Eclat de Glace de Princess Leaf

Arya ouvrit un œil et observa par la fenêtre la pleine lune, dont les doux rayons illuminaient son pelage d’un éclat argenté.
La Princesse de Freljörd ne parvenait pas à trouver le sommeil, et décida se sortir prendre l’air. Elle quitta sans bruit la demeure d’Anita afin de ne pas réveiller cette dernière, puis se dirigea vers l’ascenseur menant aux étages inférieurs. Elle traversa le parc silencieux en laissant le vent s’engouffrer dans sa fourrure.
« Qu’il est agréable de simplement se promener sans risquer sa vie ! » songea-t-elle.
La pokémon glace oublia un instant ses soucis en écoutant le murmure de la brise. Toutefois, à mesure qu’elle s’approchait du grand arbre creux, elle entendit une musique joyeuse provenant d’en bas.
Après un coup d’œil au château royal, elle atteignit le mécanisme. Un Macronium posté juste devant la salua :
« Souhaitez-vous descendre vous joindre aux festivités, Princesse ?
- Une… fête ? répondit la Feunard, surprise. Pour quelle occasion ?
- Aucune, Votre Altesse ! Au Royaume Fleuri, nous n’avons nul besoin de prétexte pour nous amuser.
- Oh… Dans ce cas, j’imagine que je vais aller y jeter un œil. »
Le pokémon plante hocha la tête puis la fit descendre.
Une fois parvenue à l’étage inférieur, elle adressa un signe de tête aux deux pokémon de garde puis se dirigea vers la place, dont l’activité était similaire à celle de la nuit où Wozza et elle avaient dû s’infiltrer dans la cité.

Les nombreuses lanternes de différentes couleurs, les tavernes actives et la fontaine représentant la Reine Aylee formaient une ambiance apaisante, dont Arya pu cette fois pleinement savourer les bienfaits en toute tranquilité. Les pokémon allaient et venaient en riant ; d’autres chantaient, dansaient ou jouaient de la musique à l’aide d’étranges instruments pendant que les pokémon volants effectuaient des balais aériens en zigzaguant entre les branches surplombant les lieux.
Après un instant d’hésitation, elle se décida à franchir la porte de l’une des tavernes, qui se situait au plus près de la fontaine.
L’entrée de cette dernière se situait derrière un enchevêtrement de plantes grimpantes autour d’une arche en bois, et le bâtiment s’enfonçait au cœur de l’un des immenses troncs d’arbre. De grandes lettres inscrites en couronnes de fleurs sur le haut de l’arche formaient les mots « La Baie Dorée ».
Une fois à l’intérieur, la première chose qui la fit sursauter fut le puissant mélange d’arômes floraux flottant l’air qui lui chatouillèrent les narines. Elle ne put s’empêcher d’éternuer, ce qui ne la fit pas passer inaperçue : plusieurs têtes se tournèrent ainsi vers elle et une Etourvol s’exclama :
« Waouh ! La Princesse Arya est parmi nous ! »
De nombreux pokémon enjoués s’approchèrent d’elle afin de l’accueillir. Une voix s’éleva, plus forte que les autres :
« Mais laissez-donc Sa Majesté respirer, voyons ! »
La masse de pokémon s’écarta, dévoilant une Feuilloutan au regard assuré.
« Grimsy ?! hoqueta la Feunard, choquée de voir la commandante du Royaume Fleuri en personne dans la taverne à une heure pareille, la veille d’une très probable bataille.
- Venez boire un verre, Princesse, c’est moi qui paye. »

La Feunard, bien que décontenancée, accepta néanmoins de la suivre. Elle jeta un œil aux alentours, admirative de la splendeur de l’intérieur.
Les murs de la taverne étaient tapissés de plantes grimpantes produisant de magnifiques fleurs colorées au parfum enivrant. Les lanternes allant du jaune en passant par le bleu et le rose diffusaient des lueurs féériques jusqu’aux recoins de la pièce, qui ne souffrait nullement de l’obscurité même dans ses extrémités.
La Feuilloutan lui indiqua une table libre et l’invita à s’asseoir. Une Lumivole vint prendre leur commande, et, sur les conseils de la vétérane, Arya fit le choix d’un jus de baies Framby.
« Vous ne regretterez pas ce choix. Et cela vous mettra en forme pour demain, également.
- Loin de moi l’idée de remettre en cause vos habitudes mais… Ne devriez-vous pas être en train de vous reposer, à l’heure qu’il est ? »
La pokémon plante haussa les épaules :
« A quoi bon se retourner dans son lit pendant des heures ? Il vaut mieux se détendre. L’adrénaline fera son travail lorsqu’il le faudra.
- Vous avez sûrement raison, soupira la Feunard. Après tout, si je suis venue là, c’est bien parce que je ne trouvais pas le sommeil non plus. »
La Princesse déchue parcourut la taverne du regard, remplie de pokémon joyeux, festoyant comme à leur habitude.
« Je pensais que… Les évènements en cours et à venir les affecteraient plus que ça.
- Ne vous en faites pas pour le Peuple Fleuri, Princesse. Il est plus robuste qu’il n’en a l’air. Mais il affronte les difficultés à sa manière. »

