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Jusqu'à ce que les vagues cessent de nous bercer de Ramius



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» Auteur : Ramius - Voir le profil
» Créé le 07/02/2023 à 14:06
» Dernière mise à jour le 07/02/2023 à 14:06

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Aventure   Conte

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Chapitre 21 : L’honneur d’une reine
Le soldat restait figé, rigide. Ce n’était guère qu’une illusion. Onis l’avait suffisamment vu se battre pour le savoir : s’il repérait le moindre signe d’hostilité, il riposterait sur-le-champ et trancherait dans le vif. Être planté devant la porte, droit et ferme, attendre patiemment que les Maîtres à l’intérieur aient assemblé leur décorum et soient prêts à ouvrir, c’était un jeu pour lui, un exercice de volonté par lequel il mettait sa patience à l’épreuve.

Ils appelaient ça le garde-à-vous. Une pratique absurde, mais le Renégat devinait ce que les côtiers cherchaient à obtenir avec cette démonstration d’obéissance. Une trace d’intimidation, une bonne dose de frustration, un soldat impatient qu’on lui offre un prétexte pour se battre et pas assez irrité pour perdre le contrôle. C’était cruel pour lui, mais ça marchait, et Onis ne se sentait pas beaucoup d’empathie pour l’homme à la hache.

D’un autre côté, ce qui devait être oppressant pour un natif de la côte perdait de sa splendeur pour un enfant du désert. Les hautes colonnes de pierre, les soldats immobiles, les rues droites, ces étalages de pouvoir n’avaient pas grand-chose pour eux à côté du moindre ruisseau de montagne. Et quant à attendre — Margar faisait les cent pas avec un énervement à peine contenu, mais Onis se faisait un plaisir de dévisager le soldat sans ciller. L’autre ne lui avait pas accordé un regard, et cela devait peut-être faire une heure, maintenant. Entre guerriers, ils parlaient comme une seconde langue le langage de l’intimidation.

La scientiste jeta un énième regard noir à la porte de bois laqué sur ses gonds de pierre, se détourna en soupirant bruyamment, et comme si le palais n’avait attendu que cela, un loquet feutré se fit entendre. Un des larges battants s’entrouvrit pour laisser le passage à un serviteur à la livrée blanche striée de rouge, une broche en forme de phare sur le cœur, et Margar le foudroya du regard comme s’il était responsable de toutes ses peines.

« La Reine de Mazaïkan va vous recevoir, annonça l’homme sans se laisser impressionner.

— Nous la remercions de consacrer du temps, sourit Onis. C’est aimable à elle. »

Un rictus rida le visage du soldat. Il leur fit signe de passer devant pendant que le serviteur ouvrait la porte en plus grand, et rien dans le pas du Renégat ne laissait deviner qu’il venait d’insulter l’hospitalité de son hôte. Laquelle, comble de l’ironie, n’en saurait rien avant la fin de l’entrevue.

Sans doute la salle du trône devait-elle impressionner ses invités ; l’effet était perdu sur Onis. Pour une salle, c’était une grande salle, mais elle pouvait bien être la plus grande du palais, dotée des fenêtres les plus hautes qu’on ait percées dans la muraille, pour éclairer les tapisseries les plus riches et les plus flamboyantes, et son parquet lustré pouvait bien porter les silhouettes de dizaines de hauts pontes, et ses bancs et ses galeries pouvaient bien en abriter des centaines de plus, ce n’était jamais qu’une salle. N’importe quel champ, dehors, était encore plus vaste.

Les nobles portaient des étoffes vives et colorées, des coupes complexes dont le Renégat ne suivit pas les plis, des bijoux dont le matériau n’importait pas. Il n’était pas là pour eux. Il était là pour l’éclat de brocart rouge juché sur son trône de pierre blanche, au fond de la salle, et la seule chose qui impressionna le Renégat était le jeune âge de la reine.

