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Sang Royal - Tome 2 : Destinée de groudonvert



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Informations

» Auteur : groudonvert - Voir le profil
» Créé le 19/12/2022 à 23:39
» Dernière mise à jour le 29/12/2022 à 20:01

» Mots-clés :   Action   Policier   Présence d'armes   Région inventée   Sinnoh

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Chapitre 1 : Interrogée
~~~Clara~~~
Un étrange sentiment de déjà-vu envahissait l’esprit de Clara Galano, la jeune Championne Ultime. Après son premier combat d’arène, la police était venue la chercher pour l’interroger. Elle avait alors attendu un temps interminable avant qu’elle ne sût de quoi il en retournait. À l’époque, elle avait les mains libres et pouvaient se promener à loisir dans la pièce…

Hier simple témoin, aujourd’hui elle était la suspecte numéro un d’une affaire de meurtres en série. On l’avait fermement menottée à la table d’interrogatoire. Privée de toute possibilité de mouvement, Clara devait ronger son frein et attendre que Mattz vînt enfin l’interroger.

Trois mois plus tôt, elle aurait pesté et juré toutes les deux minutes, mais aujourd’hui un calme olympien l’envahissait. Elle ne saurait dire comment, mais elle aurait dit que son âme s’était libérée d’un poids qu’elle avait eue durant toutes ses années.

Tournant la tête vers sa droite, elle remarqua son reflet dans la glace sans tain. Des personnes devaient probablement l’observer de l’autre côté, mais elle n’en avait cure pour l’instant. Pour une étrange raison, elle avait envie de se mirer.

D’aussi loin qu’elle s’en souvînt, Clara avait toujours détesté son apparence. Sa chevelure brune qui lui descendait jusqu’à la nuque, son nez trop petit, ses fossettes trop hautes, ses quelques taches de rousseur mal placées, son manque de poitrine, ses bras et ses jambes musclés… En y repensant, peut-être aurait-elle voulu ressembler à sa sœur Élodie qui avait un corps d’adolescente normale et des cheveux blonds ? Seuls ses yeux vert foncé, qu’elle avait en commun avec ses frères et sœur lui plaisaient – peut-être par leur rareté ? Sa garde-robe comportait énormément d’habits mettant en valeur cette couleur.

Mais cet évènement quelques heures plus tôt avait changé en elle. N’ayant rien d’autres à faire de toute façon, elle passait le temps à réapprendre son corps. Ce qu’elle détestait avant, elle y voyait un certain charme. Clara ne se considérerait peut-être jamais comme une Miss Monde, mais au moins elle avait accepté son apparence.

Que s’était-il passé deux heures plus tôt ? Clara avait tendu son bien le plus précieux, la Spatiosphère, à sa sœur Élodie. Leur relation s’était pratiquement rompue pendant plusieurs mois. Pour y remédier et en gage de confiance, la jeune Championne Ultime la lui avait confiée. Lorsque les deux sœurs eurent touché l’étrange objet, Clara eut un flash mémoriel. Les souvenirs de son enfance, que l’on lui avait volés, lui avaient été rendus.

En repensant à cette scène, une douce larme coula sur sa joue. Grâce à ses souvenirs retrouvés du moment où on lui avait trafiqué la cervelle, elle avait pu comprendre qui l’avait trahie. Hier, elle se serait mise dans une colère noire, mais aujourd’hui seule une tristesse amère lui nouait la gorge. Celui pour qui elle avait tout sacrifié l’avait trahie de la plus vile des manières. C’était à cause de lui qu’elle se trouvait aujourd’hui dans cette salle d’interrogatoire, elle en était certaine.

Soudain, un bruit sourd s’abattit sur la table à laquelle on l’avait menottée. Détournant le regard de son reflet, elle aperçut l’Inspecteur Mattz qui avait enfin daigné la rejoindre. Il avait dû abattre le dossier qu’il avait apporté pour attirer son attention.

- Pourriez-vous m’enlever ces menottes ? demanda-t-elle gentiment. Je n’ai pas l’intention de m’enfuir.

Ces bracelets métalliques lui entravaient fermement les poignets, Sans être gênants, ils commençaient à irriter la peau en dessous.

- Pas question, Mademoiselle Galano. Vous êtes une dangereuse criminelle qui avez assassiné nombres de personnes et de Pokémon.
- Allons donc Inspecteur, vous êtes armé et des dizaines de policier me séparent entre ici et la sortie, que croyez-vous que je pourrais faire ? répondit-elle en lui faisant un clin d’œil.

Elle affichait un sourire cajoleur qui surprit vivement son interlocuteur. Il était vrai qu’il ne l’avait encore jamais vu avec cette personnalité décontractée et joueuse qu’elle avait récupérée quelques heures auparavant. Le quarantenaire toussota une fois avant de répéter :

- Pas question.

