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Jusqu'à ce que les vagues cessent de nous bercer de Ramius



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» Auteur : Ramius - Voir le profil
» Créé le 13/08/2022 à 15:22
» Dernière mise à jour le 13/08/2022 à 15:38

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Aventure   Conte

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Chapitre 2 : L’homme le plus puissant du monde
La fontaine coulait avec un gargouillement discret, guilleret. Derrière elle, un peu plus loin, le marché de l’hexain laissait monter un peu de bruit, les harangues des paysans venus vendre leurs fruits, les bavardages des clients, les bottes de cuir des gardes municipaux battant le pavé. Le soleil était haut et répandait une chaleur douce, tandis qu’une brise humide glissait au-dessus de l’eau. Omani ne sentait rien de tout ça.

Ses yeux étaient fixés sur le galet qu’il tenait à la main. Il était plat et lisse, plutôt équilibré. Le pêcheur mesura soigneusement son geste, ramena son bras en arrière juste à l’angle voulu. Devant lui, la Léviator qui barbotait dans les eaux claires de la baie de Velbehaz ne quittait pas la pierre des yeux. Quelques badauds les observaient, sur le quai, mais aucun n’osait s’approcher ou même faire trop de bruit.

Soudain Omani lança. Le galet alla frapper l’eau à dix ou douze mètres de la jetée et commença à rebondir, suivi du regard par la Léviator. Saïyenn avait tourné la tête assez vivement pour faire claquer ses barbillons dans l’air. Le serpent de mer plissa les yeux.

Le galet rebondit une dernière fois et puis coula — déchaînant l’attaque. Le grand corps longiligne de la Léviator perfora l’eau dans une gerbe d’éclaboussure qui trempa complètement Omani et elle atteignit le galet en une petite seconde. À cette distance, le Dresseur vit à peine le morceau de roche se briser sous la force monstrueuse de sa mâchoire. Mais il arrivait assez bien à se l’imaginer à partir des éclats qu’il avait pris quand il avait inventé cet exercice, et ne savait pas encore tirer vraiment loin à coup sûr.

Les spectateurs derrière lui avaient eu un mouvement de recul unanime en assistant au déchaînement de violence de Saïyenn, mais Omani ne s’en inquiétait guère. Il ne s’intéressait qu’à son Pokémon revenant plus doucement vers la jetée, quelques gravillons restés piégés dans sa gueule. Elle fit de son mieux pour les lui souffler dessus avec un étroit filet d’eau, mais ne réussit qu’à le brumiser un peu plus et il tendit la main sous sa mâchoire pour la gratouiller en guise de récompense.

Le sillage en expansion empêchait de lancer tout de suite le galet suivant. Il ballota quelques navires en progressant vers la partie utilisée du port, mais rien de dangereux. Omani était passé à la capitainerie pour s’en assurer. Aucune activité n’était prévue sur ces quais avant midi, et le tambour-maître du palais royal avait battu onze heures un peu plus tôt. C’était une vieille structure de bois datant de la fondation de Taezïoud et qui avait grandi et s’était enrichi avec la ville : il mesurait maintenant près de six mètres de diamètre et projetait son appel à travers une corne plaquée d’une fine couche d’acier. De quoi donner l’heure à toutes les clepsydres de la ville, tout le jour durant.

Le pêcheur plongea la main dans son djinn-bleu, et attrapa un autre des galets qui lui déformait les poches. Il en avait bien amené cinq kilos, mais la plupart étaient mauvais : il en avait déjà jeté la moitié pour seulement trois lancers.

Une patate arrondie et avec une bosse. Jetée. Une autre, une troisième. Une galette plate avec une face concave… à tenter. Omani releva les yeux vers les eaux un peu moins agitées et vers Saïyenn, et la Léviator elle-même détourna la tête vers le quai. Une paire de bottes claquait doucement contre le bois de la jetée, doucement mais avec assurance. Le pêcheur sourit et se retourna.