Grimsy fixait un point vers l’entrée du bâtiment, tandis que la serveuse revenait avec les breuvages demandés.
« Certes, le désir de combat n’emplit pas les veines de nombre des pokémon de notre Royaume. Mais ils ne se laisseront pas abattre, car ils possèdent la joie de vivre et de s’amuser, et ne laisseront personne leur ôter cela. La plupart de mes guerriers ont peur et n’aiment pas se battre, bien sûr, mais ils le feront s’ils l’estiment nécessaire. »
Elle secoua la tête, comme perdue dans ses pensées.
« Notre peuple aurait déjà disparu, sinon. Nous vivons dans un monde relativement hostile, malheureusement.
- Je ne puis vous contredire sur cela. Mais je ne peux qu’admirer votre courage. Vous représentez pour moi une étincelle d’espoir dans un océan ténébreux, à l’heure actuelle.
- Rassurez-vous… Nous ne laisserons pas les forces d’Andor l’emporter si facilement. Dame Anita a fait du bon travail afin d’informer au mieux les habitants du Royaume à votre sujet. »
La Feuilloutan fixa Arya droit dans les yeux :
« Nous sommes touchés par ce qu’il vous est arrivé, à vous et à l’ensemble du Royaume Cristallin, Votre Majesté. Notre peuple est émotif, mais nous nous servons de cet attribut comme d’une force, sachez-le. Me battre à vos côtés sera un honneur. »
La Feunard d’Alola acquiesça, émue.
« Dans ce cas… J’imagine que nous pouvons boire pour un avenir meilleur. »


Wozza profitait de la brise nocturne, tandis qu’il arpentait les allées calmes de Sylis, appréciant ainsi la beauté de la cité au clair de lune.
Si le pokémon spectre appréciait le mode de vie du Peuple Fleuri, qui optait pour les festivités même face aux évènements difficiles, il préférait cependant le calme et la solitude ; c’était l’une des nombreuses raisons pour lesquelles la nuit était de loin son moment favori.
Il choisit de faire une halte sur un petit observatoire, duquel il apercevait une bonne partie de la ville. La Guilde des Pétales d’Argent se dressait non loin, aussi resplendissante à cette heure qu’en pleine journée, bien qu’arborant des teintes différentes.
L’ermite appréciait la diversité des paysages qu’offraient le monde et les différents peuples.
« Il est si regrettable de voir tout cela menacé par d’obscures motivations… soupira-t-il.
- C’est aussi parce que notre bonheur n’est pas intangible que nous tenons tant à lui » répondit une voix dans son dos.

Velvet vint se placer aux côtés du Magirêve, les yeux rivés vers l’astre lunaire, que les immenses arbres de Sylis semblaient vouloir atteindre.
« Tiens donc… me suivais-tu pendant tout ce temps ? fit Wozza, tant amusé qu’impressionné par le fait qu’il n’ait pas entendu la Gardienne arriver.
- Pas spécialement. J’aime également me rendre ici lorsque j’ai l’occasion de prendre un peu de temps pour moi. Ca n’arrive pas si souvent, étant assez demandée, ajouta-t-elle avec un clin d’œil.
- Je m’excuse de te priver de ce plaisir, dans ce cas, répondit le pokémon spectre. Ce lieu m’a paru attrayant.
- Ne t’en fais pas. Un peu de compagnie ne me fera pas de mal, et la tienne est loin d’être barbante. »
Après un instant de silence, la pokémon plante demanda, intriguée :
« Pourquoi suis-tu la Princesse Arya ? Quel est ton but ?
- En faut-il vraiment un ? J’apprécie les intrigues et les voyages, voilà tout. Un mystère plane autour de toute cette histoire, et quoi de mieux que rester aux côtés de l’une des principales concernées afin de mieux l’élucider ? »
Avec un sourire, il ajouta d’un ton exagérément lugubre :
« Et puis, pouvoir jouer des mauvais tours à celles et ceux qui osent menacer Sa Majesté est un luxe dont je ne me lasse pas ! »
Velvet éclata de rire.
« Je te comprends. Il n’empêche que tu n’es pas le genre de compagnon que je m’attendais à trouver aux côtés d’une Princesse, même si ce n’est pas pour me déplaire.
- C’était à prendre ou à laisser. Finalement, heureusement que je suis là. Mais elle se débrouille quand même très bien, il faut le reconnaître ! »
Il poursuivit, la mine plus sombre :
« La pauvre a presque tout perdu. Je souhaite qu’elle finisse par retrouver les siens… Et elle doit manquer à son peuple, aussi. Elle ne méritait pas tout ça. »
La Sucreine haussa les épaules.
« C’est ainsi. A présent, il ne nous reste plus qu’à faire au mieux.
- Je passe presque pour un esprit au grand cœur, à côté de toi… » soupira Wozza.
La Gardienne fit la moue.
« J’essaye simplement de ne pas laisser mes émotions me distraire. Cela ne veut pas dire que je ne ressens rien.
- Et que ressens-tu à l’égard de ce qu’il se passe ?
- Un peu d’irritation, car ce Seigneur Van m’insupporte à menacer mon peuple sans raison claire. Mais surtout de l’excitation, car de nombreuses péripéties semblent se profiler.
- Ne ressens-tu pas d’inquiétude envers le Royaume Fleuri ?
- Pourquoi m’inquièterais-je ? Il est sous ma protection ! » fit-elle, le regard fier.

Wozza esquissa un sourire en se disant que la Sucreine voyait sans doute vraiment les choses ainsi, et que c’était probablement pour le mieux. Cette dernière jeta un coup d’œil en direction du château puis déclara :
« Il est temps pour moi d’aller dormir ; j’ai hâte d’être à demain. Bonne nuit !
- Toi de même. »

Lorsqu’il fut de nouveau seul, le Magirêve se mit à contempler les étoiles, à présent bien visibles maintenant que les quelques nuages auparavant présents s’était écartés.

« A en croire la position des astres, l’avenir promet d’être intéressant… »

Puis il ferma les yeux tout en humant l’air, avant d’éclater de rire.

« J’espère qu’ils coïncideront vraiment avec ce qui va suivre ! »