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L'Empire Delassien de Johan64000



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Informations

» Auteur : Johan64000 - Voir le profil
» Créé le 12/03/2021 à 01:18
» Dernière mise à jour le 12/03/2021 à 01:18

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Fantastique   Guerre   Mythologie

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Chapitre 5 - Leitmotiv
- Non mais c'est quoi cette blague ?

Retranché dans un bureau privé du Nomarque Baal, en compagnie d'une dizaine d'hommes en armes, le Trésorier Matdat trépignait sous l'adrénaline. En vétéran qu'il était de l'empire, il avait souvent eu affaire à des magnats de la guerre et à des tentatives de prise de pouvoir par la force. Il en était à son sixième... Ou peut être septième coup d'état déjoué. Mais jamais, dans sa longue carrière, il n'avait eu à se battre contre une armée de pokemon. Les pokemon, sauvages et deletaires, commençaient tout juste à être apprivoisé par l'homme. Que quelqu'un ai réussi à en dresser plusieurs pour s'en servir comme arme dans un affrontement, ça relevait de l'impensable.

- Barricadez les portes avec tout ce que vous avez sous la main !

Même si tout le monde doutait de l'efficacité d'une telle mesure dans cette situation, ils s"executerent. Impossible de désobéir à un ordre d'un membre du Conseil des Six. Une fois, les armoires et autre mobilier de bureau disposaient devant la porte de la pièce, le Trésorier et les hommes présents avec lui reculèrent au fond de la salle, armes tendues, attendant l'inévitable. À l'extérieur, le bruit était retentissant. Des cris résonnaient en écho dans tout le palais, de même que les bruits d'explosion dantesque.

- Est-ce que quelqu'un a des informations sur ces mecs ? Si c'est le cas, c'est le moment de m'en faire part !

Les gardes se jugèrent du regard, mais Matdat se rendit à l'évidence que personne ne semblait connaître leurs assaillants. Un des gardes se permit tout de même un ricanement de situation face à l'absurdité de ce qu'ils étaient en train de vivre.

- Si on m'avait dit qu'un jour, dans ma carrière, j'aurai à affronter des Créatures capables de jeter du feu ou de la foudre, j'y aurai peut-être réfléchi à deux fois avant de m'engager.

Le trésorier était franchement d'accord avec l'homme à ses côtés. Lui-même avait encore des doutes quant à la situation. Il ne savait pas vraiment si tout ce qui était en train de se passer était réel ou s'il avait simplement sombré dans un rêve drôlement étrange.

- Peu importe la situation, nous sommes des sujets de l'empire. Notre devoir sacré est de le protéger, peu importe les ennemis sur notre route !

Les portes se mirent à vrombir. À l'extérieur, des grognements des plus en plus pressants se faisaient entendre. Dans le bureau, tout le monde était en train de retenir son souffle. La barricade improvisée qu'ils venaient d'ériger n'allait plus tenir très longtemps. Les gardes brandissaient leurs lances en direction de la porte, prêts à accueillir le premier assaillant qui franchirait leur défense. Le Trésorier Matdat, lui, s'accrochait désespérément au poignard finement orné qui pendait à sa ceinture. Il n'était certes pas un homme d'action, préférant le confort des chiffres et de la politique, mais il ne comptait pas se laisser mourir sans combattre. Il en allait de son honneur.

Une des portes en bois massif commença à craquer dangereusement. Matdat sentit alors que son cœur marquait un temps d'arrêt. Il s'accrochait encore un peu plus à son arme d'apparat quand le haut de la porte explosa. Ils purent apercevoir, dépassant de la porte, la tête enragée de deux Grahyena, la bave dégoulinant de leurs crocs ensanglantés.

- Tenez la position. Notre barricade va tenir encore quelques minutes.

Aussi rassurant se voulait-il, le trésorier n'était pas sûr de son affirmation, mais il ne voulait pas que les hommes à ses côtés se découragent. Les murs de la pièce entière étaient en train de trembler sous les poussées dantesques des deux pokemon canins. Les gardes pointaient leurs lances en tremblant légèrement sous la panique qui était en train de les gagner. La porte les séparant des deux pokemon fini par céder, les meubles bloquant le passage se renversant sur le sol sans demander leurs restes. Les Grahyena pénétrèrent dans la pièce, la salive aux babines et le regard fou. Les gardes tendaient leurs lances en réponse aux grognements des deux Créatures, entourant un Trésorier Matdat terrifié, mais prêt à se battre avec sa dague.

