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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 25/04/2021 à 08:16
» Dernière mise à jour le 25/04/2021 à 08:16

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 399 : Doublonville sous chaos
Cosmunia dansait.

Véritable concentré de grâce, elle se mouvait en sautillant et en tourbillon au milieu de cette masse déchaînée d'habitants de Doublonville venus en découdre avec ceux qu'ils considéraient comme des pécheurs, et dont leurs morts seront leur salut. Avec ses seules bandelettes qui lui faisaient office de bras, elle calmait les ardeurs des humains les plus réticents à commettre un meurtre au nom des Blancs Manteaux. Avec son pouvoir féerique et sa longue expérience pour calmer les corps et les esprits et les amener à l'Innocence, l'Apôtre d'Erubin balayait les intentions meurtrières et apaisaient les cœurs effrayés ou furieux.

Ça, c'était pour les plus raisonnables d'entre eux bien sûr. Les honnêtes gens qui ne voulaient pas tuer, mais qui avaient juste peur de mourir s'ils n'éliminaient pas un pécheur à temps. Mais il y en avait d'autre dans le tas. Des hommes et des femmes qui étaient trop emportés par la rage et l'effet de groupe pour faire marche arrière. Ceux qui n'hésiteraient pas à tuer pour sauver leur propre vie. Et certains autres, des pécheurs désignés par Atilus, qui prenaient sur eux pour dissimuler leurs maux de tête et qui espéraient pouvoir se faire pardonner en tuant aussi un autre pécheur.

Pour eux, elle devait employer la manière forte, les mettre hors d'état de nuire tout en prenant quand même garde qu'une fois inconscients, ils ne se fassent pas piétiner à mort par cette foule enragée. En cela, les quelques Pokemon que lui avaient confiés les fidèles de Dan, et les deux trois Gardiens qui protégeaient l'entrée des Souterrains l'aidaient. Et elle-même devait user d'attaques un peu plus offensive qu'une simple caresse apaisante de ses bandelettes. Bien sûr, Cosmunia était un Pokemon très puissant, aussi prenait-elle garde de ne pas trop se déchaîner sur de simples humains.

Elle parvint à contenir cette émeute quelques minutes avant que des coups de feu ne commencent à retentir. Visiblement, quelques assaillants étaient venus armés. Peut-être même y avait-il des policiers ou des soldats parmi eux ? Des gens censés protéger la population, et qui par la faute de Brimas Atilus et de sa folie fanatique, en étaient venus à s'en prendre à elle ? Cosmunia espérait toutefois que ce ne fut qu'une minorité d'entre eux, et que la majorité des forces de l'ordre soit en ville en train d'essayer de stopper ce chaos.

Cosmunia dut faire surgir une petite onde de sa puissance cosmique de son corps pour repousser tout le monde et les mettre à terre un moment. Ainsi, elle put repérer ceux qui avaient une arme, et se chargea de les mettre hors d'état de nuire rapidement. Mais c'est alors que l'Apôtre d'Erubin fut touchée par la charge soudaine d'un Cerfrousse qui était sorti de nulle part. Même si l'attaque et le Pokemon n'étaient pas très puissant, Cosmunia possédait une défense physique très faible, sans doute pour compenser ses statistiques spéciales immensément hautes. Elle fut donc rudement secouée et projetée contre un des murs de l'entrée des Souterrains. D'autres Pokemon vinrent l'encercler. Il y avait visiblement des dresseurs dans la foule. Prévisible.

- Ne te mêle pas de ça, Pokemon ! Lui hurla un des dresseurs. Nous devons tuer un des opposants aux Défenseurs de l'Innocence si on veut survivre à cette journée ! Si tu les défends, nous t'écraserons !

Cosmunia ricana doucement et s'adressa au jeune humain médusé d'entendre un Pokemon parler.

- Quelle belle bande de moutons... Est-ce que vous vous rendez compte qu'Atilus vous fait faire son sale boulot à sa place, et compte par la même vous rendre aussi dingue que lui ? Pour un vertueux, le meurtre n'est pas un acte à prendre à la légère. C'est une ligne de non retour. Encore plus si on croit le commettre au nom d'une idéologie qui encourage celui de ceux qui la contestent.

