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Liberté, Liberté de Feather17



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» Auteur : Feather17 - Voir le profil
» Créé le 31/10/2021 à 18:02
» Dernière mise à jour le 31/10/2021 à 18:02

» Mots-clés :   Mythologie   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh   Slice of life   Song-fic

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Chapitre 8 : Le chemin de l'histoire
« Qui suis-je ? »

Huguette Tubman se pose cette question depuis sa plus tendre enfance. Aujourd’hui, elle y a trouvé des réponses, qu’elle a caché au cœur de son vieux grigri qui ne la quitte jamais. Comme béni par ses ancêtres, son amulette la protège et lui donne le courage de se réveiller chaque jour, de vivre pleinement chaque horrible journée de la réalité aliénée de Sinnoh.

Les fantômes du passé qu’elle a réveillé en révélant les crimes commis aux générations précédentes, ont réanimé les démons les plus troubles de la région. Sinnoh n’est plus ce qu’elle a été. De grandes catastrophes la secouent, détruisent des villes, déchirent des familles. Elle sait qu’elle n’en est pas responsable, même si tous les médias veulent lui en incomber la faute. Elle sait qu’elle aura fait tout ce qui est en son pouvoir pour lutter contre les ennemis de la paix. Elle sait qu’elle n’a plus d’autre choix que de quitter le continent pour sa propre survie. Elle laisse derrière elle un territoire de chaos et de détresse.

Elle n’a pas remporté les élections présidentielles. Il leur manquait une centaine de milliers de voix. Elle n’a pas réussi à les rassembler. Il faut dire que les médias ont fait ce qu’ils ont pu pour l’en empêcher. En boucle étaient diffusées les images les plus manipulées sur sa personne, sur toutes les chaînes locales ou nationales, avec comme figure de proue de cette grande mascarade les journalistes de la chaîne Féli-Télé qui n’ont jamais digéré l’affront qu’elle leur a fait en leur tenant tête.

Les communautés les plus défavorisées, où sont regroupés les derniers survivants de ce qu’elle a appelé « les descendants des esclaves », sont les cibles d’attaques terroristes menées par la Team Galaxie. Le groupe s’est élargi de centaines de membres, si bien que les forces de police n’ont plus su leur faire face, si bien que l’Armée des Gallame a dû battre en retraite. Endoctrinés, aveuglés par le charisme de leur chef de file, les « Fidèles d’Hélio » marchent sur les villes et les dominent les unes après les autres.

Ils commencent toujours de la même manière : ils enlèvent des Pokémons, prennent le contrôle des points stratégiques, comme les lieux de production énergétique, menacent les rebelles, n’hésitent pas à se sacrifier pour semer la terreur, envoie leur armée de Pokémons poisons assassiner les résistants.

Ils ont frappé fort, très fort. L’exemple le plus frappant de leur sauvagerie a été l’épisode du Lac Courage qui a été entièrement ravagé par une bombe d’une intensité jamais calculée auparavant. Le paysage a été effacé de la carte, l’eau sacré du lac, évaporée. Chaque lieu de culte des populations dominées par la secte a été éradiqué. Leurs divinités, souillées.

Les champions de la Ligue Pokémon se sont unis afin de leur faire front. Sans résultat. Tanguy, ce traitre à leur idéal Poké-Humaniste, a finalement déposé sa démission et a disparu de la circulation. Les membres du Conseil des Quatre ont tous pris la fuite sous la menace d’un dernier attentat ravageur. Car la Team Galaxie est prête à révéler ses desseins les plus sombres et à saccager pour toujours l’équilibre de Sinnoh en prenant d’assaut le sanctuaire le plus protégé de la région : les Colonnes Lances sont en danger.

Il ne reste qu’un seul espoir : celui de la résistance menée par un petit groupe de vaillants combattants dont la tête pensante se terre dans les souterrains de Sinnoh. Personne ne l’a jamais vu, mais son pseudonyme circule dans tous les réseaux de résistance comme un message en provenance des jours heureux : Beladonis. C’est lui qui l’a contactée. C’est lui qui l’a intimée de s’enfuir de Sinnoh, au cas où son dernier plan guerrier échoue. Au cas où ses derniers soldats, deux adolescents à peine entraînés, échouent leur mission de sauvetage aux Colonnes Lances. Au cas où tout espoir de résistance soit annihilé par les forces supérieures que compte convoquer la Team Galaxie.

