Derkomai's Mask de weivern

Chaleur étouffante, paysage ennuyeux de roches grisâtres, fumée nauséabonde, Sarah ne surveillait pas le sommet du volcan par plaisir personnel. Elle tira le col de son haut moulant, espérant ainsi rafraichir sa peau basanée. Peine perdue, cela ne fit que lui rappeler qu’elle empestait désormais le souffre et la sueur, bien loin du délicat parfum de sel qui l’accompagnait habituellement.

Dire qu’en ce moment, elle pourrait être en train de faire de la plongée en compagnie de pokémons colorés, rédiger quelques rapports en admirant les lueurs de l’océan, profiter de l’apaisement que lui procurait le roulis des vagues. Et puis il fallait aussi s’occuper du navire et de la fameuse peinture qui n’était plus que rouille. Mais ce n’était plus vraiment au programme puisque monsieur le capitaine avait décrété qu’il en avait marre de la biologie marine et qu’il avait bien l’intention de réveiller Kyogre. Excellente idée, surtout quand on savait comment cela s’était fini la dernière fois.

- Quel idiot, grimaça-t-elle.

Elle croyait naïvement que les sourires d’Arthur étaient sincères lorsqu’ils naviguaient ensemble, qu’il avait vraiment tourné la page. Après tout, n’avait-il pas promis après leur précédent échec que toutes ces histoires ne l’intéressaient plus et qu’il voulait repartir de zéro. Sarah se mit à triturer sa mèche bleue, l’une des seules parmi ses cheveux noirs.

La biologie marine… finalement c’était juste une blague, une couverture mise en place par Arthur le temps d’élaborer son nouveau plan. Et elle s’était laissée berner jusqu’au moment où il lui avait avoué ses ambitions et demandé son aide. Stupide, délirant, mégalomane, c’était les réponses qu’elle lui avait données… Alors pourquoi l’avait-elle suivie en définitive ?

- Quelle idiote ! cria-t-elle.
- Ce n’est que maintenant que tu t’en rends comptes, plaisanta Matthieu dans son dos.

Il avait toujours le mot qui faisait plaisir… Sarah fixa quelques secondes la lettre « A », symbole de leur team, marquée sur le torse nu de l’homme dont l’imposante musculature semblait avoir déchiré l’uniforme. Lui, c’était juste un marin qui avait croisé leur route et qui se sentait redevable envers celui qui avait sauvé sa vie. Il n’avait ni ambitions, ni désir particulier d’étendre les mers. C’était juste un matelot dévoué à son capitaine. Un homme docile qui n’avait pas posé de questions lorsqu’Arthur l’avait nommé Admin de la nouvelle Team Aqua.

- Vous avez fini ? demanda Sarah espérant que son calvaire se termine bientôt.

Matthieu fit un signe négatif de la tête avant d’expliquer :

- Arthur m’a dit qu’il s’en chargeait et qu’il préférait que je vienne t’aider à surveiller les lieux.
- C’est vrai qu’il n’a pas besoin de quelqu’un à côté de lui pour appuyer sur une tablette, répondit-elle acerbe.
- Il n’y a pas grand-chose non plus à faire de ce côté, grommela l’Admin.
- Eh bien si ça t’ennuie tu peux partir, je ne te retiens pas !

L’homme avait fait un pas en arrière. Il avait beau être grand, puissant, musclé, le cuir endurci par des années passées en mer, il palissait toujours dès qu’une dispute éclatait au sein de l’équipage. Sarah délaissa sa mèche turquoise, laissant son regard dériver sur quelques sbires assis en cercle qui jouaient aux cartes. Ce n’était pas la méthode la plus efficace quand on était en charge de la surveillance, mais au fond Sarah s’en fichait. Ces hommes ne faisaient pas partis de leur ancienne équipe, ni même de l’équipage qu’ils avaient formé peu après leur échec avec Kyogre. Eux, ils ne pensaient qu’au profit qu’ils pourraient avoir en prenant le contrôle de la légende d’Hoenn. Le pire c’est qu’Arthur le savait pertinemment et pourtant il les acceptait… Où était donc passée l’époque où tous les membres de la Team Aqua avaient la même idéologie, le même rêve ?

- T’es vraiment à cran ces derniers temps, remarqua finalement Matthieu.
- Pas la peine de me le dire, soupira-t-elle. Tu te rends compte qu’on n’a toujours pas refait la peinture de notre navire.
- Tu voudrais quelle couleur ?
- Blanc. C’est bien le blanc avec sans doute un liseré bleu en travers. Simple mais chic.
- Et faudrait aussi réécrire le nom, y a déjà trois lettres qui ne sont plus visibles.

Sarah croisa les bras avec un petit sourire. Si Arthur se joignait à la discussion il n’hésiterait pas à clamer qu’il fallait tout peindre en bleu, avec pour seule justification : « Le bleu, y a que ça de vrai. » La femme regarda derrière elle, essayant de deviner à travers la fumée blanche l’ombre de son chef.

