Chapitre 422 : Le Pernicieux
- Eh bien eh bien... Je n'aurai même pas à me servir du Lunaturion d'Atlantis, visiblement... déclara Erend.
Lui, Julian et les soldats du Grand Empire qui étaient avec eux dans le transport de troupe regardèrent par le cockpit le déluge de lasers roses qui s’abattit en divers endroits du Mont Argenté. On aurait dit l'apocalypse, sauf qu'elle n'était pas pour les vivants, mais pour les morts. Pendant que cette pluie destructrice se déroulait sous leurs yeux, leur radio les abreuva de rapports de divers endroits du front, pour signaler que les zombies se faisaient réduire en cendre par ces milliers de lasers sortis d'on ne sait où, et que les anciens Marquis restants s'étaient écroulés tous en même temps.
- C'est... c'est quoi tout ça ? Balbutia Julian. Qu'est-ce qui se passe ?
- Quelqu'un de très puissant a décidé d'entrer dans la partie, répondit simplement Erend. Et j'ai ma petite idée sur qui. Peut-être bien un certain Pokemon mythologique et fabuleux, que j'ai eu l'honneur de monter il y a quelques années...
Erend ricana doucement sous le regard perplexe de Julian et de ses hommes.
- Bref, la bataille est finie, ou le sera sous peu, reprit Erend. La FAL a gagné, mais nous avons fait ce pourquoi nous sommes venus : faire en sorte que le monde nous voit participer. On ne pourra pas récolter tous les lauriers comme on aurait du le faire en utilisant le canon d'Atlantis pour éradiquer l'Armée des Ombres, mais la FAL ne pourra pas prétendre non plus être responsable de cette attaque divine. Du coup, un partout, balle au centre. Le plan va continuer un petit moment.
Julian, qui avait l'air en colère depuis un moment, serra les poings et pour la première fois de sa vie, il haussa la voix face à Erend.
- Et de quel plan il s'agit, Lord Igeus ? Vous trouvez qu'il est normal que moi, l'Empereur, je sois obligé de vous le demander ?! Pourquoi étiez-vous en train de vous battre contre oncle Mercutio et tante Galatea ? Ne sommes-nous pas dans le même camp contre Horrorscor ?
Julian ne s'était pas soucié de baisser la voix pour admonester Erend, même s'il l'avait fait avec les formes. Du coup, les soldats impériaux autour d'eux furent soudain gênés d'entendre ces réprimandes et baissèrent les yeux. Erend dévisagea l'adolescent sous son masque noir.
- Ce n'est peut-être pas le lieu ni le moment d'évoquer ces sujets-là, Votre Majesté, répondit-il d'une voix mi-raisonnable mi-condescendante, comme s'il voulait faire passer Julian pour un gamin capricieux. Mais je vous assure que tout est fait pour le bien du Grand Empire de Johkan.
- Oncle Mercutio a dit que tu avais tué Eryl. C'est vrai ? C'était elle ta cible ? La raison pour laquelle tu tenais à ce qu'on vienne ici nous-même malgré Atlantis en notre possession ?
Erend soupira.
- Encore une fois, tout ce que j'ai fait, que je fais et que je ferai n'a pour seul et unique objectif que l'avenir du Grand Empire, et de ce monde.
- Et l'avenir du Grand Empire nécessitait la mort d'une personne comme Eryl ? Elle a toujours été gentille avec moi. C'était la première ennemie d'Horrorscor, et ta partenaire quand tu as fondé la Confédération ! Alors pourquoi...
Les soldats autour d'eux ne purent plus faire semblant de ne rien entendre, et suivaient la discussion bouche bée, allant de l'un à l'autre. Erend les dévisagea tous sous son masque noir, et ils se détournèrent vivement, parlant entre eux de sujets anodins comme si de rien n'était. Puis Erend posa une main sur l'épaule de Julian.
- Je n'essaie pas de te mettre de côté, Julian, mais il est évident que je vois à un peu plus long terme que toi. Et je le fais en mettant de côté mes sentiments, en raisonnant de façon pragmatique. C'est une qualité que tout bon dirigeant doit acquérir.
