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La Paix Véritable de Aurazen



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Informations

» Auteur : Aurazen - Voir le profil
» Créé le 10/04/2021 à 22:41
» Dernière mise à jour le 10/04/2021 à 22:41

» Mots-clés :   Absence d'humains   Action   Aventure   Drame   Unys

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Chapitre 1 : Naissance
----------------------------------------------------- An 165 --------------------------------------------------------



- "Lucian…? Réveille-toi ! C’est Maman ! Je t’en supplie, réveille-toi…"

Lorsqu’il entendit la voix étouffée et paniquée de sa mère, le jeune Riolu ouvrit lentement les yeux. Une certaine lumière l’aveuglait, l’empêchant de voir correctement ce qu’il se passait autour de lui. Il fut perturbé par un détail : cette lumière n’était pas celle du soleil levant, celle qui venait lui chatouiller les narines tous les matins au réveil… elle provenait bien de dehors, mais il faisait nuit ; il pouvait le voir malgré les volets clos de sa chambre. De plus, il n’avait pas froid… les nuits de la campagne sont pourtant fraîches en cette saison. Il sentait que son corps se réchauffait à chaque seconde. Il n’en était pas mécontent, mais sentait que quelque chose clochait.

- "Lucian !"

Perdu dans ses pensées, l'enfant en avait oublié les appels affolés de sa mère. Il tourna la tête vers elle, les yeux encore à moitié clos. Une Lucario protectrice le regardait d’un air inquiet, mais elle sourit le temps de quelques secondes lorsqu’il se réveilla.

- "Vite, mon chéri, dépêche-toi de te lever... on doit partir tout de suite !" lui dit-elle sur un ton précipité.

- "Hein…? Où ça ?" demanda Lucian de sa petite voix encore faible.

- "Pas le temps de t’expliquer." répondit-elle. "Le village est attaqué… on doit s’en aller le plus vite possible ! Viens !"

La mère du Riolu le prit par la main et le traîna de force hors de son petit lit douillet. Il ne fallut alors pas beaucoup de temps à ce dernier pour comprendre la gravité de la situation. Il avait, depuis sa naissance, cette faculté de pressentir des choses, tout comme le reste de sa lignée. Le jeune Pokémon tint alors fermement la main de sa mère tandis que celle-ci l’emmenait jusqu’à la porte de la maison. Un autre Lucario se tenait à la porte, regardant les alentours par l’ouverture de la porte et guettant le bon moment pour sortir. Il se retourna vers sa femme et son fils.

- "Ah, Viviane ! Il est réveillé ?"

- "Oui, mais on lui expliquera plus tard... Qu'est-ce qu'on fait, Arthur...?!" demanda la mère paniquée, au bord des larmes.

- "J’ai l’impression que ça s’est calmé dehors… on devrait pouvoir sortir d’ici quelques minutes."

Lucian se frotta un œil et bâilla, tandis que son père retourna faire le guet.

"Je l'espère…" répondit sa mère dans un soupir angoissé.

De longues minutes passèrent, et elles furent probablement parmi les plus longues de sa vie. Un air chaud soufflait par la porte de la maison, faisant flotter les mèches encore décoiffées du jeune garçon somnolent. Sa mère ne lâcha pas sa main, et la resserrait au fur et à mesure que le temps passait. Le jeune Pokémon finit par regarder sa mère ; des gouttes de sueur perlaient sur son front, et ses jambes tremblaient sans cesse. Elle jeta un regard à son fils et tomba à genoux pour le prendre dans ses bras, lui murmurant les mots réconfortants d’une mère :

- "Ça va aller, ne t’inquiète pas… on va s’en sortir…"

Le père fit alors signe à sa famille de se rapprocher. Viviane se releva péniblement, se préparant mentalement à ce qui l’attendait dehors. Lucian, ignorant presque tout de la situation, se contenta de rester en retrait, restant caché derrière les jambes de sa mère. Soudain, Arthur s’écria :

- "Maintenant ! On y va !!"