- Tu crois que ça va marcher ? demanda soudain Matthieu en jetant lui aussi un coup d’œil nerveux derrière lui.
- Comment tu voudrais que je le sache ? soupira-t-elle.
- Te fais pas plus bête que tu ne l’es. T’es une ancienne de la Devon Sarl, tu dois forcément savoir.

Un autre profond soupir de la part de Sarah. Effectivement, elle avait bien jeté un œil aux programmes de la machine qu’Arthur avait fait fabriquer à Kalos. Elle se demandait d’ailleurs comment il avait pu contacter un laboratoire de là-bas et les convaincre de construire une telle chose. Plusieurs tonnes de ferrailles, des tas de composants électroniques savamment assemblés pour produire un rayon d’énergie qui, théoriquement, serait capable de recréer l’Orbe Rouge en se mélangeant à l’énergie du Mont Chimnée. L’objet censé contrôler Kyogre et qui avait été détruit lors de leur précédente tentative. L’orbe qui avait pris le contrôle de l’esprit d’Arthur à l’époque…

- Sincèrement, je préfèrerais que ça échoue.
- Je pense que ton souhait pourrait être exaucé. Il a déjà fait cinq essais et la lave a à peine frémi. En plus son truc met des plombes à charger.
- Mettre du temps à agir c’est différent de ne pas fonctionner, rappela Sarah en frottant ses yeux qui lui piquaient à cause du souffre.
- Peut-être que cette fois, il réussira vraiment à prendre le contrôle.
- Non Matthieu, je vais te dire ce qu’il va se passer : il va fusionner avec l’orbe, devenir complètement barge et se marrer quand il nous verra fuir face à Kyogre.
- Alors pourquoi tu l’aides si tu n’y croies pas ? demanda-t-il sans que le moindre reproche ne transparaisse dans sa voix.

Sarah se figea. Pourquoi ? Effectivement, Arthur ne l’avait jamais forcée à le suivre mais… elle toucha du bout des doigts les lunettes de natation aux verres jaunes qu’elle portait toujours sur son front. Un cadeau que le capitaine lui avait offert pour, selon lui, s’excuser de tous les problèmes qu’il lui avait causé et la remercier d’être toujours restée avec lui.

- Abandonner un camarade en mer, c’est s’abandonner soi-même, murmura-t-elle. Alors je ne fuirai pas, je resterai avec lui jusqu’à ce qu’il retrouve la raison.
- Et s’il ne la retrouvait pas justement ?

La femme eut un léger sourire alors qu’elle ramenait ses mains derrière son dos, observant le ciel qui était peut-être la seule chose qui lui rappelait l’environnement qu’elle aimait.

- On est tous dans le même bateau, alors si le capitaine refuse de changer la direction de son navire, on devra se résoudre à couler avec lui.
- Comme d’habitude en somme, répondit Matthieu dans un grand éclat de rire.

Une sonnerie retentit soudain, évinçant les grondements graves du volcan. L’homme s’empressa de décrocher son Vokit pour écouter la voix paniquée d’un sbire.

- Elle est revenue ! La championne de Vermilava est revenue et elle est complètement tarée !
- Mais vous l’avez arrêtée ?
- Eh bien… elle faisait sacrément peur et…
- Ok j’ai compris, ça va être à nous de gérer ça, soupira Matthieu.
- Ouais ! Montrez-leur la puissance des Admins de la Team Aqua !
- Et vous, qu’est-ce que vous comptez faire ? s’enquit Sarah.
- Bah ce qui était prévu initialement. D’ailleurs on est en retard pour prendre le relais des gars en poste à Vermilava.
- Il n’y aura pas de relais pour l’instant, les coupa la femme.
- Quoi !? Mais ils ont pas dormi de la nuit pour surveiller les habitants. Faut qu’on y aille pour…
- Profiter des sources chaudes, compléta Sarah.
- Profiter… Non ! On n’avait pas l’intention….
- Je préfère que vous renforciez le contrôle des routes pour l’instant. Ce serait gênant si d’autres dresseurs s’approchaient ou au contraire si des gens du coin se décidaient à fuir.
- Et les gars à Vermilava ?
- Ils se débrouilleront, dit-elle pour mettre un terme à la discussion.

Matthieu avait raccroché et s’échauffait en faisant tourner ses volumineuses épaules.

- J’étais persuadé que les gars du téléphone arriveraient avant la championne, on dirait que j’ai perdu mon pari, dit-il perplexe.
- Tu t’attendais vraiment à ce qu’ils envoient des réparateurs en moins de vingt-quatre heures ? Mon pauvre, s’ils mettent moins d’une semaine à s’occuper du problème ce sera déjà un vrai miracle.
- Mouais… répondit l’Admin peu convaincu.