C'était la première fois qu'ils avaient à se battre contre des pokemon, ignorant totalement les capacités magiques dont ils pouvaient faire preuve. L'un des deux Grahyena profita du moment de flottement entre eux et ses adversaires pour charger dans sa gueule une attaque Crocs Givre. Puis, les dents scintillantes d'une énergie polaire, il s'avança vers le premier des soldats à sa portée pour le mordre au flanc gauche. Sous la douleur, le soldat se mit à crier, faisant soudainement reculer ses camarades. Puis, lentement, son corps se mit à se couvrir d'une épaisse couche de glace tandis que son expression passait de la douleur à la frayeur. En quelques instants, il ne restait de lui qu'une statue de givre, figée éternellement avec une expression de terreur sur le visage.

Tous les hommes autour de Matdat se mirent à reculer devant les deux bestioles, les harcelant de coups dissuasifs à l'aide de leurs lances. Comprenant qu'ils ne pourraient pas avoir l'un des leurs de nouveau par surprise, les Grahyena restèrent à distance raisonnable des armes pointues, l'attitude toujours menaçante de bêtes en quête d'un bout de viande. Bientôt, le Trésorier et ses hommes se retrouvèrent acculés contre un mur, l'unique porte de sortie leur restant étant barrée par les deux pokémon.

- On...on est fichu, lâcha l'un des soldats.
- Ne rompez pas la formation. On est plus nombreux qu'eux... On peut...On peut....

En parlant, le regard du Trésorier Royal se posa une dernière fois sur le soldat qui avait subi les Crocs Givre, se rendant soudainement à l'évidence. Face à des créatures maniant les éléments, ils n'étaient rien. Il ne pouvait en vouloir à ses hommes de perdre espoir. Lui-même venait de perdre le sien, une ultime fois.

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Baal courrait dans les longs couloirs de son palais, s'acharnant à éviter les pokemon enragés qui le poursuivait sans relâche depuis une dizaine de minutes désormais. Intérieurement, et malgré la peur qui le tiraillait de finir en hors-d'œuvre pour Grahyena, il bouillonnait de rage. Comment cette horde d'assassins avait pu oser déranger son bal et s'introduire dans sa demeure aussi facilement ? Depuis des années, il avait fait en sorte de s'attribuer tout les fonds normalement attribué à l'armée pour former sa garde personnelle. Aujourd'hui, il était l'un des rares hommes de l'empire à pouvoir se targuer d'être aussi protégé que le Pharaon lui-même.

Mais, malgré ça, la Troisième Légion avait réussi à prendre d'assaut son palais, au nez et à la barbe de ses nombreux gardes. Outre l'humiliation de savoir que les rumeurs allaient courir bon train sur l'inefficacité du Nomarque à défendre son propre territoire, ce qui le mettait en colère, c'est que cette attaque venait contrarier ses propres plans. Quelqu'un avait donc commandité le meurtre du jeune Pharaon au sein même de ses murs, sans qu'il n'en soit averti ? Les nouveaux régents devaient faire face à beaucoup de tentatives d'assassinat durant leurs carrières, mais aucune n'avait jamais pris une telle ampleur que celle qui était en train de se dérouler.

Car, dans ce cas-là, c'était un meurtre de masse. Les quelque trois cent personnes présentes ce soir, les dans le palais étaient en train de subir les frasques des membres de la Troisième Légion et de leurs compagnons pokemon, sans même pouvoir se défendre. Les gardes avaient bien essayé de protéger les civils, mais ils s'étaient vite rendu à l'évidence que leurs lances ne valaient rien face à la puissance des Créatures qui arpentaient les corridors décorés. Un couloir dérobé le mena non sans mal à son bureau privé au deuxième étage du palais. Là, il poussa la porte à la hâte, suivi par quelques soldats qui le talonnaient depuis qu'il avait fui la salle de réception. À l'abri du carnage ambiant, les yeux à l'affût du moindre signe de présence d'un ennemi, Baal ordonna à son petit personnel de barricader de leur mieux la porte d'entrée, déjà prise d'assaut par une horde de pokemon sauvages.

