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Jusqu'à ce que les vagues cessent de nous bercer de Ramius



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» Auteur : Ramius - Voir le profil
» Créé le 07/02/2023 à 14:07
» Dernière mise à jour le 07/02/2023 à 14:07

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Aventure   Conte

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Chapitre 23 : La Dame de Plomb
Onis recula lentement, la main encore posée sur la porte, la sensation désagréable dans sa gorge se cristallisant en une boule de terreur pure. La reine. La reine était morte. Elle avait l’air vaguement dépitée, elle aurait pu sans le surprendre se redresser et faire un dernier commentaire sardonique. Mais non. Elle était morte.

Il n’avait aucune idée de ce qu’il allait bien pouvoir faire. Les appartements n’étaient pas gardés, il pouvait difficilement aller chercher un garde — on allait le soupçonner, qui d’autre que lui aurait pu commettre le meurtre ? Le temps qu’il trouve quelqu’un il serait trop tard.

« Ma reine ! »

Il se retourna vivement, incapable de lâcher la porte — il allait s’effondrer au sol s’il la laissait partir — pour voir le soldat, l’homme à la hache, en uniforme, qui se précipitait dans le corridor à petites foulées, mais pourquoi avait-il crié, il ne pouvait pas avoir vu le contenu macabre du grand lit depuis l’endroit où il se tenait ?

Il plaqua le Renégat face à la porte, l’espace d’une seconde à peine, juste le temps de jauger la situation. Puis il reporta un regard d’Acier sur Onis et déplaça sa main sur sa nuque. La prise était approximative, hâtive, mais il pouvait l’étrangler en un rien de temps.

« Je… hoqueta Onis. Je ne sais pas ce que… Je l’ai trouvée… »

Le soldat ne dit pas un mot.

Il continua de le foudroyer du regard un instant, puis se détourna vers sa reine, son visage affichant quelque chose d’assez proche de la moue de Zalan. Puis il lâcha le Renégat et lui fit signe de le suivre, remontant le corridor en trois pas impérieux. Onis suivit. Il sentait qu’il était trop remué pour gérer la situation lui-même — quitte à s’en remettre à quelqu’un d’autre, à l’ennemi, le soldat n’était pas le pire choix possible. Il avait une forme d’honneur.

Ils émergèrent dans le couloir, une autre soldate en uniforme d’apparat se tenant droite à côté de la porte. Immobile à son pied, un insecte rouge aux longs bras pointus tourna son museau moustachu vers Onis.

« Reste là, ordonna l’homme. Je te fais prévenir dès que Zalan saura ce qu’elle fait. »

Il s’éloigna furieusement. Le Renégat n’eut pas le temps de se mettre en mouvement à son tour avant que la soldate ne réagisse, ne passe outre le choc.

« C’est grave ? demanda-t-elle d’un ton qui trahissait ses doutes sur la réponse.

— Morte. »

Onis n’avait pas besoin de parler correctement leur langue pour comprendre que la réponse soufflée par la soldate était vulgaire.

L’homme à la hache — Omani, maintenant, il se rappelait que la reine l’avait prononcé pendant l’audience — ne s’embêta pas à le traîner dans un des recoins obscurs du palais. Il ne semblait pas s’inquiéter qu’on le reconnaisse ou que d’autres occupants apparaissent ; il s’arrêta au bout de moins d’une minute, devant une porte banale et sans gardes, frappa sèchement et entra sans attendre de réponse.

Le cœur d’Onis rata un battement en voyant un lit vide — puis une Zalan furieuse surgit d’un cabinet sur la droite, en robe de chambre, et beugla avec le coffre d’un Démon sur le soldat qui refermait calmement la porte.

« Est-ce que je peux savoir ce que vous foutez dans ma chambre, Lavajez ?

— Votre fille est morte. »

L’espace d’un instant, le visage de la Ministre se contracta en rictus. Et puis elle remit le masque de la colère, adopta une moue dédaigneuse, et lâcha un seul mot.

