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Pokémon Historia : Les Pluies Diluviennes de Pokémon-Historia



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Informations

» Auteur : Pokémon-Historia - Voir le profil
» Créé le 18/05/2021 à 22:03
» Dernière mise à jour le 18/05/2021 à 22:03

» Mots-clés :   Action   Aventure   Drame   Guerre   Mythologie

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Chapitre 1 - L'Éveil
Chapitre 1 - L'Éveil

Octobre 2667, ville de Vermilava à 03h34. Le ciel prenait un magnifique ton orangé tandis que l'atmosphère devenait lourde, suffocante. La plupart des habitants s'étaient réveillés et se rassemblaient alors, intrigués, encore endormis pour la plupart, sur la place commune en face de l'arène. Les pokémons s'agitaient dans leurs balls mais personne n'y prêtait attention. Le spectacle les captivait bien trop. Les étoiles brillaient de plus en plus fort et les plus jeunes s’émerveillaient naïvement devant ce phénomène inédit. Les villageois s’agglutinaient jusqu’à former une foule. Entre amusement et inquiétude, personne ne pouvait réellement comprendre ce qui était en train d’arriver. Alors que certains tentaient - pour se rassurer - d’expliquer un simple mouvement météorologique, une banale anomalie passagère, d’autres se laissaient doucement submerger par la panique, tant les sources chaudes s'évaporaient dangereusement vite et l'oxygène commençait à manquer.
La foule, à peu près calme dans un premier temps, s’était finalement abandonnée à un vacarme tel que les derniers habitants, encore endormis, furent conviés malgré eux à cette agitation suffocante générale.

Un vieillard, chaussons aux pieds, robe de chambre mal ajustée, poussait la porte de sa modeste maison et se frotta les yeux frénétiquement pour s’assurer qu’il ne rêvait pas.
Octave était le doyen de Vermilava. Réputé et respecté pour ses nombreux travaux de recherches sur les Anciens Temps et les Légendes des Pokémons, il profitait de sa retraite paisible depuis qu’il s’était installé dans ce village chatoyant. Paisible retraite désormais révolue. À peine eut-il posé le pied hors de son porche, quelques habitants se ruèrent sur lui en quête de réponses.
Dans le brouhaha qui l’entourait, une voix familière dénota des autres.

« Grand-père, je crois que le sol commence à trembler ! »

Octave enfila sa paire de lunette, agrippa fermement la main de son petit-fils. Son expression changea lorsqu’il comprit. Un frisson lui parcourut l’échine. Il s’accroupit au niveau de l’enfant, posa ses mains sur ses épaules et après quelques secondes de silence, réussi à contenir l’émotion de sa voix tremblotante :

« N’aie pas peur, je suis là. Tout ira bien, je te le promets. »


L'air devenait de plus en plus oppressant tandis que les citadins se ruaient chez eux et rassemblaient hâtivement quelques affaires puis tentaient de se frayer un chemin à travers la cohue pour quitter le village. Les tremblements du sol s’intensifiaient jusqu’à devenir des secousses, faisant perdre l’équilibre aux malheureux qui n’avaient plus qu’une obsession : s’enfuir à tout prix.

Octave attrapa le jeune garçon et l’emmena à l’intérieur de la maison. Il semblait marmonner des paroles mais les fracas de la vaisselle sur le plancher abîmé du sol les rendaient inaudibles. Le vieil homme luttait contre sa propre usure, implorait ses articulations et ses jambes fatiguées de tenir bon jusqu’à ce qu’il ait pu mettre son petit-fils en sécurité. Il empoignait avec force le bras du jeune homme et le traînait, sans s’arrêter ni ne prêtant attention à ses sanglots, jusqu’à la porte de la cave de l’habitation. Il arracha de sa poitrine une clé rouillée qu’il ornait discrètement en pendentif et d’un geste tremblant, l’inséra à plusieurs reprises dans la serrure pour en déverrouiller l’accès.
« Surtout, tu ne bouges pas d’ici. Tu attends sagement que je revienne te chercher, c’est d’accord ?
- Papi, tu me fais peur ! Dis-moi ce qu’il se passe !»

