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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 23/10/2021 à 07:25
» Dernière mise à jour le 23/10/2021 à 07:25

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 409 : L'Héritier et le Héros
- Cette région empeste la corruption et le malheur. Mon Auge Allwisend ne saurait se tromper !

Asthyrché, qui était habitué aux déclarations délirantes et théâtrales de son jeune protégé, se contenta de répondre :

- Je n'ai pas besoin d'Œil Omniscient pour le remarquer. Il suffit d'avoir des yeux normaux, et un nez.

Le Pokemon et l'adolescent qui le chevauchait avaient quitté Sinnoh par la mer, à l'aide de Pokemon aquatiques, pour parvenir jusqu'à Kanto. La région était dans un sale état. Recouverte de nuages noirs et de brumes, il n'y avait plus grand-chose qui y vivait. Elle avait été littéralement dévastée par la marche de l'Armée des Ombres, et les destructions apocalyptiques perpétrés par le chef des Démons Majeurs, Wrathan de la Colère. Et plus ils avançaient vers l'ouest, en direction du Mont Argenté et de la frontière avec Johto, plus l'atmosphère devenait pesante, l'odeur insupportable et les paysages de désolation nombreux.

Asthyrché aurait préféré épargner ce triste spectacle au jeune garçon sur son dos. C'était la première fois qu'il quittait son sanctuaire dans les montagnes de Sinnoh pour aller voir le reste du monde, d'autant que Kanto était la région natale de son père. L'adolescent, qui répondait au nom de Reinheit, se passa une main dans sa chevelure décolorée, une mimique qu'il avait naturellement héritée de son géniteur.

- Dis, fidèle compagnon... Pourquoi Worm n'est pas venu nous prévenir lui-même que la bataille allait commencer, au lieu de nous envoyer un message par Pokemon qui a mis des lustres à arriver ? Nous serons en retard maintenant à cause de ça !

- J'imagine que Worm était occupé à autre chose, se contenta de répondre Asthyrché. Mais comme tu le dis souvent : le héros se fait toujours attendre, non ?

- C'est juste, acquiesça Reinheit. J'ai longuement préparé ma venue et mon discours de présentation auprès des autres valeureux combattants de l'Innocence qui se trouvent déjà là-bas. Riveloru a hâte, lui aussi.

Le fameux Riveloru était l'alter-ego de Reinheit. Où que l'un soit, l'autre était là aussi. En ce moment même, Asthyrché les portait tous les deux, même si qu'un seul était physiquement là. C'était là une caractéristique de la famille du jeune humain, depuis plusieurs générations. Ça, les cheveux blancs, et sans doute aussi une certaine excentricité chronique...

Asthyrché était un Gardien de l'Innocence, qui avait servi le père du garçon comme partenaire Pokemon des années durant. Il accomplissait la dernière mission qu'il tenait de lui, en ayant pris soin de cet enfant pendant quinze ans, et aujourd'hui, en le guidant jusqu'à la dernière bataille, où sa présence avait été prévue et calculée le jour même de sa naissance.

Le père de Reinheit avait fomenté bien des plans pour tenter de contrer ceux d'Horrorscor, et pour sauver un être cher qui comptait énormément pour lui. Reinheit était un peu l'aboutissement de tous ces plans, la carte maîtresse du camps de l'Innocence, restée dissimulée tout ce temps. Le Marquis des Ombres ignorait son existence.

- Tout de même, quelle tragédie que ma cousine soit tombée au champs d'honneur avant qu'on ait pu se rencontrer... fit Reinheit. Le nom de mon illustre famille et son avenir est un fardeau bien trop lourd à porter pour un homme seul... même s'il est le le six-cent quarante-huitième détenteur de l'Auge Allwisend.

Reinheit prenait quasiment tout positivement grâce à sa personnalité excentrique qui le poussait à croire qu'il était un être exceptionnel avec des pouvoirs mystiques, et comme il n'avait rien connu d'autre comme vie, il ne pouvait pas savoir ce qu'il avait manqué. Mais Asthyrché ne pouvait s’empêcher d'en vouloir aux parents du garçon, qui l'avaient privé d'une vie normale et qui avaient planifié jusqu'à son destin. Mais bon, il était aussi coupable qu'eux. Il avait donné son accord à ce plan à très long terme et y avait activement participé en se chargeant d'élever Reinheit selon les souhaits de ses parents.

