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Jusqu'à ce que les vagues cessent de nous bercer de Ramius



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» Auteur : Ramius - Voir le profil
» Créé le 01/02/2023 à 07:16
» Dernière mise à jour le 01/02/2023 à 07:16

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Aventure   Conte

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Chapitre 20 : Masques d’acier et de laine
Omani essuyait quelques miettes de pain de sa chemise lorsqu’on toqua à la porte. Il la regarda machinalement le temps de décider s’il allait se mettre en retard ; le tambour-maître du palais avait battu midi quelques minutes plus tôt, et il devait prendre son tour de garde à treize heures. Il alla ouvrir en espérant que ce ne soit pas une urgence.

Au lieu de quoi il trouva Lowo sur le pas de sa porte. Le Garde était en civil, une besace replète au côté, et ses traits fermes ne laissaient pas voir qu’il n’avait pas dormi plus de six heures. Sur son épaule, son Cornèbre adressa au pêcheur un hochement de tête grave.

« Lowo, l’accueillit Omani. Bien dormi ? Qu’est-ce qui t’amène ?

— Ça va, prétendit l’autre. J’ai arrangé ton tour de garde avec Dirille, tu passes cette nuit. »

Le pêcheur ne répondit rien. Il se renfrogna, simplement.

« Ouais, grinça Lowo. Je sais, je sais. Mais je ne peux pas te laisser sans voir ça. Tu as toujours cette machine à transporter Saïyenn ?

— Oui. Aucun autre Pokémon ne pourra y entrer.

— Va la chercher. »

Quand ils avaient été un peu plus jeunes tous les deux, Lowo avaient parfois donné un ordre à Omani avec ce ton sec. Il ne l’avait plus fait depuis que le pêcheur avait reçu le grade de sergent attribué aux Gardes Royaux à la fin de leur formation, et cette distance soudaine n’inspirait rien de bon. Omani obéit en silence, passant rapidement au sous-sol où la serpente se reposait dans son bassin relié à la baie, puis suivit son aîné dans la rue.

Il y avait une foule modérée, continue, bruissante. Lowo imposa à Omani un pas rapide, nerveux, qui ne les mettait à portée d’oreilles indiscrètes que quelques secondes au plus, et même alors, il ne parla qu’à voix basse.

« Normalement tu n’auras pas besoin d’elle, attaqua-t-il sans prévenir. Mais je préfère être prudent. Si tu dois fuir et qu’on te barre la route, tu l’appelle et tu sauves ton cul.

— Dans quel bordel tu m’emmènes ? »

Le Cornèbre répondit d’un croassement saccadé, aux airs de rire enroué. Omani savait pour l’avoir vu faire mordre la poussière à Saïyenn plusieurs fois, quand elle était bien plus jeune, que l’Oiseau noir était rusé et fourbe, loin de la précision carrée de son maître. Il comprenait la conversation, cela ne faisait aucun doute.

« Siebtze, accusa finalement Lowo. Cette foutue teigne.

— Eh bien ? s’impatienta Omani. Il y a une raison pour que tu ne l’aimes pas ?

— Oh, oui. Je serais intervenu bien plus tôt si j’avais su que c’était elle qui partait dans le désert avec toi. »

Il semblait prêt à replonger dans le silence, son visage tordu par un rictus. Omani soupira d’exaspération, et lui agrippa fermement le bras — provoquant un avertissement sinistre du Cornèbre.

« Arrête de tourner autour du pot, merde ! »

Il n’avait pas brisé l’allure, mais Lowo s’arrêta l’espace d’un instant pour se dégager et toisa froidement son collègue lorsqu’il reprit sa marche.

« Je ne sais pas si tu te rends compte que je risque ma peau, cingla-t-il. Sans parler de tous les serments que je suis en train de trahir, mais ça c’est moi que ça regarde. »

Lowo laissa planer encore un soupçon de silence, le temps de reporter son regard devant lui, puis se lança avec une dureté nouvelle dans la voix.

« Elle t’a parlé du Culte ?

— Du… bredouilla Omani. Tu veux dire, toi aussi ?

