Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Le fabuleux destin d'un orphelin de sonicvic



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : sonicvic - Voir le profil
» Créé le 08/08/2022 à 00:14
» Dernière mise à jour le 14/09/2022 à 15:48

» Mots-clés :   Absence de combats   Guerre   Kanto   Présence de personnages du jeu vidéo

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Une amitié en or
"Debout, bande de Kokiyas ! Aujourd'hui, c'est marche de 20 kilomètres dans la boue. Vous avez voulu vous enrôler dans l'armée ? Eh bien vous en aurez pour votre argent !"

C'est ainsi que s'est achevée ma première nuit dans la caserne : réveillé à 4 heures du matin par un instructeur sadique.
Avant de nous mettre en route, le butor a tout de même pris la peine de se présenter : il se nomme "Major Bob". Il s'agit en fait d'un simple lieutenant venu d'Unys qui a obtenu le droit de conserver son grade étranger.

Evidemment, cette première journée fut un calvaire pour moi. J'étais en queue de peloton dès le début de la marche, et malgré les invectives du lieutenant (je dois bien reconnaître qu'il avait du coffre et du vocabulaire) j'ai fini par m'effondrer au bout de 10 kilomètres. Jamais je n'avais fourni un tel effort physique, mais c'était pourtant loin d'être suffisant. J'ai donc fini la journée dans la jeep chargée de ramasser les recrues ayant jeté l'éponge.
Seul un autre apprenti-soldat m'a rejoint, quelques kilomètres plus loin. C'était un petit maigrichon qui faisait un drôle de contraste à côté de moi !
Cette arrivée inopinée m'a permis d'avoir quelqu'un avec qui discuter pendant les prochaines heures. En effet, nous avons non seulement dû attendre que les autres recrues aient fini leur randonnée boueuse, mais nous avons en plus été de corvée de nettoyage pour avoir été les deux seuls à échouer dans notre mission.

Mon compagnon d'infortune s'appelait Léo. C'était un garçon à peu près de mon âge, passionné d'ordinateurs depuis qu'il avait découvert cette technologie chez une cousine éloignée des îles Sevii. Malheureusement, il avait profité de l'acquisition de son premier PC pour pirater le site de l'armée et insérer une photo de Chenipan avec la mention "les meilleures chenilles pour vos tanks" sur toutes les pages. La blague n'avait pas été du goût de l'état-major et le jeune homme avait été condamné à un an d'enrôlement dans les troupes du pays.
Léo était assez timide au premier abord, mais il parlait sans arrêt dès qu'il se sentait en confiance. Son sujet de prédilection était bien sûr l'informatique, mais il avait également de solides connaissances en sciences et en mathématiques. Inutile de dire que lorsque les dernières toilettes furent récurées, nous étions officiellement amis.

Nous faisions figure d'intrus dans notre petite brigade. Nous étions au milieu d'une quinzaine de belliqueux qui rêvaient de conflits depuis leur naissance et qui exécutaient toujours les ordres, tandis que Léo et moi traînions la patte et discutions des dernières avancées technologiques, et aucune corvée de nettoyage, d'ordures ou de patates n'aurait su nous décourager.
Vous pourriez penser que cela faisait de nous les têtes de turc du groupe… mais nous avions pourtant un allié que nul n'aurait soupçonné : le Major Bob. Ce dernier était effectivement sévère mais juste, il nous réprimandait copieusement lorsque nous n'arrivions pas à faire un exercice, mais il était tout aussi intraitable lorsqu'un de ses poulains prenait la liberté de nous faire une remontrance. Après quelques semaines, plus personne ne nous cherchait de noises, et le personnel de la caserne avait fini par s'habituer à nous voir plus souvent avec un balai à la main plutôt qu'un fusil. Léo avait même fini par me refiler le virus de l'informatique, et ce sans même que l'on ait accès à un ordinateur sur le campement. Son enthousiasme autour de cette technologie naissante était communicatif !