Il cogna la porte en bois d’un coup sec et sortit, suivi de sa femme et de son fils. Dès lors que ce dernier mit un pied dehors, un spectacle de désolation se présenta à lui : l’entièreté de son village baignait dans des flammes ardentes. Seules quelques maisons, dont la sienne, avaient été épargnées de la catastrophe. Une immonde odeur de grillé parcourait l’air, et un nuage de cendres noirâtres surplombait tout le village. Il n’y avait plus la moindre trace de végétation ; l’herbe avait séché, les arbres brûlé, et les fleurs fané. Le père pointa alors de sa patte la clairière de la forêt : il prit la main à son épouse se mirent à courir tous les trois dans sa direction, aussi vite qu’ils le purent. Durant leur course, ils s'efforcèrent de ne pas regarder les dépouilles des habitants, ni les décombres des maisons de leurs amis. Tout ce qu'ils pouvaient faire à présent, c'était prier pour qu’il n'arrive rien aux autres. Ils ne parvenaient pas à réfléchir, leurs esprits étaient sans cesse tourmentés par les cris d’horreur et de douleur provenant du village. Le crépitement des flammes et les bruits d'explosions résonnaient incessamment dans leurs têtes, sans qu’ils ne puissent y faire quoi que ce soit. Ils continuèrent leur course effrénée sans se retourner, hormis le petit garçon : il regarda une dernière fois derrière lui, et contempla sa maison disparaître à son tour dans les flammes de l’enfer.

Mais malgré leurs efforts pour rester discrets, leur petite escapade ne passa pas inaperçue : un trio de Pokémon ennemis les débusquèrent quelques maisons plus loin et foncèrent sur eux à toute vitesse. Arthur cria :

- "COUREZ !"

Les trois fugitifs accélérèrent le pas pour tenter de les semer. La respiration haletante, Lucian avait du mal à les suivre à cause de ses petites pattes. Si au moins ils pouvaient à atteindre la forêt, il serait plus facile pour eux de les perdre dans les broussailles. Alors que le père réfléchissait désespérément à un plan pour les sortir de là, les grands bruits de pas de leurs assaillants se rapprochaient. Maintenir la cadence était difficile, mais ils avaient au moins l'avantage de connaître le terrain. Une fois arrivés au pied de la forêt, ils se faufilèrent entre les arbres déchirés et calcinés. Heureusement, il restait quelques buissons au ras du sol pour pouvoir se cacher en cas de besoin. Ils se mirent à monter la pente ; leur objectif était d'atteindre le sommet de la colline.

- "ALLEZ ! On est presque à la clairière !" s'écria Arthur, comprenant que le plus dur était désormais derrière eux. Mais peut-être aurait-il dû regarder devant lui...

Un gigantesque arbre enflammé s’effondra platement sous leurs yeux, leur bloquant entièrement le passage. Le feu se propagea sur les herbes alentour, leur coupant toute déviation. Les trois poursuivants derrière eux s’étaient alors dangereusement rapprochés. Comprenant que la situation avait vite tourné à la catastrophe, Viviane fut prise de nouveaux tremblements :

- "On... on ne peut pas contourner, ils vont nous rattraper ! Arthur !!"

- "Merde !! C'est pas possible, pourquoi maintenant ?!" pensa Arthur, enragé par sa désillusion.

Il inspira profondément, puis soupira. Peut-être les dieux se jouaient-ils de lui, et de sa malchance. Résigné, il prit une longue inspiration et s'approcha de sa femme.

- "Viviane. Pars avec Lucian, je vais gagner du temps."

- "Quoi ?! N-Non ! N’y va pas, c'est de la folie ! Il... Il doit bien y avoir un autre moyen..." le supplia t-elle d’une voix fébrile, des larmes apparaissant au coin de ses yeux.

- "Non, il le faut. Je vais les retenir suffisamment longtemps, alors courez jusqu'au Refuge. Quand j'en aurai fini avec ceux-là, je vous rejoindr-"

- "Mais tu pourrais y rester, pauvre con !!"

- "Pourquoi c'est si dur pour toi de me faire confiance ?! hurla Arthur, désespéré. Un silence suivit.

"Je sais que j'ai été un père misérable... alors laisse-moi au moins une chance de me racheter..."

Viviane fondit en larmes. Elle n'avait plus les mots... et pourtant, elle ne voulait pas le voir partir... Sachant pertinemment qu'il n'en réchapperait pas, Arthur regarda une dernière fois sa femme.

"Pardonne-moi..."

