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Les Imprégnés de Ezekiel-55



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» Auteur : Ezekiel-55 - Voir le profil
» Créé le 13/06/2022 à 19:49
» Dernière mise à jour le 13/06/2022 à 19:49

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Chapitre 1 - Premier contact
Le jeune garçon aux cheveux rouges s'avance par delà le panneau indiquant l'entrée de Mérouville. Ses yeux azurs pétillent d'excitation et, le cœur battant la chamade dans sa tenue de dresseur toute banale – un simple short de sport noir et rouge, accompagné d'une veste bleue où trône le logo de la ligue d'Hoenn -, il franchit la limite entre la route 104 et la principale ville de l'ouest de la région ensoleillée. À ses côtés, un Arcko fébrile saute sur place, tandis qu'un Granipiot tremble entre les pieds de son dresseur, manquant de le faire tomber lorsqu'il tente de faire un pas.

- Bien, nous y voilà ! La ville de notre premier badge. Vous êtres prêts, vous deux ?

Aeden – puisque c'est le doux nom que porte le jeune homme d'une quinzaine d'années – s'adresse à ses deux pokémon, qui ne semblent pas partager son enthousiasme. Il faut dire que le dresseur compte affronter Roxanne, la Championne de la ville, alors qu'il n'a obtenu son premier pokémon – Arcko – il y a tout juste une semaine. C'est le temps qu'il lui a fallu pour franchir la distance entre Clémenti-Ville et Mérouville. Sur la route, il n'a pas forcément rencontrer d'embûches, et a eu simplement le temps de commencer à se familiariser avec son partenaire. La veille, il a même capturé un Granipiot à la sortie du Bois Clémenti, agrandissant son équipe par un nouveau compagnon.

Pourtant, il n'en reste pas moins évident qu'Aeden n'est qu'un simple débutant dans le domaine du dressage, sûrement un peu trop ambitieux pour son âge. Son rêve, celui d'accéder aux plus hautes sphères des dresseurs en réussissant à prendre la tête du Conseil 4 de la région, est plutôt commun parmi les jeunes de sa génération. Malgré tout, il faut admettre que le jeune homme est encore bien expérimenté.

- Allons-y alors !

Sans attendre plus longtemps, mu par l'envie d'en découdre avec la Championne locale, Aeden franchi les limites de la ville, talonné par ses deux nouveaux compagnons. Il ne met pas bien longtemps à trouver l'arène, siège de la championne, qui se situe en plein centre de Mérouville. Il n'y a personne devant les portes du grand bâtiment, ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour le jeune homme. Il s'était attendu à devoir faire la queue pour espérer défier Roxanne. Le fait que ce ne soit pas le cas suffit à lui mettre un sacré sourire sur le visage. La candeur dont il fait preuve est certainement son meilleur atout pour franchir les obstacles de la vie. Toujours souriant, toujours à s'émerveiller pour des choses qui peuvent paraître ordinaire au commun des mortels. Aeden, c'est simplement un concentré de bonne humeur, de joie de vivre tinté d'un soupçon de tête brûlée.

Repassant ses troupes en revue – et l'inspection n'est pas bien longue – il rappelle ses deux pokémon dans leur pokéball respective, avant de pénétrer à l'intérieur de l'arène. C'est un simple dôme de plusieurs mètres de haut. Sur les bords du bâtiment, des gradins circulaires entourent un terrain officiel pour les matchs pokémon, comme l'on peut en voir à la télévision lors des retransmissions d'affrontements importants. Aeden est légèrement impressionné par la taille de l'endroit, mais c'est certainement parce qu'il est bien seul à l'intérieur. Il n'y a aucune âme qui vive, et il se surprend même à regarder derrière les rochers artificiels qui jonchent le terrain pour voir si la Championne ne se tape pas une sieste derrière l'un d'entre eux.

- Y'a quelqu'un ? J'm'appelle Aeden. Aeden Rosenfield, je viens de Clémenti-Ville ! Je voudrai défier Roxanne, la Championne locale !

Au fond de l'immense hall, une porte dérobée s'ouvre et une jeune femme, tout juste plus âgée en apparence qu'Aeden, en sort. Vêtue d'une jupe ample noire, et de collant rose, elle possède des cheveux d'un brun sauvage et des yeux ambrés qui semblent percer l'âme de ceux qu'elle observe. Agile, elle se faufile entre les pierres du terrain pour rejoindre Aeden de l'autre côté du stade. Ses mouvements sont félins, et le sourire malicieux qu'elle arbore semble indiquer une certaine propension à la taquinerie.