« Contrariant. »

Il y avait un maigre tremblement étouffé sous la sécheresse, trahissant l’intention de Zalan. Elle était presque arrivée à s’en convaincre, elle avait presque fait de la blessure un simple désagrément. Et échoué.

« Contrariant, souffla-t-elle une seconde fois sans y croire elle-même.

— Ça pue la politique à plein nez, le soldat attaqua-t-il sans ambages. J’ai trouvé le Guerrier collé à la porte avec la mâchoire par terre et je veux bien être pendu s’il est coupable. Quelqu’un veut lui faire porter le chapeau. »

Il n’était pas aussi combattif qu’il le semblait, nota Onis. Il parlait assez impoliment pour choquer même le Renégat, mais c’était le signe qu’il portait son propre masque. Ses yeux étaient légèrement humides.

« Développez.

— Il n’a pas de mobile, il n’a pas d’arme, il peut difficilement être sorti de cellule sans aide et sans bruit. Lyiria et moi avons trouvé la porte non gardée, et il n’aurait pas eu besoin de cacher les corps s’il avait été rapide. Soit quelqu’un a dupé Dirille et Arunio pour leur faire quitter leur poste, soit les assassins n’étaient pas assez nombreux pour amener le Guerrier pendant qu’ils les supprimaient. »

La Ministre hocha la tête, puis traversa la chambre d’un pas lent pour porter son regard par la large fenêtre. Elle resta là un instant avant de répondre.

« J’aurais été au courant si une querelle de succession avait pu se développer à ce point. Une couverture opportuniste impliquerait un assassin incompétent. Donc partons du principe que ce sont les retombées politiques qui sont visées. »

Zalan tourna la tête vers Onis et lui présenta une excuse vide avec la désinvolture d’un Lapin-Sapeur gobant un Roc-Oreille.

« Je vais devoir envahir votre pays, Guerrier. Vous m’en voyez navrée. »

Il fallut surmonter un instant d’incrédulité à Onis avant de bafouiller une réponse.

« Mais… Je veux dire… Votre Majesté, si vous pensez que l’assassin est mazakin… »

Il n’alla pas plus loin. Le regard de la Ministre était tombé sur sa main gauche, où elle jouait distraitement avec un bijou sur son annulaire.

« Votre Altesse, le corrigea-t-elle avec la fluidité née d’une longue habitude. Mais, je suppose… Je suppose que Majesté est de nouveau de rigueur. »

La reine ne poursuivit pas. Omani s’en chargea à sa place.

« Nous n’avons pas de piste concrète, expliqua-t-il d’une voix délibérément articulée. La Cour et le peuple vont exiger une réaction, et nous n’avons personne d’autre à qui faire porter le blâme. Nous devons au moins lancer les préparatifs les plus visibles, appeler sous les drapeaux. À moins que vous n’ayez une autre idée ?

— Non, répondit la reine plus fermement. Le mieux qu’on puisse espérer est de garder les recrues à l’entraînement pendant un an ou deux. La puissance militaire de l’Ordre nous donne cette excuse, dieux merci. »

Le Garde la dévisagea un instant avec un air vaguement sardonique.

« Effectivement, je n’aurais jamais cru dire ça un jour non plus, reprit-elle. Peu importe. Nous avons deux ans au mieux. Il faudra que ce soit assez pour trouver un coupable, mais si l’assassin et son commanditaire ont été décemment bons… Bon sang, s’ils ont fait un assez bon boulot, ils m’empêcheront de faire porter le chapeau à un noble surnuméraire. Merde ! »

Elle cracha le juron avec la conviction qu’elle aurait pu réserver à une cible particulière. Onis ne savait pas s’il devait être effrayé que son sort repose entre les mains de cette femme ou s’estimer heureux que quelqu’un ait la situation en main.

