Obsession
Adrien entra dans la bibliothèque. Comme d’habitude, il y régnait un léger silence que seuls les bruissements des pages qui tournent venaient trouble. Comme d’habitude, Adrien observait le même rituel qu’il accomplissait quasi machinalement. Il saluait la personne en charge de l’accueil, se dirigeait vers la sale de lecture, passait devant le buste du fondateur et premier directeur de la bibliothèque qu’il jugeait à chaque fois ridicule avec sa moustache inutilement longue et ses très – trop – larges favoris, il était suspendu au dessus d’une porte en arc plein cintre entièrement en marbre. Une fois dans la salle de lecture, il levait la tête vers le plafond aux multiples coupoles que soutenaient de fins piliers. Chacune des coupoles étaient garnies de mosaïques aux scènes mythologiques, le tout formait le grand cycle de la création du monde ; cette fois, Adrien posa son attention la scène la plus à l’ouest, Créhelf émergeait des eaux pour livrer le savoir aux hommes. Depuis le sol, on peinait à distinguer les tesselles multicolores qui composaient ces œuvres. Il s’était toujours demandé pourquoi s’appliquer à faire des mosaïques quand le rendu final vise à imiter les peintures jusqu’à ce qu’il voie les tesselles scintiller sous les rayons du soleil que laissaient passer de monumentales fenêtres. Il avançait une vingtaine de pas, toujours en regardant le plafond, et bifurquait sur la gauche dans la troisième allée dédié à la biologie.
Enfin il prenait un livre, toujours le même, intitulé Sur la constitution, le comportement et l’habitat des Pokémon de la région d’Hisui, puis cherchait ensuite d’autres ouvrages à consulter. Mais c’est toujours vers ce même livre qu’il revenait sans cesse. Malheureusement, il n’était pas à sa place ce jour là. Décontenancé, Adrien examina à plusieurs reprises les étagères du rayon. Peut-être avait-il été mal rangé se dit-il sans trop y croire. Après deux ou trois allers-retours, il dut se résigner. Le livre n’était pas là.
Il fit le tour de la bibliothèque rayon après rayon. Il prenait un livre, observait sa couverture puis le reposait. A vrai dire, aucun livre ne l’intéressait, toute son attention était portée vers les tables de lecture où de nombreux étudiants lisaient et prenaient des notes, parmi eux quelques personnes âgées qui venaient occuper leur temps. Il scrutait discrètement chaque pile de livres pour savoir qui avait bien pu lui voler son précieux. Après une poignée de minutes à errer ça et là, il l’aperçut : il était entre les mains d’une vieille femme. Il continua la tournée des rayons, saisissant au passage deux livres et alla s’assoir à quelques sièges de la vielle dame.
Il ne saurait dire le temps qu’il a passé entre les murs ancestraux de cet édifice, plongé dans les pages des innombrables ouvrages qui peuplent ces étagères qu’il a finit par connaître par cœur. Adrien n’en a pas l’air mais possède une soif insatiable de connaissances. La curiosité quasi maladive qui le faisait jadis vagabonder à travers les bois de son enfance avait maintenu son emprise sur lui et le faisait désormais se perdre entre mille mots ; les livres d’histoires, le journal de voyage d’un périégète en mal d’aventure et surtout les vieilles encyclopédies étaient autant de forêts, de montagnes et de terres inconnues à explorer. Jamais voyager ne lui avait semblé si facile. En quelques secondes à peine, il est transporté dans un lointain passé à observer une flore disparue, d’un simple mouvement de page, le voilà à bord d’un navire frappé par les vagues d’une tempête, basculant sur un autre bouquin, il revivait les légendes d’antan contées par des poèmes épiques.
Il aimait tout simplement apprendre, peu importe la manière, que ce soit à travers les paroles mises l’écrits de savants émérites ou à travers ses propres expériences. Tout ce savoir qu’il avait accumulé au fil des ans, lecture après lecture, rencontre après rencontre, expédition après expédition, avait fait de lui l’un des meilleurs dresseurs de sa génération, polissant une pierre brute en une magnifique pierre précieuse ; son attirance pour les Pokémon de type Feu couplée à ses origines – il était né sur l’Île aux Monts Abrupts – lui avait valu le surnom de Rubis Flamboyant.
