Jour 4 : Pour qu'il neige sur les dunes, par Evo1
Comme chaque fois, le vieil homme était émerveillé devant le combat Pokémon se déroulant au sein de l’arène d’Auffrac-les-Congères. Il avait passé l’âge de hurler ou de sauter de joie lorsque le champion gagnait une manche, mais son regard demeurait illuminé tout au long de la confrontation. Son favori, le Blizzaroi d’Urup le champion de l’arène, s’imposait par ses puissantes attaques. Ce grand Pokémon Glace et Plante au manteau de gelé et aux membres d’écorce, le regard farouche, impressionnait Érb’Er. Ayant presque l’âge du champion, peut-être rêvait-il d’être à sa place et d’avoir un tel Pokémon comme partenaire. Après tout, s’il était ici c’était pour capturer des Pokémon de type Glace….
Tout avait commencé à Tanzrouf, l’une des principales villes de la région australe de Kafsi. Si quelques mots décrivaient les paysages de cette ville et de ses alentours, se seraient dunes, déserts et grottes. Tanzrouf se rapprochait de ce qu’on pouvait imaginer comme étant l’opposé d’Auffrac-les-Congères. Malgré son statut de grande ville dans sa région, Tanzrouf était en retard d’un point de vue économique et technologique en comparaison aux places très connues comme Illumis, Volucité ou encore Lavandia. Sa richesse reposait sur les exportations de sables, d’hydrocarbures, de métaux et de roches ; on ne comptait pas les habitants qui se félicitaient de leurs efforts lorsqu’ils mettaient la main sur une roche lisse ou une roche humide qu’ils pourraient revendre à bon prix.
L’on racontait qu’à l’autre bout du monde, quand un enfant atteignait l’âge de dix ans il débutait son voyage à travers sa région natale pour collecter des badges et participer à la Ligue Pokémon. Ce n’était pas le cas à Kafsi. Ici, quand on atteignait l’âge de dix ans cela signifiait capturer son premier Pokémon et débuter le travail dans les mines, les carrières ou d’autres lieux de richesses à exporter.
Alors âgé de dix ans, Érb’Er partit dans le désert accompagné de sa mère avec une Pokéball en main. L’heure était venue pour lui d’obtenir son partenaire pour la vie. Guidés par les vents chauds qui brassaient le sable, ils croisèrent des Libégon, des majestueux Pokémon qui faisaient rêver les habitants par leurs jolies couleurs et leur vol mélodieux. Hélas, ce n’était pas dans les capacités d’un enfant de Tanzrouf d’en capturer un, alors Érb’Er et sa mère se contentèrent de les regarder s’éloigner dans le paysage.
Ils découvrirent ce que les Pokémon Dragon et Sol avaient laissés derrière eux : une couvée de Kraknoix qui venait d’éclore. Ils étaient une dizaine dans une cuvette de sable à gravir les pentes maladroitement. Certains chutaient et retombaient tout au fond, se heurtant à leurs frères et sœurs tombés plus tôt. À ce rythme, ils mourront tous d’épuisement. Mais c’était dans leur nature. Tout Kraknoix né dans le désert devait gravir une première dune avant de poursuivre sa vie de petit piégeur des sables.
Érb’Er était captivé, il ne désirait pas décamper malgré les propositions de sa mère. Il avait fait son choix, le petit garçon de dix ans allait capturer un Kraknoix pour en faire son partenaire. Il attendit, il attendit que les petits Pokémon s’extirpèrent un à un de la pente. Lorsque le premier Kraknoix émergea, et s’éloigna, il lui courut après avant de lancer sa Pokéball. Sa mère lui avait pourtant dit d’attendre, mais il était empressé de capturer son premier Pokémon. Hélas, la sphère rouge et blanche s’écrasa dans le sable bien loin de sa cible.
Érb’Er reprit sa Pokéball et la jeta sur un autre Kraknoix. Encore une fois, elle s’enfonça dans le sable. Aucun Kraknoix ne prêtait attention à lui. Ces Pokémon obéissaient à leur nature. Ils avaient faim, ils devaient partir à la recherche de nourriture, ou bien ils finiraient chassés par des prédateurs du désert. Tous les habitants de Tanzrouf connaissaient la terreur qu’imposaient les Hippodocus et les Rhinoféros à travers les dunes.
Le petit garçon, certain d’y arriver, continua de lancer sa ball et de la récupérer parmi les tas de sable. À force, les dunes se parsemaient d’impacts, et la Pokéball elle-même voyait son teint se dégrader. Sa mère avait de la peine pour lui, s’il continuait à échouer ainsi il n’y aurait plus aucun Kraknoix et il ne serait pas de retour à Tanzrouf avant la tombée de la nuit. Il valait mieux être chez soi au coucher du soleil car la température chutait et les puissants Pokémon nocturnes faisaient leur apparition dans le désert.
