Chapitre 3 : Créateurs passionnés
Smashings était une ville comme je n'en avais jamais vue auparavant. Entièrement à l'intérieur d'un seul bâtiment, des projecteurs accrochés au plafond faisaient office d’éclairage. Les constructions intérieures avaient également des murs sombres, éclairés par des néons roses, même le Centre Pokémon avait opté pour le noir au lieu du blanc habituel. Contrastant avec tout le reste, la Base Ranger, flambant neuf, arborait les couleurs de Macro Cosmos, blanc et bleu.
J’ai pu me reposer un moment. L'infirmière du centre est venue m'examiner. Elle m'a dit que j'avais une entorse à la cheville et que je ne devais pas trop forcer pendant quelques jours. J’étais rassurée de ne rien avoir de grave, mais mal à l’aise avec le fait d’être devenue un poids à peine arrivée.
Comparée à la toute petite base du village Alorize, celle de Smashings était très spacieuse, avec quelques chambres individuelles à l’étage et une cafétéria en plus de tous les guichets et bureaux usuels. Elle avait été pensée comme un lieu de vie en plus d’un lieu de travail. Malgré ça, elle était épurée, presque stérile. Les frères Magus ne devaient pas y avoir vécu longtemps non plus, l’endroit allait sans doute devenir plus vivant au fur et à mesure qu’on se l’appropriait, je me disais.
Le lendemain de notre arrivée, Kyle, Cathy et moi étions à la cafétéria. Je monopolisais un siège supplémentaire pour reposer mon pied. J’étais un peu embarrassée, mais les deux m’assuraient qu’ils s’occuperaient de moi le temps que je récupère. Aucun d'entre nous n'aurait de mission spéciale ce jour-là, car c'était le jour de pause du chef. Nous devions juste être là en cas de problème, ce qui signifiait un calme plat. Après avoir pris un petit déjeuner rapide, Cathy a installé un atelier improvisé sur le côté de la table tout en sirotant son thé. Kyle s’est présenté à nouveau, plus formellement :
« Je m’appelle Kyle Magus, ranger de secteur à Smashings, grade 1. J’ai 16 ans, je viens de finir ma formation. En plus d’être ranger, j’ai aussi des compétences de technicien et de mécanicien. Ravi de vous rencontrer ! »
Il s’est tenu droit comme un piquet durant toute sa présentation, et je l’ai soupçonné d’avoir rédigé et appris son texte par cœur car à peine le discours terminé, il a retrouvé une attitude docile et nerveuse. J’étais surprise que son uniforme ressemble autant à celui des rangers de la Fédération. Celui des Top Ranger de Macro Cosmos était tellement différent, je ne m’attendais pas à ce que celui des Rangers de secteur soit les mêmes avec les couleurs de la corporation, blanc, noir et bleu.
J'ai essayé de bavarder avec lui pour l’aider à se détendre.
« C'est bien que nous n'ayons pas beaucoup de choses à faire aujourd'hui…
- O...oui ! Je, je veux dire, Mademoiselle Rosemary... Je devrais dire la championne d’arène, Rosemary, elle a dit qu'elle viendrait vous saluer.
- C'est cool ! Comment elle est ?
- Elle est... Elle est très forte, et populaire, et jolie et... Hum, je veux dire...
- Ne t'inquiète pas, je ne vais pas te juger ! »
Kyle m’a regardée en hochant la tête. Il a murmuré un remerciement, puis s’est tourné vers Cathy. Elle était en train d’évider méticuleusement des fruits, mettant de côté leurs coques rigides. J’allais la questionner quand des bruits de pas ont résonné dans l’entrée de la base, suivi par des voix. La première était celle d’une jeune fille, juvénile. La seconde était celle de Shawn.
« Tu rentres pas ?
- Oh, tu sais, c’est mon jour de repos aujourd’hui, je ne suis pas en uniforme donc vaut mieux pas que je rentre ici …
- Mouais, je pense surtout que tu te cherches des excuses. Allez viens ! »
La fille a débarqué dans la cafeteria, tirant Shawn par le bras. Elle portait un uniforme de sport noir et rose vif arborant le symbole de la ville, une gueule stylisée fushia. Ses cheveux étaient attachés en deux longues couettes avec un ruban magenta s’enroulant autour, une frange tombant sur le côté droit de son visage. Elle nous toisait de ses yeux verts, marqués à l’eyeliner.
