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Les bons conseils de mon grille-pain de Lief97



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Informations

» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 14/09/2022 à 10:34
» Dernière mise à jour le 15/09/2022 à 17:33

» Mots-clés :   Amitié   Humour   Kanto   Slice of life

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Chapitre 7 : Adieu, Motismax
— Tu m’as menti… résuma Augustin après un silence qui en disait long.
— Je suis navré. Tu m’en veux ?

Grille-pain était nerveux. Mais il était prêt à subir les conséquences de son mensonge. Toute cette orchestration d’enlèvement, c’était son idée. La faute lui revenait. Il avait peut-être réveillé des choses douloureuses chez son ami humain… et pourtant, celui qui était assis devant lui paraissait déjà un autre homme.

Augustin n’était pas enfermé dans son salon ou dans sa chambre, et pourtant, il était là, parfaitement calme et à l’aise au milieu de ses Motismax et avec Jean-Robert et le sans-abri Rocket pour témoins.

— … non. Non, on va dire que je ne t’en veux pas.

Il afficha un sourire doux qui devint un rictus plein de colère, avant de désigner Armoire :

— J’en veux à cet idiot d’avoir causé un black-out sur la ville !
— On parle de moi ?
— Oui, je parle de toi ! Tu mérites vraiment d’aller à la décharge ! Je t’assure que cette soirée m’a convaincue !

Armoire ouvrit la bouche, béat — si vous vous posez la question, sa bouche c’est le tiroir central, en-dessous des portes — et supplia ses compagnons Motismax du regard. Tous détournèrent les yeux, gênés.

— C’est lui qui a causé ça… ? demanda Grille-pain, surpris.
— En confondant des lignes électriques avec un trampoline ? Oui, c’est bien lui, ironisa Augustin.

Jean-Robert s’illumina.

— Hé, mais ! Si la Sylphe a été touchée par la coupure électrique, c’est bon pour les affaires des concurrents, ça ! Voilà une histoire qui va les faire chuter en bourse ! Je vais pouvoir devenir cordelier !
— Le rapport ? marmonna Augustin.
— C’est une longue histoire, souffla Grille-pain.

Ce fut Commode, le plus bête, qui fit la remarque la plus intelligente pour sauver son éternel rival :

— Je sais ! Armoire a tout calculé. Il voulait couper le courant à la Sylphe car c’est l’entreprise concurrente de la nôtre, Motismax ! Grâce à ça, Augustin va connaître une hausse de salaire et s’acheter une villa à Carmin-sur-Mer !
— Oh non, je supporte pas les tongs et le sable, râla Tapis. Tout mais pas le littoral, Augustin, pitié !
— Vous osez me parler de déménagement, là ? lâcha-t-il, livide comme un Méga-Ectoplasma chromatique. La décharge ne sera pas seulement pour Armoire, on dirait !

La menace fit l’effet d’une douche froide dans l’entrepôt. Grille-pain se taisait, stupéfait par l’assurance renouvelée de son ami. Jean-Robert et l’ex-Rocket, curieux, écoutaient sans plus ouvrir la bouche, abasourdi par cette étrange dispute de couple entre un jeune adulte et ses meubles connectés.

Armoire sentit qu’il avait dépassé les bornes, et de grosses larmes perlèrent à ses yeux.

— Mais… mais… si tu me jette moi, alors que je suis une armoire… ça veut dire que Commode mérite la même chose ! Les armoires c’est dix fois mieux que les commodes, tout le monde sait ça !
— Faux, complètement faux ! répliqua son rival. Les commodes c’est mille fois mieux que les armoires !

Grille-pain tenta de calmer le jeu.

— De toute façon vous êtes tous les deux surclassés par les dressings : ils accomplissent tout ce pour quoi vous avez été conçus, et en plus, certains sont sur mesure, en kit, invisibles, sous pente, semi-ouverts…
— Hé, moi aussi je peux être semi-ouvert ! rétorqua Armoire.

Il ouvrit ses portes de quelques centimètres et bomba le torse, l’air orgueilleux.