- On n’a pas envie de mourir pour des criminels ! Lança une femme dans la foule. Qu’ils assument leur geste ! Nous, nous sommes innocents !

- Ceux qui s’arrogent le droit de tuer autrui ne sont jamais innocents, répliqua Cosmunia. Il n’y a que la société, par le biais de la justice, qui peut condamner quelqu’un à mort. Pas un fou furieux fanatique qui serait seul juge de ce qui est bon ou non, pas plus qu’une foule apeurée. Voyez : dans ces souterrains que vous voulez assiéger, la plupart des gens présents sont des réfugiés, des femmes, des enfants, des familles entières de personnes honnêtes qui ont été victimes de pseudos lois morales iniques qui n’ont strictement rien à voir avec la vraie innocence. Ce sont eux que Brimas Atilus a désigné comme pécheurs. Je crois même avoir vu une petite fille de six ou sept ans, dont le seul crime a été d’accompagner ses parents pour se cacher ici de l’inquisition des Blancs Manteaux. Allez donc me dire que la tuer de sang-froid est un geste de justice ou d’innocence !

Pas mal de monde hésitèrent face à ce discours. Certains parurent mal à l’aise, mais pour ceux qui plaçaient leur propre vie au-dessus de tout, ça ne changeait rien. Une petite dizaine profitèrent du fait que Cosmunia était encerclée par des Pokemon pour se précipiter dans les Souterrains, cherchant fébrilement du regard des cibles potentielles parmi ceux qui se tenaient le crâne, victime des souffrances mentales infligées par Atilus.

Cosmunia dut se lancer dans un combat contre les Pokemon de la foule, espérant pouvoir faire face à temps avant que quelqu’un ne soit tué. Heureusement, les quelques Gardiens de l’Innocence qui restaient dans les Souterrains intervinrent pour protéger les réfugiés. Un dut sauter sur un assaillant armé d’un couteau qui menaçait une vieille femme à demi-consciente à cause des maux de tête.

La situation s’envenimait de plus en plus. D’autres personnes, attirées par ce rassemblement bruyant, arrivèrent. Dans chaque coin de rue de Doublonville, il y avait désormais des tensions, quand ce n’était pas carrément l’anarchie et le chaos, entre les lynchages généralisés, les charges contre les barrages de police, et les combats de Pokemon en pleine voie publique. Si on laissait faire, les gens allaient s’entre-tuer sans même chercher à savoir si celui en face était un pécheur ou non…


***


Dan et sa dizaine de Gardiens courraient à travers les méandres des Souterrains de Doublonville, une véritable toile d’araignée qui englobait une bonne partie de la ville. Beaucoup d’accès étaient devenus inutilisables avec les années, mais ils avaient bien pris soin de dégager et de conserver celui qui les intéressait pour leur Coup d’État contre les Blancs Manteaux : celui menant directement sous le siège provisoire de la FAL, l’immense immeuble où se terrait Brimas Atilus. Vêtus comme ils étaient de gilets par balle, des armes à feu en main et des grenades à la ceinture, ils ressemblaient plus à une milice rebelle venue en découvre avec le pouvoir en place qu'à une ancienne et honorable caste de pacifiques spiritueux promouvant l'innocence dans le monde...

Mais Dan avait toujours été un homme d'action, la préférant largement aux discours pieux. De ce fait, il n'avait jamais vraiment été un Gardien de l'Innocence modèle, mais au moins avait-il été l'un des plus efficaces, ayant affrontés et vaincus sont lot d'Agents de la Corruption et même de Marquis. Et puis de toute façon, avec les tarés comme Atilus, discuter ne servirait à rien.

Ce fanatique était une épine dans le pied dont il devait se débarrasser avant de se retrouver face au Marquis des Ombres, et enfin de lever le voile sur la vérité qu'il avait fait en sorte de dissimuler depuis toutes ces années. Ce serait probablement son dernier combat, et il le redoutait autant qu'il attendait ce moment depuis longtemps. À cette idée, l'adrénaline envahit son corps et si des Blancs Manteaux avaient surgi à ce moment là pour leur barrer la route, il leur aurait sauté dessus avec ses seuls poings.

