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Jusqu'à ce que les vagues cessent de nous bercer de Ramius



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» Auteur : Ramius - Voir le profil
» Créé le 27/09/2022 à 08:12
» Dernière mise à jour le 27/09/2022 à 08:12

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Aventure   Conte

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Chapitre 7 : Liens de sang
La silhouette beige aux cheveux volant dans le vent ne les surprit aucunement.

Elle les attendait au sommet d’une dune, debout et impassible. Mais ils savaient qu’elle était là depuis qu’ils étaient partis, et étaient venus vers elle à allure tranquille. C’était le matin du quatrième jour : elle avait passé le premier à dormir, avait ménagé son Démon lors du second pour qu’il reprenne des forces, et avait ensuite dévoré son retard pour venir se placer dans leur route, ici. Elle aurait pu s’accorder plus de temps. Ils ne l’avaient pas perdue de vue une seule gonde et ils savaient que c’était réciproque grâce au lien entre les épées des deux Guerriers.

Margar soupira en descendant du Démon des Sables, en face de la large combe de sable qu’Aixed avait choisie pour les attendre. Elle avait pris la première opportunité de les rattraper ; ils auraient préféré avoir un jour ou deux de plus, par confort, mais ils savaient que la décision lui appartenait. Et ce qu’elle, au contraire, ne savait pas, c’était qu’ils avaient fait quelques hypothèses, quelques calculs, et quel que soit le jour de leur rencontre, ils auraient su quels choix la Guerrière avait fait pour l’obtenir, et en aurait déduit des indices précieux sur son état d’esprit.

« Eh bien, elle est pressée, avait dit Onis la veille. Ça ne nous apprend rien. »

Mais maintenant qu’il défiait sa comparse du regard, par-dessus une ou deux centaines de mètres de sable, Margar avait l’impression qu’il la jaugeait et savait ce qu’il devait chercher. Elle s’efforça d’effacer un sourire satisfait en le suivant le long du versant. Autant qu’Aixed ne la voie pas comme ça.

Ce ne fut pas difficile : la scientiste était fourbue. Elle s’était imaginée que l’épée l’aiderait, mais cela signifiait seulement qu’elle arrivait à s’exercer à côté du Guerrier le soir venu, pas qu’elle appréciait la journée. D’ailleurs, elle abandonnait avant lui — ce qui ne venait sans doute pas de la course, plutôt du fait que lui avait passé les vingt années précédentes à infliger ce genre de routine à son corps.

Se concentrer sur les aspects désagréables des cinq derniers jours fut un remède efficace. Quand ils se rejoignirent au fond de la combe, leurs Démons restant à bonne distance derrière eux, Margar savait qu’elle ressemblait à un linge tout juste essoré.

Les deux Guerriers s’arrêtèrent spontanément à une dizaine de mètres l’une de l’autre, et la scientiste resta prudemment en retrait. Ils se dévisagèrent du regard un instant, sans lui prêter aucune attention, mais rien ne sembla passer dans ces regards, aucune communication. Rien qu’un défi, lancé de chaque côté, comme s’ils avaient encore besoin de se provoquer pour tirer l’épée.

« Tu tiens vraiment à faire ça seule ? demanda Onis au bout d’au moins une nute.

— Je n’ai pas besoin d’alliés.

— Tu as des siblings. Pourquoi ne profites-tu pas de leur compagnie ? Pourquoi ai-je l’impression que tu les fuis ?

— Certains d’entre nous n’ont pas jeté au vent tout ce pour quoi ils avaient vécu !

— Alors pourquoi est-ce que personne ne t’a suivi ?

— Tu n’es quand même pas en train de me reprocher… l’étroitesse de ta propre compagnie, Onis ? »

Le Guerrier baissa la tête avec un ricanement amer. Il souriait ; ce sourire glaça plus Margar que la violence imminente sensible dans la voix d’Aixed.

