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Les Imprégnés de Ezekiel-55



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» Auteur : Ezekiel-55 - Voir le profil
» Créé le 18/06/2022 à 13:45
» Dernière mise à jour le 18/06/2022 à 13:45

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Chapitre 2 - Conséquences fatales
La vision d’Aeden était aussi trouble que pouvait l’être son esprit. Il sentait la moindre parcelle de son corps avec une intensité extrême, comme si on lui avait fait prendre un bain dans un bac d’acide sulfurique. Il mit un moment à se rendre compte qu’il y avait de l’agitation autour de lui. Une dizaine d’hommes en tenue noire s’affairaient dans ce qui semblait être une sorte de campement militaire installé à la hâte dans l’arène de Merouville.

Pourtant, quand il s’était retrouvé à franchir la brèche malgré lui, il était certain que ces personnes n’étaient pas présentes. Plus encore, il n’y avait aucune trace de Roxanne, la championne, dans son champ de vision. Que venait il de se passer ? Incapable de bouger, allongé sur le sol comme une loque désarticulée, il tenta de lever les yeux vers les ombres qui commençaient à se masser autour de lui, l’observant de leur hauteur.

- Déployez un périmètre de 3 mètres autour de l’imprégné. Je ne veux que personne l’approche avant que nous n’ayons pu déterminer à quel degré il a pu être contaminé.

Impuissant face aux événements, le jeune adolescent ne put qu’observer les hommes poser des rubalises autour de lui. Il ne comprenait rien à ce qu’il se passait. Un homme avait parlé de contamination. Était-il atteint d’un quelconque virus ? C’était sûrement pour ça qu’il avait eu cette hallucination délirante. Et ça expliquait la douleur qu’il ressentait dans tout son corps, tout comme son incapacité à bouger ou à parler correctement.

Oui, c’était l’explication la plus rationnelle. Alors qu’il se perd dans les quelques pensées qu’il arrive à formuler, Aeden remarque qu’un homme franchit le périmètre de sécurité qu’ils ont installé autour de lui, et vient s’accroupir à ses côtés. Il doit avoir une trentaine d’années, les cheveux d’un bleu profond coupés mi longs et des yeux couleur ambré. Il porte un costard noir, ajusté parfaitement à sa silhouette parfaite, le tout assorti d’un nœud papillon rouge qui vient ravir l’ensemble.

- Comment t’appelle tu ?

Aeden tente de lever les yeux pour fixer son regard dans celui de l’homme qui le domine, mais il n’y arrive pas. Résigné à se laissé porter par la confiance, il articule difficilement.

- Aeden.

Sa voix est rauque, et il lui semble avoir un goût métallique dans la bouche. Sûrement est-il en train de saigner.

- Tout va bien, Aeden. Tu viens de vivre une expérience particulièrement éprouvante. Une équipe de médecins va t’emmener dans une de nos bases, et tu y recevra les soins adaptés à… à ta situation.

Le jeune ne comprends pas ce qu’il se passe autour de lui. Comment ces hommes ont pu mettre sur pied un centre de commandement aussi rapide alors qu’il lui semble s’être écoulé tout juste quelques minutes entre l’apparition de la brèche et son malaise ?

- Hô…hôpital…, articule t’il avec difficulté.

- Non, pas à l’hôpital. Ça ne servirait à rien dans ta situation. Et ça mettrait en danger la vie de trop nombreuses personnes. Ne t’inquiète pas, on va s’occuper de tout. Fais moi confiance.

Aeden n’avait aucune confiance en cet inconnu qui semblait un peu trop imbu de lui-même pour être fiable, mais il allait devoir s’en accommoder. De toute façon, il se sentait partir. Le monde devint une nouvelle fois flou, et il sombra dans les affres de l’inconscience


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Lorsqu’il revint a lui, Aeden eut directement la certitude qu’on l’avait déplacé pendant son sommeil. Il était dans une chambre entièrement blanche, trônant sur un lit qui était disposé au centre de la pièce. Aucune fenêtre, et une unique porte en métal qui ne semblait pas si facile à ouvrir. Il était branché à diverses machines qui bipaient de façon régulières. L’embout d’une perfusion transperçait son bras gauche, et un liquide argenté y coulait par intermittence. Un peu hagard, mais visiblement reposé, il tenta de s’asseoir. Il ne fut pas pris de vertiges, ce qui était une bonne chose. Il examina son corps, mais hormis les machines, il ne semblait y avoir rien de suspect sur lui. Pas de blessure particulière, et tous ses membres étaient à leur place. Il poussa un soupir de soulagement, et tenta de se lever. Il mit quelques instants à trouver l’équilibre mais il pu, après quelques essais, mettre un pied devant l’autre sans risqué la chute.

