Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

La voix de l'Aura, Tome 1; Détermination de Warlyok



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Warlyok - Voir le profil
» Créé le 15/05/2023 à 23:57
» Dernière mise à jour le 29/02/2024 à 04:37

» Mots-clés :   Aventure   Drame   Région inventée

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 1 : Une naissance heureuse?


Tout commença dans un petit village nommé Millepied. Son nom ne venait pas de nombre de pieds qui étaient dans la ville, mais du nombre de marches qu'on doit monter pour se rendre à l'autel au cœur de la forêt non loin à l'est du village. C’était un autel en pierre très simple où les gens d'une autre époque priaient pour avoir de bonnes récoltes. Il ne mesurait pas plus que d'un mètre et demi de haut et un peu moins d'un mètre de largeur et n'avait rien de spécial. Il était fabriqué à partir de deux blocs de pierre noire, la première était au niveau du sol et avait une hauteur d’environ un mètre. Le second était déposé sur celui-ci, légèrement plus large et doté d'une grande cavité pour y déposer des offrandes. Le tout reposait sur une sorte de terrasse carrée de dix mètres en pierre grise où à une extrémité commençait la descente des mille marches. Ce lieu respirait la paix et la quiétude. Très peu de monde venait se tenir devant cet autel, mais moi, je gravissais ces marches tous les jours et je plaçais une fleur dans son centre pendant le printemps et l'été.

À l'automne, je plaçais la plus belle des feuilles dorées ou rouges et en hiver, je restais devant à le contempler tout en me demandant jour après jour ce que je pourrais offrir d'autre que mon temps à cet autel. Pour quelles raisons faisais-je cela ? C'était pour la simple raison que, lorsque j'étais plus jeune, je m'étais fait attaquer par un pokémon blessé, un Nidorino. En réalité, il n'a pas attaqué ; il a été surpris de me voir apparaître à côté de lui et il m'a repoussé avant de repartir plus profondément dans la forêt. En me repoussant, il m’avait blessé au bras avec les pics empoisonnés de sa peau. Je suis tombé profondément malade et je survécus de justesse selon ce que ma mère m'a raconté. On retrouva le Nidorino dans la forêt plusieurs jours plus tard, mais il était trop tard pour lui. Il était mort de froid dans la neige. C'est cette raison qui me poussait à venir devant ce temple, de me faire pardonner de ne pas avoir réussi à l'aider et de prier que plus rien de ce genre arrive.



En ce jour d'hiver, je regardais l'autel qui se dressait devant moi et je me disais enfin que je pourrais me faire pardonner, car dès demain, j'aurai 16 ans, l'âge requis pour commencer mon aventure avec un pokémon. J'avais décidé de demander au professeur Certy une grande faveur, celle d'avoir un pokémon autre que les trois proposés normalement au dresseur débutant. Je savais que, dans certaines régions, c'était le parent qui donnait un pokémon à leur enfant, soit un qu'il avait choisi lui-même ou un que ses parents croyaient le plus approprié pour lui. Je détournai mon regard de l'autel en me disant que je ne serais plus obligé de demander pardon à ce pokémon que je n'avais pas pu aider. Que tout allait enfin changer puis je partis descendre les mille marches.
La maison du professeur se trouvait non loin du commencement du sentier pour se rendre à l'autel. C'était une grande maison avec une serre sur son côté gauche. Par ailleurs, elle était dos à la forêt et le chemin de sa maison rejoignait le même chemin que pour se rendre dans la forêt. Je l'empruntai pour me rendre devant sa grande porte en bois et cognai trois coups comme à mon habitude. Quand une réponse lointaine se fit entendre dans la maison, j'ouvris la porte et je dis : « C'est moi ! »

Quelque temps après mon accident, le professeur avait remarqué mes fréquentes visites à l'autel et un jour, il avait décidé de venir avec moi. Pendant tout le trajet, il ne dit pas un mot et moi non plus. Une fois devant l'autel, il m’avait regardé placer la fleur rouge avec les extrémités blanchies au centre de l'autel sans dire un mot. Quelques minutes passèrent avant qu’il me dise : « Ce n’est pas parce que je suis là que tu dois retenir tes larmes. » Il me l'avait dit d'une voix douce, avec de la compassion dans sa voix, puis je m’étais mis à pleurer. Il m’avait pris par l'épaule pour m'escorter jusqu'à sa maison et me proposer un jus. La seule question qu'il m’avait posée était pour quelles raisons je pleurais là-haut. Je lui avais répondu que c'était à cause de moi que le pokémon était mort, et que je ne pouvais pas me pardonner de ne pas l'avoir aidé. Il n’avait rien dit de plus sauf que je devrais rentrer maintenant chez moi. Le jour suivant, il m’avait suivi une fois de plus. Arrivé devant l'autel, où je venais de déposer une fleur mauve que j'avais cueilli sur le chemin, le professeur s'était avancé vers l'autel et avait sorti une fleur bleue de sa manche. Il l'avait déposé à côté de la mienne.





- Tu n'as plus besoin de pleurer, je suis sûr qu'il sait maintenant que tu voulais l'aider. Je suis convaincu qu'il apprécie tes gestes pour lui. Depuis ce moment, je ne pleurais plus devant l'autel. Cependant, je m’étais promis de devenir plus fort et de ne plus laisser un pokémon blessé.

À partir de ce jour, je passais souvent chez le professeur pour l'aider dans ses recherches ou pour discuter de ses recherches. Son laboratoire était connecté à sa maison et trois autres chercheurs travaillaient avec lui dans ces recherches sur les pokémons de la région.

Aujourd'hui, je n'étais pas venu pour ses recherches, ni pour discuter, mais pour lui demander une faveur. Il apparut dans le cadre de porte de sa pièce dans laquelle il écrivait ses résultats de recherche et me sourit.

- Warlyok, comment vas-tu aujourd'hui ?

– Bien, professeur. Je lui répondis avec enthousiasme, les autres chercheurs étaient rentrés chez eux à cette heure.

– Que me vaut ta visite ?

– J'ai une …. Une faveur à vous demander. Je lui dis avec un peu d'hésitation.

– Que veux-tu me demander ? répondit-il intrigué, il me regarda dans les yeux.

– Je voulais vous parler à propos du pokémon que vous allez me donner…

– Oui, je les ai reçus il y a quelques jours et ils sont en pleine santé, je suis sûr qu'ils vont te plaire !

– C’est à ce propos… je voudrais faire une requête… avoir un autre que les trois que vous proposez. Il croisa les bras pour me signifier de lui donner une explication, ce que je m'empressai à faire avant qu'il parle.

– J'aimerais un pokémon spécifique, ce n’est pas que je ne veux pas de ceux que vous avez. C'est que j'ai toujours rêvé de commencer mon aventure avec ce pokémon…

Il réfléchit un instant, puis il me demanda de quel pokémon.

– Un Riolu.

– Un Riolu, répéta-t-il, ce n'est pas un pokémon très commun et difficile à élever.

– Oui, je sais, je lui dis doucement et un peu honteux de lui demander une telle faveur.

– Je vais regarder si je peux en trouver un, je te dois bien ça. Tu m'as tellement aidé ici, mais je ne te promets rien !, m'avertit-il.

– Je comprends, mille fois merci ! Je répondis avec enthousiasme.

J'allais avoir un Riolu, le pokémon que je préfère ! Cependant, quand je quittai la maison du professeur, quelque chose me parut étrange ; il avait accepté facilement sans argumenter. Je me disais qu'il devait avoir remarqué que j'aimais énormément ce pokémon. À plusieurs reprises, je l'avais questionné à ce sujet ; quel type il est, où on peut en trouver, comment il vit, etc. Même avec cette réflexion, j'avais toujours le pressentiment que quelque chose clochait. Tout en marchant vers ma maison, je réfléchis à ces choses. Je m’arrêtai devant la porte de la maison puis je me dis qu’il avait sûrement appelé ma mère pour avoir son avis, à savoir si c'était une bonne idée de me donner un tel pokémon pour commencer mon aventure.

Je m'éloignai de la porte et me dirigeai discrètement vers l'arrière de la maison. Ma mère avait l'habitude de prendre ses appels importants dans une salle de travail au fond de la maison, dans une ancienne salle où elle et mon père travaillaient sur l'étude des pokémon. Je l'entendis parler au travers de la fenêtre du bureau malgré qu’elle fût fermée.

– Je vois …. oui, oui… il vous l'a finalement demandé… je vais appeler Pierre… oui, il m'a dit que Ryla en avait un, je lui demanderai de vous l'envoyer pour demain …. Oui, merci, ce fut un plaisir.

Je n’en croyais pas mes oreilles, mon père allait m'envoyer un Riolu ! Je retournai le plus discrètement vers l'entrée de la maison et ouvris la porte. Je regardai autour et ne vis personne.

- Je suis rentré !

- Salut mon grand. Ma mère me répondit.

Ma mère, Joany Myst, est une experte dresseuse pokémon retraitée. Elle avait le potentiel de devenir une grande maîtresse de pokémon ou championne, mais a décidé de se retirer pour fonder une famille, dont je suis le seul enfant. Elle a les cheveux châtains qui tirent vers le blond ou le brun selon l'éclairage. Elle les porte au niveau des épaules. Je n'ai pas hérité de ses yeux vert foncé, mais de ceux de mon père, bleus. Ma mère n'est pas la plus grande ni la plus musclée des femmes, mais il ne faut surtout pas la sous-estimer, particulièrement pour un combat pokémon. Durant ses grandes années de dresseuse pokémon, elle se spécialisait dans les pokémons canins.

