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Les bons conseils de mon grille-pain de Lief97



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» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 27/07/2022 à 19:12
» Dernière mise à jour le 15/09/2022 à 14:29

» Mots-clés :   Amitié   Humour   Kanto   Slice of life

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Chapitre 1 : Sortir, c’est mourir
Augustin ouvrit les yeux et fut aveuglé par un rai de lumière qui filtrait à travers ses volets. Comme chaque matin depuis aussi loin qu’il pouvait s’en souvenir, le soleil lui faisait passer un message subliminal.

« Ne vas pas dehors, Augustin ! »

Il grommela, l’esprit encore ensommeillé, et tenta de se retourner, d’un côté puis de l’autre. Le rai de lumière tombait pile poil sur le milieu de son oreiller, selon un angle qui le rendait impossible à éviter.

Impossible à ignorer.

Augustin marmonna une grossièreté. C’était fichu. Maintenant qu’il était en colère à cause de ce fichu interstice derrière sa fenêtre, il n’arriverait plus à se rendormir. Et son horloge interne lui soufflait que de toute façon, c’était bientôt l’heure de se lever. Son réveil allait sonner, il en était certain.

Après quelques secondes sans bouger, Augustin eut le courage de tourner la tête vers son réveil.

Il suffoqua, paniqué.

— 10h30 ! Nom d’un Ponchien !

Il se redressa d’un coup, comme piqué par une Apireine, et attrapa son réveil entre ses mains, y croyant à peine. Le petit appareil ouvrit ses yeux. C’était un réveil Motismax. Autrement dit, un objet intelligent habité par un Motisma.

Un Motisma censé le réveiller à 9h chaque matin !

— Bon sang, pourquoi tu dors encore ? Je suis en retard, par ta faute !
— … parle moins fort, pitié… râla Réveil. On n’a plus le droit de faire la sieste ?
— La sieste l’après-midi, oui, pas le matin quand je dois bosser, abruti !
— … oh ça va, t’auras qu’à bosser un peu plus tard, aujourd’hui…

Augustin se mordit la lèvre et serra le poing. Il ne parvint que par un prodigieux effort de volonté à se retenir de balancer le réveil contre le mur d’en face. Il préféra plutôt ouvrir un tiroir et l’enfermer à l’intérieur. Il entendit Réveil se plaindre et l’appeler faiblement, mais il l’ignora. C’était bien fait pour lui. Une punition ne ferait pas de mal à ce paresseux !

— Saleté, siffla Augustin entre ses dents.

Il bondit hors de son lit et se faufila dans son appartement pour aller prendre une douche-éclair. Il revint vite dans sa chambre et se planta entre son armoire et sa commode, en croisant les bras.

— Vous êtes réveillés, vous, j’espère ?
— Ouais, mon pote, lâcha Armoire.

Motisma Armoire était un peu mou, mais toujours aussi efficace. Levant un pouce plasmatique en l’air pour lui signaler que tout allait bien, il ouvrit dans le même temps sa porte droite et lui tendit un pantalon repassé récemment et un t-shirt des plus basiques.

Motisma Commode lui lança habilement une paire de chaussettes et un caleçon propre.

— Heureusement que je suis là, hein ? se vanta Commode.
— Pff, t’as que les sous-vêtements pour t’occuper, c’est vraiment un job de pervers ! rétorqua Armoire.
— Ah ouais ? J’te signale que sans moi, Augustin serait à poil dans son jean, et on sait tous que les pieds nus dans les chaussures, ça fouette !
— Des chaussures ? Tu sais bien qu’Augustin sort jamais de chez lui. Il n’a pas besoin de chaussures, et donc, pas de chaussettes non plus. 50% de ton boulot ne sert à rien, Commode !

Augustin s’habilla sans faire attention à leur chamaillerie. Ils étaient toujours comme ça, ces deux-là. Attentionnés envers lui, amicaux mêmes, mais dès que l’un ouvrait la bouche, l’autre se sentait obligé de le contredire. De vrais gamins.