— Ouais. Moi et Srakaï. Siebtze t’a menti, Omani.

— J’avais remarqué.

— Tu as remarqué qu’elle pue le parjure. Tu n’as aucune idée à quel point elle est vicieuse. Elle ne sait rien faire d’autre que mentir ; elle ne t’a dit la vérité sur rien.

— Je te prends au mot, le provoqua Omani. Les huit forces, c’est de la connerie ? »

L’air abasourdi que Lowo lui lança lui confirma le contraire. Omani s’en était douté. Du peu de politique que Zalan avait réussi à lui mettre dans le crâne à force de bavarder avec son escorte lors des longs voyages diplomatiques, le meilleur mensonge était celui qui n’était constitué presque que de vérités.

« La salope, souffla Lowo. Elle t’a parlé de ça ?

— Et ça ne m’a pas poussé à lui faire confiance.

— Non, sans blague. Je n’aurais fait un truc pareil que si j’avais été certain de pouvoir te recruter, Omani. »

Le pêcheur ricana. Il avait l’impression surréaliste que rien de ce que Lowo lui dirait ne pourrait le surprendre — Siebtze aurait déjà tout dit, et tordu toutes les vérités. Oui, il était prêt à croire ça.

« Elle a mentionné ça aussi, oui.

— Bordel, je n’ai jamais rien compris à ses magouilles. C’est une politicienne. Pire que tous les crétins qui se pavanent à la Cour, et beaucoup plus dangereuse. Tout ce qu’elle a fait servait à te manipuler, mon vieux, et je suis prêt à parier qu’elle n’a pas fini.

— Je m’en rappellerai, répondit Omani sans aucune intention d’en faire une promesse. Et désolé si je m’acharne, mais où allons-nous, du coup ?

— À son sacre. »

Le pêcheur ne trouva rien à répondre.

Lowo lui jeta un regard en coin, un rictus aux lèvres.

« Je me disais bien que tu la fermerais, grinça-t-il. Je veux juste que tu voies ça. Tu en fais ce que tu veux, et surtout, tu trouves un moyen de faire semblant la prochaine fois que tu la verras. Si jamais elle a des soupçons sur toi, je te souhaite toute la sagesse du monde pour lui échapper. »

Il continua sur deux pas avant de se rendre compte qu’Omani s’était arrêté, et de se retourner vers lui. Ils restèrent là quelques secondes, au milieu de la rue, et le cultiste ne dit rien. Il n’y avait rien à dire.

« Comment je sais que je peux te faire confiance ? demanda Omani.

— Tu ne peux pas le savoir, sourit Lowo. Pas plus que tu ne pouvais lui faire confiance à elle. La différence, c’est que tu me connais depuis des années, et que je t’apprécie assez pour essayer de te tirer du merdier où on t’a fourré.

— Je ne te connais pas tant que ça, on dirait.

— Oh, ça va, t’as pas non plus besoin d’être intime avec toute la Garde ! Écoute, t’as le choix. Tu peux me suivre et espérer que personne ne te remarque, ce qui va être le cas à moins que la ville prenne feu ou quelque chose dans le genre, ou bien tu peux retourner dire à Dirille que tu prendras ta garde et te contenter de ce que je t’ai déjà dit. Je vais pas te forcer à me suivre ou quoi que ce soit.

— Non, pas si tu ne le fais pas par amitié. »

Le Garde baissa les yeux, une grimace peinée aux lèvres. Omani ne ressentit aucune culpabilité. Il aurait le temps de faire le deuil de sa camaraderie avec Lowo plus tard ; pour l’instant il en avait soupé de ces cultistes imperméables à la confiance.