Un jour, je lui avais demandé pour quelles raisons ce choix de pokémon, elle m'a simplement répondu « Parce que je les aime ». Lorsqu'elle quitta le monde des combats, elle laissa la plupart de ses pokémons à mon père, sauf deux : Démola, un Démolosse femelle qui vit avec nous depuis des années, et Ryla, une Lucario qui a décidé de vivre dans une montagne. Elle ne m'a jamais expliqué la raison et je pense même qu'elle ne le sait pas non plus. Les autres qu’elle avait confiés à son mari ; une Arcanin, un Démolosse mâle et Élecprint afin qu’ils l’aident dans son travail.

Mon père, Pierre Haltir, est un très grand maître pokémon. Il fait partie des Protecteurs. Il a refusé de monter dans la hiérarchie de l'ordre, car ça ne l'intéresse pas. On dit de lui qu'il est le plus puissant de l'ordre, mais qu'il refuse toujours et toujours de devenir le chef de l'ordre. L’ordre des Protecteurs et différents organismes créent des dizaines de combats pokémons ouverts au public et le gagnant a le droit d’affronter mon père. Je n'ai jamais raté un de ces combats à la télévision et ma mère non plus. Il nous rend visite quelques fois par année pour prendre des nouvelles de moi, autres que par téléphone, pour voir par lui-même mes progrès. Certains diraient qu’un père qui n'est pas présent est un mauvais parent, mais personnellement, je le respecte et l'admire. Il aide les gens, les protège. On le voit toujours aux nouvelles après ou pendant une catastrophe naturelle. Il y a un an, un énorme ouragan frappa les côtes. Des journalistes intrépides avaient réussi à filmer la tempête, et parmi les vents et les débris volants, j'avais pu apercevoir mon père protéger des gens avec ces pokémons au risque de sa propre vie. Par la suite, il aida les citoyens à reconstruire la ville.

Pour ma part, je ressemble beaucoup à mon père, de taille moyenne, 1,75 mètre et aux épaules larges et une ossature solide. Contrairement à lui qui a les cheveux brun foncé, j'ai les cheveux châtains comme ma mère. Je les porte court, car je n'aime pas avoir à les peigner et je trouve que ça me va mieux aussi. Ma mère me fait souvent le commentaire comme quoi que j'ai la peau pâle par rapport au nombre d'heures que je passe à l'extérieur. Je crois que c'est de nature, pendant l'été, je brunis à peine et en hiver, je redeviens blanc au désarroi de ma mère.

Lorsqu’elle sortit de la pièce, elle avait toujours le téléphone dans la main et me sourit.

-J'allais appeler ton père, tu veux lui dire quelque chose? C'est ton anniversaire demain et je sais qu'il ne pourra pas venir cette année.

– Ce n'est pas grave, il a des choses importantes à faire. Hum… Dis-lui simplement que je vais bien et qu'il fasse attention à lui. C'était ma façon à moi de lui dire que je l'aime et que je m'inquiète.

– Je lui dirais. Qu'elle me répondit avec un sourire.

- Je vais dans ma chambre. Je me dirigeai vers les escaliers. Démola sortit de la salle où était ma mère et se dirigea vers moi. Je grattai sous son oreille droite puis la caressai dans le cou.

– Tu es magnifique aujourd'hui, Démola. Je lui dis avant de lui donner une tape amicale dans les côtes qu'elle me répliqua d'un bon coup de tête sur les hanches.
Démola était plus petite que les autres de son espèce. À première vue, on ne le remarquait pas, mais à côté d'un de ses semblables, on le remarquait facilement, elle était plus petite d'environ 20 cm, mais il ne fallait surtout pas la sous-estimer. Comme ma mère, Démola était considérée comme la plus puissante des pokémons que Joany avait après Ryla.

Je grimpai les marches et m'assis devant l'ordinateur de ma chambre. Je consultai comme à mon habitude mes guides pour débutants sur les soins et entraînements pokémons et mes encyclopédies sur les pokémons avant d'aller me coucher.

Cette nuit-là, je fis un drôle de rêve. Je me voyais marcher dans une vallée rocheuse, il faisait noir, l'air était pesant, soudain des bruits retentirent devant moi. J'avançais discrètement vers le bruit qui se faisait plus intense et plus nombreux, des voix, des sons de combats. Un combat faisait rage. Non, plusieurs combats ! Mes tripes se contractèrent. Je ne voulais plus avancer, mais mes pieds continuaient, je longeais maintenant une paroi, des flashs de lumière apparaissaient par moments du bout du mur. Les combats étaient justes au tournant, la bataille était intense, des hurlements, des gémissements, des bruits de choc, des pas, des cris, mais je ne comprenais pas les mots étouffés dans le vacarme. J’arrivais à la fin du mur qui me séparait de cette scène. Mon corps s'était finalement arrêté, je regardais à mes pieds, une flaque sombre et épaisse s'étendait devant moi. Elle devenait de plus en plus grande, je n'avais pas besoin de me pencher pour comprendre ce qui se trouvait à mes pieds, qui coulait maintenant entre mes pieds. L'odeur de sang m'empêchait de respirer normalement. Je cherchais mon air, ma respiration s'accélérait, car je savais que ce que j'allais voir, je ne voulais pas, mais je ne pouvais pas m'empêcher. Je faisais le dernier pas. Dans la mare, je regardais toujours mes pieds, je ne voulais pas lever les yeux. Je faisais tous les efforts pour ne pas les lever, mais ils montaient toujours lentement. Je voyais plus de sang, j’apercevais des pierres brisées, éclatées, fondues et une ombre étendue juste devant moi, à un mètre. Mes yeux montaient encore. Je hurlais, mais aucun son ne dépassa ma gorge étouffée, mon cri résonnait dans ma tête, puis une lumière, intense et bleue, m'aveuglait. Je me réveillai en sursaut et en sueur. Le soleil montrait le bout de sa tête, ma respiration était rapide et je me forçai à me calmer. Je m'aperçus que ce n'était pas que de la sueur qui coulait sur mon visage, mais des larmes.

Quand je repris mes esprits, je me levai et m'habillai. Je me regardai dans le miroir de ma chambre et je me dis qu'aujourd'hui commençait un nouveau jour. Je descendis les marches. Ma mère était absente, elle m'avait laissé un message sur la table de la cuisine.

« Je suis parti chez le professeur Certy, prends ton déjeuner et viens nous rejoindre. »





Je mangeai rapidement des tranches de pain et me pris une pomme pour la manger en sortant. Démola était partie avec ma mère. C'était toujours étrange de trouver la maison sans vie. Je sortis et me dirigeai vers la maison du professeur. Arrivé sur le sentier de sa demeure, je m’arrêtai. J'étais debout sur le croisement du chemin entre l'autel et la maison du professeur. Je regardai le sentier s’enfoncer dans la forêt puis l’autre. Je me retournai sur moi pour regarder le soleil puis je me dis « j'ai le temps, il est encore tôt ». Mes pas se dirigèrent vers la forêt.

Je gravis les mille marches et arrivai à l'autel. Je me figeai sur la dernière marche. Debout devant le monument, un homme se tenait droit et la tête baissée. J'eus une drôle d'impression en le voyant. L'avais-je déjà vu ? Je gravis la dernière marche pour arriver sur le carré de pierre, mon pas résonna dans le silence du matin et l'homme se retourna tranquillement vers moi. Il portait un manteau bleu foncé avec des pantalons et un chapeau assorti au reste. Son visage était jeune, mais ses yeux marron montraient qu'il avait vu beaucoup de choses. Il s'inclina légèrement et, sans prononcer un mot, il quitta le lieu en empruntant les mille marches. Je ne bougeai pas d'un pouce et je le regardai s'éloigner. Quand il quitta mon champ de vision derrière des arbres, je me dirigeai vers l'autel. Au centre de la cavité, se trouvait une fleur bleue. Je la regardai un moment et je me demandai d'où elle pouvait venir. Elle ne provenait certainement pas près d'ici, car il n’y avait pas un centimètre sur le sol qui n'était pas couvert de neige.

Je redescendis vers la maison du professeur. Quand je fus revenu sur la plaine, il n'y avait aucune trace de l'inconnu. Le soleil commençait déjà à monter plus haut dans le ciel. Je me dépêchai de rejoindre la maison par l'autre sentier. J'entendais ma mère et le professeur parler. Sans cogner à la porte, je l'ouvris.

– Salut ! je lançai en rentrant.

– Bon matin, Warlyok, me répondit le professeur Certy

– Bien dormi ? me demanda ma mère comme elle le faisait tous les matins. Je feignis un oui. Tu dois te demander pour quelle raison je t'ai demandé de venir me rejoindre ici ?

– Oui.

– Hier, tu me demandais si tu pouvais commencer ton aventure avec un autre pokémon que les trois que je propose aux jeunes habituellement qui viennent me voir. Commença le professeur.
– Oui, c'est vrai. Je lui répondis.

– Nous en avons discuté, ton père, le professeur et moi, et nous avons décidé que tu pouvais avoir le pokémon que tu souhaitais, répondit ma mère.

– C'est vrai ? Je répondis spontanément.

– Oui, c'est vrai, me confirma le professeur.

Super ! Je vais avoir un Riolu ! pensai-je.

