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Les Apôtres d'Erubin de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 11/07/2021 à 09:24
» Dernière mise à jour le 11/07/2021 à 09:24

» Mots-clés :   Amitié   Aventure   Drame   Mythologie   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 41 : Barrage et énergie de demain
Le lendemain de son arrivée à Ikalanis, après avoir tenté tant bien que mal de dormir dans cette vieille école au bois à moitié moisi que le maire avait mis à disposition pour lui, Oswald décida de se rendre sur le chantier du barrage, qui selon les habitants était à l'arrêt. Interroger les locaux ne lui apporterait rien, si ce n'était de la méfiance. Il préférait directement s'entretenir avec le maître d’œuvre pour avoir sa version et arriver à un accord à l'amiable, ce qui éviterait un procès qu'aucun des deux partis ne souhaitait.

Alors qu'il se rendait sur les hauteurs nord-est de la vallée d'Ika (à pied bien sûr, il semblait que les gens d'Ikalanis n'aient jamais entendu parler de l'automobile) il observa d'un œil distrait le quotidien des gens d'ici de bon matin. Beaucoup d'habitants travaillaient dehors, que ce soit aux champs ou dans des petits commerces, et tout le monde semblait connaître tout le monde. Il y avait quelques Pokemon domestiques, qui aidaient les humains dans leurs tâches diverses, mais encore une fois, très peu d'enfants.

Comme l'école avait été fermée, les rares bambins du village devaient sans doute se faire directement instruire par leurs parents, à moins qu'ils aient une sorte de professeur à domicile. Oswald se demanda vaguement ce que faisait la jeune Sylveïs à cette heure, la gamine aux cheveux roux qu'il avait rencontrée hier soir, avec son étrange Pokemon à l'allure de sculpture grecque.

Oswald fit l'effort de saluer aimablement tous ceux qu'il croisait, mais comme hier, il ne reçut essentiellement que des regards peu amènes ou suspicieux en guise de réponse. Dans n'importe quel autre endroit, il aurait pu prendre ça pour du racisme. En effet, avec sa peau sombre, Oswald a pas mal connu ça dans son enfance à Kanto, une région qui n'était pas spécialement multiculturaliste. Sinnoh l'était encore moins bien sûr, s'étant fermée au reste du monde pendant des siècles. Mais dans ce village, ce n'était pas la couleur de peau qui posait problème, mais simplement le fait de ne pas être d'ici.

Oswald ne leur en voulait pas. Ce n’était pas tant leur faute que celle du gouvernement de Sinnoh, qui avait laissé ce village dans un tel enclavement sous prétexte qu’il était difficile d’accès. Inévitablement, dans de telles conditions, l’entre-soi se développait très vite. Mais ce n’était pas propre à la région Sinnoh. Kanto aussi avait ses propres villages oubliés de tous qui s’efforçaient de s’en sortir tout seul. Son ami Dan Sybel était justement natif de l’un d’entre eux.

Après une bonne heure de marche, Oswald arriva sur le site de construction en ayant remonté le cours de la Kakowi, la rivière sur laquelle le barrage devait être implanté. Assurément, les travaux avaient déjà commencé, mais tout semblait avoir été abandonné dans l’urgence. Il y avait encore des engins de chantier et même des outils qui traînaient sur les lieux. Oswald fronça les sourcils devant un tel manque de professionnalisme. Non content de pouvoir provoquer un accident en laissant tout de la sorte, ce barrage à peine commencé dénaturé totalement le paysage et perturbait les Pokemon locaux.

Le jeune avocat repéra la maison préfabriquée qui devait servir de lieu de repos des employés de constructions. Selon le maire d’Ikalanis, il y avait quelqu’un de l’entreprise qui était resté ici, pour surveiller l’ouvrage. Il s’y rendit et frappa trois coups à la porte, sans qu’il n’y ait aucune réponse. Mais la porte, elle, n’était pas verrouillée.

- Bonjour ? tenta Oswald en élevant la voix. Excusez-moi, il y a quelqu’un ? Je suis Oswald Brenwark, un avocat dépêché pour tenter de résoudre le conflit entre le village d’Ikalanis et le gouvernement. Pourrai-je parler à un responsable ?