L’expression de Clara se changea alors en mine déconfite. Dans un soupir, la jeune Championne attrapa son pouce gauche de sa main droite avant de répondre :

- Très bien. Puisque vous insistez…

Un petit cri silencieux s’échappa de sa bouche lorsqu’elle se tordit violemment le doigt pour le sortir de l’articulation. Cela fait, elle put retirer sa main de l’une des menottes avant de s’installer confortablement sur le siège et de remettre son doigt en place. Satisfaite, elle put apprécier à sa juste valeur l’ahurissement de l’Inspecteur.

- Jusqu’à la fin de mon procès, je vous rappelle que je suis suspecte de meurtres.

Grâce à cette petite démonstration, Clara avait pu montrer qu’elle n’était guère dénuée de ressources. Ce n’était pas vraiment une expérience agréable que de s’enlever les menottes par soi-même, mais l’Inspecteur devait comprendre qu’elle n’était pas Championne Ultime que grâce à ses talents de Dresseur.

- Comment… comment avez-vous fait ça ? s’étrangla-t-il.

Malicieusement, elle ne répondit pas et se contenta de s’installer confortablement sur sa chaise en croisant les bras.

Soupirant à son tour, Mattz sortit plusieurs photos de son dossier qu’il posa face devant elle. Clara ne put s’empêcher de détourner les yeux, quelque peu mal à l’aise à la vue de tous les cadavres visibles sur les clichés. Plusieurs étaient dans des mares de sang dont la seule pensée lui donnait presque envie de vomir.

- Votre œuvre, Mademoiselle Galano, annonça-t-il avec fierté.

Dégoûtée de ces visions d’horreur, Clara tourna toute sa tête. Son regard se porta alors sur son reflet dans le miroir, elle ne put alors s’empêcher de s’y perdre quelques secondes.

Qu’est-ce qu’elle avait aujourd’hui ? Jamais elle n’avait passé du temps à s’admirer devant le miroir. Pire encore, la quasi-décès de sa mère dans la baignoire familiale l’avait rendu cynique et désabusée de la mort d’autrui pendant des années. Aujourd’hui un simple cliché la perturbait au plus haut point.

Sa personnalité même avait complètement changé, sauf sur une chose : sa ténacité, son courage et sa témérité. Elle était toujours capable de tenir tête à quelqu’un.

Des claquements de main furieux la sortirent instantanément de sa rêverie contemplative. Surprise, la jeune fille reporta son attention sur l’Inspecteur qui semblait déjà hors de lui.

- Quel monstre êtes-vous pour ne pas être affectée le moins du monde par la vue des Pokémon et des êtres humains que vous avez laissés derrière vous ? tonna-t-il.
- J’attends toujours vos preuves, répliqua-t-elle froidement.

Il posa alors un nouveau cliché, Clara ne fut pas le moins du monde surprise de s’y voir.

- Mademoiselle Galano, vous avez été filmée par la caméra de M. Florian Rupert, Pokétuber de son état. Et ce quelques instants avant sa mort. L’Infirmière Joëlle a également témoigné qu’elle vous a vue régulièrement au bar du Centre Pokémon à picoler comme un pochtron.
- Pour ça j’ai…
- De plus, poursuivit-il sans tenir compte de son interruption, votre complice Lucien a tué Marc, votre premier adversaire. Ne supportant pas la culpabilité, il s’est lui-même donné la mort.
- Trois mois après ? s’étonna Clara.

Tout ce qu’il disait avait un fond de vérité, mais ce qu’il ignorait était que sa suspecte principale et son soi-disant complice avaient été piégés par le véritable coupable.

- Je ne vous ai jamais dit quand il s’était suicidé, nota l’Inspecteur, triomphant.
- Arrêtez un peu votre délire, j’ai vu Lucien au Centre Pokémon hier soir. Ma secrétaire Julie a discuté avec lui.

Il serait extraordinairement difficile de raisonner Mattz. Clara connaissait déjà fort bien les capacités limitées de l’Inspecteur en matière de déduction, mais pire encore : si elle connaissait l’identité du vrai coupable elle n’avait aucune preuve. Cette preuve manquante était la seule chose qui lui permettrait d’éviter de finir en prison ; tout jouait contre elle.

Croisant les bras, Clara ajouta d’un ton taquin :

- Je vous félicite d’avoir trouver une explication sur comment j’aurais pu tuer Marc, vu que j’étais en votre compagnie ici-même lorsque Marc s’était fait tuer. Maintenant, comment allez-vous expliquer que j’ai tué Florian, alors que je regardais son direct avec ma secrétaire Julie ?