Sarah grimaça, en réalité il avait raison d’être dubitatif. Ils avaient coupé les réseaux téléphoniques du coin et cela depuis hier. Il était évident que les opérateurs n’allaient pas rester sans rien faire. Pourtant, personne n’était encore venu vérifier ce qu’il se passait. Comme s’ils se fichaient de ce qui arrivait à la petite ville et aux bourgades alentours.

- Allez Sarah, faut qu’on s’active maintenant, rappela Matthieu.

En effet, les cris qu’elle entendait au loin laissaient tout à penser que la championne ne tarderait pas à les rejoindre.

- Ou bien la laisser faire et mettre fin à toute cette folie, soupira la femme.
- C’est sûr mais…
- Je sais. Moi aussi, quelque part, je n’ai pas le courage de le décevoir. C’est peut-être pour ça qu’au lieu de tout mettre en œuvre pour l’arrêter, je préfère l’aider avec l’espoir fou qu’il changera d’avis alors que…
- Tu l’as dit… On coulera avec lui, mais au moins on ne l’aura jamais abandonné.

Sarah inspira à fond, autorisant l’air vicié à emplir ses poumons.

- A condition que « suivre » et « ne pas abandonner » aient le même sens, expira-t-elle.

***
Sacha prenait garde à ne pas glisser sur le sol pentu du cratère. Sa queue se balançait à la recherche du bon équilibre, ses griffes se rétractaient sur les petites pierres noires et sa flamme caudale se gonflait sous l'effet de la chaleur environnante. Il ouvrit la gueule, autorisant à nouveau les fumées capiteuses du volcan à caresser ses sens. Corsée, piquante, exaltante, cette odeur sulfureuse lui plaisait presque autant que... il se tourna vers sa dresseuse. Contrairement à la salamandre, Serena se bouchait le nez, ayant du mal à supporter l'haleine fétide de la bouche volcanique. Au moment où elle sentit le regard de son ami sur elle, son pied dérapa sur les scories. Elle se retrouva la jambe tendue, une main et le genou au sol. Une position peu confortable, mais mieux valait cela que de se retrouver à faire des roulés boulés sur les pierres tranchantes.

- Rep ! s'inquiéta Sacha.

Le métamorphosé sentit son cœur se calmer en la voyant se relever. Qu'est-ce qu'elle a ? s'étonna l'ancien humain en remarquant que la jeune fille mordillait sa lèvre dans une expression nerveuse.

- J'arrive, s'empressa-t-elle de dire tout en accélérant le pas pour le rejoindre.

Est-ce qu'elle avait peur pour Adriane ? C'est vrai qu'au rythme où ils avançaient, ils ne risquaient pas de retrouver la championne avant qu'elle n'ait fini de faire le ménage. Mais Sacha n'avait pas non plus envie que son amie se casse quelque chose. Serena glissa à nouveau, son corps partit vers l’avant, la faisant plonger dans les scories.

" Serena ! "

Le métamorphosé était revenu vers elle en courant, craignant que cette fois elle ne puisse pas se relever seule. Mais Serena se remettait déjà péniblement sur ses genoux, une large écorchure barrant son coude.

- Ce n'est rien, je peux continuer, assura-t-elle.
" Ce n'est pas rien ! " s’énerva cette fois l’ancien humain.

Cette plaie sanguinolente devait lui faire affreusement mal. Ils devaient rejoindre Adriane au plus vite, mais elle avait quand même le droit de se poser quelques secondes pour au moins mettre un pansement. Sacha remarqua que son amie avait à nouveau ce visage anxieux, presque effrayé. Elle crispait ses doigts sur les roches mélanocrates, une goutte de sang dégoulinant le long de son bras.

- Laisse-moi juste une seconde, je vais...
" Serena, calme-toi ! dit-il en posant ses mains sur les épaules de la jeune fille. Adriane peut très bien... "

Sacha s'arrêta en remarquant une ombre qui émergeait de derrière un rocher. Il hérissa ses écailles, se demandant quel genre de pokémon allait leur foncer dessus. Toutefois, il se rassura vite en remarquant le corps rondouillard d'un chamallot. Le pokémon ne semblait pas inquiet de la récente invasion et il s'approchait d'eux d'un pas tranquille.

" Tu devrais te mettre à l'abri, " lui conseilla Sacha lorsqu'il fut assez prêt pour l'entendre.

Chamallot avait l'habitude. Son pas lent, son regard fixe, sa bouche entrouverte et son air benêt. De quoi attiser les moqueries aussi bien des humains que des pokémons. Et ce reptile n'était pas mieux, croyant que c'était un acte de bonté de prévenir un pauvre chamallot lent d'esprit. Parce que c'était bien connu que tous les membres de son espèce étaient des idiots à la cervelle aussi coulante qu'une guimauve avec comme seule chance de salut une évolution en un chameau obèse. Très bien, ce lézard pouvait croire ce qu'il voulait, Chamallot ne perdrait pas son temps à lui répondre. Après tout, il ne voulait pas perdre le fil de ses pensées, en particulier quand ses réflexions arrivaient à son terme.