« Bonjour, Lowo. »

Son collègue se contenta de saluer d’un claquement de talon — mais la pose était relâchée. Le sergent était assez proche de lui et de son Pokémon pour se le permettre. D’ailleurs, Saïyenn avançait déjà la tête pour voir si Lowo n’aurait pas une friandise sur lui, par le plus grand des hasards. Le Cornèbre perché sur son épaule renâcla : même les Pokémon les mieux entraînés se tenaient sur leurs gardes en présence de la serpente.

« Le vieux m’a demandé de te chercher, annonça Lowo. Il voudrait t’avoir dans son bureau dès que tu pourras.

— Bien, j’y vais. Ça avait l’air grave ?

— J’ai pas trouvé. Il avait l’air satisfait, donc c’est sans doute pas une réprimande, mais si j’étais toi je m’attendrais clairement à une mission tordue.

— Magnifique, ça. »

Les deux Gardes Royaux échangèrent un signe de tête, et puis Omani tendit la main à Saïyenn pour qu’elle avance la tête vers lui. Quelques instants plus tard, ils traçaient un sillon tranquille dans les eaux du port, vers le nord, le soleil encore assez bas sur l’horizon, et les eaux placides de l’Olant. Le delta du second plus grand fleuve du royaume était large, et personne n’avait jamais pris la peine de tracer une frontière avec la baie : Taezïoud s’étendait simplement sur les deux, le long du rivage qui ne s’incurvait même pas.

La convocation n’était pas explicitement pressante ; Omani n’usa pas de son droit de priorité sur la flottille de pêcheurs et de caboteurs marchands qui prolongeait sur la mer les rues marchandes. Au nord, les drapeaux flottant aux hautes tours de pierre du palais royal n’indiquaient rien de particulier. La Garde Royale avait son propre piquet, surnommé le sèche-manteau quand les nobles n’écoutaient pas : les drapeaux utilisés pour signaler combien de Gardes devaient se précipiter au palais étaient inutilement bariolés. Il affichait seulement Un certain Garde attendu, sans urgence.

Aussi le pêcheur s’arrêta-t-il un peu avant d’atteindre les quais royaux, devant la petite maison du front de mer qui lui avait été attribuée avec son titre. Les Gardes habitaient tout autour du palais, mais pour des raisons évidentes, Omani ne pouvait loger que sur un quai. Zalan avait un temps pensé à faire ouvrir un hangar en-dessous, qui déboucherait sur l’eau en passant sous le quai et lui donnerait un espace pour Saïyenn, mais le pêcheur avait réussi à l’en dissuader.

Ce n’était pas de la fausse modestie ; simplement, les travaux auraient été trop chers pour l’importance qu’Omani leur aurait accordée. S’il voulait dormir avec Saïyenn, c’était à lui de prendre une couverture étanche et d’aller se poser sur sa tête. Et c’était pour la même raison qu’il avait refusé la garde-robe à quantités doublées que Zalan lui avait proposée : s’il voulait se montrer digne de l’uniforme de soie d’Armulys ornés de motifs floraux en fonte, c’était à lui de ne pas le salir. Et peu importait que le quai soit juste en face de ses fenêtres et que la teinture soit sensible à l’eau de mer — l’uniforme d’apparat était fait pour en mettre plein la vue et non pour être pratique, et cela impliquait de l’habiter, de le respecter.

Même Saïyenn l’avait appris : elle fit mine d’arroser son Dresseur tout le long de la trentaine de mètres séparant sa maison des murs du palais, mais prit garde à ce que pas une goutte ne l’atteigne. Omani entra par la porte de service avec son uniforme en ordre.

Comme il était d’usage parmi les Gardes Royaux, il ne se dirigea pas immédiatement au bureau de son supérieur, mais fit un détour par l’aile nobiliaire, et ne sortit des couloirs secondaires qu’une fois arrivé au dernier étage. Là, il se présenta devant la porte massive fermant les appartements privés de la reine Zalan, et s’inclina brièvement devant son monogramme, sous les yeux les deux Gardes qui la flanquaient. Ils lui rendirent son salut : tout allait bien. Alors seulement le pêcheur redescendit vers l’aile militaire.