Il embrassa le front du garçon, lui lança un dernier regard, le plus rassurant possible, mais trahissant malgré lui sa détresse, puis s’apprêta à fermer la porte quand une violente secousse fit trembler le village tout entier. Octave chuta, sa tête vint percuter l’encadrement de la porte et il fut trop sonné pour se relever aussitôt.
Le jeune homme dévala l’escalier et se retrouva à même le béton froid et poussiéreux du sol de la cave, deux mètres plus bas.

Un silence pesant s’était emparé du village. Ce moment de répit laissa le doute planer dans l’esprit des habitants. Ils s’arrêtèrent de courir quelques secondes, priant les dieux pour ce calvaire soit enfin terminé.

Crac.

Un son net de craquement résonna dans l’air.

Crac.

L’onde sonore d’un second craquement se propagea dans le sol.

CRAC.

La terre battue de la place de l’arène se fissura. La terre s’écroula sur elle-même, laissant apparaitre un large trou béant dans le sol. Immédiatement, les vermilavois reprirent leur fuite, mettant leurs dernières forces dans une course mortelle contre cette faille qui engloutissait tout à mesure qu’elle grandissait. L'air tremblait, les bâtiments se faisaient avaler… Vermilava disparaissait dans les abysses, emportant avec elle nombres de vies des gens qui l’avaient portée dans leur cœur. La large faille sépara la ville en deux. Beaucoup y tombèrent, les autres hurlaient, couraient, pleuraient. Les pokémons avaient forcé l'ouverture de leur balls et laissé leur instinct de survie prendre le dessus. Les plus puissants et loyaux tentaient de protéger leurs maîtres, d’aider les blessés tandis que les autres s’enfuyaient vers les bois hors du village. Cette nuit-là l'espoir avait quitté Vermilava, laissant place au chaos, à l'apocalypse. Au-dessus de la faille, la chaleur ardente déformait l'air. De gigantesques flammes en jaillirent, noires, engloutissant les pauvres malheureux qui s'accrochaient pour ne pas tomber.

Un puissant cri résonna depuis les tréfonds et glaça le sang des quelques survivants, les tétanisa. Ils se laissèrent tomber à genoux et contemplèrent l’effroyable réalité de leurs derniers instants.

Une ombre s'envola, aussi majestueuse que terrifiante. Elle se hissa dans les airs, provoquant des bourrasques semblables à des tempêtes, qui firent valser les dernières âmes dépitées dans le décor en ruine. La silhouette gouvernait depuis le ciel, cachait la pleine lune de par sa taille imposante. Elle semblait contempler son œuvre en contre-bas avant d’engager finalement sa descente à toute allure. Le colosse s’écrasa sur le sol, provoquant par sa démesure une onde de choc telle que la déferlante arracha immuablement de la terre les dernières constructions encore debout.

Octave, usant de ses dernières forces, réussit à s’engouffrer partiellement dans l’escalier en rampant, avant que sa maison ne se fasse, elle aussi, emporter. Cette ultime fulgurance lui sauva la vie, mais son calvaire n’en fut que pire encore. Les murs, les toits, les briques volaient au-dessus de lui, tombaient, écrasaient ses jambes, percutaient son corps fragile. Il sentit, durant quelques secondes qui lui parurent une éternité, les os de son corps se briser, la vie le quitter peu à peu. Le calme revint. Il leva les yeux en direction de son petit-fils, ensevelit sous la poussière et les briques de la cave, mais pu discerner le bruit timide de ses sanglots.
La créature avança jusqu’à plonger les ruines de la maison dans son ombre. Octave ne parvint pas à définir correctement la forme de la bête mais il était tétanisé d’effroi et de fascination en devinant sa taille à travers les flammes qui recouvraient son corps colossal. Une violente pluie s'abattit soudainement sur Vermilava. Quand les gouttes coulèrent son visage, il ne put retenir ses larmes d'en faire autant. Il ne souffrait plus, ne sentait plus rien. Ses vertèbres étaient brisées. Dans un dernier souffle il marmonna des paroles indescriptibles. La créature se tourna vers lui et ils échangèrent un regard si intense qu'il senti son âme être mise à nue. Ce fut la dernière vision qu’il contempla.
Octave s'éteignit cette nuit-là, laissant son petit-fils à la merci du démon.