- Tu me prends de haut sans rien m'expliquer, protesta l'adolescent. Tu m'as sauvé du chaos de Veframia et tu m'as enseigné tout ce que je sais, et je t'en serai toujours reconnaissant. Mais... je suis quoi pour toi, au juste ? Seulement un gamin bon à faire virevolter des Dieux Guerriers devant la caméra d'Esliard pour impressionner le peuple tandis que tu montes tous les plans à toi tout seul sans m'en dire mot ?
- Si tu ne veux pas qu'on te prenne pour un gamin, alors n'agit pas comme tel, le réprimanda Erend. Évidemment que je ne te dis pas tout. Et pour cause : il y a encore quelque mois, tu avais quatre ans et tu te suçais encore le pouce ! J'ai une vision d'ensemble et une compréhension que tu n'as pas. Un jour prochain, tu seras capable de voir les choses comme je les vois, et de décider au mieux par toi-même. Mais pour l'instant, je te demande de me faire confiance.
- Alors que tu as un œil rouge, et que tu viens de tuer la Reine de l'Innocence ? Renchérit Julian. J'ai envie de te faire confiance, Erend. Vraiment. Tu es comme mon père pour moi. Mais plus le temps passe, et moins je te reconnais. J'ai besoin d'être sûr que tu n'es pas le pantin d'Horrorscor, ou qu’il ne te t’a pas rendu fou, comme il l'a fait avec ma mère.
- Je te le prouverai, c'est promis, lui assura Erend. Mon plan, le Requiem de l'Innocence, a pour but final d'annihiler la Corruption du monde une fois pour toute. Mais je ne pourrai pas y parvenir sans me salir les mains. C'est ainsi que les choses tournent, Julian. Parce que ce monde est cruel.
- Le monde est cruel seulement parce que beaucoup de ceux qui y vivent le sont... ou le deviennent après avoir vu leurs dirigeants commettre des atrocités à la chaîne.
Erend haussa les sourcils sous son masque, puis sourit. Ce gamin est un tel diamant brut... songea-t-il. Une fois taillé, il éclairera ce monde pour des décennies et même longtemps après sa mort ! Peut-être bien, au final, que ma tâche de Sauveur du Millénaire n'est pas d'éradiquer la Corruption, mais de façonner cet être qui représentera l'espoir d'un monde meilleur ?
- Peut-être bien, admit finalement Erend. Nous en reparlerons une fois sur Atlantis. Pars devant jusqu'à la navette. J'ai encore quelque chose à faire ici.
- Encore quelqu'un à assassiner ? S'indigna Julian.
- Non. Quelqu'un que je dois rencontrer, pour lui confier... la clé de mon plan.
Et sans plus de précision, il ordonna qu'on ouvre la porte de transporteur en plein vol, et après avoir observé un moment le terrain en dessous de lui, il sauta carrément vers une direction précise, sans aucun parachute, comptant sur sa seule Dark Armor pour affronter la gravité.
***
Siena avait craint que le bouclier d'énergie que Zelan avait utilisé sur elle pour l'envoyer loin de la zone d'explosion, tel un ballon de football, ne se désactive à la mort de ce dernier. Mais il tint jusqu'à son atterrissage, si tant est qu'on puisse le qualifier de la sorte : Siena s'écrasa juste contre un des flancs du Mont Argenté, avant de tomber lourdement dans d'épaisses fougères sèches et de rouler un long moment.
Quand elle se releva enfin, ce fut avec des éraflures partout sur le corps, le visage tuméfié et avec sans doute quelques articulations cassées, mais elle était vivante. Et la mission était un succès. Deveran détruit, les âmes de tous les autres Marquis devaient avoir quitté leur corps. Et ce n'était pas tout : des centaines de rayons lumineux roses, comme des traînées de météorites, s'écrasèrent sur le champ de bataille. De là où elle se tenait, Siena put voir de loin quelques zombies être touchés plus bas par ces mystérieux lasers, et être réduits en poussières.