Sur le bateau de pêche de son vieux père, Doni dans ses bras, Huguette regarde le continent s’effacer à l’horizon. L’équilibre de la vie à Sinnoh ne repose plus à présent que sur les épaules de deux enfants.

*
Doni aboie au loin. Ils sont arrivés. Épuisée par ce long voyage, Huguette dépense ses dernières ressources d’énergie pour quitter enfin cette forêt épaisse et déboucher au sud sur un magnifique village perché sur une flanc de montagne. L’océan est magnifique et le soleil brille d’un sourire radieux sur l’Aire de Détente qui s’offre à elle.

Le village balnéaire est si petit qu’elle s’étonne d’avoir lu dans les carnets touristiques qu’à peine une vingtaine de personnes y a élu domicile. Jusqu’ici, elle n’a encore rencontré que très peu de monde, et la plupart d’entre ses nouvelles connaissances ont pris la fâcheuse habitude de se cloitrer dans le mutisme. Elle a visité de long en large cette grande île sauvage où elle a trouvé refuge après son exile, et aucun des visiteurs de l’Aire de Combat ou de l’Aire de Survie ne s’est beaucoup épanché en paroles en son contact. Sa réputation l’a précédée. Les populations locales préfèrent garder leurs distances.

Si Huguette a choisi cette île particulière pour prendre la fuite des affrontements à Sinnoh, c’est en partie parce qu’il s’agit du seul territoire qui n’a pas subi l’influence de la Team Galaxie. En étudiant les trajets de migration des esclaves durant le Moyen-Âge, lors de son enquête à la bibliothèque de Joliberges, elle a découvert que les Pokémons et leurs maîtres jugés « périmés » par leurs propriétaires, c’est-à-dire qu’ils ne pouvaient plus travailler à cause de problèmes de santé et que leur entretien commençait à leur coûter trop cher, étaient envoyés par galère sur cette île reculée afin d’y attendre la mort. Cette île voûtée, pénétrée par un gigantesque lagon, avait été pendant des siècles la destination finale du voyage des esclaves.

Aujourd’hui, les populations sur cette île sont métissées, créolisées, mais toutes connaissent l’histoire de leurs ancêtres et portent les stigmates des traumatismes passés. C’est la raison pour laquelle Huguette a préféré les laisser en paix partout où elle a croisé des citoyens locaux. Elle a préféré les observer évoluer en harmonie avec leurs Pokémons dans la nature sauvage de l’île. Ici, les Pokémons sont exotiques et revêtent des formes qu’elle n’a jamais vues auparavant.

Huguette se sent en sécurité, ici. Elle se sent en paix, parmi les siens. Elle y terminera sa vie comme de nombreux ancêtres avant elle. Mais l’ancienne journaliste a besoin d’apporter une conclusion à son enquête. Voilà pile un an qu’elle a découvert les cadavres cachés sur la rive du Lac Courage. Elle a besoin, par sa présence à l’Aire de Détente, de boucler la boucle.

La station balnéaire ressemble à bien des égards à tout ce qu’elle exècre sur le vieux continent : pas très large si bien qu’on peut balayer d’un coup de tête l’entièreté de la ville, elle s’étend sur plusieurs niveaux grâce à des ascenseurs publics. Derrière la frontière délimitée par la forêt, l’océan scintille jusqu’à perte de vue. Aucun bâtiment n’a la sobriété attendue d’un lieu de pèlerinage. Au contraire, les quelques habitations sont toutes des villas luxueuses aux domaines fastes et protégées par des barrières de sécurité. Elle se demande comment les descendants des esclaves en fin de vie ont réussi à accumuler autant de richesse. Ou bien est-il possible que la classe des dominants se soient aussi installée sur cette île au fil des années ?