« Non, je ne devrais pas, reconnut-il. En garde. »

Ils avaient la même façon de passer leur bras droit par-dessus leur tête pour aller chercher le manche de leur épée, et de poursuivre le mouvement avec une ondulation des épaules pour la laisser tomber sur la droite. Mais Aixed laissa retomber son bras avant de le relancer vers l’avant, faisant décrire un arc de cercle à sa lame et positionnant cette dernière à l’horizontale à gauche de sa tête, tenue à deux mains, pointée vers ses ennemis, là où Onis acheva simplement de plier son coude et le bloqua devant son menton, la lame de l’épée descendant verticalement depuis l’arrière de son épaule droite. Tous deux laissaient le bouclier libre de flotter autour de leur lame, retenu par ses panaches noirs ondulants.

« Trop exotique, cingla Aixed.

— Je peux me le permettre, je suis meilleur que toi. »

Les traits d’Aixed se tirèrent, mais elle ne répondit pas. Onis pivota en terminant sa provocation, pour se placer face à Margar.

La scientiste combattit un frisson dans son cou. Elle s’était attendue à ce qu’ils se servent immédiatement de leurs épées, qu’ils se sautent dessus à distance ; à la place, Onis tournait tranquillement le dos à son adversaire avec une garde peu crédible, et Aixed attendait patiemment.

Ils restèrent sans bouger pendant plusieurs gondes, mettant les nerfs de Margar à rude épreuve. Et puis Aixed soupira avec irritation.

« Je ne suis pas assez idiote pour arriver sur ta scientiste avec une Hantise, Onis. Je sais que tu adores les intercepter.

— Et je ne vais pas non plus me coucher par terre pour te faciliter la vie. Tu vas bouger, oui ou merde ? »

La Guerrière grommela une injure incompréhensible, puis quitta sa position basse pour pouvoir avancer sans fatigue inutile.

Onis sembla faire un pas de côté, vif et précis, et un instant plus tard Margar le cherchait en vain. Aixed rabaissa immédiatement sa posture, la jambe gauche fléchie et le corps légèrement incliné vers la droite, l’épée suivant son regard. Elle se mit à reculer en cercles étroits, sa jambe droite la propulsant par petits bonds, sa lame balayant l’horizon.

Elle avait fait trois tours quand Onis réapparut, à l’endroit exact qu’il avait quitté, sa position complètement identique.

Aixed grinça des dents en le voyant continuer de dévisager Margar, et disparut à son tour. Elle était dans le dos du Guerrier, mais celui-ci n’eut pas besoin de la regarder pour le savoir et il se mit à tourner sur lui-même de la même façon prudente. La scientiste ne put s’empêcher de remarquer que son propre mouvement faisait l’épée pivoter sur son axe sans changer de place. Il y avait un charme hypnotique à cette rotation.

La Guerrière ressurgit là d’où elle était partie — mais elle arborait un sourire vicieux en renvoyant sa propre technique à Onis, et elle s’élança au pas de course vers Margar.

Le panache noir claqua si vite que la scientiste ne comprit pas d’où il venait avant de voir Aixed le dévier d’un arc de cercle serré. L’épée tournoya encore un instant autour de sa main, et puis se figea à l’horizontale, de l’autre côté de son visage. Onis s’était arrêté en lui faisant face, et ils n’étaient plus qu’à cinq mètres l’un de l’autre.

« Original, se moqua-t-il.

— Moi aussi, j’avais envie de rire un peu. »

Ils se remirent à avancer d’un pas prudent, délibéré. Il leur fallut bien dix gondes pour que leurs mouvements s’incurvent, à deux mètres à peine l’un de l’autre et ne manifestant toujours aucune intention d'attaquer. Aixed décala ses pas sur sa droite, gardant son épée sur l'extérieur et pivotant légèrement. Elle tentait d’entraîner Onis dans une ronde, où elle aurait pu se retrouver du côté de Margar à condition d’accepter de tourner le dos à la scientiste pour garder le Guerrier à l’œil.

Onis ne l’autorisa pas : il se déplaça de côté, sur sa gauche, restant entre la scientiste et la Guerrière et forçant cette dernière à prendre un peu de champ.

Ils continuèrent de pivoter autour de la scientiste sur plusieurs pas, mortellement attentifs. Margar savait qu’une équipière digne de ce nom aurait tenté d’aider Onis au lieu d’être un poids mort pour lui. Et ce n’était même pas la peine d’essayer.