" Je sais que ce n'est pas facile à comprendre, mais il y a plein de mauvaises personnes en ce moment et si jamais ils te voient ils risquent... "

Il continuait en plus ? Qu'est-ce qu'ils avaient tous en ce moment ? Déjà cette fille bruyante qui était arrivée un peu plus tôt et qui criait que tout irait bien maintenant qu’elle était là. Non, ça n'irait pas, en particulier quand cette soi-disante sauveuse mettait la pagaille sur ce temple isolé qu'était le Mont Chimnée dans le seul but de se mesurer à d'autres humains qui eux, savaient se tenir.

Chamallot continuait sa marche lente, ignorant définitivement les remarques du monstre aux écailles rouges. Il avait quelque chose de beaucoup plus intéressant sur lequel réfléchir, en particulier depuis que ces humains aux habits bleus étaient arrivés avec cette étrange machine. Vu comment le magma avait réagi et s'il se referait aux connaissances que les vieux chamallots, ceux qui n'avaient pas succombé à l'idiotie d'évoluer, transmettaient aux plus jeunes depuis de nombreuses générations, il pouvait naturellement en déduire qu'un nouvel Orbe Rouge allait voir le jour. C'était certes étrange que ce soient des humains qui s'occupent de sa création mais... Si son idée se révélait juste alors c'était une bonne nouvelle, une très bonne nouvelle même de savoir qu'il restait encore quelques êtres capables de réflexion sur cette terre. Et si les autres qui venaient les interrompre, y compris ce reptincel décérébré, prenaient le temps de réfléchir alors ils comprendraient. Ils comprendraient l'importance de tout arrêter tant que ce n'était pas trop grave. Parce que si les choses empiraient, si elles devenaient incontrôlables alors...

" Ce serait vraiment la fin, " soupira Chamallot.

Sacha ne s'attendait pas à être ainsi ignoré. Il savait bien que ce pokémon devait être obnubilé par son prochain repas, mais quand même... Maintenant il espérait juste que le pauvre monstre ne fasse pas de mauvaises rencontres sur son parcours.

- Tu es inquiet pour lui ? demanda la jeune fille.

Pour l'instant, il s’inquiétait plus pour la vilaine plaie qui marquait le coude de son amie plutôt qu'au pokémon tête en l'air.

- Ne t'en fais pas, on va les battre rapidement.
" Ce n’est pas le problème… et puis j’ai l’impression qu’Adriane s’en sort très bien sans nous, " avoua-t-il quelque peu dépité.

Serena baissa la tête, persuadée que le reptile lui en voulait de le ralentir. Peut-être que maintenant qu'il avait vu la championne à l’œuvre, il commençait à penser que son actuelle dresseuse n'était vraiment pas à la hauteur. Surtout en voyant qu'elle n'était même pas capable de faire deux pas sans tomber… Des flammes passèrent juste au-dessus de la tête de Serena, manquant de peu de bruler son chapeau au passage.

- Ne t’énerve pas ! Je vais vite… paniqua Serena en essayant de se relever.
- Rep ! cria Sacha en la saisissant par le bras et en pointant de sa griffe un nosféralto juste derrière elle.

La dresseuse écarquilla les yeux. Elle n’avait rien remarqué et si Reptincel n’était pas intervenu… Pourquoi je ne suis pas capable de l’aider correctement !? se désespéra-t-elle en mordant sa lèvre.

La chauve-souris à la bouche béante battait frénétiquement des ailes, ses yeux en demi-lune braqués sur la salamandre. Une femme au corps élancé le commandait, une des rares sur cette portion du volcan à avoir échappé à la vendetta d'Adriane.

- Je ne pense pas être très utile à Matthieu et Sarah face à la championne. En revanche, je ne devrais pas avoir trop de problèmes à me débarrasser d'une gamine, se pavana-t-elle.

Sacha gronda en montrant les crocs. Si elle voulait faire du mal à Serena alors...

- Reptincel, calme-toi ! l'exhorta la jeune fille.

Trop tard, il avait déjà sauté dans les airs, sa gueule emplie de flammes.

- Morsure ! ordonna la femme.

Le métamorphosé ne s'attendait pas à une telle vitesse. Il paniqua et son attaque se dissipa, le laissant sans défense face à l'énorme bouche de Nosféralto qui menaçait de le gober tout entier. Heureusement pour lui, des éclairs arrêtèrent le monstre ailé dans son élan, le forçant à se reculer.

" Combien de fois il faut te dire de ne pas foncer tête baissée ? " le nargua Négapi aux pieds de Serena, ses joues encore vibrantes de quelques étincelles.

Sacha retomba maladroitement sur ses pattes, soulagé de ne pas avoir eu à tester les crocs saillants de Nosféralto. Néanmoins, dans les prochaines secondes il risquait de subir quelque chose de bien plus terrifiant que l'attaque d'un pokémon. Voilà pourquoi il prenait garde de ne pas croiser le regard de la jeune fille, espérant qu'elle oublie de se mettre en colère contre lui.

