Les liens du sang et les liens de l'âme de Praxy

Je ne m’étais pas attendue à repartir sur les routes de Sinnoh si tôt après être revenue, mais c’était pour accompagner Platine alors ça ne me dérangeait pas. J’ai même hérité d’une de ses anciennes tenues, une grosse robe-doudoune rose accompagnée de bonnet et bottes assortis. Ce n’était pas vraiment mon style mais c’était toujours mieux que les horreurs que j’ai dû porter à Alola.

Nous marchions le long des routes rocheuses et escarpé du Mont Couronné à la recherche de restes d’un camps ayant appartenu à un groupe qui se serait rendu au sommet de la montagne. Nous avancions à travers une légère couche de neige qui ne nous entravait pas mais le ciel était couvert et nous n’étions pas à l’abri d’une nouvelle chute.

Nous nous sommes arrêtées à plusieurs points de passage qui étaient empruntés à l’époque. Il ne restait plus grand-chose d’autre que des points de repère, des pierres sur lesquelles on pouvait encore apercevoir des gravures indiquant la distance dans l’unité de mesure de l’époque. Cela nous donnait néanmoins une idée de temps qui nous resterait à parcourir. Lorsque la neige a recommencé à tomber, nous nous sommes précipitées vers l’abri le plus proche, qui malheureusement se trouvait encore bien loin. Au moment où nous sommes arrivées à l’entrée d’une grotte, nous nous enfoncions déjà dans quelques centimètres de poudreuse. La caverne s’enfonçait jusqu’à perte de vue, nous allions donc pouvoir nous mettre à couvert, sans doute pour la nuit.

- Il va bientôt faire sombre…
- Oui…
- Tu crois que ça va aller ?
- Ne t’en fais pas, je me charge de tout… »

Tout en disant cela, Platine a sorti son Galopa de sa Poké-Ball. Sa crinière flamboyante nous a apporté la chaleur et la lueur dont nous avions bien besoin. Nous avons avancé plus loin dans la grotte, cherchant le fond pour nous rendre compte qu’elle faisait partie d’un réseau plus complexe de galerie. Nous avons donc établi notre campement et nous sommes arrêtés pour la nuit.

Le lendemain matin, nous sommes repartie, mais le blizzard de la veille avait rendu la route presque impraticable. Les cavernes était désormais notre meilleure solution. Platine m’a même laissée monter sur son Pokémon, un privilège qu’elle n’offrait pas à n’importe qui. L’ascension s’est donc poursuivie à l’aveugle. Nous n’avions plus de réelle direction sinon l’objectif de monter le plus possible. C’est alors que nous avons découvert un campement. Pas celui d’autres explorateurs perdu, un ancien campement abandonné depuis longtemps. Les tables et autres structures en bois avait pourri jusqu’à être méconnaissable, mais d’autres matériels étaient encore en état, des sceaux métalliques bosselés, des toiles de cuir et même les restes que l’armature d’un chariot.

Platine m'a lancé un regard complice. Il se pouvait qu’il y ait une mine d’informations dans ces ruines d’un autre temps. Galopa se tenait au centre de la zone pour l’éclairer au maximum. J’ai remarqué les peintures sur les murs. D’après Platine, elles étaient typiques de la période de conquête d’Hisui, juste avant que la région soit renommée Sinnoh. Ce qui me glaçait le sang, c’était ce qui était représenté.
Je reconnaissais le Mont Couronné, surplombé par un imposant Pokémon d’un blancheur immaculée et orné d'une couronne dorée. En dessus, une sorte de maelstrom sombre duquel sortait des tentacules noirs. Minuscules et pourtant dessinées avec des expression d’horreur sur le visages, des personnes étaient emportées dans l’abysse.
L’émotion palpable de l’œuvre me faisait penser que l’artiste devait avoir vu l’événement de ses propres yeux. Je ne pouvais pas croire qu’une personne pouvait transmettre un tel sentiment d’horreur à partir d’une légende ou d’un récit. Juste à côté, j’ai aperçut quelque chose de gravé dans le mur.