Onis laissa comme par mégarde ses pas le rapprocher d’Aixed ; il était prêt quand elle attaqua et fit un pas glissé qui débloqua son épaule et laissa sa lame décrire un arc de cercle teinté de bleu, remontant droit vers la mâchoire de la Guerrière.

Aixed s’écarta sur le côté en dardant son arme vers le bas — les épées se heurtèrent au passage, leurs trajectoires déviées de telle sorte que celle d’Onis passa au large d’Aixed et qu’il dut baisser le torse pour éviter la lame qui filait vers son cœur. Mais il ramena sa propre épée à lui et étendit son mouvement sur un cercle complet qui revint en plein vers la tête d’Aixed. Elle fut forcée de parer en jetant son bouclier vers le haut tout en projetant sa jambe droite en arrière pour se retrouver face à Onis.

Ils étaient trop proches pour rompre l’engagement ; les lames se dardèrent immédiatement pour une nouvelle passe, et ils n’hésitaient plus à se tourner autour pour accompagner leurs larges mouvements circulaires. Margar recula lentement, extrêmement consciente de la masse de leurs armes et de la brutalité des chocs. Ils avaient besoin d’amplitude pour se battre, et elle ne comprenait absolument pas comment ils parvenaient par moment à réaliser une rotation circulaire avec ces mouvements secs du poignet qui envoyaient une garde se fracasser dans le vide ou rétablissaient une trajectoire déviée.

L’épée qu’elle portait dans le dos ne pouvait rien changer. Ils s’entraînaient depuis deux décennies pour manier les leurs, et enchaînaient leurs attaques sans une seule hésitation. Ce n’était pas que la masse inconstante ou la vitesse surnaturelle des lames : c’était les jeux de jambes parfaitement maîtrisés assurant d’avoir toujours les deux pieds au sol lors d’un coup, c’était la souplesse des esquives, c’était le rythme brisé et nerveux des assauts et des temps morts.

Les deux carchacroks profitèrent de la distraction de leurs maîtres pour se rejoindre, prenant spontanément place à côté de la scientiste. Ils n’avaient aucune intention visible de partager le combat, et se contentèrent de regarder.

Les épées s’immobilisèrent enfin, les pas des Guerriers les menant à nouveau à une distance raisonnable. Ils s’étaient séparés avec un naturel terrifiant, avec la souplesse d’un accord tacite qu’ils ne pouvaient pourtant pas avoir eu. Ils adoptèrent de nouvelles gardes, Aixed les deux mains sur son épée, la tenant verticale devant elle et le bouclier sur ses bras, et Onis montrant son profil avec une prise inversée qui envoyait la lame vers son dos ; et ils recommencèrent à tourner.

La carchacrok d’Onis se coucha au sol avec un bâillement et se lova sur elle-même.

« Calme-toi ou tu ne tiendras pas la journée, conseilla Onis. Et évite de mettre ton bouclier devant tes yeux.

— Tu n’es pas mon maître.

— Notre maître.

— Tu n’as pas de maître. »

La Guerrière avait craché sa réplique avec la conviction d’une insulte. Onis baissa les yeux un instant, ouvrant une faille si évidente dans sa garde que même Margar pouvait la voir ; pourtant Aixed n’en profita pas. Elle attendit que son adversaire la regarde à nouveau droit dans les yeux et réponde.

« Je suppose que je n’en ai plus, non, murmura Onis.

— Tu supposes ? siffla Aixed. Tu supposes ? C’est la vérité, Onis, pas une devinette ou une énigme ! L’Ordre t’a banni, et tu n’as plus de maître. Tu n’as plus de famille. Tu n’as plus de sœur.

— Et je ne crois pas que ce soit si simple, affirma le Guerrier sans sembler ressentir le coup. Qu’est-ce que tu as de plus, Aixed ? Tu es aussi seule que moi ici.

— Bah. Tu avais sans doute raison, admit-elle avec mépris. J’aurais dû venir avec des alliés, mais ça ne change rien. Tu vas continuer de trimballer ton fardeau de scientiste avec toi, parce que je peux la retrouver où que tu la caches, et je la tuerai. »

Margar déglutit avec un rictus. Elle n’avait aucun mal à croire la Guerrière sur parole.