Huguette et Doni se baladent dans les rues chiques de la station balnéaire : pas un déchet ne traine au sol, pas un reste de baie, pas une page de « La Dépêche Pokémon » abandonnée par le vent. Les deux amis passent devant une petite bâtisse suspendue par des colonnades dorées et dont la façade présente les gravures suivantes : « Club Ruban ». Elle se jure de ne jamais y mettre les pieds !

Plus loin, elle trouve enfin le lieu qu’elle cherchait et étouffe une exclamation de surprise. A l’endroit exacte des coordonnées géographique qui indiquent le lieu où s’est déroulée la dernière bataille qui a clôturé les révoltes d’esclaves des siècles derniers, une villa isolée resplendit sous les rayons du soleil. On dirait que le matériau utilisé a été puisé dans une mine de platine de qualité. La grille est ouverte derrière un panneau indiquant la vente du bâtiment. Huguette ose pénétrer dans le jardin du domaine et avec Doni, ils doivent marcher une bonne minute pour atteindre le seuil de la villa. La porte d’entrée, en bois massif, est entrouverte. Elle n’attend pas d’autorisation et décide d’y pénétrer. De toute manière, si la villa est en vente, personne ne lui en tiendra vraiment rigueur.

Les dizaines de locaux sont entièrement vides, ce qui agrandit davantage l’espace démesuré que prend la villa. Le parquet est lisse, soyeux, ciré à la perfection. Le plafond est paré de petites perles incrustées dans le plâtre. Un gigantesque lustre en diamant trône fièrement au-sommet du vaste salon. Huguette a envie de vomir.

— C’est un peu trop pour moi, si vous voulez mon avis.

Huguette sursaute et fait volte-face. Doni se cache derrière ses jambes alors qu’une jeune femme à la très longue crinière dorée pénètre dans le salon. Sa peau est aussi blanche que la pureté de la neige éternelle du Mont Couronné, et sa longue cape noire lui donne une prestance innée.

Quelque chose dans sa posture droite et assurée lui indique que la jeune femme est une dresseuse accomplie. Elle a vu Doni du coin de l’œil et s’en approche. Elle s’accroupit face au Pokémon rare et tend une main pour le caresser. Doni se laisse faire. Huguette observe.

— Tu es un bien beau et vigoureux Dinoclier, dis donc, commente la dresseuse en lui adressant un sourire chaleureux. Tu feras un très fier Bastiodon si tu le souhaites.

La dresseuse lui offre une Baie Charti que Doni engloutit sans ménagement avant de tourner sur lui-même de contentement. La jeune femme blonde se relève et inspecte les yeux sans rien ajouter de plus.

— Vous êtes la propriétaire de cette villa ? interroge Huguette sur son habituel ton professionnel.
— Oui.

La dresseuse n’est pas très loquace. C’est rare. D’habitude, les gens qu’elle interroge aiment parler de leurs possessions sans qu’on ne leur demande.

— C’est joli, n’est-ce pas ? demande la dresseuse.
— C’est trop cher pour moi, répond aigrement Huguette.
— Je m’en doute.

Huguette laisse échapper un tchipe incontrôlé. Doit-elle se sentir vexée ?

— C’est trop cher pour n’importe qui, rajoute la dresseuse.

Huguette lui lance un regard sceptique. Cette femme ne se prend pas pour le bas du panier !

— C’est même trop cher pour ce que cela vaut. Mais son emplacement fait grimper sa valeur.
— Vous connaissez l’histoire de ce lieu ? s’étonne Huguette.

Rares sont les blancs qu’elle a croisé qui se sont intéressés à l’histoire des esclaves.

— Bien sûr. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de l’acheter.

Huguette se scandalise silencieuse. Encore un exemple d’appropriation culturelle qu’elle ne peut plus supporter. La dresseuse se tourne vers l’ancienne journaliste. Le regard qu’elle lui lance la pénètre. C’est comme si elle l’analyse au rayon x. Tout d’un coup, Huguette la reconnait.

— Vous manquez de lucidité, Madame Tubman.

Les présentations n’auront donc pas à se faire. Toutes deux se sont reconnues. Aucune des deux n’a l’avantage.

— Et vous, d’humilité, Maître.

La dresseuse lève un sourcil amusé.

