Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Baliyru ou les fantômes de la bibliothèque de FireHana



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : FireHana - Voir le profil
» Créé le 06/10/2022 à 11:20
» Dernière mise à jour le 30/05/2023 à 15:52

» Mots-clés :   Amitié   Fantastique   Galar   Humour   Présence de personnages du jeu vidéo

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 1
— Allez Diana ! Arrête de faire ta tête de Tiboudet.

— Hm ! rétorque la petite fille, Je boude si je veux d’abord !

Les trois enfants s’approchent d’une grille. Il fait nuit noire. Seules leurs lampes torches et le Grillepattes de Georges éclairent leur chemin - et plus précisément ici, l’imposante grille noire et pointue qui les sépare de la bibliothèque.

Le Grillepattes remue sa petite moustache de flamme comme s’il est sur le point d’éternuer. Dans le même temps, Sam se retourne vers Diana, les mains sur les côtes dans une mimique plutôt réussie de son père :

— Personne ne t’a obligé à venir avec nous ! Si t’es pas contente, t’as qu’à rentrer chez toi !

— Il n’en est pas question non plus ! s’écrit Diana en croisant les bras. Il faut bien que l’un de nous puisse alerter les adultes quand les choses tourneront mal !

— Mais pourquoi les choses tourneraient FORCÉMENT mal ? On veut juste voir s’y a vraiment un fantôme dans la bibliothèque, c’est tout !

— Parce que les fantômes c’est dangereux ! Je l’ai vu à la télé !

— Pff, n’importe quoi, ils racontent tout le temps des bêtises à la télé !

— Bien sûr que non !

— Bien sûr que si ! s’agace Sam en s’approchant de Diana. C’est mon père qui me l’a dit !

— Eh ben il se trompe parce que ma maman m’a dit l’inverse ! s’énerve Diana en collant son front sur celui du garçon.

— Attends - tu traites mon père de MENTEUR ?!

Les deux enfants se prennent les mains pour se pousser l’un et l’autre dans une tentative de faire tomber son adversaire dans la poussière.

— C’EST PAS CE QUE J’AI DIT, ESPÈCE DE TÊTES DE DODRIO !

— ÇA REVIENT AU MÊME !

TAISEZ-VOUS !

Ils s’arrêtent aussitôt pour se retourner vers Georges, essoufflé. Aussi longtemps que Diana s’en souvienne (soit un peu moins d’un an) il n’a jamais crié de la sorte.

— Arrêtez de vous disputer s’il vous plait… On risque d’attirer les gardiens, explique-t-il en remontant ses lunettes d’une main tremblante.

Sam et Diana se détournent l’un de l’autre, embarrassés d’avoir fait tant d’histoires pour un rien. Pour autant, Diana ne peut pas s’empêcher de penser que c’est Sam qui a commencé.

— Désolés, on va faire un effort, promet Sam.

Diana acquiesce vivement, faisant virevolter ses couettes blondes. Georges esquisse un petit sourire.

— Merci. J’ai une bonne nouvelle d’ailleurs : Buzz a trouvé un passage par derrière. Venez ! invite-t-il en s’aventurant dans les hautes herbes.

Sam et Diana échangent un regard peu assuré. Ni l'un ni l'autre n’a de Pokémon : ils feraient mieux de ne pas trainer. Non sans rivalité, les deux enfants s’emboîtent le pas pour suivre Georges.

Leurs pas les mènent sur un grillage en mauvais état. Buzz présente de ses petites pattes une brèche étroite qui permettrait à un Pokémon de taille réduite de s’y glisser. Mais ils ont beau être de jeunes enfants, ils ne peuvent se contorsionner pour rentrer dans ce trou sans s’y griffer la peau et les habits.

— Buzz, fais fondre le métal pour que nous puissions passer ! ordonne fébrilement Georges.

Diana lui jette un regard choqué.

— On ne risque pas d’avoir des ennuis ?

— Bof, les Pokémon attaquent des trucs tout le temps, argumente Sam.

— N’importe quoi !

— Chut ! coupe à nouveau Georges. Diana, tout se passera bien. Les gardiens penseront simplement que des Pokémon ont grignoté le grillage. Ça passera !

Mais malgré ses promesses, Diana n’est pas convaincue. Tout en faisant la moue, elle observe le Grillepattes agrandir le trou petit à petit à force de répéter les Flammèche.

— J’espère vraiment que personne ne remarquera rien… bougonne-t-elle en croisant les bras.

Les yeux marrons de Sam font trois tours dans leurs orbites. Diana se force à ne pas faire de commentaire, même si des remarques acides lui brûlent les lèvres.

— Ça devrait faire l’affaire ! Merci Buzz.

Le Pokémon grimpe sur la tête rousse de son dresseur tout en émettant des petits cliquetis d’affection. Enfin, c’est ce que suppose Diana.