- Je suis désolée, murmura-t-elle.

Sacha se retourna vivement, croyant avoir mal entendu. Mais Serena baissait les yeux, sa main posée près de son cœur, le genre d'expression qu'elle faisait quand elle se sentait coupable.

- Neg ? s'inquiéta le lapin électrique en tirant le manteau de sa dresseuse, surpris qu'elle ne cherche pas à réprimander le reptile pour sa bêtise.

Sacha regardait son amie de haut en bas, se rendant compte que finalement il aurait préféré qu'elle le gronde. Était-elle malade ? Avait-elle mangé quelque chose d'avarié ? Ou bien perdait-elle à nouveau du sang comme elle le lui avait expliqué ?

" Tu sais ce qu'elle a ? " demanda Négapi les oreilles basses.

Si seulement... Mais comment pouvait-il savoir ce qui n'allait pas si elle ne lui expliquait rien ? Devant le mutisme du métamorphosé, le pokémon électrique grogna :

" C'est toi qui es censé être humain, tu devrais la comprendre. "

C'était vraiment aussi simple que : « il était humain donc il devait forcément comprendre un autre humain ». Mais le comportement de son amie était si... bizarre. Déjà ces histoires de participer aux combats d'arène et maintenant elle s'excusait pour... pour rien en fait !

- Ne m'ignorez pas ! s'énerva leur adversaire en tapant du pied.

Nosferalto était à nouveau d'aplomb et prêt à reprendre le combat. Du moins jusqu'au moment où un Lance-Flammes sortit de nulle part le renvoya dans le décor.

- C'était quoi ça ? paniqua la femme.
- Adriane... comprit la dresseuse.

Si l'on observait attentivement l'épais brouillard de fumée, on pouvait deviner sur l'autre rive du cratère des petites lueurs rouges et bleues. La championne devait être tellement déchaînée face aux sbires qu'une de ses attaques perdue était arrivée jusqu'ici. Serena frissonna, elle était bien contente de ne pas être son ennemie. Contente ? Comment pouvait-elle être contente d'avoir peur d'affronter Adriane ! Si jamais Reptincel voulait faire des combats d'arène, elle devrait forcément se mesurer à la championne... Et si jamais elle perdait ? Si à cause d'elle Reptincel perdait, comment réagirait-il ?

La femme se retrouvant subitement sans pokémon n'avait plus très envie de combattre. Elle s'éclipsa discrètement, même si une certaine salamandre ne la lâchait pas du regard. Cependant, il avait autre chose à faire que chasser un bandit démoralisé.

- Reptin, reptincel ? questionna Sacha.

La jeune fille ramena sa main contre sa poitrine, semblant apeurée face à son ami. Je ne vais pas te mordre ! se désespéra l'ancien humain.

" Très efficace, " constata Négapi en croisant les bras.

Sacha souffla avant de passer dans le dos de son amie pour fouiller dans son sac. Pourquoi ne pouvait-elle pas se comporter simplement et lui raconter ce qui la gênait ? Ce n'était pas comme s'il était incapable de comprendre sa langue et... Il trouva enfin un gros pansement et un peu de désinfectant. Serena se montra surprise, mais ne bougea pas alors qu’il prenait son bras pour appliquer le spray. Il sentit les muscles de sa dresseuse se tendre dans sa main. Oui, pour en avoir fait de nombreuses fois l’expérience il savait que ce n’était pas agréable. Sacha essayait de trouver comment placer ses griffes pour appliquer le pansement sans blesser la peau fragile de son amie.

- Reptincel… est-ce que tu…
" C’est mieux comme ça ! " se réjouit le métamorphosé après avoir finalement réussi.

Serena le regardait complètement déconcertée. Pourquoi se comportait-il toujours de manière aussi… Les pupilles du reptile se contractèrent. Là, au milieu des fumées opaques qui sortaient du cratère, il avait cru voir quelque chose. Il voulait en avoir le cœur net.

" Attends-moi ici, je reviens. "

Négapi leva les yeux au ciel en voyant le reptile s’éloigner. Encore une fois il oubliait que l’humaine ne pouvait pas le comprendre. Et cela ne loupa pas, Serena rappela le lapin dans sa pokéball avant de partir dans la direction que son pokémon avait pris.

Jusque-là, ils avaient soigneusement évité de trop s’approcher de l’énorme trou rempli de magma qui centrait le volcan. C’était fugace, dissimulé au milieu des fumées blanches qui s’élevaient continuellement, mais il y avait bien une ombre qui semblait voler au centre de cette excavation.

- Fais attention, déglutit la jeune fille derrière lui.

Sacha se retourna, voyant sa dresseuse qui hésitait à s’approcher aussi près que lui des pentes abruptes qui plongeaient dans le liquide rouge. Il aurait peut-être dû prendre plus de temps pour lui expliquer avant de partir mais… Des fois, il avait l’impression que Serena faisait exprès de ne pas le comprendre.