Le palais entier était une forteresse ; on le devait à la seconde dynastie Karpanjar. Lorsque la Générale-Portière de Winaï avait arraché le pouvoir à Melonnian III, elle avait entre autres rénovations fait recycler le palais historique devenu un temple à la débauche, et il avait fallu plusieurs générations d’ouvriers pour venir à bout de ses plans ambitieux. En contrepartie, le centre névralgique du royaume et de ses armées était correctement défendable : ses couloirs principaux pouvaient canaliser une armée entière vers des barricades et des points de contrôle, tandis que le labyrinthe de couloirs de service permettait de frapper l’arrière et de briser un encerclement, ou de ne pas rencontrer trop de courtisans. Et par tradition, les généraux travaillaient dans ces points de contrôle, avec les soldats de garde.

Le caporal occupé à plier un panier d’armures en cuir de Tauros fraîchement lavées adressa un signe de tête à Omani quand ce dernier entra dans le repère d’Avandras, puis s’interrompit un instant pour aller toquer avec la pointe de sa botte à la porte ouverte du bureau, en face de l’entrée et derrière une poignée d’alcôves défensives percées dans la pierre.

« Oui, entrez. »

Le pêcheur remercia le soldat d’un hochement de tête. Un aide de camp à peine plus vieux que lui referma le lourd battant de chêne en sortant pour le laisser seul avec le général Avandras.

Omani ne pouvait pas s’empêcher d’éprouver un moment de flottement à chaque fois qu’il entrait dans le bureau du vieux. Il avait escorté la reine dans plus d’un salon cossu lorsqu’elle l’avait pris sous son aile, et les riches teintures, les peintures aux cadres de bois impeccablement laqués, les bureaux d’ébène graciles et élégants, les rangées de gardes alignés aux pieds fourbus de rester debout, aucun ne parvenait plus à l’impressionner. Mais Avandras avait son bureau dans un arsenal du palais : il était assis le dos raidi contre une chaise de chêne dont les accoudoirs étaient conçus pour servir de renforts à la porte, et la caverne de pierre autour de lui contenait une fortune en acier.

Des lames, des pierres à aiguiser, des amphores d’huile, des râteliers entiers remplis de manches de haches ou de lances, la plupart équipées de leurs tranchants métalliques. L’unique meurtrière de la pièce, par où s’échappait la fumée d’une torche plantée sur le bureau carré et frustre du général, jetait des reflets sinistres sur les formes obscures tapies dans la pénombre. Le seul véritable signe de richesse personnelle, le sabre d’acier forgé d’une pièce du général, était rangé dans son fourreau et invisible sous la table. Prêt à servir dès qu’Avandras souhaiterait dégainer.

« Vous m’avez fait demander, général, le pêcheur finit-il par articuler au bout d’une seconde.

— Oui, oui. Asseyez-vous, Omani. »

L’autre chaise pouvait être démontée en gourdins en huit secondes. Au moins, le pêcheur n’aurait pas à craindre d’enfiler une écharde dans son uniforme. Pas qu’Avandras aurait remarqué : dans la lumière saumâtre crachotée par la torche, son propre habit de soie semblait gris et vaguement noir, au lieu de son rouge et or. L’apparat n’avait pas sa place entre deux soldats.

« Vous avez sans doute entendu parler de cette découverte à Lajis, il y a quelques semaines, reprit le général.

— Les restes de structures en Pierre Grise découverts sous une cave effondrée ? Oui.

— C’est ça. Nous avons mis la main sur quelques reliques de l’Ancien Monde, et il y en a une en particulier… disons, qui m’a motivé à proposer une mission spéciale.

— Toujours un plaisir d’être tiré au sort, général.

— C’est ça, moque-toi. »

Avandras passa les deux mains sous son bureau, et Omani sût que ce serait exceptionnel en le voyant bander ses muscles fatigués. À raison : l’objet que le général sortit de ses tiroirs et posa devant lui était un pur et simple coffret de fer massif, pesant près d’un kilogramme, et pratiquement impossible à forcer. Les serrures d’acier avaient une conception radicalement différente des loquets de pierre que la plupart des voleurs apprenaient à crocheter, et quant à briser la chose, il aurait fallu la lâcher d’une bonne centaine de mètres de haut sur une dalle de granite. Avec du lest.