« Ce n’est pas faux, admit l’autre en relevant la tête. Je ne le fais pas par amitié, sinon je t’en aurais dit beaucoup plus il y a des années. Je le fais parce que la femme qui va se faire élire tout à l’heure est une de mes ennemies les plus dangereuses, et parce qu’une bonne partie de ma maison a les mêmes idées qu’elle. Tu peux au moins te fier à la haine, Omani. »

Le pêcheur lâcha un grognement de dépit. Mais ce n’était pas comme s’il avait le choix. Il se souvenait avec une précision douloureuse de l’entraînement nocturne avec Siebtze, une fois que les trois Guerriers avaient été enfermés chacun dans sa cellule en attendant la décision de Zalan. Il ne savait rien de la cultiste, et s’il devait se démêler de ses intrigues, il lui fallait un autre point de vue. Lowo pouvait essayer de le piéger. Il devrait faire confiance à Saïyenn pour le tirer d’affaire s’il le fallait.

Il avança. Et Lowo ne tarda pas à le guider à nouveau, en silence et à grands pas. Maintenant qu’il l’observait plus attentivement, Omani pouvait voir que son collègue était tendu comme une peau de tambour, prêt à exploser. Il connaissait les risques, et il allait tenter sa chance. Cela, le pêcheur pouvait s’y fier. La haine… Il faudrait longtemps avant qu’il ne cesse de se méfier de Lowo.

Le Garde au Cornèbre les mena dans une ruelle du quartier sud, à l’écart de la circulation. Là, il sortit de sa besace un foulard et deux manteaux de laine, longs et amples. Il les tendit à Omani avec un avertissement laconique.

« Montre ton visage aux gardes, monte le foulard ensuite. À l’intérieur, tu ne moufte pas, pas une hésitation. Elle te voit, elle te bute, c’est clair ? »

Il hocha sombrement la tête en passant le manteau et en levant la capuche. Lowo montra du doigt le léger renflement fait par la Pokéball de Saïyenn sur sa hanche, et lui fit signe de la garder en main. Omani joignit ses manches, et le sergent s’estima satisfait. Il toqua deux coups secs à la porte ; on leur ouvrit en quelques secondes à peine.

« Il est avec moi, déclara Lowo.

— Vous êtes presque en retard.

— Tu connais mon métier. »

La femme qui leur avait ouvert avait des traits minces, à moitié cachés par sa propre capuche, et le regard d’Omani resta bloqué un instant sur l’épinglette à son col. Un cercle ouvert orné de pointes rouges. Lowo et lui portaient la même.

Ils avancèrent rapidement dans un couloir étroit, et le pêcheur ajusta son foulard sur son visage. Le geste avait gardé quelque chose du goût envoûtant du désert.

Lowo grimpa quatre à quatre un escalier de bois verni, et ils débouchèrent à l’étage, sur une salle longue d’une trentaine de mètres au bas mot. Elle devait avoir été percée dans plusieurs maisons, et un coup d’œil apprit au pêcheur que les rideaux — tous tirés — avaient des motifs différents. Des chandeliers à six branches jetaient une lumière blême sur une foule de manteaux de laine et le cœur d’Omani rata un battement.

La salle était pleine de Pokémon.

Il y avait de tout. Un Ponyta, une Mimantis. Ce Bouldeneu, dans le coin, il ne pouvait pas avoir pris l’escalier — puis un grésillement traversa l’atmosphère bruissant de mille voix, et un Kadabra apparut au côté d’une paire de longs manteaux et d’un Rhinocorne. Une menace notable s’il fallait s’échapper, qui n’attaquerait pas Saïyenn de front et exigerait d’être gardée à l’œil.

Omani oublia de respirer pendant une seconde, mais ne cessa pas de marcher. Lowo le mena sans un mot au fond de la salle, à l’opposé de l’estrade surélevée au-dessus de laquelle une version géante de l’épinglette de bois était suspendue au mur, éclairée par en-dessous par six cierges massifs.

Les deux Gardes s’adossèrent au mur, surveillant la foule sans tenter de s’immiscer dans les conversations qui fusaient de partout. Omani tenta d’estimer le nombre de cultistes présents — entre une trentaine et une centaine, et il devait y avoir à peu près autant de Pokémon, bien qu’ils soient plus difficiles à compter. À comparer avec vingt Gardes Royaux.

C’était un culte de Dresseurs. Rien que cette idée suffisait à suggérer à quel point le recruter lui pouvait être un enjeu stratégique.

