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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 16/05/2021 à 09:43
» Dernière mise à jour le 16/05/2021 à 09:43

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 400 : Les souverains de demain
Le soleil se levait à peine sur Kanto – pour le peu qu’on pouvait le distinguer – et déjà, les combats avaient repris. Visiblement peu désireux de faire s’éterniser la bataille aux abords de Jadielle, le Marquis des Ombres avait fait bouger ses armées de morts-vivants en direction des hauteurs de l’ouest, vers le Plateau Indigo, et le Mont Argenté. La Reine Eryl, conseillée par les Pokemon du Zodiaque, avait répliqué en ordonnant à une partie de ses troupes de harceler l’ennemi pour l’empêcher de se regrouper en bon ordre.

Pour poursuivre une armée assez lente en terrain dégagé avant d’atteindre les montagnes rocheuses, les forces de la FAL avaient pour cela des alliés parfaitement faits pour ce rôle : les dix-mille cavaliers du Royaume Perdu de Cinhol, menés par le roi Alroy Haldar. Transporter les hommes et surtout les montures n’avait pas été chose facile, mais grâce aux anneaux de transferts que possédaient le roi et le duc Isgon, ça avait pu se faire rapidement. Désormais, l’armée de Cinhol était prête à sortir de leurs divers transports volants en ordre de bataille, pour une charge en avant-garde dont ils espéraient qu’elle allait surprendre méchamment le Marquis des Ombres.

Le roi Alroy, du haut de ses douze ans, aurait été considéré comme n’importe quel jeune adolescent en âge d’aller au collège dans le monde réel, mais à Cinhol, il était déjà un homme, et en tant que roi, se devait de guider ses sujets dans la bataille. Flamboyant dans son armure dorée avec sa cape rouge, Alroy montait un Galopa géant que sa mère adoptive Leaf avait été capturer pour lui. Il tenait dans sa main droite l’épée en or de sa famille, Meminyar, et de sa main gauche, la fourche d’Hafodes, le Dieu Guerrier qui avait fait la célébrité de son ancêtre Castel Haldar. Il était donc mieux armé que la totalité de ses dix-mille cavaliers réunis, et pourtant, les mains du garçon tremblaient, comme si le poids de ces armes légendaires était trop pour lui.

- Tu es nerveux, fiston ?

Celui qui venait de poser cette question était le duc Lopep Isgon, chevalier lige du roi, et également son grand-père. Un individu massif et barbu qui avait passé toute sa longue vie à guerroyer.

- Oui, admit Alroy. Et j’ai peur. Dois-je en avoir honte ?

- Non. La peur est alliée précieuse, tant que tu ne là laisse pas te dominer. Et puis bon, même si nous sommes de vaillants guerriers, à Cinhol, nous n’avons encore jamais eu à combattre de foutus cadavres. Mais à ce qu’on nous en a dit, ils crament bien.

Alroy hocha la tête, en faisant tournoyer sa fourche rouge métallique. Il avait hérité d’Hafodes à la mort de Castel, qui s’était sacrifié il y a deux ans en tentant d’arrêter la véritable mère d’Alroy, Nirina Haldar, alors devenue une monstruosité mécanique nommée l’Akyr Omega. Comme Alroy était du sang de Castel, le Dieu Guerrier avait accepté son commandement et le laisser le manipuler sous sa forme Arme, mais c’était tout. Il ne passait pas sous sa forme normale, et encore moins bien sûr sous Revêtarme, cette forme unique qui était la fusion du Dieu Guerrier avec son maître.