Il ne devait y avoir qu’une poignée de coffrets de ce genre dans tout Mazaïkan : ils étaient généralement utilisés par les ambassadeurs pour porter des missives hautement délicates, et la reine elle-même n’avait aucun besoin d’en avoir un.

La clef aussi était en acier : on n’aurait pas pu remplacer une clef en bois si elle se brisait. Avandras la portait en pendentif, sur une cordelette de coton tressé, et la serrure se déverrouilla avec un simple claquement. La solidité et la malléabilité de l’acier permettaient des serrures aux mécanismes idiots et efficaces, si complexes soient les pennes qu’il fallait crocheter.

Si fascinant que soit le coffre, il le cédait sans l’ombre d’une hésitation à l’objet qu’Avandras en sortit. Il la tint dans sa main, juste sous la lumière de la torche. Comme toutes les reliques de l’Ancien Monde, il était d’une apparence à la simplicité déconcertante, mais Omani savait qu’il ne fallait pas s’y fier. Cette innocente boule colorée aux reflets vaguement métalliques avait été créée par des savoirs perdus, invraisemblables ; des reliques dans ce genre pouvaient maintenir un royaume à flot à travers les pires tourments de l’histoire. C’était plus ou moins l’histoire de Roval — cela, et les coalitions occasionnelles cherchant à piller les trésors que les rovalins avaient hérités de l’Ancien Monde.

« Voici le fondement de leur civilisation, souffla Avandras avec une trace de respect dans sa voix austère. C’est très certainement la relique la plus précieuse jamais découverte, quelque chose que même Roval n’a pas. Et ironiquement, ils n’en auraient pas tellement le besoin, avec le reste de leur collection.

— Donc ce n’est pas une arme de destruction massive, persiffla Omani.

— Oh non. C’est un outil, un outil pour construire. Pour refaire ce qui est fait, pour ignorer les contraintes mécaniques ou physiques… Nos scientifiques ont fait une épidémie de pâmoison quand on a commencé à en mettre quelques-uns dans la confidence — avant de supplier qu’on les laisse démonter cette boule et passer des mois à comprendre ce qu’il y a dedans. »

Le pêcheur leva un sourcil. Supplier ne faisait pas partie du vocabulaire de l’érudit le plus lettré de toute l’Académie Royale lorsqu’il y avait un militaire à moins de dix mètres, au contraire d’exiger.

Avandras prit une inspiration décidée, laissant son subordonné comprendre qu’ils arrivaient au miracle.

« Cet objet servait à contenir un Pokémon, murmura le général. Quelles que soient sa taille et sa masse, et sans s’alourdir. »

Omani avait été entraîné à réagir rapidement et tactiquement à l’inattendu — il dégagea immédiatement le sens des paroles d’Avandras et en déduisit sa mission. Ainsi qu’une conséquence ennuyeuse.

« Une question, avança-t-il. Général, est-ce que vous me mettriez dedans ? »

Avandras recula la tête et baissa les bras, complètement désarçonné par la question. Mais lui avait été entraîné à gérer les excentricités de la maigre poignée de paysans que le sort avait désignés pour être des Dresseurs, et donc par extension ses Gardes Royaux. Il répondit sans réfléchir ni peser ses mots : il n’avait aucune intention, ni aucun besoin, de convaincre Omani de lui faire confiance.

« Je ne vois pas pourquoi je ferais ça. Si vous vous mutiniez, je préfèrerais probablement un bon vieux cul de basse fosse crasseux et puant, les scientifiques assurent que l’objet a été conçu pour le confort de ses occupants, avec potentiellement un système leur permettant de voir leur environnement… ah, je vois. Vous vous inquiétez pour votre monstre, n’est-ce pas ? »

Le pêcheur eut un sourire amusé.

« Plus maintenant, général. À qui faut-il aller offrir une Léviator surprise ?

— Non, ce n’est pas une mission d’assassinat, corrigea Avandras. Même si cet objet vous faciliterait beaucoup la vie pour amener la Léviator en question en intérieur, elle serait un peu à l’étroit en ressortant et pourrait briser quelques murs. »

Omani se renfrogna. Rien de grave dans une maison en bois, mais à l’intérieur du palais, cela pouvait signifier une mort douloureuse.