Zalan II n’était pas plus vieille que trente ans. Il ne pouvait pas baser d’estimation sur la pâleur peu familière de sa peau, mais derrière son trône, debout et fière dans le deuxième habit le plus rouge de la salle, se tenait ce qui ne pouvait être que sa mère. Était-ce une bonne nouvelle, une mauvaise ? Il ne le saurait que quand il serait trop tard. Les côtiers l’avaient dérouté avant même de commencer à lui parler.

Le soldat avait suivi ; il les arrêta à distance moyenne du trône.

« Votre Majesté, déclara-t-il en s’inclinant. Voici les Guerriers des Sables qui se sont introduits dans votre palais il y a deux nuits. »

Margar s’avança crânement d’un pas et imita le salut du soldat, altérant sa pose comme si elle se tenait sur du sable. Une façon de témoigner son respect, sans suggérer d’allégeance : Onis l’imita. Le soldat les regarda d’un air drôle en allant se poster à la gauche de la reine, gardant une main sur la hache passée à sa ceinture. Les ornements métalliques noirs et mats sur son habit n’avaient aucun équivalent dans la salle, et le Renégat en déduisit que ce type-là devait être un genre de garde d’élite. Voilà qui expliquait qu’il soit aussi coriace.

La reine ne disait rien. Margar décida qu’elle les invitait à parler. L’absence de son épée la força à rester simple, mais même ainsi, elle se débrouillait mieux qu’Onis : ils n’avaient pas eu besoin de se mettre d’accord pour décider que ce serait à elle de mener les discussions.

« Ce n’est pas la meilleure introduction qu’on peut souhaiter, remarqua-t-elle. Les apparences sont contre nous, Majesté, mais je vous assure que nous ne voulons à aucun mal. Nous avons suivi la piste d’une sœur, et notre seule intention était de la libérer.

— Une volonté louable, s’amusa la reine. Ceci dit, comment vous en êtes passés de là à vous infiltrer au travers d’une enceinte lourdement gardée m’échappe un peu.

— Pour qui est un garde ? intervint Onis. Sinon pour se protéger des monstres qui rôdent.

— Ce que veut dire mon comparse est que les usages de la côte nous sont étrangers. Lorsque nous avons réalisé que nous étions les monstres, il était trop tard pour faire demi-tour. »

Le Renégat n’appréciait pas tout à fait de passer pour l’idiot de service. Il n’y avait rien à faire ; les regards moqueurs des nobles et des courtisans lui brûlaient la nuque, et il les subirait chaque fois qu’il dirait quelque chose. Ce qui aurait pu fournir un outil de plus à Margar… si la reine s’était laissée convaincre. Tant pis.

« Je le conçois, dit-elle. Vous vous trouvez maintenant dans une situation désagréable, et j’en suis consciente également. Pourtant, un détail joue en votre faveur. Savez-vous pourquoi votre sœur se trouve enfermée dans mes geôles ? »

Margar pesa sa réponse un instant. Bien sûr ; le seul élément de réponse qu’elle avait était la capture à laquelle elle avait assistée, et qu’elle ne pouvait décrire sans révéler qu’elle mentait éhontément en prétendant se soucier de ce qui pouvait bien arriver à Aixed.

« Elle est notre sœur, et nous l’avons suivie, trancha la scientiste. Quelle importance, si son infortune est la volonté des dieux ou celle des mortels ? »

Zalan sourit, sur son trône, et Onis révisa son jugement sur Margar. Elle aussi venait d’insulter son hôte. Les yeux dans les yeux, au milieu d’une salle prête au carnage. Le Renégat devait s’admettre impressionné.

« Je regrette que nous n’ayons pu lui parler. Elle doit être une personne remarquable, pour vous inspirer une telle dévotion. »

La reine se redressa un peu sur son trône, un geste qui rappelait la conteuse s’élançant dans une longue histoire, comme si de rien n’était. Personne n’était dupe. Regretter qu’Aixed ne parle pas d’elle-même, c’était la menacer de torture, et il aurait peut-être mieux valu que la scientiste tienne sa langue. Elle n’avait pas l’air particulièrement repentante.