Mais Leaf, Deornas et les autres l’avaient rassuré : ça avait été pareil avec Nirina, et avec tous ses autres ancêtres depuis Castel. Hafodes était un Pokemon capricieux et difficilement domptable. Il s’était soumis à Castel, et à lui seulement, et encore, uniquement parce que Memnark, l’alien qui avait conçu les Dieux Guerriers, avait débloqué la forme Revêtarme pour lui. Mais Alroy ne désespérait pas, qu’un jour, il puisse se lier avec Hafodes, et que ce dernier accepte de se transformer pour lui, afin qu’ils se battent pleinement ensemble. Pour aujourd’hui, Alroy allait se contenter de sa puissance sous sa seule forme arme, ce qui serait déjà conséquent. En effet, les zombis du Marquis n’appréciaient guère le feu, surtout celui d’Hafodes qui pouvait réduire un humain en tas de cendre en quelque secondes.

- Hafodes saura y faire, acquiesça Alroy, mais je regrette que Sire Igeus ait choisi de faire cavalier seul. Si Julian était là, nous aurions eu les quatre Dieux Guerriers luttant ensemble sur un champs de bataille. Une première depuis des millénaires...

Alroy ne comprenait pas la situation actuelle, cette nouvelle rivalité entre la reine Eryl et Erend Igeus, alors que les deux avaient monté les prémices de la FAL ensemble. De plus, Igeus était un héros de Cinhol, le Sauveur du Millénaire, descendant d'Uriel, qui avait vaincu Enysia à jamais, sauvé Arceus le Créateur et rendu son éclat à la légendaire ancienne épée d'Uriel. Il avait sauvé le Royaume Perdu, restauré la vérité, et était un grand ami de Leaf, la mère adoptive d'Alroy.

Mais il se disait à présent que Sire Igeus était devenu le nouvel hôte d'Horrorscor. Alroy, et tout le peuple de Cinhol, avaient de bonnes raisons de haïr ce Pokemon, qui est responsable depuis le début de tous les malheurs qui avaient frappé Cinhol depuis sa création il y a cinq cent ans, par le biais de la Marquise des Ombres de l'époque, Enysia. Et c'était aujourd'hui la dernière bataille contre le Pokemon de la Corruption et ses sbires. Qu'elle se déroule dans l'Ancien Monde et non à Cinhol n'y changeait rien pour Alroy : il se devait d'être là, de représenter son royaume, ainsi que les proches qui lui avaient été arrachés par les manigances d'Horrorscor.

Tant pis si Igeus et Julian préféraient rester à l'écart. Et si Erend était vraiment un hôte d'Horrorscor et qu'il travaillait pour lui, Alroy serait obligé de se dresser face à lui plus tard. Ça le blesserait, mais il le ferait quand même. En espérant que Julian soit seulement manipulé, et pas complice de son propre gré. Alroy aimait bien le jeune fils de Venamia. Il était resté un petit moment à Cinhol, dans le château des Haldar, quand Erend et les autres affrontaient les Akyr du Grand Forgeron. Comme il était plus âgé que lui, Alroy l'avait pris sous son aile pour lui enseigner les devoirs de la royauté. Mais désormais, Julian avait un corps qui le dépassait en âge, ainsi deux Dieux Guerriers en main. Et il n'était plus prince, mais carrément un empereur. C'était très bizarre...

Le signal du croiseur de la Reine Eryl, le Justice d'Erubin, se manifesta quand la lumière dans l'immense transporteur de débarquement passa au vert. Ça voulait dire que l'espace aérien avait été le plus possible sécurisé, pour ne pas que les cavaliers de Cinhol ne se fassent tout de suite pilonner par le ciel sans moyen de se défendre. Sa mère adoptive Leaf était d'ailleurs sans doute dans les airs, couvrant la sortie de son fils sur le dos d'un des oiseaux légendaires qu'elle avait été recrutée avec ses camarades dresseurs.

En dehors de son armée de Pokemon Spectre, le Marquis n'avait pas tellement de possibilité d'attaquer par le ciel. Et les spectres, Alroy pouvaient les gérer : ils brûlaient comme tout le monde. Tant qu'Enviathan, le seul Démon Majeur volant était occupé ailleurs, la cavalerie aurait tout loisir de décimer le gros des lignes ennemies. Le jeune roi fit avancer sa monture avant de se tourner vers ses guerriers.

