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Le fabuleux destin d'un orphelin de sonicvic



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Informations

» Auteur : sonicvic - Voir le profil
» Créé le 14/09/2022 à 15:50
» Dernière mise à jour le 14/09/2022 à 15:50

» Mots-clés :   Absence de combats   Guerre   Kanto   Présence de personnages du jeu vidéo

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PNJ, mais pas moins humain
Créer une entreprise à Kanto n'est pas une tâche bien difficile. Un coup de fil, une signature à la préfecture et hop, deux jours après notre conversation nous avions notre propre PME, dont le siège social/laboratoire principal se situait dans la propriété de Léo au nord d'Azuria. Mon collègue avait acheté ce phare désaffecté avec ses indemnités de départ de la Sylphe SARL, tandis que les miennes avaient servi à payer pour les travaux et aménagements permettant d'y installer du matériel à la pointe de la technologie.

Désormais ruinés, nous nous mîmes au travail aussi vite que possible afin de pouvoir présenter rapidement un prototype à des investisseurs.
Il semble que l'auto-entreprenariat avait des effets positifs sur la créativité de Léo. Il multipliait les idées et les concepts afin d'atteindre notre objectif, si bien que j'avais de plus en plus de mal à suivre. Au bout de quelques semaines, je me contentais de travaux de relecture de son code et de ses équations, à la recherche d'une erreur qui n'arrivait presque jamais.

Par la force des choses, c'est également moi qui allais contacter des entreprises et des particuliers afin de financer nos recherches. Je ne me prédestinais pas à un travail dans le commerce et le relationnel, mais mes années de connaissances accumulées dans les domaines technologiques me permettaient de m'adresser à nos partenaires potentiels avec un jargon technique qui faisait son petit effet. Et bien que notre projet était à but non-lucratif, beaucoup d'entreprises voulaient absolument être associées à cette avancée humaniste pour se faire un coup de communication à peu de frais.
Assez vite, nous reçûmes nos premiers salaires et Léo pu rembourser les frais que j'avais engagés pour les travaux.

Après quelques mois, Léo vint me voir tout sourire :
"J'ai réussi, dit-il. Pour les échanges à distance j'ai encore du travail, mais en ce qui concerne le transfert de Pokémon, regarde ça !"

Léo me montra 6 Poké Balls qu'il portait à la ceinture.
"Tu les as capturés où ?
- Nulle part, ce sont six Magicarpe que j'ai achetés à un Pêcheur. Mais ce n'est pas le plus important, regarde dans le jardin, tu confirmes qu'il y a bien Abra ?"

Je jetais un oeil et effectivement, le premier Pokémon de mon partenaire somnolait tranquillement au pied d'un arbre dans le jardinet.
Léo se dirigea ensuite vers son ordinateur et navigua dans le menu d'un logiciel que je ne connaissais pas. L'interface était assez austère, mais elle avait le mérite d'être claire.
Mon ami cliqua sur "Déposer un Pokémon", sélectionna une des Balls à sa ceinture et la posa sur un étrange socle. La Poké Ball disparut dans un flash lumineux et atterrit dans le jardin. Là, elle s'ouvrit et libéra son Pokémon Eau, qui gigota misérablement sur la terre ferme.

"Et maintenant, je vais récupérer Abra !"
Il pianota quelques instants, cliqua sur "Retirer un Pokémon" et sélectionna son Abra dans la liste des possibilités. Instantanément, le petit dormeur fut rappelé dans sa Poké Ball qui disparut à son tour et réapparut dans le socle à côté du PC.

"Impressionnant, commentai-je. Du coup, tu as abandonné l'idée des ondes radio ?
- Oui, c'est beaucoup trop limitant pour transférer les données biométriques des Pokémon. Passer par un programme informatique permet d'augmenter la capacité des infos sauvegardées et décomposées, d'autant qu'il est beaucoup plus simple de brancher mon récepteur à un ordinateur qu'à un poste de radio.
- Mais on perd en portabilité…
- Oui, c'est le défaut principal, j'aurais bien voulu le connecter à un outil portable comme le PokéMatos. Un PC est beaucoup trop lourd pour être transporté et une connexion à l'intranet de mon système est requise. Mais on peut déjà commencer à relier mon réseau aux Centres Pokémon de la région, et peut-être que dans quelques années on pourra accéder à son PC depuis n'importe où ?
- Peut-être, quand les Poussifeu auront des dents.", plaisantai-je.

Dans le fond, j'étais sûr que cette possibilité arriverait un jour ou l'autre, la technologie avait tellement progressé en quelques années ! J'avais entendu dire que le laboratoire de la Sylphe SARL situé à Trifouilli avait même réussi à créer un Pokémon digitalisé. A Sinnoh, l'une de leurs entreprises rivales venait tout juste de communiquer sur une sorte de montre multi-fonctions, sa date de sortie était pour le moment inconnue mais ses applications paraissaient déjà illimitées.
On parlait même d'un train à très haute vitesse reliant Kanto à Johto, qui serait inauguré pour célébrer le cinquième anniversaire de l'armistice. Un autre projet qui reliait les peuples, et qui me donnait presque envie de m'intéresser aux chemins de fer.

Mais ces considérations ne concernaient pas notre petite entreprise, il nous restait un gros problème à régler avant de mettre notre système à la libre disposition des Centres Pokémon : où stocker tous les Pokémon des Dresseurs de la région ?
Le jardinet de Léo était parfait pour nos tests, mais il ne pouvait pas contenir les centaines de Pokémon que l'on attendait. Il nous fallait un pâturage suffisamment grand et des dizaines d'employés pour l'entretenir.

