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Lazar et la Tour d'Alba de Caul



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Informations

» Auteur : Caul - Voir le profil
» Créé le 21/07/2022 à 10:33
» Dernière mise à jour le 30/08/2022 à 16:16

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Conte   Kalos   Médiéval   One-shot

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Chapitre 1 : Quelque part dans la brume
Les landes Brumes. Marchez sur 50 lieux vers le Nord, vous serez toujours dans les landes, stoppé par les Dents. Marchez sur 100 lieux vers l’Est, vous serez encore dans les landes. Marchez sur 150 lieux vers le Sud et vous arriverez au bord de l’océan Kagué. Regardez au-delà des arbres de l’Ouest et vous verrez culminer le mont Isaïa. Et aux milieux des landes Brumes se trouve la Tour Alba. De nombreuse histoire se raconte sur les landes Brumes, et parmi ces histoires, il y a celle de l’Étrange cavalier. Installez-vous confortablement et laissez-moi vous conter l’histoire de Lazar, l’étranger.



Ce jour-là, les vents glacés étaient chargés de neige, et un homme montait sur une étrange monture, une sorte de cervidé géant et élégant, bleu-noir et au corne blanche et pâle. L’homme était frigorifié. Ce jour-là, il longeait la côte Sud et arriva au village de Ezies. Sur son dos, une boîte était emballée dans un drap blanc brodé d’un lys doré. Une besace de grosse laine le ceignait en bandoulière, bloquée par un petit luth dans une boîte en bois, l’empêchant de balloter au gré des pas de la monture. Les guetteurs de Ezies, accompagnés d’un Lainergie, ne le repérèrent qu’au pied de l’entrée du village.

« - Halte-là, étranger, fit un premier guetteur. Qu’est-ce qui t’amène dans le coin ?

- Rien de bien intéressant, l’ami. Je ne fais que passer et je ne demande qu’un toit pour la nuit.

- T’as de quoi payer ?

- Je n’ai que quelques pièces, mais je peux vous conter des histoires d’au-delàs des mers et océans. »

Le premier guetteur consulta son collègue puis reporta son attention sur la monture, puis sur Lazar.

« - Tu es un barde ?

- Plutôt un musicien itinérant.

- Entre, l’étranger. Rhym guidera ta monture vers la grange, elle …

- Inutile, fit Lazar en descendant de l’étrange monture alors que le dénommé Rhym s’en approchait. Elle est autonome et préfère ne pas trop côtoyer les humains.

- Et toi, tu ne la dérange pas ? »

Lazar regarda alors les étranges yeux de sa monture, puis :

« - C’est une histoire très compliquée. »



La salle était grande. Haute de 8 pieds, large d’une quinzaine et bien plus longue, une dizaine de colonnes de chêne en maintenait le plafond de planche et de chaux. Les murs étaient faits de pierre grises et noires et de mortier. Un feu ronflait au milieu, sous une ouverture pratiquée dans le plafond, au milieu d’un sol en terre battue. Des bancs et des tables de bois grossier parsemaient l’espace de la salle. Au fond, une estrade de planche permettait à deux sièges de bois usée de surplomber l’ensemble de la salle. Une teinture recouvrait le mur qui était derrière. Elle représentait un arbre gigantesque au branches démesurées et au racines innombrables, mêlées et entremêlées. Le tout était enlacé par un serpent. Les couleurs étaient passées et la teinture présentait certains inconvénients dûs au temps. Un texte à peine lisible était cousu sur le côté de l’arbre. Lazar ne put en lire que quelques mots comme « création », « océan », « lune » ou encore « espoirs ». Une jeune femme s’approcha de Lazar et interrompit ces rêveries.

« - On ne sait pas de quoi elle parle. Elle a toujours été présente.

- Qu’est-ce qu’elle raconte ? De quoi parle le texte ?

- Je n’en sais rien. Ne tardez pas trop, vous dormirez chez moi, dans le grenier. Mon nom est Alice.

- Je vous en remercie, dame Alice.

- Point de « dame », et je crois que votre publique vous attend. Rares sont les bardes et troubadours qui passent dans la région. »

Lazar se retourna et vit que la salle commençait à se remplir. Des enfants se précipitaient dans le coin gauche de la salle, l’un d’eux avait amené une figurine de fer forgé. Ils étaient suivis par un medhyèna et un charmillon. Lazar descendit de l’estrade pour s’assoir sur les premières marches. Il déballa son luth, en pinça les cordes pour s’accorder. Un passerouge traversa bruyamment la salle en volant pour atterrir sous les rires du public sur l’épaule de Lazar. Puis, un premier accord résonna, imposant le silence, suivit de la voix de baryton de Lazar. Un riolu bizarrement jaune s’approcha timidement du musicien. Un chant commença à remplir la salle, ne laissant aucune place au moindre bruit. Les enfants, les adultes et les pokémons se turent, écoutant attentivement la Balade d’Alba.