Sans savoir d'où tout ça venait, Siena s'assit pour profiter du spectacle. Une vue parfaite et merveilleuse l'apocalypse qui s’abattait sur l'Armée des Ombres. Elle songea à Zelan, à son adieu et à sa déclaration. Est-ce qu'elle était encore capable de trouver dans son cœur froid et sec quelques sentiments à son sujet ? Du genre tristesse, regret, reconnaissance, ou même plus ? Elle ne le sut jamais, car elle n'essaya même pas. Pour une raison simple : elle avait encore des choses à accomplir, et Siena Crust étant Siena Crust, ses émotions, quel qu'elles soient, ne devaient jamais prendre le pas sur l'action.
Elle fit ressortir Dojosuma de sa Pokeball, pour qu'il la prenne sur son épaule et la fasse descendre en toute sécurité de ces hauteurs pointues et inhospitalières de la montagne. Une fois en bas, en terrain plus ou moins praticable où elle pouvait marcher, elle prit un moment pour réfléchir à la suite.
Et maintenant ? La mission étant une réussite, elle pouvait aller retrouver les Gardiens de l'Harmonie ou ce chien enragé de Mewtwo pour faire valoir qu'elle avait tenu ses engagements et qu'elle était donc digne de confiance. Mais au final, la confiance de ces gens-là, elle s'en contrefichait totalement. À part peut-être de celle d'Adélie Dialine, avec qui elle avait conclu une certaine promesse. Mais quand bien même, elle n'avait pas pris les armes contre Horrorscor pour cette soi-disant Fédération des Alliances Libres. Elle n'avait aucun compte à leur rendre.
Aller retrouver Julian ? Elle allait y être obligée, ne serait-ce que pour lui reprendre Ecleus, dont elle avait besoin pour se battre. Affronter le regard de son fils soudainement devenu adolescent et y lire sans doute de la déception, de la peur et même du mépris allait lui être difficile, mais là encore, tant pis. Julian pouvait bien la détester. C'était son droit, et avait quelques raisons légitimes de le faire.
Au final, une seule chose comptait pour elle. Elle avait quelque chose à accomplir, quelque chose qu'elle avait mis en place avec un complice le jour même où elle avait cru Julian mort dans l'explosion de la bombe Arctimes à Veframia. Et ce plan nécessitait de rencontrer une autre personne, très bientôt. Ses pas la portèrent presque instinctivement vers l'avant. Elle ne savait pas vers où elle allait, mais elle était sûre que la personne qu'elle devait croiser était au bout du chemin...
***
Mercutio et Galatea, leur Flux aux aguets, courraient très rapidement, presque en flottant au-dessus du sol, vers cette aura oppressante et glacée qu'ils ressentaient non loin. Mercutio n'aurait pu la confondre avec aucune autre, même s'il ne l'avait croisé qu'une seule fois dans sa vie : c'était celle du Marquis des Ombres, le vrai, l'actuel, celui bien vivant. Il était proche, et la créature à demi-vivante qui était en lui bouillonnait autant de corruption que d'impatience. Son retour était proche.
- Tu crois qu'on est en état d'affronter le Marquis à nous deux ? Lui demanda Galatea derrière lui. À ce qu'on en sait, ce gars est insensible à tout ce qui n'est pas du type Fée. Je viens à peine de récupérer mon Flux, et toi tu t'en aies largement servi il y a peu. Et puis il y a... Natael... et Eryl... Nous ne sommes pas vraiment à 100 %, autant physiquement que mentalement.
- C'est vrai. Je suis méga furax, et je compte bien me défouler sur ce connard masqué, qu'on en finisse enfin avec tout ce merdier !
Galatea secoua la tête.
- J'ai manqué me servir du Flux Noir pour tuer D-Zoroark et Crenden que j'ai accusé de la mort du prof. J'ai failli perdre le contrôle. Maître Irvffus nous a bien dit...