Il repéra le visage brun de Siebtze, vers l’estrade. Elle semblait discuter avec un homme baraqué, mais Lanius n’était nulle part en vue, et Omani était douloureusement conscient qu’avec la petite taille du Scalpion, il n’avait aucune chance de le repérer. Il éloigna son doigt du bouton de la Pokéball. Il était trop nerveux.

Puis un son grave résonna à travers la salle, étouffant les murmures, bientôt suivi d’un autre, en cadence. Le tambour-maître battit treize fois, son tonnerre se répandant sur la ville, et toutes les têtes se tournèrent vers l’estrade en silence. Seize silhouettes y avaient pris place, huit humains et huit Pokémon. L’un des duos s’avança au bord de l’estrade, et l’homme leva les deux mains vers la foule silencieuse. Son Cerfrousse la scrutait sans l’hostilité vicieuse que ces Pokémon avaient d’habitude pour les humains.

« Force à vous qui marchez hors de sentier, appela-t-il avec autorité.

— Force, » répéta l’assistance.

Omani s’efforça de ne pas regarder autour de lui. Aucune tête ne se tourna dans sa direction, aucun des cultistes sur l’estrade ne s’attarda sur lui en balayant l’assemblée du regard. Il résista à l’envie d’ajuster ce foulard qui le protégeait.

« Merci à vous d’être venus si nombreux, reprit l’officiant. Vous l’avez appris avec la même douleur que moi, un Meneur nous a quitté. Le temps est venu de désigner son successeur. Y a-t-il, parmi vous, une nuque prête à porter sa charge et à poursuivre son œuvre ? »

Elle laissa planer un instant de silence, soulignant la portée des paroles de l’homme. Et puis elle lança son défi à toute la salle d’une voix claire.

« Je le suis.

— Qui est-tu ? répondit l’officiant.

— Je suis Siebtze, Adepte et Attentive, et en mémoire de l’homme qui m’a montré la voie, je veux à mon tour servir le Culte. »

L’autre lui fit signe, et elle monta sur l’estrade. Lanius était à ses côtés ; Omani se sentit rassuré de savoir où était le Pokémon. Il n’avait pas plus confiance en lui qu’en sa maîtresse.

« Qui offrira son service contre celui de Siebtze des Attentifs ? »

La foule resta muette, plusieurs secondes interminables. Omani fixa son regard sur la cultiste : elle serait capable de se rendre compte qu’il l’évitait. Il détournerait les yeux chaque fois que quelqu’un d’autre se démarquerait, et espérerait qu’on croirait qu’il suivait les passes d’armes.

« Et qui parlera pour elle ? lança l’officiant.

— Prêtre, je suis témoin ! répondit immédiatement une femme rousse. Je l’ai vu révéler sa nature une dague à la main, et elle sait voir chaque ouverture dans une garde.

— Prêtre, nous sommes témoins ! » enchaîna un homme ventru.

Et ainsi de suite. La litanie ne dura qu’une minute au plus, mais Omani eut l’impression de poser son regard sur toute la salle. Certaines affirmations ne faisaient aucun sens — souvent celles qui étaient annoncées au pluriel. Il cessa de chercher à les comprendre. Ce n’était pas ça que Lowo l’avait emmené voir. C’était l’emprise qu’elle avait sur l’assistance.

Et puis le sergent lui-même prit la parole.

« Prêtre, nous sommes témoins ! tonna-t-il. Nous l’avons vue regarder une porte, et voir les mille façons de l’ouvrir ! »

Siebtze accueillit sa réplique avec le même hochement de tête humble que toutes les autres, et Omani secoua mentalement la tête. Lowo avait été clair sur ce qu’il pensait d’elle, et il était évident qu’il ne cherchait pas à l’aider à accéder au pouvoir qu’elle convoitait, quel qu’il soit.

Toute cette salle pouvait jouer double jeu.

Et lui, le pêcheur abandonné hors de l’eau, ne pouvait se fier à aucun mot.

