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Eclat de Glace de Princess Leaf



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Informations

» Auteur : Princess Leaf - Voir le profil
» Créé le 30/12/2022 à 16:58
» Dernière mise à jour le 30/12/2022 à 16:58

» Mots-clés :   Absence d'humains   Aventure   Drame   Humour   Médiéval

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Chapitre 27 - Solitudes
« Cette fois, votre esprit farceur n’est pas là pour vous sauver la mise. »
Tels furent les mots entendus par Fynn alors que, le cœur battant, il rejoignait ses équipiers après une course dans les ruelles du village.

Tout s’était passé très vite. Lorsqu’il avait aperçu la Princesse Arya au moment de l’Eruption lancée par le Camerupt, le Pyroli, espérant la retrouver dès que l’occasion le lui aurait permis, avait décidé de n’en toucher mot à ses camarades.
Malheureusement, Erza avait l’œil très affuté, et la silhouette de la Feunard ne lui avait pas échappé non plus. Cette dernière avait immédiatement alerté Aizen avant que celui-ci ne se jette dans un nouvel affrontement. L’œil brillant, leur meneur avait aussitôt suggéré de longer la paroi de pierre, là où ils pourraient se mettre hors de vue derrière les habitations, afin de prendre au piège la supposée traitresse.
Les Iris Embrasés s’étaient donc empressés de traverser les quelques centaines de mètres qui les séparaient des habitations et y étaient parvenus sans encombre ; à l’exception de Fynn qui, épuisé et affaibli par cette soudaine pluie dense, avait été frappé à l’oreille par l’attaque Tranch’herbe d’une Herbizarre ennemie. La douleur l’avait fait trébucher, mais il s’était relevé au plus vite et avait choisi de ne pas se retourner tandis qu’un second projectile avait frôlé sa queue de quelques centimètres. Par chance, la guerrière Fleurie n’avait pas choisi de le poursuivre, et il avait pu se dissimuler derrière les habitations de Dirindel.
Là, plusieurs Pokémon paniqués couraient en tous sens, appelant à l’aide ou cherchant leurs proches. L’instinct du pokémon feu lui avait hurlé de porter secours aux pauvres habitants, mais il avait préféré, à regrets, ne pas perdre ses camarades de vue. Ce qui n’avait pas été le cas, car ces derniers avaient bien vite retrouvé leur cible.

A présent, les explorateurs de la Guilde des Roches Ardentes se tenaient face à la Princesse du Royaume Cristallin. Derrière cette dernière on pouvait apercevoir un cul-de-sac au pied de la paroi de pierre, entre deux habitations à moitié effondrées. Il ne semblait pas y avoir d’échappatoire pour la pokémon glace, qui avait dû le remarquer, car elle reculait pas à pas, le corps tremblant, sans quitter les Iris Embrasés des yeux.
Les deux compagnons de Fynn jubilaient.
« Voilà qui devrait nous permettre de rattraper l’échec de notre précédente mission, poursuivit Aizen, satisfait.
- Assurément ! Et cette fois, Princesse, vous allez nous suivre sans entourloupe ! s’exclama Erza en s’avançant vers la Feunard, la corne brillante.
La panique se reflétait dans les yeux de la souveraine déchue, qui se trouvait maintenant dos à la paroi rocheuse. Son regard se porta au-delà des explorateurs, comme pour chercher une aide qui ne vint pas.
Elle essayait tout de même de garder une contenance, mais sa voix ne laissait guère de doute quant à son manque d’assurance lorsqu’elle déclara :
« Je n’abandonnerai pas aussi facilement. Vous ne m’empêcherez pas de sauver mon peuple. Ni vous, ni personne.
- Assez de sornettes ! s’écria Aizen. Puisqu’il est impossible de vous raisonner… »
L’Ossatueur leva son arme et s’avança vers la Princesse Cristalline, Erza à ses côtés.
« Arrêtez ! »
Les yeux des trois autres pokémon se tournèrent d’un même mouvement vers Fynn au moment où l’injonction franchit ses lèvres.
« La Princesse Arya… N’est pas notre ennemie. Tout cela est une méprise. »

