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Endless Dungeon : Le Dernier Explorateur de Serian Norua



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Informations

» Auteur : Serian Norua - Voir le profil
» Créé le 14/09/2021 à 00:46
» Dernière mise à jour le 14/09/2021 à 00:46

» Mots-clés :   Absence d'humains   Action   Aventure   Médiéval

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C.32 : Cohésion
Récapitulatif du dernier chapitre :
Acculé, Aoi décide s’enfuir en direction de l’étage vingt-et-un pour éloigner Ayonis des deux filles. Dans le même temps, alors que Mistid était sur le point de tout abandonner et de se laisser mourir, une voix résonne à travers le temps. Le soulagement consume le désespoir et les deux amies se retrouvent enfin, toutes deux en vie.


***

~Ans x1828 - x1834 après Arceus~

— Comment t’appelles-tu ?

La petite Feunnec la regarda avec tant de gentillesse dans les yeux, elle s’en retrouva déstabilisée. Son regard était différent des autres, elle ne la considérait pas comme moindre. Pourtant ce n’était qu’une servante, et elle… Eh bien elle était une princesse. Les pierres de sa chambre étaient si belles, rien que de les voir on se sentait bien. Et sur sa couchette était posé un drap en soie, le genre qu’on ne trouvait pas là où elle habitait. Non, elle dormait plutôt près des cuisines, sur un petit tas de paille.

— Je… Je ne sais pas, je n’en ai pas, bredouilla la petite Mysdibule.

La princesse afficha un air triste sans se délaisser de ses traits mignons. Elle s’approcha de l’autre, qui recula légèrement, comme apeurée. Cette réaction la fit sourire.

— Je sais, on va t’appeler Mistid ! Soyons amies !

Ce nom résonna dans ses oreilles longuement. Personne ne se souciait de ce qu’elle pensait ou de comment elle pouvait s’appeler. Elle était une servante, rien de plus. Elle appartenait à une famille noble depuis qu’elle existait, rien ne changerait. Elle n’avait pas d’amis.

Mistid… tout est de ma faute… tu as tant souffert par ma faute… ! Ses pas résonnaient entre les murs de pierres et ses yeux se remplissaient de larmes. Je promets que ne te laisserai pas mourir pour moi ! Tu as tant à vivre ! La lumière au bout du tunnel était si proche, mais le temps était si long. Et si elle était déjà morte ? Elle cria aussi fort qu’elle put, grimpant les marches quatre par quatre. Sa frustration faisait naître des flammes autour d’elle. Depuis le début, elle aurait dû être en mesure de la protéger, pensa-t-elle.

— Amies ? répéta Mistid.

L’autre acquiesça vigoureusement, toujours aussi souriante. Elle se mit à courir autour de la Pokémon jaune, toujours aussi intimidée. Jiyana semblait si heureuse à côté d’elle.

— Je n’ai pas d’amies, expliqua-t-elle. Ma famille ne me laisse pas m’amuser avec les autres filles de mon âge… Mais toi tu es là !

La servante ne comprenait pas tout. Pourquoi une princesse aussi raffinée qu’elle voudrait être amie avec une enfant des bas quartiers ? Pour elle, ça ne faisait pas de sens. Pire, elle se sentait même encore plus mal.

— Ne fais pas cette tête ! lui lança la Feunnec. Jouons ensemble !

— Je ne peux pas… je dois travailler… couina Mistid.

— Alors enfuyons-nous ensemble ! Allons-nous-en loin d’ici et comme ça on pourra s’amuser autant qu’on le voudra ! Je ne serai plus une princesse et tu ne seras plus une servante ! Nous serons juste tous amis et heureux pour la vie !

L’espace d’un instant, la petite créature ressentit un sentiment qu’elle n’avait jamais éprouvé jusqu’à lors : l’espoir. Elle connaissait les tâches ménagères, elle savait nettoyer le sol et les toilettes, cuisiner, mais elle ne comprenait pas pourquoi son cœur se soulevait tant, pourquoi elle se sentait presque flotter. C’était peut-être ça, après tout. Elle n’avait pas à comprendre, juste à croire dans le sourire de celle pour qui elle existait. Et elle continuerait jusqu’au bout. Elle serait son amie, mais elle serait surtout sa protectrice. Après tout, cette petite bête joyeuse venait de donner un sens à sa vie.

— Mistid !! N’abandonne pas !