Enfin, puisqu’elle était avec lui, il pouvait directement commencer à longer la fine limite qui le séparait des entrailles de la terre. Marcher à pas lent, ne pas se montrer trop pressé afin de ne pas louper, comme une certaine championne, ce grand pont grillagé qui passait au-dessus des roches en fusion.

- On devrait attendre Ad…

Elle s’était arrêtée de parler quand Sacha s’était tourné vers elle. Elle regardait à droite et à gauche, hésitante à soutenir le regard de son pokémon. Je peux… Je dois me débrouiller sans elle, se persuada la jeune fille en faisant le premier pas sur la grille d’acier.

Serena faisait tout pour ne pas regarder en bas alors qu’elle avançait sur cet interminable pont. C’était large, vraiment large, et pourtant elle ne pouvait se défaire de l’idée qu’en réalité elle marchait sur un fil tendu et qu’au moindre faux pas…

- Rep, grogna Sacha.

Ils étaient arrivés au bout du pont tronqué où était suspendue une machine aux éclats argentés. Sa taille énorme semblait faire plier la grille, menaçant de briser le métal. Pourtant, un homme ne semblait pas inquiet de cela. Il restait sans bouger, assis sur un des bords de la passerelle, une jambe pendante dans le vide. Avec sa tablette serrée contre son torse, il semblait admirer la masse rouge et brulante en contrebas sans être le moins du monde gêné par l’écœurante fumée.

- C’est tellement long, souffla l'homme.

Il se releva pour faire face aux deux nouveaux arrivants. Ses vêtements laissaient deviner qu’il était haut placé dans la hiérarchie et un énorme pendentif en forme d’ancre pendait à son cou. Mais si sa tenue différait d’avant, il n’y avait toutefois aucun doute sur son identité pour Sacha. Le bandit resta un moment sans bouger, se contentant d’observer la dresseuse.

- Qu’est-ce qui lui arrive ? s’inquiéta Serena face à ce mutisme.

Sacha se contenta d’hausser les épaules. La dernière fois qu’il avait rencontré Arthur, celui-ci était bien plus loquace. L’homme se dirigea vers les deux intrus, ses pas qui résonnaient sur la grille s’amplifiaient dans la gorge rocheuse.

- Tu viendrais pas de Kalos ? s’exclama-t-il soudain les sourcils froncés.

Serena fit un pas en arrière. Elle n’avait jamais rencontré cet homme, elle en était certaine. Et il n’avait pas l’air d’être du genre à regarder les salons pokémons de Kalos. L’homme soupira d’exaspération, ses traits tirés par un profond agacement.

- Dirait que j’ai vu juste. T’as pas mal changé depuis la dernière fois, c’est pour ça que l’autre t’a pas reconnu. M’enfin, je dois te féliciter d’être arrivée ici j’suppose, finit-il en mimant des applaudissements.
- Arrêtez de vous moquer de moi ! On ne s’est jamais vu ! s’emporta la dresseuse mal à l’aise.

L’homme se détourna soudain de la jeune fille, se concentrant sur l’écran de la tablette. Il laissa planer quelques secondes son doigt au-dessus du verre, de légers tremblements d’excitation le parcourant avant qu’il ne presse la surface inerte. La machine sous leurs pieds se mit à vibrer, entrainant dans ses secousses le grillage qui la portait. Les horribles tintements, la chaleur qui se faisait plus intense et la lumière qui se condensait sous la machine. Serena ne pouvait que regarder, incapable d’arrêter le rayon qui se dirigea vers le magma brulant en contrebas. Il y eut un étrange gargouillement alors que la lave remontait telle une vague. La langue brulante lécha les rebords du cratère, une petite partie s’en échappant pendant que la plus grosse masse retournait dans le lac rougeoyant.

- Qui a dit que ce serait une bonne idée de procéder ainsi ? grogna l’homme. Et cette gamine qui ne va rien arranger !

Il s’immobilisa soudain, observant tour à tour la jeune dresseuse et le magma brulant. Un sourire étira ses lèvres, un rictus tordu qui poussa Serena à se reculer d’un autre pas.

- Et si pour une fois tu te montrais utile au lieu de me gêner !

Arthur semblait jubiler intérieurement, comme s’il venait tout juste de réussir à saisir un magicarpe qui jusque-là échappait sans cesse à son filet.

- On ne s’est jamais rencontré, répéta-t-elle d’une voix faible.

Elle ne supportait pas le regard de cet homme, elle haïssait l’odeur du souffre qui imprégnait l’air, elle exécrait cette chaleur infernale.

- Il y a bien longtemps, les gens du coin affirmaient qu’on pouvait accélérer les choses en nourrissant le volcan. Alors à ton avis, si je te balance toi et tes pokémons dans la lave, est-ce que j’ai des chances de récupérer mon orbe avant ce soir ?

