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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 24/04/2022 à 08:50
» Dernière mise à jour le 30/04/2022 à 21:41

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 424 : La paix éternelle
Erend ne perdit guère de temps pour retourner sur Atlantis. Julian était rentré avant lui, et avait exigé d'être amené immédiatement auprès d'Imperatus. Sans doute le gamin était-il allé se plaindre des actions d'Erend contre Eryl. Mais peu importe. Le Requiem de l'Innocence se déroulait au mieux. Ce serait bientôt l'heure de l'apothéose, et le peuple de la Terre allait douloureusement découvrir qu'il ne pouvait compter ni sur l'Innocence, ni sur la Corruption, si sur de prétendues puissances supérieures qui les incarnaient, mais bien sur lui-même. Sur les seuls êtres humains, et sur quelqu'un digne de les guider.

- Seigneur Igeus !

Le colonel Patrick Pierce le rejoignit alors qu'il remontait le couloir central de la pyramide d'Atlantis jusqu'à la salle de contrôle de la cité. Pierce était l'officier qu'il avait mis à la tête de l'équipe chargée de garder et réparer Atlantis. Un ancien Rocket qui dirigeait maintenant en son nom ses frères d'armes loyalistes du Grand Empire. Un homme loyal et compétant.

- Colonel. Comment ça se passe ici ?

- Oh, les réparations du Lunaturion avancent vite depuis que Nuelfa a ordonné à tous les Meltan de la cité de se concentrer dessus. Ces petits gars à tête d'écrou sont rudement efficaces. On devrait pouvoir faire feu sous peu, mais Atlantis doit encore se positionner à une certaine hauteur et degrés de la Terre pour être sûr d'atteindre la cible...

- La cible a changé, colonel, déclara Erend. L'Armée des Ombres est déjà de l'histoire ancienne. Nous n'aurons pas besoin de lui tirer dessus, elle n'existe déjà plus.

- Je vois... Je dois avouer que c'est un soulagement, mon seigneur. Utiliser une telle puissance de feu sur notre planète m'effrayait quelque peu...

- J'ai dis que la cible avait changé, pas qu'on n'utiliserait plus le Lunaturion, rectifia Erend. Je tiens toujours à l'avoir sous la main et opérationnel. Quant à notre ascension au dessus de la Terre, il va falloir modifier notre trajectoire.

- Euh... pour quels objectifs ?

- Seulement étendre notre champs d'action, colonel. J'ai fait des simulations pendant que notre navette nous ramenait. À cette distance et à cette orbite, nous pouvons espérer frapper le continent central. Ce n'est pas suffisant.

Pierce fronça les sourcils, soudain inquiet.

- Si je peux me permettre, mon seigneur... Pas suffisant pour quoi ?

- Pour le Requiem de l'Innocence, bien sûr. Continuez les réparations. Je veux le Lunaturion opérationnel le plus vite possible. Pour notre vecteur, je m'entretiendrai personnellement avec Nuelfa.

Erend accéléra le pas pour le dépasser, et Pierce sut reconnaître quand on le congédiait. Il salua, mais le doute et un semblant de peur étrillèrent son esprit tandis qu'il alla reporter les ordres de son seigneur. Erend parvint jusqu'à la salle de commandement de la cité, vers le haut de la pyramide centrale, après avoir emprunté divers autres couloirs et quelques ascenseurs. Devant la panoplie d'écrans, physiques ou holographiques, qui informaient sur la myriades de systèmes de la cité-spatiale, il retrouva comme il l'avait prévu l'Empereur Julian qui avait visiblement une conversation passionnée avec Imperatus. Nuelfa, la Primordiale qui avait la cité sous sa garde, se tenait en retrait, écoutant mais ne parlant pas. La conversation prit fin quand Erend entra.

- Eh bien ? Fit-il ironiquement. Faite comme si je n'étais pas là. Continuez.

Julian, bien qu'en colère, baissa la tête et retint ses paroles mordantes. C'était amusant de constater qu'il était capable de tenir tête à Erend quand il était entourée de sa garde personnelle, mais que seul à seul, il devenait soudain moins loquace. Ce n'était pas signe de lâcheté pour autant : le garçon se sentait instinctivement voué à jouer son rôle de monarque devant ses hommes. Mais quand ils n'étaient pas là, l'empereur laissait place à l'adolescent toujours un peu perdu et surtout incapable de faire quoi que ce soit sans son sauveur et bienfaiteur. Imperatus, en revanche, ne prit pas de pincette pour interroger son dresseur :

- Julian me dit que tu as assassiné la Reine Eryl sur le champs de bataille. Est-ce exact ?

