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Les liens du sang et les liens de l'âme de Praxy



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Informations

» Auteur : Praxy - Voir le profil
» Créé le 30/10/2021 à 12:03
» Dernière mise à jour le 30/10/2021 à 12:03

» Mots-clés :   Amitié   Famille   Mythologie   Présence de personnages du manga   Sinnoh

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L’héritière
De retour dans le manoir des Berlitz et après une discussion musclée, nous avons eu accès aux précieux emblèmes, sous la supervision de la doyenne uniquement bien sûr. Autant dire que nous avons eu l’occasion de faire visiter la propriété à nos invités.

Finalement, Platine a pu sortir certains écussons sous le regard méfiant de sa grand-mère et le soutien compatissant du couple Berlitz, ceux d’Aurel et Lucia. L’un des deux m’a mis mal à l’aise, la gemme centrale habituellement d’un rouge pâle presque nacré était sur celui-ci écarlate, sanglante. Je ne crois pas en avoir vu une autre comme ça. J’ai suggéré de ne pas commencer par celui-là, ce que Platine a accepté.
- Les voilà… Armand, tu es prêt ?
- Prêt.
- Mais qu’est-ce qu’il va faire le jeunot ?
- Ne t’en fais pas grand-mère, il ne va rien faire de dangereux.
- Il a intérêt !

Nous avons tous poussé un soupir collectif et laissé Armand faire son œuvre. La scène s’est transformée et nous nous sommes retrouvés dans un écho du passé.


Aurel et Lucia se tenaient au centre des anciennes Colonnes Lances. C’était alors un magnifique temple dédié aux légendaires d’Hisui. Ils regardaient le ciel avec anxiété.
- Aurel… Est-ce que tu crois que tout est fini ?
- Je pense oui… Mais à quel prix ?
- À quel prix…
La jeune fille baissa le regard, plaçant ses mains en position de prière.
- L’Immaculé… Il a répondu à nous prière et nous a accordé un répit, mais nous ne savons pas pour combien de temps…
- Nous ne verrons sans doute pas ce monstre de notre vivant…
- C’est bien ce qui me fait peur… C’est injuste de laisser un telle poids aux générations future.
- Lucia … Tu as sans doute raison… D’ailleurs, je…
- Oui ?
Aurel se referma, sans répondre. Comme cherchant ses mot, il finit par ramasser une gemme et la lui tendit.
- Prends la.
- Comment ? C’est… ce n’est pas le moment…
- Lucia. Prends la. Tu en auras besoin.
- Tes parents m’ont déjà dit que…
- Ne t’en fais pas pour ça, je m’en charge…



Le souvenir s’est effacé pour laisser place à d’autres. L’emblème s’avéra être celui de Lucia. Nous avons vu les instants marquant de sa vie, lorsqu’elle avait fabriqué son écusson à proprement parler, lorsqu’elle avait pris une position importante dans le Corps des Chercheurs, chacun de ses accomplissements.

- Elle a fait tellement de choses, c’est incroyable…
- Tu l’as dit…
- Mais c’est étrange… je pensais que des souvenirs de la Catastrophe serait suffisamment marquant pour se retrouver là…
- Mais si elle a eu son emblème après ?
- Après ? Oui, c’est possible…Oui, tu as raison Lune, c’est probablement ça…
- C’est dommage…

Nous sommes passés au second emblème. Un frison m’a parcouru l’échine. J’avais un mauvais pressentiment. Malgré mes doutes, nous avons regardé dans les mémoires de l’emblème d’Aurel.


Il faisait sombre. Très sombre. Dans la grotte, Aurel observait la gemme incrustée dans le mur, illuminant son visage avec la couleur du sang. Une chaîne rouge et luminescente était accroché autour, comme fermant une porte qui n’existait pas. Il inspira. Une voix résonna derrière lui.
- Je vous en prie, ne faites pas ça !
Il se retourna.
- Selena… Je croyais que personne ne devait m’accompagner.
- Je sais que ce sont les ordres d’Areng, mais il ne se rend pas compte du danger. Cette pierre sert de sceau. Nous ne savons pas ce qu’il y a derrière cette porte…
- … Je sais. Je le sens. Il y a quelque chose de … de mauvais de l’autre côté. Mais mon père…
- Je le connais bien. Mais croyez moi, si vous faites ça, sa colère sera le moindre de vos soucis…
- Selena !
Areng et Ampahan les avaient rejoint, talonnés par Aaron.
- Est-ce bien la gemme que l’on cherche ?
- Oui, monsieur Areng. L’aura qui en émane… Je n’ai jamais rien vu de tel.
- Parfait. Aurel, prend la.
- Arrêtez, vous ne comprenez pas !
- Il suffit !