Au bout de 3 mois, nous reçûmes une convocation dans le bureau du commandant de la base. Nous soupçonnâmes que le haut-gradé nous considérait comme des poids morts et voulait se séparer de nous, et ce destin me convenait tout à fait. Léo était toutefois moins enthousiaste, puisqu'il était ici sur décision de justice, il ne savait pas ce qu'il adviendrait de lui s'il était renvoyé.
C'est donc avec une certaine appréhension que nous toquâmes à sa porte.

"Entrez ! Ah, vous voilà tous les deux, garde à vous !"
Machinalement, Léo et moi mirent notre main droite au niveau du front et nous nous tînmes droits comme des piquets.
"Je vois que vous avez de bons réflexes, c'est bien. Repos !"
Nous relâchâmes notre posture, toujours incertains de l'issue de cet entretien.

"Je ne vous cache pas que vos performances font jaser au sein de la caserne. Certes, nos toilettes n'ont jamais été aussi propres, mais nous pensions avoir recruté des soldats, pas des femmes de ménage. Plusieurs soldats ont exprimé leur désir de vous voir déguerpir, mais d'autres pensent que vous pourriez vous montrer utiles dans d'autres unités. Je vous propose donc quelque chose qui vous intéressera plus, à mon avis. Vous aimez les bidules électroniques, pas vrai ?"
A ces mots, j'eus l'impression que l'oreille de Léo s'était tendue en direction du bureau du commandant. Mon ami resta toutefois droit dans ses bottes et ne changea pas d'expression.
"On recherche des bleus qui pourraient aider notre service de radiocommunication. Vous veillerez au bon état de nos lignes et serez chargés de l'installation de nouveaux postes de communication entre les différentes casernes de la région. Des questions ?
- Non mon commandant !
- Bien, vous partirez à la base d'Argenta demain, on vous y apprendra toutes les ficelles du métier là-bas. Vous pouvez disposer !"

Lorsque nous sortîmes du bureau, nous avions des étoiles dans les yeux. Aucun d'entre nous n'avait rejoint l'armée de gaieté de cœur, mais la perspective de cette nouvelle mission nous enthousiasmait énormément : enfin, nous allions pouvoir travailler dans un secteur qui nous plaisait !
En retournant vers nos quartiers pour préparer nos bagages, j'aperçus le Major Bob de loin, dans un autre couloir. Nos regards se croisèrent, et je crus voir un sourire de satisfaction ou d'encouragement sur sa figure pendant une fraction de seconde.

Les deux années suivantes s'écoulèrent à toute vitesse. Léo, passionné par le travail, avait fini par s'engager volontairement dans l'armée et nous continuions notre travail qui brassait plusieurs aspects de la fonction de télé-opérateur. Nous supervisions l'installation des lignes de communication reliant tous les postes de commandement de Kanto et testions la qualité des appels passés. En parallèle, nous développions un nouveau système de cryptage pour que les messages codés ne puissent pas tomber entre de mauvaises mains. L'état-major de la région était ravi de nos services et avait fini par nous allouer un petit laboratoire, duquel nous pouvions tester nos petites inventions.

Un jour, alors que nous étions en mission d'installation, je demandais à Léo pourquoi il prenait autant de plaisir à travailler dans le domaine de la communication. Sa réponse me surprit :
"Tu sais, je vis avec mon grand-père à Kanto, mais je suis originaire de Johto. J'ai grandi à Doublonville, dans une maison au pied de la Tour Radio, et j'ai toujours été fasciné par la possibilité d'émettre des messages invisibles qui peuvent se transmettre à des centaines de kilomètres. Ma mère m'a ensuite confié à mon grand-père pour poursuivre sa carrière de danseuse, mais je pouvais toujours écouter les émissions de mon enfance sur le poste de mon Papy à Parmanie, ça m'a beaucoup aidé à m'intégrer dans mon nouvel environnement. J'adorerais pouvoir appliquer ce système de transmission d'informations à d'autres domaines un jour…"

C'était la première fois que Léo mentionnait ses origines. Jusque-là, il était pour moi le simple nerd qui avait tout appris sur le tas, mais j'ignorais qu'il était séparé de sa mère et qu'il n'était pas originaire de la région.

Mais ses racines johtoïtes allaient bientôt hanter ses nuits. Car la guerre entre Kanto et Johto fut déclarée quelques jours plus tard.