Érb’Er reprit sa Pokéball en main et la regarda un instant. Cela faisait de longues minutes, peut-être une heure, qu’il la lançait sans relâche sur les petits Pokémon à grosses mâchoires. Rien y faisait, il échouait chaque fois. Pourtant il voulait devenir ami avec l’un d’eux. Il devait devenir ami avec l’un d’eux, tel était la tradition : avoir l’âge de dix ans cela signifiait capturer son premier Pokémon et débuter le travail. Il se reconcentra alors et s’approcha doucement du dernier Kraknoix. Voilà, tous les autres avaient décamper, c’était sa dernière chance pour en capturer un. Érb’Er prit une grande inspiration puis jeta la Pokéball. En l’air, la sphère tournoya en libérant quelques grains de sables qui brillaient sous la lumière du soleil couchant. Dire qu’un si petit objet fabriqué dans de lointains territoires permettaient à tous les habitants de Kafsi de se lier aux Pokémon qui les entouraient. Le garçon observa la trajectoire de la Pokéball : à chaque tour sur elle-même elle se rapprochait du sol et du dernier Kraknoix, cette fois ce serait la bonne. Mais Érb’Er ne se rendit compte que trop tard que son lancer était une nouvelle fois un échec.
Soudain, sa mère plongea dans le sable pour rattraper la ball avant qu’elle ne laisse une énième trace sur le sol. Elle se releva ensuite et jeta à son tour la sphère en direction du Kraknoix avant qu’il ne s’échappe. Puis Érb’Er, surpris, et sa mère retinrent leur souffle. La Pokéball se heurta au dos du petit Pokémon avant que celui-ci ne fut absorbé via un faisceau rougeoyant. Un, deux, et trois. Kraknoix était capturé. La mère récupéra la ball et la scruta un instant. À jamais ce petit objet par lequel son fils et son Pokémon seraient liés sera marqué de cette dure épreuve. Autant la face blanche que la face rouge arboraient des rayures et des taches de décoloration. C’était la Pokéball de Kraknoix, du Pokémon d’Érb’Er.
Le jeune garçon débuta son travail dans les mines, accompagné de son partenaire. Les semaines défilaient, Érb’Er grandissait et ses rêves eux aussi. Comme bon nombre d’enfants de Kafsi, il était captivé par les images des autres régions présentées à la télévision. Ce qui retenait particulièrement son attention, c’était les festivités qui avaient lieu à Kalos lors de la saison hivernale. Auffrac-les-Congères était une ville magnifique, couverte de neige immaculée, bondée d’habitants joyeux et de Pokémon divers que l’on ne retrouvait pas dans le désert autour de Tanzrouf.
« Un jour, je capturerai des Pokémon de type Glace pour qu’il neige ici et qu’on participe à des festivités, comme à Kalos ! » déclara le jeune Érb’Er.
Sa mère avait souri, le doyen avait ri.
« Ah ! N’importe quoi ! Les habitants de Tanzrouf et de toute la région de Kafsi ne sont bons qu’à capturer des Pokémon Sol et Roche, voire Acier ! Mais de type Glace ? Ah ! N’importe quoi ! Retourne dont travailler dans les mines, jeune homme. »
Ba’Per c’était le doyen de Tanzrouf. Sur le modèle des champions des régions du nord, les habitants de Kafsi avait mis à la tête de chaque ville un dresseur chargé de les protéger et de faire régner l’ordre. Le grand homme ne voyait pas à quel point le jeune Érb’Er était déterminé à lui prouver le contraire.
Ni une ni deux, après des mois de travail, il récolta suffisamment d’argent pour entreprendre un voyage vers le nord, vers Kalos.
Il y demeurait un détail important : Érb’Er était un piètre lanceur de Pokéballs.
Au bout de vingt-cinq ans d’errance en terre inconnue, le petit garçon parti à l’aventure rempli de rêves n’avait toujours pas atteint son objectif et était presque devenu un vieil homme. Il ne comptait plus les Pokéballs achetées, lancées, récupérées… Ni même les Pokémon sauvages et les dresseurs rencontrés. Et oui, à Kalos, les enfants partent de chez eux dès l’âge de dix ans pour collecter des badges. Érb’Er était obligé de faire appel à son seul partenaire, Kraknoix, pour combattre chacun d’eux. La plupart du temps il perdait, d’autres fois il gagnait. Kraknoix était fidèle malgré sa nature simplette.