- Que quelqu'un m'explique ce qui est en train de se passer. Et pourquoi diantre est-ce que mes gardes n'ont pas réagi dès le début de cette attaque et laissé le temps à ces vils assassins de mettre leur plan à exécution ?

Un homme de haute stature, aux cheveux grisonnant court et à la tenue foncièrement militaire, prit la parole. Le Nomarque le reconnu comme étant Nyalis Vernapoulos, le général en chef de sa garde personnelle, que Baal avait engagé il y a quelques années après avoir eu écho des nombreuses victoires de ce soldat sur le champ de bataille.

- Sauf votre respect, Monsieur le Nomarque, nos hommes se sont fait surprendre à l'extérieur du palais par les assassins et leur troupe de pokemon. Ils ont tenté d'endiguer l'attaque de leur mieux, mais ils n'ont rien pu faire. Ces assassins sont... Ils sont bien plus expérimentés et préparés que ce qu'on pourrait penser d'un groupe aussi anarchique.

- Des excuses, toujours des excuses. Je pensais avoir mis assez d'argent sur le tapis pour ne pas avoir à subir pareille humiliation au sein de mes murs.

Il tourna le dos aux gardes à qui il venait de manquer de respect, faisant fit des protestations naissantes dans son dos pour lesquelles il n'avait de toute façon aucune considération, et alla ouvrir un tiroir dans son secrétaire personnel. De là, il en sorti une lettre scellée par un cachet rouge, celui de l'empire, à savoir la Crosse et le Fléau royal entrecroisés en X. Cette lettre avait une importance plus que capitale. Bien plus que tous les ornements en or du palais, les nombreuses statues et les vies humaines en train de dépérir. Bien plus que toutes les richesses ce que le Nomarque avait pu emmagasiner grâce au détournement de fonds publics et à ses escroqueries. Un simple bout de papier qui contenait des informations si sensibles qu'il pouvait faire trembler jusqu'aux fondements même de l'Empire.

- Est-ce qu'il nous reste un Psytigrix de communication encore en service ?
- Ils sont tous stockés au rez-de-chaussée, dans la réserve à côté de la salle de réception.

Autant dire au-devant même du danger, là où la concentration d'ennemis était la plus importante. Mais ça, Baal n'en avait rien à faire puisqu'il ne comptait pas se rendre en personne sur les lieux. C'était bien trop loin de ses privilèges, maintenant qu'il était à l'abri du danger pour un moment dans son bureau.

- Toi et toi, dit il en désignant d'une main lascive deux jeunes soldats qui venaient tout juste de sortir de l'adolescence vu leurs dégaines. Allez à la réserve et ramenez moi un Psytigrix.

Devant la passivité des soldats qui ne comprenaient pas bien pourquoi leur chef leur demandait de mettre ainsi leurs vies en danger, Baal enchaîna.

- Allez, dépêchez vous. J'ai pas de temps à perdre avec vos états d'âme. Je vous paie gracieusement pour faire votre boulot, aussi j'attends un retour efficace sur investissement.

Sans même prendre en considération le fait qu'il envoyait deux adolescents à une mort certaine pour une cause qui leur échappait, il se tourna vers Nyalis, qui hésitait à approuver les ordres de son supérieur envers ses subordonnés. Non sans un regard rageur envers le Nomarque, il confirma la consigne en tapotant amicalement sur l'épaule des deux jeunes recrues. Il était désolé pour eux mais il n'avait d'autres choix que de valider les consignes venues de son supérieur. Après tout, tous les soldats avaient signé pour ça en choisissant de s'engager dans l'armée, même si la décision de Baal avait tout d'une forme de cruauté sans compassion. Quasiment les larmes aux yeux d'avoir à quitter le refuge dans lequel ils pensaient pouvoir sauver leurs vies, les deux soldats quittèrent le bureau sous les yeux impassibles du Nomarque, de Nyalis et des trois autres gardes présents.

- Bien, bien. Espérons qu'ils nous reviennent en un seul morceau. Auquel cas je devrai vous envoyer à vous faire le sale boulot, annonça Baal en jetant un regard froid à son chef de la sécurité.