Le Pyroli avait la gueule sèche. Il n’avait aucune idée de la réaction que ses paroles allaient engendrer sur ses deux équipiers et un mauvais pressentiment l’envahissait, mais c’était maintenant ou jamais.
« Qu’est-ce que tu racontes ? Tu as perdu la tête ou quoi ?
- Que se passe-t-il, Fynn ? »
Agacé, Aizen prit un air menaçant. Erza, quant à elle, semblait inquiète. Il n’était plus possible de reculer, à présent. Le pokémon feu se jeta à l’eau, quand bien même il était déjà trempé par la pluie.
« On nous a menti, depuis le début… Le Seigneur Van… A inventé de toutes pièces cette histoire de complot. J’ignore pourquoi, mais nous devons mettre fin à cette folie. »
Le regard de la Feunard s’éclaira, tandis que celui de ses compagnons laissait croire qu’ils avaient avalé un bloc de pierre. L’Absol tourna la tête vers les différents pokémon tour à tour, ne sachant que dire.
L’ossatueur d’Alola semblait quant à lui sur le point de hurler quelque chose, mais il se ravisa et prit une grande inspiration :
« J’ignore ce qui t’a mis cette idée en tête, Fynn. Ni pour quelle raison tu te comportes de manière étrange depuis quelques jours. On aura tout le loisir d’en discuter longuement lorsqu’on sera rentrés chez nous, à Andor. Mais il y a un temps pour tout, et celui au cours duquel nous nous trouvons n’est pas propice aux théories fumeuses. À présent, aide-nous à capturer cette traitresse et à l’amener devant la justice qu’elle mérite. Je ne tolérerai plus de nouvelle impertinence de ta part ; nous avons un devoir à accomplir. »

Seuls la pluie et le grondement du tonnerre se faisaient entendre pendant que, lentement, Fynn effectuait quelques pas en direction d’Arya. Il croisa son regard, qui le fixait d’un air suppliant. Une fois parvenu devant la souveraine déchue, il se retourna, et fit face à ses compagnons.
« Mon devoir, c’est de lever le voile sur les manigances de Van, pas de pourchasser une innocente. »
Erza secoua la tête, abasourdie.
« Pourquoi ? Tu étais le plus grand explorateur d’Andor… Tu ne peux pas nous faire ça, Fynn. S’il te plait…
- Je suis pratiquement certain de ce que j’avance. En tant qu’explorateur, je me dois justement d’enquêter lorsque je ne suis pas sûr d’une information ; je ne suis pas un chasseur de primes. »
Le Pyroli fut soudain assaillit par la rancœur. Là, hors des murs de la Cité de l’Ombre, il trouva la force de s’exprimer sans filtre, sans baisser la voix.
« Andor a changé, ces derniers temps. Un poison s’est emparé de la ville et de ses habitants, de la Guilde des Roches Ardentes et de ses équipes d’exploration… Nous sommes soudain devenus un peuple belliqueux, égoïste, replié sur lui-même. La seule voix qui importe est celle d’un soi-disant Seigneur s’exprimant au nom d’un Roi devenu totalement invisible, et à la place d’une meneuse de Guilde désormais sous ses ordres, elle qui a pourtant tant revendiqué son indépendance par le passé. »
Le Pyroli marqua une courte pause, puis repris, cette fois bien déterminé à convaincre ses équipiers.
« Ce poison… C’est Van. Il est l’un des fondateurs de Grivon, ce village hostile que nous avons découvert dans les Marécages Fleuris. Il s’est emparé du Royaume de l’Ombre je ne sais comment, voilà pourquoi les habitants de Grivon détestent tant Andor, parce qu’il les a trahis. Puis il a accusé à tort la Princesse Arya ici présente afin d’avoir une bonne raison d’envahir le Royaume Cristallin. Et maintenant, il souhaite sans doute s’attaquer au Royaume Fleuri ; c’est pour cela qu’il voulait que nous libérions l’accès au Tunnel de Ladon, cette attaque était probablement prévue depuis un certain temps… »
Attristé, il conclut :
« Van s’est servi de nous… J’ai vu de mes propres yeux la bibliothèque de la Guilde dépossédée de toute évocation de Grivon. Cela concorde avec les informations que j’ai obtenues préalablement aux Ombres Joyeuses… Certes, il manque des éléments, mais c’est suffisant pour que je fasse confiance à la Princesse Arya plutôt qu’à Van pour le moment… Au moins le temps d’en savoir plus, et d’entendre sa propre version des faits. »