- Hommes de Cinhol, nous partons au combat. Et cette fois, pas pour conquérir, dominer ou s'approprier de nouvelles terres. Nous allons le faire pour nos alliés, pour nos amis qui nous ont tiré de l'obscurantisme et des mensonges du passé. Nous allons le faire contre un ennemi qui a toujours été le nôtre, à chaque fois dissimulé derrière quelqu'un pour nous nuire. Enysia, Castel, Uriel, Ryates, le Trio des Ombres Elementaires... Tous ont été, un jour ou l'autre, directement ou indirectement, des pions du démon Horrorscor pour nous manipuler. Mais aujourd'hui, le Royaume de Cinhol est enfin libre, et nous allons le lui faire savoir !

Les cavaliers crièrent leur assentiment en brandissant lances, haches, arcs et épées. Alroy pointa son épée Meminyar au dehors, et lança la charge. Dans une unité toute militaire, les trente transporteurs qui avaient acheminé l'armée de Cinhol se vidèrent sur les plaines de Jadielle. Il ne fallut qu'une minute pour que tous les groupes se rassemblent et ne forme qu'un même immense rectangle aux lignes parfaites. La chorégraphie d'une charge de cavalerie, les hommes de Cinhol la connaissaient par cœur. Ils étaient très en retard sur les combats Pokemon et l'utilisation des armes modernes, mais l'art de la guerre quand deux armées se faisaient face, ça, ils maîtrisaient mieux que quiconque.

En cinq minutes, ils avaient l'armée des morts-vivants en vue devant eux. Cinq kilomètres les séparaient, mais ce serait une distance réduite très rapidement. La marche lente et lourde des zombis ne pouvait rivaliser avec la course des Galopa et des chevaux de Cinhol. Malgré la distance, Alroy invoqua des boules de feu avec la fourche d'Hafodes, qu'il envoya au loin devant lui. Elles allèrent s'écraser sur l'armée ennemie avec la puissance de petites météorites, immolant des zombis par dizaines.

Les morts-vivants ignorèrent totalement cette charge soudaine de milliers de cavaliers. Comme la Reine Eryl le leur avait expliqué, ils n'avaient aucune volonté, aucune émotion, juste un ordre implanté dans toutes les fibres de leur corps pourrissant. Et cet ordre, en l’occurrence, était d'avancer, de se rendre au Plateau Indigo. Bien sûr, Lyre Sybel, celle qui contrôlait cette armée cadavérique, allait vite changer son ordre et leur faire attaquer leurs assaillants. Mais visiblement, elle ne pouvait pas rediriger des centaines de milliers de zombis comme elle aurait ordonné une nouvelle attaque à un Pokemon en combat. Ce qui laissait un délai appréciable aux guerriers de Cinhol avant que leurs ennemis ne commencent à se défendre réellement.

Quand les premières lignes de cavaliers touchèrent l'arrière de l'armée des morts, Alroy pointa Hafodes devant lui et s'entoura d'un mur de feu, qui à la fois le protégeait et réduisait tout devant lui en cendre, comme une comète. À chaque balayage de la fourche d'Hafodes, il provoquait des explosions et des soulèvements de flammes, incinérant des rangées entières de morts-vivants. Il était un chef d'orchestre dirigeant un brasier vivant, avec une fourche en guise de baguette.

Les zombis humains étaient piétinés et brûlés à la chaîne, mais l'armée des morts du Marquis comprenait aussi plusieurs cadavres de Pokemon, dont certains étaient résistants aux flammes. Bien sûr, Hafodes ne comptait pas que sur le feu. Il avait trois types après tout. Il pouvait provoquer de terribles attaques Sol, et comme les autres Dieux Guerriers, possédaient une gamme d'attaques Acier appréciable.