– J'ai appelé ton père hier. Commença ma mère. Il était aussi enthousiaste que toi à cette idée. J'imagine que tu te rappelles de Ryla ?

– Ryla était un pokémon que tu avais, non ?

– Oui, c'était une Lucario femelle. Il y a plusieurs semaines, Ryla est venue le voir et il a appris qu'elle avait eu un œuf. Ryla a accepté de le lui confier, et Pierre a décidé de te l'offrir pour ton anniversaire.

– Il va me donner un œuf de Ryla !, je ne trouvai pas d'autres mots à dire pour expliquer mon étonnement et mon enthousiasme.

– Il est arrivé sain et sauf ce matin, continua le professeur. Il est dans mon bureau, si tu veux le voir.

– Bien sûr que je veux le voir ! Je criai presque d’excitation. Il rit dans sa barbe puis dit.

– Très bien, allons-y.

On traversa la maison et rentrâmes dans la pièce en question, plusieurs machines de tout genre étaient disposées contre les murs. Il y avait un grand bureau au centre duquel se tenait, parmi des piles de papier et d'objets, une cloche de verre dans lequel était un œuf. Pas n'importe quel, le mien donné par mon père et ma mère, l'œuf d'un Riolu, l’enfant de Ryla. Il était d'un bleu éclatant avec des motifs noirs sur le dessus et le dessous. Je m'approchai de lui et je tendis la main vers la cloche puis la retirai et me retournai vers le professeur.

– Je peux ?

– Il est à toi maintenant, me répondit-il, amusé par la question.

Je soulevai délicatement la cloche et la déposai à côté sur la table. Je tendis la main vers l'œuf et le touchai des doigts puis de la paume de main. Il était chaud et lisse, ce qui me surprit un peu, puis je plaçai mon autre main de l'autre côté et le soulevai doucement dans les airs. Il était plus lourd que je le pensais. Je le plaquai contre mon torse et me retournai vers ma mère.

– Merci, il est magnifique.

– J'espère qu'il naîtra en bonne santé et que vous vous entendrez bien. me dit-elle doucement.

Elle s'approcha de moi pour me prendre dans ses bras, soudainement, un bruit me fit tourner vers le fond de la pièce. C'était Démola qui venait de se lever et avait accroché un meuble avec sa queue pointue. Elle s'approcha de moi et caressa l'œuf avec son museau. Perplexe, je regardai ma mère en donnant des caresses à Démola.

– Elle n'a pas quitté des yeux l'œuf depuis qu'il est arrivé. Elle sait que c'est l'enfant de Ryla. Elles ont toujours été très proches l'une de l'autre. Elle se pencha légèrement vers Démola. J'imagine que ça te rappelle les souvenirs quand tu as eu toi aussi un œuf.

- Quoi ? Démola a déjà eu un enfant elle aussi ?

– Oui, même deux. Ils étaient très mignons et la belle fille ici présente ne voulait pas les laisser seuls un seul instant et ne voulait pas que personne ne touche à ses petits, même pas ton père, une vraie mère surprotectrice. dit-elle d'un air provocateur et amusé.

Piquée par la remarque, Démola détourna le regard et alla s'asseoir devant la fenêtre et regarda à l'extérieur. Je ne pus me retenir de rire devant cette attitude. Je n'avais jamais pensé que Démola pouvait être une mère aussi attentionnée et protectrice. Je m'approchai d'elle en me plaçant de sorte que l'œuf soit au niveau de sa tête.

– Ça ne me dérange pas du tout que tu veilles avec moi sur cet œuf. Je serais même heureux que tu m'aides.

Elle se retourna vivement vers moi avec un air enjoué, elle me regarda puis regarda l'œuf. Ma mère étouffa un rire et Démola reporta rapidement son regard par la fenêtre, comme pour dire qu'elle ça ne l'intéressait pas. Puis je lui chuchotai « Je ne le dirai pas à Joany ». Elle ne détourna pas la tête de la fenêtre, mais agita violemment sa queue en signe d'enthousiasme. Le professeur Certy s'éclaircit la gorge puis parla.

- Il y a cependant une condition… j'imagine que tu comprendras qu'une fois qu'il ou qu'elle sera née, tu devras attendre un an avant de débuter ton voyage. Le pokémon qui naîtra sera trop jeune pour entreprendre une telle aventure.

– Je comprends, je ne voudrais pas qu'il soit blessé ou autre chose… J'attendrai le temps qu'il faudra.

– Une autre chose, continua le professeur, quand il naîtra, apporte-le moi ou à l’infirmière pour l'examiner.

– Je le promets, je répondis en plaçant l’œuf devant moi.

Nous avons passé le reste de la journée à parler de l'œuf et comment en prendre soin. J'appris aussi que Ryla n'avait pas eu d'autres enfants avant celui-ci et, qu’à part les deux de Démola, parmi les pokémons qu’avait possédé ma mère, seulement une Arcanin avait, elle aussi, eu un enfant. Pour Joany, c'était comme raconter l'histoire de ma propre naissance ou comment j'avais grandi. Elle semblait si joyeuse de se rappeler ces souvenirs. Pourtant, il était possible d'apercevoir des lueurs de tristesse dans son regard lorsqu'elle évoquait la séparation avec les jeunes pokémons qu'elle avait vu grandir. Le soir venu, nous repartîmes pour la maison. Une fois dans ma chambre, je pris l'œuf sous le regard protecteur de Démola et l'observai au clair de lune.

– Je veux seulement que tu puisses naître et que tu deviennes, à mes côtés, le pokémon le plus puissant au monde et jamais rien ne nous séparera…

Je le plaquai contre moi et après plusieurs vérifications de la mère surprotectrice, elle me laissa m'endormir dans un sommeil sans rêves. Au matin, la nouvelle avait fait le tour du village et tous les gens, de tous les âges, étaient venus me voir. Il était rare de voir un œuf de cette espèce et surtout dans la contrée où nous nous trouvions un peu reculées de grandes villes. Je présentai mon œuf à tous. Il y avait autant de jeunes filles que de jeunes garçons, même les plus vieux du village étaient venus dans la fin de l'après-midi pour le voir, tout en me racontant les aventures qu'ils avaient vécues dans leur jeune temps. Tout le monde voulait le prendre dans leur bras, mais avec la mère possessive qui grognait ou montrait les dents, je décidai simplement de laisser les gens le toucher et acceptai que certains des plus vieux le prennent quelques secondes avant que Démola se mette en colère. Même l'infirmière du centre pokémon me demanda de passer la voir avec mon œuf. Quand je lui présentai, elle se mit à fondre devant.

- Il est si beau ! Tu sais que pendant nos études, nous devons en faire éclore un et s'occuper de lui pendant un temps.

– C'est vrai ? C'était quel pokémon que vous avez eu ? Elle hésita à me le dire, mais ne pouvait désormais pas éviter le sujet.

– C'était un Nosferapti … Il a rendu la fin de mon trimestre insupportable.

– Comment ça ? Vous n’aimez pas les Nosferapti ?

- Non pas du tout, il était si mignon quand il est né avec ses petites ailes et tout, mais… Mais, c'est que c'est un pokémon nocturne, donc toutes les nuits pendant deux mois, il me réveillait. Du coup, je dormais pendant mes cours ou pendant mes heures de travail.

Je m'efforçai de ne pas rire, elle continua de parler de ses aventures, de ses rencontres et des pokémons qu'elle avait soignés, des plus gentils aux plus agressifs. Je la quittais quand le soleil était déjà tombé depuis longtemps. Je rentrai directement chez moi avec Démola qui ne me quittait plus d'une semelle depuis que j'avais l'œuf. Ça ne me dérangeait pas, même que je trouvais cela amusant qu'elle me suive et me surveille de cette façon. De plus, elle me donnait le sentiment d'être protégé et que rien ne pourrait arriver au bébé à naître que je tenais dans mes bras. Une fois couché dans mon lit avec l'œuf collé contre moi, avec l'approbation de la mère surprotectrice, je compris que c'était la première fois depuis des années que je ne passais pas à l'autel. Le lendemain, les gens étaient beaucoup moins nombreux à vouloir voir l'œuf. Dans la journée, après m'être libéré de la vieille Juliette fanatique des Miaouss, je me dirigeai vers la forêt.

J'arrivai devant le sentier à l'entrée de la forêt quand je remarquai que Démola s'était assise quelques mètres derrière moi sur le bord du chemin. Elle avait toujours fait ça quand j'allais voir l'autel lorsqu'elle m'escortait. Mais, j'aurais cru qu'elle m'aurait suivi dans le sentier des mille marches depuis que j'avais l’œuf. Je me retournai vers elle et lui dit : « tu ne viens pas ? ». Elle secoua la tête et me fit signe d'avancer. Un peu perplexe de son agissement, je la regardai quelques secondes de plus, puis j'entrepris de monter les marches. Elle ne me quitta pas des yeux. L'atmosphère autour de l'autel n’avait pas changé, aussi paisible et agréable. J’avançai vers lui en tenant l’œuf contre mon corps en pendant que dans un an, presque jour pour jour, je ne pourrais plus venir aussi souvent.

Je restai devant l'autel à imaginer comment sera ma vie dans un an, avec un Riolu à mes côtés, puis je redescendis les mille marches dans la forêt. Lorsque je mis le pied sur la dernière marche, Démola se leva et accourut vers moi. Elle passa son museau sur toutes les coutures de l’œuf pour s'assurer qu'il allait bien. Amusé, je lui caressai la tête puis lui dit en me moquant d’elle.

