjà plus de neige. La date prévue pour mon départ était le 23 avril. Vous vous demandez sûrement pourquoi pas le 18 février, un an après la naissance de Lucas ? Je ne crois pas que cela vous enchanterait de partir pour la première fois loin de la maison avec seulement de l'équipement de camping en plein milieu de l'hiver. J’avais donc décidé d'attendre que le temps se réchauffe avant de partir. Mais, pour quelles raisons, le 23 ? Eh bien, c'est simplement parce que le 22 était l'anniversaire de Mary et qu’elle voulait que je parte la journée après. Je me doutais qu'elle avait prévu de faire quelque chose de spécial, car elle avait grandement insisté pour que je parte le jour après sa fête.

Durant l'année qui avait passé, Lucas avait atteint sa taille maximale, et ce, à peine quelques jours après d’être né. Durant les deux hivers, nous nous étions amusés dans la neige en allant faire des tours de traîneau avec Démola. Cet hiver, nous avions même fait une bataille de boules de neige... Lucas était très mauvais par sa cécité, mais il s'amusait malgré tout. Le printemps arriva finalement et Lucas découvrit le bonheur des odeurs des fleurs, des arbres, mais n'apprécia pas plus qu'il faut sa première douche imprévue par la pluie. Durant les deux saisons chaudes, été et printemps, nous nous promenions dans la forêt ou sur le bord de la rivière. J'appris à Lucas à nager dans la rivière. Il s’en sortait extrêmement bien. J'avais recommencé à aider les habitants du village avec Lucas et Démola pour différentes choses : livrer des objets, jardiner, aider dans les rénovations d’une maison ou réparer des objets.

Lucas faisait de son mieux pour aider, mais même avec les meilleures intentions du monde, il aggravait parfois les choses. Par exemple, lorsque j'aidai le vieux Rémy avec ses jardins et plantations de plantes médicinales. Démola arrachait les mauvaises herbes à grand coup de pattes ou de dents. Lucas essaya d'arroser les plantes avec son arrosoir, mais soit il arrosait à côté et quand je lui disais, il finissait par trouver le bon endroit après avoir écrasé ou endommagé la plante avec ses pattes. Le vieux Rémy était patient, mais il n'aimait pas trop l'idée de perdre toutes ses plantations à cause de Lucas. Je trouvai la solution de lui donner la mission de remplir l'arrosoir et de l'apporter à moi ou à Rémy. Il mettait toute son énergie pour bien faire son travail.

Mon père nous rendit visite deux fois pendant l’année. La première fois était à la fête des Mères vers la fin de l'été. Lucas prit beaucoup de temps avant de ne plus avoir peur de lui, car il avait l'habitude de parler fort. Hunter, le partenaire de Démola, un Démoloss lui aussi, et Rana, l'ancienne Arcanin de ma mère, était venue avec mon père. Cette journée-là, nous avions fait une course contre mon père, moi sur Rana, Lucas sur le dos de Démola, car elle refusait de laisser Hunter le porter et mon père sur son Drattak, Flame. Nous nous étions tous énormément amusés pendant cette journée à parcourir les plaines autour du village à toute vitesse.

La deuxième fois que mon père vint, c'était pour le temps des fêtes, il resta plus longtemps. C'étaient aussi les seules nuits où Démola ne dormit pas dans ma chambre, mais avec son amant Hunter. Malgré son attitude naïve et insouciante, on voyait qu'elle l'aimait beaucoup et que Hunter aussi aimait Démola. Mon père m'offrit des équipements pour mon voyage, comme un kit léger et compact pour préparer de la nourriture. Ma mère m’offrit une petite trousse de premiers soins de voyage. Nous fîmes aussi une photo de famille, ma mère, mon père, Lucas, Rana, Hunter et Démola et on la plaça dans le salon dans un cadre que j'avais prévu d'acheter justement pour cette occasion. Cependant, c’était la deuxième fois que Gardevoir ne venait pas avec mon père. Elle était la plus puissante de son équipe et elle ne le quittait jamais, toujours à ses côtés. Lorsque je lui demandai la raison, il me répondit simplement qu’elle avait quelque chose à faire et de ne pas m’inquiéter.