— Avec ça, tu peux pas dire que les commodes me dépassent !
— Il est vrai que les armoires sont plus marquantes que les commodes, affirma Grille-pain avec douceur. Dans les œuvres de fiction, il arrive même qu’elles servent de porte vers un autre monde, ou de moyen de téléportation. Les commodes… n’ont pas vraiment le droit à ce genre de traitement. Mais ça ne veut pas dire que tu es inutile pour autant, Commode ! Vois cela comme un trait de modestie. La modestie, c’est bien.
— Ah, bah, ça tombe bien, je suis ultra-modeste, pas comme ce con bouffi d’arrogance d’Armoire ! Je suis hyper humble, et j’ose le dire à voix haute !

Jean-Robert toussota.

— Vous vous êtes éloignés du sujet, non ?
— C’est quoi le plus utile entre les réveils et les tapis, Grille-pain ? demanda Commode, curieux. Duquel on va se débarrasser en premier ?

Les deux concernés émirent des plaintes outrées. Grille-pain étudia sérieusement la question. Puis trouva une réponse.

— Les tapis, je dirais. Ils remplissent une fonction que rien d’autre ne peut faire à leur place, surtout chez des personnes hygiéniques. Certains pourraient dire qu’il suffit d’essuyer ses semelles sur la moquette, mais c’est un acte ignoble. Sans parler du fait de rentrer en chaussure trop loin dans sa maison… tandis qu’un réveil, ça réveille — la plupart du temps à l’heure voulue, sans vouloir te vexer, Réveil — mais à l’ère des téléphones portatifs à écran tactile, ils ont été relégués au rang d’objets d’exposition. Ou de déchets, dans le pire des cas.
— Donc Réveil, à la décharge ! résuma Commode.

L’ex-sbire Rocket se pencha vers Jean-Robert et acquiesça vivement :

— Ouais, ils se sont un peu éloignés du sujet.
— Vous allez vraiment tous finir à la décharge, menaça Augustin. Je vous le promets.
— Ah non, tiens, on y revient, s’étonna Jean-Robert.

Jamais Grille-pain n’avait vu Augustin dans cet état.

C’était possiblement le premier pas du garçon vers l’indépendance totale. La colère, une fois passée, laisserait place à la maturité.

Peut-être que son idée d’enlèvement avait été maladroite. Dangereuse, même. Mais après tout, ce qui comptait, c’était qu’elle ait fonctionné.

Et son instinct lui soufflait qu’il avait réussi, en une seule nuit, à remettre dans le droit chemin à la fois Jean-Robert et son cher Augustin.

Une nouvelle vie s’offrait à eux.


***



Huit mois plus tard



La radio braillait sans discontinuer. Grille-pain, somnolent, l’écoutait les yeux fermés, posé sur la table de la cuisine.

… merci d’être encore avec nous sur la KANTO RADIO, OH YEAH ! C’était le dernier morceau en date de DJ Arbok. Tout de suite, les dernières informations.
— La Sylphe SARL annonce qu’elle a enfin réparé une de ses machines perdues dans la mystérieuse coupure énergétique ayant frappé le continent entier il y a de cela huit mois,
annonça une voix féminine. Le directeur a promis que d’ici un an ou deux, il pourrait donc reprendre la fabrication des Master Ball. En attendant, le seul modèle existant est exposé au Musée d’Argenta, pour une durée encore indéterminée. La Tour Radio de Johto, quant à elle, est réparée également depuis ce matin, après des travaux dantesques de plusieurs semaines, qui ont mobilisés par moins de trois mille Ouvrifier.

Grille-pain tiqua et faillit rouvrir les yeux, troublé. Oui, cette coupure énergétique était une conséquence directe de son stratagème d’autrefois. Il s’en était voulu, mais il avait toujours préféré ignorer son implication dans cette histoire. Heureusement que l’enquête de l’agent G. Soif n’avait mené à rien…

La Sylphe a repris du poil de la bête grâce à ses actionnaires toujours plus nombreux. Cela a néanmoins fait couler certaines entreprises concurrentes, comme Motismax, qui a définitivement mis les clés sous la porte. Des soupçons pèsent sur son fondateur, alors qu’une société-écran basée à Alola fait jaser parmi les anciens employés. Une enquête risque d’ouvrir pour évasion fiscale…

Grille-pain, las, tendit sa main plasmatique à l’aveugle, trouva le poste de radio, et l’éteignit d’un coup sec. Le calme retomba dans la petite cuisine. Ah, qu’est-ce qu’on était bien, là, au calme, caressé par le soleil à travers la fenêtre entrouverte…

Frigo ronfla bruyamment, faisant sursauter Grille-pain.