— J’ai une table de repassage intégrée, moi ! lança Armoire.
— Moi aussi !
— Mais elle est plus petite.
— Hé, on avait dit que la taille, ça comptait pas !
— En attendant, moi, je mesure deux mètres de haut, pas deux de large. T’as pensé à faire un régime ?

Augustin grinça des dents.

— Fermez-là, tous les deux, pigé ?

Armoire et Commode, en bons Pokémons connectés, obéirent. C’était peut-être eux deux, ses meubles les plus dociles, malgré leur comportement puéril. Ils étaient lassants, mais faisaient le travail qui leur avait été attribué. Pas comme Réveil !

Augustin jaillit dans son couloir et se précipita dans la cuisine. D’un bouton situé près de la fenêtre, il actionna l’ouverture des volets de tout son appartement. Alors qu’ils se levaient avec lenteur dans un grésillement, il tendit la main vers la poignée du frigo et l’ouvrit.

Ou plutôt, il voulut l’ouvrir.

La porte resta bloquée.

— Frigo ! râla Augustin. Laisse-moi ouvrir, merde ! Je suis en retard et je ne peux pas bosser sans avoir pris mon petit-déj’ !
— Persuade-moi, Augustin.
— Hein ?
— Pourquoi devrais-je te laisser te goinfrer alors que tu as encore pris un kilo depuis la semaine dernière ?

Augustin prit une grande inspiration pour retrouver son calme.

— Frigo. J’ai désactivé l’option « nutritionniste » quand je t’ai installé là, tu te souviens ?
— Certes, mais j’ai le droit de…
— Non, tu n’as pas le droit de BOUFFER MON PETIT-DÉJEUNER AVANT MOI. Ouvre cette porte, que je vérifie. Tout de suite.

Les yeux de Frigo, qui surmontaient le meuble, se plissèrent, abandonnant la bataille verbale. La porte s’ouvrit et Augustin grimaça.

Le pot de confiture entamé la veille était déjà presque vide. Un paquet de jambon entrouvert dévoilait des traces de crocs dans les premières tranches, le fromage était aux abonnés absents, et les bouteilles de jus de fruit vides s’accumulaient dans le tiroir latéral. Sans parler des glaces et des barres chocolatées mises au frais, dont le nombre avait été réduit de moitié. Et les canettes de soda, elles, étaient parties en fumée.

Encore une fois, la gourmandise s’était emparé de Frigo pendant la nuit. Ses fringales nocturnes commençaient sérieusement à inquiéter Augustin.

— Faudra bientôt que je te remplace, on dirait, souffla-t-il.
— Non, non, pitié ! paniqua Frigo. Pas de remplacement ! Je vais me tenir à carreaux !

Un « remplacement ». La pire menace que puisse essuyer un meuble Motismax ! Une fois jetés, ils finissaient aux ordures, dans des décharges à ciel ouvert, condamnés à voir d’autres meubles dépérir à leurs côtés.

C’était une fin abominable pour eux.

Les Motismax n’étaient pas recyclables. Étant des Pokémons modifiés pour que leur comportement s’apparente à celui d’une intelligence artificielle, ils étaient conçus généralement pour un but précis. Et avec l’âge, ils dépérissaient peu à peu. Augustin possédait ici, dans son appartement, quelques prototypes pas encore tous disponibles pour le grand public.

Cela expliquait pourquoi la plupart de ses meubles intelligents possédaient des défauts. Mais rien ne l’empêchait d’appeler son patron pour demander à essayer un modèle différent !

Augustin s’assit à la petite table de la cuisine, Frigo dans son dos, et tapota du doigt la surface métallisée de son grille-pain.

Les yeux de ce dernier s’ouvrirent enfin.

Grille-pain était un cas à part.

— Bonjour, Augustin. En retard, tu as dit ?
— Oui.

Grille-pain avait tout prévu. Deux tranches étaient déjà en train de chauffer, presque prêtes à être englouties dans son estomac avant une longue et harassante journée de télétravail.