Puis il alla s'asseoir à son bureau, dans un calme si serein que ça faisait froid dans le dos. À l'extérieur, c'était le chaos et la barbarie. Mais Baal, lui, restait paisible, attendant patiemment que les choses se tassent. Il n'avait de toute façon pas d'autre choix. Cette Troisième Légion avait drôlement contrarié ses plans. Si la Grande Prêtresse venait à mourir ou à s'échapper avant que Baal ne puisse mettre la main dessus, il n'imaginait pas ce que la personne présente dans les sous-sols de son palais allait lui faire. Ce vestige du passé n'était pas du genre à aimer être contrarié. Le timing n'était pas bon, mais Baal pouvait encore reprendre la main sur la situation, il en était sûr. Si jamais Ankhet survivait à l'attaque par un quelconque miracle, il allait devoir la cueillir avant qu'elle ne retourne au Premier Nome, sans éveiller les soupçons. Autant dire que tout allait désormais être jeu de précision et de manipulation. Et, dans ces domaines, nul n'était son égal dans tout l'Empire.

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Perchée sur une des tours du palais, à la vue de tout le monde même si, d'en bas, on devait avoir bien du mal à la discerner, Nyptât jouait sans discontinuer de son étrange flûte traversière. La jeune femme devait garder un rythme constant, malgré les sonorités difficilement supportable de son instrument. Après tout, c'était elle qui avait le contrôle sur la totalité des pokémon présents dans et à l'extérieur des murs du palais. Autant dire que l'effort qu'elle était en train de fournir pour jouer les bonnes notes au bon moment était proche de l'insurmontable. Mais ça en valait la peine quand on connaissait la cible de cette attaque et la douleur qu'elle avait eu à endurer à cause de sa famille.

Sa jeunesse, Nyptât l'avait passé au sein de la petite tribu de Hareshtout. À la base, c'était un simple regroupement de personnes qui vénéraient un arbre millénaire que l'on attribuait à la déesse Bastet depuis des siècles. Puis, petit à petit, le temps passant, le groupuscule était devenu une véritable communauté, jusqu'à former une population un peu autarcie avec l'Empire, malgré qu'elle vive au sein de ses frontières. Ce peuple, en harmonie quasi-totale avec la nature, avait fini par nouer des relations de confiance solide avec les pokémon sauvages aux alentours, allant même jusqu'à poser les bases de ce que l'on appellera plus tard le dressage. Mais il n'y avait aucune notion de subordination entre les membres de la tribu et les pokémon qui acceptaient de devenir leurs partenaires. Au contraire, les deux étaient traités en égaux et chacun pouvait imposer à l'autre sa vision des choses.

Au fil des années qui passèrent, les membres de la tribu finirent par totalement se couper du reste du monde. Loin des guerres de conquête de territoire et des rebellions intestines, ils fondèrent une communauté solide, que certains décidaient de rejoindre dans leur quête d'un endroit paisible où échappait à la cruauté de ce monde. Un temps, ils accueillirent même un roi immense, venu d'une contrée lointaine par-delà les océans, cherchant à expier les nombreux péchés qu'il avait commis dans son propre pays. Tout semblait aller pour le mieux. Et cela dura quelques décennies, sans que personne ne vienne troubler la tranquillité de ce lieu.

Une harmonie parfaite, qui arriva rapidement aux oreilles des responsables de l'Empire qui vinrent alors en la tribu de Hareshtout une ennemie potentielle au pouvoir. En effet, réussir à apprivoiser autant de pokémon était vu comme un potentiel danger non-négligeable. Si jamais les membres de la tribu décidaient de déverser sur les forces armées leurs propres puissances, ça aurait pu mettre en danger le pouvoir en place. Aussi, le Pharaon en place à l'époque avait décidé d'entériner le problème dans l’œuf en anéantissant la tribu avant qu'elle n'ait l'idée de se rebeller.

Quelques rares personnes avaient survécu à cette extermination, notamment Nyptât, qui était encore bien jeune à l'époque. Elle se souvient encore des cris de sa famille face aux coups d'épées des soldats. Elle se souvient de l'Arbre Blanc en flamme. Elle se souvient aussi des visages impassibles de ceux qui ont ordonné l'attaque. Au fil des années, sa haine n'a fait alors qu'augmenter envers l'Empire, jusqu'à ce qu'elle finisse par rejoindre les rangs de la Troisième Légion, trouvant en Kassius un chef droit et juste, avec des idées différentes des siennes mais qui ne jugeait aucunement ses ambitions.