— … promis… marmonna-t-il dans son sommeil. C’est pas moi qui ai mangé la tarte aux baies Prine, j’te jure…

Grille-pain leva les yeux au plafond. Et entendit la porte de l’appartement claquer. Il s’illumina.

Augustin, en tenue de sport, apparut dans la cuisine, essoufflé. Avec son corps athlétique et son sourire lumineux, il n’avait plus rien de l’Augustin peureux qu’il avait connu.

— Alors, ça s’est bien passé ? s’enquit Grille-pain.
— Super. J’ai couru avec Amy.
— Ah, la femelle avec les longs poils dorés ? questionna Frigo, à moitié réveillé.
— Des cheveux blonds, Frigo, des cheveux blonds ! s’agaça Augustin.

Il ouvrit la porte du réfrigérateur, et tomba sur la tarte aux baies Prine. Il n’en restait que quelques miettes au fond du plat. Il se mordit la lèvre, attrapa une canette de soda et referma Frigo, avant de se laisser tomber sur une chaise.

Il avait l’air fatigué, et en même temps, plus optimiste que jamais. Il but une gorgée de sa boisson pétillante, et Grille-pain ne put s’empêcher de sourire intérieurement.

Il avait bien changé !

— J’ai reçu un coup de fil de Jean-Robert et Jean-Rocket.
— Ah oui ?
— Ils ont enfin terminé les préparatifs.
— Oh, souffla le Motisma, surpris. Je vois…

Une ombre passa dans le regard de Grille-pain.

Déjà ? C’était déjà le grand jour ? Le… dernier jour ?

— Tu as entendu les nouvelles, à la radio ? demanda le jeune homme.
— J’en ai entendu certaines, oui.
— Jean-Robert a fait une interview, ce matin. Tout le monde se rend compte d’à quel point les Cordes Sortie sont une révolution technologique. La boîte est déjà dans le top 50 des entreprises de Kanto, tu sais ? Alors qu’on n’est que quatre à la gérer !

Jean-Robert, le fondateur, Jean-Rocket, le comptable, Augustin le commercial et Amy chargée de la communication : voilà les noms qui se cachaient derrière les cadres de Corde Sortie ©.

— Quand comptes-tu y aller ? finit par dire Grille-pain, avec appréhension.
— Dès que possible. Je vais me doucher, et après ça, je sors le camion. On va… on va à la décharge juste après, Grille-pain, d’accord ?

Ce dernier acquiesça sans mot dire, la gorge serrée.

Une vie pleine de promesses attendait Augustin, dans une nouvelle ville, avec des amis et un avenir brillant.

Cette vie excluait Grille-pain et les autres meubles Motismax ; Augustin avait changé. Il n’avait plus besoin de leur soutien bancal ou de leurs sollicitations qui rendaient parfois ses journées difficiles.

Cela avait été un honneur de vivre aux côtés d’Augustin pendant ces années de cohabitation. Mais toutes les bonnes choses avaient une fin, et Grille-pain s’était déjà rendu à l’évidence : il n’aurait pas sa place dans ce nouveau chapitre. Il avait permis au garçon de s’y élancer à corps perdu.

Il avait donc rempli sa tâche.

Il se consolait en songeant qu’il était sans doute le grille-pain le plus utile du monde entier.

Si Augustin était heureux, il n’y avait aucune raison pour lui de se lamenter.

— D’accord, Augustin.
— Tu préviens les autres, pendant ce temps ?
— Bien sûr.

Augustin sortit de la cuisine.

Grille-pain croisa le regard larmoyant de Frigo, dont les larmes gelaient à vue d’œil, mais il ne dit rien, refoulant un sanglot.

Ce furent leurs derniers instants dans cette cuisine remplie de bons souvenirs.


