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Pokémon : L'étoile d'Arkephyr de Arkephyr



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Informations

» Auteur : Arkephyr - Voir le profil
» Créé le 10/10/2022 à 14:36
» Dernière mise à jour le 23/07/2023 à 18:44

» Mots-clés :   Aventure   Drame   Région inventée   Romance

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[L] Sous les cendres
Le bip incessant des machines m'empêche de fermer l'œil. Ce n'est pas forcément une mauvaise chose – je ne suis pas certaine de vouloir m'endormir ici.

Le Centre Pokémon de Vulcanor est pourtant similaire à tous les autres. L'infirmière est très compétente et a immédiatement pris en charge Poussifeu. Elle a également songé à me mettre dehors en pensant que j'étais une dresseuse indigne, puis s'est finalement détendue lorsque je lui ai expliqué la situation dans les grandes lignes.

Le pronostic vital du petit Pokémon est engagé. C'est d'ailleurs un miracle qu'il soit encore en vie, compte tenu des circonstances. Les prochaines heures devraient être déterminantes pour son avenir.

– Je vous ai ramené un café... murmure l'infirmière en me présentant une tasse.

Elle aussi semble exténuée. De grands cernes soulignent ses yeux bleus, et ses longs cheveux blonds ne semblent pas avoir été coiffés depuis plusieurs jours.

– Merci... dis-je en esquissant un faible sourire. Vous avez du nouveau concernant Poussifeu ?

Son visage devient grave tandis qu'elle pose son regard sur le jeune poussin. De nombreux fils entremêlés le rattachent à une multitude de machines sophistiquées qui lui prodiguent tout ce dont il a besoin.

– Sa Pokéball était entièrement dévitalisée... répond-elle en secouant doucement la tête.

C'est déjà la deuxième fois que j'entends ces mots. Thomas avait lui aussi employé ce terme en voyant la capsule.

– Je ne sais pas ce que ça veut dire... j'avoue avec un léger sentiment de honte.

L'infirmière m'adresse un sourire compréhensif.

– Les Pokéball reconstituent un environnement propice au bon développement des Pokémon qui se trouvent à l'intérieur... explique-t-elle avec patience. Ils peuvent y rester des heures – voire des jours – pour reprendre des forces sans avoir besoin de se nourrir à l'extérieur.

Je hoche la tête pour indiquer que j'ai compris. Je sais par ailleurs qu'il existe différentes sortes de Pokéball, et que certaines d'entre elles sont adaptées à des profils très spécifiques.

– Mais comme n'importe quel autre objet technologique, les capsules ont besoin d'être rechargées... continue-t-elle avec une moue songeuse. C'est pour cela que les dresseurs viennent régulièrement au Centre Pokémon. La grande machine que nous utilisons la plupart du temps permet de revitaliser les Pokéball – et donc de soigner les Pokémon.

J'écarquille les yeux en réalisant que je ne savais rien de tout cela. Tout le monde utilise les Pokéball pour capturer des Pokémon et s'assurer ainsi de leur obéissance, mais qui se soucie vraiment des subtilités liées à leur fonctionnement ?

– Est-ce que vous savez à qui appartient ce Poussifeu ? je demande en appréhendant un peu la réponse.

Thomas a dit que nous nous trouvions dans un repaire de voleurs. Il est possible que ce pauvre petit ait été volontairement abandonné par l'un des malfrats, mais il n'est pas exclu qu'il ait un jour appartenu à un dresseur novice comme moi.

– Hélas non... soupire-t-elle avec regret. Le numéro de dresseur associé à la Pokéball ne figure pas dans les fichiers de la Ligue Pokémon, et il n'y a pas eu non plus de signalement pour vol ou perte. On pourrait sans doute réussir à identifier le propriétaire en effectuant des recherches plus poussées, mais ça ne relève malheureusement pas de mon domaine de compétences.

Je note cette information dans un coin de ma tête en me promettant de mener l'enquête de mon côté. La gendarmerie pourrait certainement me renseigner, mais il est probable qu'ils soient à ma recherche en ce moment-même.