Silence radio. Oswald hésita à entrer. Les violations de domicile, pour un avocat, c’était pas terrible, mais il avait besoin de contacts et de réponses pour avancer. Et puis, du point de vue strict de la loi, une construction temporaire de chantier public comme celle-ci ne pouvait légalement pas être considérée comme un lieu de vie privé. Enfin, si tant est qu’on s’arrangeait un peu avec les textes et qu’on maniait bien la rhétorique. C’était le cas d’Oswald, donc il entra.

L’intérieur était dans un état abominable. Tout était sans dessus-dessous, avec des objets, des vêtements et même de la nourriture qui traînaient un peu partout. Pour un homme aussi maniaque qu’Oswald, un tel lieu était une hérésie, qu’il soit habité ou non. On dirait un lieu de tournage d’un quelconque film apocalyptique, ou par exemple tout le monde avait fui d’un coup une invasion de zombis.

Il ne semblait y avoir que deux pièces principales, et une dizaine de petites cabines qui devaient être des chambres temporaires. Dans la salle où Oswald était se trouvait une immense table avec plusieurs chaises, la plupart renversées, et plusieurs casiers, beaucoup ouverts et avec leur contenu déversé par terre. La seconde pièce, séparée par une baie vitrée, se trouvait être un bureau. Sans doute celui du responsable.

Oswald s’y dirigea, espérant trouver des papiers qui pourraient le renseigner. Mais d’un coup, l’un des murs de la salle se brisa, manquant faire tomber Oswald qui dut s’accroupir pour se protéger des débris. Sans avoir eu le temps de réagir, il se retrouva entre les bras musclés d’un Pokemon, incapable de bouger. Puis dans le même temps, un individu sortit du bureau où visiblement il s’était caché, en une cabriole digne d’un commando spécial. La comparaison fut d’autant plus crédible quand l’homme pointa le bout d’un fusil sur Oswald.

- Vous êtes qui ? Vous voulez quoi ? Un assassin envoyé par ces cinglés pour me buter, hein ? Z’ont plus les tripes de venir eux-mêmes ?

L’homme, qui avait plus ou moins la cinquantaine, était le parfait cliché du survivaliste un peu parano. Il avait une barbe de plusieurs mois, des habits qui n’avaient sans doute pas été lavés depuis aussi longtemps, et plusieurs couteaux, marteaux et autres armes potentielles flanqués un peu partout sur lui. Quant à son complice Pokemon qui tenait fermement Oswald par derrière, c’était un Ouvrifier, un Pokemon Combat bien appréciés des employés du BTP.

- Est-ce que j’ai le look d’un assassin ?! Protesta Oswald. Je suis avocat, je l’ai bien dit avant d’entrer !

- Un assassin aurait dit pareil !

Oswald avait bien envie de le traiter de taré, mais il sentait que provoquer ce type ne serait sûrement pas une bonne idée. Cet homme avait tant de cernes sous les yeux qu’il ressemblait à un cadavre, ou à un camé.

- Monsieur, posez votre arme et dites à votre Pokemon de me lâcher, s’il vous plait. Je ne vous veux aucun mal, je veux juste discuter. Je n’ai aucune arme. Vous pouvez me fouiller si cela peut vous rassurer.

L’individu lui tourna autour, le braquant dans diverses directions, comme s’il craignait que des mains supplémentaires sortent du corps d’Oswald avec un flingue dedans.

- Fouille-le, Ouvrifier, ordonna-t-il enfin.

Le Pokemon lui palpa le corps avec ses grosses mains, pour retirer un seul stylo de la poche de son costume. L’homme le prit comme s’il s’agissait d’une preuve irréfutable.

- Pas d’arme hein ? Vous croyez qu’on ne peut tuer personne avec un stylo plume ? Vous comptiez me le planter dans les yeux ou dans la gorge quand j’aurai le dos tourné ?

- Ou plus simplement, je le garde toujours sur moi au cas où j’aurai des trucs à écrire ? répliqua Oswald avec exaspération. Je vous l’ai dit, je suis avocat bon sang ! Et je ne suis pas de Sinnoh !