Au moins, Érb’Er était parvenu à s’installer dans la ville qui lui avait donné envie de quitter ses terres, Auffrac-les-Congères. Et oui, un habitant de Kafsi qui siégeait là où s’étendaient des collines de neiges et de glace en hiver. Depuis son arrivée, il était devenu passionné par le champion, Urup, et ses Pokémon phares Blizzaroi et Séracrawl.
À la fin de cette énième combat d’arène auquel il assistait, il fut motivé pour chercher de nouveaux Pokémon aux environs de la ville plus glaciale que l'hiver lui-même. Il arpenta les forêts de conifères jusqu’à tomber sur des Grelaçon qui traçaient un chemin dans la couverture de neige. Et oui ! Un Grelaçon ! Ce serait le Pokémon parfait s’il évolue ensuite en Séracrawl.
Érb’Er saisit sa vieille Pokéball et la lança pour libérer son fidèle Kraknoix. Avec le temps, il avait pris conscience qu’il valait mieux affronter les Pokémon sauvages avant de tenter de les capturer. Hélas, les Grelaçon n’entendaient pas se laisser faire. Ensemble, ils provoquèrent une bourrasque de vent froid qui s’abattit sur Kraknoix et Érb’Er. C’était fichu, le petit Pokémon Sol ne viendrait pas à bout d’une horde de Pokémon Glace. Les deux compagnons prirent alors leurs jambes à leur cou, encore une fois.
Dans leur fuite, Érb’Er et Kraknoix dévalèrent une pente et finirent à plat ventre sur l’épaisse couche de neige. Chaque échec était cuisant. Une ombre s’abattit lentement sur eux. Le vieil homme soupira avant de se rendre compte qu’on les observait. Il leva alors le regard et découvrit une dame à peu près de son âge.
« Pardonnez-moi. Vous venez de Kafsi, n’est-ce pas ? »
Kraknoix était figé, il préférait les dunes de sable aux étendues de neige.
« Oui… de Kafsi »
Érb’Er avait perdu l’habitude de parler de ses origines.
« Iri’Ni, enchantée ! »
La dame tendit une main pour aider Érb’Er à se relever. Une fois remis sur pieds, et Kraknoix sur pattes, il se présenta à son tour.
« Érb’Er. Vous êtes également originaire de Kafsi ?
– Oui. Cela remonte à loin. Je ne pensais pas croiser quelqu’un de la région par ici. »
À vrai dire, lui non plus. Voilà vingt-cinq ans qu’il avait quitté son foyer, ses terres, qu’il voyageait à Kalos, et le voilà face à une compatriote.
« Excusez-moi, mais comment vous êtes-vous retrouvée ici ? »
La dame lui proposa de marcher plutôt que de rester plantés là avant de répondre.
« Eh bien, c’est une assez longue histoire. Quand j’étais petite, je rêvais de participer à la Ligue Pokémon, alors je suis partie de chez moi en direction de Kalos. Ce fut un long voyage, je devais collecter huit badges. C’est très difficile, surtout pour une dresseuse qui vient d’une région comme Kafsi.
– J’imagine bien. Kraknoix et moi sommes seuls depuis notre arrivée ici.
– Oh oui. Malheureusement, j’ai échoué. Je n’ai obtenu que trois badges et j’ai fini par rencontrer l’amour de ma vie et me marier. Désormais je vis ici à Auffrac-les-Congères et je repense sans cesse aux merveilleux déserts de Kafsi. Je vous ai vu débarquer il y a des mois de cela, puis j’ai fini par comprendre d’où vous veniez. Vous avez aussi tenté l’aventure de la Ligue ?
– Non. Ce qui me faisait rêver, c’était les Pokémon Glace. Je m’étais promis de prouver au doyen qu’un dresseur de Tanzrouf pouvait capturer ce type de Pokémon. J’ai également échoué. »
Iri’Ni semblait compatir pour lui. Tous deux connaissaient la difficulté pour des dresseurs de Kafsi de rejoindre une autre région. Kalos ne ressemblait pas vraiment à leur terre natale.
« Je peux t’apprendre. »
Érb’Er se redressa et se tourna vers la dame qui l’accompagnait. Son visage était marqué par la surprise. Jamais depuis son enfance lui avait-on proposé cela. Le problème venait de là, jamais il n’avait appris à capturer un Pokémon.