- Une chose à la fois, imbécile heureux, le rabroua la voix dans sa tête. Tu auras l'air fin si tu te fais avoir par Atilus avant d'arriver jusqu'au Marquis.

Dan ne répondit pas, car ses Gardiens auraient sans doute trouvé étrange de voir leur fameux Premier Apôtre revenu d'entre les morts se parler à lui-même. Mais il tâcha de se reconcentrer sur le moment présent. Sauf que la voix dans sa tête ne l'aida pas et continua à lui faire des reproches.

- D'ailleurs, tu as géré la discussion avec Cosmunia de façon pitoyable. La bougre n'est pas idiote. Même si elle nous laisse un répit le temps qu'on en finisse avec les Blancs Manteaux, ça m'étonnerait qu'elle nous laisse tranquillement partir à la bataille ensuite. Elle se doute peut-être même de la vérité. Et si elle la découvre, je donne pas cher de notre peau.

Ne pouvant se retenir, Dan répondit, en murmurant et en plaçant sa main devant sa bouche, pour que les autres Gardiens ne remarquent rien. La communication avec la personne dans sa tête n'était pas pratique, car si elle pouvait lui parler en pensée, elle n'entendait pas celles de Dan, uniquement sa voix. Et c'était pareil quand ils changeaient de place entre eux.

- C'est pas toi qui as dit « une chose à la fois » y'a une minute ? Je m'inquiète moins de Dame Cosmunia que d'Atilus. Au pire, nous lui révélerons tout. Le temps des secrets et des masques est passé, dorénavant.

- Vous avez dit quelque chose, Premier Apôtre ? Demanda Florian Mak qui courrait à ses côtés.

Dan lui jeta un coup d’œil. Un brave garçon que ce Mak. Il était le fils d'un couple de Gardiens de l'Innocence que Dan avait connu autrefois, et avait donc grandi en écoutant les nombreux récits de ses exploits. Il avait été l'un des premiers que Dan avait convaincu depuis son retour, et il lui vouait une loyauté aveugle sans poser aucune question... et pourtant, elles étaient nombreuses.

- Rien Florian, juste une petite prière adressée à Erubin.

- Nous vaincrons, monsieur, lui certifia le jeune Gardien avec un grand sourire. Nous ici, et la Reine Eryl là-bas, face au Marquis. Nous vaincrons, car nous avons la seule cause juste de notre côté.

Dan lui rendit son sourire, mais intérieurement, il leva les yeux au ciel. Cette naïveté était si touchante qu'il aurait bien pris Florian dans ses bras pour lui caresser la tête, comme à un bébé Evoli tout juste sorti de son œuf et qui ne connaissait rien de la vie. Pour Dan qui avait vu et vécu nombre de choses, et pas mal de mauvaises, il était clair qu'une cause juste suffisait rarement à l'emporter. Ce monde était si cruel que celui qui l'emportait était au final celui qui avait les plans les plus retords. Autrefois, Dan méprisait les manigances et ceux qui les pratiquaient. Mais aujourd'hui, c'était lui qui avait mis en place un plan à long terme aux ramifications qui auraient donné mal à la tête à quiconque aurait tenté de l'étudier.

- C'est ici, fit la Gardienne qui les guidait en désignant une trappe fermée au dessus d'eux. Selon mon frère, ça donne directement sur un petit entrepôt désaffecté aux sous-sols de l'immeuble.

Annie Bowsha était elle une Gardienne un peu plus âgée et pragmatique que le jeune Florian. Elle avait été la disciple d'Oswald Brenwark un peu avant qu'il ne devienne Premier Apôtre à la place de Dan. Ce dernier se souvenait vaguement d'une jeune fille studieuse qui suivait Oswald partout à la façon d'une secrétaire. Son frère, Ilyas, lui aussi un Gardien, jouait les espions pour eux au sein des Blancs Manteaux.

- O.K, déclara Dan. Il est probable que la sécurité habituelle soit sans dessus dessous après la déclaration mentale d'Atilus à toute la ville. Il y a sans doute des « pécheurs » parmi les gardes et les militaires présents, et peut-être même qu'ils s’entre-tuent entre eux en ce moment même. Je sais qu'un Gardien de l'Innocence ne devrait pas dire cela, mais si on tombe sur ce genre de scène, on passe notre chemin rapidement. Le plus important est de parvenir à Atilus le plus vite possible, pour faire cesser tout ça. Sur ce coup ci, il nous faut avoir une vision d'ensemble et penser au plus grand bien.