– Il va bien, je l'ai juste échappé une ou deux fois. Elle se mit à paniquer et vérifia encore une dizaine de fois l’œuf avant de comprendre que je moquais d’elle.

Nous repartîmes en promenade. Habituellement, j'aidais les gens du village à différentes choses. Ils me donnaient de la nourriture ou un peu d'argent pour me remercier de les avoir aidés. Je n’avais pas réellement d'ami ou d'autre connaissance que ceux qui avaient quitté le village auparavant pour débuter leur voyage pokémon. Je me demandai parfois si je les croiserais un jour. Le continent était grand et il ne serait pas impossible qu'ils aient décidé de partir de l'autre côté de l'océan. Je descendis une côte qui longeait une rivière. J'avais toujours aimé venir faire une pause au bord de cette eau. M'allonger sur le gazon au soleil ou sous un des arbres qui bordent la rivière. Même en hiver, je me faisais une place sous l'arbre et regardai la neige tomber ou la rivière coulée, car elle gelait rarement à cet endroit. Nous nous assîmes à côté d'un arbre et fixâmes l'eau s'écouler devant nous. Démola jetait des regards de temps à autre à l’œuf et retournait son attention sur la rivière. Je décidai de lui confier l’œuf pendant un instant. Je le pris dans mes mains et le déposai entre ses pattes. Elle fut surprise de ce geste, mais n'hésita pas longtemps. Elle se coucha autour de l’œuf de sorte qu'il se retrouve entre ses pattes avant et son torse pour le garder au chaud. Je sentais qu'elle était ravie de ce geste. Elle semblait complètement paisible et comblée à un tel point que j'aurais juré qu'elle souriait. De temps à autre, je l'entendais émettre de petits grondements ou des gémissements à l'intention de l’œuf. Je me questionnais si c'était de cette façon qu'elle rassurait son petit, comme une mère parle d'une voix douce à son bébé.

L'heure du souper approchait. Je me levai et me penchai au-dessus de Démola pour reprendre l’œuf. Elle me laissa le reprendre sans rien dire ; ce qui me surprit énormément, car je m'attendais à devoir me battre avec elle pour le récupérer. Pourtant, au lieu de ça, elle me donna une grande lichette sur le dos de la main.

– Il faut rentrer maintenant, je répondis doucement.

Elle se leva et étira son corps avant qu'on remonte la pente vers la route. J'ouvris la porte de la maison et m'engouffrai dedans. Ma mère avait presque terminé le souper et mettait la table.

- Le souper sera prêt dans quelques minutes, va te laver les mains. me lança-t-elle en me voyant sortir de l'entrée.

Je déposai l’œuf sur la table sur un support que le professeur m'avait donné pour qu'il ne tombe pas. Quand je revins de la salle de bain, Démola était assise au bout de la table et ne quittait pas l’œuf des yeux. Je lui caressai la tête puis m'assis pour manger. On discuta de choses sans importance, de ce que nous avions fait de la journée. Le soir arriva, je m'installai sur mon lit avec l’œuf et je le regardai avant de le mettre à côté de moi et de m'endormir après l'accord de la mère protectrice.

Les jours qui suivirent ne furent pas très différents. J'allais à l'autel le matin, me promenais dans le village, parlais aux gens et ainsi de suite. Nous étions le 17 février, j'étais en compagnie de la petite Mary, une jeune fille de parents pour qui je travaillais souvent dans la même rue que la mienne. J'étais assis sur un banc du parc et elle observait l’œuf sur tous ces angles.

– Il est vraiment beau ! Elle tendit la main pour le toucher. Waouh ! Il est tout lisse et chaud… HO ! Il a bougé ! Je te le dis, il a bougé !

Je l'avais senti. C'était comme si le pokémon à l'intérieur avait voulu s'étirer ou se retourner dans une meilleure position. Par la suite, elle me parla que quand elle serait plus grande, elle serait une éleveuse pokémon et ferait naître plein de pokémons, de tous les types et de toutes les tailles. Je lui souhaitai bonne chance et lui dis que j'étais sûr qu'elle ferait une merveilleuse éleveuse. Au souper, au lieu de poser l’œuf, comme je le faisais habituellement sur la table, je me dirigeai vers le salon. Un peu confuse, Démola me suivit. Je m'arrêtai devant un gros coussin au sol qui était en fait le lit de la mère surprotectrice. Je lui fis signe de venir dessus. Quelque peu hésitante, elle s’exécuta et s’assit en me regardant. Je plaçai l’œuf sur le coussin et dit.

– C'est toi qui vas t'en occuper ce soir. Repose-toi un peu.

Elle se coucha sur son lit et rapprocha l’œuf avec ses pattes pour le coincer dans son cou et ferma les yeux. J'étais certain que ça ne prendrait pas très longtemps pour qu'elle s'endorme. Discrètement, ma mère me tira par la manche, me fit signe de ne rien dire et m’entraîna dans la cuisine. Puis, à voix basse.

– Ça faisait longtemps qu'elle n’avait pas été aussi heureuse. Puis, elle changea pour un ton plus amusé. Tant qu'elle ne me demande pas d'appeler ton père pour faire revenir son partenaire, Hunter, afin de combler son petit cœur de mère.

– En quoi ça poserait un problème qu'elle ait un autre enfant ?

– Elle est heureuse avec des enfants, je te l'accorde, mais s'en séparer lui brise le cœur encore plus. Je ne crois pas qu'elle supporterait de voir partir un autre de ses enfants, elle est très émotive derrière ces airs, tu peux me croire.

– Tu as peur qu'elle soit triste quand je vais partir, avec… mon Riolu…

– Elle sera triste, c'est certain, mais elle sait que ce n'est pas son enfant ni que tu n’es le sien non plus, mais elle t'aime quand même. Elle sait que tu reviendras la voir un jour. Chez les pokémons, la plupart ne revoient jamais leurs parents lorsqu'ils se séparent, mais pas tous.

Tard dans la soirée, je repris discrètement l’œuf à Démola avant d'aller me coucher sans qu’elle se réveille. Je montai dans ma chambre et m'installai sur mon lit en m'assurant que la porte de ma chambre reste ouverte. Quand elle allait s'apercevoir que l’œuf avait disparu, elle allait immédiatement voir s'il était avec moi. Je n'avais pas envie de me faire réveiller par une porte qui vole en éclat en plein milieu de la nuit. Il bougeait de plus en plus. Je me disais qu'il allait sûrement éclore dans les prochains jours. Je le serrai contre moi et attendis qu'il bouge une dernière fois et m'endormis.
Au matin, comme je m'y attendais, Démola était couchée dans la chambre au pied de mon lit. Je m'habillai et quittai la maison. Mes pas se dirigèrent vers le sentier des mille marches comme tous les matins. Démola s'installa sur le bord du chemin et me regarda monter les premières marches. Devant l'autel, je restai silencieux comme toujours, je caressai l’œuf et marmonnai à son intention.

– J'espère que tu naîtras bientôt.

Au moment où, je me retournai pour partir, il se mit à bouger, de plus en plus, puis il craqua. Je me penchai rapidement vers le sol et dégageai une partie de la neige pour déposer l’œuf. Il se débattait violemment, puis les fissures se firent plus grandes, plus profondes, puis tout à coup, comme s'il avait donné un grand coup de poing pour sortir, l’œuf vola en morceaux.

Il se tenait là, sur ce qui restait de l’œuf, un Riolu désorienté de sa naissance, mais qui semblait en pleine forme. Il se frotta les yeux avec ses pattes puis renifla l'air autour de lui. Je tendis la main pour toucher le dos de sa patte avec le dos de ma main.

– Ça va, je suis là. C'est ça. Tu es vraiment magnifique.

J'ignore pour quelles raisons, j'avais le pressentiment que quelque chose clochait. Il agrippa ma main avec ses petites pattes pour la sentir et se mit à jouer avec mes doigts. C'est à ce moment-là que je compris ce qui clochait ; il n’avait toujours pas ouvert les yeux. Il les avait gardés fermés et mon pressentiment me disait que ce n’était pas normal. Je dégageai ma main de son emprise avec un son de mécontentement de sa part, puis le pris dans mes bras.

– Viens, on doit y aller. Je lui dis doucement, puis je redescendis rapidement les marches du sentier.

– On va chez le professeur vite ! je lui criai quand j'aperçus la silhouette de Démola.

Elle s'élança dans le sentier de la maison du professeur sans poser de question et lorsqu'elle s'approcha de la maison, elle se mit à aboyer. Je m’étais mis à courir dans le sentier et je vis le professeur sortir de la maison en demandant ce qui se passait. Quand il me vit avec le jeune Riolu accroché à mon cou, il m'invita à rentrer rapidement.

– Qu'est-ce qui s'est passé ? me demanda-t-il rapidement.

– J'étais à l'autel quand il est né, mais… mais…

– Parle, je t'en prie !

– Il est né et semblait en pleine forme, mais il n'a pas ouvert les yeux. J'ai eu un… un mauvais pressentiment.

– Je vais l'examiner. Il se pencha vers moi pour prendre le Riolu, mais celui-ci refusait de lâcher prise à mon cou. Découragé, il me dit de le porter dans le bureau.

– Viens ici, je dis en essayant de lui faire lâcher mon cou.

Il décida finalement de le faire et je le déposai sur la table. En revanche, je voyais qu'il avait peur, même qu’il était paniqué, je lui donnai ma main et il la pressa contre lui. Je fus surpris de voir qu'il avait déjà beaucoup de force pour un nouveau-né.

