Carnet de bord de Bridou de Brindibou12

Après un repas copieux, Liliana voulut annoncer quelque chose au groupe avant que nous quittions la table.

-Même après ce petit incident, je pense que Bridou adorera la proposition que je m’apprête à faire : Je pense que nous devrions continuer la chasse aux pokémons, même avec le petit handicap de Bridou. C’est sûrement ce que ferait n’importe quelle organisation aussi bienveillante que la vôtre.
-Tu es folle !!!- répondis-je
-Pas du tout.
Ce n’était pas une plaisanterie. Le regard de mon amie de si longue date avait affiché une expression qui semblait des plus sérieux.
-Est- ce que tu penses que je peux bouger adéquatement dans une chaise roulante?
-Ne t’inquiète pas, on va t’attendre.
Cette promesse qu’elle avait fait avec tant de douceur ne fut jamais tenue, car à l’instant où j’acceptais sa proposition, mes amis s’étaient enfuis en courant à la recherche de leur pokémon, alors que je poussais ma chaise péniblement en avançant à un kilomètre à l’heure.
Après une heure d’efforts, j’ai aperçu la salle de chimie. À l’intérieur, il y avait un arbre avec des fils de toutes les couleurs attachées à son tronc immense.

Au moment où je pénétrais dans la salle, une ombre en sortit. Mon sixième sens m’indiqua que cette ombre s’agissait d’un des trois pokémons fugitifs.
Je roulai à la vitesse maximale que mes bras pouvaient pousser le fauteuil et je réussis à suivre l’ombre jusqu’à la salle de stockage de matériaux, où des tonnes de boites étaient entreposées comme dans un jeu de Tetris.
Soudain, je compris que ce pokémon n’était pas effrayé par moi, mais par les autres humains qu'il avait l'habitude de côtoyer: les membres de la fondation Ether qui avaient dû le maltraiter toute sa vie. Cette hypothèse expliquerait aussi la raison pour laquelle il avait choisi la fugue.

-Viens par ici! Je ne te veux aucun mal! Je sais ce que ces gens t’ont fait subir, mais si tu viens avec moi, tu n’auras plus jamais à côtoyer ces êtres malveillants.
À m’entendre, on aurait pu penser écouter une scène super clichée d’un mauvais film, mais c’est bien ce que j’ai dit.
L’ombre s’arrêta quelques instants puis repartit à pleine vitesse.
Je devais agir et vite
Mon cerveau roulait à 300 kilomètres à l’heure. Il fallait que je trouve une solution à portée de main, mais tout ce que j’avais à portée de main étaient des boites en bois.
À la vitesse de l’éclair (dans la mesure du possible pour une personne à mobilité réduite), je saisis le pied de biche qui gisait par terre et j’ouvris les boites une par une.
Au bout de 30 secondes, j’avais réussi à trouver des feux d’artifice et je les avais attachés au bord de ma chaise roulante. Je fouillai ma poche à la recherche de quelque chose pour allumer les feux d’artifice, mais je ne trouvai rien.
Heureusement, je retrouvai une petite boite avait un logo de tête de mort. Je compris qu’il s’agissait de substances explosives et j’ouvris la boite pour finalement découvrir une énorme quantité d’allumettes. Malheureusement, je n’avais pas de quoi les allumer mais le problème fut vite réglé lorsque je saisis la carte que la vieille artisane m’avait donné.
Après trois essais, une des allumettes prit feu et j’eus seulement le temps de sortir de la salle avant que les feux d’artifice explosent en me propulsant à la vitesse de la lumière.
Jamais je n’avais eu si peur. Non seulement mon cœur battait plus vite qu’une mitrailleuse, mais j’avais la peur constante du mur qui m’attendait au bout du couloir. L’ombre mystérieuse était maintenant à portée de vue et elle prit peur en s’échappant par une porte ouverte. Dans laquelle je fonçai.

Tout était noir. On aurait dit que j’étais dans un monde ténébreux. Aucun son ne venait à moi.
Est-ce que j’étais mort?
Soudain, un son perça ce silence de mort qui planait autour de moi:
-Capidextre!!!
Je repris ma respiration et mes yeux s’ouvrirent comme les ailes d’un papillon.
Devant moi, se tenait un Capidextre et une sorte d’hibou. Je levai la tête et je vis la vieille artisane qui fabriquait une pokéball. À ma droite se trouvaient les débris de ma chaise roulante brulée par l’explosion.
-Je vois que tu es réveillé! Si tu as survécu, ça veut dire que tu n’es pas comme les autres. Tu n’es ni vaniteux ni orgueilleux. D’ici peu, Elsamina et les autres déchets humains vont rappliquer mais nous, nous allons avancer nos pions en premier.
Je comprenais à peine un mot sur cinq de ce qu’elle disait et alors qu’elle faisait un monologue qui semblait sans fin, j’essayais de reprendre mes esprits. Une tâche peu évidente pour quelqu’un qui venait de défoncer une porte dans une explosion.
-Est-ce que tu as encore la carte que je t’ai confiée.
-Oui, même si elle est un peu brulée. Je l’ai utilisée pour allumer une allumette.
-Tu as fait quoi?!
-Il y a un problème?
-Un problème ?! Tu as failli détruire notre seule façon de sortir de cet enfer! Bon, peu importe. Le principal, c’est que tu l’aies encore. Voici ce qu’on va faire si tu acceptes.
-Attends une minute…
Ma mémoire venait de me revenir.
-Où se trouve cette ombre que je chassais tout à l’heure.
-Tu parles de Brindibou? Il se trouve juste à côté de toi.
-Tu parles de ce hibou ultra mignon?
-Oui! Ce pokémon très courageux travaille dans une révolution de la part de ces derniers contre la fondation Ether. C’est lui qui a organisé cette fugue qui est seulement le premier pas vers leur liberté. Maintenant nous devons faire la même chose qu’eux.
-Attends, si j’ai réussi à rattraper Brindichose, ça veut dire qu’il vient de devenir mon partenaire!
-Techniquement oui. D’ailleurs, je travaille sur cette pokéball depuis tout à l’heure et elle est destinée à Brindibou.
-Trop bien!
Je saisis l’objet sphérique dans ma main et la jetai sur Brindibou, qui rentra dedans de plein gré avec un air joyeux.
Je venais d’attraper mon tout premier pokémon et ma vie venait de changer à jamais.