- Vrai que vous ne causez pas l’ancien sinnohïte et que vous n’avez pas l’accent du coin, admit l’homme. Mais ça pourrait tout aussi bien être une ruse. Vous avez travaillé votre accent pour me faire baisser ma garde et…

- Oh, pour l’amour d’Arceus… Allez-vous enfin me dire qui vous êtes et ce que signifie tout ce cirque ? En arrêtant une minute de jouer les Godbert Mandersbrand ?

L’homme se détendit d’un coup en haussant les sourcils et en baissant son arme.

- Vous aimez les films de Godbert ? J’en suis fan !

- Ouais, étrangement, ça ne m’étonne pas trop. Je l’ai déjà rencontré, vous savez ? Si vous voulez, je peux vous obtenir un autographe.

- V-vraiment ? Pour de vrai ?

- Oui, si vous lâchez votre arme, si vous dites à votre Ouvrifier de cesser de me comprimer les côtes, et si on a une petite discussion censée vous et moi.

L’homme réfléchit un moment, puis hocha la tête. Il fit signe à Ouvrifier de relâcher sa prise et baissa totalement son fusil, sans aller jusqu’à le lâcher.

- Quelqu’un qui connait et qui a même rencontré THE Godbert ne peut pas être un assassin envoyé par un culte cinglé et lâche…

- Comme vous dites, fit mine d’approuver Oswald.

Il n’avait pas menti. Il avait bel et bien rencontré Godbert Mandersbrand, cet acteur d’Unys ultracélèbre pour ses films d’action et son physique de Mister Univers. C’était lors d’un gala pour une collecte de fond d’un quelconque milliardaire dont Oswald avait déjà oublié le nom. Il y avait participé à contrecœur, dans l’unique but de se faire un nom parmi la crème de la crème d’Unys.

- Bon, c’est quoi cette histoire de culte ? Commença Oswald. Ou plutôt, si vous me disiez d’abord qui vous êtes ?

L’homme fit d’abord le tour de la pièce, regardant par toutes les fenêtres comme s’il craignait une attaque soudaine, avant d’en baisser les stores.

- Je suis Armando Iserarld, le chef de ce chantier. Je bosse pour ProBuilding Corp, qui a passé un contrat avec le gouvernement de Sinnoh pour ce barrage.

Oswald hocha la tête, satisfait. Il avait le nom d’une entreprise. A partir de là, ça irait beaucoup plus vite.

- Et puis-je savoir pourquoi vous avez fait de ce préfabriqué à l’abandon un camp retranché ? Qu’est-ce que vous craignez ?

- Ce que je crains ? Qu’on vienne m’assassiner pardi, comme mes gars !

Oswald se pinça les arêtes du nez, ayant de nouveau mal à la tête.

- Vous assassiner ?

- Pour sûr. Ces gens sont des malades, je vous le dis ! Ils entendent des voix, ils vendent leurs âmes aux ténèbres !

Oswald se retint de lui dire que niveau sanité d’esprit, il n’était pas vraiment le mieux placé pour parler.

- Et par ces « gens », vous entendez…

- Les habitants d’Ikalanis, bien sûr ! Ils sont tous membres d’un culte apocalyptique !

- Ils sont seulement contre ce barrage. Ça n’en fait pas des adorateurs de Wrathan pour autant…

- Oh, ils sont contres oui, et ils nous l’ont fait bien savoir. Sauf que mes gars et moi, on avait un contrat et des instructions. On fait pas de politique nous, qu’on leur a dit. S’ils voulaient se plaindre, fallait le faire au gouvernement, ou à la société qui a repris le financement du projet. Alors on a continué de travailler. Sauf que, peu à peu, il a commencé à arriver des trucs chelous à mes gars…

- Que voulez-vous dire ?

- Certains ont commencé à tomber malade. Des symptômes hallucinants que personne n’avait jamais vu, comme des espèces de cristaux de roches sombres qui leur poussaient sur les membres. Puis deux de mes gars, Charlie et Stan, sont devenus complètement barge, à voir des choses qui n’existaient pas ! La peur a commencé à se rependre sur le chantier. Et sur ce, les habitants du village ont envoyé cette gamine rousse nous effrayer encore plus en disant que c’était la malédiction de leur foutu dieu, et qu’on devait partir au plus vite pour qu’elle s’arrête !

