Chapitre 8 : Le Saute-Wattouat
— Je souhaite la bienvenue à tous les téléspectateurs qui nous rejoignent ! lança Dialga. Le match tant attendu de tennis vient de commencer. Pour rappel, il s’agit d’un entracte et d’une épreuve des Jeux Parapokélympiques qui se déroule sous vos yeux ébahis !
Le terrain de tennis, dont les gradins étaient bondés, voyait s’affronter deux champions : Mystherbe et Nosférapti. Ticho suivait le déroulement du match avec curiosité. Plus le temps passait, et plus il regrettait de s’y intéresser.
Quelle idée de faire s’opposer des Pokémon sans bras à un match de tennis !
— Et c’est de nouveau une double-faute de service pour Mystherbe ! Nosférapti gagne le second jeu, et c’est à lui de servir !
— Va-t-il ainsi prendre l’AS-CEN-DANT sur son adversaire ? questionna Palkia.
Encore une fois, Nosférapti s’empara de la balle entre ses mâchoires, et, tout en voletant, la lança dans les airs. Il la projeta suffisamment en hauteur pour avoir le temps de ramasser dans sa gueule ouverte sa raquette restée au sol.
Quand la balle retomba, il tenta maladroitement de la frapper avec sa raquette. Cette fois-ci, la balle toucha, et… retomba mollement au sol quelques mètres plus loin.
— Encore une faute, mon cher Palkia ! Nosférapti sera-t-il celui à faire passer la première balle au-dessus du filet ? Nous aurons réponse à cela d’ici quelques secondes…
Ticho soupira de dépit et se détourna de la télévision qui braillait dans les vestiaires.
Les autres concurrents étaient dispersés ici et là. Zigzaton se goinffrait dans un coin de friandises, alors que son ami Scalpion, toujours aussi stylé et mystérieux, cachait son visage derrière sa main et marmonnait des répliques de méchant de film, avec ferveur.
Les autres discutaient entre eux, mais restaient eux aussi en duos. Personne ne cherchait à provoquer d’autres équipes ou à taper la discute. C’était le repos avant tout. Ticho était bien content d’avoir droit à une pause avant d’enchaîner les deux autres épreuves de la journée.
Notamment parce que Pichu continuait de dormir à poings fermés. Il ronflait bruyamment sur un banc, tout près de lui.
— T’as intérêt à te réveiller à temps ! lança Ticho en s’asseyant près de lui avec rage.
Timothée et Azurill, à quelques pas de là, regardaient Pichu avec un air inquiet. Ces deux-là n’avait pour objectif que d’aider Pichu à gagner, alors ? Tout ça pour quoi, qu’il récupère le Poireau Flamboyant, son ancienne arme fétiche, et récupère ces souvenirs ? Quelle blague.
— Le poireau sera à moi ! maugréa Ticho pour lui-même.
Il continua à bouder, en jetant de fréquents coups d’œil à la télévision qui continuait de montrer ce match terriblement long et répétitif. Mystherbe venait de recevoir la balle dans l’œil. Des infirmiers accouraient sur le terrain. À tous les coups, il allait devoir abandonner pour blessure, et les épreuves des Jeux allaient reprendre d’ici quelques minutes. Voilà qui était problématique…
Ignorant éperdument les pleurnichements de Michel en train d’être consolé par sa grand-mère Barbichette — il avait été humilié publiquement pendant le 400 mètres — Ticho croisa les plumes pour ne pas avoir à se coltiner un Pichu endormi pour le reste de la journée.
Car c’était une règle des Jeux : sans partenaire, pas de victoire. S’il y avait une ligne d’arrivée à franchir, il fallait que les deux membres de l’équipe la passent pour valider leur position.
Et porter Pichu risquait fort de limiter les possibilités de victoire, justement !
***
Tranchodon rangea son petit calepin entre deux écailles de son poitrail, et s’éloigna à petits pas pressés du stade de Krados. Il fila dans les avenues de la cité portuaire avec un air décidé, bien qu’un peu pincé. Il aurait aimé assister au match de tennis en cours, mais son travail de journaliste devait malheureusement attendre.
Il avait été convoqué par sa mentor en personne. C’était arrivé rarement, ces derniers temps. Elle avait manqué d’organisation, et l’avait envoyé sur le terrain depuis maintenant des jours et des jours, en prévision des Jeux Pokélympiques.
Il devait donc pour le moment oublier ses obligations salariales envers le Nékipan, s’empêcher de puiser l’inspiration pour son futur recueil de poèmes, et filer très vite à leur quartier général ultrasecret.