***


Le camion roulait à faible allure sur le sentier cahoteux. Augustin, au volant, roulait sans rien dire, concentré sur sa conduite. La forêt était partout autour d’eux. Le brouhaha de Safrania résonnait au loin, et les plus hauts immeubles s’apprêtaient à disparaître, remplacés par les cimes des pins.

La remorque à ciel ouvert contenait les quelques meubles Motismax d’Augustin, parmi d’autres déchets et cartons bons au débarras.

Frigo reniflait à répétition, couché sur le côté, déjà résigné à son sort. Tapis lui caressait le congélateur avec affection, mais lui-même paraissait dévasté. Réveil, d’ordinaire bougon, était muré dans un silence étrange, et son regard se perdait dans le ciel bleu. Il imaginait sans doute la fin de vie morose qui l’attendait dans la décharge qui se trouvait au bout du chemin.

Grille-pain, posé au milieu de ses compagnons, tourna le regard vers Armoire et Commode. Ces deux-là l’étonnaient plus encore que les autres. Sans rien dire, sans oser même se regarder, ils s’étaient pourtant mis à côté l’un de l’autre, comme s’ils voulaient une dernière fois cohabiter comme cela avait été le cas dans la chambre d’Augustin.

Ils ne disaient rien, mais leurs yeux rougis suffisaient amplement pour les comprendre.

C’était la fin.

Grille-pain savait qu’aucun mot de réconfort ne pourrait consoler ses jeunes compagnons d’infortune. La décharge les séparerait selon leur composition matérielle, et les agents se chargeraient de vider leurs batteries un maximum ; incapables de se mouvoir, incapables d’utiliser leurs capacités, ils se contenteraient de vieillir sur place jusqu’à disparaître à jamais, tels des spectres.

Loin les uns des autres, sans doute.

Même si tout Motismax qui se respectait savait ce qui l’attendait en fin de vie, c’était tout de même difficile à encaisser lorsque cela arrivait pour de bon.

Même Grille-pain sentait qu’il aurait bien du mal à retenir ses larmes quand viendraient les adieux.

Le camion passa un premier portique, et les arbres laissèrent place aux conteneurs et aux cuves de détritus. Augustin signa un papier que lui tendait un employé, et ce dernier désigna le fond de la décharge.

— Là-bas, derrière le hangar bleu ! Faites attention, il y a un sacré trou sur la route, évitez-le.
— Merci, je ferai attention.

Le camion redémarra et se faufila lentement entre les allées maudites de la décharge ; une odeur de Miasmax empuantissait l’air. C’était dans cette odeur que Grille-pain allait terminer ses journées, vraiment ?

Heureusement, Augustin arrêta le camion un peu plus loin, hors de portée des relents acides. L’endroit ressemblait à s’y méprendre à un terrain vague. Là, sur le sol terreux, s’élevaient des collines entières d’équipement électroménager. Augustin claqua la portière.

— Allez, descendez, c’est le moment.

Ils s’exécutèrent dans un silence mortuaire.

Quand Augustin se planta devant eux, une feuille à la main pour trouver où les jeter un à un, Frigo craqua. D’un coup, il se mit à pleurer de manière irrépressible.

— J’veux paaaaaaaaas !
— Désolé, Armoire, mais tu sais bien que c’est mieux ainsi, sourit Augustin, peiné.
— Commooooode, j’suis désolé, j’t’aimais bien en vraiiii !

Ce fut au tour de Commode d’éclater en sanglot.

— Désolé de t’avoir traité de placard ! T’es un vrai pote, mec !
— Toi aussi ! Faut que je t’avoue un truc, c’est moi qui avait caché tes magazines Le Roi Merlin, la dernière fois !

Commode rougit jusqu’aux oreilles.

— Quoi ?
— J’ai dit à personne que tu avais un faible pour les étagères, promis juré craché !
— Hé, mais tu viens de le faire, là !

Réveil soupira, et se tourna vers Augustin.

— Bon, mieux vaut vite en finir, je préfère ça à des adieux larmoyants qui durent des plombes. De toute façon, j’ai déjà cru dur comme fer que j’allais finir en rançon, alors… je suis bien content d’avoir eu droit de vivre 5840 heures de plus que prévu avec toi. Où dois-je me jeter, Augustin ?