Oswald fronça les sourcils.

- Cette « gamine rousse »… elle ne s’appelait pas Sylveïs ?

- Celle-là même ! Les habitants l’appellent leur Sainte Prêtresse. Une sorcière avec un visage d’ange, je vous dis ! Bref, forcément, mes gars ont commencé à flipper sévère. Beaucoup se sont tirés. Mais moi et quelques autres, on a continué à bosser, vous voyez, parce qu’on allait pas se laisser intimider par ces sornettes folkloriques. Puis alors c’est arrivé… On a retrouvé Karl et Mike sur la rive de la rivière, le crâne fracassé.

- Le maire n’a jamais mentionné de morts sur le chantier pourtant, s’étonna Oswald. Et vous pensez que ce sont les habitants, les responsables ?

- Eux, leur dieu, ou sa foutue malédiction, qu’en sais-je ! Et ça ne s’est pas arrêté là ! Deux jours après, avant même que les flics de Vestigon ne daignent venir, c’est le pauvre Harriman qui est devenu totalement barge et qui s’est ouvert la gorge avec mains ! On était plus que quatre sur place. Les trois autres ont préféré fuir. Je leur ai dit que c’était dangereux, que ces dingues n’attendaient que nous sortions pour nous attraper et nous sacrifier à leur dieu en faisant brûler nos tripes ! Ils sont sans doute déjà morts, oh que oui ! Mais ils ne m’auront pas. Pas moi. Je veille ici depuis des mois. Si jamais ils s’avisent de s’approcher, ils devront faire face à mon brave Ouvrifier et à mon fusil !

Oswald prit un temps pour digérer cet afflux d’informations. Cet Armando Iserarld avait sans doute perdu un peu l’esprit sous l’effet de la peur et du manque de sommeil, mais Oswald doutait qu’il ait inventé toute cette histoire. Ce qui semblait être un simple litige de travaux public virait désormais à l’affaire meurtrière, avec tout un village impliqué. Oswald pressentait qu’il ne pourrait pas rentrer aussi vite que prévu…

- Un dernier point, fit-il. Vous avez mentionné une société qui aurait repris le financement du projet ?

- Ouais… oui, dit Armando en se calmant un peu. A partir d’un moment, le gouvernement semblait avoir laissé tomber. Il ne voulait pas avoir à géré un projet contesté par la population locale et qui allait forcément durer et coûter encore plus cher. Mais une sorte de consortium étranger, basé sur les énergies renouvelables, a reprit l’affaire. Il a passé un contrat avec le gouvernement et s’est engagé à tout financer, en échange de permis de prospections sur certains domaines publics de Sinnoh.

Consortium étranger ? Energies renouvelables ? Prospection ? Tout cela semblait familier aux oreilles d’Oswald, qui posa tout de même la question.

- Vous vous souvenez de son nom ?

- Ouais. Pas pu oublier un nom si bidon. Le Vert de la Planète.


***


En montant sur le pupitre, sous les nombreux flashs des journalistes présents, Haysen Funerol se disait que ce jour était sûrement le plus important de sa vie : celui où il allait présenter au monde entier l’énergie de demain. Il avait à ses côtés les principaux membres de son conseil d’administration, et quelques-uns des directeurs de centres les plus importants du monde. Tout le gratin du Vert de la Planète, réunis aujourd’hui dans son tout nouveau siège social à Almia. Funerol se racla la gorge, tandis que son collègue et ami, Maxwell Briantown, juste à sa droite, hocha discrètement la tête pour l’encourager.

- Mesdames et messieurs, commença le PDG. Chers amis de la presse et du monde entier, merci d’être venus à cette conférence de presse exceptionnelle. Aujourd’hui, le Vert de la Planète vous présente ni plus ni moins que l’avenir. Il vous présente le mode de consommation énergétique qui non seulement sera propre, peu couteux à produire, mais qui en plus est infini. Fini le charbon, le pétrole, le gaz, et même l’électricité. Fini de polluer notre planète, d’exploiter nos Pokemon pour leur énergie, ou de dénaturer ses paysages avec des centrales, des barrages ou même des éoliennes ! Il ne suffira plus que planter dans le sol quelque uns de ces appareils là.

