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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 05/06/2022 à 09:12
» Dernière mise à jour le 05/06/2022 à 09:12

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 428 : La réponse de Lyre
Le corps d'Horrorscor avait sérieusement rapetissé, ne faisant pas plus d'un mètre, tandis que son Cœur continuait à laisser s'échapper des filets d'énergie obscure. Les G-Man avaient pris l'affaire en main, dans leur rôle d'arrêter un ennemi de l'humanité. Ils l'avaient entouré et usé tout autour de lui de diverses attaques l’empêchant de fuir, avant de le paralyser, puis de s'emparer de la Pierre d'Obscurité. Horrorscor avait tenté de résister, mais affaibli comme il était, il ne put que leur casser les oreilles avec ses lamentations, et frémir de peur quand Peter Lance lui fit face, le regardant de haut avec ses yeux dorés qui flamboyaient.

- Pokemon Horrorscor, en tant que Grand Maître de l'Ordre G-Man, je vous arrête pour d'innombrables crimes contre l'humanité et les Pokemon en général.

- Misérables humains ! Comment osez-vous ? Relâchez-moi ! Je suis votre sauveur ! Votre libérateur !

Mercutio secoua la tête en voyant le petit fantôme tenter vainement de résister aux attaques des G-Man en gémissant. Et c'était contre ça qu'ils avaient lutté pendant toutes ces dernières années, qui étaient responsables de tant d'horreurs et de souffrance ? On dirait plutôt un gamin qui piquait une crise de ne pas être pris au sérieux. Il n'avait même pas le cœur à l'achever, si tant est que ce soit possible.

Il laissa Lance et ses G-Man s'occuper de lui et s'intéressa plutôt au nouvel arrivant. Dan Sybel, Vaslot Worm, ou le mix des deux. Sa tronche était super flippante tant elle était anormale, avec ses deux parties de visage différentes. Il était allé se poser là où le Marquis des Ombres avait péri. Son cadavre transformé en terre brune et friable était toujours là, et on pouvait encore distinguer le visage du vrai Dan Sybel.

- Il avait conservé malgré tout une partie de lui sous son contrôle, disait Dan à son fils qui le suivait. Son amour pour Lyre... mon amour, mon désir de la sauver, était demeuré en lui. Je le sentais. Et lui aussi, je crois, il me sentait. Peut-être savait-il que j'existais. Peut-être nous a-t-il laissé, moi et Vaslot, agir en connaissance de cause...

- Il a tué ma cousine, répliqua Reinheit d'un air froid.

- Oui, je l'ai vu à travers lui. Je l'ai pleuré. L'ancienne comtesse... Kamilla, elle était la fille d'un de mes vieux amis Apôtres. Je la connaissais depuis qu'elle était née.

- Il a aussi tué ma mère ! Hors de question que je lui pardonne. Que je vous pardonne ! Pourquoi ne pas l'avoir protégé, si vous étiez encore là et vous-même ?!

La partie du visage de Dan le regarda avec une peine évidente, tandis que celle de Vaslot leva son œil au ciel, comme exaspéré de devoir prendre part à cette réunion père-fils.

- Leslia ignorait ce qu'on avait fait, Vaslot et moi, se justifia Dan. Elle me croyait mort en héros après avoir tué le Marquis, comme tous les autres Gardiens. Si j'avais pris le risque de la prévenir ou de me rapprocher d'elle, ça aurait pu mettre tout le plan en péril. Quand j'ai appris ton existence, j'ai envoyé Asthyrché pour lui faire promettre de te garder secret, pour ta propre sécurité et la sienne. Mais Leslia... elle soupçonnait des choses. Elle avait toujours été clairvoyante, comme si elle lisait des trucs dans l'avenir. Après t'avoir confié à Asthyrché, elle est allée défier le Marquis, seule, pour le confondre. Elle a compris qui il était, et a tenté de le ramener... et a péri en essayant.

- Tu savais tout ça, et tu ne m'as jamais rien dit ! accusa l'adolescent à l'adresse d'Asthyrché. Je te considérais comme mon propre père !

- Je n'ai pas d'excuse, acquiesça le Pokemon Cosmique. Si ce n'est que j'ai agi pour le Requiem de la Corruption.