Elle avait demandé cela d'une voix neutre, mais Erend pouvait voir qu'une lueur dangereuse scintillait dans ses yeux noirs en amande.

- Assassiné est un bien grand mot, répondit Erend. Elle n'était pas humaine de base. On ne parle d'assassinat que pour les êtres humains.

- Tu penses t'en tirer avec un débat sur la rhétorique des mots ?

- Pourquoi tant de froideur, mon amie ? Eryl était mon ennemie, l'ennemie du Grand Empire de Johkan. Je sais que tu es restée à ses côtés pour la conseiller lors de mon absence, et que tu t'es sans doute attachée à elle, mais il te faut voir la chose dans son ensemble. Nous aurions fini par la combattre tôt ou tard. J'ai vu l'occasion, alors je l'ai saisie. Cette seule mort nous évitera sans doute des milliers d'autres plus tard.

- C'est donc bien la dirigeante de la FAL que tu as éliminé, et non pas la Pierre des Larmes ?

- Pourquoi cette question ?

- Pour savoir si tu l'as tué pour tes propres objectifs, ou pour ceux d'Horrorscor.

Erend secoua la tête en ricana.

- Nous y revoilà encore. Toujours ces doutes sur ma prétendue corruption ?

- Admet que les preuves ont tendance à être contre toi.

- Oui ? Eh bien en voici une nouvelle.

Erend retira son masque noir, dévoilant son visage pâle et encore couturé de cicatrices. Il ouvrit grand ses yeux pour bien les montrer. Ils étaient tous deux de leur couleur naturelle, un bleu clair et froid.

- Pas d’œil rouge, signala inutilement Erend.

- Ça aurait tendance à te desservir, répliqua Imperatus. On a tous bien vu ton œil rouge avant. Si tu ne l'as plus... ça voudrait dire qu'Horrorscor a quitté ton corps. Tu serais allé sur le champs de bataille pour tuer Eryl... et remettre la dernière partie de l'âme d'Horrorscor au Marquis des Ombres, afin qu'il puisse ressusciter ?

Julian garda le silence aux côtés d'Imperatus, mais son visage fermé et ses poings serrés disaient qu'il était on ne peut plus d'accord avec cette conclusion. Faisant mine d'être désespéré, Erend soupira lourdement.

- Vous avez visiblement décidé que je sois un odieux personnage, quoi que je fasse ou que je dise. Bah, peut-être que j'en suis un, après tout. Non, c'est même sûr, je l'admet. Mais je ne suis pas un des sbires d'Horrorscor, et je ne l'ai jamais été. S'il y a bien une chose sur laquelle vous ne devez pas douter, c'est celle-ci. Horrorscor représente tout ce que je souhaite combattre : une puissance supérieure, pas humaine, qui prétend pouvoir imposer son idéal à l'humanité. Imperatus, ma vieille amie, tu me connais assez depuis le temps pour savoir qu'il n'y a pas homme sur Terre qui croit plus que moi au potentiel de l'humanité, et au fait qu'elle doit se diriger elle-même ?

- Encore une fois, ça ne prouve rien, s'obstina la Pokemon. Venamia aussi croyait au potentiel de l'humanité. Ça ne l'a pas empêché de se faire totalement corrompre. Horrorscor retourne nos idéaux contre nous. Il les extrémise, et un idéal extrême, aussi noble soit-il, ne peut apporter que souffrance. Et même si ce que tu dis est vrai, même si tu es réellement un ennemi d'Horrorscor... comment comptes-tu le vaincre, maintenant que tu as détruit la seule arme que nous ayons jamais eu contre lui ?!