Une sonnerie retentit. Les tranches furent expulsées verticalement, et avec l’adresse conférée par l’habitude, Augustin les attrapa au vol, tartina dessus en deux gestes experts du beurre et de la confiture, et les enfourna dans sa bouche sans attendre.

Grille-pain émit un soupir discret, et tourna son regard vers la fenêtre. Le soleil brillait au-dessus des petits immeubles voisins.

— Du beau temps aujourd’hui encore, Augustin. Pourquoi ne pas profiter du début de l’été pour sortir un peu ?
— Sortir ? Pour quoi faire ?

N’importe qui aurait pensé qu’Augustin dédaignait le besoin de mettre le nez dehors. Comme l’aurait fait un gamer trop assidu, un streamer à l’emploi du temps chargé ou un sociopathe activement recherché par la Police Internationale.

Mais Grille-pain voyait clair dans son jeu : sa nonchalance cachait habilement une peur plus sombre, intestine, qui empêchait même le garçon de trouver le courage de s’approcher de ses fenêtres.

L’extérieur le terrifiait, depuis aussi loin qu’il l’avait connu. Depuis qu’il avait quitté la maison familiale pour emménager ici, seul, dans son appartement. En fait, Grille-pain savait que le mot « déménagement » pouvait le faire convulser, donc il évitait toujours le sujet : Augustin en faisait encore des cauchemars.

Son asociabilité faisait partie de lui depuis que Grille-pain le connaissait. Il n’avait jamais vraiment su pourquoi : est-ce que cela venait d’un traumatisme, ou était-ce juste le signe d’une timidité maladive qui n’avait fait que s’accentuer à force de vivre seul et enfermé entre quatre murs ?

Grille-pain se souvenait que deux ans plus tôt, après l’emménagement et après qu’il ait été livré ici, Augustin sortait, de temps en temps. Juste le temps d’un très bref jogging autour du pâté de maison. Mais télétravail oblige, il avait peu à peu renoncé à prendre l’air, surtout depuis que Motismax avait sorti ses drones-livreurs, gratuits pour les employés de l’entreprise.

Augustin avait donc profité de ces livraisons hebdomadaires. Mais peut-être qu’il s’agissait plus d’une malédiction qu’autre chose, avec le recul…

— Sortir te ferait du bien, Augustin. Un jogging, comme à l’époque ! Ça te décrasserait un peu.
— Tu sous-entends que je suis crade ?
— Loin de moi cette idée, mais…
— Veux pas sortir, bougonna le jeune homme.
— Ça te ferait du bien, et…
— Non.

Grille-pain se tut, désemparé. Le garçon s’était braqué trop vite pour qu’il ait le temps d’argumenter davantage. Il refuserait de l’écouter. Il faudrait saisir une autre occasion pour lui parler.

Quand Augustin quitta la cuisine en trombe pour se réfugier dans le salon — il allait y rester presque toute la journée, les yeux rivés sur son ordinateur —, Grille-pain se tourna vers Frigo.

— Notre stratagème n’a pas fonctionné.
— Certes, mais ce n’est pas si grave, si ? s’étonna Frigo.

Grille-pain se retint d’un commentaire désobligeant. Frigo n’était pas du tout un intellectuel, juste un goinfre. Parfois, Grille-pain doutait de l’intelligence redoutable des Motisma. Était-il donc le seul à avoir des capacités cognitives avancées, dans cet appartement ?

— Il faudrait le pousser à faire de l’exercice avant qu’il ne prenne davantage de ventre, rétorqua Grille-pain. Et ce n’est pas le plus inquiétant ! Il n’a de contacts avec personne, à part nous. Les humains sont des animaux sociables, tu sais ?
— Ah ouais ? Sociables ? Désolé, mais j’ai du mal à l’imaginer. Genre, des humains, ça peut discuter entre eux et tout ?

Grille-pain se serait bien frappé le front s’il avait eu le courage de faire apparaître ses bras électriques.

— Bien sûr, Frigo ! Mais tu n’as connu qu’Augustin, il est normal que ça te choque.
— Et il a besoin de parler avec d’autres humains, Augustin ?
— Bien sûr ! Tu imagines, si on ne se parlait pas et qu’on ne se voyait jamais, tous les deux ? Ce serait triste, non ?