Il atteignit, après plusieurs minutes, une allée en pente légère. Depuis le fond de la rue entourée d’étroits bâtiments collés les uns aux autres, on apercevait la mer scintiller près du port. La ruelle était déserte. Il s’approcha d’une porte métallique encastrée au pied d’un petit immeuble en apparence abandonné.
Il toqua selon un rythme bien précis — la fameuse 5e symphonie de Bétochef, capable de pianoter délicatement les touches à l’aide de son menhir — et le battant s’ouvrit en chuitant, parfaitement automatisé.
Tranchodon baissa la tête et s’avança dans la cage d’ascenseur. La porte se referma, et la plateforme descendit lentement dans les profondeurs de la colline de Krados.
Quelques secondes plus tard, Tranchodon émergea dans le quartier général.
C’était un grand bunker, dont l’intérieur rivalisait en taille avec celui de la plus grande bibliothèque du pays. Mais au lieu d’armoires et d’étagères chargées de livres, ici, il y avait plutôt des serveurs clignotants et ronronnants, du matériel informatique parfois désuet, et des montagnes de consoles de jeux rétro.
Tranchodon traversa une allée encombrée de cartouches, piétinant sans vergogne celles de Melmetal Gear Solid ou de The Legend of Zorua : Oratoria of Time. Contrairement à sa mentor pleine de mauvaises habitudes, Tranchodon se fichait de ces reliques du passé.
Il atteignit enfin un espace ressemblant plus à un salon. Une grande télé écran plat trônait sur une table, face à deux longs et moelleux canapés. Près d’eux, trois bureaux équipés d’ordinateurs dernier cri. Un peu partout s’accumulaient des paquets de chips, de bonbons, ou des emballages de plats industriels à réchauffer au Motism’ondes.
Sei Shonagon, sa mentor, était affalée dans l’un des canapés, en train de mâchonner une barre énergétique tout en appuyant frénétiquement sur la manette entre ses doigts. Le regard fixé sur la télévision, elle était en train de jouer à ce jeu coloré et enfantin où des escouades d’Octillery s’affrontaient en crachant de l’encre colorée.
— Mentor, je pensais que c’était une urgence, mais je refuse de jouer avec vous à ce… truc.
— Je sais, Filou-du-72, je sais ! répliqua-t-elle vivement, agacée.
— Vous pouvez m’appeler par mon prénom, vu que nous sommes en face à face.
Elle leva les yeux au plafond et éteignit abruptement sa console. Elle se leva de toute sa hauteur… mais il s’agissait d’une humaine de petite taille, à peine sortie de l’adolescence. Avec ses cheveux noirs, bleus et rouges, et sa tenue tout aussi colorée, elle donnait l’impression d’une extravagante.
Et elle l’était.
— Je t’ai convoqué pour une réunion d’urgence, dit-elle en s’étirant. On doit parler de l’Organisation. Calculator-Monster et Beau-Gosse-Baraqué ont réussi à infiltrer les réseaux privés des Jeux Pokélympiques. On a réussi à obtenir de précieuses données avant que leur sécurité ne nous éjecte de leurs serveurs.
Tranchodon pâlit. Cette tentative de hacking n’allait-elle pas révéler la position de leur quartier général ? Sei remarqua l’air apeuré de son acolyte, et esquissa un grand sourire :
— Ne t’inquiète pas, ils ne nous ont pas démasqués.
— Je… je vois.
Tranchodon soupira de soulagement.
Ils savaient depuis un moment maintenant que l’Organisation contrôlait les Jeux Pokélympiques, et préparait quelque chose cette année. Une chose en rapport avec le Poireau Flamboyant, et leur volonté de dominer le monde.
— On sait ce qu’ils préparent ? demanda Tranchodon avec une curiosité renouvelée.
— Nan.
— Oh…
Déçu, il suivit Sei Shonagon derrière un des ordinateurs. Elle s’assit sur sa chaise roulante, et il se pencha pour plisser les yeux devant l’écran.
— On connaît le nom des deux prochaines épreuves des Jeux, expliqua Sei.
— … et alors ?
Il ne voyait pas vraiment en quoi tout ceci allait les aider. Sei s’énerva.
— « Et alors ? » ? Tu oses me dire « Et alors ? » ! Filou-du-72, est-ce que tu as branché ton cerveau ?
Le Tranchodon sentit ses joues rougir de honte. Sei Shonagon se décontracta, et ajouta plus calmement :
— Ça veut dire qu’on peut faire fuiter des informations et faire peur à l’Organisation !
— Je ne suis pas convaincu que ça serve nos plans, mentor…
Elle fit la moue. Puis resta silencieuse de longues secondes. Tranchodon en profita pour lire le nom des prochaines épreuves à venir.