- T'es pas obligé de crier hein ! J'étais en train de me mater une série dans mon bureau, et tu as tout coupé !
- Je.. Désolé ?
- Ouai ouai, c'est ça. Bon, t'es là pour quoi ? Tu veux te battre contre moi, c'est ça ?

Aeden est surpris par l'attitude à la fois décontractée et légèrement insolente de la Championne. Elle semble encore être adolescente, mais se comporte comme si elle avait des responsabilités de cette teneur. C'est peut-être le cas après, quand on connaît la responsabilité qu'ont les champions d'arènes au sein des décisions de la région. Véritables puissances politique, les huit champions dominés par le Conseil 4 ont un pouvoir similaire à celui de l'assemblée nationale de la région, tant et si bien qu'il est arrivé, plusieurs fois dans l'histoire, qu'ils renversent un gouvernement en place pour prendre temporairement le pouvoir. Aujourd'hui, les tensions entre la Coalition des Dresseurs et le Gouvernement sont encore légion et il ne manque qu'une étincelle pour faire voler en éclat cet équilibre précaire. Que cette jeune gamine ait pu être nommé Championne est une preuve certaine de sa maturité et de la confiance des plus grands de la région pour qu'elle prenne les décisions adéquates en temps et en heure.

- J'veux remporter ton badge, oui.
- Je suis contente qu'il existe encore des dresseurs passionnés comme toi. J'en rencontre de moins en moins ces derniers temps. Mais ne va pas croire que je suis rouillée pour autant.

Aeden en avait entendu parler. Apparemment, depuis quelques mois déjà, les jeunes dresseurs semblaient bouder la profession. Il se faisait de plus en plus rare que les jeunes en âge prennent la route pour accomplir leur voyage initiatique. Selon certains sociologues, la principale cause était la recrudescence de dangers qui avaient émergé sur les routes d'Hoenn ces dernières années. Avec le démantèlement des deux organisations criminelles qui sévissaient il y a quelques années, la Team Aqua et la Team Magma, une place avait été à prendre pour le crime organisé. Cependant, aucune organisation aussi influente que les deux déchues n'avaient réussi à s'imposer, et toutes se battaient depuis pour accéder au sommet. La Team Star était en bonne voie ces derniers mois, multipliant les assauts contre les principaux sièges du gouvernement dans la région et même sur les ambassades d'Hoenn dans les autres régions du globe. Pour autant, elle était toujours talonné de près par le Culte Kirmanshu, une secte aux objectifs encore flous, ainsi que par les Chevaliers du Grand Retour, une bande de dégénérés qui affichaient haut et fort leur envie de faire revenir Hoenn à une ère post-technologie.

Bref, il n'empêche que tout cela n'avait pas refroidi Aeden, même si ses parents s'étaient montré réticents à l'idée de le laisser partir. Il ne leur avait pas vraiment laissé le choix et, après plusieurs semaines de négociations, il avait réussi à donner assez d'arguments pour qu'ils acceptent de le laisser réaliser son rêve.

Roxanne, après un court discours sur les règles du match, alla se positionner d'un côté du terrain, alors qu'un arbitre s'était installé dans les gradins sans qu'Aeden ne le remarque. Trop tête en l'air pour ce genre de détails, le jeune homme de quinze ans parti s'installer de l'autre côté de l'arène, prêt à en découdre. Les mains à sa ceinture, sur laquelle trônaient les deux pokéballs de ses compagnons actuels, il attrapa celle contenant le petit Granipiot qu'il avait sien depuis une journée seulement.

- Granipiot, je compte sur toi !

Dans un éclair lumineux, le pokémon en forme de gland prit place sur le terrain, un air apeuré sur son étrange visage. Aeden avait bien compris que le pokémon n'était pas fan de combats, mais il n'avait pas trop le choix à l'heure actuelle. Roxanne, elle, fit appel à un Racaillou. L'arbitre intima le début du combat, et Aeden fut le premier à agir, oubliant toute galanterie.

- Granipiot, lance Vole-vie.