Ce n'était que dernièrement qu'elle avait acquis son instrument de musique, assimilable dans le fond à l'arme ultime qu'elle aurait pu hériter de sa tribu. Pour autant, la flûte capable de manipuler les pokémon n'avait pas été conçue par ses ancêtres. Elle était le fruit d'un étrange mélange entre technologie et surnaturel, que le commanditaire de l'attaque avait fourni à la jeune fille après avoir entendu son histoire. Grâce à elle, elle renouait avec ses racines profondes, même si sa famille aurait été déçue de la voir contrôler des pokémon contre leurs bons vouloirs. Mais aux grands maux les grands remèdes, comme on disait souvent. Il fallait que les responsables de cette tragédie paient. Et peu importe ce qu'il fallait faire pour y arriver, Nyptât n'avait de toute façon plus rien à perdre dans ce bas monde. Elle espérait juste que ses parents ne la jugerait pas trop, une fois qu'elle les aurait rejoints dans l'autre monde régi par Osiris le puissant.

Les deux mains sur sa flûte, fixant l'horizon d'où devait l'attendre ses compagnons de la Troisième Légion, la jeune femme entama son ultime mélodie. L'ultime symphonie, à l'apogée de l'art qu'elle maîtrisait tout juste. Il lui était difficile de maintenir le rythme frénétique que son arme impliquait, mais elle était prête à tous les sacrifices pour arriver à ses fins. Peu importait désormais les vies de ceux qui se mettraient en travers de sa route. Peu importait les pertes humaines, les innocents sacrifiés, les malheureux privés de leur vie. On lui avait tout pris, sans même qu'elle ne puisse résister. Aujourd'hui, c'était elle qui allait être le premier pavé vers un avenir – l'espérait-elle – plus radieux pour les opprimés de l'Empire.

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Depuis la création de l'Empire, les coups d’État ont été nombreux. Il faut dire que l'envie de détenir entre ses mains un royaume capable de rivaliser avec ceux de l'ouest comme l'Alliance Kalosienne ou encore la région de Kanto, ça attirait les âmes les plus pures à se dépraver. Généralement, un Pharaon avait à subir entre deux à trois tentatives d'attaque durant son règne, la plupart du temps déjouée par le manque de moyens dont faisait preuve les assaillants. L'unique putsch étant arrivé à son terme est celui qui mena Exodius IV sur le trône. Et vu l'issue de sa régence et les répercussions qu'elle a eue sur du long terme au sein de l'Empire, inutile de dire que plus personne ne souhaite que le pouvoir change de main de façon trop radicale. Car même les opposants à la politique de l'Empire n'étaient pas sans savoir que perdre un roi ne signifiait pas pour autant en gagner un plus sage.

Il y a de cela plus de cent ans, lors de la grande guerre sur les îles Alola contre la Dictature d'Hoenn, l'Empire s'était drôlement affaibli, aussi bien en ressource qu'en moyen humain. C'était à ce moment qu'un groupuscule, que certains nomment aujourd'hui les Neuf Vengeurs, ont reprit le pouvoir des mains d'Exodius, remettant sur le trône la lignée légitime, celle dont Khae est désormais le dernier descendant. À l'époque, c'est son arrière-arrière-arrière-arrière-arrière grand-père – peut-être manque-t-il un « arrière » dans le lot – qui a eu la lourde tâche d'unifier de nouveau l'Empire après des années de terreur sous le joug d'un monarque sanguinaire.

À l'extérieur du palais, sur la colline qui dominait la ville d'Agara, les membres de la Troisième Légion étaient en train de jubiler. Kassius, le chef de l'unité d'assassins, observait le palais au loin, en proie de la horde de pokémon qui déferlait dessus depuis quelques minutes déjà. Dès que l'attaque avait été lancée, lui et son équipe avaient pris la tangente, profitant du chaos pour s'éclipser en toute discrétion. Seule Nyptât, l'unique femme du groupe, était restée sur place. C'était l'élément essentiel à cette attaque car c'était elle qui contrôlait, à l'aide de sa flûte, les nombreux pokémon sauvages. Kassius n'avait aucune inquiétude quant au fait qu'elle réussisse à quitter le palais sans se faire prendre une fois l'assaut terminé. La jeune femme était la plus intrépide d'entre eux, et surtout la plus efficace quand il s'agissait de mettre sur pied des plans d'une telle ampleur.