– Je comprends... je souffle en portant la tasse à mes lèvres.

La café me fait un bien fou. Il n'est que six heures du matin, mais je ne sais pas comment je vais faire pour endurer cette journée. Le sommeil provoqué par la Poudre Dodo du Florizarre de Thomas n'était pas du tout réparateur, et j'ai le sentiment de ne pas avoir dormi depuis presque deux jours.

– Je vais détruire la Pokéball... déclare l'infirmière avec un air grave. Compte tenu de l'état de santé de Poussifeu et de la difficulté à identifier son dresseur, je n'ai pas d'autre choix.

J'acquiesce machinalement en songeant que c'est la meilleure chose à faire. Ce petit mérite plus que quiconque de retrouver sa liberté.

– Vous souhaiterez peut-être le capturer pour garder un œil sur lui ?

La proposition de la jeune femme me surprend autant qu'elle me flatte. Poussifeu serait un allié de premier choix dans mon équipe, mais je ne peux me résoudre à l'enfermer de nouveau dans une Pokéball après le traumatisme qu'il a vécu.

– Non... je réponds avec un sourire triste. Je serai plus heureuse de le voir s'épanouir dans la nature. Mais j'aimerais avoir le numéro d'identification de son ancien dresseur, si c'est possible.

L'infirmière hoche la tête avant de quitter la chambre. Je termine rapidement ma tasse de café, caresse avec affection la joue de Poussifeu, puis regagne enfin le hall du Centre Pokémon.

Mon sang se glace lorsque je vois apparaître le portrait de Thomas sur l'écran de télévision.

"Nous interrompons notre programme pour un flash spécial..." déclare le journaliste en fixant la caméra d'un air grave. "Le terroriste Thomas Gray, auteur de l'attentat du Centre Commercial de Lunapolis qui a fait trente-six morts il y a bientôt dix ans, aurait été aperçu hier soir aux abords de Vulcanor."

J'abaisse machinalement la capuche sur ma tête et plisse les yeux en étudiant la photographie du dresseur. Thomas ne devait pas avoir plus de seize ans lorsqu'elle a été prise. Malgré son air juvénile et sa carrure d'adolescent, il est facilement reconnaissable.

Ses yeux rieurs et son sourire malicieux me compressent légèrement la poitrine. Le garçon qui se trouve devant moi n'a absolument rien d'un terroriste. Le fait qu'il ait commis une telle ignominie est tout simplement inconcevable.

– Mais il n'a pas nié... je lâche dans un murmure atterré.

L'image du journaliste s'efface pour laisser cette fois-ci apparaître Steve Erzat. Le capitaine se trouve à proximité de la source chaude dans laquelle il m'a trouvée, en compagnie d'un reporter sur le terrain qui s'apprête à l'interviewer.

Je suis complètement fichue.

"Monsieur Erzat..." commence le journaliste. "Après bientôt dix ans d'enquête, vous avez enfin réussi à remonter la trace de Thomas Gray. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus ?"

Steve esquisse un sourire suffisant qui ne présage rien de bon.

"Il n'y a pas grand-chose à dire..." déclare le capitaine avec un semblant d'humilité qui ne trompe personne. "Nous avons découvert que le terroriste a aménagé des planques similaires à celle-ci dans toute la région Arkephyr. Nous en avons localisé quelques unes, mais vous savez comme moi que le territoire est vaste."

La caméra se concentre cette fois sur l'intérieur de la caverne, où on peut voir un foyer encore fumant – Thomas n'avait pourtant pas allumé de feu hier soir, une poêle et des boîtes de conserve empilées dans une grande caisse en métal.

"Il y a beaucoup de nourriture..." fait remarquer le journaliste. "Est-il possible que le terroriste ait un complice ?"

C'est la question que je redoutais le plus. Un sourire à peine perceptible semble se dessiner au coin des lèvres du gendarme.

Ma vie pourrait bien basculer dans la minute qui suit.