« Vous devez comprendre que votre monde et le nôtre ne semblent pas voués à vivre en paix, entama Zalan. Pendant des siècles, les Royaumes Côtiers ont prospéré grâce à la pluie soufflée par l’océan. Maintenant, le chemin vers l’avenir est bloqué. Tout ce que l’Ancien Monde pouvait créer, il l’a usé jusqu’à la corde, et après douze millénaires, le peu qu’il reste sur la côte est rouillé et bon à jeter. La pluie qui nous a fait fructifier nous embourbe maintenant, et si vous avez traversé mon royaume, vous l’avez vu de vos yeux.

» Les champs de Mazaïkan sont plus riches que jamais, ses greniers sont pleins, et ses paysans courent encore se réfugier sous les bocages quand un Bruyverne descend des collines. Nous stagnons. Nous devrions avoir dépassé cette peur constante, depuis des années, mais les ressources qui le permettraient, les matériaux qui sortiraient notre société de sa douloureuse enfance, tous appartiennent encore à l’Ancien Monde. Ils nous sont interdits, mis hors d’atteinte par la rouille… ou le sable.

» Le désert immuable a su préserver ce que la côte a rongé. Mais Mazaïkan n’a aucune prise sur les dunes : votre Ordre a prouvé à maintes reprises que nul ne marchera au cœur du monde sans respecter votre peuple. Malheureusement, l’Ordre refuse de négocier. Il n’entend pas nos suppliques, il nous a renvoyés les têtes coupées de nos émissaires. Si nous voulons survivre, nous n’avons pas le choix. Nous devons obtenir les richesses ensablées dans le désert… et en payer le prix, alors même que nous n’avons aucune hostilité pour son peuple.

» Omani vous a arraché votre sœur pour la livrer à nos questions, c’est vrai. C’est la mission que je lui ai donnée, et j’en porte seule la responsabilité. J’ai fait le choix de faire couler votre sang pour le salut de mon peuple. Je ne vous demande pas de l’accepter. Je vous dis simplement ce qu’il y a en jeu pour nous tous, et les actions que cela nous a poussés à commettre. Vous êtes venus porter vos armes au cœur de ma maison pour votre sœur, mais je ne peux vous en vouloir. C’est dans l’ordre des choses.

» Cela, j’espère, répondra à quelques-unes de vos questions.

— Ayez pitié, Majesté, rétorqua joueusement Margar. Nous ne parlons pas assez bien le langage de la côte pour apprendre toutes les nuances d’un si beau discours ! »

Cette pique-ci arracha un froncement de sourcil à la silhouette silencieuse à la droite de la reine, contrairement aux précédentes, mais Zalan pouffa de bon cœur.

« Il te manque un bout ? poursuivit la scientiste dans le langage du désert, à l’intention d’Onis.

— J’ai le principal. Je ne vois pas pourquoi elle parle de pluie, mais tout le monde sait que la côte a besoin de ressources que l’Ancien Monde a gaspillées.

— Oui, c’est l’idée, confirma-t-elle avant de reporter son attention sur la reine. Ah, il est désespérant. Il vous résumerait tout un livre de lois aussi brièvement. »

Onis résista à la tentation de lui jeter un regard noir — d’accord pour poireauter une heure et ne rien pouvoir faire pour parler bellement, mais sa patience avait des limites. Il prit sur lui. Bien sûr qu’il aurait pu résumer un code légal en quelques phrases. Il avait été l’Apprenti d’un certain Gorbak, après tout. Il releva un peu le menton et planta un regard fier dans les yeux de la reine.

Et le message passa, d’une certaine façon. Elle ne les impressionnerait pas par de belles formules.

« La concision est une vertu, admit-elle. À ma décharge, j’aurais volontiers poursuivi une douzaine de minutes. Mais j’en reviens à ce qui me concerne vraiment ; n’y a-t-il vraiment aucun moyen de négocier avec l’Ordre ? Ne pouvez-vous pas lui porter notre amitié, et nous permettre de bâtir une relation qui ne soit pas faite de défiance et de meurtre ? »

Le Renégat aurait éclaté de rire. Il parvint à se limiter un rictus, mais le mal était fait, et il n’allait pas pouvoir couper à une réponse. Pas sous le jugement lourd et agressif de la salle entière.