Si Mattz avait raison sur sa présence dans l’entourage de Florian au moment de son meurtre, Clara avait en réalité un alibi. Bien qu’elles étaient régulièrement à couteux tirés toutes les deux, Julie lui avait été d’une aide précieuse.

- La parole d’une meurtrière pour couvrir une autre meurtrière n’a aucune valeur à mes yeux, répliqua-t-il.
- Je vous demande pardon ?
- Vous n’étiez pas au courant ? s’étonna le quarantenaire goguenard. July Blood, ou plutôt Julie Rouillon, a été reconnue coupable de meurtre et condamnée à quarante-cinq ans de prison.

Clara hoqueta de stupeur. Si elle avait deviné que sa secrétaire jouait un double-jeu, elle ignorait complètement que c’était une ancienne taularde. Peut-être devrait-elle lui demander des conseils sur comment survivre à la prison ? Clara secoua la tête pour chasser cette pensée, bien qu’un petit sourire amusé se fut dessiné sur son visage.

- Votre alibi tombe en miette et vous souriez ? Vous êtes décidément incroyable !

Il sortit une fourre à scellé du dossier. Clara ne fut guère surprise en reconnaissant la Spatiosphère. Sa propre sœur l’avait remise à la police lorsque cette dernière était venue l’arrêter. Il était évident que l’Inspecteur allait s’en servir contre elle.

- Cet objet a été limé avec un tel soin que pas une goutte de sang n’a été trouvée. Avez-vous tué quelqu’un avec ça ?
- Avez-vous déjà essayé de porter un objet tranchant comme collier ? répliqua-t-elle.

Elle possédait cet objet précieux cerclé de quart de d’anneaux dorés depuis plusieurs années. Dans les premiers temps elle le portait autour du cou, pour éviter de se couper avec les lames tranchantes comme des rasoirs, elle les avait limées. Par sécurité elle avait arrêté de mettre en valeur cet artéfact ancien.

- Je ne crois pas non. Vous avez limé ces lames tranchantes pour faire disparaître le sang qu’il y avait dessus.
- Même si c’était le cas, vous auriez retrouvé dessus, répliqua-t-elle.

Courroucé, l’inspecteur sortit alors de son manteau gris un dernier indice. Il était tellement proéminent qu’il était clair qu’il n’aurait pas pu le mettre dans un simple dossier.

- Qu’est-ce que… comment avez-vous trouvé ça ? s’alarma-t-elle.

Un rictus satisfait apparut sur la face ridée de Mattz : il avait enfin réussi à la déstabiliser.


*_*_*_*_*_*_*_*_*~~~Démolosse~~~

- Draco va-t’en ! lança Démolosse. Je vais m’occuper d’eux.

Des bruits dans les fourrés avaient interrompu leur conversation. Une étrange odeur de poudre lui provenait des gens indiquant clairement qu’ils étaient armés.

Le chien des ténèbres tenait à peine debout. Son combat tout récent contre son ancien mentor l’avait complètement épuisé. Il ne souhaitait rien de plus au monde que de se rouler en boule dans sa couche, mais celle-ci avait disparu.

En effet, Colhomard et lui s’étaient affrontés avec un tel acharnement que l’Arène Ultime, ainsi que toutes les affaires de Clara, n’étaient plus qu’un gros tas de gravats. Xatu, un autre Pokémon de Clara, avait pouvait ériger des murs extrêmement difficiles à briser. Après la défaite du Pokémon Mystique, plus rien ne protégeait l’arène… ou les Dresseurs en présence.

Draco lui fit ses adieux avant de s’enfoncer dans le lac au bord duquel ils avaient conversé. Le Dragon bleu portait toujours des bandages, s’il ne faisait pas attention, il risquait de rouvrir ses blessures.

« Un peu dommage que Draco n’ait pas pu le prendre avec lui. » pensa-t-il.

Normalement, ses perles pouvaient absorber des objets d’un peu toutes les sortes. Devant se rendre à la police et suspectant qu’elle risquait d’être arrêtée, Clara avait décidé de confier ses biens les plus précieux à sa sœur et à ses Pokémon. Élodie récupérerait la Spatiosphère, vu qu’elle la protégerait. Démolosse et Draco héritèrent de l’arme personnelle de la jeune fille. Malheureusement, pour une raison inconnue, Draco ne put s’approprier l’objet, Clara fut alors obligée de l’attacher à son dos dans un enchevêtrement de lanières en lin.

- Police ! hurla des voix.

Les humains l’avaient finalement rejoint. Habillés dans des tenues bleues et noires, pistolets à la ceinture, longue matraque et bouclier anti-émeutes à la main, Démolosse n’aurait pas eu besoin qu’ils s’annonçassent pour comprendre qui ils étaient.