— « Saute-Wattouat » et « Lancer de Wailmer ». Hm, je vois, des épreuves datant des tout premiers Jeux Pokélympiques. Le public sera comblé de revoir d’anciens sports revenir à la mode !
— Ah… soupira Sei. Si seulement on avait hacké leurs projets de domination du monde, plutôt…
— Où sont Beau-Gosse-Baraqué et Calculator-Monster, au fait ?
Sei Shonagon désigna le lointain ascenseur permettant de retourner à la surface.
— Calculator-Monster est parti faire les courses. Beau-Gosse-Baraqué est en rendez-vous galant avec une Magnéton.
— Encore ?
Beau-Gosse-Baraqué était le membre le plus récent du groupe. Il était fiable, cynique, moqueur, mais c’était aussi un romantique dans l’âme. Il avait chaque jour des occasions d’aller jouer au séducteur, sans succès.
— Que dois-je faire, mentor ? demanda Tranchodon. Je peux être utile pour quelque chose ?
— Finalement, non. Continue de jouer au journaliste en coulisses. Tu as réussi à t’approcher d’une des équipes, n’est-ce pas ?
— Oui, l’Infâme Cookie. Ticho et Pichu.
— C’est bien. Ils ont déjà un point au classement. Espérons que tu pourras te faire passer pour leur ami s’ils gagnent. S’ils remportent le Poireau Flamboyant, tu devras être à leurs côtés. Les plus éminents membres de l’Organisation seront là.
Elle frappa du poing sur la table, faisant brusquement sursauter Tranchodon.
— Et si on sait qui tire les ficelles, on fera tomber leurs têtes !
« Les jeux vidéo vous rendent violents, mentor ! » faillit-il rétorquer.
Il se retint de justesse, craignant de prendre une gifle en retour. Cette jeune femme, il la respectait autant qu’il la craignait.
***
— Bordel, mais réveille-toi, abruti !
Ticho utilisait son poireau en plastique pour frapper à répétition son partenaire étalé à ses pieds.
Ils se trouvaient au beau milieu du stade grondant de spectateurs. Pichu, endormi profondément, souriait béatement dans son sommeil, alors que des « Pouêt pouêt » résonnaient à chaque coup reçu.
— Les équipes sont prêtes à affronter la troisième épreuve des Jeux Pokélympiques, je parle bien entendu de Saute-Wattouat ! beugla Dialga.
— On n’est pas prêts du tout, ça se voit, merde ! cria Ticho.
Malheureusement, le vacarme du public l’empêcha d’être audible. Les autres équipes lui adressèrent des regards empreints de pitié ou de joie. Michel se permit même un petit ricanement hautain.
Seuls Azurill et Timothée, terriblement anxieux, fixaient Pichu comme s’ils le pensaient mort.
— Il dort, il dort ! piailla rapidement Ticho. Aidez-moi à le réveiller, bon sang !
Ils accoururent et crachèrent sur leur dieu vénéré pour tenter de le faire se lever, sans résultat. Les commentateurs, eux, exultaient.
— Voilà que les Wattouat entrent en scène ! Nos concurrents devront bientôt sauter par-dessus pour engranger des points ! Nos caméras enregistreront chaque saut en temps réel et le classement sera ainsi affiché en direct tout au long du jeu !
— Quel système FOR-MI-DABLE ! exagéra Palkia.
— Je ne te le fais pas dire ! Chaque saut de Wattouat rapporte 1 point, et l’épreuve dure deux minutes. Interdiction formelle de quitter les pelouses du stade, ou de voler plus d’une seconde et demi d’affilée !
Ticho secoua la tête, dépité. Comment pouvait-il gagner ces Jeux Pokélympiques si on lui interdisait sans cesse d’utiliser ses ailes, sa seule arme ?
— Y’a un Brouhabam, dans le coin ? s’affola Ticho. Faut faire plus de bruit si on compte réveiller ce débile !
Les yeux d’Azurill s’enflammèrent.
— Tu OSES insulter l’INFÂME ?
— Tu oses insulter le maître de mon maître ? s’insurgea à son tour Timothée.
— On s’en fout, trouvez un Brouhabam, tichôôô !
Nullement intimidé — même s’il savait très bien que ce Taupiqueur était une machine de guerre ambulante — Ticho cherchait surtout un moyen urgent de régler son problème. Azurill comprit lui aussi le sérieux de la situation et parut laisser tomber son envie de régler son compte au canard qui lui faisait face. Il secoua la tête, dépité.
— Un Brouhabam, faire du bruit ? Alors qu’ils sont tous sourds-muets ?