— Bon, on y va ? interroge Sam.

— Attends, il faut que ça refroidisse un peu…

Les trois enfants s’installent sur le sol humide en attendant. Heureusement que Diana a pris sa salopette : elle aurait détesté salir l’une de ses jolies robes ! Et encore plus d’avoir les fesses toutes mouillées !

Le temps que les bouts de métaux cessent de luire, le regard de Diana se perd sur la bâtisse de la bibliothèque. C’est un monument très ancien, encore plus vieux que pépé et mémé. Il semble avoir existé depuis la nuit d’étang.



Il y a très, très longtemps, un jeune bibliothécaire qui venait de se marier.


Les nuages dans le ciel sont vraiment noirs ce soir. Diana resserre son poing sur sa lampe torche.



Le couple vivait très heureux, jusqu’au jour où le bibliothécaire trouva un livre maudit. Le maléfice ayant érodé son âme, le gentil bibliothécaire devint méchant et cruel.


Buzz s’enroule autour du cou de Georges comme une écharpe. Il commence à faire froid. Leurs souffles deviennent visibles devant eux. Sam tente de faire des ronds de buée comme font les adultes avec les cigarettes, mais c’est sans succès.



Sa femme décida d’agir et de détruire le livre. Mais le bibliothécaire la surprit. Fou de rage, il se jeta sur elle et la tua.


Un flash illumine le ciel au-dessus d’eux. Le tonnerre éclate juste après dans un bruit assourdissant ; les hurlements des enfants en sont étouffés.



Libéré du maléfice, l’homme prit conscience de son affreux crime. La culpabilité étant un fardeau trop lourd pour le malheureux bibliothécaire, il se pendit dans le lieu où tout avait commencé.


— Il faut pas qu’on traine ! On y va ! hurle Sam en entrant la tête la première dans la brèche du grillage.

Les deux autres le suivent à quatre pattes, bien décidés à s’abriter avant qu’ils ne se prennent la foudre. Le cœur de Diana tambourine dans sa poitrine à tout rompre.

Un autre coup de tonnerre éclate, et la pluie s’abat sur la terre. Le groupe parvient à s’abriter sous le toit du vieux bâtiment avant d’être trop mouillés.

— Pourquoi il pleut, pourquoi y a de l’orage… marmonne Sam en grelottant.

— Hihi, moi je trouve que ça nous met bien dans l’ambiance, ricane Georges en remontant à nouveau ses lunettes.

— Je te pensais pas aussi bizarre Joe… commente Diana en frictionnant ses bras.

Diana a dit à ses grands-parents qu’elle dormira chez Georges - ce qui n’est en soi pas un mensonge, mais elle a omis de parler de leur excursion nocturne. Et qu’elle serait éventuellement mouillée. Et sale. Et peut-être même en danger.

Elle ne sait pas vraiment si les fantômes existent. Les Pokémon Spectre ont beau posséder un tel titre, tous ne sont (a priori) pas des revenants. Et depuis qu’elle a appris que le Père Cadoizo n’existe pas, elle se méfie des racontars des adultes. C’est en partie pour ça qu’elle tient à vérifier si les fantômes sont réels ou non. S’ils le sont… peut-être qu’elle pourra utiliser ce savoir à bon escient. L’autre raison, c’est pour s’assurer que les garçons ne fassent pas de bêtises. Ils ne savent faire que ça ! Des bêtises ! À croire qu’ils aiment se faire punir par la maîtresse.

— Bon, il est temps de commencer les choses sérieuses.

Georges sort de sa poche en jean une paire de clés qu’il montre fièrement à ses deux amis.

— Comment t’as fait ? demande Sam avec émerveillement.

— J’ai un compagnon très malin, explique-t-il en caressant la tête du Grillepattes, et aussi un oncle un peu tête en l’air !

Diana fait une petite moue. Certes, l’excitation et l’appréhension de se faire prendre sont grisantes, mais elle craint vraiment que ça tourne mal. Maman ne lui donnera sûrement pas de Pokémon pour son anniversaire si jamais elle apprend ce qu’ils ont fait. Sans parler que pépé la disputera très fort…

Mais la curiosité prend le pas, et elle ne dit rien lorsque le cliquetis de la porte retentit dans les airs. Elle s’ouvre sur les ténèbres en grinçant. La lampe torche de Sam les dissipe. Ce n’est que la bibliothèque, juste un peu plus obscure que d’habitude.

Les trois enfants pénètrent à l’intérieur. Diana ferme la marche.

— Il parait que le fantôme du bibliothécaire apparait vers minuit en faisant tomber un livre par terre. Nous allons aller dans la section des adultes : on dit qu’il s’est pendu là-bas.