Concernant Lucas, il s’était nettement amélioré. Il arrivait à se balader dans la maison sans problème, mais il avait toujours aussi peur des gens et se cachait derrière mes jambes quand nous croisions une personne dans la rue. J'avais essayé de lui apprendre à marcher avec une canne ou un bâton pour s'orienter, mais il finissait toujours par le briser ou simplement ne pas l'utiliser. Ses pas étaient déjà plus certains lorsqu’il se déplaçait. Lorsque je grimpais le sentier des mille marches, Lucas s'en sortait sans aide, c'était sans doute dû au nombre de fois où je les avais gravies avec lui. Les premières fois qu'il vint avec moi sans dormir, il ne comprenait pas trop l’essence des lieux. Il était surpris du silence qui y régnait, il se penchait parfois pour examiner la dalle de pierre sous lui. Il y était toujours resté silencieux comme s'il avait compris que ce lieu était important et qu'il ne voulait pas le troubler. Vers le milieu de l'été, pendant que j'étais avec lui devant l'autel, il lâcha le pli de mon pantalon et s’avança vers le monument avec un bras tendu devant lui. Ses doigts effleurèrent la surface de la pierre, puis il retira rapidement sa main pour la porter sur son ventre et se mit à la frotter comme s'il avait reçu une décharge électrique. Il recula de quelque pas et ne bougea plus. Je le contournai pour le regarder de face, il était en train en pleurer. De grosses larmes coulaient de chaque côté de ses yeux fermés, mais le plus troublant, c'était qu'il respirait normalement et ne faisait aucun son, comme s'il n’était même pas conscient qu'il était en train de pleurer.

– Ça va ? Je lui demandai doucement.

Il se tourna vers moi, puis se lança dans mes jambes en me serrant fort. Je me penchai pour l'enlacer. Quelque chose en ce lieu l'avait profondément troublé. Je ne savais pas quoi, mais c'était évident qu'il avait ressenti quelque chose. Dans certains livres, il était écrit sur les Riolus qu'ils pouvaient ressentir des émotions des gens. Durant le reste de l'été, j’allais régulièrement à la bibliothèque pour faire des recherches sur le passé de la ville, spécialement à propos de l'autel au centre de la forêt. Avec l'aide de la bibliothécaire, complètement charmée par Lucas, et celle du professeur Certy, je trouvai finalement pour quelles raisons l'autel était dressé à cet emplacement et qu'il comptait mille marches.

– On dit que, commença le professeur, il y a des centaines d'années une terrible guerre de territoire avait eu lieu ici, dans cette forêt. Un groupe de réfugiés s'était installé dans la forêt pour attendre la fin des hostilités. C'étaient simplement des enfants, des femmes, des pokémons et de jeunes pokémons. Un jour, un détachement d'éclaireur d'un des empires traversa cette forêt, et tomba sur les réfugiés. Par malheur, il faisait nuit et les éclaireurs pensèrent que c'était une force ennemie qui s'organisait à cet endroit. Juste avant l'aube, l'armée attaqua les réfugiés. Ils ne laissèrent aucun survivant. Avant qu'ils ne s'aperçoivent de leur erreur, une troupe de l’armée adverse traversa la forêt pour s'assurer que les réfugiés ne manquaient de rien. Voyant le massacre en action devant leurs yeux, ils chargèrent. On dit que le combat dura des heures et des heures. Quand le dernier tomba, il ne resta que deux êtres encore debout, un pokémon et un homme qui appartenait au groupe qui aidait les réfugiés. Après les avoir tous enterrés un à un, ils désertèrent l'armée. On dit que l’homme revint lorsque la guerre fut finie pour construire en mémoire des innocents qui avaient perdu la vie un autel en pierre avec un sentier dont le nombre de marches correspondait aux nombres de vies perdues inutilement. C'est pour cela que le chemin ne monte pas directement vers le sanctuaire, mais qu'il serpente dans la forêt.