- Maître Irvffus n'est pas là, coupa Mercutio sèchement. Nous oui, et il n'y a que nous entre le Marquis et le retour d'Horrorscor. Tu ne sens pas toute cette noirceur et cette Corruption de dingue ? Il a peut-être récupéré son dernier morceau d'âme. Cet enfoiré d'Igeus le lui a peut-être déjà rendu !
Mercutio ne préféra pas évoquer ce que lui avait dit Igeus au sujet de Venamia et de sa possible survie. Il préférait qu'Igeus lui ait menti. Il avait bien assez de chose à traiter émotionnellement en ce moment sans y ajouter le retour d'une demi-sœur haïe.
Ils courraient en résistant à la tentation de se servir du Flux pour aller plus vite, sachant qu'ils auraient besoin de tout ce qu'ils avaient contre le Marquis. Mais autant la sensation d'obscurité et de Corruption était perceptible à des lieux à la ronde, autant ils ne voyaient toujours pas le Marquis. L'aura d'Horrorscor devait être si puissante et chaotique qu'ils la repéraient de très loin.
Mercutio avait toujours dans sa main la Pierre des Larmes fendue qui était apparue à la disparition d'Eryl. Il ne savait pas trop ce qu'elle pouvait bien représenter, ni même si elle pouvait être utile contre le Marquis. Mais c'était tout ce qui restait d'Eryl, même si la pierre ne dégageait rien du tout, aucune vie, aucune aura, aucune puissance. Ce n'était qu'un caillou vide comme tant d'autre. Malgré tout, Mercutio ne le lâcha pas. Il voulait cette part-là d'Eryl avec lui pour faire face au Marquis des Ombres, qu'elle aurait dû affronter elle-même.
Tandis qu'ils courraient, ils furent spectateur d'un phénomène aussi incroyable que magnifique : une pluie de rayons roses qui s’abattirent en masse sur et tout autour du Mont Argenté. Les jumeaux en restèrent stupéfaits, ne sachant ni ce que c’était ni d'où ça venait, mais à en juger par la couleur, ça devait être plutôt bon pour eux. Peu importe. Ils continuèrent à se diriger en toute vitesse en direction de ce déferlement de noirceur et de froideur qu'ils sentaient devant eux.
Finalement, ils arrivèrent à destination, quelques minutes plus tard. Au milieu d’un grand cratère sans doute né d’un bombardement ou d’une attaque surpuissante, se tenait un individu, grand, drapé d’un manteau sombre à cordelettes, portant un tricorne sur la tête et un masque blanc sur le visage. Et tout autour de lui, une énergie obscure telle que même un simple humain sans aucun pouvoir aurait pu la percevoir, tant elle était concentrée et continuait à s’épaissir de plus en plus.
Le 36ème et actuel Marquis des Ombres avait la tête baissée et ne remarqua pas directement les jumeaux Crust quand ils sautèrent devant lui. Il semblait plongé dans une sorte de méditation, même si c’était difficile à deviner avec son visage dissimulé. Mercutio se mit involontairement à trembler quand il s’approcha de lui et avait la soudaine envie de vomir, tant cette présence était atroce et étouffante. Galatea, elle, se mit les mains contre ses épaules, les dents serrées, de longs filets de sueur coulant de son visage.
L’aura du Marquis, qui s’élevait derrière lui, semblait de premier abord à un amas informe de ténèbres, mais maintenant qu’il était proche, Mercutio pouvait y voir une espèce de visage qui y dansait comme des flammes. Une tête asymétrique, avec une grande bouche incurvée en un horrible sourire, et des yeux avec un tourbillon rouge à la place des pupilles…
- C’est terminé, Marquis ! Lui cria Mercutio en tâchant de retrouver un semblant de courage. Vous n’avez plus de Démons Majeurs. Votre armée est en déroute. Votre Corruption généralisée n’aura pas lieu aujourd’hui !
Le Marquis releva lentement la tête, et les jumeaux purent voir la lumière que dégageaient ses yeux sous son masque. Les deux étaient rouges. Pas un seul, comme Venamia ou toutes les personnes possédées par une partie de l’âme d’Horrorscor, mais les deux !