Bien entendu, Alroy prenait garde à ne pas se laisser emporter et ne pas déchaîner Hafodes à tort et à travers, sous peine de blesser ses propres guerriers tout autour de lui. Mais c'était difficile. Hafodes était un concentré de rage et de désir de violence. Même sous sa forme Arme, ses vives émotions passaient à travers de son possesseur. Alroy s'était longuement entraîné pour se maîtriser à chaque fois qu'il utilisait Hafodes.

Les Pokemon Spectres sous les ordres du Marquis arrivèrent avant même que les morts-vivants daignent stopper leur marche pour se retourner et affronter leurs assaillants. Il y avait bien cinq cent spectres rassemblés en une marée noire qui descendait des cieux. S’ils parvenaient au sol et se mêlait aux guerriers de Cinhol, ce serait la débandade. Les épées et autres armes conventionnelles ne pouvaient rien leur faire, et ils allaient causer la panique parmi les cavaliers et leurs montures. Alroy pouvait les blesser avec Hafodes et ses flammes, mais pas sans toucher ses propres sujets.

Heureusement, un soutien aérien avait été prévu. Les trois oiseaux légendaires de Kanto, menant plusieurs Pokemon volants, surgirent pour aller intercepter la marée spectrale avant qu’elle n’atteigne le sol. Alroy savait que sa mère Leaf était sur Sulfura à cet instant, et fut d’autant plus revigoré en sachant qu’elle veillait sur lui et qu’elle le regardait. L’un de ces fameux Pokemon du Zodiaque était aussi de la partie dans les airs. Un Pokemon Spectre lui aussi, mais de couleur blanche et rose, portant deux flambeaux sur chacun de ses bras en équilibre parfait.

Tandis que la cavalerie de Cinhol perçait les lignes arrière de l’armée des morts, le reste des forces de la FAL se déployait à l’est et à l’ouest, pour les prendre en tenaille. A travers les flammes d’Hafodes, la chair morte et souvent brûlées des zombis, et ses propres hommes, le jeune roi pu percevoir le détachement G-Man mener un assaut éclair sur le front droit. Il y avait avec eux une bonne partie des forces militaires et véhiculées.

Sur le front gauche en revanche, c’était visiblement la X-Squad qui était de sortie, avec une grosse partie des Pokemon du Zodiaque et des dresseurs. Et ce serait donc là qu’apparaîtront la majorité des grosses pointures de l’Armée des Ombres, à savoir les Démons Majeurs et les anciens Marquis. Même avec Hafodes, et ses cinq autres Pokemon royaux qu’il avait hérité de sa mère, Alroy ne se sentait sûrement pas de taille à participer à ce genre de combats, quand bien même ce serait là-bas que le gros de cette guerre se jouerait.

Lui avait une tâche simple mais précise : désorganiser le plus possible par l’arrière l’armée des morts. Ça ne lui faisait affronter que de faibles zombis et quelques Pokemon putréfiés, mais il n’en prenait pas ombrage. Ce serait tout de même la bataille la plus importante à laquelle il participerait de toute sa vie, et il était heureux de le faire en personne, pour ses alliés de l’Ancien Monde, pour sa mère adoptive qui y était native, et plus globalement pour en finir avec le Pokemon de la Corruptions et ses Marquis une fois pour toute ! Motivé, il frappa un Tyranocif zombi avec sa fourche en passant devant lui, tout en invoquant les pouvoir sismique d’Hafodes, pour envoyer valser l’imposant Pokemon à la cuirasse verte.

- Ne faiblissez pas ! hurla-t-il à ses hommes dispersés. Nos amis ont lancé leur assaut. Nous devons occuper ces baiseurs de chèvres de cadavres ambulants le plus possible ! Il en va de l’honneur de Cinhol !

Les cavaliers qui l’entendirent crièrent leur assentiment en levant leurs lances. Alroy se rendit compte qu’il avait usé d’un des jurons favoris de son grand-père Isgon, un du genre à provoquer un regard noir de Leaf si jamais il venait jusqu’à ses oreilles. Mais il ne se souciait plus des convenances, à l’heure actuelle. Bien que jeune, il était légalement un homme selon les lois de son royaume, et il était fier d’en faire la démonstration sur le champ de bataille.