Derrière elle, Shawn était méconnaissable. Jean noir déchiré, chemise blanche éclaboussée de peinture rose fluo, veste en cuir noire, il faisait la paire avec elle. J’ai dégluti en voyant que les yeux étaient eux aussi assorti au rose de la championne. Cathy a manqué de recracher son thé en se retournant.
« J’ai manqué un truc ?! »
Shawn soupira.
« J’essaie de m’adapter à la culture locale, mais ça n’me va pas trop…
- Moi je trouve que ça te va bien… »
Cathy a roulé des yeux devant mon entichement.
« En plus, t’as fait quoi avec tes yeux ?
- I…il porte des lentilles, s...sinon il y voit rien... Mais il aime avoir une variété de choix… »
Kyle a remis ses lunettes en place, avant de se rétracter sous le regard désabusé de Shawn. Ce dernier a haussé les épaules.
« J’en ai besoin de toute façon…
- Tu pourrais avoir des lunettes comme moi, t-tu sais ? … ou des lentilles pas colorées…
- Pourquoi se contenter de la base quand on peut y ajouter du style ?»
Il a fait un clin d’œil à Cathy et moi. J’ai laissé échapper un sourire alors qu’elle a pouffé de rire.
La fille s’est avancé et a parlé sur un ton très posé :
« Salut, moi c’est Rosemary, la championne d’arène du coin. J’espère que vous vous plairez ici.
- Attends, c’est toi la championne ?! Mais t’es plus jeune que nous !
- Vous ne saviez pas ? J'ai hérité cette arène de mon frère il y a deux ans. J’ai participé au Défi des Arène l’année où il y a eu l’incident de la Nuit Noire… Évidemment, je n’ai pas gagné, mais mon frère a décidé que j’étais assez forte pour prendre sa place. Mais je suis pas la seule, le champion de Corrifey a le même âge de moi et il a été nommé en même temps que moi. »
J’ai tapoté l’épaule de Cathy qui était encore stupéfaite. Elle m’a donné un coup de coude qui m’a fait reculer d’un coup. Rosemary a repris :
« Donc… Cathy et Kyoko, c’est ça ?
- Oui ! Moi c’est Kyoko !
- Pas d’soucis. Je ferai en sorte de retenir, mais m’en voulez pas si je vous appelle brunette et blondinette au début. »
J'ai senti mes joues rougir, ce genre de surnoms ne m’ayant toujours été donné avec des bonnes intentions. Cathy s’est contenté de croiser les bras.
« J’disais pas ça de manière péjorative. D’ailleurs, ta coiffure à toi est très mignonne.
- Tu trouves ? »
Elle fait oui de la tête. Recevoir un tel compliment de quelqu’un avec un sens du style pareil, c’était une surprise. Je les gardais courts, autrement la chevelure massive finissait accidentellement roussie par Goupix quand nous apprenions à cohabiter. Maintenant qu’elle savait se contrôler, j’aurai pu les laisser pousser mais c’était devenu une habitude.
« Bref, j’espère que vous vous habituerez au bled. Les gens d’ici sont parfois un peu effrayants, mais ils sont pas méchants.
- On est là pour les protéger de toute façon.
- Merci. »
Si Rosemary ne souriait pas, son attitude montrait sa bienveillance envers nous. Elle nous a salués avant de repartir, Shawn sur les talons. Kyle regardait son frère avec admiration, presque avec jalousie. Cathy, quant à elle, haussa les épaules et retourna à sa tâche.
J’ai jeté un coup d’œil. Avec ses coques de fruits, des coupes en bois et des métaux qu’elle raffinait, elle a assemblé une grosse Poké Ball rustique.
Je l'ai regardée faire en silence, impressionnée par son savoir-faire. Au bout d’un moment, Kyle lui a demandé :
« Tu... tu fabriques… toujours tes propres Balls ?
- Oui, c’est moi qui les fais.
- Elles ont l'air un peu... »
Il chercha ses mots, tandis que Cathy continuait son travail sans lui prêter une grande attention.
« Elles ont l'air un peu quoi ?
- Un peu…artisanales…
- Ils le sont. C’est le but.