Le pokémon mit quelques secondes à agir, mais obéit tout de même à son dresseur en relâchant un rayon rougeâtre semblable à celui utilisé lorsqu'on rappelait un pokémon dans sa pokéball. L'attaque vint percuter le Racaillou de Roxanne, mais celui-ci ne broncha pas alors que son énergie quittait doucement son corps jusqu'à celui du pokémon plante.

- Racaillou, utilise Poliroche !

Le Racaillou fit briller son propre corps, et disparut alors en un éclair du champ de vision d'Aeden, se libérant par la même occasion de l'attaque de Granipiot.

- Granipiot, lance une nouvelle fois Vole-vie !

Mais l'attaque, si elle commença par filer en ligne droite, changea de direction en cours de route pour se diriger vers le plafond, comme attiré par une force invisible. Levant les yeux, Aeden cherche à comprendre l'origine du phénomène. Roxanne en fit de même, stoppant momentanément le plafond pour lever les yeux au ciel, droit vers le toit de l'arène. Et quelle ne fut pas la surprise des deux dresseurs lorsque, par un quelconque miracle, une sorte de... de... Aeden n'arrivait pas vraiment à décrire ce qui venait d'apparaître haut vers le plafond. Ça ressemblait à un trou dans la réalité elle-même, une sorte de mini-trou noir, qui semblait avoir sa propre force d'attraction. Outre l'attaque de Granipiot, l'étrange brèche commençait à absorber les cailloux jonchant le sol de l'arène. Par mesure de précaution, Aeden rappela son pokémon. La championne en fit de même avec son Racaillou, même si Aeden doutait qu'un pokémon aussi lourd puisse se faire aspirer si facilement. L'arbitre, lui, s'était dirigé vers les portes de l'arène et avait prit la fuite dès qu'il avait remarqué l'étrange trou.

- C'est quoi ce bordel ?

Les mains devant les yeux pour se couvrir face aux vents violents qui commençaient à envahir l'arène en direction de la brèche, Aeden n'avait pas d'autre choix que de hurler pour espérer se faire entendre par la championne. Celle-ci semblait aussi perdue que le jeune homme, mais elle tenta de garder son calme.

- Ça ressemble à l'attaque Trou Noir du légendaire Darkrai. Mais je doute qu'il se trouve dans le coin. Alors peut-être...

Elle ne put finir sa phrase que la force l'attraction gagna en intensité. Obligé de s'agripper à un rocher pour ne pas se faire aspirer, Aeden se dit qu'il aurait mieux fait de fuir quelques secondes plus tôt. Là, il n'avait plus aucune échappatoire, hormis celle d'attendre l'arrivée d'autorités compétentes. Le jeune homme commençait à avoir sacrément peur.

- Ça devient dangereux, gamin. Accroche-toi à tout ce que tu peux !

Tout s'enchaîne, et Aeden sent la prise sur son rocher se distendre. Ses doigts, sous l'effort et la sueur, commencent à glisser et, bientôt, il ne se tient plus qu'avec la force du désespoir. Soudain, il perd pied et glisse sur le sol. Son corps est emporté par la force de gravité, et il commence à se sentir décoller du sol. Observant de loin le sol se déliant au loin, il lui semble perdre connaissance et, tentant de regarder ce vers quoi il est attiré, il s'évanouit en comprenant que ses secondes sont comptées.

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- Monsieur B, nous avons un pic d’énergie anormal dans la région d’Hoenn. Une concentration en nanoparticules Zéta comme on en a plus vu depuis l’incident de Port Yoneuve.

Le scientifique pianote sur ses écrans pour affiner sa recherche. Dans le laboratoire sous terrain, il règne un calme plat mais la tension court dans l’air. Des hommes à lunettes tapent à une allure frénétique derrière leurs ordinateurs, tandis qu’un homme en impair couleur crème s’agite sur place.

- Dites m’en plus !, s’impatienta l’homme qui n’avait pas les compétences scientifiques nécessaires pour comprendre l’afflux de données qui s’affichait sur les nombreux écrans jonchant le sous-bassement.
- On… on n’arrive pas à identifier clairement l’origine de la brèche. Il semblerait qu’elle se soit ouverte quelque part dans l’ouest de la région. Mais la concentration Zéta est trop importante et diffuse pour qu’on en détermine le point exact d’origine.
- Faites de votre mieux ! Des civils sont peut être en danger ! Préparez moi un hélicoptère, et envoyez un message à nos équipes sur place, qu’elles se tiennent prêtes à intervenir !