C’est pendant son adolescence que la fièvre des livres s’était emparé de lui, toujours dans l’optique de capturer un Caninos d’Hisui ; son seul et unique indice avait été jusqu’alors la carte postale de son grand-père. La personne qui avait réalisé la gravure devait nécessairement en avoir vu de ses propres yeux pour avoir dépeint la créature avec une telle précision. Une précision somme toute relative car les Caninos avait disparu avant l’invention de la photographie, il en résultait que toute représentation ne pouvait être qu’incomplète et que personne aujourd’hui ne savait réellement à quoi ils ressemblaient. De plus, il l’avait appris au cours de ses lectures, les Caninos étaient de nature méfiante et ne se laissaient montrer que très rarement aux humains si bien que les artistes se trouvaient dans l’obligation de prendre de larges libertés et produisaient des images toutes plus farfelues les unes que les autres, n’ayant souvent pour unique base que la description d’un lettré, qu’il empruntait lui-même à un vieil ouvrage et qu’il agrémente de ses fantaisies.
On notait cependant trois caractéristiques physiques récurrents parmi tous ces dessins gravures, peintures, enluminures et même des petits jouets en bois : un pelage rouge, une fourrure épaisse qui recouvre l’intégralité de leur tête et une corne de pierre capable briser des rochers.
Leur rareté avait alimenté les imaginations les plus fertiles et moultes légendes et rumeurs avaient foisonné à leur sujet. La plus célèbre racontait que lorsqu’un voyageur se perdait dans les terres montagneuses d’Hisui une fois la nuit tombée, un Caninos, prenant en peine le malheureux, allumait une flamme au sommet de sa corne le guidait jusqu’au village le plus proche. Ainsi, on recommandait toujours aux enfants de suivre ces feux follets pour retrouver leur chemin. Malheureusement jamais une telle histoire ne pourra être confirmer ou infirmer, perpétuant ainsi le charme mystérieux de ce Pokémon.
Adrien n’ayant que cette gravure comme point de départ s’était mis en tête d’en retrouver la source. Un professeur d’art en se basant sur des éléments stylistiques qui lui échappaient complètement avait pu dater la gravure. Adrien fouilla alors dans les encyclopédies et les bestiaires qui regorgeaient de ce genre d’illustrations mais la bibliothèque de l’île s’était vite révélée avare en livres anciens et pour poursuivre ses recherches il avait été contraint de gagner le continent et plus précisément à Joliberges où se trouvait la plus grande bibliothèque du pays et dont la notoriété résonnait à l’international grâce à la quantité phénoménale d’ouvrages qui sommeillent dans ses collections.
Il n’arrivait pas à se concentrer. Les mots défilaient sous ses yeux agités comme un train lancé à vive allure ; incapable d’assimiler la moindre information, éjecté du wagon, il retourne en gare, recommençant inlassablement à lire les mêmes paragraphes. Le sens des mots, sans aucune prise auxquelles s’accrocher, s’évaporaient dans son esprit en ébullition.
Il jetait sans cesse de brefs coups d’œil en direction de sa voisine qui parcourait toujours le livre tant désiré. Son obsession maniaque que certain n’hésiterait pas à qualifier de malsaine commença à se manifester physiquement : il du pied, se grattait la tête frénétiquement et ses regards se firent de plus en plus insistants. Peut-être qu’elle ressentit son envie débordante l’accabler puisqu’elle lâcha finalement prise, renferma le bouquin, le mis de côté et s’intéressa à un autre livre. Adrien voulut immédiatement aller s’en emparer mais il se contint et décida de prendre son mal en patience et d’attendre encore quelques minutes avant de l’aborder pour ne pas paraître trop indélicat ; après tout, elle était dans son droit, il ne jouissait d’aucun monopole. Enfin, il estima que suffisamment de temps s’était écouler depuis qu’elle s’était détournée du livre.
- Excusez-moi, murmura-t-il en se rapprochant, vous utiliser encore ce livre.
Il désigna du doigt le livre en question.
- Oh non, répondit-elle d’une voix lente et à peine audible. Tenez, le voici.