"Nous n'avons aucune preuve..." admet-il après un instant. "Néanmoins, nous avons toutes les raisons de penser qu'il agit seul."

Je me sens à la fois soulagée et terriblement inquiète. Pourquoi ce type a-t-il choisi de garder sous silence sa rencontre avec moi ? Souhaite-t-il s'assurer de mon innocence pour me préserver des médias ? Pense-t-il pouvoir endormir ma vigilance en me laissant croire que je ne risque absolument rien ?

Steve Erzat n'a rien d'un enfant de chœur. Il utilise depuis toujours les médias pour influencer l'opinion publique – c'est d'ailleurs en grande partie à cause de lui que la Ligue Pokémon est à ce point décriée.

Il n'est pas du genre à couvrir quelqu'un par pure bonté.

"Vous voulez dire qu'il a vécu tout seul dans ces conditions pendant dix ans ?" s'étonne le reporter.

Le capitaine de gendarmerie hoche la tête avant de se tourner vers l'objectif de la caméra.

"Cet homme est un survivant..." déclare-t-il d'un air grave. "Ses Pokémon sont extrêmement dangereux et représentent un danger mortel pour quiconque s'en approche. Si jamais vous l'apercevez, prévenez immédiatement les autorités et n'essayez surtout pas d'intervenir."

Voilà qui conclut le flash spécial. Le journaliste plateau ajoute quelques mots à l'adresse des téléspectateurs, mais je n'écoute déjà plus.

Mon cerveau est en ébullition. Même si rien au monde ne peut justifier l'attentat perpétué par Thomas, j'ai besoin de comprendre en détail ce qui s'est passé ce jour-là.

– Voici le numéro d'identification de l'ancien dresseur de Poussifeu, me dit alors l'infirmière en revenant avec un bout de papier.

Je la remercie d'un sourire en pliant le document avant de le ranger dans l'une des poches intérieures de mon sac.

– Vous souhaitez prendre une chambre pour vous reposer ?

Quelques heures de sommeil me feraient sans doute beaucoup de bien, mais je n'ai pas la moindre intention de m'éterniser dans cette ville.

– C'est gentil... je réponds avec un sourire. Mais je dois me rendre à l'arène de Vulcanor.

Une lueur fugace traverse alors le regard de l'infirmière. J'ai cru y déceler une certaine forme de peur, mais son visage a rapidement retrouvé son air habituel.

– Je vous souhaite bonne chance, dans ce cas... me dit-elle avec un sourire bienveillant.

Je la remercie et quitte le Centre Pokémon, bien déterminée à y revenir lorsque j'aurai obtenu mon troisième badge.

L'angoisse que je pouvais ressentir un peu plus tôt m'a complètement quittée, et j'accueille la pluie de cendres avec l'indifférence la plus totale. Le champion de cette ville ne réussira jamais à entraver ma progression, et je n'hésiterai pas à combattre avec Dracaufeu si les circonstances l'exigent.

L'entrée de l'arène est creusée dans l'une des parois montagneuses de Vulcanor. J'y entre d'un pas décidé et me retrouve très vite face à un immense escalier descendant dans les profondeurs du volcan.

– Viens, Dynavolt... je murmure en libérant mon premier Pokémon.

Je veux pouvoir me défendre en cas d'agression. Même si Dracaufeu est capable de se libérer de lui-même pour me venir en aide – comme il l'a fait pour son dresseur, je ne pourrai pas toujours compter sur lui.

Thomas et moi ne poursuivrons sans doute pas notre voyage ensemble. Mon cœur se serre à cette seule pensée, mais je ne peux pas me permettre de continuer ma route aux côtés d'un criminel.

– Dy... Dyna !

J'échange un regard compatissant avec mon partenaire. La chaleur devient insoutenable, et nous risquons d'être à plat bien avant d'avoir terminé notre descente aux enfers.

Nous marchons encore dix minutes supplémentaires avant d'entrevoir la lumière au bout du tunnel – littéralement. L'arène se présente sous la forme d'un terrain rocheux rectangulaire bordé par un gigantesque bassin de lave incandescent.