– Pour honorer la mémoire des morts. Je me retournai vers Lucas et me dis qu'il devait avoir ressenti la peine de l'homme ou qu'il avait vu lui-même le massacre comme s'il avait été présent.

Aujourd’hui, la fête de Mary avait lieu. Ce n’était pas une très grande fête, seulement ses parents, quelques de ses amies d'école, ma mère, Lucas, Démola et moi étions présent. Lucas resta caché un bon moment avant de participer à la fête, car il ne connaissait pas les amies de Mary. Après un certain temps, elle vint le chercher et l'amena dans le salon où le groupe de filles jouait à dessiner sur une table que le père de Mary avait montée pour l'occasion. Mary montra à Lucas comment tenir un crayon et dessiner sur la feuille. Ravi et fier, Lucas venait m’offrir les différents dessins qu’il produisait. Il était évident que les dessins ne ressemblaient pas à grand-chose, mais je les conservais quand même. Pour ma part, je discutai de mon départ prochain avec les parents de Mary.

– Tu as donc décidé de partir demain ?

– Oui, je partirai aux premières heures du matin. Je compte me rendre le plus loin possible avant la tombée de la nuit.

– Tu as décidé d'aller par où ? demanda Lyla.

– Je vais partir vers le nord pour rejoindre la ville Miroir puis emprunter le passage dans le mont Miroir. À partir de là, je ne sais pas encore.

– Tu as décidé ce que tu vas faire ?

– Il y a un an, j'aurais dit que j'allais participer à la Ligue pokémon et devenir un grand dresseur, mais maintenant… Je ne sais pas trop. Ils gardèrent tous le silence un moment.

– Tu trouveras le but de ton voyage. répondit ma mère pour briser le silence. Lorsque la fête se termina juste avant de quitter la maison, la petite Mary vint me parler.

– Warlyok. Demain, je veux que tu viennes me voir avant de partir. Intrigué, je lançai un regard à ses parents qui hochèrent la tête pour que j'accepte cette requête.

– Très bien. Avant de partir, je viendrai vous voir.

Elle me sourit puis me dit : à demain. Ma mère m'attendait devant la maison. Elle était en discussion au téléphone portable puis raccrocha avant de se tourner vers moi.

– C'était le professeur Certy, il veut te parler ce soir.

– D’accord, je vais aller le voir. Puis me tournant vers Lucas. Professeur Certy tient à nous voir une dernière fois. Ma mère me prit délicatement le bras et me fit pivoter vers elle.

– Il a demandé que tu viennes seul, sans Lucas. Je regardai Lucas qui me tenait le haut de la jambe. Je lui pris la main et me penchai vers lui.

– Lucas, rentre avec Joany. Je vais vous rejoindre plus tard, c'est d'accord ? Je donnai la main de Lucas à ma mère qui l’entraîna avec elle sur le chemin. Lucas se retourna comme s'il avait l'espoir de me voir, en vain, car il était aveugle.

Je me dirigeai vers la maison du professeur. Je me demandai ce qu'il pouvait bien vouloir me dire de si urgent, et ce, sans que Lucas l'entende. J'en déduisis que la discussion avait sûrement un rapport avec mon pokémon. J’arrivai finalement devant sa porte. Je l'ouvris sans cogner puis dit à haute voix : « C'est moi ! ». Il apparut à la porte de son bureau et me fit signe de le suivre, il semblait n’avoir personne d'autre dans le laboratoire de recherche. Il semblait excité, mais en même temps troublé. Il m'invita à m'asseoir devant son bureau et alla s’asseoir de l'autre côté.

– Tu te rappelles que je t'avais dit que je ferais des recherches sur les raisons pour lesquelles Lucas ne peut pas ouvrir les yeux ?

– Oui. Vous avez trouvé quelque chose ? M’empressai-je de demander.

– Oui et non, l'un de mes collègues qui étudie les œufs pokémons m'a dit qu'il avait l'hypothèse que le pokémon, pendant son développement à l'intérieur de l’œuf, perçoit ce qui se déroule autour de lui. Il a démontré que le pokémon est plus attaché à la personne qui l'a aidé à éclore qu'aux autres et que, parfois, il pouvait avoir un traumatisme après un événement.