- Ta cousine sera vengée, et ta sœur sauvée, lui assura le Pokemon Cosmique. C'est ce pourquoi tu es né, Reinheit. Mais une fois que tout cela sera terminé, tu devras vivre la vie que tu souhaites, libéré des arcanes du destin et de la mission que ton père t'a léguée. Tu devras vivre avec les tiens. Les humains.

Ayant passé ses quinze années de vie coupé du reste du monde grâce aux pouvoirs d'Asthyrché qui avait isolé son lieu de vie dans une dimension parallèle pour le cacher, Reinheit n'avait jamais vraiment eu l'occasion de côtoyer ses semblables. Sa mère était morte alors qu'il était très jeune, et même si elle lui avait laissé plein de cassettes vidéos dans lesquelles elle s'adressait à lui, il n'avait jamais réellement pu lui parler.

Il y avait bien Vaslot Worm qui passait une fois tous les ans pour vérifier que l'enfant se portait bien et était en sûreté, et pour donner des nouvelles à Asthyrché, mais cet homme n'était pas spécialement un modèle d'empathie et restait très peu de temps à chaque fois. Au final, Reinheit n'avait côtoyé qu'Asthyrché, son alter-ego Riveloru, et les quelques Pokemon qui vivaient dans le sanctuaire qu'Asthyrché avait bâti pour lui. Ce sera donc compliqué pour lui de s'intégrer dans la société humaine qu'il ne connaissait que grâce aux livres.

- Les humains sont tellement imparfaits que j'éprouverai presque de la honte que mon enveloppe charnelle soit de cette race là, dit Reinheit du ton supérieur de celui qui était au dessus des autres. Mais toi Asthyrché, tu peux tout isoler, même les âmes hein ? Pourquoi ne pas transférer mon âme millénaire et éclairée dans le corps d'un Pokemon qui en serait digne ?

- Si je mettais ton âme ailleurs, Riveloru cesserait d'exister. Il est lié à ton sang, celui de ta famille, mais est né de ton âme. Et puis... transférer une âme dans un corps qui en a déjà une, c'est quelque chose de contre-nature. Les deux personnes souffriront continuellement le martyr, jusqu'à que l'une d'entre elle disparaisse à jamais pour laisser le contrôle à l'autre, ou qu'elles ne meurent toutes les deux. C'est une bien triste existence, réservée à ceux qui n'ont rien à perdre. Et j'aime à penser que c'est justement ce mode de vie précaire et misérable qui a totalement fait sombrer Horrorscor dans le ressentiment et la haine des autres. Il n'était pas comme ça avant, quand il avait encore son propre corps bien à lui et une âme entière. Vivre durant près d'un millénaire avec une âme écartelée, en partageant désespérément des corps humains à la suite, aura fait de lui la moitié d'une ombre d'un être vivant.

- Je vois... fit lentement Reinheit. On oublie ça alors. Je me contenterai de mon corps humain, hautement séduisant par ailleurs. Et concernant Horrorscor, je vais le prendre en pitié et le libérer de sa misère. Allons-y, fidèle compagnon ! Allons le retrouver, ainsi que mon père...

Asthyrché acquiesça et repartit au galop vers l'ouest, là où les ombres se massaient.


***


Des combats éclataient à la fois en bas et en haut de la tour du gouvernement, à Doublonville. Cosmunia et les trois Shadow Hunters avaient pris d'assaut le rez-de-chaussé, tandis que le professeur Chen, Dan Sybel et ses Gardiens de l'Innocence montaient dans les étages supérieurs pour retrouver et sécuriser les Hauts Conseillers de la FAL Sylvestre Wasdens et Marthe.

Les Défenseurs de l'Innocence étaient avant tout des religieux. Ils n'avaient aucun problème avec le fait de mourir pour leurs valeurs extrémistes, mais ça n'en faisait pas des combattants expérimentés pour autant. Tout au plus des forcenés avec des armes. Ils contrôlaient la population grâce à la peur et à leurs punitions moyenâgeuses, pas grâce à la force. Autrement dit, ils se firent joyeusement anéantir.

Mais tout cela, Brimas Atilus n'en avait cure. Que ses fidèles se fassent tuer les uns après les autres ne provoquaient en lui qu'un vague sentiment de fierté, rien de plus. Trop enfoncé qu'il était dans le contrôle psychique des esprits de toute la ville entière et par l'euphorie qui en découlait, il ne se souciait plus du bas matérialisme, alors même que son pouvoir et sa tentative de Coup d’État s'effondrait. Il était sûr de l'emporter, car il pouvait pousser au suicide n'importe qui de cette ville sans bouger le petit doigt. Il était au sommet de cette tour, mais également dans chaque habitants de Doublonville. Il était partout.