- Quoi, la Pierre des Larmes ? Pourquoi ce serait la seule chose qui marcherait contre lui ? Qui l'a décidé ainsi ? Horrorscor est un Pokemon. Certes légendaire, ancien et très puissant, mais je ne connais aucun Pokemon qui ne puisse pas être vaincu. Nous nous débarrasserons de lui comme nous l'avons toujours fait. Grâce à notre ingéniosité humaine, et nos propres liens avec les Pokemon. Si j'avais laissé Eryl l'éliminer, ça lui aurait donné toute légitimité pour nous imposer un culte de l'Innocence et de sa personnalité, et aurait entraîna l'humanité dans une formidable décadence ! Nous n'avons pas besoin de l'Innocence pour stopper la Corruption. Nous n'avons besoin ni de l'un, ni de l'autre. Atlantis est tout ce dont nous avons besoin, pour briser à jamais le cercle vicieux de la haine et de la guerre.

- Que veux-tu dire ? Demanda Imperatus en plissant les yeux.

- Vous voulez bien lui montrer, Nuelfa ? Fit Erend à la Primordiale qui se tenait en retrait, non loin des ordinateurs de commande.

L'alien hocha la tête, et en silence, pianota sur quelques boutons holographiques. Alors, une carte tout aussi transparente s'afficha devant eux, montrant la Terre et ses différentes strates, ainsi que la position actuelle d'Atlantis.

- Voyez, reprit Erend. Nuelfa m'a expliqué le fonctionnement détaillé du Lunaturion pendant qu'elle réparait mon corps, hier. C'est une arme prodigieuse, mais le plus incroyable, c'est qu'elle soit capable de tirer un rayon qui peut ensuite se subdiviser, comme un missile contenant plusieurs ogives. À notre hauteur, nos options de tir pour une telle manœuvre sont encore limitées. Nous avons concentré nos efforts de réparations et l'énergie disponible sur le Lunaturion en lui-même, pour le remettre en état. Mais ce serait bientôt terminé, et alors, nous pourrons revenir au propulseur. Quand Atlantis aura atteint une hauteur et un angle précis par rapport à la Terre... nous serons capable de faire feu sur n'importe quel pays du globe, et même tous à la fois !

Julian ne put retenir un hoquet de surprise et d'horreur à cette déclaration, et même Imperatus perdit sa flegme habituelle pour s'exclamer :

- Quoi ?! Mais... Dans quel but ? Tu comptes détruire le monde ?!

- Allons bon, me prendrai-tu pour un fou à présent ? Bien sûr que non. Ce sera juste la dissuasion ultime, celle qui nous garantira une paix éternelle. Si un seul État s'imagine être vitrifié en un instant s'il s'avise d'en agresser un autre, l'être humain abandonnera de lui-même les armes, et sa haine de l'autre se tarira peu à peu. Le monde sera unifié en un seul pays : le nôtre, le Grand Empire de Johkan, qui détiendra l'arme absolu pour maintenir la paix universelle.

Imperatus dévisagea Erend comme si elle ne l'avait jamais vu avant, comme si un total étranger se tenait devant elle.

- Une paix artificielle, répondit-elle finalement. Une paix maintenue par la peur...

- La paix n'est qu'une illusion, répliqua Erend. L'histoire de l'humanité s'est forgée par la guerre, de tous temps, en tous lieux. Pour que cette illusion devienne réalité, l'être humain doit être discipliné de force. Parce que la bienveillante Innocence est en totale contradiction avec les instincts belliqueux de l'Homme, celui-ci se tourne naturellement, au bout d'un moment, vers la Corruption. Et la Corruption appelle la haine, et que la haine appelle la guerre. Il serait stupide de penser que l'Innocence mettra fin à la guerre. Ça ne fera que continuer ce cercle vicieux. Pour le stopper, il nous faut attirer la haine de l'humanité sur quelque chose hors de sa portée. Ce quelque chose, ce sera Atlantis... et celui qui la contrôle. Julian restera sur Terre, à diriger le Grand Empire et donc très prochainement le monde. Moi, je resterai ici, pour me porter garant de son règne.

- Avec un canon pointé sur chaque habitants de la planète ?! S'agaça Imperatus. Tu comptes éduquer l'humanité à toi tout seul ? Seul dieu en est capable !

- Dieu, je l'ai rencontré, fit Erend en un geste d'impatience. Il veille sur l'univers dans son ensemble, mais se contrefiche de la façon dont les habitants d'une seule planète vivent. Si ce n'est pour toi qu'un problème de mot, alors pas de souci : je serai le dieu de ce monde.