Et il partit au pas de course, laissant derrière lui sa seule famille... ces êtres qui représentaient pour lui l'amour, dans un monde où l'amour n'a fatalement pas sa place.

Viviane resta plantée là, sans bouger, les yeux humides et les jambes tremblantes, regardant son homme s’éloigner de plus en plus. Elle finit par lui crier, alors qu’il était déjà au loin :

- "Espèce d’idiot !! Crétin fini ! T'as intérêt à revenir en vie, sinon je te tue !!"

Lucian ne semblait pas avoir tout compris de cette dernière phrase. Sa mère finit toutefois par sécher ses larmes, puis prit la main de son fils et se remit à courir vers la clairière de la forêt. Ils tournèrent le dos à celui qui s'était sacrifié pour eux ; on ne put entendre de cette scène que quelques explosions, une violente décharge de flammes et un hurlement de douleur.

Ils continuèrent leur course, sans laisser leurs émotions prendre le dessus. Il fallait avancer à tout prix. Avancer sans jamais s’arrêter, ne surtout pas regarder en arrière.

Lorsqu’ils arrivèrent enfin à la clairière, ils prirent le temps de souffler pour reprendre des forces. Alors que Viviane sanglotait seule par terre, la tête dans les genoux, le petit Riolu murmura :

- "Papa…"

Il alla au chevet de sa pauvre mère et lui demanda, innocemment :

- "Maman ? Est-ce que… Papa va revenir…?"

Un long silence s'ensuivit. Elle s'arrêta brusquement de pleurer, la respiration coupée, comme si elle venait de prendre un violent coup de poing au ventre. Lorsqu'elle releva la tête, elle avait de grands yeux rouges emplis de larmes.

- "Il… P-Papa ne reviendra pas, mon chéri…" parvint-elle à articuler de sa voix faible et cassée.

- "Mais… pourquoi…?" lui demanda l'enfant, intrigué par sa réponse.

Sa mère n’osa plus décrocher un mot. Elle alla s’agenouiller pour pleurer dans les bras de son fils, inconscient de la situation. Elle ne voulait pas le briser, lui qui était si jeune... Elle le serra dans ses bras, chérissant la dernière personne au monde qu'il lui restait. Après quelques minutes, elle cessa de pleurer et se releva péniblement.

- "Le… Le Refuge ne doit plus être très loin… allons-y, Lucian." lui dit-elle, marchant en direction du camp dans un dernier espoir.

À l'instant où elle prononça ces paroles, elle entendit une voix calme s'exprimer dans son dos :

- "Oh, parce que vous allez quelque part ?"

À peine eut-elle entendu ces mots qu’elle sentit une forte chaleur au niveau de la poitrine. Par réflexe, elle baissa les yeux : la pointe d’une lame aiguisée, teintée d'un liquide rouge, lui ressortait du corps. Lucian prit peur sur le coup et tomba à terre. L'assassin retira sa lame d’un coup sec, et Viviane tomba à genoux. Un flot de sang coulait le long de sa mâchoire. Son corps s'effondra alors sur le sol, le petit garçon se tenant face à sa mère, impuissant. Il la regarda, elle le regarda... et la dernière lueur de vie dans ses yeux s’étint définitivement avant de laisser place au néant. Lucian n’osait plus bouger. Comme paralysé par l'horreur de la scène à laquelle il assistait. Il voulait fuir, s'en aller le plus loin possible, mais son corps refusait de lui obéir. Il se contenta de fixer la dépouille de sa défunte mère traînant sur le sol, son sang coulant sur une herbe devenue écarlate.

L’agresseur détacha son foulard et nettoya le sang sur la lame de son bras.

- "Navré. Il est lâche de prendre les gens par surprise."

Une autre voix, féminine cette fois, se fit entendre:

- "Ohhh, regardez-moi ce bout de chou !" s’exclama t-elle en se rapprochant lentement de l'enfant. "Dis, t'es perdu ? Tu cherches ta maman ? Ça tombe bien, je vais t’envoyer la retrouver, héhé !"

Elle brandit sa grande patte et en sortit une paire de griffes acérées, puis exécuta un brusque mouvement en avant. Un bras la retint cependant de commettre l’acte. Une troisième voix, celle à qui devait appartenir le bras, fit surface :

- "Ça suffit, Béa. Tu crois pas que t'as assez joué ?"

