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Sous la poussière de Ashenere



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Informations

» Auteur : Ashenere - Voir le profil
» Créé le 29/09/2021 à 23:32
» Dernière mise à jour le 31/10/2021 à 16:34

» Mots-clés :   Mythologie   Sinnoh

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Chapitre 2
Je reste sonné un instant par cette présence imprévue, cette forme à l'entrée du tunnel. Li se précipite vers l'intrus, sa fourrure crépitant de colère et il pousse un rugissement aigu, déclarant avec rage : "C'est notre galerie, laissez-nous y aller !".

Un grognement lui répond : un Kranidos surgit de nulle part et le stoppe brutalement dans son élan. Je reprends mes esprits et je bondis pour m'interposer entre mon Lixy et ce fossile au crâne énorme qui le domine largement. Une part de moi examine ses yeux, dans la peur d'y déceler une lueur anormalement rouge.
— Allons Karl, calme-toi, ce ne sont que les retardataires que nous attendions.

C'est la forme de l'entrée qui a prononcé ces mots. Je relève la tête et je vois qu'elle s'est retournée et me regarde. C'est une femme, pas très grande, d'une quarantaine d'années. Elle porte un équipement d'archéologue similaire au mien et il me semble que ses cheveux poivre et sel doivent autant à l'âge qu'à la poussière des Souterrains. Elle ne semble pas surprise par notre apparition, plutôt ennuyée, comme si cela n'était qu'un contretemps prévisible. Son Kranidos s'est rapproché d'elle et semble calmé, sans que son regard n'abandonne Li. Ce dernier s'est réfugié entre mes jambes, méfiant, et malgré sa petite taille, je le sens prêt à bondir.
— Bien, monsieur Almadi, à présent que nos Pokémon ont fait connaissance, nous allons peut-être pouvoir y aller. Il nous faut rattraper tout le temps perdu à vous attendre, déclare-t-elle d'un ton sec, en commençant à se retourner.
Je sors enfin de ma léthargie et l'interpelle brusquement.
— Qui êtes-vous ? Comment connaissez-vous mon nom ? Et surtout, pourquoi étiez-vous sur le point d'entrer dans cette galerie ?
Elle se retourne, hausse un sourcil, visiblement surprise.
— On ne vous a pas informé ?
Mon regard doit trahir mon incompréhension puisqu'elle n'attend pas ma réponse avant de continuer.
— Très bien, je suppose qu'ils ont oublié. Je me présente, Professeure Sogwa. Étant donné votre manque d'expérience, le conseil du Centre m'a demandé de vous accompagner pour cette mission. Et cela fait près d'une heure que je vous attends. J'ai cru que vous ne viendriez pas et j'ai donc décidé de commencer l'exploration de la grotte V2514 sans plus attendre.
Je suis stupéfait. LA Professeure Sogwa ? Vraiment ? Une des spécialistes de Pokémon fossiles les plus reconnues du monde ? C'est elle qui va m'accompagner pour cette journée extraordinaire ? Et je venais de quasiment l'agresser, ruinant autant mon image d'archéologue que de dresseur. Génial. J'essaie de ne pas me laisser aller et je réponds avec excitation.
— C'est un honneur, Professeure ! J'ai lu presque toutes vos publications sur la découverte et la conservation des fossiles de Pokémon. C'était passionnant ! Mes notes de l'université vous doivent beaucoup !
Son regard s'adoucit et elle semble amusée par mon enthousiasme.
— Et bien, je ne savais pas que des étudiants lisaient déjà mes publications, c'est très flatteur. Mais enfin vous devriez avoir retenu un peu plus de mes écrits si c'est le cas. Je recommande toujours la ponctualité et votre retard d'une heure n'est pas convenable, dit-elle en redevenant sérieuse.
— En retard d'une heure ? Je ne comprends pas, il est pourtant à peine huit heures passées et le Centre interdit les explorations pendant la période de nuit.
— Huit heures ? Monsieur Almadi, je pense que vous avez oublié quel jour nous sommes. Nous avons changé d'heure cette nuit, et il est presque neuf heures dix à présent. Je croyais pourtant que les réveils actuels changeaient d'heure automatiquement.
Je rougis, honteux d'avoir oublié ce détail si simple.
— Ma... ma Pokémontre est une originelle, elle n'a pas cette fonctionnalité, contrairement aux modèles suivants.
Ma justification est vraie, mais semble dénoter mon manque de professionnalisme plus qu'autre chose. La Professeure semble pourtant l'accepter et ne me laisse pas le temps de me morfondre sur ma bêtise.
— Bref, nous allons enfin pouvoir commencer n'est-ce pas ? Vous pouvez passer devant, et je vous recommande bien sûr la plus grande prudence.

Elle recule de quelques pas, me laissant approcher de l'entrée. Il est temps de se préparer. Je saisis le casque accroché à ma ceinture et l'équipe rapidement, domptant mes cheveux bouclés, avant de me baisser vers Li pour accrocher le sien. Je remarque que Karl n'en a pas, ce qui n'est pas étonnant. Vu la dureté de son crâne, il ne risque rien. La Professeure enfile aussi le sien et nous effectuons les tests réglementaires : position et solidité du casque, bon fonctionnement de la lampe, vérification de nos provisions, talkies-walkies et de nos boutons d'urgence.
Enfin nous sommes prêts à franchir le pas de la grotte et à commencer notre exploration. Encore une fois, les doutes refont surface tandis que mon regard tente de percer l'obscurité du tunnel. Encore une fois, je me demande si je serais à la hauteur. Encore une fois, je m'entends répondre "probablement pas" et "bien sûr que oui" en même temps. Et encore une fois, c'est le frottement d'une petite boule de poils sur ma jambe qui me permet de me reprendre. Li est là, avec moi, nous allons affronter cette journée ensemble et tout ira bien.
— C'est bon, je suis vraiment prêt cette fois, allons-y.