Le rythme cardiaque de Serena s’accéléra. Elle fit plusieurs pas en arrière, sentant la sueur dégouliner dans son dos. Est-ce qu’il était sérieux ? Est-ce qu’il était vraiment prêt à les… Un sourire. Un seul sourire d’Arthur fut suffisant pour provoquer l’affolement chez la dresseuse. Elle fit sortir tous ses pokémons, se précipitant pour leur donner ses ordres. Ignorant le fait qu’elle leur demandait d’attaquer directement un humain, oubliant qu’autour d’eux il n’y avait que ce trou béant au fond visqueux.

- Je vous en prie ! Il faut que vous lanciez vos attaques !

Même Sacha n’osait pas attaquer, craignant trop que le bandit tombe dans le magma qui glougloutait tout en bas. Pour le moment, Serena devait se calmer et ensuite ils se chargeraient d’Arthur.

Mais l’homme n’était pas disposé à leur accorder ce temps. Il appela un requin à la mâchoire proéminente avant de saisir son énorme pendentif qui s’illumina tout comme une pierre au niveau de la dent de son pokémon. Sacha se figea, il entendit le cri de Serena alors que la Méga-évolution ouvrait sa gueule, son long nez aux multiples marques jaunes pointant presque vers le ciel.

- Utilise Hydrocanon, exulta Arthur.

Serena se retrouva propulsée en arrière, projetée hors de la passerelle. Elle roula sur les scories, ces minuscules couteaux affutés qui lacérèrent sa peau. Elle ne pensait pas à la douleur pendant qu’elle se remettait debout. Elle tituba, posa sa main contre sa tempe pour empêcher le monde de tourner autour d’elle. Elle sentait l’eau qui imbibait ses cheveux dégouliner sur ses doigts, en espérant qu’il ne s’agisse que d’eau. Ses pokémons ? Où étaient ses… Sa main retomba. Elle voyait Roussil recroquevillée sur le sol pendant qu'à côté Pandespiègle fermait les yeux, se retenant de crier alors qu’il tenait son genou meurtri. Serena ouvrit et ferma plusieurs fois sa bouche. C’était lourd, sa langue était affreusement sèche et lourde.

- Les amis…

Sa voix n’était qu’un maigre gargouillement. Elle tourna la tête en entendant de légers crépitements. Posipi était en larme, essayant de réveiller son frère inconscient à l’aide de ses décharges faiblardes. Un ruban blanc était encore enroulé autour de la taille de Négapi, la jeune fille le suivit des yeux jusqu’à voir Nymphali étendue sur le flanc, son pelage humide souillé par la poussière grise.

Combien de temps est-ce qu’elle resta sans bouger à les regarder ? Trop longtemps, beaucoup trop longtemps. Nymphali ouvrit un œil fatigué et couina en remarquant le visage d’Arthur penché juste au-dessus d’elle. Elle ramena ses rubans contre son corps, tremblant jusqu’au bout de ses longues oreilles.

Serena regarda. Les mâchoires tentant de se refermer sur le frêle pokémon, la maigre barrière bleue qui protégea Nymphali à la dernière seconde. Abri… Depuis combien de temps le type fée n’avait pas utilisé cette attaque ?

- Sharpedo, cette fois finis-en.

La forme de Nymphali disparut soudain au milieu d’une lumière rouge tout comme les deux lapins qui étaient avec elle. Serena tenait désormais les petites sphères contre elle, comme si les protéger de ses bras assureraient qu’il n’arrive rien à ses amis.

- Tu veux que je m’occupe de toi en premier ? dit-il avec un sourire carnassier.

Je dois les rappeler ! Je dois tous les rappeler ! paniqua la jeune fille en même temps qu’elle ramenait à l’abri Roussil et Pandespiègle. Elle avait l’impression de sentir les roches vibrer, comme si les pas de l’homme se propageaient à travers tout le volcan. Reptincel ? Où est Reptincel ?

- Ceeeel, entendit-elle gémir derrière elle.

Elle se retourna, la dernière pokéball dans sa main. Mais le rire d’Arthur, cet horrible rire qui explosa contre ses oreilles lui fit lâcher la capsule. Et elle roula, roula, roula, sous les yeux de la dresseuse.

- A quoi tu joues ? se moqua Arthur en passant sa main dans sa barbe noire.

A genou, elle tâtonnait le sol de basaltes à la recherche de la surface lisse et froide, écorchant ses mains sur les roches coupantes. Elle essuya de son bras ses yeux larmoyants, la petite capsule était tout près, brillante au milieu des pierres ternes. Enfin elle la toucha, enfin ses doigts enveloppèrent le métal froid, avec ça elle pourrait…

- Cel ! l’appela Sacha.

Serena releva la tête, se rendant compte que le requin n’était plus qu’à quelques mètres d’elle. Adriane ? Où est Adriane !? paniquait-elle en voyant les éperons tranchants qui garnissaient la gueule du monstre, gardant l’espoir fou que la championne viendrait les sauver.