- Et vous aussi, Monsieur Worm ! poursuivit Reinheit. Vous me rendiez visite tous les ans, vous me révéliez toutes ces choses sur le Marquis et ses Agents, vous me poussiez à m'entraîner... sans rien me dire de ce qui importait vraiment !

- Vois ça avec ton paternel, gamin, répondit Worm d'un air blasé. Je n'ai fait que suivre ses instructions, en bon Apôtre fidèle à son supérieur que j'ai toujours été...

Dan hocha la tête.

- Asthyrché et Vaslot ne sont pas à blâmer. Ils ont été les otages de mon égoïsme, tout comme toi. L'égoïsme d'un père qui a tout tenté, quels que soient les moyens employés, pour à terme sauver sa fille. Tu peux considérer que je t'ai sacrifié, toi et ta mère, pour Lyre. C'est sans doute un peu le cas. Et j'ai sacrifié bien d'autres personnes. Je l'assume.

Solaris, seule autre Gardienne de l'Innocence présente, s'était avancée pour prendre la parole.

- Et le meurtre du Premier Apôtre Brenwark, vous l'assumez aussi, je suppose ? demanda-t-elle. Dame Cosmunia nous a dit que Worm en était très certainement responsable.

Cette fois, ce fut Worm lui-même qui répondit avant Dan.

- Nous l'avons tué, oui. C'était un acte de pitié. Son manoir était pris d'assaut par les Blancs Manteaux, et il avait décidé de rester malgré tout. Nous lui avons épargné la torture et l'humiliation d'une exécution en règle que lui avaient promis ces fanatiques.

- Oswald a été une victime collatérale de mes plans, reprit Dan avec regret. Même s'il savait pour Marine et Lyre, je n'ai pas pu lui révéler la vérité sur moi et Vaslot. Il n'aurait pas compris, et nous aurait fait obstacle.

Solaris secoua la tête avec dégoût.

- Toute votre légende est basée sur des mensonges. Héros de l'Innocence, tu parles ! Vous vous êtes servis à la fois des Gardiens et des Agents pour vos plans fumeux, en manipulant et en laissant sur le chemin tous ceux qui ont cru en vous !

- C'est vrai, approuva Sybel. Je n'ai rien d'un héros, et concernant la foi en l'Innocence, je suis clairement un apostat. J'assume mes actes, mais je ne les regrette pas. Je vais les payer bien assez tôt, de toute façon. Maintenant que mon corps est mort et que ma moitié d'âme s'en est retournée dans le Monde des Esprits, je ne vais pas tarder à la suivre. Il me reste juste une chose à faire, ce pourquoi j'ai fait tout ce que j'ai fait. Sauver ma fille.

- Sauf que ce n'est plus possible ! intervint Mercutio, amer. Eryl est morte. Si vous comptiez tant sur la Pierre des Larmes pour guérir Lyre, vous auriez dû peut-être jouer franc-jeu avec elle dès le début.

Comme preuve, Mercutio lui montra la Pierre des Larmes fendue en deux qu'il avait gardée. Dan-Vaslot l'observa un moment avant de tendre la main, semblant exiger qu'il lui la donne. Mercutio recula sa main précipitamment. C'était tout ce qui lui restait d'Eryl. Hors de question que ce type ne lui prenne, même si c'était lui, à l'origine, qui l'avait trouvé.

- Je ne comptais pas te la voler, garçon, juste l'observer plus en détail, dit Dan d'un ton rassurant. Je suis désolé pour Eryl. Je sais que tu étais proche d'elle. Mais elle n'était au final qu'un incubateur de toute l'Innocence d'Erubin. Un réceptacle. Toute cette énergie n'a pas disparu avec elle. Vaslot et moi, on en a eu la preuve formelle quand Brimas Atilus s'est transformé en un être semi-divin grâce à cette énergie.

- Pardon ? Atilus ? fit Mercutio sans comprendre.

- C'est une longue histoire. Ce qui est important, c'est ceci : l'Innocence d'Erubin qui était en Eryl est toujours là, quelque part, à attendre un nouvel hôte. Si nous parvenons à nous en emparer, je pourrai espérer purger Lyre de cette Corruption mutante qui la transforme de l'intérieur. Et accessoirement, vous aurez de quoi éliminer Horrorscor si vous en décidez ainsi.

Lance, qui avait tout écouté en silence, prit enfin la parole.