- Une bonne chose que Dame Cosmunia ne soit pas venue au final, intervint la voix dans sa tête. Elle n'a jamais été du genre à abandonner une vie qu'elle pouvait sauver au nom du plus grand bien...

Et moi non plus autrefois... songea Dan pour lui-même.

- En revanche, poursuivit-il à voix haute, l'étage où se trouvent les Blancs Manteaux sera sans doute surprotégé, avec peut-être des Pokemon ou des champs psychiques. Si on le peut, on ira trouver avant Silvestre Wasdens, la Présidente Marthe, ou bien le professeur Samuel Chen. En tant que Hauts Conseillers de la FAL, ils devraient avoir une autorité légale à opposer à Atilus. Mais je doute sincèrement qu'il s'en inquiète. S'ils n'ont pas été tués, et s'ils sont emprisonnés, nous devrons les libérer.

- N'a-t-on pas de Hauts Conseillers plus utiles au combat que ces politiques et vieux croulants ? Soupira un des Gardiens.

- D'après ce que je sais, Adélie Dialine est en mission pour tenter de retrouver Venamia si d'aventure elle serait vivante, et Mewtwo est au front avec Eryl. Mais ne sous-estimez pas des personnes comme Chen ou Marthe, Bersan. Je les aies bien connus autrefois, et ils sont du genre à ce qu'on ait pas envie de les avoir comme ennemis, quel que soit leur âge.

Dan pouvait effectivement en parler en connaissance de cause. En tant que Pokemon Ranger en poste à Kanto pendant des années, il avait dû traiter avec le professeur Chen nombre de fois, et les deux étaient rapidement devenus amis. Quant à la Présidente Marthe, elle était tout simplement sa patronne, et il gardait bien en tête les nombreux savons mémorables qu’il avait reçus de cette femme inflexible.

- Va pour ces deux-là, fit la voix dans sa tête, mais Wasdens va sans doute s’écraser. Il a trop mangé consécutivement dans les mains d’Igeus et d’Eryl. Et en tant qu’ancien Dignitaire, il ne doit trop apprécier les changements de régime trop brutaux…

Dan ignora l’avis du colocataire de son corps, qui de toute façon n’avait aucune impartialité quand il s’agissait de Silvestre Wasdens. Il fit un signe de tête à Florian, le plus athlétiques d’entre eux, pour qu’il saute jusqu’à la trappe, se retourne tout en s’accrochant, et ne l’ouvre d’un coup de pied. Il entra, sécurisa rapidement l’endroit en vérifiant qu’il n’y avait personne, et commença à les faire monter un par un.

Plusieurs mètres au-dessus d’eux, il y avait Brimas Atilus et ses fanatiques, qui avaient pris en otage toute la population de Doublonville, dans le but de s’accaparer son esprit et sa morale. Ce ne serait pas une bataille habituelle entre l’Innocence et la Corruption, mais bien un combat pour la vérité, pour révéler la véritable identité de l’Innocence, entre deux visions diamétralement opposées : celle de la tolérance et du pardon, puis celle de l’absolu et du rejet.


***


Brimas Atilus voyageait à travers le divin.

Sous l’effet combiné de la puissance psychique des Neitram qui l’entouraient, son esprit s’était ouvert à l’immensité de la population de Doublonvillle, et était répercutait par les nombreux autres Pokemon psychiques placés tout autour de la ville. De fait, Atilus était partout. Il voyait tout. Il ressentait tout. D’une seule once de sa volonté, il faisait souffrir les pécheurs pour les marquer comme cible. D’une seule pichenette de son mental, il insufflait la colère dans l’esprit des vertueux, pour les pousser à commettre le meurtre qui les libèrerait… et qui allait les conduire irrémédiablement sur la voie de l’Innocence Absolue !