Et ayant un accès direct aux esprits de toutes ces personnes, Atilus comprit avec écœurement à quel point l'âme des gens était souillées par le péché. Même les plus vertueux, qui suivaient à la lettre le credo des Blancs Manteaux, le faisaient le plus souvent sous couvert d'une façade. Il n'y avait que peu de sincérité en tout ça. Et ça le rendait malade, lui qui abhorrait le mensonge sous toutes ces formes. Penser que la Reine d'Eryl, qui était par définition un être parfait, aille risquer sa vie pour défendre cette populace dors et déjà corrompue le révoltait.

Poussé par cette colère et ce dégoût, Atilus instilla une envie soudaine de suicide dans une trentaine d'habitants de Doublonville, ceux qui, marqués par les maux de tête violents du péché, essayaient de s'enfuir. Ce n'est qu'après coup qu'il se rendit compte qu'il s'était laissé emporter par la colère, le plus terrible des sept péchés capitaux, et qu'il était revenu sur sa parole de laisser un jour entier avant de commencer à éliminer les pécheurs et ceux qui n'avaient pas pu ou voulu en tuer un. Soudain conscient de cette erreur – non, de cette faute – il se prosterna face contre sol et se cogna violemment la tête plusieurs fois par terre.

- Pardonnez-moi, ô reine, ô déesse ! Pardonnez le vil pécheur que je suis ! Parce que je suis un homme, je suis faible, faible, faible, FAIBLE !

Il continua à se mutiler le front contre le sol en criant, sous les regards incrédules de ses hommes dispersés dans la pièce et des Pokemon Psy présents. Quand il se redressa, il avait la tête quasiment ouverte et le front violet, mais la lueur de folie qui luisait dans es yeux n'en était que décuplée.

- Seule une Innocence pure et parfaite saura me faire pardonner, et avec moi toute l'humanité ! J’expierai mes péchés avec tous ceux qui seront condamnés dans quelques heures, et je laisserai derrière moi une terre vierge de corruption, une terre immaculée, parfaite, où notre reine saura bâtir un paradis avec les élus survivants !

Brimas Atilus écarta les bras, s'enfonçant encore plus dans le lien psychique qu'il avait conçu, ses yeux roulants dans ses orbites, son nez vomissant des flots de sang, et de la bave coulant de son menton. En cet instant, il était la folie incarnée. Et cela se ressenti auprès de tous les habitants qu'il avait sous son contrôle. Ils devinrent encore plus violents et désespérés, certains se mettant à palabrer des phrases sans queue ni tête, d'autre à se mutiler eux-même en rigolant.

Ceux qui étaient le plus affectés étaient les Blancs Manteaux eux-mêmes, qui avaient dès le début liés leurs esprits à celui de leur maître. Dan s'inquiéta de les voir encore plus tarés que d'habitude au fur et à mesure qu'il montait les étages avec son groupe. Et même si sa certitude de ne pas être un ennemi de l'Innocence protégeait son esprit de la main-mise d'Atilus, il pouvait sentir la pression mentale qui englobait toute la ville devenir encore plus forte et délirante.

- Atilus est en train de péter une durite, et il va entraîner toute la ville avec lui ! Fit-il en se tournant vers Chen. Samuel, allez tout seul retrouver Marthe et Wasdens, et tentez de gagner du temps en faisant entendre raison aux gens dehors !

- Comment ça ? Vous voulez que je sorte avec un haut-parleur ?

- Non, il y a bien mieux ici. Cette tour, c'est l'ancienne Tour Radio non ? Les équipements de transmission pour s'adresser à toute la ville sont encore là. Vous et vos collègues, vous êtes les Hauts Conseillers de la FAL. Adressez-vous à vos concitoyens. Puisque Atilus a brouillé leurs esprits, adressez-vous à leurs cœurs. Mes Gardiens vont vous escorter et vous protéger. Vous avez entendu, les gars ?

- Et vous, Premier Apôtre ? Demanda Florian.

- Je vais m'occuper d'Atilus au plus vite avant qu'il ne commette l'irréparable.