- Horrorscor sera jugé en bonne et due forme par l'Ordre G-Man, seul habilité à condamner les crimes contre l'Humanité. Et l'Ordre G-Man n'applique pas la peine de mort. Horrorscor sera scellé à jamais, privé de pouvoir et de partisan, dans un oubli éternel.

Dan-Vaslot haussa les épaules.

- C'est vous qui voyez, Grand Maître, répondit Sybel. Je ne serai plus là pour émettre mon avis. Mais sachez que...

- Sachez que c'est une immense connerie, reprit Worm. Horrorscor est parvenu à renaître alors que son corps était détruit et son âme fragmentée en trois parties. Vous croyez qu'un sceau quelconque pourra le retenir longtemps ?

- Ce n'est pas à vous deux d'en juger, répliqua Lance. Vous aussi, de toute façon, vous devrez passer en jugement. De ce que j'ai entendu et de ce que j'ai compris, vous n'êtes pas tout blanc.

- Pour ma part, je disparaîtrai avant que quiconque ne puisse me juger, répondit Dan. Mais je vous prie d'être clément avec Vaslot. Il a sacrifié quatorze années de sa vie à jouer les agents doubles, à prendre des risques inconsidérés et à se faire mépriser de tout le monde dans le seul et unique but de vaincre Horrorscor.

- Je laisserai à Silvestre Wasdens et à Cosmunia le soin de porter un jugement sur ses actions.

- Humph, alors, je suis mal barré, ironisa Worm. Wasdens et moi, on n’a jamais été trop amis. Et Dame Cosmunia a deux trois raisons de m'en vouloir, comme la mort d'Izizi, même si ce n'était pas vraiment ma faute...

Ils commencèrent tous à parler de la suite des événements en se congratulant pour cette victoire finale, jusqu'à qu'à que Siena, qui était de nouveau bien encadrée par les Gardiens de l'Harmonie comme s'ils craignaient qu'elle ne s'échappe, ose intervenir :

- Dîtes, je sais que je ne suis ni la bienvenue ni que j'ai droit à la parole, mais vous ne croyez pas que se lancer des fleurs et discuter de demain est un peu prématuré ? Est-ce que quelqu'un parmi vous a vaincu Lyre Sybel, Silas Brenwark, Fantastux ou même encore Wrathan ?

Tout le monde se regarda entre eux, comme si Siena leur avait soudainement rappelé quelque chose d'à la fois évident et désagréable alors que l'humeur était au beau fixe.

- Ils ont dû sûrement prendre la fuite quand ils ont vu que leur armée se faisait ratatiner, répondit Anna avec dédain. On les chopera plus tard.

- Je ne crois pas non. Je connais Brenwark. Il a toujours un plan en tête. Et Lyre peut se recréer une armée de mort quand elle le souhaite. Cette guerre n'est pas encore terminée.

Ce fut Dan Sybel qui acquiesça aux paroles de Siena.

- En effet. Arceus seul sait ce que Silas, avec ses pouvoirs démesurés, peut comploter. Et Wrathan a plus ou moins le même potentiel de menace pour la planète qu'une guerre thermonucléaire. Quant à Lyre... il me faut la trouver au plus vite. Je dois lui parler. Lui expliquer...

- Je n'ai nul besoin d'explication, cher papa, fit une nouvelle voix sortit du néant. Je sais tout à présent...

Une espèce de trou noir dans l'air venait d'apparaître, qui semblait donner sur un paysage bien différent de celui où ils étaient. Et soudain en sortit nulle autre que Lyre Sybel. Mais elle était très différente de celle que Mercutio connaissait, autant physiquement que dans sa signature de Flux. Déjà, elle semblait plus vieille de quelques années, genre sept ou huit ans. Elle portait une robe noire avec une épaulière tout aussi noire agrémentée de plumes argentés. Ses cheveux violets étaient plus longs, et ses deux yeux pupilles étaient d'un rouge sanguin.

On aurait dit quelque déesse maléfique du passé, et son aura reflétait cela. Mercutio et Galatea reculèrent malgré eux quand elle se présenta à devant eux. On aurait dit dans le Flux une sorte de trou noire glacé d'où sortait des centaines de plaintes et gémissement. Les G-Man aussi durent sentir que quelque chose n'allait pas avec cette femme, car ils étaient tous blêmes, les mains serrées sur leurs Lamétrices.