Un des scientifiques du Vert de la Planète arriva sur l’estrade avec, dans les deux mains, une sorte de pieu dont la partie supérieure était un bocal en verre. Funerol laissa le temps aux journalistes de prendre les photos qu’ils voulaient, avant de poursuivre :

- Ceci est un extracteur draconique. Il est petit, non polluant, facilement transportable et autonome. Plantez-le dans un sol ciblé avec quelques autres, et vous pourrez alors soit capturer soit rediriger vers un contenant plus gros l’une des plus anciennes et des plus passionnantes énergies de ce monde. Je veux parler de l’Energie Draconique.

Funerol appuya sur un bouton sur son pupitre, pour que des images apparaissent sur l’écran derrière lui, montrant un flux vert et difficilement visible qui se mouvait tranquillement au-dessus du sol.

- Ce sont des images d’un de nos sites dans la région Unys, passées sous un certain spectre de fréquence, pour que vous puissiez voir l’Energie Draconique autour. Elle est en effet invisible à l’œil nu sous sa forme primaire, quand elle est verte. Sans doute certains d’entre vous en ont déjà entendu parler, peut-être sous des noms différents ? On l’appelle aussi Energie Cosmo-Tellurique, l’Energie du Dracon, ou encore l’Eucandia. On la trouve plus ou moins partout sur le globe, mais elle est spécialement en abondance dans la région d’Unys. Car selon la légende, cette énergie viendrait du Dragon Originel, un Pokemon ancestral qui semble-t-il est venu de l’espace. Il se serait depuis divisé en trois Pokemon Légendaires que l’on connait sous les noms de Reshiram, Zekrom et Kyurem, mais pas avant d’avoir apporté l’Energie Draconique à ce monde. Selon certains écrits d’Unys, cette énergie relierai tous les êtres vivants entre eux, et apporterai l’équilibre à la planète. Bien sûr, son existence n’a jamais été prouvée scientifiquement, bien qu’il y ait eu certains phénomènes tendant à affirmer qu’elle existe bel et bien. Le Vert de la Planète a souhaité enquêter sérieusement sur cette énergie, et grâce à son ingéniosité et la très haute qualification de ses équipes scientifiques, nous sommes désormais en mesure non seulement d’apporter la preuve de son existence, mais également de la stocker pour des applications concrètes !

L’écran derrière lui montra d’autres images, avec des chiffres et d’autres explications scientifiques. Mais surtout, elles montrèrent une procédure de transformation de l’Energie Draconique sous sa forme primaire en celle qui permettait de l’utiliser pour alimenter à peu près n’importe quoi.

- Comme vous le voyez, par un procédé très technique, nous sommes parvenus à modifier la structure de l’Energie Draconique afin de lui faire prendre tout son potentiel. Elle devient alors visible et passe du vert au violet. Il s’agit d’un état d’instabilité contrôlée qui lui fait dégager une puissance thermique qui serait, grâce à nos adaptateurs dernières générations, capable de fonctionner dans tout type d’appareil ou de générateur, qu’il marche au gaz, à l’électricité, à la chaleur, à tout ce que vous voulez.

Funerol conclut son discours en écartant les bras.

- Demain, je vous l’assure, nos voitures, nos avions, nos trains marcheront avec l’Energie Draconique. Nous nous chaufferons avec elle. Nous produirons avec elle, pour un taux minime d’expulsion de gaz carbonique. Les pays sous-développés connaîtront un accroissement économique fulgurant. Les pays les plus développés pourront produire plus que jamais sans craindre de polluer la planète. Nous pourrons stopper le réchauffement climatique, arrêter la fonte des glaces, et toutes les autres calamités naturelles du globe. Voilà, les amis, le futur que vous promet le Vert de la Planète !

Après cela, ce fut la débande de flashs, de journalistes qui se levaient pour poser leurs questions à la chaîne, et d’appels téléphoniques multiples du public présent, sans doute pour se dépêcher de vite acheter des actions Vert de la Planète. Funerol désigna du doigt une journaliste au premier rang.

- Monsieur Funerol, Elena Martopia de Galar One. Cette énergie serait-elle vraiment illimitée comme vous dites ? Comment cela serait-il possible ?