« Regarde. »
Iri’Ni lança une Pokéball bien brillante, comme soigneusement entretenue, de laquelle un Galegon émergea. Le Pokémon Armufer intimida quelque peu Kraknoix, sûrement avait-il dû en affronter plusieurs au cours des vingt-cinq années passées à Kalos.
« En avant marche ! »
L’enthousiasme de la vieille dame encouragea Érb’Er et son Pokémon. Il n’était jamais trop tard pour réaliser ses rêves après tout. Après un instant à progresser dans la neige, ils aperçurent un Sorbébé qui sautillait sans but précis, juste un être joyeux d’être au milieu de tant de neige.
« Et ensuite ?
– Soit tu l’affrontes, soit tu tentes la Pokéball directement. Pour ma part, je choisirais l’option une. Galegon, utilise charge ! »
Ni une ni deux, le Pokémon Roche et Acier s’élança, comme un chasse-neige, jusqu’à heurter le petit Sorbébé qui voltigea et atterrit contre un tronc d’arbre. Observant qu’il était inconscient, Iri’Ni sortit une nouvelle Pokéball et la lança élégamment dans sa direction. Sorbébé fut aspiré dans la sphère rouge et blanche avant que celle-ci ne vibre à trois reprises.
« Et voilà, le tour est joué. Ce n’est pas bien difficile. Kraknoix et toi pouvez faire pareil. »
Alors il était l’heure de retenter leur chance. Leur échec face aux Grelaçon ne datait que d’une heure, la fuite et la chute avant leur rencontre avec la dame leur restaient encore. Ils ressentaient toujours la peur et le gel une fois à plat ventre dans la neige. C’était un bel échec.
« Allons-y alors. »
Les paroles d’Érb’Er laissaient entrevoir ses doutes. Les deux vieux dresseurs de Kafsi repartirent en suivant le chemin que traçait Galegon. Il ne fallut pas bien longtemps pour rencontrer de nouveaux Pokémon sauvages : des Frissonille recroquevillés sur des branches d’arbres.
En les découvrant, Érb’Er ne put s’empêcher de repenser à sa rencontre avec Kraknoix. C’était le même contexte : de nombreux petits Pokémon qui se camouflaient assez bien dans leur environnement. Mais les Kraknoix étaient plus gros que les Frissonille, moins difficiles à toucher avec une Pokéball.
« Prépares-toi. »
Érb’Er se positionna et saisit une Pokéball. Le son des pas des deux humains dans la neige alertèrent les Frissonille. Ils sautèrent alors de leurs branches pour s’enfouir sous le manteau blanc qui recouvrait le sol.
« Tu dois en stopper un avant qu’ils ne disparaissent tous !
– Très bien ! Kraknoix interceptes en un ! »
Aussitôt ordonné, le Pokémon piégeur fonça et prit place sous un arbre en attendant qu’un Frissonille se retrouve face à lui, ce qui arriva assez rapidement. Kraknoix attrapa son adversaire à l’aide de ses grandes mâchoires et retourna auprès de son dresseur, du moins jusqu’à ce que sa proie ne se libère en utilisant une attaque Poudreuse. Désormais provoqué, Frissonille souhaitait se battre contre Kraknoix. C’était ce qu’il fallait selon Iri’Ni et Érb’Er.
« Tu n’as plus qu’à le mettre K.O. et le capturer. »
Le combat se déroula d’un côté à coups de Morsure et de Coud'Boue, de l’autre avec des Poudreuse et des Survinsecte. Kraknoix n’avait jamais été un Pokémon puissant mais il était devenu plus endurant avec le temps, ce que le petit Frissonille n’était pas. Malgré leurs forces à peu près égales, le Pokémon Glace et Insecte faiblit peu à peu.
« C’est le bon moment ? »
Iri’Ni hocha la tête avec un sourire pour lui signifier que oui.
« Pokéball, j’espère que cela marchera… »
Érb’Er avait pris l’habitude de parler à ses petites sphères comme si des mots pouvaient augmenter leur efficacité, leur chance de capturer un Pokémon. Le vieil homme lança enfin sa ball qui tournoya un moment avant de heurter le dos épineux de Frissonille. Celui-ci disparut dans un éclat rougeoyant. Une vibration. Deux vibrations. Trois vibrations. Clic. La sphère ne bougeait plus.
« Tu as réussi ! »
Si elle avait été plus jeune, Iri’Ni aurait sûrement sauté dans les bras d’Érb’Er pour le féliciter. Au lieu de cela, elle l’enlaça et posa une main sur la Pokéball qu’il venait tout juste de récupérer.
« Voilà ton rêve est accompli. Tu as capturé un Pokémon Glace, tu n’as plus qu’à retourner au pays.