***


Le jeune empereur Julian se tenait sur la piste d’atterrissage du palais impérial de Duttvriff, entouré de ses deux gardes du corps, attendant avec impatience qu’atterrisse la navette d’Erend, qui revenait carrément de l’espace. Il avait été quémander l’aide de Nuelfa, cette alien qui vivait seule sur la légendaire cité d’Atlantis, désormais en réparation en orbite autour de la Terre.

Julian était pressé de revoir Erend bien sûr, mais aussi qu’il puisse enfin reprendre son rôle de chef penseur politique pour gérer les alliés du Grand Empire de Johkan. Trois jours durant, Julian avait été le seul interlocuteur des émissaires des régions Galar et Riluvi, ainsi que de l’Hégémonie Nukurios et du Royaume de la Hanse dans la région Pertinia. Bien sûr, Erend lui avait laissé des instructions et même des paroles à répéter, mais le jeune garçon grandi d’un coup de dix ans était loin d’avoir l’improvisation nécessaire pour gérer au-delà les nombreuses attentes de ces pays étrangers.

Il les avait fait donc mariner en usant de diplomatie et de langue de bois, leur promettant tout et rien à la fois. Il avait pu aussi compter sur Esliard, un ancien allié de sa mère très doué dans la rhétorique. Le journaliste semblait vivre un rêve éveillé que de pouvoir servir le fils de Venamia, devenu par miracle l’Empereur du pays à l’agonie à nouveau entouré d’alliés puissants.

Quand Erend descendit de la rampe d'atterrissage, impressionnant et terrifiant avec son armure noire intégrale et son masque laissant apparaître son œil rouge, Julian retint son instinct de courir vers lui pour sauter dans ses bras. Ça ne serait pas... digne, oui, c'était le mot. Ce serait excusable pour un garçon de cinq ans, mais Julian devait désormais tout faire pour paraître tel que son corps était devenu. Pour créer et diriger un empire durable et solide voué à unifier le monde, comme le voulait Erend, il fallait quelqu'un de plus inspirant qu'un gamin qui se complaisait des gestes d'affections.

Pourtant – et Julian en était conscient – son âge mental et physique n'étaient pas encore synchronisés. Il aurait beau apprendre à parler comme un adulte et étudier à fond, il lui manquait quelque chose qu'il pouvait difficilement acquérir d'un coup : l'expérience de la vie. Et dans son enfance qui avait été plus que perturbée, Erend était un peu comme un phare. Quelqu'un qui s'était réellement occupé de lui, à l'inverse de sa mère toujours absente, et qui lui avait enseigné nombre de choses.

Julian ne gardait que très peu de souvenir de son père, l'ancien empereur Octave. Il ne l'avait plus vu depuis plus de deux ans, après que Venamia l'ait arraché à sa garde par le chantage. Et deux ans, pour un enfant qui n'avait vécu que cinq ans, c'était énorme. Il savait que Venamia l'avait exécuté quand elle avait conquis Lunaris. On lui avait montré des photos et des vidéos de lui bien sûr, mais rien qui n'éveille de profonds sentiments. Julian respectait cet homme, son souvenir et ce qu'il avait fait pour Lunaris, mais en son fort intérieur, son véritable père, c'était Erend Igeus.

- Votre Majesté, fit Erend après s'être incliné. Vous serez ravi d'apprendre que la Primordiale Nuelfa est décidée à coopérer avec nous pour exterminer les forces du Marquis des Ombres qui souillent notre ancien et légitime territoire de Kanto.

Si Julian fut déçu de ce ton purement protocolaire, il n'en laissa rien paraître. Il y avait du monde autour d'eux, entre les gardes du corps, les guerriers de Lunaris qui gardaient la piste et deux trois officiels qui n'étaient jamais loin de Julian. Ce dernier devait donc conserver sa stature impériale.