– Bienvenue... gronde une voix familière à l'autre bout du terrain. Je suis Tony, le champion de...

L'homme s'interrompt brusquement au moment où nos regards se croisent. Son allure de brute épaisse et les tatouages qui recouvrent son corps ne laissent planer aucun doute quant à son identité.

Pas plus que le bandage sanguinolent qui recouvre son moignon, là où devrait se trouver sa main droite.

– Vous êtes l'agresseur de l'autre jour... je souffle avec horreur en décrochant aussitôt la dernière Pokéball de ma ceinture.

– ATTENDS ! s'exclame-t-il avec un air suppliant. S'il te plaît...

Je serre la mâchoire en reculant d'un pas et observe minutieusement les alentours à la recherche de son acolyte.

Il n'y a personne d'autre que nous.

– Vous avez essayé de m'enlever... je siffle avec mépris. Et vous avez sûrement enlevé d'autres filles qui n'avaient rien demandé.

Je décide de libérer Dracaufeu pour prendre l'ascendant psychologique sur mon adversaire. Il est hors de question que je sorte d'ici sans les réponses à mes questions.

– P... Prends ton badge... bredouille-t-il en jetant le cercle métallique à ses pieds avant de reculer de plusieurs mètres. Il est à toi. Prends-le et fous-moi la paix !

J'échange un regard entendu avec le Pokémon de Thomas et avance d'un pas mesuré vers mon agresseur. Le teint du soi-disant champion devient blême, et je comprends bien vite que cet homme n'est rien de plus qu'un lâche qui utilise ses muscles pour se donner contenance.

– Pour qui travailles-tu ? je demande d'un ton menaçant.

C'est tout ce que j'ai besoin de savoir. Je ne pourrai me défendre que si je connais mon véritable ennemi, et je suis déterminée à obtenir des informations sur ce mystérieux réseau qui cherche à nuire aux jeunes dresseurs.

– Il... il me tuera si je parle... bredouille la brute en m'inspirant plus de pitié que d'aversion.

– Je ferai bien pire si tu ne dis rien... je déclare froidement. Dracaufeu, et si on s'occupait de son autre main ?

Mon bluff fonctionne à merveille. Le champion ne sait pas que le dragon est sourd, et ses yeux s'écarquillent sous l'effet de la terreur tandis qu'il ramène son bras valide vers lui.

– C'EST STEVE ERZAT ! hurle-t-il avec un air désespéré.

Je m'arrête brusquement pour prendre la mesure de cette révélation.

– Steve Erzat...

Le capitaine de gendarmerie milite depuis plusieurs années contre le dressage des Pokémon. Orchestrer lui-même l'enlèvement des jeunes dresseurs est le meilleur moyen de renforcer sa position dans les médias tout en ralliant les gens à sa cause.

Thomas en est probablement conscient. C'est peut-être même la raison pour laquelle il a toujours gardé un œil sur moi depuis mon départ de la maison.

– J'aurais dû y penser plus tôt... je murmure en secouant la tête.

– Ne te fatigue pas ! crache alors le champion d'un air dément. Il veut te récupérer à tout prix, et rien ne pourra l'empêcher de te mettre la main dessus !

Je plisse les yeux en me demandant d'où pourrait bien lui venir cette obsession. Steve Erzat ne me connaissait pas avant notre rencontre hier, et ce n'est même pas moi qu'il cherchait en premier lieu.

À moins que...

– Pourquoi veut-il me récupérer ? je demande d'une voix hésitante.

Mon interlocuteur hausse les épaules avec un sourire inquiétant, puis tire de sa ceinture une arme à feu. Dracaufeu déploie ses ailes devant moi au moment où ce dernier cale le canon de son pistolet sous son propre menton.

Je ferme les yeux et me retourne pour ne pas assister à la scène, mais le bruit sourd de la détonation provoque en moi un sentiment d'horreur qui ne me quittera jamais.