- C’est quoi ce bordel ?

Il entreprit d’examiner la pièce dans laquelle il se trouvait, en faisant attention à ne pas débrancher les machines auxquelles il était relié. Elles étaient sûrement nécessaire à sa guérison, même s’il n’avait aucune idée de qui pouvait les lui avoir branché.

Après quelques minutes d'inspection, il dut se rendre à l'évidence qu'hormis l'unique porte fermée lourdement à clef, il n'y avait aucune autre issue. Et ce n'était pas les petites tapes qu'il donnait par intermittence sur les murs pour tenter de débusquer une trappe secrète qui allaient l'aider. Un peu abasourdi par les événements, il se rendit compte qu'on l'avait dépouiller de ses vêtements pour lui enfiler une tenue de patient. Mais, dans la poche de sa blouse, il trouva le réconfort de ses deux pokéballs. Aeden fut étonné qu'on lui ait laissé ses compagnons.

Il n'était dresseur que depuis quelques jours, mais c'était une vocation qu'il envisageait depuis des années déjà. À vrai dire, il avait toujours été fan des grands dresseurs de ce monde. Son idole, qu'il vénérait par dessus tout, était l'ancien maître de la Ligue d'Hoenn et directeur de la multinationale Devon SARL, Pierre Rochard. Il rêvait de pouvoir un jour égaler son talent en matière de dressage, même si ses débuts avaient été laborieux. Certes, le jeune homme avait une connaissance approfondie de tout ce qui touchait à la théorie pokémon, pouvant réciter la table des types sans aucune difficulté. Pourtant, il n'était encore qu'un simple gamin, et les liens qu'il commençait à nouer avec ses deux compagnons étaient encore plutôt ténus.

D'un geste de la main, il libéra ses pokémon de leurs cages technologique. Arcko, fier et droit, vint se poser contre un mur, mâchouillant une brindille qu'il ne quittait jamais. S'il s'inquiétait pour son dresseur, il ne le montra pas. Contraire à Granipiot, qui se blottissait déjà contre les jambes d'Aeden, même s'il était difficile de savoir si c'était parce qu'il ressentait de l'empathie pour le jeune homme ou simplement parce qu'il avait peur pour sa propre peau. Granipiot semblait plutôt peureux dans l'âme, ce qui avait le don d'énerver Arcko, lui bien plus téméraire et taciturne.

- Merci d'être là, les amis. Vous pouvez pas savoir comment ça fait du bien de vous savoir à mes côtés ! J'comprends pas vraiment ce qui m'arrive, mais on va...

Il n'a pas le temps de finir sa phrase que, déjà, la porte de sa chambre s'ouvre avec fracas. Deux silhouettes, en tenue de cosmonaute, s'insère rapidement et attrape le jeune homme par les bras avec force.

- Hé ! Mais !

Il tente de se débattre, mais on le tient fermement. À ses côtés, Arcko et Granipiot poussent des cris apeurés. Arcko tente même une attaque Feuillage, qui vient se perdre sur l'un des scaphandres de ceux qui tiennent Aeden. Celui-ci essaie d'apaiser la situation avant de franchir le pas de la porte, tout en continuant à gesticuler pour qu'on le laisse libre.

- Ça va aller, les amis ! Restez-là calmement, je vais revenir bientôt !

Résigné, il se laisse guider à travers de longs couloirs d'un blanc nacré. Ils finissent par atteindre un escalier qui mène sur un étage supérieur. Là, le décor change soudainement. Oublié le blanc, Aeden est dirigé de force dans un grand bureau au style ancien. Des lattes de parquet en bois ciré, une bibliothèque aux étagères pleines qui trône sur un mur adjacent, et un grand bureau en chêne massif qui en impose au milieu de la pièce. Il est laissé là, jeté sur le sol par ses deux ravisseurs, qui regagnent les escaliers par une porte dérobée sur le mur droit.