- Voilà qui est bien, Seigneur Igeus, fit-il avec toute la majesté dont il était capable.

- Toutefois, Atlantis est toujours endommagée, et rétablir le canon principal prendra un petit moment. Nous espérons pouvoir tirer dès demain. J'ai laissé Imperatus et l'équipe du colonel Pierce sur place. Quant à nous, une autre tâche nous attend. Pouvons-nous en parler en tête à tête dans vos appartements ?

- Naturellement, répondit Julian qui se réjouissait par avance de pouvoir être seul avec Erend et d'abandonner son rôle un petit moment. Veuillez me suivre, Seigneur Igeus.

Une heure plus tard, Julian était en train de s'observer devant un miroir, tandis que deux servantes arrangeaient les derniers détails de sa tenue. Erend avait finalement peu discuté. À la place, il avait envoyé chercher la vieille armure de l'ancien Empereur Octave, qui avant lui avait appartenu à son père, le roi Antyos de Duttel. Elle était conservée comme un trésor royal, et Julian était fier de la porter, mais il se sentait terriblement à l'étroit dedans. On pouvait réellement se battre dans un de ces machins ? D'autant que les servantes avaient dû réajuster la taille de nombre de pièces pour qu'elle convienne au corps d'un adolescent de quatorze ans.

- Elle est éraflée et perd de sa couleur en de nombreux endroits, observa Julian.

- Et c'est tant mieux, fit Erend derrière lui. On sent au premier coup d’œil l'aspect vénérable de cette armure. Ce sera ton symbole de ton lignage côté lunarien et du respect des traditions. Et pour le symbole du Grand Empire de Johkan, je t'ai fait faire ça.

Une des servantes lui tendit une cape qu'Erend déploya devant lui pour bien la montrer à son protégé. Elle était d'un rouge criard d'un côté, et d'un bleu sombre de l'autre.

- Le bleu et le rouge, les couleurs de Kanto, qui remontent à la lignée des rois Karkast, expliqua Erend. Ainsi habillé, tu es le parfait avatar du Grand Empire de Johkan, qui rassemble à la fois l'ancien royaume de Johkania, et l'Empire Lunris.

Il alla attacher lui même la cape au cou de Julian, et le laissa admirer le résultat. Déjà que l'armure était lourde, avec en plus cette cape épaisse autour de lui, Julian se sentait plus emmitouflé comme jamais.

- Je vais devoir porter ça toute la journée maintenant ? S'étonna le garçon. Pour les réunions, et tout ?

- C'est une tenue de bataille. Et c'est là où on va. On va rassembler tous nos hommes capables de se battre. Les guerriers lunariens, les anciens Rockets, tous les Pokemon que l'on a, et les soldats que pourront nous fournir nos alliés étrangers en quatre heures maximum. Puis on se rendra à la frontière entre Johto et Kanto, là où se déroule en ce moment même l'affrontement entre la FAL et l'Armée des Ombres.

Julian en resta un moment interloqué. Les deux servantes ayant fini de l'habiller, elles s'inclinèrent et se retirèrent en silence.

- On... on va aller se battre ? Mais pourquoi ? Tu as dit qu'on allait tirer sur les méchants avec le supercanon d'Atlantis.

- C'est ce qu'on fera quand il sera opérationnel. Mais avant, il faut qu'on fasse acte de présence sur le champs de bataille, pour ne pas qu'ensuite, on accuse le Grand Empire d'avoir laissé la FAL faire tout le sale boulot puis de s'être contenté d'appuyer sur un bouton pour récolter tous les lauriers. Il nous faut préparer la guerre d'information et d’influence qu'on livrera contre la FAL par cette guerre contre Horrorscor.

Julian n'avait pas tout compris, mais si Erend le disait, c'est que c'était forcément vrai.

- D'accord, mais... je ne sais pas bien me battre... Tu m'as à peine entraîné à utiliser Triseïdon et Ecleus sous leur forme Arme...