Oui, ici et maintenant, par définition même, Brimas Atilus avait transcendé son enveloppe mortelle et faillible pour s’élever au niveau d’un dieu. Une telle pensée était déjà en soi un terrible blasphème ; il ne saurait y avoir d’autre véritable dieu que le Créateur de toute chose et la Déesse de l’Innocence. Pour autant, Atilus se savait dans son bon droit. Se servir de ce pouvoir, prétendre à la divinité, uniquement dans le but de faire prévaloir la véritable Innocence, c’était servir Erubin.

Atilus comprit aussi autre chose : il était tellement aisé pour un humain de transcender ses limites grâce aux pouvoirs des Pokemon. Bien sûr, il lui aurait fallu une foi véritable et un esprit pur et déterminé, comme celui d’Atilus. Mais tout de même… De telles possibilités ne devraient pas être laissées au commun des mortels. Pour le bien de l’Innocence, il lui faudrait sans doute limiter étroitement l’utilisation et la propriété des Pokemon dans ce nouveau monde que la FAL compter diriger.

Et la Reine Eryl ? Elle qui était justement bien plus qu’un être humain, pourquoi n’avait-elle pas fait cela plus tôt ? Il lui aurait été aisé de changer le cœur des hommes de la sorte, en leur insufflant une Innocence éternelle et en bannissant à jamais l’idée même du péché. Mais elle accordait trop d’importance au libre arbitre, sans doute à cause de ses nombreux conseillers, dont la plupart provenaient du monde politique. Mais le service du bien n’avait que faire de l’éthique ou des droits de l’homme. Et servir l’Innocence était servir le bien. Toute représentante d’Erubin sur Terre qu’elle était, Eryl n’était pas infaillible et était par moment bien naïve. Et il était du devoir d’Atilus de corriger ses défauts, et de faire ce qui devait être fait.

- Nos mots sont vérités, nos actes sont justice, récita-t-il pour lui-même.

Seule la pensée d'Erubin et celle de la justesse de sa cause lui permettaient de supporter la pression psychique phénoménale à laquelle son cerveau était soumis. Il avait déjà commencé à saigner du nez. Si Arceus le voulait, il tiendrait les vingt-quatre heures de son ultimatum. Mais ensuite, il était probable qu'il finisse à l'état de légume, ou plus simplement qu'il ne meure. C'était ainsi. C'était le prix à payer pour exécuter la volonté divine, et Atilus l'acceptait. Il n'était que l'instrument d'Erubin.

- Pardonnez-moi Votre Excellence...

La voix d'un de ses fidèles lui parvint à travers l'extase divine dans laquelle il nageait, et revint à contrecœur au matérialisme de son propre corps.

- Un groupe d'impies a pénétré dans l'immeuble, en passant par les Souterrains, comme prévu.

- Imbécile, s'énerva Atilus. Vous avez troublé ma communion avec le divin uniquement pour m'annoncer cela ? Comme si je ne l'avais pas senti ? Évidemment qu'ils sont là. Ces soi-disant Gardiens de l'Innocence, vestige d'une autre époque, menés par cet infidèle de Dan Sybel qui a dissimulé sa propre mort à tout le monde, même à Notre Majesté qu'il n'a pas eu le courage d'élever !

- Mille excuses, Votre Excellence ! Je suis un être impardonnable pour avoir remis en cause votre omniscience !

- Ces idiots ont cru pouvoir infiltrer un des leurs dans mes rangs. Mais les vertueux repèrent toujours ceux qui ont le cœur impur. Ce mécréant a cédé si facilement quand j'ai sondé son esprit, c’en était presque navrant pour la volonté de ces Gardiens de l'Innocence.

- Devons-nous les intercepter, Votre Excellence ? Ils ne sont qu'une dizaine.

- Non. Laissez-les donc monter jusqu'à nous. Je pourrai les éliminer à distance en broyant leurs esprits, mais il est clair qu'Erubin nous envoi là notre ultime épreuve. Nous allons balayer les faibles impies qui ont cru la servir pendant tout ce temps, mais qui n'ont en fait accélérer le retour d'Horrorscor. Et nous allons le faire en les regardant en face, pour qu'ils soient pleinement conscience de notre supériorité et de la grandeur de notre foi au moment de mourir. Et qui sait, si Arceus le veut, peut-être pourrai-je épargner un temps Sybel, pour le remettre ensuite à Sa Majesté, qu'il s'explique devant elle sur ses nombreux mensonges et défaillances, avant de lui faire subir un châtiment purificateur à la vue de tous !