« Tu vas continuer de te traîner comme un ver, poursuivait Aixed. J’ai tout le temps du monde.

— C’est ça que je ne crois pas, pointa Onis. Tu as vu Yspéri aussi bien que moi. Tu sais que nous perdons le contrôle. Nous avons cherché Varsta ensemble, Aixed, et je n’ai pas besoin de te rappeler comment il est mort. Tu sais que nous n’avons aucune idée de l’ennemi, et tu penses encore avoir tout le temps du monde ?

— Ça ne te donne aucune raison de t’allier avec le Sémérès, pointa Aixed. Que je sache, la Lame Noire était une foutue scientiste. »

Ces paroles attirèrent la curiosité de Margar. La Lame Noire ; est-ce que ces Guerriers l’avaient rencontrée ? L’avaient-ils combattue ?

« Les yeux ont-ils jamais réagi ? demanda Onis. Tu les as pillés sur son… cadavre ; il me semble que si elle avait survécu, elle serait revenue les chercher.

— Et ?

— La Lame Noire est morte. Maintenant, ce sont ses sous-fifres qui font du bruit, du moins ceux qui ont eu la chance de survivre et l’idiotie de continuer le combat. Et Varsta avait établi qu’ils n’avaient pas grand-chose à voir avec le Sémérès.

— Eux, ou quelqu’un d’autre. Tograz agissait sur ordre d’une hiérarchie, ou pas. Tu ne m’apprends rien, Onis, et ta proposition d’allier l’Ordre aux scientistes dérive de suppositions sans aucun fondement. Tu auras l’air fin quand tes soupçons nous auront fait rater l’ennemi, sans parler de s’acoquiner avec un autre ennemi.

— Dis-moi, Aixed, il me semblait que nous avions passé les dix dernières années ensemble ? Comment se fait-il qu’aucun de nous ne comprenne le point de vue de l’autre ? »

L’attaque fusa hargneusement, un cercle de lumière bleutée tracé pour tuer, et Onis para négligemment le coup avant de riposter avec une précision froide. Ils s’engloutirent une fois de plus dans la danse des épées, complètement fermés au monde les entourant. Et Margar se prit à penser qu’elle aurait pu faire n’importe quoi pour déconcentrer Aixed, si seulement elle avait eu le courage d’approcher.

Et il était trop tard. La Guerrière disparut, emportée hors d’atteinte humaine par un simple pas de côté. Onis suivait un clin d’œil plus tard. Le sol avait été labouré par leurs pas et n’était pas taché d’une seule goutte de sang.

Margar fouilla les alentours du regard, nerveuse. Elle préférait les avoir sous les yeux, en fait, et le silence soudain qui avait envahi la combe ne lui disait rien qui vaille. Et puis ils avaient beau parler comme si elle n’était pas là, la conversation la concernait directement. Elle avait été la fille de la Lame Noire, et elle était une scientiste, et ne se battaient-ils pas pour le droit de la tuer ?

Mais elle pouvait accumuler les raisons, les Guerriers n’étaient plus là, et ils ne reparaissaient pas. La monture d’Onis dormait, celle d’Aixed furetait alentour comme pour chercher à manger, et la scientiste guettait le sable déserté avec l’impression d’attendre un prédateur.

La scientiste laissa échapper un juron lorsqu’ils reparurent enfin, peut-être une nute ou deux plus tard. Ils étaient sur la crête où Aixed les avait attendus et elle se dépêcha d’escalader le versant de sable : la discussion l’intéressait encore.

Ils étaient revenus à distance, le combat interrompu, et se tournaient autour. Encore.

« Tu vas définitivement épuiser ton épée si tu refais ça, commenta Onis au bout d’un moment.

— Ça valait le coup d’essayer. De toute façon, celle de Gorbak serait foutue de prêter sa force à la tienne, et j’aurais l’air maligne à me reposer sur l’endurance de la mienne.

— Je n’avais pas l’intention de le lui demander. »

La Guerrière ne répondit pas, une moue dédaigneuse sur les lèvres. Margar s’efforça de prendre son mal en patience, comme ils reprenaient leur ronde mesurée et interminable.

Puis Onis reprit la parole.