Les larmes roulaient le long du visage de la Roussil. Elle lui avait promis qu’elle serait toujours heureuse. Et pourtant elle l’avait menée jusqu’à mettre sa vie en jeu pour elle. Mistid… Tu n’as plus à me protéger, désormais… Ne te mets pas en danger pour moi ! Ne risque pas ta vie, tout ça ne doit pas te concerner !! Elle voulait hurler, pleurer jusqu’à se dessécher, elle voulait retrouver Ayonis et le tuer de ses propres mains. Elle voulait… Je veux juste te revoir, sanglotait-elle. Ses sentiments se transformèrent en une véritable boule de feu. Je veux te revoir ! Son corps entier devint flammes, ne faisant plus qu’un avec sa magie. Le vide qui lui transperçait la poitrine sembla se remplir petit à petit, finalement, elle n’eut plus peur. Elle allait tout détruire pour elle, car elle méritait d’être heureuse.

— Ne touche pas à mon amie !!

Sa voix se cassait, déformée par la colère. Mais elle était là désormais. Devant elle. Dans ses bras, sentant ses larmes couler le long de sa fourrure. Le cauchemar était terminé désormais, elles étaient réunies. Elle non plus ne pouvait s’arrêter de pleurer, mais c’étaient des pleurs de joie. Quelque chose avait changé en elle, le trou était comblé.

— J’ai eu si peur… murmura Mistid. J’ai cru ne jamais te revoir…

— Moi aussi… sourit-elle.

Quelque chose avait indéniablement changé en elle. Elle ne savait pas quoi, mais c’était suffisant pour que son amie ne soit plus jamais malheureuse. Elle ne le savait pas, mais elle venait d’activer sa Magie Antique : Cohésion.

Depuis toute petite, elle avait toujours voulu être comme son amie. Elle détestait la vie de princesse, elle ne voulait pas ça. La nuit, elle restait collée à sa fenêtre, rêvant de pouvoir inverser les rôles. Mais très vite elle se rendit compte que ne pas être une princesse ne signifiait pas avoir une vie normale. Mistid était une esclave de descendance, sa vie était bien pire. Mais elle lui voulait du bien, alors elle lui fit la promesse de s’enfuir avec elle.

— Et où ira-t-on ? demanda un jour la Mysdibule.

Allongées dans l’herbe, elles scrutaient les étoiles au loin. Elles étaient si bien, ainsi immobiles, à observer le même ciel. Dans ces moments-là, toutes deux éprouvaient un sentiment de liberté partagé. Maintenant que les graines de l’espoir étaient semées, elles ne voulaient plus que s’en aller loin de leur vie.

— Ailleurs. Dans un autre pays, là où on ne nous retrouvera pas ! Il y a tellement de choses à voir dans le monde, je veux tout découvrir !

Derrière, des bruits de pas signalèrent l’approche d’un Pokémon. Il s’agissait d’un Reptincel. Ce dernier s’assit à côté des filles, refusant cependant de se coller à la Feunnec. Mistid le remarqua et releva la tête, affichant un sourire amusé.

— Ayonis, pourquoi tu ne te rapproches pas ? se moqua-t-elle.

Le Pokémon Feu sembla alors tout gêné, son regard alternant entre les deux créatures. Ses yeux croisèrent ceux de la petite renarde, qui souriait elle aussi. Une lumière éclairait le fond de ses pupilles et bien qu’il lui intimât de se taire, son cœur battait la chamade. Il se rapprocha de quelques centimètres, tout hésitant. C’était amusant de voir ce grand garçon se faire tout petit face à celle qu’il devait épouser. Habituellement bruyant, il ne prononça pas un seul mot et se contenta de rester à côté de Jiyana. Il était heureux comme ça, le reste importait peu.

Deux ans s’étaient écoulés, mais rien n’avait changé. Désormais c’était un trio, mais ils ne pouvaient pas s’enfuir. Contempler les cieux était leur seule échappatoire, le seul moment où ils pouvaient se sentir voyager. Chaque jour, la princesse imaginait sa vie avec eux, loin d’ici. Elle se voyait explorer le monde, découvrir des merveilles, loin de cette cage à oiseau.

— Ayonis est clairement amoureux de toi ! s’exclama la Mysdibule, toute fébrile.

La Feunnec se mit à rougir et détourna le regard. Elles se trouvaient toutes deux dans la chambre de Jiyana, assises sur sa couchette. C’était un souvenir qu’elle chérissait, également.