- Louée soit Erubin, dirent en chœur tous les Blancs Manteaux présents, affirmant ainsi leur accord et leur foi en Atilus.


***


Cosmunia avait pu repousser la foule qui menaçait d'envahir les Souterrains pour y éliminer les réfugiés, et s'évertuait désormais à faire cesser les affrontements aux quatre coins de la ville. Elle savait que pour que cette folie se termine au plus vite, elle aurait mieux fait d'aller rejoindre Dan et les autres pour stopper Atilus, mais elle était incapable de laisser ce chaos continuer, de laisser toutes ces vies se perdre, alors qu'elle savait qu'elle pouvait en sauver. Sans doute pas toutes, mais une seule aurait valu la peine. C'était et ça avait été le raisonnement de Cosmunia depuis toujours : ce qui importait, c'était la vie à l'instant présent.

En à peine deux heures, Doublonville était déjà à feu et à sang. Il y avait des émeutes un peu partout, des voitures en feu, des Pokemon qui attaquaient des humains sous les ordres de leurs dresseurs, des policiers qui, débordés, tiraient désormais sur tous ceux qui s'approchaient un peu trop... Entre les désespérés qui voulaient à tous prix éliminer un pécheurs pour sauver leur vie, les anti-FAL qui étaient de sortie en masse pour tenter de renverser le pouvoir, les casseurs qui n'avaient pas d'autre objectifs que le chaos, et même quelques illuminés qui soutenaient les Blancs Manteaux et qui voulaient purger la ville de tous les criminels et les infidèles... eh bien, Cosmunia doutait qu'il ne reste grand monde à la fin de l'ultimatum d'Atilus pour rebâtir Doublonville sous les fameuses hospices de l'Innocence absolue...

C'était à la fois désespérant et terrifiant qu'un seul homme ait pu provoquer toute cette folie en si peu de temps. Durant son long service au sein des Gardiens de l'Innocence, Cosmunia avait entendu parler d'une secte cousine aux Agents de la Corruption : les fameux Agents du Chaos, aux ordres d'un Pokemon nommé Diavil, qui n'avaient d'autre but que le désordre et l'anarchie mondiale. Brimas Atilus aurait dû postuler chez eux. Il y aurait été sans doute bien accueilli.

En voyant deux groupes de personnes avec quelques Pokemon qui se battaient avec la très claire intention de tuer, Cosmunia ne chercha pas à comprendre qui était qui, et les balaya tous avec une attaque Pouvoir Lunaire. Elle ne pouvait plus se permettre de faire dans le détail. Pour empêcher la population de s'entre-tuer, elle n'avait plus que la possibilité de la mettre K.O.

Le chemin de Cosmunia l'amena non loin de l’hôpital militaire de la ville, où plusieurs soldats avec l'uniforme de la FAL se dépêchaient visiblement d'évacuer les patients, en s'efforçant de retenir une foule écumante qui voulait de toute évidence entrer à l'intérieur, sans doute pour trouver de possibles pécheurs à tuer facilement. Cosmunia s'avança et héla un officier.

- Vous avez encore des blessés à l'intérieur ?

Le gradé la regarda avec un mélange d'ahurissement et de méfiance.

- Qu'est-ce que tu veux toi ? Et t'es quel genre de Pokemon au juste, pour causer l'humain ?

- Le genre de Pokemon qui n'aime pas qu'on lui manque de respect. Vous m’appellerez Dame Cosmunia et vous me vouvoierez, ou bien, si par chance on s'en sort tous et que le gouvernement survit à ça, je toucherai un ou deux mots à mon ami le Haut Conseiller Silvestre Wasdens pour que vous soyez mutez en plein milieu du Glacier Infini de la région Bakan, où il fait -20 les jours de grand soleil !

L'officier garda la bouche béante un instant, avant de baisser sensiblement d'un ton.