- Les jumeaux Mélénis… fit le Marquis de sa voix qui semblait être la fusion de deux personnes parlant en même temps. Vous vous avancez quelque peu, je crois. Je pourrai vous répondre qu'il me reste un Démon Majeur, et le plus puissant de tous. Vous, vous avez perdu votre Reine de l’Innocence et les Zodiaques en même temps, et que donc, quel que soit l’état de mon armée, la victoire est déjà mienne. Vous ne pourrez pas m’arrêter sans la Pierre des Larmes à sa pleine puissance. Pas plus que vous ne pourrez arrêter le retour de mon maître. Plus maintenant…
Il sortit les bras de sous son épais manteau pour montrer ce qu’il tenait entre les mains. Le Cœur d’Horrorscor, qui jadis était divisé en trois Pierres d’Obscurité. Totalement assemblé, avec des éclairs rouges et noirs tout autour. La grosse majorité de l’Aura de Corruption autour du Marquis provenait directement de cet objet, si semblable et en même temps bien plus effrayant que la Clé de Voute des Pokemon nommés Spiritomb, d’où Horrorscor était issu.
- J’accueille enfin la totalité de l’âme du Seigneur Horrorscor en moi, reprit le Marquis. Je suis le dernier des hôtes de la Corruption. Sa résurrection est imminente. Déjà, le Cœur d’Horrorscor aspire toute la Corruption environnante que ce champ de bataille a créée. Quand il en aura stocké suffisamment, le Seigneur Horrorscor retrouvera son corps de jadis, plus puissant et plus vivant que jamais. Ce n’est qu’une question de minutes.
Mercutio retint une grimace en échangeant un regard avec sa sœur. Comme il le redoutait, le Marquis avait croisé le chemin d’Igeus et lui avait repris, d’une façon ou d’une autre, la part d’âme en lui.
- Dans ce cas, nous utiliserons ces quelques minutes pour vous détruire, rétorqua Mercutio.
- Même si par miracle vous réussissiez, ça ne servirait à rien. Le Seigneur Horrorscor n'a plus besoin d'hôte.
- Nous le détruirons après vous.
Quand le Marquis répondit, ce fut d'une voix différente, sèche, résonnante et clairement pas humaine :
- Eh eh eh... Combien de fois je vous ai fait face à tous les deux, par le biais de Venamia, ou même de Zelan avant elle ? Vous n'avez réussi qu'à à peine ralentir mes ambitions. Il est temps que vous cessiez de me gêner !
L'Aura du Marquis sortit alors violemment de la partie droite de son masque, le détruisant à moitié, et faisant ressortir de sa tête un corps spectral avec une moitié de sourire et un œil à la pupille tourbillonnante et rouge. C'était assez effrayant, et même dégouttant. Le Marquis avait-il seulement un corps de chair et de sang sous ses riches habits et son masque ? Ou bien Horrorscor avait-il à ce point pris contrôle de son corps jusqu'à le changer totalement en spectre ?
Mercutio attisa son Flux jusqu'au bout de ses doigts, et invoqua une attaque de Sixième Niveau, un orbe de Flux de la taille d'une petite maison. Même aujourd'hui, il avait encore du mal à se servir du Sixième Niveau, tant le Flux d'une telle attaque était instable et agressif. Il sentit le Flux de Galatea le soutenir et stabiliser l'attaque à distance, et quand il fut sûr de la contrôler, il bondit avec le Cinquième Niveau et l'envoya sur le Marquis.
Quand elle toucha le sol, cela eut l'effet d'une bombe nucléaire miniaturisée. Un bon diamètre de terre et de roche fut vaporisé, et l'onde de choc arracha quelques reliefs de la montagne. Mais le Marquis, qui n'avait pas bougé ni fait un seul geste, était toujours là, intact. Galatea ne perdit pas de temps et bondit sur lui, essayant la force physique avec des coups de poings et de pieds boostés au Quatrième Niveau, mais tous passèrent au travers du Marquis sans rien lui infliger du tout.