— Qu’est-ce qu’on fait s’y a vraiment un… un fantôme ?

Une vive et brève lumière passe au travers des fenêtres. Maintenant qu’elle est à l’intérieur, Diana n’a plus peur, mais Sam sursaute à nouveau en glapissant.

— Tu as peur de l’orage ? lui demande-t-elle.

Il n’y a pas de trace de moquerie, mais Sam se rengorge en s’exclamant :

— Moi ? Peur ? Jamais de la vie ! Que ce soit des fantômes ou des éclairs, j’ai jamais peur !

Pour autant il semble pâlir lorsque le tonnerre rugit non loin.

— Hmhm, acquiesce Georges sans conviction. Bref, si la légende est vraie, nous ferons le rituel de renvoie en rangeant le livre à sa place et en s’excusant pour le bruit.

— Tu crois vraiment qu’il va nous croire ? Si c’est vraiment comme ça qu’on l’invoque à chaque fois…

— Diana, s’agace à son tour Georges, ce sont des fantômes. Ils n’ont pas la même logique que les vivants. C’est plutôt évident, non ?

Elle plisse ses yeux clairs en évitant le regard de son camarade.

— Pff… j’imagine.

La pluie tambourine sur le plafond à plusieurs mètres au-dessus d’eux. Alors qu’ils montent les escaliers, Sam se fige. Diana est bien obligée de s’arrêter et, perplexe, se retourne pour suivre son regard.

Mais il n’y a que la porte de la section jeunesse, certes ouverte, mais sans rien d’autre de particulier.

— Mais qu’est-ce que tu fais ? chuchote-t-elle à son ami.

— J’ai cru - Non ! J’ai vu de la lumière là-bas ! murmure-t-il d’une voix paniquée.

Georges descend de quelques marches pour les rejoindre et leur demander ce qu’il se passe. Sans quitter la salle des yeux, Diana redonne ses propos. Faudrait-il qu’ils aillent voir ? Et si c’était un gardien ? Ou un Pokémon ? Ou…

— Restons concentrés sur notre objectif, tranche Georges. Il ne vaut mieux pas que nous nous dispersions. Restons juste sur nos gardes, d’accord ?

Diana acquiesce timidement. Sam reste immobile.

— OK… finit-il par susurrer en déglutissant.

— Prends Buzz avec toi si tu veux. Tu es d’accord, Buzz ?

Le Pokémon glisse depuis le cou de son dresseur jusqu’à son bras tendu vers Sam en s’y enroulant autour. Seule sa tête se tend vers l’enfant, dans l’attente de sa réponse.

— Euh, ça va, merci. Je suis un vrai mec ! J’ai pas besoin de, euh… bref. Ça va aller ! Ahaha !

Il se racle ensuite la gorge avant de mettre les mains sur les hanches.

— Bon allez, l’heure tourne ! On y va !

Chuut ! s’exclame en chœur les deux autres enfants.

— Oups, désolé, s’excuse Sam en frottant une main dans ses cheveux frisés.

Le petit groupe se remet en route dans un silence pesant. L’orage semble s’être éloigné, mais la pluie tombe toujours.

Enfin, ils arrivent à la section adulte. Un gigantesque planétaire flotte au-dessus de leurs tête ; les planètes sont en suspension telles des épées de Damoclès. Leurs ombres se projettent sinistrement sur le sol, éclairées en partie par les lampadaires de la rue.

Georges a un mouvement de recul, se cognant dans Diana et marchant au passage sur le pied de Sam qui étouffe un « purée ! » entre ses dents. La lampe de Georges révèle un écorché grandeur nature.

— J’ai cru que c’était quelqu’un, souffle Georges en abaissant la lumière.

— Beurk, c’est dégoûtant ! ajoute Diana en réprimandant un frisson.

Sam est devenu vraiment pâle et détourne le regard. Buzz a sauté du cou de l’enfant pour se mettre devant lui, en alerte.

— Il est moins le quart : il faut que nous nous préparons pour le rituel. Prenez un gros livre pour que ça fasse beaucoup de bruit.

Ils se séparent momentanément. Diana est vite rejointe par Sam, un dictionnaire plaqué contre sa poitrine.

— D-Diana…

— Qu’est-ce qu’il y a ? Il n’y a presque plus d’orage, tu sais.

Elle prend un livre qui lui fait aussitôt lever un sourcil : pourquoi les adultes voudraient lire des livres avec des madames toutes nues dessus ? Incapable de trouver de réponse, elle le repose immédiatement.

— Je- Je crois qu’il y a quelqu’un d’autre ! Y avait du bruit dans les escaliers !

— Tu es allé voir ?

— T’es folle ou quoi ! Bien sûr que non.

— Sam.

Il soupire tout en se grattant le crâne.