Parmi les herbes blanches des plaines
Entre les arbres noirs des terres
Se cache Alba la sereine
Se cache celle qui fuit la guerre

Bien loin dans l’horizon brumeux
Comme une ombre silencieuse
Se cache Alba la misérable
Se cache la grande taiseuse

Elle a fui l’amour, la mer, la mort
En allant bien loin des Hommes

Il est dit qu’un jour viendra peut-être
Un jour étrange au gout de miel
Un œuf aux couleurs d’albâtre
D’où naitra un oiseau couleur ciel

L’oiseau prendra son envol
En partant du sommet de la Tour
Alba lui priant de revenir au sol
De ces plainte l’oiseau en est sourd

Il lui dit de briser son sort
Qui la lie bien loin des Hommes

Un jour, Alba quitta la Tour
S’en allant rejoindre l’oiseau
Laissant au sommet de la Tour
Les éclats d’œuf de Ho-Oh

Elle a fui l’amour, la mer, la mort
En allant bien loin des Hommes
Alba a brisé son sort
Qui la lie bien loin des Hommes



La dernière note résonna très longtemps avant de disparaître dans les applaudissements des villageois. Lazar enchaîna ensuite sur deux morceaux plus joyeux. Il invita les villageois à écarter les bancs et les tables, puis vint le moment des danses. Après une bonne heure de danses, le calme revint. Lazar fit une pause en regardant la boîte emballée dans un drap blanc qui ne le quittait pas. Il fit résonner une note grave en un bourdon continu puis, il ajouta une ligne mélodique. À la suite de cela, ayant capté pour la dernière fois de la soirée l’attention de public, il se mit à chanter. C’était un chant dans une langue étrange, lent et sombre. Un léger courant d’air fit légèrement frémir le drap blanc qui recouvrait la boîte. On ne saurait décrire fidèlement le morceau. La dernière note résonna longtemps, puis Lazar se leva dans le silence le plus absolu. Le passerouge s’envola en projetant de légères braises. Alice se leva, une larme coulant sur sa joue, et applaudit, bientôt suivie par l’ensemble du public. Les gens se levaient et applaudissaient, les pokémons se manifestaient chacun à sa façon. Dehors, une plainte mélancolique résonna. Lazare se dit en regardant la boite :

« - Demain, dès l’aube, je partirai. Demain, Moon-Râ, nous serons à la Tour Alba. »


Dans la nuit, le cervidé qui servait de monture à Lazar marchait dans un silence absolu. La forêt semblait s’effacer à son passage. Il s’arrêta auprès d’un ruisseau. Un ténéfix le regardait avec ses grands yeux, puis s’en alla. Un chant, léger, presque imperceptible résonna aux oreilles du grand cervidé. Lorsque ce dernier se tût, une voix résonna dans la tête de Xerneas :

« -- Je t’entends, mon ami. »


Le soleil pointait à peine. Une timide lueur rougeoyante au loin. Lazar se réveilla et commença à préparer ses bagages. Alice vint le trouver.

« - Vous partez ?

- Oui, j’ai encore beaucoup de chemin à faire aujourd’hui.

- Où allez-vous ?

- Je dois aller à la Tour Alba, au milieu des landes Brumes.

- Prenez ceci, fit Alice en lui présentant un petit paquet. Pourrais-je vous demander un service ?

- Quelle est-il ?

- En vous dirigeant vers la Tour, vous trouverez un moulin à eau. Pourriez-vous remettre ce paquet à l’homme qui y travaille ? Il est accompagné d’un guériaigle blanc.

- Par où se trouve ce moulin ?

Alice sortit une carte de la région faite sur un vieux bout de cuir. Elle indiqua à Lazar la position du village de Ezies. La Tour était un peu plus au Nord. Un peu sur l’Ouest serpentait une rivière. Alice marqua d’une croix la position dudit moulin et donna à Lazar la carte. Ce dernier attrapa son bagage et la boîte au drap blanc, sorti de la maison d’Alice et se dirigea vers la sortie du village. Xerneas l’y attendait, entouré de quelques villageois qui, étonnés par le pokémon, restaient assez éloignés de Xerneas, plus par crainte que par respect. Xerneas s’inclina légèrement, permettant à Lazar de monter sur son dos. Ce dernier remercia les villageois pour leur hospitalité, et Xerneas se mit à marcher en direction de la Tour.