- Mes excuses euh... Dame Cosmunia. Vous êtes du gouvernement ? Vous savez ce que c'est que cet énorme foutoir ? Moi et mes gars, on est perdu ! Doit-on empêcher ces malades d'aller achever des blessés, ou bien livrer tous ceux qui ont des maux de têtes aux Blancs Manteaux ? Je ne reçois plus aucun ordre de mes supérieurs. Qu'est-ce qu'on doit faire ?

- Votre devoir de soldat, répondit Cosmunia. Protéger. Atilus a agi de sa propre initiative en profitant de l'absence de la Reine Eryl et des autres Chefs d’État. Son action équivaut à un Coup d’État, et se doit pour cela d'être arrêté. Mais dans l'immédiat, ce qui compte, c'est sauver ceux que nous pouvons sauver. Quelle est la situation ?

Visiblement soulagé d'avoir quelqu'un d'autoritaire et de confiant à qui obéir, l'officier se mit presque au garde à vous.

- Après le message d'Atilus, c'est rapidement devenu le bazar dans l’hôpital. Par Arceus, j'ai vu des estropiés de guerre essayer d'en éliminer d'autres, et des infirmières qui ont essayé d'achever des blessés cloués sur leur lit avec du poison. On a tenté de reprendre le contrôle et d'évacuer ceux qui pouvaient l'être dans nos hélicos et transporteurs, là où personne de mal intentionné ne pourraient les atteindre. Mais je n'ai plus de contact avec mes gars à l'intérieur, et selon leur dernier rapport qui m'est parvenu, ça chaufferai méchamment. On avait toute une aile réservée à des individus extrêmement dangereux qui étaient fortement gardés, et ils n'auraient pas apprécié qu'on les désigne comme criminels à éliminer.

Cosmunia plissa les yeux.

- De qui voulez-vous...

Mais elle eu bien vite sa réponse. Une partie du mur d'un étage venait d'exploser, en expulsant au passage plusieurs personnes ensanglantés et au corps désarticulés, quand ils n'étaient tout bonnement pas en pièce. Trois silhouettes sombres venaient de sauter à leur suite. Ils portaient tous trois des costumes noirs à cravate, désormais souillés de quantité de sang. Ils s'avancèrent tranquillement vers les militaires, sans craindre une seule seconde les dizaines d'armes braquées sur eux.

- C'est bon messieurs, la situation est sous contrôle à l'intérieur, déclara celui qui portait de fines lunettes carrées. On a joué les gentils, et assommés tous ceux qui posaient problème. En revanche, on a proprement liquidé ceux qui voulaient s'en prendre à notre amie dans le coma. On a laissé vos gars gérer ce bordel, et l'une des nôtres pour surveiller que personne ne touche à notre amie Lilura. Pour notre aide, vous serez bien assez aimable de la faire évacuer elle aussi et de l'amener hors de cette ville, le temps qu'on fasse retrouver leurs esprits à ses charmants habitants ?

L'officier avec qui Cosmunia avait parlé hésitait visiblement à ordonner à ses hommes d'ouvrir le feu en masse. Mais Cosmunia avait suffisamment entendu parler de ces hommes en noir pour savoir que ça ne servirait qu'à les mettre en colère, même s'ils semblaient désarmés. Elle s'avança vers eux.

- Vous êtes ceux qu'on nomme les Shadow Hunters, n'est-ce pas ? Vous avez aidé la FAL contre le Grand Empire ?

- Du tout. Nous avons aidé Mercutio Crust contre Venamia. C'est différent. On se moque de votre FAL, mais on a entendu votre prêtre en chef dans nos têtes, et depuis, bien sûr, on se tape un de ces mal de crâne de dingue. Puis voilà que la moitié de l'hôpital a soudainement décidé de nous attaquer, alors qu'on a perdu deux des nôtres contre Venamia, et que deux autres sont estropiés à jamais. Alors du coup, avant de s'en retourner à nos affaires, on a décidé de rendre une petite visite à cet Atilus pour lui expliquer le point de vue des vils pécheurs que nous sommes.

Trefens remonta ses lunettes, son regard ne laissant aucun doute sur ses intentions. À ses côtés, Kenda et Two-Goldguns souriaient, prêts également à en découdre. Cosmunia savait que ça heurterait ses principes que de s'allier avec des assassins notoires, mais pour le moment, elle prendrait sur elle pour faire avec.