- Tout seul ? Mais...

- T'inquiète. Les renforts arrivent.

En effet, les explosions et les cris qui venaient des étages inférieurs s'approchaient de plus en plus. Cosmunia et ses alliés se chargeaient de sécuriser étage après étage presque plus vite que Dan et les siens ne les montaient. Le groupe se sépara donc, Dan ne gardant simplement que quelques Pokemon avec lui. Même sans vouloir paraître ingrat envers les Pokemon en question, il aurait bien aimé avoir son vieux partenaire Asthyrché avec lui. Mais si tout se passait bien, il allait normalement le retrouver son peu.

- Ne pense pas à la fin alors qu'on y est presque, au risque de faire tout capoter, le rabroua la voix dans sa tête.

- Ce serait ballot. Des années de manipulations, de cachotteries et de mensonges, pour se faire arrêter juste devant la ligne d'arrivée par un moine fou...

- Si ça arrive, tu ne pourras que t'en prendre qu'à toi. On avait pas besoin de s'occuper de ce cinglé maintenant. On aurait pu se charger du Marquis, et laisser ça à la FAL ou à Igeus quand ils seront rentrés victorieux.

- Et ils auraient retrouvé une ville en ruine, avec quasiment toute sa population décimée. Pas terrible comme début de règne.

- Qu'est-ce que t'en as à faire ? Tu ne seras pas là pour voir ça.

- Non, effectivement. Et à ce propos, si jamais je n'ai pas d'autre occasion de le dire avant la fin, autant le faire de suite : merci. Merci pour le sacrifice que tu as fait ce jour là. Merci de m'avoir accueilli, de m'avoir supporté tout ce temps, et d'être resté avec moi pour tout ce qu'on a dû faire.

- Non mais tu t'écoutes ? Arrête, c'est répugnant ! T'as craqué ou quoi ?

- C'est bon, pour une fois que j'essaie d'être sincère avec toi... Mais te fais pas d'idées. Mes remerciements ne changent rien au fait que pour moi, tu seras toujours un ver répugnant bouffi d'orgueil et fouille-merde.

- Ah, tu me rassures... Bon, après ces grands sentiments, si nous y allons ?

Tout en parlant, ils étaient en effet parvenus jusqu'au dernier étage, où la pression psychique était la plus forte. La porte était bien sûr protégée par une barrière mentale cumulée de tous les Pokemon Psy à l’intérieur, que Dan mit un moment à briser avec les attaques multiples de tous ses Pokemon.

Dedans, une grande pièce, celle dans laquelle se déroulait les cérémonies officielles, pour le coup transformé en une espèce de salle de congrégation religieuse. Il y avait six Alakazam répartis dans toute la pièce, formant une sorte de dôme en hexagone. Et encore à l’intérieur, quatre Neitram qui entouraient Brimas Atilus, plongé dans un abime d’ondes psychiques qui se répercutaient entre elles.

Dan avait mal à la tête rien que de se trouver à l’extérieur de tout ceci, alors il n’imaginait pas ce que le leader des Défenseurs de l’Innocence pouvait ressentir. C’était à peine croyable que son cerveau n’est pas déjà explosé sous la pression. Dan était obligé de louer la puissance mentale de cet homme, qu’il tirait sans nul doute de ses convictions extrêmes.

Néanmoins, Atilus n’allait pas tenir longtemps comme ça. Il était même sans doute déjà condamné, à voir son visage blafard, en sueur, et son nez qui dégoulinait de sang. Quand il ouvrit les yeux à l’approche de Dan, ces derniers n’avaient plus de pupilles, et on pouvait y discerner des veines rouges énormes.

- Bienvenus, messieurs les impies, déclara-t-il d’une voix rauque.

Il insista bien sur le pluriel de sa phrase.

- Bienvenus à la fin et au commencement, à l’alpha et à l’oméga. Bienvenus dans le début de la nouvelle ère d’une Innocence pure et totale !

Dan s’avança tranquillement jusqu’aux limites du dôme des Alakazam. Ces derniers, tout concentrés qu’ils étaient à dégager leurs ondes mentales, ne firent même pas attention à lui.

- Quelle innocence voyez-vous dans tout cela, au juste ? Demanda-t-il. Je n’y vois que chaos, peur, folie et inhumanité.