Grille-pain baissa les yeux, profondément affecté. C’était le moment. L’ultime moment. Il avança, interrompant Augustin avant même qu’il ne réponde à son réveil.

— Augustin, j’aimerais te parler avant que nous nous séparions tous.
— Oui, je t’écoute, Grille-pain.
— Je te suis infiniment reconnaissant de tous nous avoir recueilli et supporté dans ton appartement. J’ai vécu une courte vie là-bas, mais une bonne vie. C’est toi qui m’a fait comprendre l’amitié, à moi, pitoyable Motisma que je suis. Je n’aurais peut-être pas l’occasion de faire tout ce que je souhaitais dans le laps de temps qui m’a été accordé, mais je ne regrette rien. Tu es devenu un type bien, Augustin. Tu mérites la nouvelle vie qui t’attends. Alors encore une fois, merci pour tout !

Le jeune homme essuya une larme invisible sur sa joue, et sourit sans rien dire, ému.

— Je vous avait dit que je vous emmènerai tous à la décharge, et c’est ce que j’ai fait, répondit-il après un silence. C’est aujourd’hui le grand jour ; le jour de mon emménagement dans la villa de Carmin-sur-Mer. Grille-pain… je dois t’avouer quelque chose, moi aussi.
— Oui ?
— Je t’en ai voulu, pour le faux kidnapping, tu sais ?
— Je… je m’en doutais un peu.
— C’est pour ça que je vous fais marcher depuis des semaines. Pour prendre ma revanche, tu vois ?
— Oui, c’est totalement compréhensible… attends, quoi ?

Augustin éclata de rire.

— Ah, vous verriez vos têtes, c’est hilarant !
— … hein… ?
— On est pas venus pour vous jeter, bande d’idiots ! répliqua Augustin.

Il désigna les piles de machines éteintes derrière eux.

— On est venu voir où sont les meubles connectés qu’a jeté Motismax avant de faire faillite. On va tous les recueillir, les réparer pour certains, et leur permettre de venir vivre avec nous dans la villa.
— « Avec… nous » ? répéta Frigo, stupéfait.
— Oui. On va tous habiter à Carmin-sur-Mer. Dès cet après-midi !

Augustin désigna ses meubles un à un.

— Armoire. Commode. Réveil. Tapis. Frigo. Et Grille-pain. Ensemble, on formera la première entreprise de Kanto. Les maîtres de la Corde Sortie. La seule boîte du pays à être gérée en partie par des intelligences artificielles, c’est-à-dire vous. Vous, mes amis de toujours. On va faire une équipe d’enfer.
— Jean-Robert, Jean-Rocket et Amy étaient au courant ? s’alarma Réveil.
— Oui. Ils ont bien joué le jeu, hein ?

Un énorme soupir soulagé s’échappa des lèvres d’Armoire. Des larmes de joie coulèrent des yeux de ses Motismax. Augustin les regarda avec un grand sourire.

Il leur avait flanqué la peur de leur vie, tout comme l’expédition qu’il avait vécu 8 mois plus tôt avait été pour lui une expérience terrifiante.

C’était une gentille vengeance.

Et maintenant, un pan de sa nouvelle vie l’attendait, lui et ses Pokémon.

— Le type à l’entrée m’a dit au téléphone qu’il y avait un micro-ondes et une télévision dans le coin. Trouvez-les, et on les embarque ! Jean-Rocket se débrouillera pour les réparer.

Après tout, il avait réussi à se recréer une fausse identité après son existence comme sans-abri, sans parler de son incroyable négociation qui avait amené l’entreprise naissante à acheter une villa avec vue sur la mer !

Grille-pain s’approcha d’Augustin, et lui fit une petite tape à l’épaule.

— Je comprends mieux. Tu m’as bien eu, Augustin !
— T’as vu ça ?

Le garçon se tourna vers le ciel éclatant qui s’étendait au-dessus d’eux. Le soleil tapait fort. Il regarda le rai de lumière, ce même rai qui autrefois se faufilait entre ses volets pour le réveiller dans son appartement trop étroit.

C’était une vie ensoleillée qui l’attendait là-bas.

Il se tourna vers les piles d’engins électriques abandonnés. Il s’accroupit, fouillant dans leurs tréfonds avec une détermination à toute épreuve.