– Que voulez-vous dire ?

– Mmm. Imagine un jeune pokémon toujours dans son œuf et élevé par ses parents. Un jour, un feu de forêt se propage. Ils sont tous les trois prisonniers des flammes. Les parents font tout pour protéger leur enfant des flammes, mais finissent par mourir dans les flammes. L’œuf a survécu et il est récupéré par une personne qui trouve le corps des deux parents. Après un certain temps, celui-ci éclot. Tout semble aller bien. Il est en parfaite santé et n’avait aucun problème. Un jour, le pokémon se retrouve devant un feu. Il se met à paniquer, à avoir peur sans aucune raison apparente, à un tel point qu'il en perd presque la raison.

– C'est déjà arrivé ?

– On a déjà recensé des phobies inexpliquées de ce genre pour certains pokémons et pour d'autres, on connaît l'origine de leur trouble, comme dans mon exemple.

– Vous pensez que Lucas a eu un traumatisme quand il était dans son œuf et que c'est pour cela qu'il refuse d'ouvrir ses yeux ?

– C'est ce que je pense.

– Ils ont déjà guéri ces pokémons ?

– Oui, pour ceux dont on connaissait l'origine, comme dans l’exemple avec le feu. Mais, tu dois savoir que ce n'est jamais une chose facile de surmonter une telle peur. Serais-tu capable de t'approcher d'un feu si tu voyais ta mère et ton père brûler vif pour te sauver la vie ? Je gardai le silence un moment avant de répondre d'un murmure.

– Sûrement pas… Du moins pas tout seul.

– C'est vrai, personne ne peut imaginer la douleur que cela peut amener.

– Dans ce cas, je vais aller voir sa mère et lui demander. Mon père doit lui aussi savoir quelque chose. Le professeur secoua la tête.

– Lucas n’est pas encore prêt à se retrouver face à son traumatisme et encore moins à le surpasser. Il doit devenir plus fort et avoir des compagnons qui l'aideront à surpasser tout ça.

– Que dois-je faire alors ? Attendre ? Je lui répondis.

– Oui et non. Il lui faut du temps, mais pas à ne rien faire. Entraîne-le. Fais de ses faiblesses sa force et à ce moment-là, il sera prêt à affronter ses peurs à tes côtés. Tu dois être prêt, toi aussi, pour entendre la vérité de ce qui s'est passé.

Il me laissa réfléchir à propos de ses dernières paroles, puis il me dit qu'il n’avait rien d'autre à ajouter. Il me reconduit jusqu'à la porte pour me l'ouvrir.

– Demain, je veux que tu passes me voir. J'ai des choses à te donner pour ton départ.

– D'accord, je viendrai ici en premier.

Je retournai vers ma maison d'un pas lent. Je réfléchissais à ce que je devrais faire pour Lucas et sur mon voyage qui commencerait le lendemain. Un événement qui pouvant marquer Lucas au point de plus vouloir voir le monde devait être affreux. Je n’osai même pas à y réfléchir plus longtemps. Mon esprit vagabonda sur différents sujets, puis j'arrivai devant ma porte. Je tournai la poignée et rentrai.

– Je suis revenu, lançai-je en rentrant.

J'entendis des pas de course traverser la maison puis une boule de poils bleu et noir apparut dans le corridor de l'entrée. Lucas me lança un grand cri avant de se lancer dans mes jambes. Il était simplement content que je sois revenu. Je lui caressai la tête et le retournai pour le pousser dans le corridor.

– Va jouer avec Démola. Demain, on va partir en voyage. Tu ne pourras plus jouer autant avec elle. Lucas lança un cri de guerre et sauta sur Démola qui fit semblant de se débattre.

– De quoi avez-vous parlé ? me demanda ma mère.

– Le professeur pense que Lucas a subi un traumatisme quand il était encore dans son œuf, sans doute quand Ryla l'avait encore avec elle, et qu'il était si intense qu'il refuse d'ouvrir les yeux après cet événement.

– C'est triste... Pauvre Ryla… J'espère qu'elle va bien. dit-elle inquiète.