Tout le monde se mit sur ses gardes, prêt à combattre, bien que surpris par cette soudaine apparition venue de nulle part. Même Horrorscor avait cessé de se débattre des attaques qui l'enchaînaient pour observer Lyre avec un air perplexe. Dan-Vaslot, lui, s'avança, sa moitié de visage de Dan bouleversée.

- Lyre... ma chérie...

- Bonjour, mon père. Bonjour, mon oncle, fit Lyre d'un air cordial. Et bonjour à vous tous, ceux que je connais comme ceux que je ne connais pas. J'ai essayé de revenir pile au moment où j'ai quitté cette époque, mais comme ça fait presque huit ans, ce n'était pas précis. J'ai manqué deux trois trucs je vois.

Elle dévisagea Horrorscor prisonnier des G-Man, et ce qui restait du cadavre du Marquis.

- Ah, mince, je n'ai pas pu faire mes adieux au Marquis du coup, reprit-elle d'un air désolé. Lui qui n'a jamais voulu m'abandonner, je lui aurai rendu le grand service d'aspirer son âme, pour qu'ainsi, il soit à jamais à mes côtés. Mais ce n'est que partie remise...

- Alors... tu savais qui il était ? s'étonna Dan. Il te l'a dit ?

- Non. Et même Silas ne m'a jamais rien dit. Je ne m'en rappelle pas non plus. Je me souviens du jour où j'ai tué ma mère. Vous étiez là. Nous sommes repartis ensemble. Vous êtes resté avec moi quelques jours, puis du jour au lendemain, vous n'étiez plus là. À la place, il y avait cet homme masqué et drapé d'un manteau noir, qui s'est présenté comme étant le Marquis des Ombres, et qui a déclaré qu'il allait prendre soin de moi désormais. La petite fille traumatisée que j'étais n'a pas réfléchi trop longtemps. Elle avait juste besoin de quelqu'un qui soit là pour elle.

- Mais alors, comment...

- Il se trouve que j'ai dévoré quelqu'un qui passait sa vie à voyager dans le temps et à tout savoir des grands moments de notre histoire, passée ou à venir. En l'aspirant en moi, j'ai hérité à la fois de ses pouvoirs temporels, mais aussi de ses connaissances. C'était tellement volumineux que j'ai failli perdre la tête, et j'ai mis des mois à faire le tri.

Mercutio ne comprenait rien. Dévorer quelqu'un ? Voyage dans le temps ? Hériter de connaissances ? Qu'est-ce que c'était que ce binz ?

- Je ne vous en veux pas, si c'est là votre inquiétude, reprit Lyre à l'adresse de Dan. Enfin, au début, si, je vous ai haï pour tout, mais après huit ans à y réfléchir, je me dis que vous avez fait de votre mieux malgré les circonstances. Et de toute façon, je n'ai plus aucun intérêt à en vouloir à quelqu'un. Car voyez-vous, ces voyages dans le passé et mes pouvoirs grandissant m'ont ouvert les yeux. Tout est clair, à présent !

Tant mieux pour elle si c'était clair, songea Mercutio, car pour lui, c'était assez confus tout ça. Mais Siena, elle, qui avait toujours été plus vive que lui, demanda :

- Tu a passé huit années dans une autre époque ? C'est pour ça que tu as l'air plus vieille ?

- Dans plusieurs, à vrai dire. Je me lassais assez vite.

- Mensonges ! s'écria Horrorscor. Tes pouvoirs étaient à un tel niveau de mutation que tu n'aurais pas pu survivre un mois de plus, alors huit ans ?! Un Enfant de la Corruption ne peut survivre aussi longtemps...

- En effet, Seigneur Horrorscor. Si j'étais restée ici, mon corps aurait implosé, et j'aurai sûrement perdu l'esprit bien avant ça. Mais j'ai lu dans les connaissances de cette femme que j'ai aspirée. Elle était Enfant de la Corruption, comme moi, et pourtant, elle a eu une longue vie. J'ai donc vu comment acquérir la paix intérieure qui a conservé mes pouvoirs en équilibre tout ce temps. Et j'ai aussi pu bénéficier de l'aide de personnes illustres du passé, comme des Maîtres Mélénis de jadis ou des alchimistes de l'ancienne civilisation de Tarma-Igho.