– Il va t'examiner. Ça va aller, je lui dis pour le réconforter. Ça va aller, je répétai encore une fois et son étreinte se desserra un peu.

– À première vue, il semble en parfaite santé. Sa fourrure est parfaite. Il ne semble pas avoir de blessure.

Il lui fit faire plusieurs tests qu'il refusa de faire au début, mais, avec mes encouragements, graduellement, il fit ce que le professeur lui demandait.
– Il semble ne rien avoir, il est en parfaite santé …. Je ne comprends pas pour quelles raisons il n'ouvre pas les yeux… je crois qu'on n'aura pas le choix de l'endormir et d'examiner ses yeux dans son sommeil. Je vais appeler l'infirmière et lui demander de préparer une pièce pour l'examiner. Tu peux le prendre dans tes bras, on va partir tout de suite après.

– Aller, viens là. Je dis au Riolu qui ne résista pas.

Je le pris dans mes bras. Quand il se sentit en sécurité, il se mit à me sourire et à commencer à jouer sur mon visage avec ses petites pattes.

J'attendis le professeur devant sa porte. Quand il sortit du bureau, je me retournai pour ouvrir la porte, mais je m’accrochai sur quelque chose. Je baissai les yeux pour voir, c'était Démola qui se trouvait là. Je me sentais très mal de l'avoir oubliée comme ça. Elle devait être avec nous, dans la pièce, depuis le début et je n'avais pas du tout pensé à elle. Elle regarda le jeune Riolu dans mes bras, mais son expression était triste et inquiète. Je lui mis ma main libre sur sa tête.

– Ça va aller, ne t'en fait pas. Elle émit un gémissement et le Riolu dans mes bras s'agita.

– Chut, ça va, ça va, c'est Démola, elle est gentille. Pendant que le professeur récupérait son manteau et son chapeau, je me penchai vers Démola et pris une des pattes du Riolu pour la placer sur son museau.

– Tu vois, elle est gentille.

Le Riolu promena un instant sa main sur le museau du pokémon puis l'enleva rapidement quand le professeur nous dit de sortir.

Arrivé au centre pokémon, l'infirmière nous fit signe de la rejoindre. Elle nous dirigea dans un corridor qui débouchait sur une petite pièce, où il y avait une table au centre et plusieurs appareils autour et au-dessus.

– Tu peux le faire asseoir sur la table, me dit-elle tranquillement.

– D’accord. Viens, assieds-toi là. Je déposai le Riolu sur la table. Au même moment, la porte du fond s'ouvrit et un Leveinard avança à notre rencontre.

– Tu peux y aller, Levy, dit l’infirmière.

Le Leveinard leva les bras vers le Riolu et ferma les yeux. Puis, quelques secondes après, le Riolu lâcha ma main et sombra dans un profond sommeil.
– Il va être correct ?, m'empressai-je de demander.

– Ne t'en fais pas. Il ne remarquera même pas ce qui va se passer. Maintenant, je vais te demander d'attendre dans le corridor. Levy ira te chercher quand ce sera fini et tu seras à ses côtés lorsqu’il se réveillera.

– Mais…

Je n'eus pas le temps de répondre que Levy me poussait déjà vers la sortie. Je réussis à voir une dernière fois le visage paisible du Riolu avant de quitter la pièce, avec la mère surprotectrice qui ne voulait pas plus que moi quitter le petit.

La première chose que je fis en sortant était de faire les cent pas devant la porte, puis je me ressaisis en disant que tout allait bien. Je me dirigeai vers les téléphones publics du centre pour appeler ma mère.

– Salut, c'est moi.

– Tout va bien ?

– Si on veut…

– Que se passe-t-il ?

– L’œuf a éclos… pendant que j'étais à l'autel.

– Et ? demande-t-elle, inquiète.

– Selon le professeur, il semble en bonne santé. Nous sommes au centre pokémon…

– Mais ?

– Il n'a toujours pas ouvert les yeux. L’infirmière et le professeur sont en train de l'examiner.

– Tu veux que je vienne ? me demande-t-elle doucement.

– Si tu le souhaites, oui, mais ils viennent de commencer l'examen.

– D'accord, je vais t'apporter quelque chose à manger.

– Merci.

– Ça va aller, me dit-elle avant de raccrocher.

Je me retournai vers Démola qui avait une mine aussi triste que moi. Nous allâmes nous asseoir dans le corridor à même le sol. Démola se coucha à côté de moi et posa la tête sur ma jambe pour garder un œil sur la porte qui nous séparait de Riolu. Ma mère arriva plus tard avec un petit repas. J'y touchai à peine, car j'étais trop inquiet pour le jeune Riolu. Une heure s'était passée avant que Levy sorte de la pièce pour venir nous chercher. Quand je rentrai dans la pièce, le professeur et l'infirmière étaient devant un ordinateur et regardaient des photos.

– Alors ? Qu'est-ce qu'il a ? J'hésitai à prononcer. Le professeur et l'infirmière se regardèrent.

– Il n’a rien. Ses yeux sont corrects. répondit l'infirmière. Aucune blessure interne. Ses nerfs optiques fonctionnent correctement. Les muscles de ses yeux sont parfaits.

– Alors, pour quelles raisons n'ouvre-t-il pas les yeux ? Me devança ma mère sur la question. Ils hésitèrent, puis dirent.

– Rien. Soit, il ne veut pas les ouvrir ou qu'il n’y arrive pas. répondit le professeur.

– Je ne comprends pas…

– Il arrive dans de rares cas que la personne subisse un traumatisme et que son subconscient l'empêche de faire quelque chose comme d'ouvrir les yeux, que ce soit volontaire ou pas.

– Mais, poursuivit l'infirmière, il arrive aussi que les enfants humains ou pokémons prennent du temps avant d'ouvrir les yeux. Il est possible qu'à son réveil, il te regarde, ou dans les jours qui suivront…

– Dans tous les cas, ce n'est pas une maladie ou une blessure, donc seul le temps peut nous dire s'il ouvrira les yeux ou pas. Pour le moment, tu peux le transporter dans l'autre pièce avec Levy et attendre qu'il se réveille.

– D'accord… Ce fut le seul mot que je réussisse à prononcer.

Je pris le Riolu dans mes bras et le transportai dans l'autre pièce. Il y avait plusieurs lits de différentes tailles, mais aucun n'était occupé. Levy me présenta un lit, pour que je le dépose dessus, et elle alla me chercher une chaise. Je m'assis à côté de lui et pris sa patte dans ma main. Je me mis à la masser délicatement entre mon pouce et mes doigts. Démola, quant à elle, accota sa tête sur mes genoux et attendit avec moi. Le petit se mit à bouger de plus en plus, il commençait à se réveiller.

– Allez, mon grand, c'est le temps de se réveiller.

Il se redressa tranquillement sur le lit sans lâcher ma main. Il tourna la tête dans tous les sens comme s’il cherchait quelque chose puis finit par tourner la tête vers moi. Il me sourit en tirant légèrement sur ma main, mais il n’ouvrit toujours pas ses yeux. Je commençai à lui parler, de moi, de ma mère, du professeur qui l'avait examiné, de Démola… Elle s'agrippa au bord du lit et j’entraînai le petit Riolu vers elle. il enlaça son cou puis se mit à parcourir ses pattes sur le pokémon, à toucher ses cornes, son museau et gratter sa fourrure noire et chaude. Je décidai de le prendre dans mes bras et de quitter la pièce. Quand nous arrivâmes dans le hall d'entrée où d'autres gens parlaient et riaient, le petit Riolu s'agrippa fortement à moi.

– Il ne faut pas avoir peur, je dis doucement. Ma mère s'approcha de moi et se pencha un peu pour regarder le petit.

– C'est donc lui, siffla-t-elle d'une voix douce, laisse-moi voir à quel point tu es beau. Il attrapa un pan de mes vêtements et cacha son visage dedans. Ma mère eut un petit rire amusé.

– C'est un petit timide. Est-ce que tu vas lui donner un nom ?

– Mmm. Je n’y ai pas encore réfléchi… Je le décrochai de mes vêtements et le levai devant mon visage. Il se tortilla pour se cacher derrière ses mains.

– Je crois que je vais l'appeler Lucas. Ça te plaît ? Lucas ?Il arrêta de bouger pour me sourire en émettant un son.

– Je vais prendre ça pour un oui.

– Lucas… j'aime bien. J'ai parlé avec le professeur. Il dit que pour l'instant, il serait préférable de rentrer à la maison pour qu'il s'habitue à toi.

– D'accord. Tu viens Démola ? Une fois rentré dans la maison, je déposai Lucas au sol.

– Voici notre maison, c’est la tienne aussi maintenant. Il hésita un instant, puis s’agrippa à ma jambe et ne voulut plus la lâcher, comme s'il allait se noyer.

– Allez, allez. Va explorer. Tiens Démola va avec lui. Je décollai Lucas de ma jambe avec un son désapprobateur de sa part pour le mettre à côté de Démola. Il s'agrippa à sa fourrure et se laissa guider dans la maison.

– Tu crois que ça va aller ?, demandai-je à ma mère, inquiet.

– Je suis certaine que tout va bien aller.