Ces quelques mots à peine audibles que le silence même ignora Elle glissa le livre vers lui. Elle semblait presque gênée d’avoir privé d’un outil de travail quelqu’un qu’elle prenait sans doute pour un étudiant. Adrien ne le remarqua pas, bien trop focalisé sur le livre qu’il tenait enfin entre les mains. Sentir le cuir de la reliure dont les couleurs imitaient l’aspect porphyre sous ses doigts le combla d’une satisfaction certaine : il restait encore une étape à accomplir avant de parfaire son petit rituel. Il tourna la couverture et tomba sur la page de garde.
Espoir retrouvé,
entre ses mains l’univers,
s’effrite une page.
Il lisait le titre : "Sur la constitution, le comportement et l’habitat des Pokémon de la région d’Hisui". Derrière ce nom ronflant se cachait le plus important bestiaire de l’ère Hisui, une époque où Sinnoh ne portait pas encore son nom et que ses terres étaient dominées par les Pokémons. Son auteure était sobrement citée sous le nom de Lucia. Très peu de choses, et c’est un euphémisme de le dire ainsi, étaient connues à propos de cette Lucia. Son bestiaire est le seul ouvrage qui lui soit attribué et elle ne laisse rien paraître d’elle à l’intérieur, elle se consacre exclusivement à l’étude des Pokémon. Aucun des auteurs contemporains n’en n’a jamais fait mention et ses rares successeurs qui ont eu la chance et l’honneur de consulter son œuvre sont tous dithyrambiques. Lorsque leurs textes sont dépouillés de tous les superlatifs, qu’on essaie de démêler le vrai du faux, ils se révèlent bien creux. Des philologues parmi les plus éminents ont crû reconnaître son style dans les écrits d’autres auteurs. Avait-elle utilisé un pseudo pour pouvoir être publiée ? Nul ne saurait l’affirmer en l’état actuel de la recherche. Bref Lucia, qui qu’elle ait été, est une anomalie qui n’existe que par son œuvre, sans passé et sans avenir, son identité perdue dans les méandres du temps.
Connaître la vie de Lucia n’est heureusement pas un prérequis pour estimer son travail à sa juste valeur. La légende raconte que seul cinq exemplaires de son œuvre aient survécu. Une froide nuit d’hiver, l’imprimerie où était entreposé le manuscrit original avait brûlé dans un incendie. Les différentes versions de l’histoire ne s’accordent pas quant à la cause du sinistre : tantôt l’imprimerie est frappée par la foudre tantôt attaqué par une horde de Pokémon enragés. Il a même été supposé qu’un rival jaloux du travail de Lucia y aurait délibérément mis le feu. Mais miraculeusement, un Pokémon – et là toutes les traditions l’affirment d’une seule et même voix – Créhelf sortit des flammes avec cinq copies du manuscrit qui avait pu être imprimées la veille. Personne ne se l’explique au vu de l’immense valeur scientifique de l’ouvrage mais curieusement aucune réédition n’a jamais vu le jour. Ces livres bénis par l’Incarnation du Savoir étaient devenus de véritables reliques.
Ces cinq exemplaires ont voyagé de leur création à aujourd’hui ; la bibliothèque de Joliberges a réussi à mettre la main sur l’un d’entre eux moyennant une somme d’argent considérable ; Adrien s’était toujours étonné qu’un ouvrage d’une telle valeur soit mis à la disposition du public sans plus de précaution mais c’était une fierté pour Joliberges de laisser ses trésors à tous. Le renommé professeur Sorbier en possède également un, qu’un savant tel que lui en ait un n’a en soi rien de surprenant, mais au vu du prix déboursé par la bibliothèque, on ne peut que se demander comment il a atterri entre ses mains ; un héritage affirme-t-il. Les trois derniers n’ont pas refait surface et doivent se terrer dans les étagères poussiéreuses de cupides collectionneurs.
Après avoir relu un nouvelle fois la page de titre, il se rendit tout de suite à la page 58. Son visage s’illumina aussitôt. Ils étaient là les Caninos ! L’original de sa carte postale – quoique le terme d’original n’est pas le plus adéquat car cette image est par définition une impression. L’encre délicate s’était déposée sur le papier. Comment quelque chose d’apparence si fragile pouvait survivre pendant des siècles sans perdre de sa splendeur ? Conservée avec soin dans cette bibliothèque nul doute qu’elle perdurera des siècles encore. Le noir de l’encre n’avait pas perdu de son éclat, le blanc était toujours d’un blanc impeccable. L’art est éternel !