« En partie pour cette raison, je vous envoie vers de grands espaces. En en discutant auprès des autres généraux, il nous est apparu que le meilleur usage possible de cette Pokéball, comme l’appelaient les Anciens, serait d’amener de l’eau là où il n’y en a pas.

— Je ne vous suis pas, général, commenta le pêcheur quand il trouva que la pause dramatique s’éternisait.

— Vous allez vous frotter à l’adversaire le plus terrible que les royaumes aient affronté, mon garçon, s’amusa Avandras. Vous allez trouver un moyen de vaincre un Guerrier des Sables en combat singulier et de le ramener ici. Et vous réussirez peut-être là où un million d’hommes ont échoué. Vous parviendrez peut-être à trouver une faiblesse à ces démons. »

Cette tirade n’appelait qu’une seule réponse, et le pêcheur en assembla les mots sans y penser.

« Vous sauriez où je peux trouver une outre d’eau par ici ? »

Avandras partit d’un rire sonore, pendant qu’Omani faisait de son mieux pour digérer ses ordres. C’était tellement gros — Avandras avait la soixantaine ; il avait été recruté, des décennies auparavant, un fringant jeune homme de plus sous les drapeaux de Mazaïkan. Il avait fait la campagne contre Essera, trente-deux ans plus tôt, servi sous les ordres du Général-Portier d’Eleyo, l’homme qui avait su tenir tête à l’Empereur au point d’être promu Commandant de l’État-Major coalisé. Avandras avait vu les marécages défensifs artificiels de Borrad se gorger du sang de soldats étrangers au nom d’une nation déjà tombée et de la soif de pouvoir d’un seul homme, et il avait vu son armée déchiquetée par une cavalerie ayant attaqué la logistique en passant par le désert, comme si c’était possible. Il avait vu tout cela et s’était quand même réengagé quand l’Empereur avait recruté, deux ans plus tard. Il avait vu tout cela et avait survécu au massacre dont personne ne parlait, même trente ans après. Il avait vu tout cela et était resté soldat ; il était devenu général.

Un général qui avait vu combien les armées humaines pouvaient souffrir, combien leur violence pâlissait en face de celle de l’Ordre, et qui envisageait maintenant d’envoyer un de ses hommes titiller la foutue bête désertique. Et Omani ne comprenait que trop bien le raisonnement — envoyer un seul homme là où un million avait échoué. Un seul homme, le meilleur. Le jeune pêcheur des rives gauches du Jussabal avait bien conscience d’être le meilleur Dresseur de Mazaïkan ; Zalan avait fait raser la maison d’un vicomte de sa cour pour faire de la place à la sienne, et le noble s’était senti honoré.

« Puisque vous y venez, sourit le général quand il se fut calmé. Parlons logistique. La Ball, déjà ; elle ne pourra accueillir qu’un unique Pokémon, car elle se calibrera à sa physiologie à sa première utilisation. Les scientifiques sont persuadés qu’elle est vide, donc vous n’aurez pas de problème à ce niveau-là. Elle s’utilise en appuyant sur le bouton au centre, et vous feriez mieux de vérifier où vous orientez ce bouton.

» Ensuite, j’ai fait appel à un de mes meilleurs contrebandiers pour vous guider dans le désert. Il vous attendra à Tifida dans trois jours. Ce n’est absolument pas une personne recommandable, mais vous serez entre de bonnes mains. Des questions ?

— Vous avez des ordres concernant les deux jours et demi que je passerais à Tifida ?

— Faites le malin, Omani, nous savons tous les deux qu’il y a bien cent kilomètres de fleuve et qu’il faudra une bonne journée à votre Léviator pour remonter tout ça. Je vois que vous êtes déjà prêt à partir : si tout est clair pour vous, vous pouvez disposer.

— À vos ordres, général. »

Le pêcheur se leva, salua, et quitta le palais pour rassembler les maigres possessions dont il aurait besoin. Son djinn-bleu, une paire de chemises de travail, une hache et une paire de lames de rechange. Il n’y aurait pas besoin de plus.

Tout du long, il avait la gorge serrée à l’idée d’aller défier l’Ordre dans son fief, à dix-neuf ans seulement.