Il infantilisait un peu Frigo, mais il y était contraint : sans cet exemple parlant, il n’aurait pas réussi à comprendre.

Frigo fronça ses sourcils violets.

— Attends, ça voudrait dire que je pourrais manger TOUT ce qu’Augustin met dans mon ventre, sans que tu m’engueules. Ce serait plutôt cool, non ?

Grille-pain le fixa avec stupéfaction, puis abandonna. Il se retourna, regardant avec distraction par la fenêtre. Frigo était trop bête. Si bête qu’il pouvait même transmettre sa bêtise et rendre le cerveau de Grille-pain inopérant.

Afin d’être sûr de ne pas perdre en capacités mentales, Grille-pain commença à réfléchir au sens de la vie ; la philosophie, il n’y avait que ça de vrai.


***


— Je ne dois SURTOUT pas perdre ce job…

Augustin travaillait d’arrache-pied, depuis deux semaines, sur un inquiétant problème électroménager. Les dernières mises à jour des Motisma Lave-linge semblaient causer d’irrémédiables bugs sur certains modèles existants.

Plusieurs clients, principalement des habitants de Carmin-sur-Mer, se plaignaient que leur Motisma crachait des Hydrocanon à tout-va dès qu’ils lançaient leur programme de lavage. C’était problématique. Potentiellement lié au climat océanique, qui devait causer des perturbations chez les Pokémons. Des enfants avaient été blessés la semaine précédente, et un Salamèche avait failli dépérir, sa queue noyée sous un torrent d’eau froide.

Il était chargé de réparer le problème avant qu’il ne s’aggrave et que les autorités n’enquêtent plus en profondeur sur l’entreprise Motismax, déjà soupçonnée d’évasion fiscale via des sociétés offshore basées à Alola.

Le chef d’Augustin lui avait remis la pression la veille, et le matin-même via un mail… presque menaçant.

— Je ne dois SURTOUT pas perdre ce job… répéta-t-il à voix basse, pour se motiver.

Il pianotait fébrilement sur son clavier, occupé à modifier les métadonnées de la dernière mise à jour. Il sautait d’une ligne à l’autre, méthodiquement, et comptant bien faire de ce code la perfection incarnée.

Il n’osait pas imaginer le jour où il lui faudrait changer de travail. Changer de travail, ça signifiait être obligé de sortir au moins une fois à l’extérieur pour aller en entretien d’embauche. Sauf si l’entretien pouvait se faire à distance, par écrans interposés ?

Augustin repensa aux propos de Grille-pain. Sortir allait-il vraiment lui faire du bien ? Il n’en était pas sûr. Rien que de songer à l’idée de poser un pied dans le couloir devant sa porte d’entrée, ça le faisait transpirer à grosses gouttes.

Il avait toujours été du genre à s’isoler. Il avait été harcelé à l’école toute son enfance. Et quand il avait été poussé par ses parents à une carrière de dresseur, à ses douze ans, il avait été agressé d’emblée par des sbires Rockets en pleine rue, à moins de cent mètres de chez lui…

Il avait fini empoisonné par les gaz d’un Smogo un peu trop véhément, et avait passé deux mois à l’hôpital, à errer entre la vie et la mort.

Depuis, il avait refusé de sortir, refusé de faire confiance à qui que ce soit, et son pessimisme naturel couplé à sa timidité avaient naturellement fait de lui un individu casanier. Casanier à l’extrême.

Sortir, c’était s’exposer à des risques inconsidérés. C’était tenter la mort à chaque pas.

Sortir, c’était côtoyer des êtres humains infâmes, moqueurs, méprisants et détestables.

Sortir c’était marcher dans un monde voué à la destruction, un monde que les humains s’apprêtaient à détruire par avidité via la déforestation, la pollution, le gâchis alimentaire et les combats Dynamax dévastateurs qui avaient déjà eu raison d’une bonne partie de Galar.