Julian secoua la tête, comme s'il réfutait l'existence même de ce qui venait de se passer et d'être dit, comme si tout ceci n'était qu'une illusion. Imperatus voulut rétorquer à la dernière provocation éhontée de son dresseur, quand un grand éclat de rire extatique se fit entendre à l'entrée de la salle de commandement. Esliard, l'ancien journaliste et aujourd'hui ministre de l'information du Grand Empire, avait visiblement écouté tout cela discrètement sans se faire remarquer, mais sa joie était telle qu'il n'en pouvait plus.

- Ah ah ! Merveilleux ! Sublime ! Fit-il en s'avançant. J'avais raison de vous suivre, Lord Igeus ! Après le chaos orchestré par Venamia, c'est carrément le néant que vous nous proposez ! Un état immuable de soumission où les hommes n'oseront plus faire un pas de travers sous peine du jugement céleste !

Bien sûr, venant d'Esliard, Imperatus ne pouvait pas s'attendre à autre chose. Cet humain était obnubilé par le seul fait de pouvoir observer et filmer quelque chose d'inédit. Mais il y avait quelqu'un d'autre dans la pièce qui restait bien silencieux, et qui n'avait aucune raison de suivre Erend dans son projet dément.

- Dame Nuelfa, pourquoi ne dites-vous rien ? S'enquit-elle. Ne me dites pas que vous soutenez ceci ? Vous êtes toujours restée neutre en ce qui concerne la Terre, et vous allez laisser Erend se servir d'Atlantis comme d'une menace pour tous les pays ?

La Primordiale haussa les épaules et dit d'une voix neutre :

- En soi, il n'y a pas plus neutre d'imposer à tous les habitants de votre planète la même chose. Ce que je ne voulais pas, c'était qu'un pays en particulier se serve d'Atlantis contre les autres.

- Et qu'un seul humain s'en serve contre tous les autres, ça, ça ne vous gène pas ? Intervint enfin Julian.

- J'ai une dette envers Sire Igeus... et envers cette planète. J'ai aidé le Grand Forgeron à concevoir les Akyr. J'ai le sang d'innombrables humains et Pokemon sur les mains, et même celui de certains de mes congénères. Même si j'arrive à réparer l'hyperpropulseur d'Atlantis, et que j'arrive à piloter la cité seule jusqu'à l'Empire Infini – ce qui est peu probable – je doute d'être bien reçue chez moi. Je serai toujours, pour les miens, l'assistante de Memnark. Si en revanche je reste ici, et en faisant en sorte que le conflit disparaisse de la planète Terre, eh bien... ce sera ma pénitence.

- Et ce sera la mienne, ajouta Erend. Je vais accepter la Source de l'Infini. Je deviendrai immortel, pour pouvoir surveiller la Terre à jamais et maintenir la paix éternelle.

Pour Imperatus, c’en était trop. Erend lui avait pourtant bien assuré, à elle et à Nuelfa, n'avoir aucune envie de s'emparer de la Source de l'Infini, ce pouvoir propre aux Primordiaux qui se trouvait tout au sommet de la pyramide, et qui accordait aux humains un corps parfait, intemporel, et qui scellait son âme à jamais à l'intérieur.

- Tu es en train de renoncer à tout ce que tu étais, lui dit Imperatus avec une tristesse perceptible dans la voix.

- C'est la seule solution que j'ai trouvé. L'heure n'est plus aux demi-mesures. Mais ne t'inquiète pas : je ne compte pas devenir immortel tout de suite. Je veux laisser un peu de temps à mon corps pour guérir de lui-même, et atteindre un aspect plus... vénérable. Un dieu justicier tout-puissant doit présenter un autre visage qu'un tout juste sorti de l'adolescence, tu ne crois pas ?

Erend sourit à son propre trait d'esprit, tandis qu'Imperatus se contenta de secouer la tête, éplorée. Son ami, son partenaire, son bienfaiteur de toujours avait-il perdu l'esprit, ou bien était-il simplement devenu... mauvais ? En tout cas, ce n'était plus lui. Ce n'était pas le Erend Igeus qu'elle avait côtoyé durant toute sa vie.

- Bien sûr, poursuivit-il, il faudra se servir de Lunaturion au moins une fois, pour que le peuple de la Terre voit que je ne plaisante pas. Un pays affilié à la FAL, de préférence, qui l'ouvrira un peu trop quand le Grand Empire entamera son expansion. Unys, ça serait pas mal. Ce serait un symbole, la fin d'une époque de décadence et de guerre à n'en plus finir...