- Les outils nécessaires à une transformation, à une oblitération de la corruption jusque dans ses racines, répliqua Atilus. Quel intérêt que la Reine Eryl supprime Horrorscor à tout jamais si à côté, les humains continuent à se corrompre et à faire prospérer le péché ?

- La corruption est une chose naturelle et humaine. Elle existait avant Horrorscor, et continuera d’exister bien après lui, quoi que vous fassiez. Horrorscor voulait simplement la répandre partout et de façon illimitée pour accroître son pouvoir. C’est un peu comme vous, mais dans l’autre sens. Vous voulez répandre une innocence totale pour accroître le vôtre.

Atilus secoua la tête.

- Je n’ai aucun désir égoïste en moi. Je fais cela pour le monde entier dans son ensemble. Je suis le zénith de l’humanité, qui va la mener vers une existence parfaite et vertueuse !

- En éliminant tous ceux qui s’écartent ne serait-ce que d’un millimètre de votre vision si parfaite ?

- Oui. Si on laisse le péché prospérer ne serait-ce qu’un tout petit peu, il s’étendra inévitablement. Je suis dans mon bon droit, Dan Sybel, Héros de l’Innocence factice qui a trahi la volonté d’Erubin !

Dan haussa les épaules, indifférent.

- Erubin, à dire vrai, je ne l’ai jamais rencontrée. J’ignore quel est sa volonté. Mais une chose est sûre : vous, vous avez trahi celle de votre reine, qui porte mon nom. Ses nouveaux pouvoirs et son nouveau statut lui ont sans doute un peu monté à la tête, ce qui peut expliquer qu’elle ait approuvé la création de votre petite secte de timbrés. Mais fondamentalement, Eryl aime les gens, et veut tout faire pour les sauver. Jamais elle ne se serait associée à une telle boucherie.

Atilus sortit de sa transe pour pointer un doigt accusateur vers Dan, et hurla :

- Vous n’avez aucun droit pour parler au nom de la Reine Eryl ! Vous ne savez rien ! Eryl n’est pas votre démone de fille, même si elle en a l’apparence. Elle est l’immaculée Pierre des Larmes, la réincarnation d’Erubin ! Même si sa faiblesse humaine peut assombrir ses divines intentions, au fond d’elle, elle sait ce qui doit être fait ! Tout comme moi !

- Qui parle en son nom, maintenant ? Vous vivez dans une illusion, Atilus. Vous voyez le monde tel que vous voulez qu’il soit, et vous n’acceptez pas qu’on remette cette vision illusoire en cause. En clair : vous n’êtes qu’un extrémiste fou furieux. Et j’ai justement des amis haut placés qui meurent d’envie de le faire savoir au brave peuple.

Juste à ce moment, la voix amplifiée de Samuel Chen résonna dans la pièce… et dans toute la ville de Doublonville, grâce au système de transmission de l’ancienne Tour Radio.

- Habitants de Doublonville, chers compatriotes de la FAL. Je suis le professeur Samuel Chen, à qui la Reine Eryl a fait le grand honneur de devenir l’un des cinq Hauts Conseillers dirigeant à ses côtés. J’ai avec moi Monsieur Silvestre Wasdens, et la Présidente Marthe de la Fédération Ranger, eux aussi Hauts Conseillers.

Atilus fronça les sourcils à cette interruption, comme s’il s’agissait du son que ferait une mouche importune.

- Le chaos actuellement perpétré par Brimas Atilus n’est en rien la volonté de notre souveraine, qui lutte en ce moment même contre les forces du mal à la frontière de Kanto, reprit Chen. Ce n’est non plus en rien la volonté de la Fédération des Alliances Libres, qui a été fondée sur les notions de liberté et de respect de la vie humaine. Les Défenseurs de l’Innocence se sont arrogés le droit de justice, sans se soucier des lois et des droits de l’Homme. Ils ont pris vos vies et même vos esprits en otage, vous poussant à commettre des actes affreux en vous faisant croire qu’il s’agissait de rédemption. Ce n’en est rien. Ce sont des meurtres, purement et simplement. Atilus prétend agir pour supprimer la corruption du cœur des hommes. Son arrogance est aussi forte que sa folie. Car si la corruption généralisée est bien sûre nocive, l’absence totale de corruption le serait tout autant. Si l’être humain ne connaissait aucune tentation de vice, s’il était parfait et pur, comme le souhaite Atilus, alors l’être humain ne progresserait plus. Il ne lutterait plus contre ses mauvais côtés. Sans lutte constante pour s’améliorer, l’humanité stagnerai. L’être parfait n’existe pas, et il ne doit pas exister. Car la perfection n’est pas faite pour les hommes, mais pour les seuls dieux. Ceux qui se prétendent les serviteurs d’une déesse devraient bien le savoir.