— N…N’importe quoi ! rétorqua-t-elle. C’est impossible !

— Tu rigoles ? Chaque fois qu’il est avec toi, il change totalement de caractère ! Il est dingue de toi, c’est obligé !

Elle fixa le tissu soyeux brodé du blason de sa famille. Le temps passait, mais rien ne changeait. Elle aussi était amoureuse du Reptincel. Après tout c’était normal, toutes les filles du royaume en pinçaient pour le prince royal. Mais elle ne désirait pas que ce sentiment soit réciproque, elle n’avait rien de plus que les autres.

— Quittons Akhamsca, fit-elle d’un air songeur. Il est grand temps que nous nous en allions.

Elle voulait s’en aller vite, craignant le mariage. Elle ne deviendrait pas reine, son rêve était juste de vivre sa vie. Toutes ces fioritures, ces protocoles, ces règles à suivre, elle n’aimait pas. Elle n’avait d’ailleurs jamais aimé, et elle n’aimerait jamais. Si elle partait, alors elle laisserait tout ça derrière elle à tout jamais. Elle eut une pensée pour sa mère, qui lui manquerait. C’était la seule personne de sa famille à qui elle pouvait se confier, lui racontant tous ses secrets. Sans cette figure maternelle, elle n’aurait pas eu le droit de devenir amie avec Mistid.

Et ce qu’elle comprendrait plus tard, c’est que sans sa mère, elle n’aurait jamais pu s’enfuir du pays pour devenir aventurière. Sans elle, rien de tout ça ne se serait passé. « Promets-moi que tu seras heureuse », lui avait-elle dit. « Promets-le-moi, et je ferai en sorte que vous partiez tous trois. » Elle espérait tant qu’elle soit encore en vie aujourd’hui. Après tout, qui pourrait détruire un mariage royal sans se faire exécuter ?

Comme elle aimerait pouvoir revenir dans le passé, avant que tout ne se passe mal. A l’époque, peut-être aurait-elle pu sauver celui qu’elle aimait. C’était trop tard, désormais.

— Si seulement nous pouvions retourner en arrière, souffla-t-elle dans l’oreille de son amie.

— Ne t’en fais pas, la rassura alors la Mysdibule. Aoi le sauvera, quoi qu’il arrive. J’ai confiance en lui.

Aoi. Il avait gagné la confiance de Mistid ? Les deux seules personnes à qui elle ne l’ait jamais donné étaient Jiyana et Ayonis, se méfiant des autres. Alors quand ce dernier commença à s’enfoncer dans l’ombre, elle se sentit trahie et se renferma à tout jamais. Mais tandis qu’elle ne connaissait pas le Grenousse depuis longtemps, elle lui faisait confiance. Traduit, cela voulait dire que si quelque chose arrivait mal, elle savait qu’il serait là pour elles. Si l’aventurière plaçait ses espoirs sur les épaules du batracien, alors la Roussil pouvait faire de même. Le Golem se releva et ses épées se reconstruisirent.

La situation semble s’être améliorée. Toutefois, le combat n’est pas fini.

Jiyana sursauta en entendant le message télépathique. L’autre desserra son étreinte et tourna son regard vers le boss, désormais remplie d’assurance.

— Je sais. Mais je ne suis plus seule, alors c’en est fini de toi.

Son amie se releva, l’entraînant par la main.

— Oui, dit-elle, désormais nous sommes deux. Et nous sommes unies.

Elle leva son petit bras, conduisant la Mysdibule à faire de même. Cette dernière la regarda, stupéfaite de son air soudain sérieux. Même en combat contre des monstres, elle n’avait jamais arboré ce regard déterminé. Elle ne savait pas pourquoi, mais la Roussil n’était plus la même. Son pelage se mit alors à onduler et se changea petit à petit en flammes. Interloquée, l’autre admira la transformation magique se produisant autour de son corps.

— Mistid… Tu as toujours été là pour moi… Lorsque nous avons quitté Akhamsca, tu étais le pilier sur lequel je pouvais me reposais. Entre toi et Ayonis, je me sentais en sécurité. J’ai foi en l’avenir, j’ai foi en Aoi, et je sais que plus jamais rien ne sera pareil désormais, mais je ne te ferai plus porter ce rôle. Tu as enduré tant pour moi que je devais répondre. Je croyais être forte, mais maintenant, je m’en rends compte. Ma seule force, c’est toi. Ensemble, nous sommes invincibles.