La Feunard n’avait pas bougé et semblait aussi abasourdie que ses camarades. Sans doute apprenait-elle également de nouvelles informations concernant la situation actuelle.
Après un court moment, qui sembla pourtant durer une éternité, Erza murmura :
« À nous, tu n’as jamais fait confiance… Tu t’éloignais de nous à la moindre occasion, depuis le premier jour… J’ai toujours persuadé Aizen que c’était parce que tu préférais simplement être seul, qu’il te fallait du temps pour te remettre de la perte de tes anciens compagnons… Je sais combien ils comptaient pour toi, et je sais que nous n’avons jamais pu les remplacer, je… »
Sa voix s’étouffa, alors qu’elle semblait ravaler ses larmes. Ce fut Aizen qui poursuivit d’une voix grave :
« Nous avons toujours compté sur toi, Fynn. Malgré le fait que tu ne voulais jamais rien nous dire. Tu ne le sais sans doute pas, mais nous avons même plaidé ta cause auprès du Seigneur Van, qui nous demandait pourtant de garder un œil sur toi. Nous ne sommes pas dupes en ce qui concerne la raison pour laquelle nous avons été choisis pour affronter Ladon. Le Seigneur Van avait tout à y gagner : dégager un nouveau passage, ou se débarrasser d’un traitre. »

L’Ossatueur d’Alola ferma les yeux. L’espace d’un instant, Fynn entrevit une lueur d’espoir. Ses camarades semblaient l’écouter, même s’il s’en voulait de les avoir peinés par son silence.
Mais lorsqu’il les rouvrit, dans ceux-ci brillait une lueur étrange, telle une flamme menaçante.
« Et il avait raison. Tu as trahi notre peuple, notre Seigneur, notre guilde… Tu as trahi les Iris Embrasés, qui t’ont pourtant accordé leur chance et leur soutien. Tu aurais pu rendre hommage à ton passé en te lançant dans une nouvelle vie, mais tu as préféré le laisser t’affecter. La souffrance dû à ton traumatisme t’a conduit à croire des sornettes à partir de rumeurs entendues à la taverne et de quelques pages manquantes dans une vieille bibliothèque dans laquelle plus personne ne met les pieds. Tu n’as peut-être pas apprécié certaines décisions du Seigneur Van, mais de là à l’accuser de toutes ces sottises… Je ne pensais pas que tu irais jusque-là, Fynn. »
Le Pyroli n’en croyait pas ses oreilles. Ses pires craintes s’était réalisées. Il fit mine de protester, espérant pouvoir reformuler ses explications. Peut-être ne s’était-il pas montré assez clair ? Mais Aizen balaya sa tentative d’un revers de main puis ajouta, d’un ton ferme :
« On s’occupera de ton cas plus tard. Maintenant, écarte-toi. Laisse-nous achever notre mission. »