– Le professeur m’a proposé d'attendre avant de chercher la raison et le moyen de le surmonter.

– Je vois... Son regard se perdit de nouveau. Elle devait être inquiète pour Ryla. Si Lucas avait subi un tel traumatisme, elle avait sans doute subi le même.

– Elle est forte, je répondis simplement.

– La plus forte de tous. répliqua ma mère avec fierté.

Notre conversation se termina, sans dire un mot de plus, à quoi bon en dire plus, tout avait été dit. J'allai jouer avec Lucas et Démola. Puis, il commença à se faire tard. Lucas et moi devions nous lever tôt pour visiter plusieurs personnes avant de partir. Après une dispute avec Lucas comme quoi c'était l'heure d'aller se coucher, nous nous endormîmes rapidement tous les deux dans mon lit.

Le matin arriva finalement. Lucas dormait encore. Je le regardai respirer. C'était si apaisant de le voir ainsi. Comme tous les matins, je m'imaginais le voir se retourner et ouvrir les yeux pour me sourire en se réveillant. Ce n’était qu’un rêve, mais j’avais espoir qu’un jour, il le ferait réellement. Nous nous levâmes finalement. Lucas était encore étourdi par le sommeil et traînait de la patte pour descendre du lit et aller aux toilettes. Pour ma part, je m'habillai rapidement et vérifiai si tout était dans mon sac de voyage. Lucas revint dans la chambre. Je lui demandai de s’asseoir sur mon lit, puis pris une de ses mains pour y déposer un sac à bandoulière en cuir pâle fait pour sa taille.

– Ouvre-le. Il chercha l'ouverture, puis fourra sa main dedans et en sortit une baie.

– Ce sac est pour toi, il y a différentes baies dedans, et tu peux y mettre ce que tu veux. Il lâcha un petit cri et se jeta à mon cou pour me remercier de ce cadeau.

– Aller, c'est le temps d'y aller.

Il sauta sur le plancher et passa le petit sac autour de son cou, puis le lassa tombé sur son côté droit, ajusta la ganse pour qu'il soit à la bonne hauteur, puis quitta la chambre. Ma mère n’était pas en bas, mais, elle avait laissé une note sur la table : « Je suis chez Lyla. Rejoins-nous après être passé chez le professeur. » Habituellement, je ne suis pas paranoïaque, mais là, ça sentait un coup monté de leur part. Je quittai la maison avec Lucas et Démola. J’arrivai à la hauteur de la maison du professeur. Je me retournai pour regarder le soleil. Il était encore tôt. Je décidai d'aller une dernière fois au sanctuaire avec Lucas. Pendant que je montais le sentier des mille marches, je cueillis une fleur et en donnai une, d'une autre couleur, à Lucas. C'était la première fois que Lucas déposerait un objet sur l'autel et je me dis que c'était sans doute la seule fois avant un long moment. Je me tenais devant l'autel. L’atmosphère ne changeait jamais ici, si paisible et calme. Je m'approchai de l'autel et déposai ma fleur au centre puis reculait. Lucas n’était pas assez grand pour la mettre lui-même. Je le pris dans mes bras pour l'aider et il réussit à déposer sa fleur à côté de la mienne. Nous restâmes quelques minutes de plus devant l'autel puis nous quittâmes cet endroit sans dire un mot. Nous nous retrouvâmes finalement devant la maison du professeur. Je cognai à sa porte avant de l’ouvrir.

– C'est moi.

– Je t'attendais. Viens ici. me cria-t-il de son bureau de recherche, ces assistants n'étaient toujours pas rentrés travailler. La dernière fois que j'étais entré dans cette pièce, c'était avec Lucas qui venait de naître.

-J'ai plusieurs choses à te donner pour commencer ton aventure. Tout d'abord, je te félicite, je suis certain que tu trouveras ta voie et deviendras un grand homme.

– Merci.

– Ensuite, mmm... Je voudrais te donner un pokémon. En voyant mon visage confus, il continua sa phrase.