- Mais … ça ne serait pas mieux si tu les achetais tout simplement ? Je... je ne te connais pas mais le salaire de la Fédération … ça devrait être suffisant pour te le permettre... n-non ?
- J'ai mes raisons. »
Il était déconcerté mais elle n'a pas développé. Il était dans l’embarras donc j'ai décidé de détourner la discussion.
« Comment t’as appris à les fabriquer ? Je n'ai jamais vu de Balls comme ça.
- Des gens à Sinnoh perpétuent la tradition de la fabrication des premières Poké Balls. Il y a aussi un artisan à Johto qui utilise des techniques plus modernes, mais toujours à base de Noigrumes.
- De Noigrumes ? »
Elle a gesticulé vers les fruits qu’elle découpait. J'aurais dû le deviner.
Je lui ai posée d'autres questions, auxquelles elle a répondu de manière très concise et pragmatique sans chercher à discuter, jusqu’à ce que je trouve celle qui l’a titillée :
« Tu as détruit celle de Bekipan hier... Cela ne risque pas de poser problème ?
- Au contraire.
- Au contraire ? »
Elle a désigné une pièce comme une poignée au niveau du bouton de la Poké Ball qu’elle était en train d’assembler.
« Ça, ça sert de mécanisme d’ouverture et de fermeture, mais ça maintient aussi les éléments en place. Si je l’enlève, c’est très facile à casser. Si le Pokémon est dehors, il est libéré, comme s’il n’avait jamais été attrapé, aussi simple que ça.
- J’imagine que ça peut faire gagner du temps…
- Ça évite surtout les conséquences négatives. »
Devant ma mine déconfite, elle a fini par élaborer :
« Tu savais qu’un Pokémon capturé dans une Poké Ball industrielle puis relâché en garde la marque ? On peut littéralement retracer le parcours d’un Pokémon en envoyant sa Ball dans le Système de Stockage Pokémon. Pour la plupart des dresseurs, même ceux affiliés à la fédération, j’imagine que c’est pas si grave. Ils ont une équipe limitée avec laquelle ils se battent… Mais ça me pose plus de problème pour ceux qui capturent des masses de Pokémon en masses pour une raison ou une autre. Personnellement, je suis les principes des rangers, je ne peux pas me le permettre. C’est pour ça que je fais mes propres Balls. Sans tous ces trucs informatiques superflus, j’ai l’esprit tranquille.
- Je vois… »
Cathy a laissé échapper un petit sourire. Je me suis demandé si sa dureté apparente n'était qu'une façade. Sinon, cela aurait signifié qu'elle me donnait un peu de sa confiance, et je ne pensais pas que j'en étais déjà digne. Dans tous les cas, elle s’est relâchée et s’est mise à parler plus sur ses méthodes et ses petits secrets, lançant régulièrement des piques sur à quel point ses créations étaient meilleures que les « Balls pourries, produites en masse pour pas un rond et vendues à un prix trop gros pour ce que c’est ».
Elle m'a expliquée quels effets spéciaux pouvaient être obtenus en fonction du type de fruit et quel matériel elle utilisait pour les rendre efficaces et efficients. Elle est même entrée dans les détails des motifs classiques dessinés sur chaque Ball pour les différencier tout en les peignant. Non seulement son art lui a été utile, mais elle y prenait un réel plaisir. J'en étais un peu jalouse, il n’y avait rien que j’aimais avec une telle passion.
De son côté, je pouvais voir Kyle se renfermer sur lui-même et s’éloigner de nous, au point que je commençais à m’en inquiéter. Je me suis approchée de lui.
« Est-ce que ça va ?
- Oh… T-t’en fais pas. Vous… vous avez pas besoin de moi, donc …
- S’il te plaît, c’est pas notre but de t’exclure… S’il y a un problème, dis-le-nous…
- Je vais bien…
- Sûr ? »
Je n’étais pas dupe, il tremblait. Il s’est frotté les yeux, comme pour essuyer ses larmes.