Ticho leva les yeux au ciel. Encore un peu et il en oubliait la logique absurde qui régnait dans ce monde !
— Un truc bruyant, alors ! répliqua-t-il vivement.
— Et c’est le coup d’envoi de l’épreuve ! s’exclama Dialga.
Un sifflet retentit sur la pelouse.
— Que Saute-Wattouat COM-MEN-CE ! renchérit Palkia.
Ticho déglutit. C’était fichu. Ils ne pourraient jamais réveiller Pichu à temps. Il se résigna et Azurill l’aida maladroitement à placer le dieu endormi des enfers sur ses frêles épaules. Les Wattouat avaient envahis le stade. Les autres concurrents sautaient déjà par-dessus.
Du coin de l’œil, Ticho pouvait déjà voir les compteurs et le classement s’affoler, en direct, sur les écrans géants.
— Aidez-moi, les deux cons ! Vous voulez faire gagner Pichu, oui ou merde ?
Ticho peinait à seulement avancer de quelques pas. Azurill et Timothée, percutant enfin qu’ils avaient un rôle à jouer et pouvaient encore retourner la situation, l’aidèrent à soutenir Pichu.
Timothée eut un éclair d’intelligence — une fois n’est pas coutume — et fonça vers un paquet de Wattouat. Il aboya tel un bon Ponchien de berger et attira ce petit troupeau vers Ticho. Avec un effort combiné d’Azurill et lui, ils réussirent à sauter un mouton, puis un autre.
Puis les pattes de Ticho cédèrent sous le poids et le troupeau de Wattouat le piétina avec joie. Pichu et Azurill y passèrent allègrement eux aussi. Timothée paniquait, prêt à s’autoflageller pour avoir mal géré la situation.
— Fantastique ! Michel semble parfaitement à son aise dans ce genre de jeu ! Regardez-le sauter, avec Barbichette ! On reconnaît bien là une pratique assidue de l’attaque Trempette !
— C’est FAN-TAS-MA-GO-RIQUE !
Le troupeau de Wattouat passa son chemin ; Ticho ouvrit un œil, le corps endolori de partout, et aperçut Rhinastoc et Steelix faire des salto arrières et autres pirouettes avec une grâce digne de leur titre de Danseurs Étoiles. Ectoplasma et Spectrum enchaînaient de courts sauts flottants, mais semblaient plutôt désorganisés. Zigzaton et Scalpion s’étaient eux aussi fait écrasés par le passage du troupeau, et peinaient à se relever.
Et bien entendu, Boss et Boloss continuaient de se débrouiller efficacement, avec une régularité qui faisait froid dans le dos. Ils étaient en tête de classement juste devant Michel qui sautillait de Wattouat en Wattouat.
— Les deux équipes au sol sont clairement hors-jeu, désormais ! Ticho et Pichu semblent fort mal en point, devrait-on appeler l’équipe médicale ? Vont-ils abandonner ?
— Bien sûr que non, tichôôô ! beugla le concerné, outré.
— Mais revenons plutôt à nos Wattouats, reprit Dialga en l’ignorant. Qui seront les gagnants de cette troisième épreuve ?
Ticho s’ébouriffa les plumes de frustration.
Un puissant bip retentit dans l’arène.
— Oh, il ne reste que trente secondes ! s’égosilla Dialga. Les Wattouat se transforment donc très logiquement en Lougaroc affamés ! Chaque morsure subie fera perdre un point aux participants !
— Quôa ? paniqua Ticho. On passe de Saute-Wattouat à une épreuve de survie, ou je rêve ?
D’un coup, avec un grand « pouf », les moutons bêlants se transformèrent en canins affamés à la gueule dégoulinante de bave. Ticho tressaillit en croisant le regard de tueur d’un des loups. Il n’avait que 2 petits points, et on allait les lui retirer comme ça ?
Azurill, pourtant habitué aux noirs rituels et autres choses liées au spiritualisme et à l’horreur, devint blanc comme un linge et s’évanouit de peur. Timothée l’attrapa et s’enterra dans le sol avec lui pour le protéger — in extremis — des crocs d’un des monstres.
Abandonnant complètement Pichu à son sort, Ticho ne pensa même pas à défendre les points qu’il partageait avec son camarade assoupi. Il voulait juste survivre. C’était tout.
— Le vent tourne en défaveur de Michel ! lança Dialga. Sa grand-mère vient de finir dans l’estomac d’un Lougaroc, et le voilà qui pleure comme un bébé !
— Quelle HU-MI-LIA-TION !