– Je veux te donner un autre pokémon. Il n’est pas prudent de partir dans une telle aventure dans la condition de Lucas. Je ne dis pas qu'il n'a pas un potentiel énorme, mais je manquerais à tous mes devoirs si quelque chose t'arrivait.

– Mais... Je n'arrivai pas à continuer ma phrase et le professeur ne me laissa pas le temps de rassembler mes idées, poursuivant dans sa lancée.

– J'en ai déjà discuté avec ta mère et ton père. Ton père a insisté pour que je t'en offre un. Il était très inquiet pour toi. Il ne doute pas de Lucas, mais… Il laissa sa phrase en suspens. Je vais donc te présenter trois pokémons comme à tous les débutants et tu choisiras un des trois.

Je compris que si je ne choisissais pas un des trois, ils ne me laisseraient jamais partir pour mon voyage. Je soupirai, puis lui fis signe qu'il pouvait me les présenter.

– Tout d'abord, Bulbizarre, un type plante comme tu connais. Il fit sortir le pokémon de sa pokéball. Le Bulbizarre me regarda puis se mit à bâiller avant de se coucher sur le sol et de s'endormir.

– Ensuite, Carapuce, un pokémon de type eau. Il le fit sortir de sa pokéball. C'était une femelle. Elle me regarda, puis regarda Lucas derrière moi avant de détourner le regard complètement désintéressé de nous.

– Finalement, Salamèche, un pokémon de type feu. Il le fit sortir à son tour. Il me sourit, puis regarda le professeur et revint sur moi et attendit sagement sans bouger.

Je réfléchis sur le choix. Habituellement, les dresseurs sont déjà au courant des pokémons qui leur sont présentés, mais, dans mon cas, je venais d'apprendre que je devais choisir... Lucas s’était caché derrière ma jambe quand était sorti le premier pokémon. Il se risqua en sortant sa tête. Le Salamèche le remarqua et décida de s'avancer vers Lucas. Arrivé plus proche, il l'appela en lui faisant signe de la main. Ne voyant pas de réponse de Lucas, il recommença avec un autre cri. Lucas se cacha rapidement derrière moi.

J'étais intrigué de voir ce que le petit Salamèche allait faire. Je le laissai donc faire sans rien dire. Il me contourna pour arriver derrière Lucas qui était trop apeuré pour remarquer qu'il s'était rendu derrière lui. Il recommença à lancer un petit cri. Lucas émit un petit cri de surprise et se serra plus contre moi. Le Salamèche pencha la tête sur le côté, en se grattant la tête et en émettant quelques sons. Il s'approcha un peu plus de Lucas et tendit la main en poussant un petit cri amical. Il attendit une réponse de Lucas puis insista. Finalement, Lucas se retourna lentement vers le Salamèche. Content d'avoir attiré son attention, il lui sourit en lançant une fois de plus un petit cri amical. Lucas étira sa patte lentement vers celle du Salamèche. Quand elle rentra en contact avec celle du Salamèche, il la lui serra légèrement en émettant quelques sons. Je sentis Lucas se calmer.

– Bon, je crois que j'ai fait mon choix. Le professeur rit un peu.

– Je crois qu'il est clair lequel tu vas choisir.

– Je vais prendre Salamèche. Il hocha la tête et récupéra les deux autres pokéballs pour rappeler les deux pokémons restants, puis me tendit la troisième.

– C'est celle de Salamèche. Prends bien soin de lui.

– Bien sûr. Je me retournai vers le Salamèche.

– Tu vas faire partie de notre équipe à partir de maintenant. Il me répondit d'un grand cri et je remarquai qu'il n'avait toujours pas lâché la main de Lucas.

– J'ai autre chose à te donner. Il se dirigea vers un bureau de travail et revint vers moi.

– Voici quatre autres pokéballs, tu possèdes déjà celle de Lucas et celle de Salamèche.

– Merci.

– Et ceci est le pokédex. Tu dois déjà savoir, c'est une encyclopédie de tous les pokémons répertoriés qui peut aussi t'informer sur différentes choses comme les plantes, la nourriture, les régions, les attaques et compétences des pokémons.

– J'en prendrai soin.