« Vous avez parlé, annonça enfin le Prêtre. N’y a-t-il toujours personne pour opposer sa voix à celle de Siebtze ? »

Il n’y avait personne. Peut-être bien parce que personne n’aurait été assez idiot pour s’opposer directement à elle. Ou bien peut-être comptait-on la soutenir un temps seulement et massivement la trahir à la première occasion. Mais Omani la voyait mal prendre le rôle d’un pantin.

« Qui opposera son refus à Siebtze ? » reprit le Prêtre, et l’assemblée resta silencieuse.

« Et qui l’acceptera comme Meneuse ? »

Lowo hurla avec le reste de la salle, un tumulte exalté, et Omani joignit sa voix aux autres avec un temps de retard. Personne ne tourna la tête vers lui, personne ne le dévisagea. Mais d’autres étaient restés silencieux, trahis par leur position immobile, et le regard de Siebtze tomba sur ceux-là et les compta rapidement.

Le pêcheur décida que sa conclusion était juste. Lowo voulait qu’il voie que personne ou presque ne s’opposait ouvertement à Siebtze, même parmi les gens qui la connaissaient et la combattaient. Eh bien, il s’efforcerait de faire pareil.

« Siebtze Sahirinn-Tograz-sil ! proclama le Prêtre. Prends ta place auprès de tes pairs, car tu es désormais la Meneuse des Attentifs. »

Elle acquiesça avec un sourire paisible, et Lanius la suivit sur l’estrade. Les sept autres duos — les sept autres Meneurs et leurs Pokémon — s’écartèrent pour lui laisser une place, cinquième en partant de la droite.

« Les Meneurs sont huit à nouveau, annonça le Prêtre d’un ton cérémonieux. Recueillez-vous, Adeptes, et nous nous réjouirons de cette bonne fortune ! Nos frères et sœurs de Taezïoud nous offrent l’hospitalité, et les tables de Mazaïkan ont la réputation de déborder : videz-moi ça ! »

Omani ne s’attendait pas à ce que la foule éclate aussi immédiatement en un chaos de débats et de murmures, sans faire mine de se recueillir. Mais après tout, il ne savait rien des traditions de cette religion. Les adeptes se dirigeaient déjà vers la porte et l’escalier, et le pêcheur suivit Lowo. Ce dernier se retourna vers lui et lui adressa la parole avec un naturel confondant.

« Tu vois, qu’on n’a pas été en retard ! Même si Verenn sera déçue d’avoir raté ça.

— Oui, répondit machinalement Omani. C’est vrai. »

Il comprit ce nom écorché avec un temps de retard ; le sergent le couvrait. Il lui donnait une forme d’excuse pour être parmi les rares personnes de la salle à ne pas être accompagnée de son Pokémon, sinon le seul, et Omani le remercia d’un hochement de tête.

En bas, le flot de cultiste s’éparpilla dans l’enfilade de salles sur lesquelles le couloir donnait accès. Le Prêtre n’avait pas menti : des buffets généreux avaient été dressés, prévus autant pour les humains que pour les Pokémon, et là encore des rideaux protégeaient les cultistes du regard des passants.

Omani s’éclipsa et sortit sans un regard en arrière, sans croiser de garde — mauvais signe. Le temps de revenir dans la rue principale, il avait ôté et replié le manteau, et il surveilla les fenêtres des quelques maisons aux intérieurs partagés en passant devant. Mais personne ne le suivit.

Alors il pressa le pas et retourna chez lui, incertain de ce qu’il devait faire de ce qu’il avait appris. Il se méfierait de Siebtze et de Lowo avec elle, et il faudrait qu’il parle à Zalan de ce qu’il avait vu. Mais ses doutes méritaient-ils une audience privée avec la reine, dont Lowo aurait facilement vent, ou bien valait-il mieux qu’il attende d’avoir un moment en tête-à-tête avec elle ou avec sa mère ?

Si seulement Avandras avait été là pour le conseiller. Le vieux général n’aurait pas apprécié d’apprendre quoi que ce soit sur la vie privée d’un de ses subordonnés dans le dos de ce dernier, mais il aurait su quoi faire.