« C’est forcément un conseiller proche, lança soudain Omani. Personne n’aurait pu être au courant de l’arrivée des Guerriers il y a une semaine, et un meurtre qui a échappé à votre réseau d’espions n’est certainement pas opportuniste. Le commanditaire a été informé de ma mission dans le désert, qui autant que je sache était restée strictement entre votre fille et… »

Un éclair de compréhension passa entre eux deux. Du peu qu’il avait vu de la politique mazakine, Onis pouvait supposer avec sûreté qu’il ne faisait plus vraiment partie de cette conversation.

« Avandras, termina la reine. Éliminé il y a deux semaines.

— Eh bien, ça élimine la possibilité d’une attaque montée en un jour ou deux.

— Je n’en serais pas si sûre, certaines des Filles du Port sont largement capables de passer derrière tous les gardes du palais pour le sport. Hmm. Si l’une d’elles a cru pouvoir faire une blague ou échapper aux régulations que je leur ai imposé, je les enferme toutes dans un bordel et tant pis pour les convenances. »

Pour la première fois depuis qu’il était entré dans les appartements de la reine, Omani eut un instant d’arrêt. Il déglutit silencieusement.

« Inélégant, je sais, admit Zalan. En plus d’être un gâchis d’excellentes assassines et de heurter mes convictions. Mais c’était ma fille, bon sang… »

Elle posa une main sur le rebord de bois sous la fenêtre, tapotant rapidement.

« Ça pourrait être une puissance étrangère. La seule chose que nous avons à perdre dans cette guerre, c’est des soldats. Et une poignée de Dresseurs.

— Majesté, coupa Omani. Qu’est-ce qu’on fait des Guerriers ?

— Nous allons éviter de les faire exécuter, commenta-t-elle après un instant d’hésitation. Donc… ils se sont échappés, je suppose, et je suis forcée de leur envoyer la Garde au train.

— Vous ne pouvez pas vous séparer de la Garde quand on vient de tuer votre prédécesseuse… Pardon.

— Inutile de ménager mes sentiments, jeune homme. Vous avez raison ; la reine étant morte et probablement deux Gardes avec elle, je ne peux me permettre d’en envoyer qu’un seul. Ce sera vous. »

Le soldat ravala un murmure ironique à demi formé, hochant sèchement la tête.

« Votre village natal. Combien d’habitants ?

— Six cents.

— Ça ira. Emmenez-les là-bas, informez la population de ce qui se passe vraiment. Partez du principe que notre adversaire attend ça et vérifiez que personne ne quitte le village. Pas de place du marché, évidemment ?

— Non, le seuil est à mille deux cents habitants. Ni place officielle, ni place officieuse. Du moins quand j’y étais.

— Bien. Vous avez le droit d’appâter le maire avec la promesse de monter son quota à mille deux s’il n’y a pas d’incidents. Faites-le rester discret s’il monte une chasse aux sorcières, mais ne le stoppez pas.

— Bien, Majesté.

— Voilà pour la destination. Allez chercher les deux autres Guerriers et amenez tout le monde là-bas. Vous pourrez gérer le voyage ?

— Je passerai par le Jussabal. Aucun problème là-dessus.

— Ce qui laisse le palais. Envoyez tous les gardes et les servants qui vous verront à la Garde pour être tenus au secret, je m’occuperai de leur faire tenir leurs langues. Autre chose ?

— J’amènerai les Guerriers chez moi pour attendre le soir. Mieux vaudra voyager de nuit.

— Oui, bien pensé. Et… ah ! Les dragons, aussi. »

Elle s’interrompit. Omani ne répondit pas. Ils partagèrent un regard, et une moue.

« On les laisse à Taezïoud, souffla le soldat au bout d’un instant.

— Je ne vois pas de façon crédible de les sortir de l’arène. Ça m’arrangerait, pourtant ; pas de dragons, pas d’entraînement des troupes, pas de guerre. Mais si nous faisons ça aujourd’hui, la garde municipale va être ridiculisée au-delà de ce que la Cour acceptera d’avaler. On pourrait même me pousser à déclencher la guerre quand même.

— Une seconde attaque sur l’arène après l’évasion du palais est quand même logique de la part de fuyards, j’y réfléchirai une fois arrivés à Tolla.