– Je n'ai rien d'autre pour toi. Cependant, je suis sûr que ta mère aura d'autres objets à te donner pour ton départ.

– Je dois aller la rejoindre chez Lyla.

Il me souhaita bon courage et bonne chance pour mon voyage et je quittai la maison. Lucas et le Salamèche ne s’étaient pas quittés depuis. Le Salamèche marchait à côté de Lucas en fredonnant un air et Lucas le suivait au même rythme de marche, toujours suivi par la grande Démoloss. D'un coup, je m'arrêtai au milieu du chemin, pour me retourner vers le Salamèche.

– Tu sais quoi ? Il pencha la tête.

– Tu commences une nouvelle vie, donc je me suis dit que tu mériterais un nouveau nom, tu en penses quoi ? Il me lança de petits cris tout excité à cette idée.

– Bon, voyons voir, comment t'appeler... Brasier ? Non pas original... Mmm... Je réfléchis un instant, puis un nom me traversa la tête.

– Evan, tu vas t'appeler Evan ! Ça te plaît ? Il hocha la tête, et il émit quelques sons d'approbation.

– Super ! Lucas et Evan, il est temps de se remettre en route et toi aussi Démola. Elle me lança un jappement avant de reprendre la marche.


Nous arrivâmes finalement devant la maison de Lyla. Ma mère et les parents de Mary parlaient dans l'entrée. En me voyant, ma mère s'approcha de moi pour me prendre dans ses bras, complètement émue. Elle réussit à dire qu'elle m'aimait et qu'elle était fière de moi. Le père de Mary me donna une carte du continent et me dit que si je voulais aller sur un autre continent, je devrais en trouver une par moi-même. Je ris à sa plaisanterie, mais également, je savais que dans le pokédex, il y avait aussi une carte numérique. Je décidai de présenter Evan en leur expliquant que c'était le professeur qui me l'avait donné pour mon voyage. Il lâcha la main de Lucas pour la première fois pour faire le tour du monde et leur serrer la main avant de retourner aux côtés de Lucas.

– Warlyok, je voudrais que tu prennes ceci. Commença ma mère. Je l'avais acheté l'année dernière pour ton départ, mais tu as finalement pris la bonne décision de retarder ton départ pour Lucas.

Elle me donna un téléphone portable bleu et noir, comme si elle avait toujours su que je prendrais un Riolu comme premier pokémon.

– Merci, je lui dis en l'enlaçant.

– Il y a déjà plusieurs numéros dedans. Le mien, évidemment, celui de Lyla, du professeur et celui de ton père. Je cherchai Mary du regard, puis je demandai où elle était.

– Quand elle t'a vu arriver, elle est partie en courant chercher son cadeau pour toi. Justement au même moment, la porte d'entrée s’ouvrit et Mary sortit de la maison avec un cadeau enveloppé dans les bras.

– Salut Mary.

– Salut Warlyok, c'est mon cadeau pour toi et Lucas... Tu as un nouveau pokémon !, dit-elle en changeant complètement de sujet.

– C'est Evan. Le professeur me l'a donné.

– Woaaaah ! Il est beau ! Elle s'approcha d'Evan avec le cadeau, puis le glissa sous son bras et caressa la tête du Salamèche.

– Tu n’avais pas un cadeau pour moi par hasard ? je demandai en plaisanterie.

– Ah !, dit-elle en revenant à elle-même. C'est un cadeau pour toi et Lucas de ma part et de papa et maman.

Je lui souris et me retournai vers ses parents qui me sourirent et me firent signe de l'ouvrir. Je soulevai le couvercle de la boîte et le déposai au sol.

Dans la boîte se trouvait un bandeau noir avec des motifs argentés sur le rebord des extrémités. Je ne trouvai pas les mots. Il était si beau et on voyait bien qu'il avait été fait pour Lucas. Il avait même des trous pour laisser passer ses grandes oreilles pour que le bandeau ne le gêne pas.

– Merci, il est magnifique ! C'est toi qui l'as fait ?

– Maman m'a aidée à le faire.

– Merci. Je pris la boîte d'une main et de l'autre l'entraînai vers moi pour lui donner un câlin.