— Je ne pensais pas un jour entendre ce mot sortir de votre bouche, s’étonne-t-elle. Appelez-moi Cynthia, je ne supporte pas moi-même le titre que l’on me donne.

Huguette refuse de céder à ce chantage affectif. Si cette femme s’accroche à son titre de Maître de la région de Sinnoh depuis tant d’années, alors elle se fera un malin plaisir de l’appeler « Maître » avec le ton le plus sarcastique possible.

— Vous savez, reprend le Maître de Sinnoh, l’histoire est un perpétuel recommencement. Le combat que vous menez pour réhabiliter la mémoire de vos ancêtres est juste et honorable. J’aimerais vous voir rétablir leur dignité. Sincèrement.
— Il se peut que cela se fasse au détriment de votre classe sociale, Maître.
— Qu’il en soit ainsi. Nous ne serons pas les premiers à chuter de notre trône d’argent. Connaissez-vous l’histoire profonde de la région de Sinnoh, Madame Tubman ?
— Je la connais assez pour savoir qu’elle s’est érigée sur le dos des plus faibles.
— Vous avez bien raison de le rappeler.

Pourquoi le Maître de Sinnoh lui accorde-t-elle autant de points dans leur discussion. Essaie-t-elle de la prendre au piège ?

— Sinnoh a été découvert deux millénaires avant notre ère par des navigateurs provenant du sud, raconte Cynthia.

Se figure-t-elle qu’elle n’est pas au fait des livres d’histoire que l’on étudie à l’école ?

— Le territoire était cependant déjà peuplé d’autochtones humains et Pokémons. Malheureusement, la force des envahisseurs et le contrôle organisé qu’ils avaient de la puissance de leurs propres Pokémons leur ont donné l’avantage dans les affrontements. Les autochtones de Sinnoh ont été dominés ainsi pendant des millénaires par les colons venus du sud. Savez-vous comment s’appelle l’évènement fondateur de cette époque ?

Huguette a croisé les bras et attend la réponse.

— La Marche des Bastiodon.

L’ancienne journaliste échange un regard désemparé à Doni.

— Les Dinoclier et Kranidos ont vécu à Sinnoh bien avant leur introduction lors de la période esclavagiste qui a rétabli la domination des blancs. Vous voyez comment l’histoire n’est pas écrite de manière linéaire. Les blancs, les noirs, les bruns,… Les cycles de l’histoire sont remplis d’ironie. Un jour, c’est vous qui dominez, l’autre jour vous êtes la dominée. Ne l’oubliez jamais.

Le Maître de Sinnoh caresse une dernière fois Doni et s’apprête à quitter les lieux. Huguette ne peut plus tenir en place. Il faut qu’elle vide son sac. L’année qui vient de s’écouler a été trop violente d’un point de vue émotionnel.

— Qu’est-ce que vous essayez de me faire comprendre, de cette manière ? s’emporte-t-elle. Qu’il faudrait que nous nous taisions ? Que c’est à notre tour de souffrir parce que vous avez souffert avant nous ?

Cynthia lui accorde un sourire compatissant.

— Non. Je voulais simplement attirer votre attention sur une réalité du vivant. Chaque civilisation est vouée à disparaître et à être remplacée par la civilisation suivante, par la force ou par la volonté. Ce qui se passe ensuite est du ressort politique et ne concerne que ceux qui veulent adopter un comportement vis-à-vis de la société.
— Cette vision de la vie est nihiliste et dangereuse ! Elle condamne les victimes à ne plus en être. Si tel est le cours de l’humanité, alors, ceux qui ont perpétré ces horreurs sur les peuples qu’ils ont dominés ne peuvent plus être tenus responsables de leurs actes. C’est une manière détestable de dédouaner les horreurs qu’ont perpétrées certains groupes sociaux !
— Ne vous détrompez pas. Je condamne ces horreurs et je partage votre combat. Néanmoins, les faits sont là : chaque action humaine est déterminée par un intérêt particulier à mener cette action, qu’elle soit individuelle ou collective. Et chaque action débouche irrémédiablement sur une série de conséquences positives pour les uns, négatives pour les autres. N’êtes-vous pas en partie responsable de la montée en puissance de la Team Galaxie qui se positionne contre vos idées Poké-humanites ? Si vous n’aviez pas réveillé les consciences à Sinnoh, la Team Galaxie n’aurait pas eu le dessein de vouloir les rendormir. Comprenez-vous ?
— JE L’AI FAIT POUR LA DIGNITÉ DES FAIBLES !
— Nous pensons tous agir pour faire le bien. Nos méthodes sont différentes, notre vision du bien est différent, mais aucun d’entre les humains et les Pokémons n’a pour projet de faire le mal. Entre votre idéal et celui de vos adversaires, il y a ce territoire sombre ou le mal a l’opportunité de se développer. Ne faites pas l’erreur de penser que vous êtes différente des autres.