- On devrait s'enfuir chef. Nyptât nous rejoindra une fois qu'elle en aura fini ici.

L'homme qui venait de parler était grand, très grand même. Avoisinant les deux mètres, il était vêtu d'un unique pagne qui couvrait à peine son intimité. Quand il marchait un peu trop rapidement ou se baissait, il exposait à la vue de tout le monde ses attributs virils, et ce spectacle suffisait à effrayer la plupart de ses adversaires. Il avait des cheveux d'un rose brillant, coupés courts, qui attiraient la plupart des regards. Jamais, au grand jamais, quelqu'un aurait pu le qualifier d'assassin tant sa dégaine rendait impossible toute discrétion. Mais c'était aussi là, l'atout de la Troisième Légion. Tout le monde avait sa propre spécialité tant un domaine, se complétant les uns les autres pour arriver à leurs fins. Des rebuts de la société, dégoûtés par le système qui empêchait toute progression au sein de l'Empire, et qui s'était uni sous la bannière de leur chef, le charismatique Kassius.

Il y avait tout d'abord eu la fidèle montagne aux cheveux roses, qui se nommait Taouret et qui avait suivi aveuglément son chef depuis leur rencontre, ne mettant jamais en doute sa parole. Puis était arrivé ensuite Nyptât, descendante d'une tribu à l'est de l'Empire qui avait noué des liens si solides avec les pokémon sauvages qu'ils avaient pu les apprivoiser et en faire des armes. Amon et Impy avaient rapidement suivi, étant respectivement le spécialiste des poisons et l'autre de l'infiltration. Et une fois l'équipe au complet, était venue se greffer le dernier membre, celui qui attendait patiemment dans leur repaire du désert Arianis.

- Attendons-là. Je veux admirer ce spectacle de mes propres yeux. Après tout, je pense qu'on n'aura jamais plus l'occasion de mettre sur pied un plan d'une telle envergure.

Impy, rachitique et au teint blafard si bien qu'on aurai dit qu'il était en fin de vie malgré la vingtaine d'années qu'il avait, s'avança. Ses yeux blancs tombaient en une mèche maladroite devant ses yeux, ce qui ne devait pas franchement être pratique pour sa vision mais qui ne semblait pas le déranger outre mesure.

- Je maintiens mon avis sur le fait qu'on aurait pu faire en sorte d'évacuer les civils avant de lancer ce plan. On avait qu'une seule cible et... Toutes ces morts n'ont pas de sens au final.

Taouret le foudroya du regard d'oser contredire les décisions de Kassius, mais le chef à la tresse brune calma le jeu avant que la situation ne dégénère. En bon bourrin, la montagne rose avait pour habitude de frapper la moindre personne qui osait mettre en doute la parole de son chef, alors que celui-ci ne demandait pas tant de sollicitude. Après tout, Kassius avait longtemps été un homme de paix avant d'être brisé par l'Empire.

- Je suis d'accord avec toi.
- Alors pourquoi ?
- Parce que c'était nécessaire. Des sacrifices nécessaires, tu le sais aussi bien que moi. Te mettrais-tu à douter de tes propres motivations en tant qu'assassins, Impy ?
- C'est pas ce que j'ai dit. Mais on aurait pu trouver une solution plus... pacifiste.

Un oxymore quand on parlait d'assassiner quelqu'un. Mais, après tout, la Troisième Légion avait toujours mis un point d'honneur à respecter la vie humaine, et surtout à la préserver lorsque c'était possible. Loin d'être des psychopathes avides de sang – sauf peut-être Amon, qui se plaisait à mettre au point des poisons toujours plus puissant pour sa satisfaction personnelle – ils étaient avant tout des mercenaires, qui ne faisaient que le travail pour lequel ils étaient payés. Même si ça signifiait se salir les mains. Mais cette fois-ci, ils n'avaient pas eu vraiment le choix. Leur commanditaire avait été clair sur le sujet : s'ils ne réussissaient pas à mettre un terme à la vie de ce Pharaon nouvellement nommé, il userait de tout son pouvoir pour leur gâcher la vie. Et vu qu'Il en avait à revendre, du pouvoir, autant dire que la menace était réelle.