Ticho détalait dans le stade comme un fou. Il entendait le souffle chaud des bêtes qui lui couraient après, et évitaient par pur réflexe les coups de pattes envoyés dans sa direction, tout en slalomant entre les ennemis qui arrivaient les uns après les autres. Une véritable meute était à sa poursuite.
— C’est plus des Jeux Pokélympiques, là ! cria-t-il avec effarement.
La panique avait atteint tous les autres concurrents, sauf Boss et Boloss. Maniant leurs poireaux avec précision, ils balayaient les rangs ennemis et se tenaient dos à dos, affrontant à deux la horde de monstres assoiffés de sang.
Soudain, alors que Pichu, face contre terre, était en train d’être mâchouillé par un Lougaroc, il papillonna des yeux.
— Hm ? Maman ?
Ticho l’aperçut aussitôt et bifurqua dans sa direction. Il lui hurla :
— Aide-moi, abruti ! Je vais me faire bouffer !
— Oh, c’est toi, mon ami !
Pichu ignora les crocs qui tentèrent de percer la peau trop solide de son ventre, et sourit à son partenaire.
— J’ai fait un drôle de rêve, mon ami ! J’étais en train de picoler un coup au bar d’à côté, et là, devine quoi ? Ma vodka s’est transformé en whisky-grenadine !
— AIDE-MOI, MERDE !
— Bien sûr, mon ami !
Pichu balança son poing au visage du Lougaroc qui tentait en vain de le dévorer. Le Pokémon décolla du sol et fut projeté si loin qu’il atterrit dans les gradins, faisant hurler de joie les spectateurs blessés par la manœuvre. Ticho jura entendre Alakazam lancer « TAPER, TAPER, TAPEEEER ! » mais n’eut pas le temps de vérifier si c’était bel et bien lui, là-bas, qui balançait son gourdin sur le Lougaroc mal en point.
Pichu pivota vers la meute qui suivait Ticho de près, et des éclairs jaillirent de ses joues : ils contournèrent habilement Ticho et la horde tout entière fut frappée par la foudre, avant de s’écrouler dans l’herbe noircie, inerte.
— Ça alors, il semblerait que Pichu ait retourné la situation pour l’Infâme Cookie ! Ils viennent d’engranger 17 points d’un seul coup ! Ce n’est cependant pas suffisant pour atteindre le podium !
— C’est NA-VRANT !
Dialga, embarassé, toussota dans le micro :
— J’ai l’impression que plus on avance, et moins vous parlez, mon cher Palkia… on est censés commenter ensemble, vous savez !
— C’est EFFEC-TI-VE-MENT le cas !
— Avouez, vous avez la flemme, c’est ça ?
— C’est HORS-SU-JET !
Dialga soupira, mais le coup de sifflet final résonna. Les Lougaroc se transformèrent de nouveau en Wattouat inoffensifs. Ticho marmonna, las :
— Je me serai presque attendu à ce que les moutons soient dangereux, plutôt que les loups, là…
— Tu vas bien, mon ami ? Qu’ai-je donc raté ?
Pichu, de bonne humeur, se dandina près du canard. Il respirait la joie de vivre. Ticho râla :
— Bah, t’as raté l’épreuve. Le Poireau Flamboyant s’éloigne de plus en plus de nous, maintenant…
Pichu se figea d’effroi et leva la tête vers le classement général.
Classement des Jeux Pokélympiques
Mise à jour après l’épreuve 3/16
1ers : Les Poireaulympiques — Boss et Boloss — 2 points
2e : L’Infâme Cookie — Pichu et Ticho — 1 point
Derniers à égalité : D4rk Edgy — Scalpion et Zigzaton — 0 point
Les Passe-Partout — Ectoplasma et Spectrum — 0 point
Les Danseurs Étoiles — Steelix et Rhinastoc — 0 point
Les Serviteurs Infernaux — Azurill et Timothée — 0 point
Les Pitoyables Dieux Pourris de la Mer — Barbichette et Michel — 0 point
— Tes cousins ont encore gagné, mon ami, commenta Pichu.
— Ce ne sont pas mes cousins ! Je les connais pas, ces deux types ! Et j’ai pas envie de les connaître…
Magicarpe s’écriait, non loin de là :
— Hé, pourquoi vous avez changé le nom de mon équipe ! Comment ça « Pitoyables » et « Pourris » ? Je vais génocider le responsable, vous allez voir !
Un Wattouat le fit taire d’un tacle discret. Dialga reprit, fort pour couvrir la clameur du public.
— Nous allons enchaîner et terminer cette journée par la 4e épreuve ! Qui sortira vainqueur de cette lutte acharnée ? Vous le saurez d’ici peu !
— Je suis dans l’EX-PEC-TA-TIVE !