Cynthia la salue et quitte la villa. Huguette ne peut pas en rester là. Elle doit avoir le dernier mot. L’ancienne journaliste court après le Maître de la Ligue de Sinnoh qui, dans le jardin du domaine, a enfourché un gigantesque et magnifique Carchacrok aux écailles couleur bleu nuit.

— Et vous ? Quel est votre idéal ?

Cynthia réfléchit. Du haut de son Pokémon dragon, elle secoue sa crinière dorée et cale son regard dans le sien.

— Je rêve d’un monde où le temps n’a plus d’emprise sur l’espace, si bien que nous puissions tous vivre heureux avec le souvenir de nos défunts.

Les deux femmes s’évaluent du regard. Elles se respectent à présent. Le Carchacrok s’envole dans un nuage de terre séchée, et Cynthia disparaît dans le ciel azur de Sinnoh.

**
Des vagues, lentes, viennent lécher le bord de mer. Elles apportent avec elles des remous du passé. Elles transportent dans l’espace de l’océan infini des milliards de cellules vivantes, décomposées dans le sable fin. Humaines ou Pokémons. Les deux peut-être. Elles se déposent sur le sable. Ou s’éloignent du rivage. Elles se perdent et disparaissent dans la brume de l’horizon.

Huguette médite sur la plage. La mer vient lui caresser les mollets. Ses yeux scrutent l’horizon lointain d’une terre inconnue d’où son peuple est originaire, ses pieds s’enfoncent dans le sable de la patrie de ses ancêtres, et ses mains sont posées sur son ventre rond où se terre, à l’abri des regards indiscrets, l’avenir de ses semblables.

Qui suis-je ?

Je suis une île, un continent. Un pays, une nation. Des populations, un peuple. Je m’étends dans l’espace, et le temps me traverse. L’histoire me façonne et ne me laisse que quelques traces. Je suis réalité, mais ma réalité est fiction. Elle est écrite par les vivants qui se succèdent sur mes terres, avant de disparaître dans ma mémoire. Ils ne font qu’un passage. Ils sont éphémères. Moi, je perdure. Je suis né de forces qui me dépassent, je mourrai des mêmes puissances. Un jour je n’étais rien, maintenant je suis, et demain je ne serai plus.

Je suis Sinnoh.

Et toi, qui es-tu ?


(Extrait du livre « Liberté, Liberté » d’Huguette Tubman, aux éditions « La Dépêche », 13 Rue des Ruines, Bonville.)

Quand tu chantes, je chante avec toi, Liberté
Quand tu pleures, je pleure aussi ta peine
Quand tu trembles, je prie pour toi, Liberté
Dans la joie ou les larmes, je t'aime

Souviens-toi, des jours de ta misère
Mon pays, tes bateaux étaient tes galères
Quand tu chantes, je chante avec toi, Liberté
Et quand tu es absente, j'espère

Qui-es-tu? Religion ou bien réalité
Une idée de révolutionnaire
Moi, je crois que tu es la seule vérité
La noblesse de notre humanité

Je comprends qu'on meure pour te défendre
Que l'on passe sa vie à t'attendre
Quand tu chantes, je chante avec toi, Liberté
Dans la joie ou les larmes, je t'aime

Les chansons de l'espoir ont ton nom et ta voix
Le chemin de l'histoire nous conduira vers toi

Liberté, Liberté

Giuseppe Verdi
***