- Platine, regarde !
- Lune, je suis occupée…
Elle était plongée dans un livre étonnement bien conservé. Il était écrit dans la même langue que un message sur le mur.
- Qu’est-ce que c’est ?
- C’est un journal de bord de la « Grande Expédition ». J’essaie de comprendre de quoi il en retourne.
- Tu arrives à le lire ?
- Oui, j’ai appris ça en aidant avec les recherches de madame Cynthia… L’alphabet est très différent mais la langue est très similaire.
- Il y a quelque chose d’écrit là-bas aussi…
- Tu peux prendre mon livre si tu veux essayer de traduire, de mon côté je risque de prendre du temps…

Lorsque Platine se lançait dans ses études, personne ne pouvait l’arrêter. Prenant mon courage à deux mains, je m’y suis mise. C’était fastidieux mais après des heures de travail, j’ai fini par obtenir un résultat. Platine était tellement plus entraînée, c’était impressionnant. Elle avait parcouru et déduit les points les plus importants dans le temps qu’il m’avait fallu pour retranscrire un paragraphe. Malgré tout, j’étais fière d’avoir réussi.

- Alors qu’est-ce que tu as trouvé ?
- La majorité est seulement un rapport quotidien sur cette fameuse expédition. Cependant, il semblerait qu’il y ait eu une mutinerie dans l’équipe ce qui aurait fini par causer « la Catastrophe », provoquant de nombreuses pertes des deux côtés.
- La Catastrophe ? Tu crois que c’est ça qui est représenté sur la peinture ?
- C’est fort possible. Tu as trouvé quelques chose de ton côté ?
- Oui…

Prenant une grande inspiration, j’ai récité ce que j’avais obtenu.

Inconscient mortels ayant libéré le mal,
Vous qui avez prié pour mon secours, je vous offre un répit.
Pour les âme perdues, je libère le temps.
Pour le sang versé, je libère l’espace.
Quand l’histoire passe, effaçant l’horreur,
Les circonstances finiront oubliées.
Dans un autre temps, dans un autre monde,
Lorsque les âmes perdues trouveront un réceptacle,
Lorsque les héritiers du sang se feront face,
Alors seulement l’ombre pourra être apaisée.

Je tremblais de peur face à sombre présage qui semblait être annoncés. Platine était plongée dans un intense réflexion.
- Le Temps. L’Espace. L’Ombre… Ça doit référer aux légendaires Dialga, Palkia et Giratina.
- Ceux que vous avez affronté à l’époque avec tes partenaires ?
- Oui… Ce qui est étrange…
- Oui ?
- Nous avons affronté Giratina dans son domaine, le Monde Distortion. À première vue, nous avons cru qu’il voulait envahir notre monde, mais il est finalement retourné dans le sien de son propre gré. Un…
Elle se racla la gorge avant de continuer.
- Un expert en émotion de Pokémon a dit qu’il était apaisé…
- Donc ça se serait déjà passé ? À ce moment-là ?
- Je ne peux pas en être sûre. C’est possible. Mais quand bien même ça serait le cas, il faut que j’enquête pour comprendre cette histoire d’âmes perdues et d’héritiers du sangs.
- Tu crois que c’est important ?
- J’en suis certaine. Ne serait-ce que pour éviter de répéter les erreurs du passé.
- Et tu as une piste ?

Elle a hoché la tête, concernée, tout en marmonnant qu’elle avait un coup de fil à passer. J’ai essayé de lui demander ce qu’elle avait en tête. Elle a d’abord évité la question avant de répondre en soupirant.
- Dans la liste des personnes disparues, il y avait une catégorie de personne appelée « Gardiens ». L’un des gardiens était associé à un Lucario et avait gagné la capacité de voir les aura après un long et difficile entraînement avec son partenaire.
- Et donc ?
- Il existe de nos jours un « Gardien de l’Aura » avec ses même caractéristiques. Si on peut aller à sa rencontre, on aura peut-être une meilleure piste.
- Mais c’est super ! Tu ne trouves pas ?
- Si, si ! Mais, il n’est pas facile à contacter, alors j’espère y arriver.

Et c’est ainsi que nous avons changé de destination, pour découvrir les traces de l’ancienne Catastrophe.