« Et imaginez s’il commençait à y avoir des épidémies comme au Moyen-Âge ! songea-t-il. Sortir, ce serait se transmettre le virus, et aggraver les choses ! Pas question de tomber malade à cause de tous ces malpropres ! »

Une petite voix lui disait que c’était idiot, de penser comme ça. Impossible, à notre époque contemporaine, qu’une pandémie mondiale voit le jour ! La médecine avait bien trop progressé pour ça, c’était une évidence. Ce genre d’évènement ne pouvait avoir lieu que dans une fiction !

Augustin secoua la tête, reprenant ses esprits. Il ne devait pas se déconcentrer. Il pourrait se reposer quand il aurait réparé ces incapables lave-linges !


***


— Pourquoi ne veux-tu pas sortir, Augustin ? demanda sereinement Grille-pain.

C’était le soir. Après une journée de labeur, Augustin aimait s’installer dans la cuisine avec un pot de glace à la main. Il était plus apaisé qu’au matin. Assez pour que Grille-pain ose de nouveau aborder le sujet.

S’il voulait pousser son petit protégé à devenir courageux, il devait lui faire rentrer dans le crâne la possibilité de visiter le monde extérieur ! Encore et encore, jusqu’à ce que ça rentre dans sa petite tête d’humain inexpérimenté.

— Des fois, je rêve d’un truc, commença le garçon, hésitant.

Intéressé, Grille-pain l’invita à continuer.

— Oui, dis-moi ?
— Je rêve qu’un espèce de dragon lumineux, trop brillant pour être bien vu… genre un Type Dragon et Lumière, tu vois…
— Les Type Lumière n’existent pas, intervint Frigo avec fierté, pour étaler sa pseudo-science.

Grille-pain lui lança un regard courroucé. Augustin, heureusement ignorait l’interruption :

— Je rêve que ce dragon apparaît au-dessus de la ville un jour, balance une énorme boule de feu en bas, et détruise toute la ville sauf mon appart’.
— Glauque, murmura Frigo.

Grille-pain déglutit, inquiet.

— Euh, Augustin ? Tu m’inquiètes un peu, là, avoua-t-il.
— Ouais bah j’y peux rien, moi. J’aime pas les gens. La plupart sont des abrutis.
— Et les abrutis méritent un tel châtiment ? s’étonna Grille-pain.
— Ouais. Enfin… j’crois.

Ce fut au tour de Frigo de frissonner, non pas de froid mais de peur. Il avait pris la menace pour lui. Au moins, il avait conscience d’être idiot, ce qui ne faisait pas de lui un crétin absolu. Mais la remarque d’Augustin visait surtout les humains, pas les Pokémons !

— Mais un petit jogging ? reprit Grille-pain. En courant, la peur te donnera des ailes. Tu seras rentré à l’appartement en un clin d’œil. Tu pourras facilement éviter les autres humains en changeant de trottoir pour ne pas troubler ta course. Personne ne trouvera ça bizarre, au contraire, ça fait poli, de ne pas courir à côté des gens. Tu penses que tu es capable de faire ce genre de petite séance de sport ? Une fois par semaine… ou par jour ? Après tout, le pâté de maison est tout petit. Ça ne prendrait que deux minutes.

Augustin soupira. L’idée de Grille-pain commençait à parasiter ses pensées. Cela faisait plusieurs jours déjà qu’il lui soufflait cette possibilité. Le garçon commençait à être tenté par ses habiles arguments.

— Tu sais, Augustin, continua Grille-pain, je pense que tu peux le faire. Tu peux surmonter tes peurs. Tu es plus fort que tu ne le crois ! Il faut que tu restes maître du jeu ! Maître de ta vie !

Une lueur nouvelle éclaira les yeux d’Augustin. Pour la première fois depuis toujours, Grille-pain prit espoir. C’était de la détermination, qu’il lisait dans le regard de son propriétaire !

— Je…

Hésitant, Augustin osa aventurer son regard en direction de la fenêtre.

Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine.

Pouvait-il le faire ?