- Putain ! Merci de l'accueil quoi.

Aeden se relève difficilement, devant se battre avec sa blouse de patient pour éviter de chuter de nouveau. À son bras perle quelques gouttes de sang, marque de la perfusion que les cosmonautes ont du lui arracher à la hâte pour l'emmener ici. Il ne comprend décidément rien à ce qui lui arrive.

Debout, il se dirige vers le bureau et aperçoit un cadre photo. À l'intérieur de celui-ci, il remarque un jeune homme aux cheveux bleus, qui tient dans ses bras un Togepi. Les deux affichent un sourire rayonnant, et Aeden met quelques instants à remarquer que la personne sur la photo n'est autre que l'homme qui lui a parlé avant qu'il ne s'évanouisse à l'arène de Mérouville. Il semble être plus jeune sur le cliché – tout au plus une dizaine d'années à l'époque – et bien plus guilleret que la première impression qu'il a fait au jeune dresseur.

Alors qu'il est perdu à sa contemplation de l'image, il entend la porte dans son dos se fermer avec douceur. Il se retourne, apeuré, pour voir l'homme aux cheveux bleus entrer dans le bureau. Celui-ci est habillé d'un costume noir, parfaitement ajusté à sa galbe athlétique. Chose qu'Aeden n'avait pas remarqué à l'arène – ce qui est excusable, rappelons qu'il était alors aussi en forme qu'un homme de quatre-vingt-dix ans en fin de vie -, l'homme possède une large cicatrice au niveau de la joue gauche, qui part de son œil jusqu'à la commissure de ses lèvres. Sans même porter son attention sur le jeune dresseur, l'homme se dirige vers son bureau et prend place sur la chaise roulante qui se trouve à l'arrière. D'un regard, il incite Aeden à s’asseoir à son tour.

- Bonjour, Aeden Rosenfield. Content de voir que tu vas mieux.

Milles questions fusent dans la tête de l'adolescent. Laquelle poser en premier ? Tout à son hésitation, il ne trouve pas les mots, mais est de toute façon interrompu par le trentenaire qui lui fait signe de ne pas parler d'un geste de la main.

- Je répondrai à tes questions en temps et en heure. Pour l'instant, je tiens à m'excuser pour le zèle de mes hommes. Ils ne sont pas très doux avec les nouveaux venus, mais ils font de leur mieux, je t'assure.

Assis sur sa chaise, Aeden se tortille maladroitement. Il n'a qu'une envie réelle : porter un coup de poing à ce mec, s'enfuir de là et regagner le confort de sa maison à Clémenti-ville. Peut-être a-t-il été trop aventureux en voulant partir si tôt sur les routes de la région ? Peut-être aurait-il dû écouter ses parents quand ils ont émis des réserves sur ce voyage ? Pour sa décharge, il pensait simplement tomber sur quelques pokémons agressifs au détour de certaines routes peu fréquentée, et pas faire un malaise psychédélique lors de son premier combat d'arène, puis être transporté dans le repère de méchants criminels.

- Tout doit être confus pour toi j'imagine. Je vais t'expliquer les choses petit à petit, et dans l'ordre.

- Comment connaissez-vous mon nom de famille ? Mes souvenirs de ce qu'il s'est passé après mon malaise sont flous, mais je suis quasiment certain de vous avoir donné que mon prénom.

L'homme sourit, laissant apparaître des dents parfaitement blanche. Tout chez cet homme semble parfaitement accordé, de sa voix suave à son corps d'éphèbe. Si Aeden n'était pas aussi sûr de lui, il en reviendrait presque à remettre en question sa propre orientation sexuelle.

- Ton pokédex. Tu l'avais sur toi lorsqu'on t'as trouvé. Le professeur qui te l'a donné a certainement dû te dire qu'il contenait toutes les informations civiles à ton sujet. Ça fonctionne un peu comme une carte d'identité pour les dresseurs, si tu préfères.

Aeden ne s'était pas rendu compte de la disparition de cet outil de ses affaires. Il faut dire qu'il n'a pas encore le réflexe de s'en servir à tout bout de champ comme certains peuvent le faire. Lui s'en fiche un peu d'avoir des informations sur les pokémon qu'il rencontre, puisqu'il connaît déjà la majorité des choses à leur sujet à cause des nombreuses recherches qu'il a fait avant de partir dans cette aventure folle.