La gravure occupait la page entière. Quel choc s’eut été lorsque, tournant une énième page, il la découvrit. Elle s’offrait pleinement, comme chacune des illustrations, aux lecteurs téméraires qui s’aventuraient à travers ses feuilles aux propos parfois opaques, une douce récompense, un bref répit qui ponctue leur parcours dans leur quête de connaissance.
Les Caninos au nombre de sept formaient un groupe compact ; ils dormaient paisiblement au pied d’un immense rocher. Tout autour d’eux, des nuées délimitaient la scène ; le contraste entre les Caninos rendus presque tangibles à coups d’incessantes hachures et les nuages sombrement tracés d’une ligne souple qui composaient cet espace immatériel était saisissant. Le dessinateur possédait un talent technique indéniable mais aussi un sens de la composition d’une rare expressivité. Bien que les Pokémon sommeillent suggérait déjà un environnement nocturne, on sentait réellement la scène gagnée par les ténèbres. Lucia raconte qu’à la nuit tombée, pour garder leur corps à bonne température, ils se collent les uns contre les autres et économisent ainsi leur énergie. L’artiste a eut tout le loisir de les observer alors qu’ils sont d’ordinaire si difficiles à approcher. Une fourrure plus épaisse se manifeste au niveau de leur tête, elle est si fournie qu’elle leur recouvre complètement les yeux, c’en a à se demander comment ils peuvent voir quelque chose mais apparemment ils se repéraient surtout grâce à leur flair hors pair. Une corne minuscule, loin des extravagances qu’il a déjà pu rencontrer, se dresse timidement au sommet de leur crâne.
Peut-être était-ce dû à l’affect tout particulier qu’il entretenait avec sa carte postale mais les Caninos semblaient plus vrais que nature. Son sentiment était renforcé par les autres gravures dont les Pokémon qui côtoient encore les humains étaient dépeints à la perfection.
L’un des Caninos, situé en haut à droite du groupe, l’avait toujours intrigué. Il regardait droit dans la direction du spectateur, du moins était-ce l’impression qu’il renvoyait car ses yeux étaient cachés derrières des touffes poils et il était impossible de déterminer s’il était endormi ou éveillé. Les peintres avaient souvent l’habitude de glisser dans leur œuvre un admoniteur, une figure qui fixe le spectateur pour l’interpeler et l’aider à se projeter dans la toile. Ce regard était-il un ajout de l’artiste ou bien ce Caninos avait conscience d’être épié par une âme étrangère ? Adrien préférait croire la magie de la seconde option, que l’artiste avait su croquer ce moment privilégié, effacer sa présence pour ne pas effrayer la créature, qu’un court instant, leur regard se sont croisés et qu’ils ont communié sous la clarté lunaire.
Adrien soutenait avec intensité son regard durant longues secondes ; il voulait ressentir ce qu’avait éprouvé l’artiste comme si on en parvenant le Caninos lui révèlerait ses secrets. Il avait répété cette opération des dizaines de fois sans jamais rien en obtenir mais il persévérait. Il fut brusquement tiré de sa contemplation par une timide voix.
– Vous aussi ils vous fascinent ?
C’était la vieille femme à qui il avait demandé le livre.
– Pardon, répondit-il confus.
– Les Caninos. Vous regardiez cette image tout sourire. Je n’ai pas pu m’empêcher de vous le demander.
Bien que dans son cas, la fascination tournait à l’obsession.
– Qu’est-ce que j’aimerais en revoir un, dit-elle avec un lyrisme affiché.
Le sang d’Adrien ne fit qu’un tour. En revoir un ? Il n’avait pas rêvé, c’est bien ce qu’elle venait de dire. L’excitation le gagnait. Cependant à force de suivre la trace de tous les témoignages qu’il avait lu ou entendu, il se forçait à ne pas céder trop vite et à alimenter son jugement d’une pointe de scepticisme.
– V-vous en en avez-déjà vu un ?