- Où se trouve Clara Galano ? tonna l’un d’eux.

Poussant un soupir exaspéré, Démolosse se mit en position de combat, il n’espérait quand même pas avoir une réponse ? Il comprit aussitôt que ces gens étaient venus arrêter sa maîtresse. Même si elle n’était pas là, il ne pouvait pas les laisser récupérer son précieux chargement.

- C’est vrai que les Pokémon ne peuvent pas parler. Capturons-le, on forcera Galano à se montrer si elle veut le récupérer !

Est-ce qu’ils étaient sérieux ? Il pourrait les tuer très facilement s’il le voulait. Tentant de la jouer fine pour ne blesser personne, Démolosse leur cracha un épais brouillard. Il les entendit tousser et cracher, mais cela ne les empêcha pas de continuer leur chemin.

Il ne tarderait pas à s’écrouler d’épuisement. Inquiet qu’il ne tînt pas longtemps, il utilisa Machination pour augmenter sa puissance et développer son esprit. S’il n’avait aucun autre recours, il devrait les tuer.

Un claquement s’entendit soudain. Tournant la tête, il vit que l’un des policiers braquait son arme sur lui.

- Ça suffit ! s’écria-t-il. Rends-toi bien gentiment.

Il l’aurait fait si Clara ne risquait pas déjà la prison à cause des actions de Luce – le Métamorph qui s’était fait passer pour elle pour assassiner bon nombre de Dresseurs et de Pokémon – et s’il n’avait pas son précieux chargement attaché en bandoulière.

Voyant qu’il ne réagissait pas, le policier tira alors une balle. Démolosse avait une sainte horreur des balles depuis que lui et Clara avaient failli mourir lors d’une attaque de gang cinq ans auparavant. À cette époque-là, Démolosse était blessé et ils n’avaient trouvé leur salut qu’avec l’intervention d’un Pokémon Psy inconnu.

Ne perdant pas un instant, le chien ténébreux cracha un abondant gaz empoisonné et surtout inflammable. L’instant d’après, il se servit de Crocs Feu comme détonateur. Un des talents de Démolosse consistait à rendre ses attaques empoisonnées inflammables et explosives. L’intense chaleur ainsi provoquée suffirait peut-être à fondre la balle qui arrivait. Cela restait un bien maigre espoir

Malheureusement pour lui, l’explosion eut d’autres conséquences bien fâcheuses. Premièrement, il fut pris dans l’explosion, s’il ne craignait pas le feu – il avait le Talent Torche – les lanières qu’il avait sur le dos y étaient sensibles. Deuxièmement, la balle l’effleura, mais miraculeusement elle ne fit qu’effleurer le haut de son corps sans lui faire de mal. Enfin troisièmement : le souffle de l’explosion le projeta dans le lac. Trop fatigué pour réagir, il ne put réagir lorsque son chargement se libéra doucement de son dos. Alors que ce qu’il tenait à protéger tombait au sol dans un bruit mat, Démolosse plongea dans l’eau tête la première.

Malgré son type Feu, Démolosse s’était forcé à apprendre à nager pour surmonter sa peur tétanisante de l’eau. Il pourrait s’échapper grâce à ce camouflage, mais il devait laisser la police obtenir une preuve accablante contre sa maîtresse. Il sentit alors son esprit tomber dans les ténèbres, la fatigue le rattrapait enfin...


*_*_*_*_*_*_*_*_*

Fragile et malade, il ne pouvait désormais se déplacer qu’en chaise roulante. Plus capable de prendre soin de lui-même sans l’aide de son fidèle ami, il vivait comme un zombie dans une société qui l’ignorait complètement.

Ce dernier se tenait agenouillé près de lui, l’inquiétude se lisait sur son visage. Tous deux espéraient qu’il se remît un jour, mais l’un comme l’autre savait que ce n’était pas possible.

- Nous avons un problème, murmura le malade d’une voix faible.

Son ami lui jeta un regard interrogateur, son intelligence surpassait de loin la sienne, mais il ne pouvait pas tout comprendre non plus. Il n’était pas omniscient.

- Je la sens m’échapper… Mon absence lui a tant pesé que maintenant elle s’attache trop.

Une violente toux lui prit la gorge, son corps malade en souffrit encore plus. D’une voix faible, il ajouta :

- Clara n’est pas prête.

Soupirant, son ami se releva, comprenant la situation.

- Je vais m’en occuper. Mais si tu as raison…
- Je devrai la changer, compléta-t-il.

Rasséréné, il ferma les yeux et dodelina de la tête avant de s’endormir. Il avait pleine confiance en son ami.



À SUIVRE