Mercutio secoua la tête, sonné. Tarma-Igho, la cité-état légendaire de la science et de la magie, gouvernée par le Roi-Zan... qui selon la légende, aurait été détruite il y a de ça près de dix-mille ans ! Avant même la naissance de l'Empire Mélénis ! C'était totalement fou, et il n'était pas le seul à le penser, visiblement, à en juger par les expressions sur le visage des autres. Ils devaient bel et bien croire que Lyre Sybel avait enfin pété les plombs.

- J'ai visité nombre d'époques et d'ères du passé, poursuivit Lyre en écartant les bras. J'y ai vu des choses incroyables, j'y ai rencontré des personnes légendaires. Et, aussi incroyable que cela puisse paraître, j'ai pu trouver la paix dans certaines d'entre elles. J'y avais des connaissances, des amis, voir même des amants. Je m'étais dit que j'en avais fini avec mon époque qui m'a rejetée, et je voulais refaire ma vie dans ces mondes de jadis. Me refaire même plusieurs vies, autant que je le voulais ! Car avec toutes les possibilités que m'offraient le voyage temporel, l'immortalité était à portée de main !

Lyre avait tendit la main en serrant le poing, avec un sourire de dément sur son visage aux yeux flamboyants. Mercutio ne savait pas trop quelle paix elle avait trouvé dans le passé, mais visiblement, ce n'était pas encore trop ça niveau sanité d'esprit...

- Dans toutes ces époques et lieux que j'ai visités, je me suis donnée le titre d'Oracle des Ténèbres, continua Lyre. Je me faisais passer pour une annonciatrice venue du futur pour guider les peuples vers leur destin. J'avais une réputation assez funeste, mais j'ai été raisonnable. Je sais qu'interférer avec le passé est risqué. Du coup, je n'ai pas tué grand-monde, pas plus que je n'ai modifié les grands événements de l'histoire. Mais il est possible que mon existence ait été relatée ci et là.

- Bravo à toi alors, ironisa Adélie. Tu as désormais ton titre bidon dans des bouquins d'histoires ou des légendes. Un grand accomplissement. C'est tout ce que tu voulais ?

- Non. Mes voyages avaient un but. Je cherchais des réponses. Des réponses au sens de la vie, qui m'a toujours échappé. Pourquoi vit-on ? Pourquoi meurt-on ? Qu'est-ce que l'amour, ou le fait d'avoir un but dans son existence ? Et surtout, qu'est-ce que le bonheur, dont j'ai toujours été privé ? Comment l'atteindre ?

- Tu sais, pour ce genre de questions, tu pouvais simplement consulter un psy de notre époque où ouvrir deux trois bouquins de philosophie, intervint Galatea.

- Notre époque me dégoutait, tout comme ses vivants. Je voulais vérifier si c’était pareil dans le passé, si le monde et les humains ont toujours été aussi moches. Du coup, j’ai d’abord visité l’ère des merveilles, il y a dix-mille ans, dans la cité de Tarma-Igho. Les gens de l’époque vénéraient la recherche et la spiritualité. Ils ont atteint une civilisation bien plus avancée que la nôtre aujourd’hui. Ils vivaient plus longtemps, et ne se servaient que de leur immense longévité pour leur recherche du savoir et de la foi. Ils accordaient une grande importance à la vie, et ne connaissaient pas le conflit. Mais au fil du temps, leurs existences mornes dénuées du moindre piquant de la vie leur étaient devenues pesante. Ils se sont mis à se morfondre dans un ennui sans intérêt, et à perdre de vue la valeur de la vie. Sans joie ni peine, ils n’étaient devenus que des morts-vivants, et inévitablement, leur prodigieuse civilisation est tombée en décadence. Jusqu’à qu’un jour, lors d’un conflit de religion, ils invoquèrent un démon terrible, le second des Fléaux de l’Humanité, qui les éradiqua totalement. Et il n’y eut personne pour les pleurer. Ils ne pleurèrent même pas pour eux-mêmes quand la fin leur est tombée dessus.

La voix de Lyre, emprunt d’un ton académique jusqu’ici, avait soudain eut des accents de tristesse et de regret quand elle en vint au sort des gens de Tarma-Igho. Mais Mercutio ne voyait toujours pas où elle voulait en venir.