Je passai le reste de la journée à faire marcher Lucas au travers de la maison. Au début, je le tenais par la main. D'autres fois, je lui demandai de traverser la pièce pour me rejoindre ou je laissais Démola se promener avec lui. L'heure du souper arriva. Nous nous installâmes tous autour de la table. Ma mère avait ressorti une chaise haute pour Lucas qui, je supposais, était celle que j'avais utilisée quand j'étais bébé. Elle donna un bol de nourriture pour pokémon à Lucas et me servit mon assiette, mais Lucas resta un peu perplexe devant la nourriture. Il prit un morceau et le renifla et le reposa dans le bol avant d'en prendre un autre, puis il répéta la manœuvre. Je décidai de prendre un morceau et de le tendre vers la bouche de Lucas.

– Ouvre la bouche.

Il l'ouvrit et je lui plaçai le morceau à l’intérieur pour qu'il le morde. Il fut enthousiasmé par le goût de la nourriture pokémon et dévora le reste du contenu de son assiette en quelques secondes. Une fois le repas terminé, ma mère me dit.

– Tu devrais aller prendre un bain avec lui.

– Bonne idée. Allez Lucas. On va aller prendre un bain !

Je l'agrippai et le sortis de la chaise haute. Il me lança des exclamations de joie. Ça me rendait heureux de l'entendre s'exprimer comme cela, même si je ne comprenais pas ce qu'il essayait de me dire. Je passai par ma chambre pour me prendre un pyjama et me dirigeai vers la salle de bain. Quand je rentrai dans la pièce, je bloquai le passage avec ma jambe à Démola.

– Tu crois aller où comme ça ? C'est l'heure du bain des garçons, pas celle des filles. De plus, je ne suis pas si certain que tu aimerais te faire arroser jusqu’à l’os par Lucas.

Elle me grommela un reproche et se coucha à côté de la porte de la salle de bain. Je fermai la porte derrière moi et déposai Lucas sur le tapis du bain. Il se mit à jouer avec les fibres du tapis en riant. J'ouvris le robinet et laissai couler un peu d'eau avant de remplir la baignoire. Lucas passa sa tête par-dessus le bord du bain pour voir… pour comprendre ce qui faisait ce bruit. Je vérifiai la température puis pris la main de Lucas.

– C'est de l'eau.

Je lui plaçai sa main sous le jet d'eau. Il la ressortit, mais pour la sentir, puis la replaça sous le jet d'eau et s'amusa à passer sa main au travers. Pendant qu'il était distrait par l'eau qui coulait, j’enlevai mes vêtements.

– Allez, viens.

Je le pris dans mes bras et le déposai debout dans l'eau, qui était déjà au niveau de ces genoux. Il se pencha pour toucher la surface de l'eau. Il commença par tremper sa main dedans, puis se mit à faire des vagues avec ses pattes pour terminer par faire voler l'eau autour de lui.

– Doucement, tu vas mettre de l'eau partout.

Il se retourna vers moi. Je vis qu'il ne comprenait pas complètement ce que je lui avais dit, je me penchai vers le jet d'eau qui coulait toujours. Je plaçai ainsi ma main pour faire en sorte que l'eau dévie de sa trajectoire pour couler sur sa tête. Surpris, il recula en se secouant. Je me mis à rire, puis la guerre commença. Je lui lançai de l'eau et il répliqua. Le jeu dura plusieurs minutes jusqu’à ce que je décide qu'il était temps de vraiment se laver. Debout, Lucas avait de l'eau jusqu’à la taille. Je le pris sous les bras et lui demandai de s’asseoir dans l'eau. Elle lui arrivait juste en dessous de la bouche. Il ne semblait pas avoir trop peur, il laissait aller ses bras dans l'eau comme s’il essayait de nager. Je pris un shampoing spécial pour les pokémons que l'infirmière m'avait donné il y a quelques jours en échange d’un service. Elle savait qu’une fois l’œuf éclos, j'en aurais besoin.

– Ferme les yeux… Ne bouge pas trop, je vais te laver.

Je me mis à le laver pendant qu'il s'amusait avec la bouteille. Quand il fut totalement propre, je sortis du bain pour le laissant jouer un peu dans l'eau puis je le sortis du bain et l'enveloppai dans une serviette pour le sécher. Il trouva cela drôle. Je le pris dans mes bras avec la serviette sur lui et quittai la pièce en emportant une brosse pour pokémon. Démola se leva aussitôt et renifla de tous côtés Lucas qui se mit à rire à cause des chatouilles du museau de la mère surprotectrice.

– Tu vois, il est tout propre maintenant, lançai-je en plaisanterie.

Je redescendis pour m'installer dans le salon sur un divan et terminai de sécher le petit Lucas avant de le brosser et il se laissa complètement faire. Une fois que le jeu fut terminé, il se coucha contre mon ventre et s'endormit rapidement. Ma mère s'approcha de moi.

– C'était une longue journée pour vous deux, tu devrais aller te coucher toi aussi.

– Oui… je lui répondis moi aussi un peu fatigué.
Je pris délicatement Lucas dans mes bras. Il remua légèrement sans se réveiller. Ma mère récupéra la brosse et la serviette avant de me pousser vers le corridor. Je le déposai sur mon lit, au même endroit où il dormait quand il était encore dans son œuf. Je regardai par la fenêtre, c'était un soir sans lune. Je m'allongeai à côté de Lucas qui se retourna pour se coller contre moi. Ému, je plaçai mon bras autour de lui et m'endormis toujours sous l’œil de la mère protectrice.

Lorsque je me réveillai, le soleil montrait à peine sa couronne. Je regardai Lucas, blotti contre moi. Je sentais ses respirations, lentes et régulières. Parfois une de ses oreilles s'agitait, d'autre fois, il bougeait un bras ou une jambe. Il avait placé sa tête au creux de mon coude et son dos était collé sur mon ventre. De mon bras libre, je lui caressai la joue.

– C'est l'heure de se lever. Ouvre les yeux et lève-toi. Il remua, mais resta allongé.

– Allez debout, je lançai légèrement plus fort.

Il s'assit finalement sur le lit et se frotta les yeux avant de s'étirer. Il était dos à moi. Je ne pouvais donc pas voir s'il avait les yeux ouverts ou s'il les gardait fermés. Finalement, Lucas se retourna vers moi. Il me sourit de toutes ses petites dents et chercha ma main dans les draps du lit. J'eus un pincement au cœur. Il ne voyait toujours rien. Je lui donnai ma main. Il la prit et suivit mon bras jusqu'à mon corps pour me donner un gros câlin du matin. Démola monta ses pattes avant sur le lit. Lucas se cacha rapidement derrière moi.

– Ce n'est que Démola. Lucas, allez viens ici.

Je le ramenai devant moi et le poussai vers Démola. Elle ne bougea pas d'un pouce le temps que Lucas se dirige à l'aveugle vers elle. Il appuya ses paumes sur le gros museau de Démola. Il émit un son amusé puis entoura Démola de ses petits bras et se mit à la gratter dans le cou.

– Démola, peux-tu descendre en bas avec Lucas ? Je vais vous rejoindre.

Je pris Lucas et le déposai sur les épaules de Démola. Lucas agrippa les cornes du pokémon et tous deux quittèrent la pièce.

Je ne savais pas quoi penser. Lucas était aveugle et j'avais l'impression qu'il n'ouvrirait sans doute jamais les yeux. Jamais je n'en verrai la couleur… Non, je ne pouvais pas l'accepter. Je frappai mon lit puis me levai. Je descendis les escaliers et essuyai la dernière larme sur ma joue avant de faire mon entrée dans la cuisine. Lucas et Démola étaient dans le salon et faisaient un boucan. Lucas poursuivait Démola en criant, elle l'évitait toujours avec facilité et lançait des jappements pour l'attirer de nouveau vers l'opposé de la pièce. Une main m'agrippa. Je me retournai rapidement pour voir ma mère souriante.

– Tu ne dors pas ? Lui demandai-je.

– Comment veux-tu dormir avec ces deux-là ? dit-elle en pointant les deux qui couraient dans le salon.

– Désolé de t'avoir réveillée.Elle me donna un baiser sur la joue.

– Tu veux manger quoi ? demanda-t-elle.

Nous prîmes un bon déjeuner tous ensemble. Lucas dévora une quantité hallucinante de nourriture avant de ne plus avoir faim. Je décidai d'aller dans le village avec Lucas et Démola, car la nouvelle avait sans doute déjà traversé pays et continent que Lucas était né. Je le récupérai de sa chaise haute et le plaçai contre moi.

– Il a grandi ! Il était plus petit hier… du moins, je crois…

– C'est normal chez les pokémons. Ils atteignent habituellement leur taille finale après quelques jours, mais leur habilité prend plus de temps à se développer.

Je quittai la maison, mais avant ma mère me proposa de donner à Lucas une écharpe. Il était encore jeune et elle ne voulait pas qu'il attrape froid alors qu'il venait tout juste de naître. Je lui choisis une veille écharpe verte que j'avais déjà portée plus jeune et lui enroula autour du cou. Nous quittâmes la maison. J'avais décidé de passer voir l'infirmière pour la remercier et de passer voir Mary qui avait toujours adoré l’œuf de Lucas. Lucas reniflait l'air autour de lui et dressait les oreilles à tous les bruits qu'il entendait. Parfois, je le voyais tourner la tête de tous les côtés à la recherche de la source du bruit. Cependant, quand quelqu'un s'approchait de nous pour nous parler, il se blottissait contre moi ou cachait son visage dans mes vêtements à la grande déception de mes interlocuteurs. J'arrivai enfin au centre pokémon. Il y avait peu de monde ce matin-là. Je me dirigeai vers l'infirmière.