La petite pique de Chen à l’intention d’Atilus fit sourire Dan, tandis que le Blanc Manteau blêmit de rage.

- Mes chers concitoyens, vous n’avez plus à vous entretuer pour les lubies de ce fou. Il a d’ores et déjà perdu. En ce moment même, des alliés de la véritable innocence, tolérante et qui sait pardonner, se chargent d’arrêter tous les Pokemon Psy qui entourent Doublonville et qui permettent à Atilus de s’insinuer dans vos esprits. La tour gouvernementale est assiégée par l’extérieur et par l’intérieur. Les Défenseurs de l’Innocence sont neutralisés les uns après les autres. En suivant leurs consignes, vous devenez leurs complices. Ne laissez pas la peur faire de vous des meurtriers.

Le message s’arrêta là, laissant un Atilus fulminant, à tel point que les murs de la salle tremblèrent sous l’effet de sa fureur synchronisée avec l’énergie psychique ambiante.

- Traîtres à l’Innocence ! Insolents infidèles ! Mes mots sont vérité, mes actes sont justice ! Pourquoi ne le comprennent-ils pas ? Pourquoi ne voient-ils pas la droiture de mes actions ?

Vu à quel point et à quelle vitesse Atilus s’énervait, il devait avoir senti que les paroles de Chen n’étaient pas du vent : son contrôle psychique sur la population était en train de disparaître. Il pouvait avoir tous les Pokemon Psy qu’il voulait dans cette pièce, il ne pourrait contrôler personne en dehors si ceux autour de la ville avaient été mis hors de combat.

- Ah, c’est sûr, nous sommes tous aveugles. Faut dire que vous êtes si convaincant en détenteur de la vérité ultime… ironisa Dan.

- Wrathan vous emporte tous ! Vous souffrirez mille éternités durant les affres de la damnation de…

La terrible malédiction d’Atilus se termina dans une explosion quand une partie des escaliers qui menaient jusqu’ici s’effondrèrent, et que quatre silhouettes jaillirent d’en dessous. Les trois silhouettes humaines en costume noir des Shadow Hunters, et celle, lumineuse, violette et étoilée de Cosmunia, qui se posa dans la salle avec grâce.

- Vous vous êtes fait des amis en chemin, Dame Cosmunia, constata Dan.

- Certes. Des amis très efficaces pour se frayer un chemin, et qui ont eux aussi deux trois choses à dire à notre vénéré grand commandeur de l’Innocence.

Trefens manipula son katana entre ses mains, en fusillant Atilus du regard.

- C’est lui alors le responsable de nos maux de tête et de tout ce merdier dehors ?

- Qui es-tu pour me parler ainsi, mécréant ? Cracha Atilus. Ah, je vois… Les fameux assassins avec qui cet infidèle de Mercutio Crust s’est lié pour affronter Lady Venamia ? Qu’on vous ait soigné et accueilli dans un hôpital de notre ville sainte est une hérésie.

Trefens resta de marbre, prêt à combattre, mais Two-Goldguns et Kenda échangèrent un regard perplexe.

- Il utilise beaucoup de grands mots, ce vieux, gné.

- M’en fous. J’ai justement quelques nouveaux poisons à tester.

- Mec, c’est un homme de foi. Ça se fait pas sur un saint homme, gné. Arceus va te punir.

- S’il est pas content, qu’il vienne me voir en personne. J’ai aussi d’autres poisons qui marchent juste sur les Pokemon.

Dan coupa court à leur numéro en s’adressant une dernière fois à Atilus.

- C’est terminé, Brimas. Rendez-vous, et vous ferez fasse à la justice de la Reine quand elle rentrera.

Atilus répondit en envoyant une onde psychique qui les prit tous de surprise et les balaya littéralement. N’ayant plus à se servir des ondes psychiques des Pokemon présents pour s’insinuer dans l’esprit des habitants de Doublonville, il pouvait pleinement s’en servir de manière offensive.

- C’est vous qui ferez face à sa justice, dit le chef des Blancs Manteaux. Mais ce ne sera que vos âmes qu’elle pourra juger, car je lui présenterai vos cadavres !