— Désolé… les fantômes, l’orage et tout… J’avoue, j’ai un peu peur.

— Je l’avais déjà deviné. Mais tu sais, c’est un vieux bâtiment plein de bois. Chez moi aussi, ça craque tout le temps, mais ça veut rien dire. Et si c’était un gardien, il serait déjà venu nous trouver, tu crois pas ?

Malgré ses paroles, Sam ne semble pas être rassuré. Diana finit par trouver un livre convenable : ce sera une biographie sur un des nombreux rois de Galar.

— On devrait pas faire ça. Et si le fantôme se mettait en colère ? Et si…

— Vous avez trouvés ce qu'il fallait ? Il nous reste juste deux minutes, interrompt Georges au bout du rayon.

Le regard de Diana se fait insistant sur son ami de longue date. Sam déglutit avant de bomber le torse :

— Ouaip ! Impec, on peut y aller.

Le visage de Diana se tord dans une grimace désapprobatrice. C’est fou qu’il soit si lâche au point qu’il finisse par en devenir courageux. Sans attendre la fillette, il la double pour rejoindre Sam avec un sourire insolent.

— Il va falloir qu’on se mette en cercle, puis on jette nos livres un à un par terre. Ensuite, on se prend les mains et vous répétez ce que je dis. D’accord ?

Diana, qui vient de les rejoindre, hoche la tête. Elle ne sait plus si elle a vraiment envie de voir le fantôme ou non. Mais il est trop tard pour reculer.

Les aiguilles se superposent l’une sur l’autre : il est l’heure.

Sam est le premier à jeter son livre. Georges est le suivant. Diana ferme le tour.

Une main blanche dans une main brune, une main brune dans une main blanche, une main tremblante dans une main contenante. Le cercle est fermé.

— Baliyru, Baliyru ! appelle Sam.

— Baliyru, Baliyru ! répètent les deux autres enfants.

— Minuit se révèle et les livres se sont vus poussés des ailes !

— Minuit se révèle et les livres se sont vus poussés des ailes !

Diana a l’impression qu’il y a l’ombre d’une personne dans son dos. Elle resserre ses mains sur celles de ses camarades ; la tremblote de Sam se diffuse jusque dans ses jambes. Georges ne fléchit pas : au contraire, il semble d’autant plus déterminé. Buzz, en dehors du cercle, redresse la tête dans la direction de l’ombre.

— Laisseras-tu ce désordre, ou viendras-tu tout remettre en ordre ?

Sam et Diana reprennent ses paroles en y mettant beaucoup moins de conviction.

Le temps est suspendu. La grande aiguille passe sur la première minute. Puis la deuxième.

— On est censé attendre combien de temps comme ça ? chuchote Diana.

— Pff ! Je savais qu’il s’passerait rien ! fanfaronne aussitôt Sam en relâchant les mains de ses camarades, C’est vraiment que -

— NON ! hurle Georges.

Mais il est trop tard. Le cercle est brisé.

La foudre s’abat à quelques mètres d’eux. La silhouette que Diana a cru voir s’obscurcie, s’agrandie, s’étire. Et, au niveau de ses yeux, deux énormes orbes rouges fixent les trois enfants.

On raconte qu'il existe trois façons de réagir en cas de danger. Le hasard fait que chacun des trois enfants incarnent chacune des trois réactions.

Premièrement : la fuite.

Sam s'enfuit en hurlant dans les escaliers, abandonnant les lampes torches jonchant sur le sol. Personne ne s'en rend compte, mais quelqu'un d'autre a crié en même temps que lui.

Deuxième possibilité : le gel.

Diana part se cacher dans un autre rayon mais bouscule l’écorché qui s’écrase par terre. L’impact crée un boucan épouvantable. Mais pire encore, derrière l'écorché maintenant au sol, se révèle une autre figure fantomatique. L’enfant a tellement peur qu’elle s’en retrouve tétanisée.

Et enfin, l’attaque.

Buzz se jette sur l’ombre et Georges entreprend immédiatement de prendre les rênes du combat. L'ombre feule de douleur lorsque l’insecte s’embrase lors de l’assaut, mais il lui en faut peu pour renvoyer l’insecte vers son dresseur. Georges se décompose.

— Diana ! Diana, où est-ce que tu es ?

Mais aucun son ne sort de sa bouche. Ses yeux sont rivés sur le spectre devant elle. Lentement, il lève un bras…

— Diana !

Elle ne parvient plus à penser. C’est tout juste si elle réussit à se retenir d’uriner. Sa respiration est coupée.

L’ombre aux yeux rouges s’avance de façon menaçante vers Georges ; il est obligé de battre en retraite. L’enfant l’entend partir dans les escaliers.

Diana est toute seule maintenant. Seule avec les deux fantômes.

Que vont-ils faire d’elle ?