« La confiance a souffert, dit-il. Nos contes parlent de guerres trop nombreuses, et la dernière n’est pas plus vieille que moi. Nous en avons perdu un quart de nos siblings. Ce n’est pas une blessure qui se refermera seule. Le devoir d’un émissaire, je crains, serait alourdi par ce passif.

— Je ne puis que plaider coupable, prétendit la reine en écartant les mains. Je connais l’histoire de mon pays, je sais que des brigands échappent encore à nos campagnes pour aller errer dans le désert, et je sais que ma bonne volonté ne suffit pas pour alléger ce fardeau. Pourtant, parfois, on doit décider de faire une chose, non parce qu’elle est facile, mais justement parce qu’elle ne l’est pas. Le défi ne vous tente-t-il pas ?

— Votre appel à la paix nous touche grandement, Majesté, improvisa Margar. Et je vous assure qu’il n’est pas vain ; je crois autant à cette noble idée, et… »

Onis la laissa broder, peut-être un peu exaspéré par cette joute verbale alourdie par de belles tournures et des menaces fleuries. La reine aurait pu se contenter d’une poignée de mots : elle était prête à échanger sa prisonnière rétive contre une paire d’intermédiaires plus conciliants. À ses yeux, Onis et Margar étaient venus de loin pour la secourir, et maintenant qu’ils étaient à sa merci, ils accepteraient n’importe quel marché qui leur laisserait une porte de sortie. Il n’y avait même plus besoin de « questionner » la captive, quelle aubaine.

Évidemment, retourner à l’Ordre était hors de question. Les Guerriers avaient peut-être abandonné la poursuite, mais si Onis et Aixed pointaient le bout de leur nez à Yspèri — à supposer qu’on laisse Aixed sortir de sa geôle — il ne s’écoulerait pas deux nutes avant qu’on ne les étripe. L’Ordre serait dans son bon droit. Et quant à Margar… elle pouvait peut-être espérer une réaction encore plus hostile. Et cela voulait dire qu’Onis n’avait qu’un seul argument pour négocier la libération d’Aixed.

Lui-même.

« Je reste convaincue que le temps jouera en faveur de la paix, disait la reine. Mazaïkan a beaucoup à offrir au désert : malgré nos difficultés, nous maîtrisons la médecine et l’irrigation, et je suis certaine que nous saurons gagner la confiance du désert par leur intermédiaire. »

Onis n’était pas certain de ce qu’il avait manqué, mais c’était sans importance. Margar ne faisait que gagner du temps ; l’idée d’un émissaire était une impasse. Les royaumes avaient accueilli leur lot de réfugiés après la chute de l’Oracilis, dix ans plus tôt, et si Mazaïkan avait voulu en nommer un ambassadeur, ce serait fait depuis longtemps.

Non, la guerre était inévitable. Peut-être, en restant silencieux, Onis aurait-il pu la retarder, voire même empêcher les côtiers d’apprendre ce qu’ils souhaitaient savoir. Mais cela aurait signifié se sacrifier pour l’Ordre. Et dans cette salle du trône étrangère et hostile, au milieu de tout ce que l’Ordre existait pour combattre, le Renégat ne trouva pas la volonté de le faire.

Margar avait réussi à dévier l’offre d’assistance de la reine en comparant les besoins du désert et de la côte. Quelques froncements de sourcils, dans le parterre de nobles, accompagnèrent sa mention d’un terme qu’Onis ne saisit pas, un mot aux consonnances aériennes de l’Ancien Monde. Un terme technique qu’elle n’aurait pas dû maîtriser, qui n’était là que pour marchander, pour pinailler sur ce que serait un échange équitable entre le désert et la côte, alors que la possibilité d’une relation avait à peine été justifiée. La reine ne montrait rien, ni ce qu’elle pensait du stratagème, ni ce qu’elle pensait de l’argument de la scientiste — plutôt logique : la sorte d’aide à la marche qu’elle semblait évoquer ne pourrait pas être transposée directement du sol plat de la côte au sable du désert. Mais Onis en était convaincu, Zalan avait deviné qu’ils n’étaient pas ce qu’ils semblaient être.