– Bonjour. Je commençai.

– Bonjour, quelque chose ne va pas ? s'inquiéta-t-elle.

– Je voulais seulement vous remercier pour hier… Je…

– Ce n'est rien, c'est mon travail après tout. répliqua-t-elle en avant que je termine ma phrase. Elle se pencha vers Lucas qui se cacha dans mes vêtements.

– Tu ne veux pas me montrer ton beau sourire, petit bonhomme ? Elle tendit le bras et lui caressa la joue avec le dos de sa main. Lucas resserra son emprise sur moi.

– Allez, Lucas. Elle est gentille. Elle ne te fera rien. Tout doucement, il sortit sa tête, puis une main avec laquelle il prit celle de l'infirmière, puis se mit à l’examiner à l'aide de ses deux mains.

– Il est vraiment magnifique. Tu l'as appelé Lucas ? Bonjour Lucas, je suis Tarina.

La porte d'entrée s'ouvrit. Deux personnes rentrèrent dans le centre. Lucas se cacha rapidement dans mes vêtements. Je remerciai une fois de plus l'infirmière, puis la laissai retourner à son travail. Cette fois, je me dirigeai vers la maison des parents de Mary. Plusieurs personnes m'arrêtèrent pour voir le petit Lucas, mais ils furent pour la plupart déçus de le voir se cacher. Je leur expliquais qu'il était très timide et avait peur des inconnus, sans spécifier qu'il était aveugle. Je savais pourtant que la nouvelle ne resterait pas secrète encore bien longtemps. J'arrivai à la hauteur de la maison de Mary. Il y avait deux bonshommes de neige dans la cour avant. Je gravis les quelques marches devant la porte et cognai trois coups. La porte s’ouvrit sur Lyla, la mère de Mary. Elle m'invita à entrer.

– Quel bon vent t’a porté jusqu'ici ?

– J'étais venu avec l'idée de présenter Lucas à Mary.

– Il est mignon, dit-elle en le regardant. Je vais la chercher. Elle s'éloigna et se pencha dans les escaliers de la maison pour crier.

– Mary, on a des visiteurs. Ils aimeraient te voir.

– J'arrive, dit une petite voix lointaine. Mary sortit du corridor en trottinant vers nous. Quand elle me vit, elle se figea, puis me chargea en criant mon nom. Lucas prit peur en criant et s'accrocha plus à moi.

– Ne t'inquiète pas Lucas, c'est Mary.

– Woaaaah ! Il est magnifique ! Je peux le caresser ? Je me penchai vers elle en lui répondant.

– Lucas est… disons très timide, il a peur des inconnus. Elle frotta le dos de Lucas doucement et il se raidit dans mes bras.

– Ça va, Lucas, elle est gentille, elle aussi. Allez, montre-lui ton sourire. Je suis sûr qu'elle serait heureuse de le voir. Il hésita un instant, puis commença à se retourner et tendit la main dans le vide à la recherche de la main de Mary.

– Donne-lui ta main, Mary.

Elle s'exécuta et comme les autres fois, il commença à l'examiner avec sa patte puis avec les deux à la fois. Sa mère fronça les sourcils en voyant le visage Lucas et dit doucement à Mary.

– Ma douce, peux-tu aller chercher une chaise dans le bureau de ton père.

– Oui, maman, répondit-elle en quittant la pièce. Quand elle fut sortie, sa mère reprit.

– J'ai été dresseuse moi aussi, plus jeune, j'ai élevé beaucoup de jeunes pokémons. Qu'est-ce que tu as à me dire ?

– Lucas ne peut ou ne veut pas ouvrir les yeux. Je lui dis, puis j’ajoutai d’une voix cassée. Il est aveugle.

– J'en suis désolée, ça doit être difficile… elle garda un moment de silence. Le pauvre…

– Pour l’instant, je crois qu'il n’a pas encore pris conscience de sa condition. Il semble si heureux, mais il a peur des nouvelles voix et des bruits qu'il ne connaît pas.

Pendant que je parlais, Lucas jouait avec ma main et Démola s'était déplacée dans la maison pour s'asseoir plus loin. Mary revint avec la chaise en question et la plaça près de la table.

– Voilà, dit-elle fièrement.

Je m'assis dessus et plaçai Lucas devant moi sur la table, les pieds dans le vide, en lui donnant ma main pour qu'il continue de jouer avec. Mary se plaça à côté de moi et regarda Lucas jouer.

– Warlyok ? demande-t-elle tout à coup, je me retournai vers elle. Je peux jouer avec lui ?

– Ça dépend à quoi ? Je répondis amusé, tu veux jouer à quoi avec ?

– Mmm… au salon de thé ?

– Je ne crois pas qu'il aimerait ça.

– Au ballon, alors ?

– Dans la maison ? Je ne crois pas que ta mère va te laisser faire.

– Alors, à cache-cache ! Tout le monde aime ce jeu.

– Mary, je crois… commença Lyla.

– C'est une bonne idée, mais il y a un problème…

– Lequel ? Il ne sait pas y jouer ? Ce n'est pas grave, je vais lui apprendre. Je secouai la tête.

– Ce n'est pas ça le problème, c'est… Je concentrai toutes mes forces pour le dire, puis le prononçai tranquillement.
– C'est que Lucas ne voit rien, il est aveugle.

Je vis son visage passer de la surprise à la tristesse. Elle regarda sa mère qui hocha légèrement la tête pour lui confirmer ce que je disais, puis elle rapporta son attention vers Lucas qui avait arrêté de s'agiter et avait tourné la tête vers elle, mais avait perdu son sourire. On avait toujours dit que les Riolus pouvaient ressentir les émotions des gens qui les entourent. Il était clair qu'il avait ressenti la tristesse de Mary à ma révélation. Lucas se mit à tâtonner la table dans la direction de Mary puis trouva sa main et s’appuya dessus pour la réconforter, ce qui me brisa encore plus le cœur.

– Je suis désolée, dit Mary d'une voix triste.

– Ce n'est pas grave, mais j'ai peut-être une idée de ce à quoi tu peux jouer, avec lui, il doit s'habituer à se promener seul, cela t'intéresse de l'aider ? Je vis un éclat de joie dans les yeux de Mary qui se leva d'un bon.

– Compte sur moi ! Allez, vient Lucas, on va s’entraîner ? Lucas pencha la tête sur le côté en émettant un son. Je le pris dans mes bras et le déposai à côté de Mary.

– Allez, Lucas va avec Mary. Mary prit la main de Lucas qui faisait la moitié de sa taille.

– Allez, qu'est-ce que tu attends. Je poussai légèrement Lucas dans le dos.

Mary joua avec Lucas dans le corridor et on l'entendit monter les marches doucement, je me retournai vers Démola et elle comprit rapidement que je voulais qu'elle surveille Lucas. Lyla, s’assit à côté de moi. Je lui dis.

– C'est simplement injuste. Il n'a rien fait pour mériter ça !

– Il surmontera son handicap et toi aussi, vous deviendrez forts. J'entendais les rires de Lucas et de Mary au-dessus de nous. Je levai la tête vers le plafond et cela me redonna des forces.

– Merci.

– Lucas et toi serez toujours les bienvenus ici.

Je laissai les deux s'amuser un moment, puis j'allai les rejoindre pour faire semblant de vouloir attraper Lucas et Mary pour les manger tout rond. Vers le milieu de l'après-midi. Lucas se mit à se frotter les yeux et à bâiller. Je compris qu'il était temps de le laisser se reposer un peu. Je pris donc congé et quittai la maison de Lyla avec Lucas dans mes bras. Je ne me rendis même pas au coin de la rue, qu'il s'était déjà endormi sur moi. Je tournai le coin et me dirigeai vers la sortie du village. J'arrivai à l'intersection entre la maison du professeur et l'autel de la forêt. Je décidai de visiter l'autel avant le professeur pour laisser dormir le petit plus longtemps dans mes bras. Comme à son habitude, Démola s'assit sur le bord du chemin et me laissa seul pour monter les mille marches. Il n'avait pas neigé depuis la veille. J’arrivai donc à voir que mes traces de pas étaient toujours présentes dans la neige. J'arrivai finalement au sommet des marches et me retrouvai debout sur la dalle de pierre. Le cercle que j'avais dégagé la veille pour l'éclosion de Lucas était toujours là. Toutefois, il restait seulement quelques morceaux de l’œuf au sol. Je me penchai doucement pour les récupérer, puis les plaçai dans ma poche. Je pris place devant l'autel comme à mon habitude et plongeai ma main dans ma poche. Je sortis un morceau de l’œuf que je plaçai au centre de l'autel avant de faire une promesse.

– Je ferai tout mon possible pour que Lucas ne perde pas son sourire, même dans les moments difficiles.

Lucas remua légèrement dans mes bras. Une légère brise traversa le sanctuaire, puis je redescendis par le sentier. Démola me rejoignit et nous reprîmes la direction de la maison du professeur. Je cognai à la porte. Je l'entendis me crier de rentrer. Je m'exécutai et lançai comme à mon habitude.

– C'est moi !

– Warlyok, tu peux venir ici, je suis dans mon bureau. Je le rejoignis dans son bureau en saluant rapidement les autres chercheurs occupés à leur ordinateur de l'autre côté du bâtiment.

– J'étais en train de regarder de nouveau les résultats des examens de Lucas. Comment va-t-il ?