- J’ai continué un peu plus dans le futur, reprit-elle, jusqu’à l’ère du Grand Empire Mélénis. Comme vous le savez, ces surhumains, bénis d’Arceus, étaient alors la race dominante grâce à ce pouvoir nommé le Flux. Ils avaient réduit les humains en esclavage, les Pokemon les vénéraient comme des dieux, et grâce au Flux, ils avaient éliminé tous les maux du corps, jusqu’à même cesser de vieillir. Fort de leur puissance, ils avaient renié leurs deux dieux emblématiques jusqu’à tenter de les soumettre. Il n’y avait rien qui ne soit hors de leur portée. Mais dans leur cupidité et leur désir de perfection, ils allèrent trop loin. Ils débutèrent des séries d’expériences, mélange de science et de Flux, pour pouvoir fusionner avec les Pokemon et acquérir leurs pouvoirs. Sûr de leur réussite, ils sautèrent les étapes, et au final, ils se condamnèrent eux-mêmes. La fusion avec les Pokemon était instable et provoqua en eux une série de mutations horribles qui eurent pour résultat la mort à la fois du Mélénis et du Pokemon, et ce dans d’horribles souffrances. Tous ceux qui avaient pris part à cette hérésie contre nature périrent, soit 95% du peuple Mélénis. Ce fut la fin de leur Grand Empire, et la fin de leur règne. Et les survivants se lamentèrent longtemps d’avoir été si arrogants et de n’avoir pas su profiter de ce qu’ils avaient déjà.

Là encore, Lyre n’apprenait rien aux jumeaux, qui avaient appris la tragique histoire de leur peuple de la bouche de Maître Irvffus. Mais Lyre n'avait pas fini, et malgré la situation, où personne ici n'avait de doute sur la nature belliqueuse et extrêmement dangereuse de l'Enfant de la Corruption, personne n'osa la couper, comme hypnotisés par son récit de malheur.

- J'ai vécu ensuite l'âge des persécutions des survivants Mélénis par les humains qui se sont révoltés contre eux. Horreurs après horreurs, injustices après injustices, toute la bassesse dont l'humanité était capable. J'ai assisté à la naissance de l'Impérium Tarma, la civilisation qui a succédé à Tarma-Igho et qui a conquit une grande partie du globe pendant des millénaires, mais qui finalement n'a pas su s’élever au firmament à cause des guerres incessantes et des complots de pouvoir qui ont finalement eu raison de lui. J'ai observé les ravages de la Peste Grise, qui n'a pas seulement détruit les corps humains et Pokemon à petit feu, mais qui les a également rendus fous, alors qu'ils s'accusaient mutuellement d'avoir fait apparaître cette maladie. J'ai vu de mes yeux les Deux Siècles Noirs et le règne sanglant de Vistarte. Même pour moi, le niveau d'abomination qui en a résulté était insoutenable. Et je vous en passe et des meilleures !

- Je vous conseille d'en venir au fait avant qu'il ne soit temps pour moi et mes hommes de vous arrêter, l'interrompit Lance. Certes, l'histoire de l'humanité regorge d’événements pas très joli. Mais elle a toujours survécu, et a toujours tenté de s'améliorer.

- C'est vrai, admit Lyre. Elle a survécu, à chaque fois. Tous ces peuples, toutes ces civilisations, elles ont tenté de progresser et de vivre au mieux, de toute leur force. Mais elles se sont toutes heurtées à la même vérité. Une vérité immuable, éternelle. Le désespoir, la tristesse, la colère, la solitude, la peur et la résignation sont des tares dont il est impossible de se défaire. Et qui mèneront systématiquement humains et Pokemon vers la souffrance et finalement une disparition programmée et futile.

Le ton de Lyre avait monté dans les aigus, et elle s'était prise la tête entre les mains comme si elle souffrait.

- J'ai d'abord cru qu'il ne s'agissait que de moi... Que j'avais été maudite, à la naissance, d'une existence faite de malheurs et de souffrances. Mais que c'était la faute à pas de chance. Je m'étais résignée, et je voulais juste me venger de ce monde en le corrompant. Mais non. Il ne s'agissait pas que de moi, même si c'est plus visible dans mon cas. C'est tous les êtres vivants qui sont maudits. Car l'existence même est une suite ininterrompue de souffrance. À croire qu'Arceus, ou que ce monde même, en a décidé ainsi ! J'ai donc trouvé la réponse. La seule qui vaille. L'unique !

