Carnet de bord de Bridou de Brindibou12

-Bonjour Madame! dis-je avec de la joie sans limites dans ma voix. L’artisane semblait très occupée et on aurait dit qu’elle n’avait pas fait de pause ni pour dormir ni pour manger depuis des lustres. Cela justifia sa réponse courte et sèche.
-Jour…
- Je m’appelle Bridou et je rêve d’étudier les pokéballs comme vous le faites. Pourriez-vous me montrer en quoi consiste votre métier exactement et surtout comment décrocher ce poste?
- Si ce que tu veux c’est d’être exploité dans un atelier avec des conditions de travail très mauvaises, des horaires de fous, un salaire minable et ne pas avoir de vacances c’est ici que tu trouveras ton bonheur!
- Mais votre travail est trop cool!
- Alors, maintenant les jeunes d’aujourd’hui trouvent que fabriquer des pokéballs en série pendant des années est «cool».
- Mais vous pourriez démissionner tout simplement!
- Laisse-moi rire! J’étais comme toi à ton âge, j’avais envie d’étudier la technologie et j’ai trouvé cette annonce de recherche de travail dans un atelier de construction de machines. Je me suis précipitée vers l’occasion sans en connaitre les conséquences. J’ai bien essayé de démissionner plusieurs fois, mais je n’ai jamais réussi.
- Vous pourriez partir…
- HAHAHA les jeunes d’aujourd’hui ils sont si naïfs!
- Pourquoi vous dites cela? dis-je frustré par ce commentaire méchant.
- Tiens, laisse-moi t’expliquer…
Elle me tendit une carte avec un grand R et un numéro de téléphone.
Soudain, Elsamina interrompit ma conversation et celle de mes amis.
-Voilà les enfants, la demi-heure est écoulée. Si vous le voulez bien, nous allons continuer la visite.
Ainsi, nous nous engouffrâmes dans un tunnel mal éclairé et qui semblait ne jamais finir.
Ma tête regorgeait de questions et chaque fois que je réfléchissais, je me posais encore plus de questions. La solution qui me parut la plus sage était de demander à mes amis si l’homme qu’ils avaient questionné était du même avis que l’artisane en chef.
-Les amis! dis-je discrètement après m’être approché d’eux en vérifiant que les professeurs et mes parents ne me regardaient pas.
- Qu’est-ce qu’il y a Bridou! dirent-ils en chœur.
- Est-ce que l’homme que vous êtes allé voir vous a fait part de propos… Comment dire… suspects?
- À part le fait qu’il ait les mêmes intérêts que toi et que son travail ait l’air super ennuyant mais qu’il dit l’adorer au plus haut point, rien de suspect. dit Liliana.
Jace continua:
- Il a dit que son travail offrait beaucoup de privilèges et que son salaire était immense. De plus, il a dit qu’il n’avait presque rien à faire!
Je trouvais le témoignage de Jace et Liliana très contradictoire par rapport au mien, mais j’ai décidé de garder ça pour moi. Je me suis dit qu’il était possible que la vieille dame fût peut-être un peu folle, mais le ton de la voix avec laquelle elle m’a parlé me faisait penser le contraire.
Mais alors qui avait raison?
J’ai pensé à questionner le professeur Euphorbe, mais si la sinistre artisane n’était pas dans le tort, alors le professeur Euphorbe n’était pas de mon côté. Mon autre solution était de partager mes questions avec mes parents, mais ces derniers me prendraient pour un paranoïaque et ne résisteraient pas à la tentation de se moquer de moi auprès des professeurs et cela serait le pire scénario.
Dans mon tourbillon de pensées, ma main tapota instinctivement ma poche droite et je sentis un objet rectangulaire que je sortis de celle-ci. Je me souvins de la carte que j’avais reçu tout à l’heure de la main de cette artisane complotiste. Je décidai que la première chose à faire en sortant de l’immeuble serait d’appeler ce numéro.
-Un problème Bridou! me demanda Elsamina.
-Non non. Ai-je menti.
- La fondation pense que tu as de grands talents, de plus on recrute de nouveaux ingénieurs et nous nous demandions si tu serais intéressé.
- Je…je vais y réfléchir…
- Sache que tes amis ont déjà accepté un poste de combattants et ils étaient super excités face à l’idée de travailler ici. Si tu veux pouvoir poursuivre tes rêves tout en restant aux côtés de tes amis, il n’y a pas de meilleure solution. Tu pourras commencer ta formation et en environ un an tu auras l’occasion de monter les échelons et de devenir ingénieur en chef. En plus, si tu aimes les pokémons, tu pourras étudier les machines à leurs côtés.
- Ce n’est pas un peu tôt pour prendre des décisions de cette envergure. Je veux dire, je n’ai que dix ans. Je vais demander l’avis de mes parents.
En réalité, je rêvais de travailler dans la fondation Ether, mais mon sixième sens m’indiquait que quelque chose de bizarre se tramait ici.
- J’en ai déjà parlé à tes parents et ils trouvent que cette idée est superbe.
Je trouvais cette dernière phrase beaucoup trop étrange. Mes parents m’avaient souvent dit qu’ils ne voulaient pas que je travaille avant mes 22 ans. Même quand notre voisine qui abritait des Flamiaou m’a proposé de brosser le poil de ces derniers, ma mère a refusé immédiatement et mon père n’a plus jamais parlé à cette vieille dame.
Je commençais à penser que je ne pouvais même pas faire confiance à Elsamina. Il fallait absolument que je parle de cela à mes parents pour en avoir le cœur net.
Soudain, Elsamina bifurqua à droite puis à gauche presque immédiatement.
Après plusieurs virages serrés nous débouchâmes sur un jardin intérieur d’une beauté sans limites.
Une diversité d’espèces d’arbres entourait un lac où des Froussardines et des Magicarpes nageaient. Des Picassauts volaient librement autour des arbres en cherchant de la nourriture. Le tout était enveloppé dans une sphère en verre. Jamais je n’avais vu autant de pokémons concentrés dans un si petit espace. Quelqu’un de naïf aurait pu penser que c’était une bonne chose, mais moi je voyais bien que ce n’en était pas une.