Areng attrapa la femme par le poignet. Il confia sa tache à son partenaire avant de sortir de force avec la rebelle. Son écusson presque complet dans les mains, Aurel tremblait. Il ne lui manquait plus que la gemme, mais la peur l’envahissait lorsqu’il regardait celle qui était en face de lui. Le regard du Chef du Corps de Défense pesait sur lui.
- Ne perdons pas plus de temps, cette Grande Expédition a assez duré.
- Vous êtes sur ? Nous devrions …
- Dois-je vous rappeler que votre père nous finance ? Si nous ne rapporterons les résultats qu’il désire, nous aurons de sérieux problèmes.
- Je le sais bien.

Avec appréhension, il saisit la pierre. Les chaînes disparurent instantanément ainsi que la lueur. Plongés dans les ténèbres, deux yeux rouges et brillants les observaient.
- Courrez !
Ils s’enfuirent vers la sortie. Lorsqu’Aurel aperçut la lumière du jour, il entendit les cris d’horreur et de douleurs de ses compagnons.
- Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
- Lucia … Il y a quelque chose là dedans… C’est…
Alors qu’il prononçait ses mots, l’obscurité de la cave commençait à se répandre en dehors, toujours avec ces yeux les fixant. La panique les envahit et tous commencèrent à partir dans toute les directions. La bête attrapait tout ceux qui passaient à sa portée. Jetant un regard en arrière, Aurel aperçut Selena attachée pieds et poings liées et ses alliés tentant de l’aider à s’échapper. Ils étaient vulnérables à la moindre attaque, trop vulnérables. Le garçon était trop loin pour les aider. Il grimpa dans les hauteur pour éviter les attaques toujours plus frénétiques de la créature.

- Par ici !
- Aurel !
Il les regarda avec horreur, seul deux d’entre eux avaient échappé.
- Selena ! Arezu ! Montez !
Elles se rejoignirent. La gardienne supportait la prisonnière évadée, mais elle-même était blessée, tenant à peine debout.
- J’ai essayer de les prévenir…
- Selena… Ce n’est pas votre faute… C’est la mienne.
- Aurel …
- Dame Selena… Il faut que vous partiez.
- Arezu…
- Il y avait des rumeurs sur vous, vous savez… Beaucoup disaient que vous vouliez usurper la place du doyen dans le Groupe Galaxie… Mais moi et les autres … nous avons toujours eu confiance en vous. Ils vont vouloir vous mettre cet accident sur le dos… Alors… Il faut que vous préserviez la vérité… Aurel, Dame Selena.

La jeune femme se retourna, déterminée. Malgré ses blessures, elle allait affronter le danger.
- Arezu, ne fais pas ça !
- N’ayez pas peur pour moi… Que l’Immaculé vous protège…



La scène s’est fondue dans un brouillard épais. Dans le flou, j’ai cru apercevoir Mars, à genou. Elle était en train de … pleurer ? Avant que je ne puisse rien faire, un nouveau souvenir s’est créé devant moi.


Une foule agité et inquiète se rassemblait autour d’une estrade dans la vielle Rusti-Cité. Sur le devant de la scène se trouvaient les survivants de la Catastrophe. Areng s’adressait au public le visage sérieux. Derrière lui, Aurel avait le regard baissé et les points serrés. À coté de lui, Lucia était en position de prière et sans être sereine elle semblait plus apaisée de ses voisins. Lexis, quant-à-lui tentait de cacher ses pleurs et de garder sa dignité.

Lorsque le discours fut terminé, un homme vint les rejoindre, arborant l’emblème des Berlitz. Aurel lui lança un regard haineux.
- Père…
- Je suis content de voir que tu es revenu en un seul morceau… Cette femme a failli mettre tout notre dynastie en péril…
- Vous savez très bien que tout cela n’est qu’un tissu de mensonge…
- Voyons, voyons…
- Je ne veux pas écouter vos excuses. Est-ce que vous avez réfléchi à ce dont je vous ai parlé ?
- Ce dont… tu n’étais pas sérieux, quand même ?
- Je suis on ne peut plus sérieux.
- Aurel. Tu veux vraiment que cette fille soit…
- Oui.