Les journaux s'empressèrent de reporter ces faits à travers Hoenn. Les quelques rescapés n’eurent même pas le courage de témoigner. Cette catastrophe marqua les mémoires, et le monde ne put jamais s'en remettre. La pluie ne cessa jamais de s'abattre sur les ruines de Vermilava. On appelait désormais cet endroit « le Jardin Diluvien ».






Dix ans passèrent. Dans une bourgade isolée s'était installée une petite famille à la vie modeste. L'ainée, Iris, agée de 19 ans, se vouait corps et âme à sa passion pour les pokémons. Elle avait décidé de quitter le cocon familial peu de temps auparavant pour enfin découvrir le monde en compagnie de son compagnon, Goupix. Elle l'avait accueilli et soigné deux années auparavant alors qu'il venait de subir l'attaque d'une meute de caninos sauvages. Après plusieurs mois de travail en tant qu'assistante dans le centre pokémon de Rosyeres, elle se rendit au centre commercial de Poivressel, l'un des plus grands de sa région, pour acheter sa tenue de voyage. Elle en essaya une multitude avant d'en trouver une convenable. Elle jeta un œil dans un miroir de la cabine : plutôt fine avec une agréable silhouette, du haut de son mètre soixante-cinq elle ornait une veste blanche à capuche, des mitaines blanches rayées bleu ciel, une simple jupe noire et de chaussettes blanches qui montaient jusqu'aux dessus des genoux. Son carré légèrement dégradé et son cheveu brun seyait parfaitement à son teint clair. Une mèche lui tombait sur le front et venait adoucir les traits déjà fins de son visage. Une légère écharpe bleue ciel habillait son cou et lui donnait un air précieux et enfantin. Iris était une jeune femme qui arborait toujours un sourire sincère et inspirait la bienveillance. De retour à Bourg-en-Vol, son père lui annonça :

« Le professeur Seko a répondu à ta lettre, il accepte de te rencontrer. Passe le voir quand tu voudras, mais ne tarde pas trop.
- Super ! Je vais enfin le rencontrer ! »

Toute excitée, elle eut du mal à trouver le sommeil ce soir-là. La jeune fille se blottit contre son pokémon. La chaleur naturelle qu'il dégageait l'aidait à se calmer et elle finit par s’endormir. Pour le plus grand plaisir de Goupix, qui n'appréciait guère le confort de sa pokéball, ils dormaient souvent ensemble. Un bon lit douillet est bien plus appréciable. Les deux amis sombrèrent ensemble dans les bras de Morphée, rêvant d'un lendemain dont ils ne connaissaient encore rien.
Au petit matin, peu avant qu'Iris n'aille rencontrer le professeur, sa mère l'interpella :

« Amène ton frère avec toi, lui aussi aimerait avoir un pokémon tu sais.
- Mais, maman ! C’est un rendez-vous important, j’ai pas-
- Ne discute pas, laisse le t'accompagner. Coupa-t-elle, arborant un sourire plein d’autorité.»

Plus le choix. Elle devait s'encombrer de ce petit être ennuyeux et contraignant qui ne savait presque pas aligner trois mots sans bégayer.
Elle pénétra dans l'immense laboratoire et fut étonnée de n'y trouver qu’une poignée de scientifiques. Tous paraissaient très jeunes, les plus âgés frôlant à peine la trentaine d'années. Ils étaient penchés sur leurs machines et ne remarquèrent même pas leurs deux visiteurs. Iris et son frère s’enfoncèrent timidement dans les couloirs du bâtiment. La grande salle dans laquelle ils venaient d'entrer était presque vide, seuls quelques écrans et ordinateurs habillaient les murs et on pouvait voir une demi-douzaine de pokémons jouer dans un coin de la pièce avec un homme. Visage fermé, allure chétive, il ne semblait pas se prêter à la bonne ambiance générale. Iris voulu s'en approcher et demander où elle pouvait trouver le professeur Seko. Elle n'eut pour réponse qu'un nonchalant signe de tête en direction d'une porte métallique au fond du laboratoire. Plutôt désagréable ce type. Vexée, elle voulut le lui faire remarquer :