Elle écarta les bras en une pose dramatique.

- Le retour au néant, déclara-t-elle. La fin de l'existence, tout simplement. Puisqu'elle est si cruelle et si vaine, autant s'en débarrasser. Puisque rien n'a de sens, puisque la mort est l'ultime fatalité, pourquoi chercher à accomplir quoi que ce soit ? Pourquoi se débattre à n'en plus finir, alors qu'il y a tant de beauté dans le repos éternel ?!

Elle se mit les doigts sur ses joues, et son visage s'éclaira en un grand et très inquiétant sourire.

- J'ai finalement compris. Ma naissance et mes pouvoirs n'étaient pas une erreur, un cruel coup du destin. C'était une délivrance ! Une délivrance pour tous les êtres vivants de la planète ! Je suis revenue pour les sauver une fois pour toute de ce carcan vain et cruel qu'on appelle la vie. Je vais tous vous aspirer en moi, corps et âmes, et quand il ne restera plus que moi, j'irai à mon tour me suicider, et nous partagerons alors une quiétude ininterrompue, exempte de souffrances. Une parfaite harmonie, calme et éternelle. Et ce sera... merveilleux !

Elle avait murmuré ce dernier mot, les joues roses comme si elle songeait à l'homme de sa vie. Tout son auditoire resta un moment sans voix après cette déclaration. Même Horrorscor avait un drôle d'air effaré sur son visage spectral.

- Oh my god... murmura Bertsbrand. Elle a totalement viré yandere, la pauvre girl...

- Et qui es-tu au juste, pour décréter que nos vies ne méritent pas d'être vécues ? L'interrogea Régis Chen avec mépris. Si tu veux te suicider, c'est ton droit, mais laisse les autres décider eux-mêmes !

- Hélas, les vivants sont aveuglés par ce sentiment des plus imaginaires qu'on nomme l'espoir, et par la peur irrationnelle de la mort. Leur jugement est biaisé. Ils ne savent pas ce qui est bon pour eux. Moi si. S'ils avaient vu ce que j'ai vu, s'ils avaient vécu ce que j'ai vécu, ressenti ce que j'ai ressenti, ils ne s'accrocheraient pas si désespérément à leurs existences médiocres et douloureuses. Je vais décider pour eux, mais ce sera pour le mieux. Vous ne le pourrez pas une fois morts, mais si vous l'auriez pu, vous me remercierez.

Sa certitude ainsi énoncée se heurta à des protestations et des insultes de la part d'une bonne majorité des combattants de la FAL présents. Lyre les regarda tous avec pitié. Elle avait espéré quoi ? Que tout le monde l'applaudisse et se mette en rang devant elle pour se faire tuer à tour de rôle ?

- Tu as tort, Lyre, fit Dan-Vaslot en s'avançant. La vie peut se montrer cruelle, mais aussi injuste soit-elle, elle nous réserve toujours des moments irremplaçables de bonheur. Malgré tout ce qui s'est passé avec ta mère, je n'ai jamais regretté notre rencontre, et les années d'amour et de joie que j'ai passées avec elle.

- Moi, si, je l'ai souvent regrettée, répliqua Lyre. J'ai parfois souhaité que vous et ma mère ne vous soyez jamais rencontrés, pour ainsi n'avoir jamais eu à exister. Mais finalement, de cette rencontre va découler l'annihilation finale de toute existence, et la paix éternelle dans l'oubli, alors c'était une bonne chose. Car vos brefs moments de bonheur que vous citez ne sont qu'une illusion. Les sentiments d'amour, de joie, de paix intérieure sont éphémères. Le désespoir, lui... EST ÉTERNEL !

Elle tendit soudain ses deux mains, et immédiatement, la Pierre d'Obscurité d'Horrorscor fissurée, bien surveillée par les G-Man, se mit à léviter au dessus du sol pour finalement flotter vers Lyre avec une vitesse grandissante. Sentant que quelque chose de mauvais aller en découler, Mercutio envoya une attaque de Troisième Niveau de Flux ; attaque qui fut suivie par beaucoup d'autres.