Imperatus crut avoir mal compris, ou du moins, elle l'espérait, mais ses espoirs furent réduits à néant quand Julian demanda en balbutiant :

- Tu veux... raser un pays entier ? Juste pour une démonstration ?

- Ce sera inévitable, lui assura Erend. Comment la planète et ses habitants prendront-ils conscience de la menace qui se trouve au-dessus d'eux ? Le choc et l'horreur de voir un pays rayé de la carte en quelques secondes les pousseront tous à de meilleurs sentiments envers leurs prochains. Toute idée guerrière ou d'indépendance disparaîtra des esprits pour des générations. La Terre sera unifiée, et en paix.

Comme Julian fut réduit au silence par l'énormité de cette déclaration, qu'Esliard continuait à sourire comme un demeuré, et que Nuelfa gardait le silence, Imperatus eut l'impression d'être la seule personne encore saine d'esprit ici.

- Est-ce que tu te rends compte de ce que tu dis ? Fit-elle, désespérée. Ce n'est plus de la dissuasion. C'est une extermination en règle de tous ceux qui seront en désaccord avec toi. Tu vas devenir le pire tyran et le pire meurtrier que l'humanité n'ait jamais connu !

- Ma réputation n'est pas un gros prix à payer, se contenta de répondre Erend. Je dirai même que c'est tant mieux si les humains me haïssent. Ils reporteront toute leur haine sur moi, et pas entre eux. Et même si un ou deux milliards d'humains et de Pokemon doivent mourir pour que tous les autres connaissent une vie paisible, eh bien, ça vaut le coup.

Pour Imperatus, ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Elle déploya son épée florale de sous son corps feuillu, et la tendit en direction du visage désormais découvert et vulnérable de son dresseur.

- Tu as tort ! Clama-t-elle. Une paix obtenue par la peur et la soumission n'est pas une paix ! Moi vivante, je ne laisserai pas ceci arriver !

Et tandis qu'elle fondait sur Erend, sa lame levée, ce dernier se contenta de soupirer de tristesse.

- Je vois. C'est bien dommage, ma vieille amie...

Alors qu'il semblait désarmé, Erend fit sortir de sa Dark Armor une espèce de petite poignée, qui fit jaillir la lame sombre et spectrale avec laquelle il avait tué Eryl. Il contra l'épée de l'impératrice fleurie, qui brisa bien vite le contact et s'employa à tournoyer autour d'Erend, en de grands gestes gracieux qui combinaient la danse et le saut en hauteur, de telle sorte que des pétales roses se détachèrent de son corps pour former un tourbillon autour de l'humain en armure noire.

Si l'attaque Danse-Fleur était censée avoir un effet sur Erend, il n'en fut rien. Il dispersa les pétales d'un geste de son épée qui relâcha une onde ténébreuse. Mais Imperatus, elle, avait déjà sauté au dessus de lui et croisé ses bras pâles pour invoquer une attaque Pouvoir Lunaire. Erend dut croiser les bras à son tour pour encaisser l'attaque Fée en s'aidant de tout le sombre pouvoir de la Dark Armor.

Pendant qu'il contrait l'attaque Fée, des lianes roses jaillirent de sous la robe d'Imperatus pour lui immobiliser les jambes, mais Erend se contenta de se dématérialiser pour que l'entrave végétale lui passe à travers. Après quoi, il expédia sur Imperatus une volée de flèches noires et immatérielles qu'elle contra une à une avec sa lame colorée et ronceuses.

Si Nuelfa observait le combat dans mot dire et qu'Esliard avait sensiblement reculé de crainte de se prendre une attaque perdue, Julian, désespéré par la tournure des choses, criait à s'en casser la voix pour se faire entendre malgré le déchaînement des attaques.

- Arrêtez ! Je vous en prie, arrêtez de vous battre !

- Je ne peux pas le laisser faire, Julian, répliqua Imperatus. Ce n'est plus une divergence d'opinion, mais bien l'existence même de notre monde qui est menacée.

Erend répondit en un léger sourire amusé.

- Je n'ai jamais caché mes objectifs, et surtout pas à toi. Un monde unifié et en paix. La façon dont je vais les atteindre importe peu comparé au résultat.