« Vous pourriez-»

Il tourna tête vers elle. Iris pu deviner son regard derrière le reflet de ses lunettes. Le genre de ceux qu'on lance quand on nous dérange. Glacial. Elle n'insista pas et se dirigea vers cette fameuse porte en soupirant.

« Tout le monde a décidé de me couper la parole aujourd’hui… marmonna-t-elle
- Hé ! Tu dois être Iris... et c'est sans doute ton frère ? Peu importe, venez vite voir ! Je viens de recevoir ces trois pokémons d'un confrère. Ils sont très rares vous savez ?!
- Euh... Bonjour..?
- Salut ! Excuse-moi, je suis le professeur Seko. Alors qu'en penses-tu ? Ils sont très petits mais très puissants ! Tu peux en choisir un, celui qui te plaira mais tu ne dois pas prendre ça à la légère hein ! »

Seko était véritablement passionné par ces nouveaux pokémons, il n'avait pas détourné les yeux de ces créatures et n'écoutait presque pas ses invités. Elle s'avança légèrement tout en le dévisageant : il était sans doute le plus âgé du complexe scientifique. Elle lui donnait la quarantaine, peut-être un peu moins. La barbe qui dessinait sa mandibule le vieillissait certainement. Mais il semblait ceci plus humain que les autres employés. Vêtu d'une simple blouse blanche et d'un pantacourt, on comprenait que cet homme avait une personnalité beaucoup plus souple que ses collègues. L'ayant remarqué, Iris se permit de l'interrompre :

« Professeur, je ne suis pas venu pour ça ! Je m'apprête à partir en voyage et je me demand-
- M...moi je... J'en veux un ! Coupa le petit garçon d'une voix hésitante.
- Martin ça ne se fait pas ! S’écria-t-elle.
- Mais non, ne t'inquiète pas pour ça jeune homme ! Prends celui que tu veux, mais à une condition ! Tu dois le traiter correctement et l'aimer de toutes tes forces, compris ? S'exclama Mr. Seko, toujours aussi enjoué.
- D'a..D'accord ! »

Il prit dans ses bras le petit Poussifeu et le renvoya dans sa pokéball après l’avoir câliné. Seko avait l'air plutôt content de lui confier. Puis il fixa Iris pendant un long moment, songeur.

« Tiens, prends ça.
- C'est quoi ?
- La nouvelle génération de Pokédex ! Une véritable merveille technologique. Ça coûte une fortune tu sais ?!
- Pourquoi vous m'en donnez un dans ce cas ?!
- Tu pars en voyage non ? Alors tu vas rencontrer plein de pokémons ! Ça m'aiderait dans mes recherches si tu pouvais en scanner quelques-uns !
- Mais... Vous me faites un cadeau, ou bien vous me donnez du travail ?
- Sois cool petite ! Disons que c’est donnant donnant ! Et puis je suis plus tout jeune maintenant, j'peux plus voyager comme quand j’avais ton âge...
- Bon... J’ai pas l’impression d’avoir tellement le choix donc… C'est d'accord.
- Super ! Bon, les enfants, j’vous aime bien mais j’ai du boulot, salut ! »

Iris n'aimait pas qu'on lui force la main mais le résultat n'était pas si dérangeant, en fin de compte. Bien qu'elle n'ait même pas eu le temps de discuter de son voyage, finalement. Tant pis, elle repasserait à l’improviste le lendemain, avant de commencer son voyage.
De retour chez elle, Iris se laissa tomber sur son lit et attrapa, sur sa table de chevet, son calendrier :

« Le départ, c'est demain ! »