- Tu n'auras pas besoin de plus pour le moment. Contente-toi de faire des moulinets avec l'éclair et le trident en pensant aux attaques que tu veux qu'ils lancent, et ils le feront pour toi. Vise les ennemis, et essaye de ne pas toucher nos gars, ni ceux de la FAL. Ma Dark Armor me permet de me dématérialiser ou de me rendre invisible. Je resterai près de toi, pour te protéger, et t'aider si tu affrontes des ennemis costauds. On amènera Esliard avec nous, pour qu'il te filme en train de te battre. On arrangera ensuite le contenu avec toutes les retouches qu'on veut, pour te faire paraître flamboyant et héroïque.

Il tendit à Julian les deux Dieux Guerriers qui étaient posés sur le mur de sa chambre, tel des trophées. Julian trouvait immensément cool ces Pokemon transformables, mais il savait très bien qu'il n'en avait mérité aucun. Ecleus se laissait manipuler car Julian était le fils de son ancienne maîtresse, et Triseïdon faisait de même car son maître Erend le lui avait demandé. C'était juste un stratagème pour impressionner la foule et les médias. Et visiblement, sa présence sur le champs de bataille serait la même chose.

- Je n'aime pas trop ça... avoua l'empereur. Qu'on mente au peuple en faisant de moi ce que je ne suis pas...

- On ne ment pas au peuple. On te montre juste sous un bon jour. Tous les politiques font ça. Ne t'inquiète pas, tu auras tout le temps que tu souhaites ensuite pour réellement devenir un héros. Regarde-toi encore dans le miroir. N'y vois-tu pas un meneur inspirant promis à un destin légendaire ?

Julian devait avouer qu'il avait effectivement de l'allure vêtu de la sorte, avec Ecleus dans une main et Triseïdon dans une autre. Mais l'allure ne faisait pas tout. Sa mère Venamia était toujours impressionnante dans sa combinaison à cape, mais elle était tout aussi impressionnante en combat. Elle avait passé des années à accumuler de l'expérience pour cela, durant son entraînement et sa carrière au sein de la Team Rocket. Julian, lui, avait juste troqué un corps de petit garçon contre celui d'un ado, apprenait à peine à parler comme un adulte, et avait encore du mal à s'habituer à son corps bien trop grand pour son âge.

Erend dut lire le doute sur le visage de son protégé, car il retira son masque noir et sourit à Julian, qui tressaillit de surprise. Jamais encore Erend ne lui avait montré son visage depuis qu'il avait été torturé pendant des mois par la GSR de Venamia. Il lui avait dit qu'il aurait été trop horrible à regarder. Mais en dehors des nombreuses cicatrices sur son visage et sa peau pâle et laiteuse, il avait l'air normal.

- Nuelfa m'a un peu réparé, dit Erend sans même bouger les lèvres grâce à son vocalisateur dans la gorge. Assez pour que je puisse retirer mon casque sans faire tomber tout le monde dans les pommes autour de moi.

- Je n'avais pas... oublié ton visage. Quand j'étais avec toi à Cinhol puis à Algatia, avec tante Galatea, oncle Mercutio, la Reine Eryl et tous les autres... Je me sentais bien, à l'époque. J'aimerai revivre ça à nouveau.

- Moi aussi. Mais il va d'abord falloir faire ouvrir les yeux à Eryl, à la X-Squad et aux autres. Ils devront comprendre que c'est pour le mieux, la seule voie possible : un monde unifié sous le règne sage et éclairé d'un dirigeant unique et puissant. Plus de politique opportuniste, de bureaucratie inutile, de corruption, d'égoïsme... Et tu vas leur montrer ça, sur le champs de bataille. Tu vas leur montrer que tu es le sauveur qu'ils attendent tous, toi, Julian oc Lunaris, Empereur légitime du Grand Empire de Johkan !






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Image de Julian :