– Merci. Merci pour tout. »
Érb’Er profita encore de la ville d’Auffrac-les-Congères pendant un jour. Après cela, il fit ses adieux à cette contrée couverte de neige et de glace. Après plus de deux décennies pour effectuer le chemin aller de Kafsi à Kalos, il débuta le chemin retour. Sur sa route, il croisa de nombreux dresseurs qu’il combattit avec Kraknoix et Frissonille. Au fil de ces affrontements, il améliora ses techniques de combat, ses stratégies, et comprit peu à peu comment devenir un bon dresseur. Il lui arriva de songer à la vie qu’il aurait eu s’il avait été meilleur plus tôt.
Il passa d’abord par Neuvartault, une ville proche de la nature, puis Quarellis, une ville fluviale, Bourg Croquis, un village fleurit, Batisques, une cité de raffinement et de douceur, et d’autres lieux jusqu’à arriver chez lui, après deux ans de voyage.
Étonnement, Tanzrouf n’avait pas énormément changé en deux décennies. Quoique certains bâtiments se faisaient un peu vieux, mais la technologie semblait avoir fait son petit chemin de l’avant dans les foyers.
Sa mère l’embrassa dès qu’il passa la porte de leur maison. C’était une vieille dame voutée désormais, mais elle était heureuse de revoir son fils parti depuis si longtemps. Heureusement, son Simularbre et son Amassel l’avaient aidé à faire les tâches domestiques durant toutes ces années.
« Te revoilà enfin !
– Oui, maman. J’ai réussi. »
Ces mots étaient simples, mais lourds de sens. Un habitant de Tanzrouf revenait de voyage avec un Pokémon Glace. Son fils revenait avec un Pokémon Glace.
« Viens, on va le montrer aux autres. »
Érb’Er prit sa mère par la main et ils sortirent ensemble de leur petite maison pour rejoindre le centre de Tanzrouf. En scrutant le ciel, celui qui venait tout juste de rentrer sur ses terres natales comprit que c’était le solstice d’hiver. Il faisait nuit tôt, la température était plus fraiche, le sable était doux. C’était la meilleure occasion.
L’arrivée d’Érb’Er, désormais assez âgé, et de sa mère sur la place principale attirèrent l’attention des autres habitants. Certains reconnurent ce jeune homme plein de rêves qui les avait quitté il y a plus de vingt ans. Ba’Per, toujours doyen de Tanzrouf finit par se présenter également. Déjà qu’il était vieux et froid lorsqu’Érb’Er était parti, désormais il était très vieux et encore sévère en apparence.
« Écoutez-moi ! J’ai quelque chose à vous présenter ! »
Des enfants accoururent et se mirent au premier rang pour découvrir la surprise du revenant.
« Frissonille à toi ! »
Une fois que la ball atterrit sur les pavés le petit Pokémon Glace se révéla. Dans la foule, certains exprimèrent leur joie de voir un tel Pokémon en vrai, de leurs propres yeux. D’autres auraient sûrement préféré voir un Blizzaroi.
« Maintenant, fait donc de la neige » chuchota Érb’Er.
Frissonille se concentra puis utilisa son attaque Poudreuse. De petits flocons de neiges jaillirent de son corps, juste de quoi fait un petit tas tout blanc devant lui. Quelqu’un s’esclaffa. C’était bien sûr Ba’Per, celui qui n’avait jamais cru en Érb’Er.
« Ah ! Il ne fait qu’une attaque Poudreuse ! Tu appelles ça faire neiger les dunes ? Ah ! Reviens donc enfin travailler dans les mines, jeune homme ! »
Avant que la foule ne commence à se disperser, le corps de Frissonille s’illumina jusqu’à presque aveuglant. Cela attira de nouveau l’attention de tous sur le petit Pokémon Glace. Son corps s’allongea jusqu’à se révéler sous une nouvelle forme. Frissonille venait d’évoluer en Beldeneige. Ses magnifiques yeux couleur lapis-lazuli émerveillèrent les habitants.
Cette fois, le Pokémon usa d’une combinaison de Poudreuse et de Vent Glace pour faire tomber d’innombrables flocons de neiges sur Tanzrouf. C’étaient les festivités dont rêvait Érb’Er.
Des enfants ne tardèrent pas à s’amuser dans cette jolie neige blanche, inimaginable dans ce territoire de sable et de roches. C’était sûrement le solstice d’hiver qui restera le plus longtemps gravé dans les mémoires de la ville. C’était l’accomplissement d’Érb’Er, le fruit d’un très long voyage en dehors de son pays. Enfin de la neige tombait sur les dunes.