- Tu as toujours cru en l'être humain, en son potentiel, répliqua la Pokemon. Que tu veuilles nier leur libre arbitre et étouffer toute possibilité d'évolution en leur pointant à tous un pistolet sur la tempe... ce n'est pas toi.

- Disons que les événements de ces dernières années m'ont rendu un peu moins optimisme quant à la sagesse de notre race. Comme un jeune enfant, elle doit être menacée de punition pour grandir et suivre le bon chemin.

- Tu es humain toi aussi ! Tu te crois meilleur que tous les autres ? Plus digne qu'eux de décider de ce qu'ils doivent faire ou ne pas faire.

- En effet, je le crois.

Imperatus répondit à ceci en un cri de rage et par l'invocation hors de son corps d'une bonne partie de sa puissance florale. Elle se mit à luire d'une lumière verte anormalement puissante. Erend comme Nuelfa reconnurent la puissance du Solerios des Plantes, cet artefact très ancien conçu par la toute puissante race des Façonneurs, et qui renfermait la puissance miniaturisé d'une étoile en pleine explosion. Lors du conflit contre le Grand Forgeron Memnark et ses Akyr, Imperatus avait absorbé l'énergie de cet orbe, ce qui lui avait permis d'évoluer et d'acquérir une puissance plante presque sans limite. Si Esliard ne savait pas grand-chose de cela, il sentit tout de même le danger venir.

- Lord Igeus, dois-je faire venir des renforts ? Proposa-t-il après avoir reculé encore plus.

- Ce ne sera pas nécessaire...

Puis à Imperatus, il demanda :

- Tu comptes déployer la puissance du Solerios ici ? Ça risque de détruire la salle de commandement et de nous expédier dans le vide spatial...

- Mieux vaut ça que te laisser le contrôle d'Atlantis. Nous avons eu tort de venir ici, je le savais dès le début... Cette cité et le pouvoir qu'elle offre ne sont pas quelque chose à mettre entre des mains humaines ! Aucun d'entre eux ne saura l'utiliser avec sagesse. Son potentiel t'a encore plus corrompu que ne l'a fait Horrorscor !

- Je me contente juste d'utiliser au mieux tous les outils que j'ai à disposition, comme je l'ai toujours fait, répliqua Erend. Je suis un homme pragmatique, ma vieille amie. La fin justifie les moyens. Et c'est aussi pour cela que si tu t'attends à un duel en bonne et due forme contre moi pour régler notre différent, tu te trompes lourdement...

Il claqua des doigts. Imperatus s'attendait à ce qu'une quelconque attaque Spectre ou Ténèbres ne soit invoquée de l'armure d'Erend, mais rien ne se passa. Du moins, de son côté. Car toute concentrée sur Erend qu'elle était, Imperatus n'avait pas remarqué que Nuelfa s'était discrètement avancée vers l'un des écrans de contrôle holographique, et qu'au claquement de doigt d'Erend, elle avait appuyé sur quelques touches.

Elle venait d'activer les mesures de sécurité de la salle, en ordonnant au système de viser les formes de vie Pokemon. Des dizaines de lasers rouges, sortis de tous les angles des murs de la salle, fusèrent sur Imperatus à une vitesse qui lui interdit toute réaction. Son corps floral fut transpercé et brûlé en de nombreux points. Elle eut à peine le temps d'écarquiller les yeux en un mélange de surprise, de douleur et de tristesse avant de s'écrouler face contre terre, sous le cri horrifié de Julian et le regard mi-satisfait mi-peiné d'Erend.

- Si je balance aux orties ma réputation et le reste de ma vie pour sauver le monde, dit-il à mi-voix, tu crois que je vais laisser l'amitié ou l'honneur me faire obstacle ? C'est mon destin de Sauveur du Millénaire qui se joue, ici et maintenant. Il doit s'accomplir pour que ce monde perdure. Le Requiem de l'Innocence ne pourra pas être stoppé. Je ne le permettrai pas. À quiconque...

Il détacha son regard du corps d'Imperatus pour tourner les yeux vers Julian, comme pour un avertissement. Le garçon, les yeux plein de larmes, lui rendit son regard. Si Erend y lut la peur et l'horreur qu'il souhaitait y trouver, il ne repéra pas l'étincelle de colère et de rébellion qui commençait à s'élever à l'intérieur.