Les landes Brumes étais en partie constituées de petits lacs, de marais et de tourbe. De rares buissons poussaient çà et là, des arbres squelettiques, au branches décharnées, des pokémons sauvages fuyant les étrangers. Voici le tableau que présentaient les landes Brumes. Le mont Isaïa était à peine visible. Lazar fit signe à Xerneas de se diriger vers l’ouest. Un couinement attira l’attention de Lazar. Xerneas s’arrêta et Lazar mit pied à terre. Une ombre dans la brume semblait courir. Un riolu. Ce dernier s’arrêta, et se planta devant Lazar.

« - Qui es-tu, l’ami ? »

Le riolu resta immobile.

« - T’es pas celui qui était au village de Ezies ? »

Le riolu hocha la tête, approuvant Lazar.

« - Tu ne devrais pas y rester ? »

Le riolu répondit par la négation.

« -Qu’est-ce que tu veux ? Je n’ai rien à te donner ? »

Le riolu s’approcha de la boîte emballée dans le drap et y posa sa patte. Il se concentra sur quelque chose que Lazar ne pût voir. Les appendices noirs de chaque côté de sa tête se mirent à vibrer et émirent une faible lueur bleutée.

« - Tu peux la ressentir ? Je la ressens à ma façon. C’est pour elle que je dois aller à la Tour Alba. »

Le riolu fit un bruit bizarre avec ça bouche.

« - Tu souhaites m’accompagner ? Tu ne me connais pas, Riolu. »

Riolu le regarda sans broncher.

« - J’ai comme l’impression que je n’ai pas le choix. Enfin bon, tu fais ce que tu veux, fit Lazar en remontant sur le dos de Xerneas. »

Le riolu s’agrippa au vêtement de Lazar et réussi à grimper derrière lui. Une voix résonna dans la brume.

« - Je m’appelle Charo. »


Ils entendirent d’abord la rivière avant de la voir. Une horde d’axolotos et de gobous se dissimulaient parmi les herbes folles et les roseaux. Xerneas remonta la rivière sur une bonne lieue avant que le moulin à eau apparaisse. La demeure sur laquelle il tournait était de chaux grisée par le temps et les intempéries. Un guériaigle au plumage blanc était juché sur le toit. Il piailla à l’arrivé des étrangers. Au cri, un jeune garçon en sortit en tenue de travail. Une tête rousse sur un corps bien bâti, le tout habillé d’un tablier de cuir souple taché.

« - Étranger, qui es-tu ? »

Par un geste de la main, Lazar demanda à Xerneas de s’arrêter.

« - Je ne suis que de passage. Je viens du village de Ezies où j’y ai passé la nuit. En partant, on m’a remis un paquet à transmettre à la personne qui tient le moulin.

- Je suis cette personne. Qui t’a remis ce paquet ?

- Dame Alice.

- Entrez. Laissez-moi le temps de me changer. »

L’homme retourna dans la demeure alors que Charo et Lazar descendirent à terre. La demeure était vaste, mais une meule de granit que faisait tourner le moulin à eau en occupait une bonne partie. L’homme apparut de derrière une teinture qui dissimulait une pièce. Il portait une sorte de pantalon court en tissus.

« - Quelle étrange accoutrement, fit Lazar à voix basse. »

L’homme sembla l’entendre.

« - Il est vrai que c’est peu orthodoxe, mais de là d’où je viens, c’est plus courant. Et puis j’aime bien ce pantalon court, il me permet de bien garder les jambes au frais. Puis-je vous offrir quelque chose à boire ?

- Non, merci. J’ai encore beaucoup de chemin à faire avant d’atteindre la Tour.

- Vous allez à la Tour ? Et ben, je vous souhaite bien du courage. Pourquoi y allez-vous, si ce n’est pas indiscret ?

- J’y ai quelque chose à faire, répondit Lazar en touchant machinalement la boîte emballée dans son drap blanc.

- On raconte des tas de chose sur cette Tour.

- Quel genre de choses ?

- Plein de choses, tel qu’un pokémon de feu y serait né, ou alors comme quoi la Tour serait faite de cristal noir, …

- Vous l’avez déjà vue ?

- Non, mais nombreux sont les voyageurs qui circulent le long de cette rivière et qui en parlent. Un jour c’est un commerçant qui voit ses teintures déteindre, un autre, c’est une femme qui retrouve la vue en s’en approchant de nuit.

- Et vous ? Vous en pensez quoi ?

- Moi, je me contente de vivre, et c’est déjà pas mal.

- Pourquoi ?

- Il y a quelque chose dans ces terres d’étrange. Je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais la vie est rare si l’on s’éloigne un tant soit peu de la rivière. Seule règne la brume.

- Et la Tour ?

- Elle est là. Elle était là avant ma naissance, et elle sera encore là bien après notre mort. »

C’est sur ces mots que Lazar prit congé de l’homme au pantalon court en lui laissant le paquet, puis, Charo sur les talons, il alla retrouver Xerneas et poursuivit sa route.