« Désolé, j’ai…j’ai pas l’habitude…Faites vos trucs dans votre coin… En plus, je travaille sur le Capstick Néco, je pense pas q-que ça vous intéresse…
- Le Capstick … Néco ? »
Il a tâtonné, sans répondre. Cathy s'est levée et s'est tournée vers lui. D'une voix agacée, elle lui a demandé :
« Est-ce que ça a quelque chose à voir avec le machin que Shawn a utilisé ? Le pistolet mégaphone là…
- Attends, il l'a utilisé ?! »
Il était complètement paniqué et parlait pour à lui-même.
« Je lui ai dit qu'il n'avait pas encore été testé... Oh non, j'espère qu'on ne va pas avoir d'ennuis...
- Ne t'inquiète pas, tout va bi...
- Qu'est-ce que c'est ?! »
Cathy a frappé son poing sur la table, l’agacement ayant cédé sa place à la colère. Kyle ne comprenait pas alors nous lui avons expliqué ce qui s'était passé, aussi calmement que possible, même si Cathy ne voulait pas laisser couler cette affaire. Il a pris une profonde inspiration pour se calmer. Il a déclaré, toujours courbé sous le regard noir de Cathy :
« Ça devrait aller... J-je vais en parler avec Shawn.
- Ça devrait ?!
- O-oui. Je ne peux pas être sûr à 100% mais je crois… je pense que ça va…
- Quand même !
- Je suis désolé ! Je voulais pas…
- J’en ai rien à faire de tes excuses !
- Arrêtez de vous disputer tous les deux ! Cathy, laisse-le parler ! Et Kyle... C'est quoi cette histoire de "Capstick Néco" ? »
Ils m'ont tous les deux regardée comme s’ils ne s’attendaient pas à ce que j’intervienne. Elle a croisé les bras, rageant intérieurement, mais est restée silencieuse. Kyle a essuyé une sueur froide sur son front. Il a balbutié un moment sur ses mots et a fini par nous demander de le rejoindre dans la salle informatique.
Du coin de l’œil, je l’ai vu passer aux toilettes avant de nous rejoindre. Je n’ai pas posé de questions. Quand il nous a rejoint, il a ouvert sur son ordinateur les plans de son fameux Capstick.
« Il y a quelques années, la Fédération a découvert le procédé Néco… Néco, c'est l'abréviation de Neutralisation d’Émotion et Contrôle par les Ondes. Comme son nom l'indique, il utilise des ondes similaires à celles qui font fonctionner le Capstick, mais celles-ci neutralisent les émotions au lieu de les influencer. Avec quelques modifications, on peut faire en sorte qu'un Pokémon affecté nous obéisse.
C'est ce que j'ai essayé de faire avec le Capstick Néco. Un tir pour toucher l'adversaire, puis un ordre. Une fois l'ordre exécuté, les effets sont automatiquement annulés. Ceci a été testé, il n'y a pas d'effet à long terme sur le Pokémon, et les effets à court terme sont surtout de la confusion ou de l’étourdissement, ce qui arrive parfois avec le Capstick classique.
La chose que je dois encore corriger est l'état de stase dans lequel les Pokémon se retrouvent lorsqu'ils sont touchés. La plupart du temps, ce n'est pas un problème, mais si tu vises un type volant, il va tomber comme une pierre. Ils devraient conserver un certain instinct de survie, mais dans ce cas, certains continueraient à vous attaquer pour se défendre... Ce Capstick a été conçu pour être utilisé dans des circonstances extrêmes, c'est donc un défaut majeur que j'essaie de corriger. »
J’étais impressionnée, il avait, tout comme Cathy, une vraie passion pour sa création et semblait plus à l’aise quand il en parlait. Mon autre partenaire en revanche n’était pas convaincue.
« J'aime toujours pas l'idée, t’sais ? Réprimer les sentiments des Pokémon…
- C’est pas si différent de l’état dans lequel ils sont dans des Poké Ball, par exemple. »
Cathy ne trouvait plus de répartie, donc elle s’est contenté de s’asseoir en silence. L’ambiance commençait à s’assourdir à nouveau et Kyle se rétractait. J’ai repris :
« Au fait, comment tu as eu l’idée de faire ça ?