Lucia s’approcha, inquiète.
- Aurel, de quoi tu parles ?
- … Je décidé de renoncer à ma place dans la famille.
- Quoi ?!
- Je t’ai dit ce qu’il se tramait derrière toute cette affaire… Et je refuse de cautionner ça, parce que je suis le responsable…
- Ne dis pas de sottises, mon fils, tu vaux mieux que…
- Silence ! Ce qu’il s’est passé, ce n’était pas anodin… Un sceau a été brisé et pour le refermer les Esprits Vagabonds ce sont sédentarisés dans trois lacs… Ils sont bien plus vulnérable maintenant… Le Groupe Galaxie va envoyer des équipe pour les surveiller et les protéger. Moi-même, je vais m’installer près du Lac Vérité.
- Mais … Et ta famille ? Tu es leur unique héritier…
- Je le sais… Mais j’ai déjà pensé à ça… Tu as gardé la pierre que je t’ai confiée ?
Le père Berlitz fulminait et les interrompit.
- Il suffit ! Cette proposition est inacceptable !
- Je… je ne comprends pas… De quoi est-ce que vous parlez ?
- Lucia… Même si vous venons de milieu très différent, j’ai énormément de respect pour toi… Tu as travaillé dur au nom de ma famille, bien plus que moi même… Alors… Je pense qu’il a une place que tu mérites ici…

La jeune fille s’empourpra. L’homme serra les poings, retenant sa colère.
- Je refuse, point final.
- Alors bonne chance, « Père ». Vous n’avez déjà plus de fils, et plus d’héritiers.
- Reviens ici immédiatement ! Nous n’avons pas fini cette discussion ! Je ne laisserai pas passer un tel affront !
- Aurel… Je…
Il ne se retourna pas, laissant derrière lui son père désespéré. Lucia se poursuivit.

- Aurel ! Pourquoi…
- Lucia… J’ai confiance en toi.
- Oh…
Le garçon sourit, mais ne parvient pas à la réconforter.
- Tu vas me manquer…
- On pourra se revoir, tu sais ?
- Tu reviendras ?
- Sans doute pas tant que mes parents seront dans une position de pouvoir, mais…
Il se retourna, les yeux au ciel rivés vers l’avenir.
- Je pense fonder un village près du Lac Vérité. Un signe d’espoir pour le futur.
- Alors je rejoindrai là-bas…


Le retour à la réalité m’a donné le vertige. Après avoir observé ces mémoires, distante et impartiale, c’en était presque étrange de revenir à ma propre subjectivité. Cependant, je me suis vite rendue compte que seules moi et Cynthia étions dans cet état là. Tout les membres de la famille Berlitz se regardaient les uns les autres, comme ne sachant pas sous quel angle aborder le Donphan dans la pièce. En revanche, les trois autres semblaient bien plus profondément affectés, aux bord des larmes et à bout de souffle. Je me suis approchée d’eux, un peu inquiète.

- Est-ce que ça va ?
- Oui… m’a murmuré Viviane. C’est juste que… c’était intense.
- Vraiment ?
- Oui… Je ne saurai pas vraiment comment le décrire… Même en tant qu’observatrice extérieure, c’est comme si je pouvais ressentir au plus profond de mon être les sentiments de Ryza… Sa fougue, ses craintes, sa peur… C’est comme si j’avais redécouvert une part de moi-même qui était enfouie au plus profond de moi…

Mars et Armand ont approuvé sa réponse en silence. Leurs alter-ego étaient en première ligne, s’ils ont revécu leur souffrance de manière aussi personnelle, je n’osais pas imaginer comment ils devaient se sentir désormais.

J’ai entendu derrière moi la doyenne grommeler à propos d’honneur et de honte. Je n’ai pas vraiment compris ce qu’elle avait dit, mais j’ai rapidement saisi l’idée. Elle manquait désormais l’argument contre les idées de sa fille.

Platine me prit sa main en souriant.
- On dirai que tout est en train de s’accélérer…
- Oui !
- Je vous entends manigancer les jeunes ! La petite ne va pas s’en sortir si facilement ! Elle va devoir faire ses preuves !
- Grand-Mère, elle …
- Ne t’en fais pas… Je vais vous montrez de quoi je suis capable !
- J’aime cet état d’esprit…
Platine me murmura à l’oreille :
- … petite sœur.

Après tout ce chemin parcourut et malgré tout ce qu’il me reste encore à traverser, je suis plus optimiste que jamais. Je gagnerai le droit d’appeler Platine ma grande sœur aux yeux de sa famille, peut être même plus.