« Au fait, ce n’est peut-être pas inutile de poser la question, badina-t-il. Il n’y a aucune chance que tu me rejoignes, si ? »

La dernière chose que vit Margar fut le visage tordu de rage d’Aixed, et puis un éclair jailli de nulle part lui transperça la rétine. La scientiste s’écroula en arrière, prise de court.

Elle n’aurait pas su dire au bout de combien de temps ses yeux lui répondirent à nouveau, l’entourant d’un brouillard flou. Le vacarme sonnait comme une armée de flûtes sourdes à ses oreilles, confus et brouillon : un chaos de métal et de bruits plus obscurs. Elle ne parvenait pas à comprendre d’où cela venait et elle sentit son cœur cogner avec la frénésie de la peur.

Elle se frotta vivement les yeux, cherchant à regagner la vue au plus vite ; elle savait qu’elle n’était pas en danger immédiat, mais avait absolument besoin de retrouver ses repères. Il lui sembla que les formes qu’elles discernait s’affirmaient, et elle se concentra sur la ligne d’horizon.

Le ciel et les dunes se séparèrent, progressivement, apaisant la terreur de la scientiste, et elle put retrouver les Guerriers.

Ils n’allaient pas continuer comme ça longtemps. Aixed harcelait Onis sans répit, déchaînant une tempête d’attaques, sa lame en permanence soulignée d’une clarté bleue ou d’ombres solides, et un autre éclair blanc fit Margar fermer spontanément les yeux. Elle garda la vue, cette-fois ci, au prix d’un instant d’éblouissement.

En face, Onis absorbait les assauts avec une précision méthodique. La scientiste souffla un juron en comprenant que ses yeux étaient fermés : ça, épée ou pas, c’était purement et simplement impossible, et son esprit se révolta contre cette idée.

Le déluge d’Acier s’étira sur une nute ou deux, sans pause, faisant Onis reculer pied à pied et le forçant à rester sur la défensive. Il semblait sur le point de tomber à chaque instant, et Margar frémit plusieurs fois en voyant les attaques d’Aixed passer à un cheveu de lui retirer un œil ou un bras.

Et puis l’épée de la Guerrière s’abattit simplement dans le sable, avec un choc sourd, et elle s’arc-bouta dessus sans parvenir à la retirer.

« Ça t’a pris plus de temps que prévu, commenta Onis en essuyant une traînée de sueur sur son front. Tu vas poursuivre ça aux poings, Aixed ? »

Elle se jeta sur lui en guise de réponse, et ne parvint qu’à se faire projeter a sol. Onis lui avait balayé les jambes d’un revers du poignet.

« Ce n’était pas une proposition, nota-t-il.

— Eh bien qu’est-ce que tu attends pour me buter ? explosa-t-elle. Enfoiré, va ! Aie des tripes et termine le boulot !

— Jamais, annonça calmement Onis. Je n’ai peut-être plus de famille, mais je ne prendrai jamais la vie d’une sœur. Tu peux amener à moi tous les Guerriers qui te suivront, Aixed, aucun ne mourra. »

Elle le fixa un instant avec une grimace éberluée, et il se détournait déjà quand elle réagit enfin.

« Lâche ! hurla-t-elle. Reviens ici ! Je vais te ramener tout l’Ordre, je vais t’arracher les yeux !

— On s’en va, » commenta Onis à l’intention de Margar.

Il héla sa carchacrok, et la dragonne escalada immédiatement la dune en réponse. Aixed ne se leva même pas pour les en empêcher. Elle resta agenouillée à côté de son épée, enragée jusqu’au délire, et les agonit d’injures, de menaces et de malédictions à peine cohérentes avec une conviction qui fit frémir Margar. Onis ne se retourna pas une seule gonde, dirigeant calmement la course de sa monture loin de la Guerrière.

Ils la perdirent bientôt de vue derrière la crête des dunes, et alors seulement le Guerrier prit la parole.

« Elle devra chasser pour son épée. Nous avons bien gagné une journée. »

La scientiste se renfrogna. S’ils ne pouvaient gagner qu’une journée, chaque fois que l’Ordre les rattraperait, ils allaient avoir besoin d’un plan à long terme. Et vite.