— Minimisez les risques en sortant du village. Si les patrouilles en campagne capturent les Guerriers avant que je n’ai trouvé le coupable, je ne peux rien faire pour eux.

— Avandras nous entraînait à éviter un schéma de patrouilles standard, sourit Omani. Autre question : sont-ils retenus à Tolla en tant que prisonniers ?

— Témoins, témoins. Alliés de circonstance, même ; nous cherchons tous à éviter d’envahir leur pays, après tout. Vous avez une position à ce sujet… euh, Onis ?

— Je suis complètement dépassé par votre conversation, admit platement le Renégat.

— Ça fait plaisir de voir que je peux encore perdre quelqu’un qui n’a pas l’habitude de la Cour. Bon, Omani, je crois que nous avons fait le tour ?

— Oui. Inutile de perdre plus de temps.

— Bonne route, soldat. »

L’autre hésita une seconde à peine avant de répondre.

« Bonne chasse, Majesté. »

Le sourire que Zalan lui adressa était une chose vicieuse et meurtrière. Non sans raison : les arrivistes les plus récents de la Cour n’allaient pas tarder à comprendre sa réputation de fléau.

Sans un mot de plus, le soldat ressortit dans le couloir, traînant presque Onis derrière lui. Un instant d’hésitation, et puis il se dirigea vers la tapisserie la plus proche et ouvrit la porte qu’elle dissimulait, se faufilant dans le labyrinthe de couloirs secondaires.

Leur trajet sembla inutilement compliqué à Onis. Mais ils ne croisèrent personne, et sans doute était-ce le but.

Le premier garde qu’ils virent fut celui qui se tenait dans l’antichambre où le Renégat avait passé la nuit. Omani ne prit pas de gants.

« Soldat, lança-t-il impérieusement. Vous étiez de garde quand cet homme a été sorti de cellule ?

— Oui, monsieur, répondit l’autre.

— Présentez-vous à la Garde Royale. Vous êtes tenu au secret par ordre de la reine, et vous serez interrogé sur la personne qui a pris la garde de cette homme.

— Je… À vos ordres. Monsieur. »

Il y avait quelque chose de brisé, dans sa voix, d’incrédule. Son service, après tout, venait d’être remis en cause, et Onis pouvait compatir pour lui. Mais il ne se retourna pas sur l’homme quand il s’éclipsa par la porte principale.

Il avait laissé les clefs sur la table, et Omani était déjà en train de délicatement manipuler la serrure piégeant Aixed.

« Alors, Onis, lança la Guerrière d’un ton rogue. Les manières de nos hôtes sont charmantes, non ? Comment as-tu trouvé ta petite séance d’interrogation ? »

La porte s’ouvrit avant que le Renégat ne comprenne ce qu’elle voulait dire, pendant qu’Omani s’attaquait à la cellule de Margar. Aixed n’avait même pas pu apprendre les fragments de mazakins que son épée lui avait donnés. Elle n’avait aucune idée de ce qu’il se passait et se contentait de le provoquer pour son incartade de la veille.

« Je sais que je ne mérite pas ta confiance, répondit-il d’un ton qui sonnait faux. Je te la demande quand même. Ils vont nous déplacer hors de la ville, et je crois que tenter de nous échapper serait la pire chose à faire.

— Mais tu n’oses pas me le demander directement. »

Elle le toisa, hautaine. Derrière elle, le soldat dans le couloir traînait une scientiste trop occupée à bâiller pour marcher droit.

« Je bute le premier qui nous ralentit, avertit Omani, et Onis le crut.

— ‘Vais faire un effort. »

Margar avait l’air sincère, mais pas spécialement impliquée. Eh bien.

« La reine a été assassinée, expliqua Onis. Nous sommes suspects, mais ils savent que ça ne peut pas être nous. Écoutez, ça me passe largement par-dessus la tête, mais Omani nous expliquera ; pour l’instant—

— Assez bavassé, rétorqua le concerné. On va chercher vos épées. »

Le Renégat se rappela avec un temps de retard que lui ne parlait pas la langue du désert.