Mais Fynn ne bougea pas. Malgré son épuisement aussi bien physique que moral, il comptait bien suivre ses convictions, quoi qu’il en coûte.
Il observa la Princesse Arya, qui les écoutait attentivement sans mot dire, puis ses anciens compagnons.
« Il faudra me passer sur le corps », les défia-t-il.
Un immense éclair déchira le ciel au moment où Aizen se ruait vers lui en rugissant.
Les deux pokémon feu roulèrent sur le sol humide. Fynn mordit son adversaire à l’épaule, tandis que ce dernier le frappait frénétiquement au flanc avec son arme.
« Arrêtez ! » S’écria Erza, qui les fixait désespérément, ne sachant comment intervenir.
La lutte entre les deux explorateurs les mena au pied d’une maison en ruines. Aizen martela le sol, ce qui déséquilibra Fynn, et fit trembler dangereusement ce qui restait de la structure. Le Pyroli eut tout juste le temps de rouler sur le côté pour esquiver l’os menaçant qui s’abattait sur lui, puis sa queue s’illumina d’un éclat d’acier, et il projeta son attaque en direction de l’Ossatueur d’Alola. Celui-ci l’évita d’une roue, et la capacité atteignit l’édifice fragilisé, qui émit un sinistre craquement.
Les deux pokémon s’entre-regardèrent un instant, puis l’amas de poutres et de pierres s’effondra sur eux dans un fracas assourdissant.

« Non ! »
Fynn entendit le hurlement d’Erza au moment où il fermait les yeux. Il sentit quelque chose de lourd le frapper et le clouer au sol, lui coupant la respiration. La poussière lui emplit le museau, et il se sentit sombrer peu à peu dans l’inconscience.
« Est-ce la fin ? J’aurais dû mourir avec vous de la même façon, ce jour-là… »
Puis il cessa de suffoquer, et se sentit tiré hors des débris. Se forçant à tourner légèrement la tête, il distingua la Princesse Arya, haletante, penchée sur lui.
« Ça va aller, murmura cette dernière. Restez immobile, économisez vos forces.
- Aizen ! »
Erza s’était jetée au milieu des ruines et fit tout son possible pour libérer son compagnon. Ce dernier restait étendu, inerte.
« Aizen ? Aizen ! Est-ce que ça va ? Réponds-moi, je t’en prie ! »
La voix de l’Absol était devenue suraigüe. Elle secoua doucement le pokémon spectre.
« Aizen… Réveille-toi… Tu ne peux pas… Souviens-toi, on s’est promis d’explorer le monde… De devenir la meilleure équipe… De rester ensembles jusqu’à la fin… Tu as toujours été là quand les autres m’ont abandonnée… »
Ses yeux s’emplirent de larmes.
« Ne me laisse pas seule ! »
Arya s’approcha des Iris Embrasés et effleura du bout de la patte le corps de l’Ossatueur. Puis elle tourna la tête vers l’Absol, peinée, et lui déclara doucement :
« Son esprit s’en est-allé vers les cieux. Je suis désolée. »
Erza fixait le corps de son camarade, horrifiée. Puis elle poussa une longue plainte et posa son museau sur la dépouille de son ami en sanglotant.

Fynn assistait à la scène le cœur brisé. Les images de ses anciens équipiers périssant sous les décombres revinrent le hanter, se mêlant à celle d’Aizen. Et une fois de plus, lui avait survécu.
Pourquoi ? Pourquoi fallait-il que ça se termine ainsi ?
« Je… Je ne voulais pas… » Articula-t-il avec peine.
L’Absol tourna brusquement la tête vers lui. Le désespoir et la colère se lisait dans ses yeux.
« Tu l’as tué ! Hurla-t-elle. Tout ça, c’est ta faute ! Si tu n’avais pas… »
Mais la Feunard s’était placée entre les deux pokémon. Elle soutint le regard d’Erza.
« Fynn n’y est pour rien. Je comprends ce que vous ressentez, mais c’était un accident. »
L’exploratrice était méconnaissable. Terrassée par le chagrin, elle semblait sur le point de s’effondrer.

Puis, sans un mot, elle tourna les talons et s’enfuit dans les ténèbres, sous la pluie battante.