Mais il n’y avait que Sacha pour entendre sa prière, il n’y avait que lui pour courir vers le monstre des mers en électrifiant son poing. Serena resta derrière lui, le suppliant de revenir. Il n’écouta pas, frappant Sharpedo de toutes ses forces. Le requin n’avait même pas pris la peine d’éviter l’attaque, l’ancien humain sentit la douleur mordre son poing au contact des implacables écailles. Sacha n’eut pas le temps de regretter son erreur, Serena ne put même pas esquisser un ordre, le prédateur avait déjà saisi le misérable reptile entre ses crocs.

Le métamorphosé criait sous l’effet du froid glacial qui émanait des lames de rasoirs et se répandait dans tout son corps. Il fut projeté en arrière, Serena se précipita vers lui et parvint à le rattraper avant qu’il ne s’écrase. Elle roula par terre, déchiquetant ses vêtements, écorchant les dernières parties de peau saine, arrachant le pansement que le métamorphosé avait pris tant de soin à poser. Son pokémon n’avait pas non plus été épargné, de nombreuses traces de coupures fendaient ses écailles et des morceaux de pierres noires s’étaient profondément ancrés dans la plaie sanglante qui mutilait son flanc.

Sacha tenta de la rassurer sur son état. Mais elle ne pouvait pas le croire, pas en voyant l’éclat morne de ses yeux. Il ne pouvait pas vaincre leur adversaire et Arthur ne les laisserait pas partir. Elle gardait toujours la sphère contre sa poitrine. Même si elle le rappelait maintenant, elle savait que ce serait insuffisant pour le protéger, pour les protéger. Qu’est-ce qu’elle était censée faire ? Elle lui avait demandé de lui laisser sa chance, elle voulait lui prouver qu’elle pouvait être sa dresseuse alors… Sacha… lui, il n’hésiterait pas, il… il n’hésiterait pas à offrir une chance à son pokémon quitte à…

- Reptincel, j’ai un plan mais tu vas devoir me faire confiance. Ne bouge pas avant que je ne te le dise, murmura-t-elle.

Sacha acquiesça, il ne savait pas ce qu’elle avait en tête mais peu importait, il pouvait compter sur elle.

Elle avançait calmement en direction du monstre. Sacha ne la perdait pas du regard, attendant son signal pour attaquer. Mais ce n’était pas encore le moment et le faux-pokémon sentait ses écailles s’hérisser au fur et à mesure qu’elle s’approchait du danger. Non, je dois attendre et lui faire confiance, se retenait-il. Les pulsations de son cœur se faisaient de plus en plus fortes en même temps que les griffes de ses jambes s’enfonçaient dans la roche volcanique. Je ne sais pas ce que tu as en tête, mais dépêche-toi, supplia l’ancien humain.

- T’as perdu la raison ? Sharpedo, Mâchouille.

Le requin fonça la gueule grande ouverte vers la dresseuse sous les yeux terrifiés de Sacha. Mais elle ne lui donnait toujours pas ce maudit signal. Elle va esquiver. Elle va forcément esquiver !

Immobile, Serena abandonna sa frêle épaule à la puissante mâchoire. Elle hurla, du sang gicla sur son visage en même temps que ses traits se tordaient sous la douleur qui la transperçait.

Sacha ne bougeait pas, ses muscles tétanisés, ne comprenant pas ce qu’il se passait. Il se persuadait que ce qu’il voyait n’était qu’une illusion, qu’il était impossible qu’elle ne lui ait pas demandé d’agir avant.

La dresseuse luttait pour ne pas perdre conscience. Ses bras tremblants se levèrent pour enserrer le corps du requin. Elle n’avait déjà plus la force de parler. Elle tourna la tête vers son pokémon, espérant qu’il comprenne.

Sacha crut que son cœur allait exploser. L’énorme muscle se contractait à l’extrême, cherchant à projeter les dernières réserves de sang qu’il contenait. Les écailles blanchirent, abandonnant leurs rations d’humeur rouge au profit des muscles. Gonflés par le liquide vermeil, ils se détendirent d’un coup pour propulser le corps du reptile vers l’avant. Les éclairs se déchainèrent sur les bras du monstre en même temps que la flamme de sa queue délaissait sa robe rouge pour un bleu brulant.

C’était ça ton plan !? explosa le métamorphosé.

Ses écailles éclataient sous la pression du sang pendant que son rugissement se mêlait au grondement du volcan. Dans les yeux du métamorphosé, il n’y avait qu’une seule personne, une personne qu’il ne pourrait jamais pardonner. Les larmes le déchiraient et son cœur coulait dans sa poitrine alors qu’il comprenait qu’il la haïrait toujours. Hurler son prénom, hurler pour qu’elle entende toute sa rage, hurler avant que son cœur exsangue ne s’arrête.