Fort heureusement, l'un de nos financiers nous avait recommandé auprès du Professeur Chen, un éminent scientifique passionné de Pokémon et vivant au Bourg Palette, un petit village perdu dans la campagne.
Nous l'invitâmes à venir nous rendre visite, et sa réponse ne se fit pas attendre. Le soir même, il utilisait son Dracolosse pour voler jusqu'à la résidence de Léo.

Après lui avoir fait faire le tour de nos locaux et une petite démonstration de notre système, le vieil érudit se montra particulièrement enthousiaste.
"Je vois que vos recherches sont à un point bien plus avancé que ce que l'on m'avait dit. C'est avec plaisir que je vous assisterai dans votre projet, j'ai hérité de la plupart des champs autour de ma maison et n'ai jamais trop su quoi en faire. Et puis je suis désormais trop vieux pour faire de longs voyages, cela me permettra de continuer à étudier les Pokémon sans bouger de chez moi."

Quelques jours plus tard, Léo se rendit chez Chen pour mettre en place les connexions nécessaires. De mon côté, je contactai la Fédération de la Ligue Pokémon pour une demande un peu particulière.
Je voulais profiter de mes contacts pour construire un Centre Pokémon sur la Route 9, là où ma mère avait connu son trépas. Avec notre nouvelle technologie, ce genre d'incidents ne se reproduirait jamais tant qu'un Centre était à proximité, et la partie est de Kanto était cruellement déficitaire en infrastructures.
Le responsable de l'installation des Centres qualifia ma demande d'inhabituelle, mais reconnut que j'étais dans le vrai. Et bien que les Centres Pokémon soient rares en-dehors des villes, il promit d'appuyer ma proposition lors du prochain conseil budgétaire. Il me mit toutefois en garde, le Champion de la région venait de partir à la retraite et la Fédération était en ébullition, ma demande ne serait peut-être pas prioritaire.

Le mois suivant, notre système de transfert de Pokémon était enfin mis en place et équipait tous les Centres de la région de Kanto, Léo prévoyait également un voyage à Johto pour rendre cette technologie accessible à la région voisine.
Il avait également mis en ligne le code de son invention en open-source, afin que des développeurs talentueux aux quatre coins du monde se saisissent du projet et l'améliorent. Une jeune fille d'Hoenn se montrait particulièrement intéressée et échangea très vite des mails avec mon ami.

Léo et moi nous retrouvâmes au bar quelques jours plus tard, là où nous avions commencé cette folle entreprise.
"Qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ? demanda Léo.
- Je vais encore rester quelque temps à Azuria pour te remplacer et gérer les premiers retours des utilisateurs, mais je pense que j'ai fait mon temps dans le domaine du développement, tout cela a évolué beaucoup trop vite pour moi. J'aimerais bien voyager à travers le monde, il y a tant de régions à relier au système pour lesquelles nous n'avons reçu aucun appui local, Rhode ou Galar par exemple. Et toi, tu as des projets ?
- Bien sûr. On n'a toujours pas développé les échanges de Pokémon à distance, c'était pourtant une partie de notre plan à la base. Et si j'arrive un jour à faire des échanges à travers l'espace, pourquoi ne pas tenter les échanges à travers le temps ?
- Sacré Léo, toujours le mot pour rire !", lançai-je sans vraiment savoir si mon ami était sérieux.

Après une semaine de mise en place, je me rendis chez le Professeur Chen pour constater les débuts du projet. Le scientifique était ravi, il me signifia que les premiers utilisateurs réguliers des PC commençaient à se manifester et envoyaient parfois des dizaines de Pokémon chaque jour. Pour l'instant, ses trois assistants et lui parvenaient à s'occuper des monstres de poche, mais il envisageait déjà d'embaucher du personnel à temps plein. Cela le ravissait car les emplois dans cette partie du pays étaient rares et il espérait pouvoir offrir un avenir un peu moins triste à la jeune génération encore marquée par la guerre.

Je ne pus m'empêcher de penser à ma mère, qui travaillait elle aussi dans un pâturage dans ma jeunesse. Inconsciemment, j'avais permis à son métier de subsister et d'être utile à tous les habitants de la région et non aux plus aisés. Ce n'était peut-être qu'une conséquence involontaire de mes travaux, mais j'étais fier de ce que j'avais accompli.

En sortant du laboratoire, mon PokéMatos sonna. Il s'agissait de mon contact au sein de la Fédération qui me rappelait.
"La réunion d'attribution du budget a eu lieu ce matin, m'informa-t-il.
- Alors ?
- J'ai le plaisir de vous informer que votre demande a reçu l'approbation des membres du conseil, les travaux du Centre Pokémon de la Route 9 commenceront dans quelques jours !"

Je remerciai mon contact et raccrochais, ravi de la tournure que prenait les choses. L'avenir s'annonçait radieux grâce aux travaux de Léo et de dizaines de personnes bien intentionnées à travers le monde qui contribuaient à le rendre meilleur. Je ne pus m'empêcher de sourire béatement dans le vide pendant plusieurs minutes alors que le spectre de la guerre semblait définitivement s'éloigner de nous. Du moins l'espérais-je.

A un moment, un jeune garçon vêtu de rouge passa devant moi et se dirigea vers le laboratoire du Professeur Chen. Je ne pus m'empêcher de lui glisser en souriant :
"Le progrès… C’est dément !"