Adrien se rendit compte qu’il ne voyait le visage de la femme pour la première fois que maintenant malgré les nombreux coups d’œil jetés dans sa direction ; il n’avait eu d’yeux que pour le bestiaire. Il se sentait honteux. Sa peau hâlée était typique des personnes qui passent leur vie à travailler dans les champs sous un soleil de plomb. Ce teint était familier à Adrien, les habitants de l’Île aux Monts Abrupts vivaient majoritairement de la culture des champs il y a encore une génération. Ses yeux étaient si petits qu’ils se fondaient dans la masse de ride dont son visage était chargé. Malgré tout elle paraissait pleine de vigueur.
– Moi ? oh non ! c’est mon mari mais il m’en a tellement parlé que c’est tout comme.
– Seriez-vous d’accord de me raconter comment ça s’est passé ?
Elle accepta avec plaisir. Ils se rendirent dans les jardins de la bibliothèque où ils s’assirent sur un banc en bois dans l’ombre de l’une des ailes du bâtiment. L’endroit était calme, quelques étudiants discutaient ça et là et des Etourmis sautillaient sur le sol pavé. En chemin, Lisabetha – c’était son prénom – lui expliqua que son mari l’avait quittée il y un peu plus de deux ans.
– Je suis désolé.
– Ne vous en faîtes pas, il est parti heureux.
– Oui, c’était il y a une cinquantaine d’année. Nous vivions au pieds d’une montagne et il était féru d’escalade. Il partait parfois des jours entiers sans prévenir. La nuit était en train de tomber et il n’était pas toujours pas rentré.
Elle parlait lentement, le visage perdu dans la nostalgie.
– Vous avez dû être très inquiète.
– Cet imbécile avait fait une mauvaise chute et avait cassé son bras. Par chance, il a pu se réfugier dans une grotte non loin. Il m’a raconté qu’il y avait été accueilli par des Caninos d’Hisui qui ont passé la nuit avec lui et qu’ils l’ont mené vers un sentier le matin. Vous imaginez bien que je ne l’ai pas cru, l’espèce est éteinte depuis des décennies. Mais regardez…
Elle sortit de son sac une petite pochette en tissus.
– Tenez, dit-elle en tendant l’objet. Touchez !
A peine l’avait-il empoigné qu’il sentit de la chaleur s’en dégager.
– Il y a des poils de Caninos à l’intérieur. Mon mari en était recouvert quand il rentré. Plutôt que de les jeter, nous avons décidé de les fourrer dans ce genre de pochette.
– Incroyable ! Même après toute ces années, ils brûlent toujours !
La fourrure des Caninos était réputée pour ses propriétés thermiques. Les témoignages écrits qui ont traversé les âges attestent de cette caractéristique, mieux elle a été prouvée par les manteaux, les couvre-chefs, les gants, les bottes, les coussins et bien d’autres accessoires confectionnés à partir de leur fourrure. L’un des plus célèbres exemples est la chape de la Cathédrale d’Unionpolis portée par l’évêque lors des grandes cérémonies : un manteau pourpre aux reliures d’argent démesurément long, recouvert au niveau des et de la poitrine par un épais chaperon d’un blanc immaculé.
Du fait des hivers rudes de la région, elle était très prisée par l’industrie du textile. Cependant, à mesure que la société se développait à Sinnoh, la demande de vêtements conçus à partir de la canine, le tissu fabriqué avec leurs poils, explosa. Comme les Caninos n’ont jamais pu être domestiqués, ils ont été chassés, traqués, braconnés jusqu’à l’extinction. Evidemment plus leur population diminuait plus leur valeur augmentait et plus leur chasse s’intensifiait. Une espèce entière réduite au silence au cause de la vénalité et de la concupiscence des hommes. Quel cruel gâchis…
– Mon mari avait l’habitude de dire que notre amour durerait aussi longtemps que ces pochettes nous tiendraient chaud.
Un silence s’installa, la chevelure blanche de Lisabetha flottaient tendrement sous le passage du vent. Un Etourmi s’approcha d’elle et la regarda d’un air dubitatif.
– Est-ce que j’ose vous demander où est-ce que ça s’est passé ?
– Je ne saurais pas vous indiquez l’endroit exact, il a toujours refusé de révéler l’emplacement de la grotte. Mais nous vivions à l’époque sur l’Île aux Monts Abrupts.
Ainsi c’est au Mont Abrupt, au cœur de sa région natale, là où il avait commencé ses premières – naïves – expéditions, comme un retour aux sources, qu’il poursuivrait ses recherches.