- On est où là ? Et vous me voulez quoi ?

L'homme aux cheveux bleus se leva, allant observer un cadre affichant une carte grossière de la région d'Hoenn qui trônait derrière son bureau. Tournant le dos à Aeden, il répondit alors à sa question.

- Tu te trouves dans une base du P.L.O.U.C, quelque part près la Forêt Clémenti. Je ne peux pas te donner la localisation exacte, ça risquerai de compromettre nos intérêts, tu t'en doute bien.

- Le Plouc ? C'est quoi cette connerie ? C'est une caméra cachée, c'est ça ? J'vais participer à Poké-story ?

Être irrespectueux dans une telle situation n'était sûrement pas le meilleur gage de survie, mais Aeden ne contrôlait pas vraiment ce qu'il disait. Agité par l'adrénaline, il laissait ses plus bas instincts parler à sa place. Pour autant, l'homme ne sembla pas le prendre mal.

- C'est une unité détachée des Forces de Police Internationale. Littéralement, l’acronyme veut dire Pôle Lié aux Opérations Ultra-Chimères. Pour toi, ça ne doit pas dire grand chose. Mais disons que nous sommes une unité un peu particulière, dans le sens où l'on n'enquête pas dans le domaine civil comme peuvent le faire les autres membres du FPI. Le P.L.O.U.C a pour objectif d'empêcher les menaces extérieures à notre monde de venir envahir cette dimension. Ce qui nous amène à ta situation très personnelle.

- Ma situation personnelle ? J'comprends rien à votre charabia.

- Et c'est normal. Mais ça deviendra plus clair avec le temps. Tu as malheureusement été emporté dans une Ultra-Brèche lors de ton affrontement avec Roxanne. Les raisons de l'ouverture de tels événements nous sont encore partiellement inconnues, mais il semble que tu ai eu la chance de revenir de ce voyage entier. Ce qui n'est pas le cas de la championne, dont nous n'avons plus aucune nouvelle depuis.

Aeden n'avait donc rêvé ? Il avait bien été emporté par ce trou qui était apparu au niveau du toit de l'arène ? Et il avait donc effectué une sorte de voyage à l'intérieur de celle-ci, avant de revenir ? Il avait dû mal à le croire, même s'il semblait que l'homme en face de lui n'était pas en train de lui mentir. Quel intérêt avait-il à lui raconter une histoire aussi folle sinon ?

- Traverser cette brèche a fait de toi un Imprégné. C'est un phénomène peu courant, puisque rares sont ceux qui reviennent d'un voyage dans une Ultra-Dimension sans entraînement préalable. Le problème, c'est que cette imprégnation te rends dangereux pour notre monde. Tu dégage maintenant une énergie qui attire les menaces extérieures. Elles te prendront pour une sorte de simili-brèche, et tenteront de t'atteindre pour regagner leur monde d'origine. De ce fait, tu es devenu un danger pour toi, mais également pour tous ceux qui t'entourent.

Tout était encore plus flou dans l'esprit d'Aeden que lorsqu'il s'était évanoui à l'arène. Il était devenu une menace pour ses proches simplement parce qu'il s'était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment ? L'homme aux cheveux l'avait qualifié d'Imprégné. Qu'est-ce que ça voulait dire ? Outre les questions, Aeden avait l'impression d'avoir son esprit en ébullition. Mais il n'eut pas le temps de réfléchir outre mesure aux conséquences de ces révélations que, déjà, l'homme en costume attrapait dans un des tiroirs de son bureau une pokéball qu'il jeta sur le sol, loin du côté de la porte de sortie. Un Malamandre aux yeux crépusculaires fit son apparition, bloquant toute issue de secours à Aeden.

- Et le P.L.O.U.C, comme tu t'en doutes, se doit d'éliminer les dangers potentiels pour notre monde. Je suis désolé, Aeden.

Le Malamandre ouvrit la gueule, laissant apparaître une gerbe de flammes lumineuses. Trop surpris pour réagir, Aeden resta figé sur sa chaise, attendant comme un condamné sa sentence désormais irrévocable.