Je commence à marcher, pas après pas. Li me suit, puis la Professeure et Karl. Je lui suis reconnaissant de ne pas m'avoir pressé, de m'avoir laissé prendre mon temps pour me préparer à ce moment, si important dans la vie d'un archéologue. Je me concentre sur les murs et le sol, essayant de déceler des signes : os, peintures, objets ou pierres. Mais rien. Nous marchons lentement et les minutes s'écoulent dans le silence, sans qu'aucun de nous ne le brise, trop concentrés sur notre environnement. Je remarque que la galerie ne dévie pas beaucoup. Elle semble s'étendre à l'infini, toujours en ligne droite. La voix de la Professeure me fait soudain sursauter :
— Que pensez-vous de cette galerie pour l'instant Monsieur Almadi ?
— Oh et bien...
J'hésite un instant avant de me lancer.
— Elle semble avoir été taillée et entretenue pendant une longue période donc elle doit mener à un endroit assez fréquenté jadis. Les poutres sont anciennes, mais plutôt bien conservées, j'en déduis que cette galerie a environ un ou deux siècles.
— Très bonnes observations, cher collègue. Je vois que les louanges que j'ai entendues sur vous sont en partie justifiées.
Je me sens rougir. Après les très bons retours sur ma thèse, je n'avais rien fait d'extraordinaire et je pensais que le Centre m'avait quelque peu oublié.
— Si vous me le permettez, j'ai une autre hypothèse à formuler.
— Vraiment ? Allez-y, je vous en prie !
C'est drôle, je commence à trouver son côté guindé et "professoral" plutôt attachant. Il n'y a plus de trace de la sécheresse dont elle avait fait preuve au début. Je la comprends, elle est aussi concentrée et enthousiaste que moi. Je continue mon explication.
— Ces poutres. Je peux me tromper, mais je crois qu'elles sont faites en bois d'arbre à baies Micle. Étant donné sa rareté, ce bois a toujours été considéré comme précieux à Sinnoh. Par exemple à l'époque d'Hisui, une seule famille était responsable de l'approvisionnement du royaume et c'était considéré un grand honneur. En ce temps, ce bois n'était utilisé que pour les bâtiments religieux, tels que les temples, les autels, les objets rituels...
— Oh je vois. Vous pensez donc que cette galerie menait jadis à une sorte de temple souterrain ? Ce serait une découverte incroyable ! Trop peu de bâtiments de l'époque nous sont parvenus et...
— Stop !
J'interromps brusquement notre discussion et notre marche. Devant nous se dresse un portail. Au-delà, la galerie semble s'élargir pour former une salle. J'inspire profondément. Et j'avance. Je me retrouve dans une petite salle carrée. À vue d'œil, elle doit mesurer environ quatre mètres de côté. Au centre, je distingue une sorte d'autel en pierre. Je m'approche pour essayer de l'examiner plus en détail. Cette roche rugueuse m'évoque quelque chose, mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus... Je remarque autre chose : des runes Zarbi à moitié effacées. Mes cours de runes remontent à longtemps, mais j'arrive après un moment de concentration à lire ce qui est visible.

..us dress... cet ..tel pour que cette trag... ne se reprod... plus

— C'est magnifique...
Je relève la tête et je constate que pendant que je m'acharnais sur les caractères anciens, la Professeure s'est avancée vers le mur du fond. La lampe frontale de son casque éclaire d'une douce lumière jaune pâle une immense fresque. Je la rejoins, bouche bée devant l'état de conservation incroyable de cette œuvre qui a traversé les siècles.
— C'est le Mont Couronné, constate-t-elle. Et corrigez-moi si je me trompe, mais cette technique de peinture et cette façon de représenter le mont, le sommet perdu dans les nuages, tout cela me semble indiquer que cette fresque date d'Hisui.
En effet, le Mont Couronné se dresse de toute sa splendeur devant moi, point de repère reconnu par tous les habitants de Sinnoh. De nombreux chemins serpentent et se perdent au milieu des pics de l'immense montagne. Un fleuve se tord parmi les rochers et semble rejoindre un village en bord de mer, probablement Verchamps. Des Pokémon volent, nagent et courent sur cette terre verdoyante et enneigée.
— Ce niveau de détails, ce style proche de l'estampe et ce choix de la pierre comme support. Vous avez raison, c'est sans aucun doute un témoignage d'Hisui. Et ces couleurs ! C'est la première fois que je vois une fresque de cette époque aussi éclatante. Pour obtenir des couleurs aussi durables, il a fallu utiliser des pigments très précieux.
— Regardez ici ! s'exclame-t-elle en pointant successivement la gauche et la droite du mur. Il est clair que cette fresque n'est pas complète telle que nous la voyons. Si le centre a été plutôt bien préservé, les deux côtés de ce mur semblent recouverts d'une épaisse couche de poussière.
Elle sort des instruments de son sac et commence à brosser avec prudence un petit coin du mur tout à droite. Des couleurs apparaissent, touche après touche. Elle se retourne vers moi, et me lance, avec un sourire satisfait :
— Allons, ne restez pas sans rien faire Monsieur Almadi. Ces fresques ne vont pas se dévoiler à nous sans un peu de travail.

Je n'y crois pas. Non seulement ce tunnel mystérieux n'était pas juste qu'un vieux tunnel de mineur, mais en plus il va me permettre de participer à une découverte unique. Et qui concerne ma spécialité en plus ! Je récupère rapidement mes outils et je m'attelle à la tâche. Li reste près de moi, m'encourageant de son regard. Je contemple le mur recouvert de poussière et la brosse dans ma main. Je respire un grand coup et commence le travail.