- L’énergie solaire est illimitée tant que ce dernier brille dans le ciel, non ? Répondit Funerol. Eh bien, c’est un peu pareil ici. L’Energie Draconique provient de la vie elle-même, en particulier des plantes et des minéraux. Tant qu’il y aura de la vie sur notre bonne vieille planète, tant que la faune sera préservée, tant que la végétation sera là, alors l’Energie Draconique aussi.

Nouvelles salves de questions.

- Laurent Delamaison, de Kalos 2. Monsieur Funerol, êtes-vous certains qu’une ponction à grande échelle de cette énergie ne nuira pas à la planète ?

- Nous le sommes. L’Energie Draconique est infinie car autoreproductrice. Ce que nous prendrons, la Terre le produira de nouveau. Nous avons bien sûr lancé des études sur les endroits où nos extracteurs sont plantés, et nous n’avons relevé aucun changement, de n’importe quel ordre que ce soit.

- Monsieur Funerol, Spencer Woln de Socio FM. Votre société aura-t-elle le monopole de l’Energie Draconique ?

- L’Energie Draconique est un don de la planète, mon cher Spencer. Aucun humain, aucune organisation que ce soit ne peut prétendre en avoir le monopole. Elle appartient à tout le monde, aux hommes comme aux Pokemon, et même aux plantes. Elle appartient à tous les êtres vivants. Le Vert de la Planète a juste la connaissance et les outils nécessaires pour l’extraire, la stocker et la transformer en énergie utilisable pour l’humanité. Il va de soi que nous ferons des bénéfices là-dessus, et des gros, je ne vais pas vous raconter d’histoire. Mais croyez-moi quand je vous dis que pour les utilisateurs, ce sera bien plus d’économies qu’un abonnement d’électricité ou de gaz.

- Vous comptez être le seul fournisseur de la Terre entière ? De tous les habitants, de toutes les entreprises, de toutes les régions du globe ?

Funerol sourit à cette question. C’était comme si le journaliste venait de lui demander s’il allait devenir l’homme le plus riche et le plus puissant du monde, tout le monde ici en était conscient.

- Notre société a pour vocation de changer l’utilisation énergétique du monde pour le préserver et le rendre meilleur, répondit Funerol. Le progrès technologique et scientifique est une chose merveilleuse à encourager, mais les modes de consommation et de production doivent évoluer eux aussi pour soutenir ces avancées sans dénaturer notre planète. Il en va de notre équilibre avec la nature et les Pokemon. Il en va de la paix et de l’innocence dans le monde. Naturellement, le Vert de la Planète fera tout ce qu’elle pourra pour cela, qu’importe la forme que cela prendra.

Ce fut un brouhaha général dans la salle, et Funerol se permit de reculer du micro pour expirer un grand coup. Comme prévu, il venait de frapper fort.
Regardez-moi, professeur Erable. Regardez-moi, Leonora, Silas. Je suis en train de changer le monde. L’innocence, la paix et la prospérité que tout le monde désire, je vais l’apporter moi-même !

II fut sur le point de répondre à d’autres questions quand un de ses gardes du corps en noir s’avança vers lui pour lui murmurer quelque chose de pressant à l’oreille. Aussitôt après, plusieurs journalistes reçurent sur leurs appareils de communications divers et variés des messages ou des appels. Funerol repassa au micro, troublé.

- Mesdames et messieurs, je crains de devoir arrêter cette conférence dès à présent. En effet, comme sans doute certains d’entre vous viennent de l’apprendre, un évènement grave s’est produit à la Fédération Ranger. On parle d’attentat, avec des victimes. Je me doute que vous devez vous rendre sur place pour en informer vos différents pays et auditeurs. J’apporterai moi-même en personne tout mon soutient aux Pokemon Rangers et à la Présidente Marthe, qui défendent vaillamment notre belle région. Vous me reverrez bientôt pour présenter plus spécifiquement l’Energie Draconique et ses applications.

Funerol quitta l’estrade accompagné de ses collaborateurs et encadré de ses gardes du corps. Il voulut dire un mot à Maxwell, mais bizarrement, ce dernier était resté à sa place, un air profondément mécontent sur le visage.