L’homme en impair prit place derrière son bureau, au fond de la cave qui servait de repère à sa petite équipe. En temps qu’homme de terrain, il avait horreur de devoir attendre ainsi de plus amples informations. Mais en même temps, pour s’être confronté plusieurs fois au problème qu’était les ultra-brèches ces derniers mois, il était pleinement conscient qu’agir sans savoir à quoi on était confronté pouvait être fatal. Sa partenaire, Cathy, en avait fait les frais il y a quelques semaines. Depuis, elle attendait patiemment son tour au bloc opératoire d’Unionpolis pour une greffe de poumons. Il n’imaginait même pas le drame que ça pourrait être si jamais quelqu’un qui n’était pas agent pour son unité venait à s’engouffrer dans une brèche sans avoir reçu au préalable la formation nécessaire.
Trifouillant dans les papiers qui traînent sur son bureau en chêne, l'homme cherche le papier sur lequel est inscrit le nom du chef d'unité actuellement en poste dans l'ouest de la région d'Hoenn. Gabriel Marshall. L'homme jure mentalement en voyant ses notes. Monsieur Marshall, du haut de ses vingt-deux ans, passe pour être un petit prodige au sein de l'organisation. Pour autant, l'homme ne l'apprécie guère, principalement pour son côté très imbu de lui-même et profondément prétentieux. Il n'empêche que, dans le feu de l'action, c'est un agent compétent et il sait qu'il va devoir composer avec pour cette fois.

- Mettez-moi en lien avec Gabriel Marshall. Je vais m'entretenir avec lui pour lui fournir le plus de détails possibles avant de l'envoyer sur les lieux. En attendant, affinez-moi les recherches concernant la localisation exacte de cette faille !

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Aeden ouvre les yeux. Combien de secondes se sont passées ? Que s'est-il passé à vrai dire ? Il a l'impression que son corps est difforme, que son esprit est morcelé. Il tente d'articuler un mot, mais aucun son ne sort. Il flotte dans un monde entièrement noir, nimbé de cercles concentriques et reflets arc-en-ciel. Il n'est maître de rien. Ni de son corps, ni de son esprit. Le temps lui semble une notion abstraite, tout comme l'espace. Autour de lui, des étoiles se forment et disparaissent, le feu naît et s'éteint. L'air souffle tout aussi fort qu'il ne vient pas faire bouger la moindre de ses mèches. Il lui semble que mille Nirondelle malsains grignotent son estomac. Sa psyché lui paraît s'étioler au gré des éléments qui envahissent son corps et il perd consistance. Ses mains, devant ses yeux, s'effritent en million de particules immobiles, avant de se reformer. Aucune douleur, aucun supplice. Et soudain l'extrême puissance de la moindre de ses cellules envahie par les tourments éternels. Il souffre, il veut hurler mais ne peut pas. Puis tout se calme. Soudain, il avance dans ce vide sans comprendre comment. Tout bouge, tout s'affole. Aeden tente de crier, mais toujours aucun son. Est-il mort ? Il n'est même pas capable de penser correctement. Il navigue ainsi sans savoir combien de temps cela dure. Il pleure, mais les larmes restent accrochées à ses paupières.

Et, sans prévenir, une lumière éblouissante vient l'assaillir. Il sent que son corps est de nouveau soumis à la gravité et il tombe. Le contact avec le sol est violent, et il lui semble être une poupée de chiffon désarticulée qu'on jette au loin.

- Je...

Il reconnaît l'arène dans laquelle il se trouvait encore il y a quelques minutes. Que s'est-il passé ? Il tente de regarder autour de lui, cherchant la championne du coin de l'œil mais Roxanne ne se trouve nulle part. Le dôme est entièrement détruit, un trou béant ornant désormais le plafond de verre.

Alors, soumis à ses propres pulsions enfantines, l'adolescent s'effondre. Les larmes coulent enfin, et il reste là, incapable de bouger le moindre muscle, alors qu'il vient de vivre l'expérience qui changera définitivement sa vie et le mènera à des Enfers dont il n'a pas encore la moindre idée.