Les yeux de l’autre se chargèrent à nouveau en larmes et autour de son corps apparut un vent métallique qui se mélangea aux flammes de Jiyana. Oui, personne ne peut vaincre notre cohésion !

Ne poussez pas votre chance trop loin, créatures.

— Ce boss se régénère à l’infini, expliqua la Mysdibule. Le seul moyen de le vaincre est de détruire son cœur. On doit le découper jusqu’à l’isoler puis le détruire, autrement il le déplacera sans cesse. Une fois qu’il ne touche plus le sol, la magie cesse d’affluer et il ne peut plus se reconstruire. Je peux m’occuper de le découper, mon attaque est faite pour ça.

— Compris, je vais le faire fondre alors.

Un souffle d’air s’élevait de l’union de leurs magies, le feu se mélangeant au vent de métal. Le Golem se prépara à attaquer, tenant fermement ses deux épées rougeoyantes. Alors que quelques instants plus tôt elle se sentait si lourde, Mistid avait désormais l’impression de flotter. Était-ce grâce aux flammes de son amie ? Une chaleur réconfortante traversait également son corps, comme calmant toutes ses peurs. Son corps ainsi mélangé au feu, elle avait l’air d’une héroïne, pas d’une simple princesse. Je n’ai pas pu te faire mes adieux, finalement, songea Jiyana. Je ne peux plus rester à tes côtés, Ayonis. J’espère que nous nous reverrons un jour, et que tout sera différent. Elle bondit dans les airs, ses pattes arrières s’étant changées en spirales enflammées.

— Nitrocharge ! s’exclama-t-elle.

Elle fendit le ciel en direction du boss, son aspect se confondant avec celui d’une flèche enflammée. On dirait… Elle s’est mélangée avec sa magie ! s’extasia l’autre aventurière. Elle semblait également avoir emporté une partie du vent métallique lui appartenant, lui ayant donné en retour une partie de son feu. Autour de Mistid, le long de son vent se propageaient des flammèches. Jiyana, cette magie serait-elle ta façon de survivre ? A quel point as-tu été brisée pour que le but de ce brasier ardent soit de te réchauffer le cœur ? se demanda-t-elle.

Elle s’élança à son tour en direction du géant, prête à en découdre. Ou peut-être qu’il ne te le réchauffe pas. Peut-être le remplace-t-il tout simplement… Le boss l’accueillit avec un violent coup d’épée qu’elle bloqua de sa lame. Cette fois, elle avait presque l’impression de faire jeu égal avec le monstre. Merci, Jiyana.

« C’est pour cela que tu es née. Ta seule raison d’être est de servir notre famille, c’est pourquoi nous t’offrons un lieu où dormir et manger. Tant que tu feras ton travail, tu pourras rester. » Combien de fois avait-elle craint d’être abandonnée si elle n’était pas à la hauteur ? Toute sa vie elle avait fui, évitant le courroux et la déception des gens autour d’elle. C’était d’ailleurs la raison qui l’avait poussée à vouloir devenir aussi forte. N’ayant presque personne tenant à elle, elle devait être là pour eux.

— Ne les écoute pas. Ce sont tous des idiots, ils nous considèrent comme des objets !

C’était toujours bon d’entendre les paroles chaleureuses de son amie, sans elle la vie au château serait difficile pour Mistid. Même les autres domestiques se tenaient à l’écart, maintenant qu’elle côtoyait la fille des maîtres de maison.

— Eux aussi, ce sont des idiots ! Arrête de t’inquiéter, l’important c’est que tu nous aies nous ! Ayonis, toi et moi, on forme un trio inséparable, tu le sais !

La Roussil se rapprocha de la Mysdibule, et à la surprise de cette dernière, la prit dans ses bras pour la première fois. C’était d’ailleurs la première fois que quelqu’un l’enlaçait, et elle se retrouva troublée et rougissante. Mais depuis, son amie n’avait cessé de lui apporter de la joie et cette chaleur qui lui était propre. La serrant toujours contre elle, elle lui dit quelque chose qui allait la changer à tout jamais.

— Nous sommes une famille. Qu’importe si nous provenons de différentes mères, nous sommes désormais plus unies que tous les autres. Même si la distance nous sépare, nous ne nous perdrons jamais de vue, car nous sommes des sœurs.

Cette scène se déroula la veille de leur départ, et quelques heures plus tard elles verraient Akhamsca pour la dernière fois de leur vie. Une famille.