– Il est tout simplement magnifique. Je me retournai vers ses parents.

– Mille fois, merci.

– C'est à nous de te remercier. Tu nous as beaucoup aidés. Je regardai le morceau de tissu dans la boîte, puis le présentai à Mary.

– Tu veux lui attacher ?

– Oui ! Elle prit doucement le bandeau et se dirigea vers Lucas.

– Ne bouge pas, Lucas, je vais te mettre ton cadeau.

Elle lui passa les oreilles dans les trous du bandeau puis le plaça sur ses yeux avant de l'attacher l'arrière de la tête. Les bouts du bandeau n'étaient pas trop longs. Ils se terminaient un peu en dessous de ses épaules. Les trous percés pour ses oreilles étaient parfaitement alignés. Je soupçonnais l'assistance de ma mère et du professeur dans la confection de ce bandeau. Lucas plaça ses mains sur ses yeux pour toucher le tissu puis le suivit jusqu'à l'arrière de sa tête et ramena l'une des extrémités devant lui pour examiner avec ses mains les motifs qui se trouvaient dessus. Il émit plusieurs sons enthousiastes et enlaça Mary à côté de lui. Les deux faisaient à peu près la même taille. Rapidement, il se dégagea d'elle pour accourir vers moi afin de me montrer son nouveau cadeau.

– Il te va super bien. Il est magnifique. Tu ne trouves pas Evan ? Il s'approcha de Lucas et émit plusieurs sons enjoués qui firent rire Lucas.

Je remerciai une fois de plus tout le monde puis l'heure vint de partir. Ma mère me donna un repas préparé et des provisions qu'elle avait achetées le matin même. La mère de Mary remarqua le petit sac de Lucas. Je lui expliquai que c'était mon propre cadeau pour lui et qu'il pouvait mettre ce qu'il voulait dedans ; que pour l'instant, il n'avait que des herbes médicinales et des baies. Elle me demanda d'attendre et partit en courant dans sa maison. Elle ressortit quelques minutes plus tard avec un livre et une serviette qui contenaient quelque chose.

– C'est un livre sur les herbes et les baies du continent et ceci sont des baies Oran, très bonnes pour soigner les blessures des pokémons. Elle les plaça dans le sac de Lucas et pour la remercier, il lui donna un câlin.

Cette fois, l'heure des au revoir était vraiment arrivée. Ils me dirent tous au revoir et je quittai leur propriété pour me diriger vers le nord de la ville. Quand j'eus dépassé la dernière maison d'une bonne centaine de mètres, je m'arrêtai et me retournai.

– C'est maintenant le temps de se dire au revoir. Je dis doucement à Démola qui nous suivait encore.

– Tu ne peux pas nous suivre, qui veillerait sur ma mère ? Elle pencha la tête et émit un léger gémissement. Je m’approchai d'elle et l'enlaçai.

– Ça va aller, nous nous révérons.

Elle frotta sa tête dans mon cou, puis je me dégageai. Elle se dirigea vers Lucas. Elle posa sa tête contre son ventre et il lui prit sa tête pour la serrer fort et frotter sa joue entre ses deux cornes. Lucas relâcha son étreinte et s'éloigna. Evan s'avança vers Démola et lui donna lui aussi un câlin rapide avant de rejoindre Lucas pour lui prendre la main.

– Nous ne sommes plus seuls maintenant, Démola. Au revoir, nous nous reverrons bientôt.

J'entrepris de descendre la légère pente, puis je suivis le chemin. De temps à autre, je regardais derrière moi et j'apercevais toujours la silhouette de la Démoloss assise sur la route qui nous regardait s'éloigner d'elle. Je me demandai à ce moment-là si c'était la même sensation que ses enfants avaient ressentie en quittant leur mère. Le chemin tourna sur la gauche pour passer derrière une forêt. La toute dernière fois que je me retournai, je ne vis qu'une petite tache noire au sommet de la colline.

Ainsi commença notre aventure. Vers quel but je l'ignorais encore, mais une chose était sûre : peu importe le choix que je ferais, Lucas et Evan me suivraient partout et pour toujours.