- "Mais de quoi je me mêle, Greg ?! Je fais c'que je veux, non ? C'est pas tous les jours qu'on a l’occasion de déchiqueter un enfant aussi adorable !" rétorqua violemment la prénommée Béa.

- "Greg a raison." lui rappela calmement la première voix. Inutile de s’acharner, concentre-toi plutôt sur la mission qui nous a été confiée."

- "Oh non, tu vas pas t’y mettre aussi, Hal ! Tu viens de tuer cette femme dans son dos et tu oses encore me faire des leçons de morale ?" répondit Béa d’un ton provocateur. "On devait seulement tuer si nécessaire, j'te rappelle..."

- "Regarde, espèce de sotte." reprit Hal. "Tu vois ce village, là-bas ? C'est la guerre. Personne n'en ressort sans séquelles. Personne ne peut vivre avec ça sur le dos. Ces gens sont condamnés de toute manière, alors autant abréger leurs souffrances."

- "Très bien, Môssieur le cerveau, alors pourquoi tu m'as pas laissé crever le petit plus tôt ?!"

Le prénommé Greg reprit :

- "Eh, tête de cloche. Regarde-le. Tu veux vraiment tuer ce pauvre gosse ? Tu crois vraiment qu’il représente une menace pour nous ? Fais comme tu veux, mais moi, je m’en tiens aux instructions. J’ai plus important à faire que de penser à mes petits plaisirs égoïstes."

- "Tss… vous changerez jamais, vous deux. Toujours aussi rabat-joies..." soupira Béa. "De toutes façons, on trouvera jamais cette foutue plaque... l'autre guignol s'est bien fichu de nous !"

Il y eut un grand silence. Le garçon entendait tout de cette conversation, mais n’osait pas relever la tête, par peur d’avoir un contact direct avec les assaillants. Il entendait tout mais ne voyait rien. Ou plutôt, il voyait tout mais ne voulait rien entendre : il avait sous ses yeux toute sa vie, tous ses rêves, tous ses espoirs en lambeaux. Il entendait les assassins de sa mère, mais aussi des cris de désolation provenant de son village. À ce moment-là, le jeune Riolu, du haut de ses sept ans, avait compris quelque chose : plus rien ne serait jamais comme avant. Ce silence pesant perdura pendant de longues secondes, jusqu’à ce que le nommé Hal ne reprenne la parole :

- "Quelqu’un vient. Nous ferions mieux de quitter les lieux."

- "Ouais." répondirent Béa et Greg simultanément.

À peine eurent-ils prononcé ces mots qu’ils disparurent instantanément dans la pénombre, aussi mystérieusement qu'ils étaient apparus. Ils laissèrent derrière eux le petit Riolu, seul, faisant face au cadavre sanglant de sa mère.

C’est alors qu’il entendit de lourds bruits de pas, venant tout droit dans sa direction. Il ne put pas le voir tout de suite, mais il s’agissait de Kurt, le doyen du village. Le Bétochef séxagénaire était blessé à la tempe et se faisait courser par un Typhlosion. Il accourut pour voir Lucian :

- "Hé, gamin !! Qu’est-ce que tu fous là ?! T’es pas blessé au moins ?"

Il remarqua alors le corps qui se trouvait aux pieds du jeune garçon : il la reconnut immédiatement. Il resta un moment sans voix, à regarder à la fois le petit garçon, mais aussi le Typhlosion qui montait dangereusement la colline. Il prit alors la décision la plus difficile de sa vie : il saisit l'un de ses deux piliers de béton, et le projeta de toutes ses forces sur le Typhlosion. Ce dernier le prit en pleine tête et dégringola la pente à toute vitesse, avant de retomber au sol inconscient. Cela revenait à abandonner un de ses piliers, mais cette nouvelle main libre lui permit de prendre le jeune Riolu sous son épaule. Ni une, ni deux, il déguerpit à toute vitesse en direction du Refuge. Lucian ne put alors voir que sa pauvre mère s’éloigner de plus en plus, les voix des assassins résonnant douloureusement dans sa tête. Kurt, quant à lui, continua tant bien que mal sa course effrénée pour espérer rester en vie.