- Il me semble qu'un célèbre savant a dit : « La définition de la folie, c'est de refaire toujours la même chose et d'espérer des résultats différents », commenta tranquillement le Marquis. Il me semble pourtant que ma petite... particularité ne vous était plus inconnue, non ? Je veux parler de ceci...
Il retira tranquillement son tricorne sombre, dévoilant ce qu'il cachait : une sorte d'auréole pas totalement fermée, qui ressemblait vaguement à une lune, et qui flottait à quelques centimètres de la tête du Marquis. Un seul Pokemon au monde avait ceci en haut de sa tête. Munja, un Pokemon Insecte et Spectre, célèbre pour l'avoir qu'un seul et unique PV, mais en contrepartie, possédait un Talent Spécial nommé Garde Mystik qui l’immunise totalement contre toutes attaques qu'il ne craindrait pas.
C'était assez redoutable, mais Munja, lui, craignait pas mal de types, donc il y avait toujours moyen de le battre. Le Marquis des Ombres, en revanche, avait un corps similaire à celui d'Horrorscor : de type Spectre et Ténèbres. Et cette combinaison de type n'en craignait qu'un seul : le type Fée. Mercutio et Galatea pouvaient bien lui balancer tout le Flux du monde sur lui, ça ne lui ferait rien, tout comme les attaques physiques, ou quoi que ce soit qui ne fut pas de type Fée. Et manque de chance, les jumeaux n'avaient aucun Pokemon de ce type là. Ils étaient devenus assez rares, depuis que le Marquis avait lancé ses Agents de la Corruption partout dans le monde, et surtout dans la région de Kalos, pour les exterminer.
- On sait que vous êtes un Sygmus de Munja, rétorqua Mercutio. Vous avez trouvé le labo secret de Lirian, capturé Pixagonal, et vous lui avez demandé de créer un génome de Munja. Et devinez quel nom il nous a donné : celui de Vaslot Worm.
- C'est très intéressant... La Comtesse Divalina aussi semblait certaine de mon identité. Mais elle n'aura pas emporté cette certitude dans la mort.
Mercutio serra les poings.
- Dame Cosmunia avait raison alors... Vous l'avez tuée ?
- Légitime défense. Elle et cette traîtresse de Jivalumi sont venues me défier devant ma propre base. Mais elles ont gagné mon respect en réussissant à m'infliger de sérieux dommages et en manquant même de me tuer. J'avais mal jugé ces créatures, les Doppelganger. Mais à moins que vous n'en ayez une dans votre sac, vous êtes condamnés.
Le Marquis leva la main, invoquant une Ball'Ombre, puis faisant sortir de son corps des dizaines de griffes d'ombre. Comme le Marquis avait choisi comme don d'Horrorscor son double type, il n'avait pas ses attaques. Mais il avait à la place celles de Munja, le Pokemon dont il était un Sygmus. Les jumeaux pouvaient donc s'attendre à toute une série d'attaques spectres, dont certaines relativement embêtantes et provoquant des changements de statuts. Le Marquis ne devait pas être un gros bourrin comme sa prédécesseuse Marine Sybel, mais plutôt quelqu'un se battant à renfort d'illusions, de drainage d'énergie vitale et de confusion.
Le Marquis lâcha sa Ball'Ombre, que Mercutio repoussa sans grande difficulté, la seconde nécessaire pour le faire lui coûta la vision de son ennemi. Le Marquis avait soudainement disparu d'un coup, plongeant dans le sol, pour réapparaître quelques instants plus tard derrière Galatea, lui labourant le dos avec une attaque Griffe Ombre. La jeune femme serra les dents pour réprimer la douleur, et passa son poing, puis tout son bras droit, à travers la tête masqué du Marquis. Lui fit de même avec Galatea, mais là, son poing nimbé d'ombres toucha bel et bien le visage de la Mélénis, qui tomba en arrière.