- I-il y a un concours d’innovations tenu par Macro Cosmos chaque année, pour aider à financer et développer des projets. Cette année, le thème c’est la Fédération Ranger. Donc quoi que ce soit qui leur soit utile peut entrer… Mais la course semble être à celui qui arrivera à avoir le meilleur prototype de Moti-Capstick, donc si je veux avoir une chance, il faut que j’arrive à avoir un nouveau modèle de Capstick fonctionnel, sûr et en accord avec les valeur de la Fédération… Même si je devrai sans doute le présenter comme un outil à part plutôt qu’un Capstick…
- Je vois… ça te tiens vraiment à cœur, n’est-ce pas ?
- Oui, j’ai toujours rêvé de participer à l’un de ces concours… Alors ne serait-ce qu’avoir une chance, c’est génial… »
Quelque chose avait piqué l’attention de Cathy qui s’est à nouveau incrusté dans la conversation :
« Si le Moti-Capstick est le favori, pourquoi t’as pas tenté de bosser dessus ?
- Je … J’ai deux raisons… La première, c’est que j’ai pas beaucoup de moyen et pas de Motisma… La deuxième, c’est que je ne pense pas que ça soit en accord avec la philosophie de la Fédération.
- Pourtant c’est un travail d’équipe entre Pokémon et humain, non ? »
Il m’a regardé avec un regard triste, avant d’expliquer :
« L’histoire des Moti-appareils est assez longue et compliquée… Mais pour faire court, Motisma a été formellement identifié pour la première fois à Sinnoh, il y a déjà quelques années. C’est un Pokémon fait de plasma, capable de rentrer dans des appareils électriques pour en faire ses hôtes et obtenir des nouvelles capacités, mais qui a un caractère très farceur et indiscipliné.
Les rares dresseurs qui ont réussi à mettre la main dessus disent qu’avec un peu de discipline, ce sont des très bons combattants, mais quand il s’agit de leur faire faire les tâches ménagères des appareils qu’ils possèdent… Ils sont moins coopératifs.
Ça n’a pas empêché les gens d’essayer, bien sûr. Notamment un professeur à Alola, qui a fait faire un Pokédex spécialement conçu pour accueillir un Motisma. Il en a élevé un, et par une combinaison du climat tropical, de l’attitude détendue de la région et celle du professeur, il a grandi pour être moins farceur et plus amical que ces congénères. Quand il est rentré dans son Pokédex, il s’y est trouvé tellement bien qui n’a plus voulu en sortir. C’est à mes yeux la meilleure expérience faite avec un Motisma, un Pokédex qui fait le lien entre humain et Pokémon, et a ce qu’il paraît, il était très très bavard.
Mais c’est un cas unique, qui n’a jamais été reproduit avec autant de succès… Jusqu’au Motismart. Un téléphone avec un Motisma intégré, produit en masse. Presque tous les dresseurs à Galar en ont un… Et en théorie, c’est une révolution, ils sont pratiques, intelligents et obéissants… Mais il y a beaucoup de zones d’ombre… On ne sait pas comment ils ont réussi à se procurer autant de Motisma, aussi vite et à les rendre aussi docile… Il y a bien de rumeurs de trucs pas très jolis derrière tout ça, mais on ne peut rien savoir parce que leurs créateurs ont rendu quasi-impossible pour les Motisma d’être séparés du smartphone… Officiellement, c’est pour éviter que les gens les extraient et s’en servent comme Pokémon dans leur équipe, mais je me demande vraiment s’il n’y a pas d’autres raisons…
Si le Moti-Capstick existe un jour, s’il est produit en masse… Je ne pense pas que les méthodes de production plaisent à la Fédération… »
Un silence lourd s’est posé dans la pièce. Il n’y avait rien à redire par dessus cette histoire. J’ai jeté des coup d’œils furtifs à Cathy et Kyle. Tout deux semblaient perdus dans leurs pensées. Ils étaient plus semblables que je ne le croyais au premier abord. Ils étaient passionnés et impliqués dans leurs valeurs. Même s'ils avaient des positions très différentes sur le comment, j'espérais qu'ils trouveraient un terrain d'entente un jour.
Je suis sortie de la chambre, au prétexte de retourner me coucher, pour ne pas forcer sur ma cheville. Ils ont acquiescé. Au moment de partir, je les ai vus se regarder, avec une certaine gêne et un air désolé. Ils se sont excusés timidement. J'ai souri, nous avions encore un long chemin à parcourir ensemble, alors mieux valait le faire dans une bonne ambiance.