– Il va bien. Pour l'instant, il dort. Je lui montrai Lucas blotti contre moi pour dormir. Cependant, il n'a toujours pas ouvert les yeux.

– Je vois. Si tu me le permets, je voudrais faire plus de recherches pour voir si je trouve une solution au problème de notre jeune ami.

– Merci, si vous trouvez quelque chose, vous n'avez qu'à me le dire.

Nous discutâmes sur le sujet de l’élevage des pokémons, à savoir comment s'en occuper quand ils sont jeunes et quand ils vieillissent. Je le questionnai sur le développement de Lucas. Il m'apprit, comme ma mère, que la plupart du temps, les pokémons atteignaient leur taille finale rapidement et que, dans le cas des Riolus, la taille moyenne est d'environ 70 cm de haut et qu'ils aiment combattre, s’entraîner et courir sur de longues distances. Même si je connaissais déjà la plupart des informations qu’il me transmettait, j’appréciais sa compagnie. Il avait toujours des histoires de pokémons ou des hypothèses sur eux. Je le remerciai d'avoir discuté avec moi puis je quittai la maison. Lucas se réveilla sur le chemin de retour.

– Tu as bien dormi ? On rentre à la maison maintenant. Ça va bientôt être l'heure du souper.

Quand je rentrai dans la maison, Lucas s'agita pour que je le dépose sur le sol. C'était la première fois qu'il agissait ainsi. Je le déposai au sol et il chercha le mur le plus proche avec ses pattes. Lorsqu’il le trouva, il le suivit jusqu'à la cuisine, évidemment suivi par Démola qui ne le quitta pas des yeux.

– Oh !, mais qui voilà, dit ma mère dans la cuisine, tu viens me voir ?

Je rentrais dans la pièce à mon tour pour voir Lucas marcher les bras devant lui en direction de ma mère et quand il la toucha enfin, il passa ses bras autour de sa jambe et leva la tête vers elle avec un sourire.

– Tu t'améliores, Lucas, tu vas bientôt pouvoir te promener dans la maison sans l’aide de personne.

Il émit quelques sons comme s'il était fier de lui. Finalement, nous nous installâmes à la table et mangeâmes. Nous allâmes nous coucher après avoir passé la soirée à entraîner Lucas à marcher d'une pièce à l'autre. Quand il monta dans mon lit, il s’endormit presque aussitôt. Je m'allongeai à côté de lui.

Le lendemain matin, j'étais en train de rêver d'une promenade dans un champ de fleurs avec le soleil au-dessus de ma tête. Le vent se leva et souffla de plus en plus fort sur mon visage. Peu après, le vent se faisait violent et me fouettait le visage. J'entendais des lamentations au loin, de petits cris. Je les reconnaissais, C'étaient ceux de Lucas. J’ouvris finalement les yeux. Lucas me secouait avec sa patte sur le visage pour me réveiller. Je me dis qu'il était beaucoup plus fort que les apparences montraient, car il n’y allait pas la main morte pour me pousser.

– Ça va, ça va. Je suis réveillé ! Je répliquai en l'éloignant un peu de moi. Par la suite, je me redressai sur mon lit. Lucas recommença à me pousser en lançant de petits gémissements.

– Qu'est-ce qu'il y a ? Je me retournai finalement vers lui. Il se tortillait sur place.

– Tu veux aller aux toilettes ?

Il fit signe que oui de la tête rapidement. Je l'agrippai rapidement et me dirigeai vers la salle de bain pour l'installer sur la toilette. Parce qu'il était aveugle, il avait encore de la difficulté à se déplacer seul dans la maison. En revanche, il réussissait toujours à me faire comprendre ce qu'il voulait et où il voulait aller. « Il apprend si rapidement, me surpris-je à penser, que dans peu de temps, il marchera lui-même dans la maison. » J'entendis la toilette s’activer et jetai un coup d’œil dans la salle de bain.

– Tu viens, lui lançai-je par la porte. Il se dirigea d'un pas lent et non certain vers la porte. Quand il fut à ma portée, je lui donnai ma main et nous retournâmes dans ma chambre.

Le soleil se levait tout juste à l'horizon. Je m'habillai en laissant Lucas jouer avec la grande Démola qui se laissait faire, complètement docile. Je me demandais si elle avait agi de la même manière avec ses autres enfants quand elle était plus jeune. Lucas avait encore grandi de quelques centimètres. Dans quelques jours à peine, il aurait sûrement atteint sa taille maximale. Je décidai de prendre le moins possible Lucas dans mes bras pour le laisser s'habituer à marcher et à s'orienter. Je ne le laissais pas à lui-même tout de même. Soit, je le dirigeais en lui donnant la main ou je demandais à Démola de le conduire. Dans ce cas, Lucas agrippait une touffe de fourrure sur le côté de Démola et la suivait tranquillement. Ce matin, après le déjeuner, nous sortîmes dans la cour et je montrai à Lucas ce qu'était la neige et lui montrai comment faire un bonhomme de neige, car il neigeait à gros flocons ce matin-là. Il fut très surpris de recevoir de la neige sur la tête pour la première fois, mais trouva ça rapidement cela amusant. J'étais certain que s'il avait pu la voir tomber, il aurait essayé de l'attraper en plein vol. Après le dîner, je demandai à ma mère à partir avec le traîneau et Démola pour faire une promenade avec Lucas et Mary. Elle me dit simplement de faire attention et de ne pas aller trop vite.

Je me dirigeai vers la maison de Mary. D'une main, je tirais le traîneau d'un mètre et demi de long et de l'autre main, je guidais Lucas. Comme à son habitude, lorsque nous rencontrions des gens, il se cachait derrière ma jambe. Je l'excusai en disant qu'il est très timide, puis nous continuâmes notre chemin. Arrivé chez Lyla, je laissai le traîneau sur le bord de leur entrée et m'avançai vers la porte. Cette fois, c'était le père de Mary qui répondit à la porte.

– C'est toi, Warlyok, que viens-tu faire ?

– Je suis venu proposer à Mary un tour de traîneau, je répondis ça en désignant le traîneau dans l'entrée. Je voulais que Lucas ait la chance d'en faire. Il baissa les yeux vers Lucas qui se cachait à moitié derrière ma jambe.

– C'est donc lui, le petit Lucas. Très bien. Justement, Mary est à la maison. Je vais la chercher. Il me laissa dehors avec Lucas et Démola. Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvrit et Mary sortit.

– Salut Warlyok, salut Lucas.

– Salut, tu veux faire du traîneau avec Lucas et Démola ?

– Oui !, dit-elle en sautillant sur place.

– Soyez prudent, me lança son père par la porte.

Je récupérai le traîneau et le plaçai sur le bord de la rue où j'attachai le harnais que mon père avait fabriqué spécialement pour Démola. Il me l'avait donné à mes cinq ans pour que Démola me tire avec le traîneau. Mary s'installa dans le traîneau, je plaçai Lucas devant elle et plaçai ses mains sur le morceau de bois devant lui.

– Tiens-toi fort, Lucas, sinon tu risques de tomber. Je me redressai et allai me placer à côté de Démola pour vérifier que les courroies étaient bien attachées.

– Vous êtes prêts ?

– Oui ! me lança Mary et Lucas émit un cri enjoué.

– Dans ce cas, on y va !

Démola décolla tranquillement puis accéléra le pas pour m’obliger à courir à sa hauteur. J'étais rendu trop grand pour me faire traîner par Démola, mais je ne doutais pas qu'elle serait assez forte pour me traîner sur de longues distances avec le traîneau. Ce n'était pas pour moi que j'avais sorti le traîneau, mais pour Lucas. On courut un bon moment, Mary et Lucas criant de joie derrière nous, avant de s’arrêter au sommet d'une colline. À cet endroit, beaucoup d'enfants venaient glisser, car c'était la pente la plus abrupte du village qui ne se terminait pas avec un bain dans la rivière. Je détachai le harnais de Démola et plaçai le traîneau au bout de la colline.

– Prêts ?

– Oui ! Seule Mary répondit, car Lucas ne voyait pas ce qu'il allait se passer.

– Démola va en bas pour remonter le traîneau.

Elle décolla de sa position et descendit rapidement la pente. Quand elle fut arrivée en bas, je poussai le traîneau qui descendit à vive allure vers le bas de la côte. Lorsque le traîneau s'arrêta finalement, Mary se leva en riant. J'entendis les cris de joie de Lucas aussi. Mary prit la main de Lucas et l'invita à remonter avec elle. Démola attrapa la corde du traîneau et les suivit. L'expérience se répéta plusieurs fois, puis je décidai qu'il était temps de rentrer. Malgré la désapprobation de Mary, on retourna chez elle, avant de rapporter le traîneau à la maison. Il restait encore du temps avant le souper, juste assez pour se rendre à l'autel et revenir. Lucas commençait à être fatigué de sa journée. Je le pris dans mes bras et me dirigeai vers la forêt. Quand je commençai à gravir les marches du sentier, Lucas dormait déjà. Arrivée sur la dalle de pierre, la nouvelle neige avait fait disparaître toutes les traces de ma visite de la veille. Comme toutes les autres fois de l'année, l'éclat d’œuf de Lucas avait disparu de l'autel. Je m'étais toujours demandé qui ou quel pokémon pouvait bien les prendre à chaque fois, mais je ne m'attardai pas plus longtemps à cette réflexion. Je redescendis les marches vers ma maison.