Trois autres côtiers croisèrent leur chemin dans les couloirs obscurs, deux servants et un soldat. Chaque fois Omani les envoya sèchement à la Garde, semant une ombre effrayée sur leurs visages. Onis vit du coin du regard, la seconde fois, que la scène faisait réfléchir Aixed. La gravité de la situation était évidente.

Elle ne fit mine ni de s’échapper, ni de protester quand Omani accéléra le pas après ce servant-là.

Les épées étaient stockées dans un arsenal, sous la surveillance d’un garde de plus. Cette fois-ci, le Garde lui ordonna d’aller chercher quelqu’un d’autre au passage, pour le remplacer dans son alcôve.

Il y avait quelque chose de rassurant à retrouver leurs épées. Onis entendit distinctement les trois chants qui s’élevèrent à leur entrée dans la pièce : la joie de retrouver leurs maîtres, le confort répondant à leurs doutes et leurs faiblesses.

Omani s’empara d’une paire de haches de bois et d’un jeu de lames. Deux armes. Il ne voulait pouvoir risquer de briser la première. Il leur jeta un regard froid, le regard d’un combattant prenant ses décisions sans hésiter au cœur de la mêlée, et s’élança en courant dans le couloir suivant. Trois foulées plus confiantes le suivirent.

Le palais se réveillait. Quatre servants et deux soldats furent envoyés à la reine, à leur tour. Onze vies qui auraient bien pu être brisées à voir la détresse qu’ils affichaient tous lorsque l’ordre tombait. Il avait suffi d’un rien, pour la plupart d’entre eux. Être là dans le mauvais couloir, au mauvais moment ; croiser le groupe de fuyards, apercevoir un instant le mensonge que la reine s’apprêtait à propager pour apaiser son peuple, et ils n’étaient plus que des objets dont on pouvait disposer. Des menaces qu’on pouvait tenir au secret. Onis s’efforça de ne pas y penser. Il n’avait pas saisi toutes les nuances de l’affaire, il le savait. Il ne pouvait pas juger ce qui lui échappait aussi largement.

Puis ils débouchèrent dans un hangar inondé à demi, une poignée de barques dansant sur l’eau qui longeait un quai de pierre avant d’aller se jeter dans la baie par une arche de pierre. La lumière du jour rendait une poignée de torches inutiles, jetant une ombre oblique sur l’eau.

Le soldat eut un mouvement du poignet, et un éclat de lumière blanche remplit le bassin. La lumière jetait d’étranges reflets sur les écailles du serpent de mer.

« Retenez votre souffle et ne bougez pas, ordonna Omani en grimpant sur le dos du monstre. On ne restera pas longtemps sous l’eau. »

Il leur fallut un moment avant de trouver comment tous tenir là-dessus, qui accrochée à un barbillon, qui une main serrée sur les bois bleu sombre ornant le crâne de la bête. Mais ils y parvinrent. Et l’eau ne tarda pas à les engloutir, un courant insidieux et impétueux cherchant à les arracher à leur monture.

Ce ne fut pas long. Ils émergèrent bientôt dans un bassin similaire, quoique bien moins large. Un simple escalier montant vers le plafond de bois était tout ce qu’il y avait à voir. Le soldat les pressa dans cette direction — son uniforme était complètement ruiné, nota Onis. L’eau avait ravagé les couleurs et étalé des traces rouges et noires partout. L’autre s’en moquait complètement.

L’escalier menait à un salon qui avait été riche autrefois, avant d’être passé à son propriétaire actuel. Les pierre des murs étaient droites et régulières, l’âtre de la cheminée propret, les fenêtres larges et claires, mais les meubles perdaient des échardes et les rideaux avaient vu leurs teintes se faner.

Omani haussa les épaules.

« Bienvenue chez moi, annonça-t-il ironiquement. Asseyez-vous. On a un sacré tas de merde à discuter. »