Mais Lyre, sans bouger d'un pas, fit jaillir de sa main droite un véritable déluges d'attaques différentes pour contrer tout ce qui arrivait sur elle. Du feu, de la glace, de la foudre... et même divers projectiles en roche, acier ou autres. Mercutio en resta coi un moment. Lyre n'avait jamais eu ce genre de capacités. Tout ce qu'elle savait faire, normalement, c'était aspirer la force vitale avec sa main gauche, et ranimer les cadavres pour ensuite les contrôler avec celle de droite.

Mais ce torrent de puissances en tout genre... il n'avait jamais vu ça. Lyre semblait avoir lancé cela de façon désinvolte, sans y penser, et non content de l'avoir protégée de toutes les attaques et les balles, ça balaya par la même toute une colonne de soldats et de Pokemon placée devant. La Pierre d'Obscurité alla se loger entre ses mains, et elle la serra contre elle comme s'il s'agissait de son nouveau né.

- Comment as-tu pu faire réagir mon cœur à toi ? Demanda Horrorscor avec stupéfaction. Il obéit à moi seul !

- Non. Il obéit à l'être chez qui il sent le plus de Corruption, répliqua Lyre. Vous vous êtes fait tristement battre, à ce que j'ai pu voir. La Corruption que vous avez emmagasiné vous a quitté. La Pierre d'Obscurité ne vous reconnaît plus comme maître.

- Cesse tes idioties ! Tu m'appartiens, depuis que tu es venue au monde ! Aide-moi à me libérer, et nous plongerons ce monde dans la Corruption, comme prévu. Le néant et la mort totale n'ont aucun intérêt. Ce n'est que dans la Corruption que tu trouveras ton salut.

- Je n'aurai eu nul salut avec vous, Seigneur Horrorscor. Je sais très bien que vous comptiez m'éliminer au plus vite, par crainte que je ne devienne trop dangereuse pour vous. Eh bien, c'est désormais le cas.

Lyre serra davantage la pierre entre ses mains, et il y eut alors un bruit terrible qui en sortit, comme si elle se mettait à crier. Elle semblait perdre en matérialité, devenant peu à peu transparente, ses flots noirs de Corruption devenant incontrôlables.

- Q-que fais-tu ?! S'écria Horrorscor. N-non... Arrête...

Le même phénomène sembla arriver à Horrorscor. Son corps spectral, tellement noir qu'il était dur de dire s'il était transparent ou non, perdit en densité. Il s'évaporait sur place, se changeant peu à peu en une fumée sombre aspirée comme un typhon par Lyre.

- Soyez reconnaissant, fit cette dernière. Vous, plus que quiconque, avez eu une vie misérable. Je la prends pour moi, et la porterai comme un fardeau jusqu'à l'avènement du néant général. Ce qui ne saurez trop tarder, rassurez-vous...

- ARRÊTE !!

Sans que les G-Man qui retenaient le corps d'Horrorscor avec leurs attaques d'entraves ne purent faire quoi que ce soit, le Maître de la Corruption se dissipa entièrement, revenant sous forme immatérielle à sa Pierre d'Obscurité. Alors, cette dernière se désolidifia assez pour qu'elle traverse carrément le corps de Lyre, qui la plaça dans sa poitrine.

L'explosion de Corruption qui en découla envoya tout le monde à terre, et fit s'écrouler un pan entier du Mont Argenté. Toute la Corruption qui avait quitté la Pierre d'Obscurité après ses fissures était revenue d'un coup. Ce fut comme une mini Voie Lactée, mais noire, avec au centre Lyre Sybel, plus terrifiante que jamais. Son visage était brouillé et assombri, comme s'il était un mélange de fantôme et de chair. Ses yeux rouges prenaient par moment la forme de spirale, comme ceux d'Horrorscor. Ses cheveux violets étaient devenus totalement noirs et transparent, flottant derrière elle tels un halo de ténèbres. Et enfin, la Pierre d'Obscurité était désormais implantée dans sa poitrine, s'étant mélangée avec sa chair, ne faisant plus qu'un avec son corps.

- Enfin, la Corruption servira la cause qu'elle aurait toujours dû servir, déclara-t-elle d'une voix qui n'avait plus grand chose d'humain. Ce monde et ceux qui le peuplent vivent leur dernier jour. Je décrète la fin de l'existence et des maux qu'elle engendre !