Un court silence conclut l’exposé de Margar. La Cour était intriguée, ou soupçonneuse, trop pour reporter tout de suite son attention sur le Renégat lorsqu’il prit la parole.

« Excusez mon impatience, car ce n’est pas un problème dont je suis familier. Je me fie à votre jugement pour soigner les corps et appeler la confiance, mais il me semble hâtif de tout miser sur un seul plan. Je puis en offrir un autre, moins bon, moins souhaitable, mais plus sûr. Je puis entraîner vos soldats contre mes siblings. »

Voilà. Il se serait attendu à ce que ce soit plus difficile à dire. Mais échanger une vie contre deux mille semblait bien plus simple que décider d’épargner Margar, et avec elle les enfants de Zoajri. Bien plus abstrait. La scientiste darda un regard indigné sur lui.

« J’ai affronté cet homme, releva Omani avec une confiance de façade. Son enseignement serait précieux. »

Il semblait jeune, au milieu de ces courtisans mieux habillés et aux trait plus sévères. La reine hocha tout de même la tête, se fiant à son expérience. Elle eut une moue attristée en mordant à l’appât, mais sa prise était d’Acier. Comme s’y attendait Onis.

« Non, vous avez raison, affirma-t-elle comme si cela la dérangeait vraiment. Nous nous emportions sur l’aspect diplomatique, mais mes généraux seraient outrés que leur domaine de compétence soit négligé. Omani vous les amènera, Guerrier, et je vous promets ceci. Tout ce qui est en mon pouvoir pour empêcher qu’une arme soit portée contre vos frères et sœurs, je le ferai. »

À moins d’estimer que la sécurité de son peuple passait devant, bien sûr. Mais elle n’avait pas besoin de le dire. Onis hocha la tête, sans sourire, sans essayer de se convaincre que c’était une faveur qu’on lui faisait, et laissa Margar reprendre son argumentaire. Comme si elle pouvait encore trouver la conviction de le faire maintenant qu’Onis lui avait tout sabordé.

Un Guerrier n’aurait jamais fait ça.

Mais un Guerrier aurait tué la scientiste, et condamné son village. Un Guerrier aurait rasé Dregahi, parce que les malédictions qui hantaient et protégeaient la Cité d’Antan n’étaient que des superstitions commodes. Un Guerrier serait mort plutôt que d’être capturé par l’engeance de la côte, et un Guerrier se serait échappé du palais dans un bain de sang au lieu d’assommer quelques gardes et de se rendre.

Un Guerrier aurait su que ce qu’il faisait était juste, ou au moins, nécessaire. Gorbak l’avait admis, dans son dernier souffle, dix ans plus tôt. Dès qu’il avait commencé à s’interroger, à chercher le compromis, il s’était condamné à dériver à l’écart de l’Ordre. Lui avait eu la chance de partir en beauté, sans que sa corruption n’ait été révélée au grand jour. Onis, non, et il ferait avec.

Il comprenait ce que son maître avait voulu dire, maintenant. L’Ordre ne pouvait pas protéger le désert. Il avait repoussé l’armée côtière, lors de la guerre, mais les côtiers essaieraient toujours autre chose, trouveraient un autre moyen. L’Ordre était condamné. Mais un seul Renégat pouvait suffire à reprendre le désert. Un Renégat pouvait trouver un autre moyen.

Il retournerait dans le désert, lorsque les armées de Mazaïkan se mettraient en marche pour l’écraser, et il s’assurerait lui-même que son peuple resterait libre, vivrait sous le soleil et les feuilles en suivant les coutumes de ses ancêtres. Ou s’en écarterait, s’il le souhaitait.

Il accompagnerait les armées et renverrait Zalan II à sa promesse. Il n’y avait pas besoin de plus.