Avant que Mercutio ne fut sur lui – et bien qu'il n'ait aucune idée pour pouvoir le blesser – le Marquis disparut à nouveau, tournoyant tel une ombre sur le sol, avant de reprendre sa consistance à l'endroit de son choix. Cette façon de bouger, ça ressemblait à l'attaque Ombre Portée, ou bien Hantise peut-être, et Mercutio n'arrivait même plus à le sentir avec le Flux quand il faisait ça. Le Marquis tandis sa main gantée vers Mercutio, qui se mit en garde, s'attendant à ce que quelque chose en sorte. Mais la main du Marquis vira au vert, et Mercutio se sentit soudainement affaibli, comme si sa force se vidait par un quelconque trou dans son corps. De petites lumières vertes le quittèrent par ailleurs, pour aller se loger dans la main du Marquis. Une attaque Vole-Vie.
- Je ne vais pas déployer plus longtemps mon panel d'attaques devant vous, fit-il. Vous êtes totalement impuissants à me blesser, et même si vous en étiez capables, vous ne sauriez faire face à mes enchaînements, qui vous videront à petit-feu, ou vous feront perdre l'esprit. Telle est la façon dont je me bats, et tel est mon titre : le Pernicieux. Je m'infiltre chez mes ennemis, les rongeant de l'intérieur, les affaiblissait avec le mensonge et la tromperie, me dissimulant à leurs yeux, jusqu'à qu'ils soient assez affaiblis pour que je les achève d'un coup. En cela, je suis comme mon Seigneur Horrorscor, et le plus digne de tous les Marquis d'être enfin parvenu à le ré-assembler dans mon esprit ! Je suis le corrupteur ultime ! Il n'y a aucune lumière assez grande qui puisse résister à mes ténèbres !
Et pourtant... Au moment même où il déclarait cela, un rayon rose passa juste au dessus de Mercutio et Galatea en direction du Marquis. L’œil d'Horrorscor qui dépassait de son masque s'écarquilla sous la surprise, et même le Marquis s'écria :
- Quoi ?!
Il fit un bouclier devant lui en croisant plusieurs filins d'ombre, comme une toile d’araignée. La mystérieuse attaque, de toute évidence de type Fée, se dissipa, mais sans avoir fait fondre une bonne partie des ombres vivantes que le Marquis avait invoquées pour se protéger.
- Aucune lumière assez grande pour résister à tes ténèbres ? Répéta quelqu'un d'une voix mélodramatique. Ah ! Ne me fais pas rire, être vide. Répète-ça après avoir expérimenté Das Licht der Reinheit, d'où je tire mon nom.
Un cavalier venait d'apparaître un peu plus loin. C'était une drôle de combinaison : un adolescent aux cheveux blancs et bizarrement habillé, qui montait un Pokemon totalement inconnu des jumeaux Crust. Il avait quatre pattes, mais très fines, un corps de couleur grise, d'énormes arcades sourcilières qui lui tombait en arrière, un losange vert étrange qu'il tenait sur des espèces de cornes circulaires au dessus de sa tête, et surtout une queue immatérielle, comme de la fumée verte, mais parsemé d'étoiles et d'autres corps célestes, comme une porte qui donnait dans le vide spatial. Cela fit immédiatement penser à Mercutio au corps de Dame Cosmunia. L'humain sur le Pokemon écarta les bras en un geste grandiloquent, comme une star qui venait d'apparaître sur la scène, puis posa sa main avec les doigts écartés sur son œil droit, en une pose ringarde.
- Tremblez, étoiles ! Fuyez, nuages ! Frémis, sol ! Hurle, réalité ! Car me voici arrivé des tréfonds des frontières immatérielles de ce monde ! Moi, le Comte Divalina, 54ème du nom, et six-cent quarante-huitième détenteur de l'Auge Allwisend, l’Oeil Omniscient.
Les jumeaux Crust restèrent bouche bée devant cet énergumène arrivée de nulle part et qui aurait fait pâlir de honte même Bertsbrand.
- Que les astres hurlent mon nom, reprit l'adolescent aux cheveux décolorés. Celui de Reinheit Divalina, en ce jour de l'Ewigen Glorreicher Tag !